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Citations de Jean-Claude Pirotte (411)


Le café, lui, dégageait une parfum gras qui rappelait l'odeur de certaines fougères, dans les sous-bois après la pluie. Je dois bien avoir passé une heure à chercher l'image des fougères, et j'ai fini par me souvenir de la forêt du Grand-Jailly, où j'allais, enfant, me perdre en automne, sous le prétexte de ramasser des trompettes de la mort. Dans l'odeur du café aussi il y avait des trompettes de la mort.
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Et les oiseaux qui nichent dans les arbres
lanceront des appels au bord des crépuscules
quand le bleu des pervenches s'éclaire
avant de s'assombrir dans le vent de la nuit
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Si la poésie vient sans qu'on s'y attende
elle s'en va comme elle est venue, par surprise
et ce qu'elle nous laisse parfois, c'est un lac
dans la province inconnue de l'Alberta
ce n'est en réalité que le souvenir
d'une photographie d'un atlas d'enfance
mais un moment sur ce lac on navigue
en compagnie d'un ami mort depuis longtemps
le soir tombe et le visage de l'Indien
qui lève la rame vers le ciel s'éclaire
et le sourire de l'ami devient si présent
qu'il est impossible enfin de douter
des sources de la lumière
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Le chat c'est un pèlerin
qui explore à l'infini
des espaces sans mesure
où nous n'avons pas accès

Les contrées imaginables
ne sont pour son oeil vivant
que domaines sans surprise
il voit d'autres univers

où la lumière caresse
des ombres furtives toujours
et les matins renouvellent
un monde habité sans cesse
de miracles dorés
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Si tu poses ton regard
sur le pianiste noir
au fond du bouge obscur
ne le détourne pas
tu verras s'élever
des fantômes de fleurs
et des halos de lune
dans la fumée du bar
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Il n'est donc pas impossible de s'inventer un grand-père, une maison dans les vignes, un horizon de montagne. Vous savez, quand on y pense, rien n'est impossible. C'est ainsi que nous arrivons à vivre. (p. 15)
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Il m'arrive toujours de découvrir ici où là des livres non coupés, alors l'enfance est de nouveau radieusement présente, le coupe-papier, la lampe intime, l'impatience, le ravissement, le frisson. La vie qui chaque nuit se déploie, et rien n'altère cette éclosion miraculeuse.
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Jean-Claude Pirotte
Je lis avec impatience, avec fébrilité, trop vite, comme on engloutit sans le mâcher son casse-croûte, et jamais je ne suis rassasié, c'est une maladie, un prurit mental que j'ai contracté dans l'enfance, lorsque je me levais la nuit, à l'insu des parents, pour lire n'importe où, dans la cave, au grenier, dans l'escalier, dans l'appentis, avec le désir fou du livre suivant. Une existence entière vouée à la lecture, à cette beuverie de mots où je me perdais et me trouver pour sans cesse me reperdre. Rien n'a changé. Je lis, relis, l'impatience et la frénésie demeure aussi jeunes, aussi fraîches, aussi impérieuses, aussi tyranniques. Aussi vicieuses, mais pas impunies, mon cher Larbaud. Je serai condamné pour m'être embarqué dans les livres sans aucun passeport. Mais je sais un peu mieux maintenant à quoi je suis attaché, je devine ce qui me convient. Un instinct, comme on dit un sixième sens m'a guidé. Oh, pas toujours mais très tôt, me semble-t-il vers les écrivains qui me parleraient au plus intime, chez qui je pourrais m'installer comme chez moi, m'étourdir et me connaître. Me connaître ? Rien n'est moins sûr. Me méconnaître plutôt. Mon mystère, mon ignorance en somme, sont intacts. Curieuse virginité. Je dois mon peu de fortune et ma lumineuse misère au romanesque,cette vie qui propose la vie sans l'expliquer
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Et la lecture prend le pas sur la douleur, on dirait presque qu'elle la maîtrise, sans cesser de l'évoquer par un silence habité. La littérature, que le monde aujourd'hui méprise, est la seule sauvegarde. Il suffit de quelques lignes souveraines et modestes, et le ciel change de couleur. Il y a comme un parfum de résurrection (...)qui réveille les sens et apaise le cœur.Les mots vont bien au-delà d'eux-mêmes, et leurs échos nourrissent l'esprit qui était " en proie aux longs ennuis", et qui s'éveille enfin donnant les images salvatrices.

( p.31)
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de mourir le temps est venu…



de mourir le temps est venu
je me réveille triste et nu
or la mort n’est pas advenue
c’est pour demain après-demain

pourtant elle me tend la main
je la regarde dans les nues
se présenter comme un corbeau
elle se détourne de moi

je me vois comme un siamois
privé de tout son ancien moi
la mort est là mais c’est trop beau

de la voir venir dans les nues
céleste mort joyeuse et nue
et belle comme des coraux
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La dure obligation d'avoir à me "reconstituer" chaque matin, à rassembler mes éléments épars, éprouve mes nerfs comme si je me livrais à un jeu de patience affolant, dont les règles sans cesse se modifient à mon insu. Une collections d'images brouillées et fuyantes déroule dans le désordre les fragments d'un kaléidoscope, dont je m'obstine à interpréter l'incohérence. Chaque être est-il ainsi contraint de jour en jour à cette recherche harassante de ses clés ?
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Tous ces regards croisés vieilles étoiles
des rengaines de faubourgs
et nos amours? la lune éclaire
obliquement les carrefours

où nous dansions et les terrasses
avec les ombres des buveurs
dérivent doucement vers le fleuve
le corps de la ville s'efface

et l'eau brumeuse de l'oubli
gagne peu à peu les visages
comme si le peintre endormi
s'était séparé des images
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Je n'écris pas comme je rêve
ce serait trop beau je me lève
et j'ai perdu déjà le mot
qui devait guérir tous les maux
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Nos désirs sans objet nous tenaient lieu de passeport. Vingt ans plus tard ce devait être pareil.Et qu'en est-il ce soir, vieil imbécile ? Une existence entière ne suffit pas à raconter la vie, à l'inventer, encore moins à la séduire. La grâce à jamais nous est refusée.
Je dis cela mais il est aussi vrai que je n'en crois rien.Que l'indécrottable adolescent qui survit au coeur de ma carcasse laminée ne cesse de scruter l'horizon qui soudain se libère ...
(Ed. le Cherche-Midi, 1999, p.26)
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J'ai beau parler bien bas, je tombe toujours de haut.
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Je t'ai parlé comme je le fais sans cesse lorsque je me perds dans le paysage, et que ton absence, ou ta présence obscure, inavouée ? rayonne soudain comme une coulée de lumière blessante. Oui, comme un poignard de lumière.
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Aujourd'hui, tout à coup, le soleil. Tout à coup le ciel dégagé, l'absence de vent, la tiédeur de l'air. Est-ce que cela me contrarie ? La pluie, que devenir sans la pluie ? Que devenir de toute façon ? (...) le temps d'un été pourri, du dernier été, je ne me suis qu'à peine aperçu du passage des jours et des nuits, j'ai vécu dans la pluie, j'ai écrit avec la pluie, j'ai regardé la pluie (...)

La pluie à Rethel comme je me suis échiné à dire, la pluie des petites provinces grises, la pluie des saules pleureurs et des automnes de l'âme, la pluie des giclées de honte et des flaques de nostalgie, la pluie mesquine des minables et des chaussures percées, la pluie des fêtes foraines dérisoires et des bancs publics incongrus dont la couleur s'écaille, la pluie des façades mornes et des fenêtres aux jalousies de fer rouillé, la pluie des campagnes oubliées, des terroirs épuisés, des horizons brouillés et des poulies qui geignent.

((Table Ronde, La Petite Vermillon, 2018, p.130)
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Il ne s'est jamais éloigné de l'enfance, l'enfance où tout est vrai lorsque tout est faux. Non, l'enfant demeure en son esprit la seule vérité, il n'importe pas qu'elle soit controversée. On ne peut la supprimer d'un trait de plume.Elle est à la fois blanche et noire comme la poésie. Obscure et lumineuse. Il s'étonne qu'aussi rares soient les personnages de la vie qui aient recours à l'enfance, leur propre enfance, en face du mystère intégral que constituent le corps et l'esprit, les sens et la prescience de leurs propres enfants, qu'ils veulent à tout prix modeler à la forme des adultes qu'ils sont devenus.L'enfance incomprise- qui souhaite et refuse d'être comprise- se déroule dans ce " Jardin secret " que Larbaud a si sensiblement décrit dans " Enfantines " .Larbaud le collectionneur de soldats de plomb.

( p.156)
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Il pense à Verlaine, mais le ciel n'est pas bleu, mais calme.Les arbres sont figés dans une attente que l'on croirait sans fin.Les feuillages paraissent poussiéreux et racornis, déjà, bien que l'automne soit encore loin. La souffrance des arbres fait écho à la mienne.

( p.129)
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Il me reste cette chose à accomplir : user la parole. Me confondre avec elle dans l'épuisement des journées. Ecrire. (...)
Ecrire pour rien.

Je me mets à écrire, et le premier paragraphe, n'est-ce pas, est essentiel. La tête de cuvée, en somme. (...)

Ah ! ça ne va pas ! Quelle surprise ce serait d'écrire comme on rêve ! Il faut se faire une raison, se moquer des phrases filandreuses, se prendre pour un vivant littérateur, empiler tout le vieux bazar dépareillé, afin d'ériger la dernière barricade.

(Table Ronde, La Petite Vermillon, 2018, p.15)
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