Citations de James Salter (356)
la liberté dont elle parlait, c'était la conquête de soi. Ce n'était pas un état naturel. Ne la connaissaient que ceux qui voulaient tout risquer pour y parvenir, et se rendaient compte que sans elle, la vie n'est qu'une succession d'appétits, jusqu'au jour où les dents vous manquent.
Elle construisait sa vie au jour le jour, les sentiments de vide et de panique qu'elle éprouvait ainsi que ses moments de joie pareils à des accès de fièvre lui servaient de matériau. Je suis au-delà de la peur et de la solitude, se disait-elle, je l'ai dépassée et je ne sombrerai pas.
Oh ! mon Dieu, soupira-t-elle, notre vie ressemble à une épicerie. Nous restons assis ici le soir, nous mangeons, nous payons des factures. Je veux aller en Europe. Je veux faire un voyage.
Ils dormirent. Dans la maison obscure, les pièces prenaient un air fantomatique. Le feu s'était éteint, le chien dormait. Le froid s'abattit sur le toit en mouchetures blanches et fragiles.
Nos vies sont toujours entre les mains de quelqu'un.
Si tu demandais aux gens ce qu'ils veulent, que diraient la plupart d'entre eux ? De l'argent, voilà ce qu'ils diraient. Moi aussi, j'aimerais avoir beaucoup d'argent. Je n'en ai jamais assez.
Voyager est stupide, déclara Marcel-Maas. Tout ce que vous voyez, vous le portez déjà en vous.
Le cinéma tue 'imagination. Tu as entendu parler des conteurs aveugles. Ce sont les ténèbres qui donnent naissance aux mythes. Le cinéma ne le peut, pas.
Arnaud était costaud à la manière des hommes chez qui cela surprend : professeurs de maths, dentistes.
Leur vie est mystérieuse. Pareille à une forêt. De loin, elle semble posséder une unité, on peut l'embrasser du regard, la décrire, mais, de près, elle commence à se diviser en fragments d'ombre et de lumière, sa densité vous aveugle. A l'intérieur, il n'y a pas de forme, juste une prodigieuse quantité de détails disséminés : sons exotiques, flaques de soleil, feuillage, arbres tombés, petits animaux qui s'enfuient au craquement d'un rameau, insectes, silence, fleurs.
Une chemise mal faite, c'est comme une jolie fille célibataire qui tombe enceinte. Ce n'est pas la fin du monde, mais c,est ennuyeux.
Ce qui l'intèresse vraiment, c'est le coeur de la vie : les repas, le linge, les habits. Le reste n'a pas d'importance et finit toujours par s'arranger.
[...] il y avait le nouveau. Des cheveux blonds, des sourcils qui se touchaient presque. Ne jamais faire confiance à un homme dont les sourcils se rejoignent, disait-on.
Il croyait à la grandeur, comme à une vertu qu'il pourrait s'approprier.
Une heure passa. Une heure et demie....Rand se dressa sur son séant. Catherine entrouvrit fugitivement un œil embrumé. -Oh! mon Dieu, murmura-t-elle. - Réveille-toi - C'est que c'est tellement dur ! soupira-t-elle. J'espère que je n'aurai pas à me réveiller quand je serai morte. ce serait d'un pénible...
p.156 "Tu m'as fait me sentir pleinement en vie."
127 "Les gens avaient autrefois avant tout faim de nourriture, il n'y en avait jamais assez et la plupart des habitants de la planète étaient mal nourris ou mouraient d'inanition ; désormais, ils avaient faim de sexe, et son absence faisait se dresser le même spectre du manque."
La vie méprise le savoir : elle le force à faire antichambre, à attendre dehors. La passion, l'énergie, les mensonges, voilà ce que la vie admire.
La photographie, c'est un truc extraordinaire. Sur ce cliché, il est encore en vie.
"Dans les ténèbres, l'amour et le jalousie, l'amour et le désespoir se confondaient inextricablement."