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Critiques de Jean Clair (33)
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Balthus : Exposition, Venise, Palazzo Grass..

L’importante rétrospective de Balthus ( pseudonyme de Balthasar Klossowski (de Rola) qui s’ouvrit fin 2001 au Palazzo Grassi de Venise était accompagnée d’un volumineux catalogue. En voici la version française. Sous la direction de Jean Clair, une bonne douzaine d’auteurs nous présentent en détail aussi bien l’homme que l’artiste, sans oublier, évidemment, les œuvres. Celles-ci, par des notices bien étudiées, présentent les multiples facettes de ce « marginal » de l’art du XX° siècle : portraits, natures mortes, paysages, peintures animalières, nus féminins, scènes de genre (les illustrations sont juste parfaites). Ce catalogue permet aussi de tordre le cou à un certain nombre de clichés balthusiens : il n’est pas seulement le peintre des chats et des jeunes filles. Celui qui fut le directeur de la Villa Médicis (1961-1977) fut à la fin de sa vie célébré par des expositions et par un certain nombre de publications, probablement pour son opiniâtreté à rester figuratif. Balthus mourut le 18 février 2001 sans avoir pu revoir certains des tableaux présents dans cette rétrospective.
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Balthus : Exposition, Venise, Palazzo Grass..

Ce volumineux catalogue a été réalisé à l'occasion de l'exposition au Palazzo Grassi à Venise consacrée à cet artiste un tantinet sulfureux. Il comprend 13 essais d'auteurs divers sur son œuvre, sa vie, ses influences et ses relations avec des écrivains (Rilke, PJ.Jouve...) . Ensuite le catalogue des œuvres abondamment illustré et commenté . Considérable et passionnant.
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Bonnard

Excellent livre sur Bonnard par Jean Clair. je suis conquise. L'ensemble développe des idées très intéressantes dans une écriture tout simplement merveilleuse selon mes goûts, tellement parfois que j'en suis parfois discrète du contenu.

On apprend beaucoup sur Bonnard sa vie et son œuvre mais le livre dépasse la simple biographie et analyse la palette et la peinture de l'artiste. Quel plaisir. Je recommande.
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Crime et châtiment

Dans la préface du catalogue de cette exposition (Musée d’Orsay, 2010), Robert Badinter – l’ancien garde des Sceaux de Mitterrand qui a fait voter l’abolition de la peine de mort – pose le propos : « D’Eschyle à Camus, le criminel hante l’écrivain et la littérature. Le moment paraissait venu de convoquer à leur tour peintres et sculpteurs et d’examiner leurs œuvres et leur vision du crime et de la justice… ». Et cette exposition prenant « le crime pour sujet, la justice pour scène et le châtiment pour épilogue » nous présente le regard autant artistique que documentaire, historique et même scientifique, sur le crime et le châtiment, de la Révolution à nos jours.



Dès l’entrée, comme pour bien ancrer le sujet dans les esprits, un choc. Drapée d’un crêpe noir, elle est là, nous rappelant combien la loi des hommes peut être sauvage et barbare : une authentique guillotine.



Magnifique et troublante exposition : Le crime et ses raisons ; Le châtiment et son bien-fondé, montrés, disséqués, expliqués, et qui posent l’éternelle question du jugement et du châtiment. Débat qui, dans notre société, est bien loin d’être clos.

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Dialogue avec les morts

Ce récit autobiographique de Jean Clair est une sorte de promenade qui égraine la pensée de la mort. Alors que l'écrivain dit se refuser à l'idée du pessimisme, il révèle par ses écrits mélancoliques, ses considérations sur notre société en manque de valeur et dissèque le sujet de la mort face à sa mémoire, sur un ton satirique qui fait ressortir ses convictions, ses émotions. Chaque passage révèle son rapport avec l'art et la culture.



Une écriture qui donne l'importance au silence et à la réflexion. Il convie le lecteur à s'interroger sur l'arbre de la vie. Une intropection sur son époque et sa quête personnelle du lendemain.
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Dialogue avec les morts

«Aucune société […] ne fut plus grossière que la nôtre, en un sens, plus inquisitoriale». Dans ce nouveau volume d’«écrits intimes» – puisqu’il s’est très vite refusé au roman –, Jean Clair, qui fut conservateur directeur du musée Picasso et commissaire d’expositions aussi marquantes que "Vienne 1880-1938 - L'Apocalypse joyeuse" ou "Mélancolie, génie et folie en Occident", en remet une couche, comme pour prouver qu’au contraire des candides, il n’écrit pas pour se faire aimer. Ici, son entreprise d’anamnèse le fait retourner, plus de six décennies après, dans le bocage mayennais où la débâcle de la Seconde Guerre mondiale l’avait expédié avant l’anniversaire de ses quatre ans. Fils de paysans pauvres, Jean Clair avait déjà écrit «je sortais de rien», formulation lapidaire qui ne le retient pas de penser, avec un lourd sentiment de culpabilité, qu’il a pu trahir les sages de la terre pour les frivoles de l’art. Tiraillé entre ce monde sans tradition écrite et l’érudition, l’historien d’art et académicien français ne tire donc aucune supériorité de s’être «éloigné des paysans taciturnes». Si l’enfance dans cette campagne abandonnée ne fut ni un paradis, ni une pastorale, le jeune Gérard (puisque Jean Clair est un pseudonyme) y conçoit pour toujours un profond attachement aux bêtes, comme à cette «méfiance paysanne» pour laquelle il éprouve plus de respect que de rejet.

Dans cette promenade éclatée qui retrouve parfois la forme du journal («atrabilaire» peut-être, c’est lui qui le dit) s’entrecroisent souvenirs et rêves (au sens premier), idées et sentiments, expériences et voyages, toujours dans la compagnie de l’écriture et de la peinture, assurément ses saluts.

Admirant Avigdor Arikha plutôt que Jeff Koons et autres champions des «tours de force forains», fustigateur du mercantilisme de l’art, de la morale égalitariste, des jargons, des sourires mondialisés de la télévision, de la consommation frénétique des instants, de la bonne bourgeoisie qui possède le monde, des «nouvelles ligues de vertu qui […] ont réduit la France au silence», ou, parmi «les imbéciles d’aujourd’hui», des Gothiques dont il règle le compte en deux pages, Jean Clair est conscient d’être injuste, de se laisser emporter : «La colère, je crois, ne me quittera jamais». Taxé de poujadiste, il répondit, un brin provocateur «Je suis simplement profondément réactionnaire, il y a de quoi, non?» Un «réactionnaire» bouleversé par les conditions faites aux S.D.F. dont il se révèle l’exceptionnel observateur des us et manèges, un «réactionnaire» offrant des pages incomparables de sensibilité et d’intelligence sur le sexe (la «nature») et le corps des femmes, un «réactionnaire» célébrant le "trésor" de la psychanalyse, un «réactionnaire» refusant de céder aux démons du pessimisme… réactionnaire: «loin d’être nostalgique, rêveuse, ou pire encore mélancolique, toute ma vie n’a jamais au contraire été dictée que par le sursaut vers le futur»…



Chronique partiellement parue dans "Encres de Loire" n° 56 page 29, été 2011


Lien : http://www.paysdelaloire.fr/..
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Giorgio de chirico - Catalogue Exposition 1..

Un appareil critique extrêmement complet comme toujours avec les catalogues du Centre Georges Pompidou. Une introduction fantastique "De Chirico et la modernité" de William Rubin, une histoire passionnante "De Chirico à Paris 1911-1915" de Maurizio Fagiolo dell'Arco, trois écrits de De Chirico, une étude "De Chirico et les surréaliste", une chronologie.

Et puis les plus fameuses énigmes métaphysiques du maître Italien, mais aussi une splendide collection de dessins et lithographies... tout jusqu'à ses horreurs néo-classiques de fin de carrière.
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Gustav Klimt : Papiers érotiques

UNE PERLE RARE

KLIMT

DANS SES DESSINS LES PLUS PERSONNELES

DEPOUILLES

UNE MERVEILLEUSES EXPOSITION

UN LIVRE EPURE

SANS EXPLICATION

PARFAIT
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Hubris

Un essai brillamment mené et richement illustré au coeur de la genèse de la représentation monstrueuse, miroir des errements humains.


Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Hubris

Au fil de sa réflexion et de ses descriptions d'oeuvres, toujours d'une impressionnante érudition, Jean Clair éclaire par les rapprochements qu'il opère. Et provoque, aussi.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
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Hubris

Une analyse de la symbolique du monstrueux à l'époque moderne qui peine à convaincre.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
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Journal atrabilaire

Ce Jean Clair est un bileux et au bout d'un moment c'est carrément agaçant. On pourrait ne pas partager son avis et le lire avec plaisir mais ce n'est pas le cas, l'homme vitupère contre toute forme de modernité sauf en ce qui concerne son dentiste, on se réjouit qu'il ait eu mal aux dents un jour !. s'il n'aime pas le genre humain, le genre humain va bien finir par le lui rendre.Livre pénible et décevant mais qu'est ce qui m'a pris de l'acheter ?
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Journal atrabilaire

Oui, et mille fois oui !

Une personne humaine qui nous fait la restitution des événements, des parades, des positions, des discours, des politiques qui le font râler, geindre et lui donne envie de mordre.

Évidement, ce livre est publié par ce que Jean Clair est déjà connu, pour un premier livre un jeune auteur n’aurait eu aucune chance.

Jean clair à une belle écriture, un français de gourmet.

Il râle à plein, mais finalement il s’agit surtout de l’abandon d’une partie de notre humanité pour nous plonger dans le salmigondis d’une langue qui se délite, de rencontres de personne humaine à personne humaine qui deviennent de plus en plus superficiel et difficile tant le bruit ambiant est fort (et là c’est 2004).

La culture ne peu remplacer le culte

Le portable ne peut remplacer la relation

Le globish ne peut remplacer la profondeur de notre langue

Le progrès technique ne peut se substituer au progrès humain



Et tout cela avec cette sorte d’ironie dramatique qui m’a bien réjoui.



Au moment ou je finis, j’écoute France culture, 19h00 un dimanche.

Titre de l’émission : food, foodies, fooding, foodosphère, slow food

Et une phrase entendue par une jeune personne de 30 ans.

Nous faisons du régional food par soucis d’authenticité !



JEAN ils sont devenu fou !

Nous avons créé des monstres Superficiel Narcisse et Orgueilleux !

Et Martel de ne rien dire !



Lire ce livre comme un catalyseur réveille notre âme (1) cénobitique !



(1) Âme : ce qui anime le corps, Psyché, émotions, perception et inconscient. Quand je veux aborder la spiritualité j’emploie le terme d’Esprit (depuis Fromaget).

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L'hiver de la culture

C'est la nouvelle théorie de la relativité.

Oui ! Tout est relatif...

La notion de beauté ? Relatif.

Le spirituel ? Relatif.

Le religieux, les religions ? Relatif (encore que cela dépend, certaines sont à respecter, d'autres peuvent être moquées, rabaissées, vilipendées, huées, surtout si elles se laissent faire au nom de la liberté d'expression...)

La décence ? Relatif.

Tout se vaut.

J'ai découvert Jean Clair lors de la magnifique exposition du grand Palais "La mélancolie" en 2005, dont il était le commissaire.

J'ai partagé son accablement en lisant "Malaise-dans-les-musees".

J'ai eu l'occasion de visiter en 2009, l'exposition d'un choix d'oeuvres de la collection François Pinault à Dinard.

Et ? Et rien. Aucune émotion, aucun sentiment d'admiration, aucun choc devant la beauté (quelle beauté ? D'ailleurs n'est-ce-pas relatif ?), parfois un sourire, souvent une exaspération devant tant de provocation gratuite et sans risque...

Je parle peut-être un peu trop de moi, mais Jean Clair met ses mots, son érudition et son humanisme sur ce qui n'était qu'un ressenti, une gêne.

Benjamin Olivennes, non-spécialiste, mais vrai passionné a fait le même constat dans "L'autre art contemporain : Vrais artistes et fausses valeurs".

Par contre, si je partage l'avis de Jean Clair sur la dérive des musées, c'est grâce à leur existence que l'on peut approcher cette beauté...

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L'hiver de la culture

Ce livre de 141 pages se lit en une heure et demie. En dépit de sa brièveté, c’est un grand livre. Expliquons pourquoi.
Lien : http://stalker.hautetfort.co..
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L'hiver de la culture

Jean Clair a la plume féroce, incisive et amère.



Dans cet essai il dresse un constat accablant sur les lieux de culture, leur organisation, l'attitude des visiteurs, les files d'attente interminables dont il se demande les motivations pour se rendre dans les musées.



Visiteurs susceptibles s'abstenir tellement Jean Clair prend ces cohortes empressées pour des troupeaux de moutons (pardon pour les moutons, qui n'étaient d'ailleurs pas à la fête le week end dernier), et parfois même des béotiens.



On l'aura compris Jean Clair est un brin "conservateur", pour rester modérée. Néanmoins on peut constater que parfois certains sont plus préoccupés et accrochés a leur perche à portable, agglutinés devant les tableaux, devant lesquels pour le moins, leur émotion est absente, plus empressés à se bombarder de selfies.

J'ai pu observer cela au Van Gogh museum d'Amsterdam en mars dernier.



On ne peut pas lui donner tout à fait tort. Chacun d'entre nous avons pu constater ces dérives. Pour autant on ne va pas fermer ces lieux de culture et imposer des aptitudes à comprendre les vertus de l'art et apprécier ces chefs d'oeuvres, pour avoir le droit d'y pénétrer.



Par ailleurs les dérives de l'art contemporain sont l'objet de spéculations colossales, douteuses et dispendieuses.



S'agissant des expositions à scandale telles celles de Damien Hirst et ses animaux tranchés, je pensais que le comble de l'horreur avait été atteint avec l'Expo "Our Body" et les corps plastinés de prisonniers chinois.



Oui à chaque époque les artistes ont connu des refus et leurs oeuvres souvent incomprises avant d'être encensées.



Maintenant comparer les impressionnistes pour ne citer qu'eux et des créations comme celles citées ci-dessus me laisse perplexe... Et me rend alors moi même "conservatrice".



Ce court essai est éclairant, et le propos de Jean Clair a le mérite de nous faire réfléchir.
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L'hiver de la culture

Le Louvre est le musée le plus fréquenté du monde avec six millions de visiteurs par an. Alors que cette vénérable institution abrite les plus grands chefs d’œuvre de l’histoire, les touristes chinois se bousculent pour photographier la Joconde avec leur téléphone portable. Ce serait Nabila qui se fout à poil, ce serait le même attroupement. Seulement voilà, dans cinq ans, Nabila, elle est shampouineuse chez Franck Provost à Melun et tout le monde l’aura oubliée. Alors que la Joconde, dans cinq cents ans, les esthètes du monde entier continueront à se pâmer devant son sourire énigmatique. Les chinois ne font donc pas la différence. A ce titre, doit-on les laisser consommer de l’art comme du fast-food ? C’est la question pertinente que pose Jean Clair dans son essai.
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La part de l'ange : Journal 2012-2015

Pas vraiment un journal mais plutôt des mémoires, indifférentes aux dates, des réflexions philosophiques ou esthétiques, des commentaires sur l’actualité.

En réalité ‘’un essai qui veut rendre justice à la part invisible de l’esprit, à « la part de l’ange ‘’.

………………….

Ce qui passionne jean Clair qui a été conservateur général du Patrimoine c’est tout ce dont l’art nous parle par le truchement de l’invisible. Une quête, de ce qui dans l’œuvre d’art, née de main d’homme, nous parle de nous.

Il défend une peinture « réaliste », essentiellement figurative.

D’où de belles pages sur le visage qu’on découvre ravagé au matin, par la fatigue, la maladie ou

l’âge, ce visage que l’on voile aussi. Son admiration pour Zoran Music, le peintre rescapé des camps.

Les raisons pour lesquelles il est devenu si difficile de représenter un visage et de peindre un nu ?: L’ « l’impuissance à ressaisir l’identité du moi dans le portrait » et l’oubli du fait que toute entreprise de figuration présuppose du sacré et du sacrificiel.

D’où son sentiment que l’art est quasi moribond.

…………………….

Mais parce que tout s’effondre

Et c’est alors un réquisitoire contre les renoncements qui caractérisent notre époque : massification de la culture, financiarisation de l’art, fascination pour la laideur, refus de toute transcendance…

Qui s’accompagne du déclin des bonnes manières, du langage, des habitudes de lecture, de la tenue vestimentaire, de la liturgie catholique etc. …..

Avec la villa Médicis transformée en dancefloor pour « gros vers blancs »

On peut le suivre jusque-là mais il pousse le bouchon un peu trop loin lorsqu’il loue l’entente entre Vladimir Poutine et l’église orthodoxe russe ou le président Erdogan, grand défenseur de la liberté d’expression ou qu’il fait un rapprochement entre le journal satirique Charlie-Hebdo et les caricatures antisémites nazies

……………………….

En réalité, malgré tout, une forte nostalgie habite ce livre : nostalgie de la France rurale, du Paris d’antan, du parler d’antan, d’habitudes vestimentaires comme le port du chapeau ou de la voilette, nostalgie de l’enfance.

Une vie rurale idéalisée comme une espèce d’âge d’or, où chacun connaissait sa place et y restait

Peut-on pour autant le créditer d’une lucidité de prophète quant à l’écologie ?

……………………….

Fils d'un cultivateur socialiste du Morvan et d'une mère, fervente catholique, née en Mayenne, il avançait :"Conservateur, c'est le dernier métier aristocratique qui reste dans ce monde moderne".

……………………..

Vieillir, quelle étrange aventure pour un petit garçon !



A-t-il vu le film de Ken Loach : « La part des anges »où des exclus malgré eux, se retrouvent pris dans un système qui les broie.et qui recherchent cette part à laquelle ils ont potentiellement droit, cette "part des anges", c'est justement ce whisky évaporé durant sa maturation, au sens propre comme, ici, au figuré.

Un film qui distille avec humour et finesse un regard bienveillant et optimiste sur la jeunesse désillusionnée et livrée à elle-même.











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Lait noir de l'aube

Par cette vision somme toute nostalgique du monde qui l’entoure, Jean Clair s’inscrit ainsi dans la question atemporelle de la mort, réponse possible à notre fascination pour la mélancolie dans l’art.
Lien : http://ogressedeparis.canalb..
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Lait noir de l'aube

C'est la suite de son Journal atrabilaire que nous donne Jean Clair avec Lait noir de l'aube, un titre venu d'un poème de Paul Celan, et qui condense à merveille la couleur et la matière des émotions propres aux pensées et aux réflexions d'un homme historien de l'art, ancien directeur du musée Picasso, commissaire de grandes expositions confronté aux errements de notre époque. Des pages où se mêlent " le grave et le léger, l'annotation et le savant essai, la touche et la fresque, l'esquisse et l'achevé, la maxime et l'impromptu ".

En quelques lignes ou en quelques pages, et sous un titre qui en indique le thème, c'est son intranquillité comme dirait Pessoa face à la rapide disparition d'un monde où la lecture et la méditation avaient encore leur place, c'est son désarroi face à l'humanisme mou où l'âme de notre temps s'enflasque, que décline Jean Clair. À partir de choses vues, entendues, lues, vécues, c'est une pathologie de notre époque qu'il dresse. Une société où règne l'idéologie du " festif " si décriée par feu Philippe Muray, du " spectaculaire ", du " politiquement correct ", du " culturel "... La Culture, " ce monument de savoir et de sensibilité " a fait place à l'artistisation de la société, à l'effacement de toute distinction entre art et non-art : plus de Culture mais des cultures, de la rue, des cités, des blogs, des minorités, de l'entreprise...

Amalgames hâtifs, glu doctrinale, impostures programmées, impérialisme de l'insignifiant, rien n'échappe à notre limier solitaire traquant, sous les reflets de l'actualité, ce qui couve dans les profondeurs et ce qui se prépare de ténèbres. La fête n'est que " danse autour du bûcher ", la maison moderne se conçoit autour de la cuisine et de la salle de bains " culte du ventre et du bas-ventre " ; on fait du jogging alors qu'" il n'y a que les enfants qui courent naturellement. Ou les voleurs que l'on poursuit. Un adulte qui court, court après son enfance, ou, pis encore, se sent poursuivi par elle ". On jette l'anathème sur le tabac, l'alcool, le café qui " l'a-t-on oublié ? aidaient à travailler, à produire, à s'éjouir aussi ", tandis que la publicité pervertit allégrement les genres que sont la comédie et la pastorale, le tragique et le grotesque, pour nous vendre des pots de yaourt ou un crédit auto. De la trivialité des " communicants ", à la " danse du scalp autour de l'art, ce que c'est, ce que ce n'est pas, ce que ce devrait être, ce que ce fut, ce que ce sera ", c'est à l'agonie de l'art (" qui n'a fait qu'accompagner le déclin de la foi ") que nous assistons. Époque de soldes monstres, époque où s'achève, avec le lent naufrage de la langue, une manière de nommer le monde. " Mal dire, c'est maudire ", " avoir la haine ", tant avec la norme qui disparaît, c'est la violence qui s'établit dans la société. On ne se rend pas compte que les fautes de langue sont des fautes de pensée, qu'employer " générer " à la place d'" engendrer " c'est confondre cause et effet, qu'une expression floue cache une pensée fausse, que la langue commande le rapport à autrui. Le rappeler, c'est poser la question de l'enseignement, de la transmission, du rapport au savoir en ces temps où il se réduit à la technologie et aux techniques qui donnent accès au marché... Banalisation, nivellement, simulacre, dans un monde qui ne rêve aujourd'hui que d'un réel univoque et consommable.

Face à ce désarmement général de la pensée, face à ce degré zéro de la médiocrité, à ce " surmonde " d'images et à son galopant puritanisme d'apocalypse, le voyage n'est même plus une consolation : " pesants, rougeauds ", " le short ouvert sur des cuisses grasses et blanches, la grole au pied, le sac au dos " " alpinistes en terrain plat ", les touristes sont partout. Alors Jean Clair se console avec l'insondable capacité onirique de l'homme, et surtout en cultivant son amour de la lecture (Baudelaire, Pavese et Sebald, " ces deux grands errants mélancoliques ", Proust, les journaux d'après 1945 de Jünger), et son approche de l'art. Qu'il parle du dessin de Music ou du Picasso rhétoriqueur, la pertinence de ses vues est toujours passionnante. Ainsi de la morale du joujou, chez Picasso encore, qui prend un relief tout particulier lorsque le joujou à démonter est un corps de femme, " et que le peintre s'arrange pour revisser, ployer et tordre ses différentes parties de sorte à les avoir toutes sous la main, bouche, seins, fesses, sexe et anus, du même côté du corps ".

À une époque où les maîtres du temps sont des Messieurs Loyal télévisuels, et où la réflexion a fait place à la sociologie constatative, il est salvateur de partager les chasses subtiles d'un des derniers vrais humanistes. Un ouvrage écrit dans l'amour de la vie et de l'art, nourri d'attention aux rapports qu'entretissent les mots avec leur mémoire et leur imaginaire. Du miroitement de l'intime au déploiement quasi musical des synesthésies, en passant par un kaléidoscope de petites aventures érudites, c'est une furtive métaphysique du temps et une thérapie par le savoir que nous donne à lire, en filigrane, Jean Clair. Très subtilement réconfortant.

(critique : http://www.lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=57265..
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