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EAN : 9782072768545
432 pages
Gallimard (15/02/2018)
4/5   12 notes
Résumé :
Dans l'oeuvre multiforme et démesurée de Jean-Claude Pirotte, Poésie/Gallimard a choisi de rassembler trois recueils qui offrent, pour les années 2008-2011, un parcours, une traversée, avec pour double décor le Jura et la mer du Nord. Dans Passage des ombres, on va de l'un à l'autre, plusieurs fois, le paysage semble une toile de fond pour ces ombres passantes, passagères. Station suivante, Cette âme perdue, il n'y a plus qu'un seul lieu, la mer du Nord qui envahit ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'apprécie beaucoup ce poète belge, décédé en 2014. J'ai déjà cité plusieurs de ses textes sur Babelio mais c'est le premier recueil que je lis de lui, le plus récent, les poèmes s'échelonnant entre 2008 et 2012, donc fort peu de temps avant sa mort. En lisant sa biographie, on peut dire qu'il a eu une vie riche, aventureuse, parsemée de voyages et d'échanges.

Les mots qui me viennent à l'esprit pour qualifier la poésie de Jean-Claude Pirotte sont: générosité, auto-dérision, humour, nostalgie, angoisse...

Générosité de l'homme, qui aime le partage des mots avec d'autres poètes, dont il convoque certains vers dans ses propres textes et à qui il les dédie:

" Toi Paul-Jean, qui fus en Arles
contempler les Aliscams
je t'écoute encore quand
des lointains bords tu me parles"

Auto-dérision et humour, qui semblent exorciser les peurs, notamment celle de la mort:

" Ne bousculez pas la table à poèmes
les vers tomberaient par terre
briser du vers cent ans de malheur
et qui lirait les vers cassés?"

Nostalgie et angoisse, et je trouve que c'est à travers ces thèmes que le poète me touche le plus, les images du passé qu'il magnifie, cette griffe amère de la mort qui l'atteint presque et qu'il pressent, l'enfance qui le hante... Ses mots me poignent, me pénètrent de leur intense émotion.


Et je ne résiste pas à l'envie de vous citer , en guise de conclusion,quelques vers d'un poème que j'ai posté en entier , il y a quelques temps, c'est mon préféré et il fait justement partie de ce recueil, il m'a atteinte au plus profond du coeur:

" Je t'aimerai toujours chantait mon amoureuse
et le vent tournoyait autour des jupons clairs
et la mer se levait dans un grand souffle d'ailes
et les moulins soumis tendaient leurs toiles bleues
le ciel se déversait sur les toits éblouis
le polder était jaune et la mer etait verte"...

Sublime!


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Jean-Claude Pirotte est une perle noire.
Profondément enraciné dans l'humain,
ce poète est un habitant de son monde
du monde.
Il sait faire preuve d'une lucidité empreinte
d'humour.
Il manifeste une ironie souvent féroce,
teintée malgré tout de bienveillance.
Jean-Claude Pirotte se trouve être un errant
sachant que le départ de cette terre n'est
jamais bien loin, mais qui à sa façon
« habite poétiquement la terre. »

Il n'oublie pas de jouer avec la couleur bleue :

« et le ciel qui verse du bleu sur les murs
de la pluie bleue comme les corsages
et les soirs bleus comme des yeux d'enfant sage »

À propos de la mort, il signe :

« J'aurai passé ma vie dans les nuages
ma mère me morigéna toujours
j'écrivais des dizains page après page
où l'horreur se combinait à l'amour
où la mort enfin montrait san visage
j'espérais du ciel une pluie d'images
mais de la terre je n'attendais rien
je ne pleurais pas aux enterrements
à l'église je priais comme un chien
fou de rage avide de mauvais sang »

«…
il faut apprendre à désapprendre
la vraie syntaxe est le temps comme il vient
se souvenir meubler l'attente »
et s'inventer le jeu du rien »
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation


Ce que nous enseigne le vent
vers les parages de la mer
c'est le secret du mouvement
des ombres c'est le passage

d'un automne liquide et sombre
et si lumineux cependant
un automne trop émouvant
nous ne savons guère qu'attendre

son retour est qu'il nous enchante
encore aux fenêtres des chambres
où nous guettons des signes vagues
parmi les grands arbres qui tremblent
et le miroitement des vagues
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Un vol de pigeons c'est une étincelle
sous le ciel gris et blanc de pluie prochaine

et la maison rose au toit profond s'éveille
quand le vent fouette la glycine

un chat rase les murs une voisine
âgée porte un tablier mauve

le chat s'arrête et la regarde en coin
puis il bondit et disparaît du cadre
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Tous ces regards croisés vieilles étoiles
des rengaines de faubourgs
et nos amours? la lune éclaire
obliquement les carrefours

où nous dansions et les terrasses
avec les ombres des buveurs
dérivent doucement vers le fleuve
le corps de la ville s'efface

et l'eau brumeuse de l'oubli
gagne peu à peu les visages
comme si le peintre endormi
s'était séparé des images
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Et les oiseaux qui nichent dans les arbres
lanceront des appels au bord des crépuscules
quand le bleu des pervenches s'éclaire
avant de s'assombrir dans le vent de la nuit
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nous nous égarons dans les soirs
heureux de nous perdre ravis
de rencontrer la luciole
incertaine comme la vie

nous marchons ici rien ne presse
et la lune est encore blanche
car ici nous sommes ailleurs
dans le noir entrelacs des branches

c'est l'automne reverrons-nous
le triangle animé des grues
la vapeur montant des vallées
et les lueurs de l'inconnu
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Videos de Jean-Claude Pirotte (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Pirotte
« […] J'ai reçu de François Dhôtel (1900-1991), sous la forme d'un « tapuscrit » photocopié […], la merveilleuse suite de poèmes que voici. Je me suis dit qu'André Dhôtel, à la mort de qui je n'ai jamais cru, se dévoilait soudain plus vivant que jamais, avec la lumière pailletée de son regard et son sourire en coin. […] Maintenant ces poèmes sont là, qui n'ont rien de testamentaire, même si l'on devine que leur auteur peu à peu s'absente - mais c'est pour mieux affirmer une présence imprescriptible. Voici ces poèmes, dans l'ordre où je les ai reçus. […] Les poèmes naissent de la couleur du ciel, du temps qu'il faut, d'un écho des jours ordinaires et miraculeux, comme les impromptus qu'aimait tant Dhôtel, ou les petites pièces de Satie. […] Au rythme séculaire des premières lectures éblouies,
« Voici donc le chant de la jeunesse oubliée et des souvenirs perdus » […] » (Jean-Claude Pirotte)
«  […] Des paroles dans le vent en espérant que le vent est poète à ses heures et nous prêtant sa voix harmonise nos artifices.
Nos strophes seraient bien des branches avec mille feuilles que l'air du large fera parler peut-être un jour où personne n'écoutera.
Car l'essentiel serait qu'on n'écoute jamais et qu'on ne sache pas qui parle et qui se tait. […] » (Espoir, André Dhôtel)
0:00 - Abandon 2:00 - Attente 3:30 - En passant (II) 4:50 - La preuve 5:30 - L'inconnu 6:15 - Splendeur (II) 6:46 - Générique
Référence bibliographique : André Dhôtel, Poèmes comme ça, éditions le temps qu'il fait, 2000.
Image d'illustration : https://clesbibliofeel.blog/2020/04/08/andre-dhotel-idylles/
Bande sonore originale : Scott Buckley - Adrift Among Infinite Stars Adrift Among Infinite Stars by Scott Buckley is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License.
Site : https://www.scottbuckley.com.au/library/adrift-among-infinite-stars/
#AndréDHôtel #PoèmesCommeÇa #PoésieFrançaise
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