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Critiques de Jean Bottéro (44)
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Il était une fois la Mésopotamie

Cet opus de la collection « Découvertes Gallimard » relève de la thématique « Archéologie » ; autrement dit, on s'intéresse ici à l'étude des sites, objets et documents découverts en Mésopotamie à partir de la fin du XVIIIème siècle, et non à l'histoire de cette région. Et c'est – à mon sens – encore plus passionnant !



En effet, c'est presque un roman à suspens qu'on nous donne à suivre. Tout commence donc avec la découverte d'un corpus d'inscriptions gravées dans la pierre, qu'on nommera par la suite les « écritures persépolitaines », et qu'on trouvait régulièrement disposées en trois colonnes, sous la forme de trois écritures cunéiformes présentant des ressemblance mais qui, manifestement, n'en étaient pas moins distinctes. On supposa – à raison – qu'il s'agissait là des mêmes textes écrits en trois langues. Cependant, contrairement à Champollion avec la pierre de Rosette, les chercheurs n’étaient capables de lire aucune des trois versions. S'engagea alors un véritable combat pour le déchiffrement de ces trois écritures... Ce lent et difficile travail est donc relaté dans les deux premiers chapitres du livre.



Je ne vous cacherai pas que les nombreuses explications sur le fonctionnement de ces trois langues, et plus spécifiquement sur celui de la troisième, la plus complexe, ont réclamé toute ma concentration de novice. Certains courts passages m'ont parfois même légèrement échappé. J'ajouterai que posséder quelques notions, même très vagues, concernant les langues sémitiques, les hiéroglyphes de l’Égypte antique, ou d'autres langues idéographiques comme le mandarin ou le japonais, peuvent s'avérer utiles pour suivre le cheminement des chercheurs qui se sont consacrés à l'étude du vieux-perse, de l'élamite, de l'akkadien, de l'assyrien et du sumérien. Oui, parce que finalement, on a découvert et étudié de plus en plus de documents et de plus en plus de langues... Bref, c'est avec un soulagement et une joie intense que nous parvenons enfin au terme des travaux de déchiffrement des écritures persépolitaines. Alors, nous pouvons passer aux fouilles archéologiques proprement dites.



Les trois chapitres suivants sont donc consacrés à l'organisation des travaux de terrain, des débuts initiés par les Français, par les Anglais, puis par les Allemands (ce qui explique les trésors que recèlent les salles du Louvre, du British Museum et du Pergamonmuseum) aux fouilles plus récentes organisées par les équipes irakiennes, souvent dans le cadre d'une collaboration internationale. On y suit la découverte des fameux taureaux ailés du village de Khorsabad, bien connus des visiteurs du Louvre, des sites de Ninive ou d'Ur, pour ne citer que les plus fameux, et, bien entendu, de la porte d'Ishtar et de toute la ville de Babylone. Des recherches d’autant plus impressionnantes lorsque l'on sait que tout cela était enfoui plus ou moins profondément sous la terre et ne se présentait en général que sous la forme de simples tells.



Un bémol, cependant. Pour moi qui n'avait qu'une vague idée de ce qu'étaient la Mésopotamie, l'Assyrie, Akkad, la Babylonie, Sumer, une chronologie sommaire ainsi qu'une carte géographique en début d'ouvrage m'aurait sérieusement aidée dans ma lecture. Certes, une carte des plus grands sites archéologiques de Mésopotamie a été intégrée : mais elle n’apparaît qu'en page 107 ; si cela s'explique par l'articulation du livre, ça ne s'en trouve pas moins assez peu pratique pour le novice (qui constitue généralement le lectorat de la collection).



Autre problème, que je ne m'explique pas : deux auteurs apparaissent sur la couverture du livre, Jean Bottéro et Marie-Joseph Stève. Or, on n'a jugé bon de consacrer une présentation qu'au seul Jean Bottéro en début d'ouvrage...



Pour terminer, je me dois d'ajouter que j'ai acquis ce livre lors d'un désherbage de la bibliothèque municipale. C'est donc une édition de 1993 que je possède. Aussi, il n'est fait que peu allusion à la situation difficile que connaissait alors l'Irak, et qui devait irrémédiablement avoir des conséquences sur l'avenir des fouilles archéologiques des sites mésopotamiens. Aujourd'hui, après deux guerres, l’occupation militaire américaine et les massacres, enlèvements, viols et génocide perpétrés par Daesh, la situation est forcément beaucoup plus dramatique que celle évoquée à la fin du texte. Une nouvelle édition est parue en 2009 (que je m'efforcerai de trouver et de lire), mais elle est forcément encore en décalage par rapport à l'actualité de ce début d'année 2015.
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Il était une fois la Mésopotamie

Ce livre retrace non pas l’histoire d’une civilisation : la Mésopotamie, mais celle de sa redécouverte, nos connaissances en la matière s’étant longtemps limitées à la Bible ou aux récits des historiens grecs : la Tour de Babel identifiée à Babylone ; Nabuchodonosor qui conquit Jérusalem et déporta des juifs ; Assurbanipal, le dernier grand roi assyrien, fondateur de Ninive, et dont le nom devint Sardanapale, symbole de débauche, de mœurs efféminées, d’un orient tout à la fois indolent et cruel, brutal et raffiné ; les Mèdes ou les Achéménides, etc. L’écriture cunéiforme resta longtemps pour le voyageur un mystère insoluble et il fallut attendre le 19ème siècle et le patient travail de « déchiffreurs » pour commencer à en apercevoir la portée. On remonta plus loin dans le temps, sur les traces de civilisations qui avaient apporté l’écriture mais aussi l’irrigation et l’agriculture, l’urbanisme, l’astronomie, les mathématiques… De même on exhuma des sables, entre les cours de l’Euphrate et du Tigre, les vestiges d’anciennes villes, de palais et de temples, avec comme gardiens des statues monumentales de taureaux à tête d’homme, de lions ailés, ou de dragons à la gueule de serpent. Jean Bottéro et Marie-Joseph Stève nous invite donc à partager leur travail et leur passion pour ces civilisations oubliées qui marquèrent une étape décisive sur le chemin de l’humanité.
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Il était une fois la Mésopotamie

L'actualité archéologique irakienne dont l'édition 2009 se fait l'écho dans les annexes jointes aux dernières pages du livre, est à mon sens l'un des meilleurs moyens d'accéder à cette lecture, plutôt que de l'attaquer par les mystères de l'épigraphie sumérienne des premiers chapitres qui pourraient rebuter celui qui s'y plongerait sans préliminaires, ce serait bien dommage.



Le Musée national d'Irak raconte à lui seul combien la conservation des objets ou des monuments du passé retrouvés sur son sol reste précaire et toujours susceptible d'être bouleversée par une actualité qui, ces dernièrs mois, a révélé le pire. Fermé en 1991, lors de la première guerre du golfe, il avait rouvert en 2000. Fermé à nouveau lors de la deuxième guerre, en 2003, vandalisé et pillé, il a de nouveau réouvert ses portes, en 2009. Cependant, pour ce qui concerne les objets du Musée national : seuls 6000, sur les 15000 volés, ont retrouvé leur place.



Revenons au début. La Mésopotamie, il faut l'apprivoiser par un peu de géographie. La carte (p.105) représentant les principaux chantiers de fouilles ouverts depuis le XIXe siècle, permet de visualiser d'emblée, l'ampleur et l'ensemble des sites archéologiques sous leurs anciennes appelations. Du delta du golfe persique entre les rives du Tigre et de l'Euphrate, soit le pays de Sumer proprement dit, puis en remontant vers le nord, la babylonie, le royaume d'Accad et plus haut encore l'Assyrie, c'est une grande partie de l'Irak actuel, les Monts Zagros côté iranien à l'est et les sables du désert de l'autre.



Mais le travail des linguistes et les épigraphistes ayant précédé celui des archéologues, c'est d'abord le récit des innombrables et fascinantes péripéties, parfois burlesques, ayant accompagné le déchiffrement de l'écriture sumérienne que nous relate Jean Bottero par étapes patientes et progressives, dans les deux premiers chapitres, avant de faire celui des fouilles archéologiques, beaucoup plus spectaculaires, commencées au milieu du XIXe siècle et qui tentent de se poursuivre aujourdhui, malgré les aléas de l'histoire.



Aventure d'un déchiffrement extraordinaire qui a commencé sous l'impulsion d'un simple professeur de latin de Göttingen, Georg Grotefend (1775-1853), dont la curiosité et les intuitions géniales vont permettre de lever les tous premiers mystères de trois écritures impénétrables appelées à l'époque "persépolitaines" et relevées, pour la plupart en Perse, grâce aux pérégrinations de voyageurs intrépides qui en ont rapporté des spécimens. Grotefend repère un système syllabique simplifié, proche de l'avestique, dans l'une des trois colonnes d'inscriptions d'un document trilingue publié qu'il étudie particulièrement et déchiffre partiellement en 1802-1803. La Société Royale des Sciences de Göttingen refusera d'homologuer son travail.



Vingt ans après, un officier de l'armée des Indes, Rawlinson, va parachever ce déchiffrement initial, grâce à la découverte en 1835, à Behistun au sud-ouest d'Ecbatane (Hamadan), de nouvelles inscriptions rupestres faisant le récit trilingue, en plus de quatre cents lignes, d'une scène de soumission commémorant une victoire de Darius, roi des Perses de 521 à 486, et dont il effectue le relevé minutieux. Concluant le travail de Grotefend, il vient à bout du déchiffrement de ce qu'il est convenu d'appeler le vieux perse. Le déchiffrement de l'élamite, deuxième des écritures à laquelle doivent se colleter les savants, est conforté ultérieurement par les découvertes archéologiques faites plus tard à Suse, et constitue une autre étape de cette aventure épigraphique qui va conduire à Sumer.



La dernière écriture de ces documents trilingues semblait la plus hermétique et suscitait maintes interrogations sur une éventuelle origine sémitique. On en fit découler l'assyrien. Il n'en était rien mais l'Assyriologie était née. Au plus fort du déchiffrement, de multiples tablettes d'argile et autres documents gravés de signes similaires sont exhumés du sol mésopotamien, enrichissant de tous leurs clous, les connaissances. Finallement, après bien des vicissitudes et des querelles linguistiques, une nouvelle inscription de huit cent neuf lignes venant d'Assur, lèvera le secret sur cette prodigieuse écriture cunéiforme. Cent deux ans après Grotefend, François Thureau-Dangin (1872-1944) met tout le monde d'accord en 1905, en publiant "Les inscriptions de Sumer et d'Accad". Le sumérien est reconnu pour sa cohérence et son fonctionnement propre, ayant précédé toutes les autres écritures connues alors.



Côté archéologie, le texte est tout aussi prenant. La lecture des documents annexes est l'occasion de s'immerger dans l'archéologie du XIXe siècle et des surprises qu'elle peut réserver, avec les extraits des premiers récits de fouilles d'Austen Henry Layard ou de Victor Place, consul de France à Mossul en 1852 ; ou encore, le récit de l'archéologue Max Mallowan (époux d'Agatha Chrisitie), retraçant ses souvenirs des fouilles du chantier de Ninive. Documents qui participent de ‎la mise en condition de la lecture. Ce qui frappe ici c'est l'internationalisation rapide des fouilles et la successions de découvertes ininterrompues :



La mise au jour de la résidence de Sargon II, roi de Syrie (721-705 av. J.-C.), à Khorsabad par Paul-Emile Botta, agent consulaire français nommé en 1842 à Mossul et pionnier des fouilles en Mésopotamie, initie un mouvement d'ampleur internationale où le premier enthousiasme pour les ruines se transforme très vite, sous l'impulsion des Allemands, en une science rigoureuse et systématique. Le musée assyrien du Louvre ouvre ses portes. Victor Place, nommé Consul de France à Mossul en 1852, prend le relai des fouilles de Khorsabad. En 1877, Ernest de Sarzec, vice-consul à Bassorah est conduit sur le site de Tellô où les fouilles permettent de recueillir 50 à 60000 tablettes qui faciliteront aussi le déchiffrement du cunéiforme.



Les Anglais fouillent les ruines de Nimrud, pensant découvrir Ninive qui est mise au jour en 1849-1850 et révèle la découverte exceptionnelle des 25000 tablettes d'argile de la bibliothèque d'Assurbanipal (668-627). A soixante km au sud-est d'Uruk, Ur est identifiée dès 1854, mais les fouilles ne commenceront qu'en 1922. La découverte spectaculaire du cimetière royal d'Ur fouillé entre 1926 et 1931, dont les trésors sont aujourd'hui au British Museum, marque la fin d'une époque. Après la seconde guerre mondiale les fouilles viseront aussi des sites régionaux de moindre importance, mais non moins intéressants, notamment en Assyrie et dans la région de Bagdad. L'archéologie Irakienne a pris son essor et s'est jointe au concert international. La préhistoire mésopotamienne commence d'être explorée.



Les fouilles allemandes, pionnières en Irak d'une archéologie scientifique, se sont concentrées sur Assur, Uruk et Babylone dont la porte d'Ishtar est aujourd'hui au Vorderasiatisches museum de Berlin. A Assur, au nord, le passé archéologique du site a été reconstitué sur plus de deux millénaires, strates par strates. A Uruk (Warka), entre Bagdad et Bassorah, le chantier commencé entre 1913 et 1914 puis interrompu par la guerre a repris en 1928, à nouveau interrompue par la guerre. La fouille d'Uruk, inachevée à ce jour, est interrompue à nouveau en raison de la situation politique. Nippur, à cinquante km au sud-est de Babylone est un chantier confié aux Américains entre 1889 et 1900, qui fouillent aussi la vallée de la Diyâlâ dans les années trente. Mais cette internationalisation des fouilles a-t-elle constitué une protection ? Non, est-on tenté de répondre.



Car, l'état de la plupart des très nombreux sites archéologiques de l'ancienne Mésopotamie est très critique aujourd'hui. Ils sont extrêmement menacés (pillages et destructions). La situation s'étant dégradée depuis les deux guerres et la proclamation de l'EI plus récemment, notamment dans la région de Mossoul (Ninive, Nimrud) comme plus au sud (Nippur, Uruk, Ur etc.). Les chercheurs Irakiens et les équipes internationales qui tentent malgré tout de travailler sur place le font dans des conditions particulièrement difficiles et ne cessent d'alerter à leur sujet.



Une lecture incroyablement voyageuse, à nulle autre pareille.





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La plus vieille religion en Mésopotamie

Le grand assyriologue Jean Bottéro s'efforce de rendre en termes simples mais circonstanciés la première religion humaine documentée par des sources écrites, celle des Sumériens et des Babyloniens. Son livre est bien utile en ce qu'il fournit une description des mythes, des croyances et des cultes de l'ancienne Mésopotamie, depuis l'invention de l'écriture en 3500 av. J.C. aux alentours de l'ère chrétienne, quand ce qui allait devenir plus tard l'Irak changea définitivement de langue et en partie de culture. C'est donc une bonne lecture, bien que le livre soit parfois chargé de certaines longueurs et lourdeurs, quand l'auteur ajoute des jugements personnels ou des remarques sans grande pertinence pour le sujet traité. Ce livre reste indispensable puisqu'il est le seul disponible sur la question en langue française, avec les ouvrages de Jean-Jacques Glassner.
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L'écriture des hiéroglyphes au numérique

Compilation d'articles et d'entretiens parus dans la revue « L'Histoire » qui retrace la vie de l'écriture de ses origines à nos jours. On commence avec un peu d'émotion, avec les premiers sigles gravés ou dessinés par l'Homme, que nous sommes incapables de comprendre aujourd'hui, et qui devaient pourtant lui paraître importants pour qu'il passe autant de temps à vouloir les fixer dans la pierre, ou encore avec des langues mortes ressuscitées par quelques personnes têtues et qui dévoilent des siècles plus tard toute une civilisation qui avait disparue des mémoires.



La seconde partie est consacrée à la technologie de l'écriture et sur son influence sur les écrivains : on ne structure pas sa pensée de la même manière selon qu'on peigne une grande fresque, qu'on écrive un manuscrit, ou qu'on rédige un hypertexte modifiable à l'infini et rempli de références vers d'autres sources directement accessibles.



Chaque article soulève beaucoup d'interrogations, surtout que ces articles sont courts : ils mettent en appétit mais laissent aussi le lecteur sur sa faim.
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Babylone et la Bible



Plutôt que l'étude des rapports de la Bible avec la civilisation babylonienne à laquelle je m’attendais, il s’agit d’un livre de souvenirs. Cette conversation est par ailleurs passionnante.



J’ai malheureusement dû l’interrompre à cause d’une brusque aggravation de ma cataracte qui m’interdit la lecture prolongée. C’est ainsi que depuis plusieurs semaines je ne parcours plus les contributions des autres babeliotes. Et je “lis” désormais avec mes oreilles.

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Babylone : A l'aube de notre culture

Déçue par cet opus sur Babylone, que j'avais entamé après que ma curiosité fut plus que piquée par l'autre ouvrage de Jean Bottéro dans la collection "Découvertes Gallimard" sur les recherches archéologiques en Mésopotamie : "Il était une fois la Mésopotamie ".

Il faut déjà être bien conscient que ce que Jean Bottéro appelle ici "Babylone", ce n'est pas la cité proprement dite de Babylone, mais sa région. Première déception : moi qui pensais lire des merveilles sur les jardins suspendus, la grande ziggourat et j'en passe, j'en suis restée pour mes frais.

Pour le reste... et bien, pour le reste, Jean Bottéro nous dit tellement souvent qu'on manque d'informations sur cette civilisation (ce que je crois volontiers) qu'on reste franchement sur sa faim. Sans compter qu'il y a un peu d'angélisme dans sa façon d'aborder les Babyloniens, qui, par exemple, préféraient la diplomatie à la guerre contrairement aux vilains (mais vraiment très vilains) Assyriens...

Bref, je ne dis pas que c'est un livre inutile, mais comme j'y ai d'une part retrouvé un certain nombre d'informations auxquelles j'avais déjà eu accès dans "Il était une fois la Mésopotamie", d'autre part peu appris de choses nouvelles, je vais me tourner vers d'autres ouvrages pour satisfaire ma curiosité de novice en la matière et approfondir un peu plus le sujet.
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La plus vieille religion en Mésopotamie

Jean Bottero nous livre un ouvrage brillant sur la plus ancienne religion connue de l'humanité au travers de ses lettres : la religion sumérienne. Il sait éclairer de son érudition et de ses connaissances cette ancienne civilisation mésopotamienne, tout en la rendant accessible au commun des mortels.



Bottero nous dresse tout d'abord un dessin vivant des transitions culturelles qu'a subi la région : les sumériens venus d'on ne sait où ont cohabité avec des peuples sémitiques tels que les akkadiens qui les ont peu à peu supplantés, tout en conservant leur héritage culturel. C'est ensuite la culture babylmonienne, puis les grecs qui sous l'emprise d'Alexandre, s'emparent de la région et baignent dans cette très vieille culture et s'en inspirent.



L'ouvrage nous décrit la théogonie et la cosmologie qu'avaient construits les sumériens. Il éclaire la place de l'homme au sein de l'univers et nous donne à voir les réponses construites dans cette culture aux questions existentielles que l'on se pose : quel destin après la mort ? Il ne nous décrit heureusement pas un catalogue exhaustif des dieux de cette région, mais s'arrête opportunément sur les plus importants d'entre eux et illustre la mythologie qui leur est associée et la dévotion de leurs fidèles au travers de quelques hymnes dédiés à ces divinités. Ces illustrations sont suffisamment nombreuses pour nous décrire la religiosité de l'époque, mais pas présentes au point d'écraser l'analyse. Bref, l'équilibre entre sources premières et commentaires est excellent et c'est là tout l'art de l'historien.



L'ouvrage nous permet ensuite de pénétrer dans le sentiment religieux et ses manifestations physiques tout d'abord au travers du services des Dieux et de la liturgie qui leur est dédiée, puis au travers de la religiosité qui s'exprime dans le vie quotidienne du peuple, notamment au travers des exorcismes dont les sumériens semblent avoir été très friants.



Bottero met admirablement en lien l'intellect qui a élaboré l'écriture cunéiforme avec celui qui a fait de cette notion de l'écrit un élément central de la religiosité au travers de la croyance que tout évènement, tout augure n'est que la forme de l'écriture divine. Le rôle de l'officiant est alors de décrypter le message et de le rendre intelligible à ses contemporains. Cependant, nul fatalisme chez ce peuple qui au travers de ses formules d'exorcismes pensait pouvoir influer sur cet avenir et modifier le cours des évènements.



La partie sur l'héritage culturel laissé par les mésopotamiens est particulièrement intéressante. tout d'abord, force est de constater que la mythologie mésopotamienne et par là même sumérienne a fortement inspiré les livres sacrés de toutes les religions du Moyen et Proche Orient. L'épisode du déluge dans le Bible en est un exemple criant. Plus encore que cela, Bottero retrouve dans le stoicisme l'héritage des mésopotamiens légèrement transformé. Pour les mésopotamiens, les planètes étaient liées à une divinité sans pour autant être confondues avec elle. Les stoiciens pousseront plus loin ce raisonnement en attribuant aux différentes planètes une véritable personnification divine. Ne connait-on pas aujourd'hui une forme atténuée de cette religion au travers de l'astrologie et la croyance selon laquelle la position des planètes peut influencer nos vie ?



Cet ouvrage nous permet d'appréhender un monde lointain, perdu dans les brumes de l'histoire et nous rend accessible un système de croyances très construit d'un point de vue intellectuel, avec une pensée rationnelle et logique qui a donné naissance à différentes sciences qui ont pu irriguer tout le bassin méditerranéen et dont nous avons nous même hérité.
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Babylone et la Bible

Jean Bottéro était un grand assyriologue. Je regrette de ne pas avoir trouver ce que je recherchais mais je trouve quand même que c'est une belle entrée en matière pour tous ceux qui s'intéressent à la Mésopotamie.

Ce livre m'a donné envie de lire tous les autres livres de Jean Bottéro, surtout l'épopée de Gilgames.





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Lorsque les dieux faisaient l'homme : Mytho..

Une fantastique somme universitaire, à réserver toutefois aux spécialistes de la Mésopotamie et aux vrais mordus de mythes exotiques.



Ce pavé de presque 800 pages commence par plusieurs chapitres introductifs sur les civilisations de la Mésopotamie, qui permettent de remettre en perspective les textes qui composent le cœur du livre : une quarantaine de mythes, traduits de tablettes cunéiformes, sumériennes ou akkadiennes, qui constituent un corpus littéraire s'étalant sur près de 1000 ans, deux langues (au moins), et plusieurs civilisations... Le travail, très scientifique (les traductions sont entrecoupées de paragraphes expliquant comment telle ou telle lacune dans le texte est comblée par une version d'un texte proche), met cependant en évidence l'étrange modernité de ces textes venus d'un passé oublié et (à mes yeux) quelque peu confus. Notre histoire et notre conception du monde commencent bien à Sumer...
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Naissance de Dieu

Paradoxalement, il arrive que l'analyse historique et scientifique de la Bible s'accompagne d'un violent ressentiment, d'un mépris pour l'objet étudié et pour ceux qui le lisent en croyants. Jean Bottéro est très éloigné de cet état d'esprit : il conjugue dans son livre la connaissance historique, avec ce qu'elle comporte de scepticisme de méthode et de rigueur dans l'étude des sources, et l'admiration affichée, exprimée surtout dans le seconde partie de son livre, occupée par la traduction des passages hébreux les plus marquants. Mieux encore, Jean Bottéro manifeste pour "les vieux Sémites" une grande bienveillance et de l'amour, ce qui humanise son propos sans jamais lui ôter de sa rigueur. Ceci dit, la science de l'auteur, qui est akkadologue (spécialiste de la Mésopotamie) de profession, n'empêche pas l'émergence, çà et là, d'analyses marquées par des préjugés catholiques ou occidentaux, comme l'opposition artificielle qu'il fait entre "légalisme", "ritualisme" et inspiration prophétique a priori libre et "universaliste". Les opinions se valent toutes, dès l'instant qu'on sait les repérer comme des opinions, mais ce préjugé anti-ritualiste est apparu bien des siècles après l'écriture de la Bible hébraïque, à l'époque chrétienne, et l'auteur est trop bon historien pour ne pas savoir qu'il commet là un anachronisme. La meilleure lecture à conseiller pour compléter Bottéro, c'est le livre de Catherine Chalier, "Lire la Torah" : ainsi le lecteur, après avoir pris connaissance des origines du texte du point de vue de ses auteurs, verra dans Chalier la manière dont il est reçu par ses lecteurs. Egalement, le très complet et très savant "Les Juifs et la Bible" de J.-C. Attias.
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Babylone et la Bible

Jean Bottéro, spécialiséte de la Bible autant que de la Mésopotamie, où est née la première civilisation historiquement connue et d'où est venue l'invention de l'écriture et du droit. Dans "Babylone et la Bible", un magnifique livre d'entretiens qu'Hélène Monsacré a réalisé avec lui en 1994, le dominicain Bottéro dit qu'il a été séduit à la fois par la théologie et la métaphysique. Choisi par l'abbé Lagrange, fondateur de l'Ecole biblique de Jérusalem, pour prendre la suite , afin d' „Étudier la Bible dans le pays où elle a été écrite".

Pendant la guerre, à Saint-Maximin, il enseigne la philosophie grecque et l'exégèse biblique, en commençant par l'étude de Job et de l'Ecclésiastique afin d'interroger la question du mal. Mais voila qu'il s'attaque à la Genèse et refuse d'enseigner le récit traditionnel de l'église catholique ... la rupture se produit et il est suspendu, parce qu'il représente "un danger pour les jeunes". Contraint de demander la "réduction à l'état laïc" en 1950 et incapable d'officier comme bibliste, il devient assyriologue.

Ainsi il comprendra la Bible et verra"ce qu'il y a derrière". Mais sa liberté de pensée et son manque de diplomatie lui valent de grands ennemis. Alors qu'il est sur le point d'être radié du CNRS, on lui créée la chaire d'assyriologie en 1958. Ainsi, Bottéro peut se consacrer entièrement à l'étude de la civilisation mésopotamienne, non plus en tant qu'archéologue ou philologue, mais en tant qu'historien.

A mesure que son nom devient de plus en plus connu dans le monde et que le nombre de ses publications se multiplient se multiplient, Bottéro poursuivra à l'EPHE l'exploration minutieuse d'un gigantesque butin archéologique dont il propose, à la demande de Marcel Gauchet, des synthèses révélatrices. Chez Gallimard, il publie une série de publications décisives : « Naissance de Dieu. La Bible et l'Historien", "Mésopotamie. L'Écriture, la raison et les dieux", "Lorsque les dieux font l'homme. Mythologie mésopotamienne » et une traduction du poème de Gilgamesh …
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Naissance de Dieu

J’aime beaucoup lire Jean Bottéro - il m’a apporté beaucoup sur tout ce qui relève de Sumer, de la religion Mésopotamienne...

Le titre prête à confusion, on pourrait s’attendre à y trouver une analyse, une vision de la façon dont les hommes ont pour la première fois eurent l’idée qu’il y avait au-dessus d’eux des êtres suprêmes, mais il ne s’agit que du Dieu de la Bible – revendiqué ensuite par les chrétiens, puis les musulmans.

La découverte des tablettes de gilgamesh (1872), puis des versions antérieures du déluge (poème du supersage ou légende d’Atrahasis) ont contraint à des relectures de la Bible qui environ mille ans plus tard (vers 900/1000 avant JC) donnait une nouvelle rédaction du déluge.

Jean Bottéro insiste sur le fait que c’est une poignée de fidèles - «des hommes égarés en des recoins de vieux millénaires...» - d’un Dieu, qu’ils ont tiré de l’obscurité à travers ces premiers textes, en on fait le Dieu Seul et Unique d’une très grande partie du monde, même si d’autres par la suite lui ont donné un autre nom...en accusant ceux qui l’ont tiré du néant d’avoir falsifié son message, qu’ils avaient rédigé mille ans plus tôt...

Au passage nous retrouverons les concordances tellement fréquentes entre La Bible et Shakespeare, Samuel nous dit que Saül et Jonathan «n’ont pas été disjoints dans la mort» (Samuel II,1) quand Hamlet sur la terrasse du château s’écrie: « The time is out of joint” (Hamlet 1,5)

Sans être tenu d’adhérer à la croyance qui est derrière ces mots, ce livre (recueil de quatre essais) est une mine de connaissances.
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Lorsque les dieux faisaient l'homme : Mytho..

Superbe compilation de textes cunéiformes traduits par l'auteur (qui sait donc dire en sumérien des mots comme "truffe", "oisif" ou "gencive", il faut le souligner) et, ai-je trouvé, incroyable introduction de quelques dizaines de pages qui explique d'une manière formidablement limpide la folle complexité de l'écriture cunéiforme...



Il vient inévitablement à l'esprit que l'alphabet que nous utilisons est un instrument de très haute technologie puisque les enfants savent lire et écrire. À Akkad-Sumer, on passe sa vie à apprendre à écrire et à lire parce que les mots ne sont pas composés des éléments abstraits que sont les lettres. On ne peut en dire plus et il faut laisser découvrir à quel point l'invention de l'écriture a mis en jeu une performance intellectuelle poussée qui, inévitablement, modère fortement le préjugé d'une société fruste au seul prétexte que quelques-uns seulement savaient lire et écrire... ceux-là sont en vérité de grands savants et, forcément, il y en a peu simultanément...



La brève et dense histoire de la civilisation suméro-sémitique, puis Babylonienne est tout autant éclatante de clarté.



À noter cette idée étonnante : l'écriture cunéiforme a été maîtrisée durant 3000 ans, la tablette la plus récente connue datant de 74/75 ap. JC. La redécouverte de son code date de la fin du XIXème siècle... C'est-à-dire qu'il ne s'est écoulé que 1800 ans sans que personne ne maîtrise l'écriture cunéiforme... presque moitié moins de temps qu'elle a été utilisée... (surtout si on ajoute les 150 ans de maîtrise "moderne"...)
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La plus belle histoire de Dieu

"La plus belle histoire de Dieu" est formée la trois contributions dues à des auteurs différents. D’abord J. Bottero, historien de la Mésopotamie antique et spécialiste de la Bible, retrace le chemin des peuples du Moyen-Orient vers le monothéisme. Puis M.-A. Ouaknin, philosophe juif, expose ce qu'est l’essence du judaïsme. Enfin J. Moingt, religieux catholique, expose comment Dieu est perçu dans l’Eglise.

De Bottero, j’avais déjà lu (avec un grand intérêt) un autre livre, "Naissance de Dieu", dont le contenu rejoint précisément le présent exposé: je n’ai donc pas appris grand-chose, cette fois. La troisième partie rédigée par J. Moingt, assez conforme au canon du catholicisme, m’a semblé la moins intéressante.

C’est l’exposé d’Ouaknin qui m’a surtout interpellé. Sa façon très vivante de caractériser la pensée juive est attractive. Ouaknin insiste pour nous faire comprendre que les Juifs n’ont pas une foi comparable à celle des Chrétiens En effet, les Juifs ne se posent jamais la question de savoir qui EST Dieu: celui-ci, pour eux, intervient dans l’Histoire seulement pour dire ce qu’il FAIT avec l’humanité - ou du moins avec le peuple élu. Cette Parole se trouve consignée dans la Torah: l’infini (Dieu) s’est introduit dans notre monde fini, en devenant un texte qui ne sera jamais définitivement compris. C'est pourquoi la Torah ne cessera pas de susciter commentaire sur commentaire, à l’infini... Ainsi, Ouaknin donne du judaïsme une image qui se veut très positive, celle d’une religion qui ne sera jamais dogmatique et figée. Fort bien… mais, à titre personnel, je ne pourrais pas consacrer toute ma vie à l’étude de la Torah, dans une yeshivah !

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Mésopotamie. L'écriture, la raison et les dieux

Recueil d'études et de cours sur l'univers mésopotamien antique, ce livre est très instructif. Exigeant, mais très facile à lire, Jean Bottéro, en grand pédagogue, aide à comprendre un peu mieux cette civilisation si lointaine qui a donné naissance à la première écriture et pourrait bien être à l'origine de la pensée scientifique de la Grèce ancienne.
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Naissance de Dieu

Ouvrage dense ,demandant attention et une connaissance consistante de la Bible Au fil d'un essai (Le message universel de la Bible) et de quatre études sur des textes bibliques (le poème de Débora/La Genèse/Le récit du péché originel/L'Ecclesiaste) Bottero aborde le texte non en théologien mais en historien et y suit l'élaboration du monothéisme juif. C'est très érudit , très instructif.
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Il était une fois la Mésopotamie

La petite collection « Découvertes Gallimard » m'enchante . Elle est le tremplin idéal lorsqu'on veut aborder un sujet encore mal connu . Les textes sont de qualité , ici il est signé de Jean Bottero qui est une « pointure » dans le domaine et les illustrations , bien que de petit format , sont riches et attractive. Ce volume est surtout consacré à l'épopée que fut le travail des archéologues et autres chercheurs pour ramener au jour cette prestigieuse civilisation. J'ai beaucoup appris dans ce livre et j'ai pu ensuite me lancer plus avant .
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Il était une fois la Mésopotamie

L'une de mes premières rencontres avec la Mésopotamie et sans doute ma première découverte de Bottero. Ce livre ne parle pas de la vie à Mari, Ur, Babylone ou Uruk, mais d'une histoire tout aussi passionnante, la redécouverte de ce monde enfouie.



J'avais une dizaine d'années lorsque je l'ai lu pour la première fois. J'ai beaucoup aimé les documents qui accompagnaient les textes.



Maintenant, j'aurais tendance à considérer qu'il s'agit d'un bon travail de vulgarisation par l'un des spécialistes de la Méditerranée orientale. Une histoire de l'archéologie ou, plus largement, de la redécouverte de la Mésopotamie et de ses trésors.



Après toutes ces années, malgré mes études, je redécouvre toujours avec plaisir ces pages. C'est un peu l'une de mes madeleines de Proust (qu je devais sans doute lire en mangeant des madeleines de ma mère d'ailleurs).
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Babylone et la Bible

L'histoire ancienne de la Mésopotamie nous est contée par un expert qui s'est appuyé sur des textes découverts en abondance lors les fouilles archéologiques.

On parle ici des plus anciennes écritures, de l'humanité qui s'en dégage et notamment des sentiments religieux clairement exprimés. Je songe qu'à la même époque en France, grosso modo à l'âge du bronze, nous sommes dans la préhistoire, et on doit se contenter de traces ténues d'humanité comme les gravures de la vallée des Merveilles.

Le livre est le résultat d'un travail scientifique d'historien, mais très abordable pour tout public : grâce au choix des mots et grâce au mode du dialogue qui place le lecteur un peu comme dans une conférence ouverte aux questions, mais c'est une historienne qui pose les questions à notre place, et nous permet de découvrir un cheminement tout autant que des résultats.

On aurait déjà un excellent livre sur la Mésopotamie, mais le cheminement singulier de l'auteur lui permet également de parler d'histoire de religions qui sont pour lui l'expression la plus profonde de l'humanité.

Et on découvre ainsi les liens assez clairs entre la Bible et des textes religieux plus anciens issus de cette civilisation de Babylone. Cela pourrait être le début d'une fresque romanesque mais ca reste toujours un travail d'historien...
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