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Critiques de Jean Dutourd (97)
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Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

♥ COUP DE COEUR ♥

*

Comment bien gagner sa vie durant la 2nde guerre mondiale ou On peut avoir le beurre ET l'argent du beurre....

*

Enfant et puis adolescente, j'ai plusieurs fois visionné avec une grande délectation ce téléfilm français des années 80. Très populaire, il racontait le quotidien d'un couple exécrable de crémiers parisiens durant l'Occupation. Il me revient des images, telles la discussion venimeuse de deux clients, le vol du fromage par la jeune Cosette, les crémiers se moquant du soldat allemand, la jeune fille lisant devant la caisse...

*

Je ne savais même pas que "Au bon beurre" est avant tout un roman écrit par un académicien. Aussi quel bonheur (et frénésie) n'ai-je pas eu en le trouvant dans une boîte à lire ! (bonne pêche hein!).

Et quelle lecture avide et ravie mes amis! Pour moi, ce récit sublime mes souvenirs télévisuels. (ce téléfilm est très fidèle au texte).

*

J'ai été éblouie par le talent de conteur, de la plume si belle de Jean Dutourd. Avec quelle dérision et cynisme il dépeint une famille lambda profiteuse du système (ici la période sinistre de l'Occupation à Paris durant la seconde guerre mondiale).

Un comportement odieux, abject et dénué de morale est ici conté avec une verve peu commune. Un peu d'humour aussi pour alléger l'atmosphère.

Je pense que l'auteur a voulu rendre hommage à Victor Hugo avec les Thénardier, vils personnages , faisant écho aux Poissonard, crémiers mercantiles et vachards.

Des profiteurs retournant leur veste (un jour le Maréchal, le lendemain De Gaulle), faisant du beurre bien gras sur les pauvres clients.

Durant dix années de vaches maigres, eux, s'enrichissent vaillamment , sentant le vent tourner, font de la délation, s'imposent au marché noir, filoutent tout ce qu'ils peuvent. Bref, vous l'aurez compris , des raclures de première classe!

Et à côté d'eux, il y a Léon, le jeune soldat honnête. Voisin de quartier un peu naïf et droit dans ses bottes. A celui-là, on lui souhaite tout le bonheur.

Mais si tout marchait comme sur des roulettes, il n'y aurait pas besoin d'écrire un roman, hein!

Les Poissonnard ont la conscience tranquille des "héros de guerre" (flûte alors, j'avais vraiment envie qu'ils se repentent et perdent tous leurs lingots d'or) tandis que Léon galère et perd un peu plus d'assurance chaque jour.

*

Un roman que je recommande à tous ceux qui aimeraient se délecter d'une tranche de noirceur d'âme. On notera quand même le courage qu'il a fallu à l'auteur pour oser le publier aussi proche de la Libération (les langues allaient bon train).

Quels beaux portraits d'ordure humaine quand même! (la distanciation du narrateur permet les situations grotesques et ainsi se placer en tant qu'observateur privilégié).

Ca choque, c'est cru, c'est immonde, mais alors c'est bon comme du bon beurre !!!

*

PS: je m'en vais visionner pour la énième fois le téléfilm éponyme d'Edouard Molinaro
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Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

Longtemps, Jean Dutourd n'a été pour moi que l'auteur de chroniques publiées dans la presse, chroniques que je trouvais invariablement pontifiantes et réactionnaires. Autant dire que me plonger dans l'un de ses romans n'allait vraiment pas de soi.

Pourtant, après un été marqué par de médiocres lectures que je ne prendrai pas la peine d'évoquer ici, Au Bon Beurre m'est tombé entre les mains. Je n'en connaissais jusqu'alors que la réputation, et il me semble bien avoir vu jadis l'adaptation télévisée d'Edouard Molinaro.

L'histoire retrace dix ans de la vie des époux Poissonard, crémiers de la rue Pandolphe à Paris, depuis la débâcle militaire de 1940 jusqu'au début de 1950. Aussi ingénieux que dénués de toute morale, les Poissonard ne tardent pas à comprendre que l'Occupation et ses difficultés représentent pour eux la possibilité d'un enrichissement inespéré. L'amour de l'argent remplit toute leur vie. Il ne les fait reculer devant aucune compromission, depuis les premières combines improvisées jusqu'au marché noir érigé en système, en passant par toutes les escroqueries imaginables, un opportunisme à toute épreuve et quelques délations pour faire bonne mesure. C'est drôle, très cruel, et d'un cynisme décapant. J'ai été étonné d'apprendre dans la préface que Dutourd avait été soupçonné, lors de la parution de son livre, de nourrir une secrète sympathie pour son couple de personnages. Il est vrai qu'à l'époque (1952), le sujet était encore tout frais dans les mémoires, et sans doute assez dérangeant. Aujourd'hui, il me semble que les doutes sont dissipés de ce côté-là: les Poissonard ne font qu'aller crescendo dans l'abjection la plus époustouflante. La joie de l'auteur se sent à chaque page, mais cette jubilation du conteur à dépeindre la noirceur d'âme ne s'accompagne d'aucune complaisance. En ce sens, Dutourd peut se targuer d'avoir magistralement réussi à créer des personnages qui dépassent le cadre de son roman pour incarner un des archétypes possibles de l'ordure humaine.

Je ne soutiendrai pas qu'Au Bon Beurre constitue un chef d'oeuvre de la littérature du XXème siècle. Les procédés y sont parfois trop appuyés, et certaines ficelles un peu grosses. La distanciation extrême du narrateur se montre très datée, avec un petit ton "sacha guitresque" qui peut crisper. Ces menus défauts n'ont pas suffi cependant à me gâcher mon plaisir de lecture. Dutourd possède au plus haut point l'humour corrosif du misanthrope, et a un incontestable talent pour saisir le grotesque accablant d'une situation ou d'un personnage.

Les Poissonard, toutefois, ne sont pas seuls à faire les frais de sa plume, et c'est peut-être la véritable origine des critiques lors de la sortie de son roman. Car on ne croise pas au long du livre que des profiteurs de guerre, des collabos de quartier ou des pétainistes bas du front: il y a aussi des résistants, et force est de constater que ces personnages-là ne sont guère plus héroiques que les autres, entre la ménagère crypto-gaulliste qui avance sans rire les arguments les plus absurdes pour prédire la défaite de l'Allemagne, ou le haut fonctionnaire qui a appris dans les allées du pouvoir à quel moment exact il faut retourner sa veste, sans oublier les FFI de la 25ème heure qui fleurissent sur les barricades d'août 44 (et parmi eux, naturellement, l'incontournable Poissonard lui-même). De tous les résistants, il n'y en a que deux à réellement s'engager: le premier, c'est Alphonse le communiste, mais Dutourd en fait un stalinien pur jus qui est bien plus effrayant que sympathique; le second, c'est Léon Lécuyer, personnage que l'on suit tout au long du livre et qui constitue l'antithèse exacte de Poissonard: honnête, intègre, patriote, etc, mais également prodigieux de niaiserie pendant les trois premiers quarts du roman. On sait aujourd'hui avec le recul que cette caricature de la Résistance n'est pas entièrement fausse. En 1952, par contre, nul doute qu'elle a dû faire grincer quelques dents...

Les programmes d'histoire enseignent désormais aux élèves de Terminale que la société française, au lendemain de la 2e Guerre mondiale, a cherché à refouler les traumatismes de l'Occupation et de la collaboration. C'est ainsi que s'est élaboré le résistancialisme, fiction collective par laquelle toute la France aurait été résistante ou secrètement acquise à la Résistance. La parution d'Au Bon Beurre en 1952, la polémique qui l'accompagne, son succès public, son prix Interallié,... : tout cela a en fin de compte le mérite de rappeler à quel point il est difficile de réduire la complexité d'une époque et d'une société à quelques idées générales.
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2024

Écrit en 1975, Jean Dutourd s'est amusé à imaginer l'avenir en 2024. Heureusement pour nous, il était meilleur écrivain que visionnaire. 95% de la population française a atteint l'âge de la retraite, les écoles devenues inutiles faute d'enfants ont été transformé en ehpad, la moyenne d'âge sur terre est de 70 ans...

L'auteur nous raconte comment notre planète en est arrivée là avec forces détails. L'état de décrépitude de Paris et les conditions de vie font froid dans le dos. Heureusement, Jean Dutourd instille beaucoup d'humour dans son récit, il reste optimiste par l'intermédiaire de son narrateur, personne âgée qui retrouve espoir après une rencontre inespérée. C'est caustique, drôle, tendre également, un livre méconnu d'un écrivain à ne pas oublier.
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Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

C'est frais (mais pas toujours), c'est gai (mais parfois très noir), c'est comme le lait ! Cette publicité d'il y a quelques années s'applique parfaitement à la crémerie des Poissonard, ce haut lieu de la rue Pandolphe durant les années 40. On y trouve de tout, même si c'est parfois un peu frelaté, et en plus on y rencontre un microcosme de la population française durant l'Occupation et le gouvernement de Vichy. A commencer par la famille Poissonard, qui en une décennie va se métamorphoser : pétainistes convaincus en 1940, accueillant à bras ouverts ces Allemands si « corrects », qui « quand (ils) nous auront montré la façon de se gouverner, quand ils auront fait de nous un peuple majeur et sérieux (ils) retourneront tranquillement en Allemagne » ainsi que le dit M. Lebugle, client assidu de la boutique ; nous les retrouverons patriotes et résistants quelques années plus tard, quand ils sentirons le vent tourner. Comme bien d'autres, me direz-vous, certes, mais la différence, c'est qu'entre-temps, ils auront amassé des millions, grâce à leur roublardise et leur opportunisme.



On adore les détester, et en même temps on est presque admiratifs devant leur sens de l'auto-justification : « Après tout, n'étaient-ils pas des commerçants, dont le métier était de vendre, même au marché noir ? ».



Heureusement on rencontre aussi des personnages plus sympathiques et notamment Léon Lécuyer, dit Lélé, dont le destin croisera à plusieurs reprises celui des Poissonard. Ce jeune homme de 26 ans s'évade de l'oflag où il est détenu, en Poméranie et va découvrir la vie, l'amour, et la politique en accéléré, lui qui ne connaissait que les études de lettres avant la guerre. Il parvient jusqu'à Paris, où il se cache chez sa mère, cliente de la crémerie, et sera dénoncé par Julie Poissonard. Mais il parviendra à rejoindre la France libre, où il parfaira son éducation sentimentale et politique, rejoignant la Résistance.

Cependant l'histoire de Léon m'a moins accroché que celle de la famille Poissonard, il est trop faible et influençable malgré ses grandes aspirations.



« Au bon beurre » est paru en 1952, c'est-à-dire peu après la fin des coupons de rationnement, et dans une période où le traumatisme de l'occupation était encore proche. Les caractères des uns des autres nous paraissent un peu outranciers maintenant, mais je pense que c'était voulu, Jean Dutourd a sans doute exorcisé de cette façon les démons qui rôdaient encore. J'ai vu l'adaptation de Molinaro, qui selon moi rend bien l'atmosphère du roman, Roger Hanin et Andréa Ferreol sont des Poissonard tout à fait abjects et crédibles !



Je pense qu'il faut lire ce roman en ayant vraiment en tête le contexte dans lequel il est paru pour en apprécier toute la saveur, si on est trop ancré dans l'ici et maintenant on risque de le trouver daté et lourdaud. Et ce serait dommage de passer à côté de cette gourmandise bien crémeuse !
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Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

Au bon beurre est me semble t'il entré dans la mémoire des plus jeunes lecteurs de Babelio, les plus de 60 ans bien sur, grâce au téléfilm éponyme réalisé par Edouard Molinaro avec Roger Hanin et Andrea Ferréol dans les rôles principaux.

Publié en 1952, ce roman de Jean Dutourd décrit un couple de commerçants à l'image de ceux que nombre de citadins ont connu et/ou subi pendant l'occupation. Sous la plume de Jean Dutourd nous faisons la connaissance du couple Poissonnard, de ses enfants, un couple qui a su évoluer et suivre le sens de l'histoire avec un opportunisme de bon aloi sans oublier d'entasser quelques millions . Face à eux difficile de faire le poids et Leon Lecuyer, résistant trop timide et idéaliste en paiera le prix fort.

Ce roman doux amer au parfum parfois nauséabond riche en enseignement ose aborder ce sujet tabou, la plupart préférant baisser les yeux et garder le silence....

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Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

« Au bon beurre », de Jean Dutourd ?

Moi, je dis « Bof ! »

Attendez, quand je dis « Bof ! », ça ne veut pas dire que le livre n’a éveillé en moi qu’un intérêt moyen ou médiocre, que c’est un livre malsain ou inepte, bref qu’il n’est pas indispensable de le lire… Non, vous n’y êtes pas ! Quand je dis bof, il faut comprendre B. O. F., c’est-à-dire BEURRE-ŒUFS-FROMAGE, terme générique qu’on donnait aux commerçants en crèmerie, dans l’entre-deux-guerres, et qui pendant l’Occupation, allez savoir pourquoi, a pris un sens péjoratif. Si vous voulez, on peut aussi comprendre BEAUF, qui correspondrait assez à la mentalité des Poissonard, des Bidochon avant la lettre, mais pas drôles pour deux sous…

En revanche, « Au bon beurre » est un livre drôle. Mais tragiquement drôle, ou drôlement tragique :

Deux intrigues simultanées se déroulent et se recoupent à divers moments. La famille Poissonard, crémiers de profession, s’enrichit honteusement pendant l’Occupation, grâce à la fraude sur les produits, et grâce au marché noir. Tous aussi veules et abjects les uns que les autres (un petit bémol pour les plus jeunes, quoique…) Obséquieux avec la clientèle, serviles envers les Allemands, impitoyables avec les commises qui se font renvoyer les unes après les autres, pétainistes avant 1945 et gaullistes après 1945, il n’y a rien à tirer de positif chez ces gens-là.

Léon Lécuyer, fils d’une cliente, devient résistant et croise à plusieurs reprises le chemin des Poissonard. Pendant que ceux-ci s’engraissent sur le dos d’une population qui lutte pour sa survie. Léon s’engage dans la Résistance, connaît la prison et frôle la mort à plusieurs reprises. Et à la fin… à la fin, je ne vous dis pas ce qui arrive à la fin, vous le verrez bien.

Raconté comme ça c’est d’un misérabilisme sans nom. Mais il y a le ton humoristique, pas franchement rigolard, mais acerbe, caustique, sarcastique et plein de dérision, qui atténue fortement l’impression de dégoût provoquée par cette famille.

Jean Dutourd, longtemps, a été pour moi cet invité des Grosses têtes, très cultivé, très spirituel mais également très réac, qui joutait (ce qui faisait nos délices) avec un Jacques Martin des grands jours. Je ne connaissais pas l’écrivain. Puis un jour j’ai lu « Au bon beurre » et juste derrière ce délicieux pastiche que sont « Les Mémoires de Marie Watson ». Je n’ai pas révisé mon jugement sur l’homme, mais j’ai apprécié l’écrivain pour sa verve et sa défense d’un « bon sens » auquel nous sommes tous attachés (je vous mets dans le lot, les copains, j’espère que vous ne m’en voudrez pas).

« Au bon beurre » peut être vu également comme un tableau de la vie quotidienne sous l’Occupation, au même titre que d’autres romans comme « Les Forêts de la nuit » de Jean-Louis Curtis, ou « Mon village à l’heure allemande » de Jean-Louis Bory, témoignages sur une époque de notre histoire qu’il ne faut pas occulter.

B.O.F. signifiant aussi « bande originale de film », ça me permet de rappeler qu’un excellent téléfilm d’Edouard Molinaro est sorti en 1981, avec dans les rôles des Poissonard Roger Hanin et Andréa Ferréol (c’est Claude Bolling qui signe la musique).



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Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

Voilà une histoire qui m'a beaucoup plu.

C'est désuet, caustique et rigolo, par moments. Les "héros", la famille Poissonnard sont une belle bande d'opportunistes mais, en même temps, on ne peut se décider à les détester. Même si leur comportement est parfois extrêmement choquant, prendre connaissances des trucs et astuces qu'ils mettent en oeuvre pour gagner de l'argent pendant que leurs voisins meurent presque de faim est vraiment amusant.

Ce qui est très étonnant dans ce récit, c'est que personne ne se rend compte de rien. Les clients du Bon Beurre se fournissent chez les Poissonnard et ne remarquent pas que leurs stocks semblent bien fournis pour les années 40. Les Poissonnard changent d'allégeance comme de chemise (ils soutiennent Pétain et ne pensent rien de mal des "Boches" avant de proclamer leur admiration pour de Gaulle) et cela ne choque personne, sauf peut-être la lectrice - qui a une meilleure mémoire que la clientèle du Bon Beurre et que la rue Pandolphe. Sans doute cet aveuglement est-il en partie responsable du succès commercial de Julie et Charles-Hubert ?

Un roman que je ne regrette pas d'avoir lu !

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Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

Au bon beurre est un roman de Jean Dutourd . Je l' ai lu vers les années soixan-

-tes. J' ai beaucoup aimé ce livre car l' auteur nous montre un couple, les

Poissonard, qui profitant de l' occupation de Paris par les Allemands, va donner

libre cours à leur cupidité pour s' enrichir et cela en utilisant toutes les ficelles de

la malhonnêteté. Ils sont très rusés et savent comment tricher.Durant l' occupa-

-tion tout est rationné. On ne peut avoir facilement les denrées alimentaires.

Ils trichent sur le lait en le coupant avec l' eau. Ils font dans la délation, en donnant les résistants aux boches .Il n' y a aucune limite à leur avidité et cupidité.

Les Poissonard est un couple de voraces et de charognards.Le livre nous

montre dans quelles bassesse et immoralité, ils sont tombés.

Mais les Poissonard sont connus mais les autres qui sont tapis dans l' ombre :combien sont-ils ?

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Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

Ce Monsieur Jean Dutourd, que je ne connaissais pas et que j'oublierai vite, est un beau spécimen de ces êtres parfaitement méprisables, sans moral ni valeurs, qui ne vivent apparemment que pour détruire. Comment peut-on écrire un roman sur l'Occupation, une des plus sombres mais aussi des plus glorieuses pages de notre Histoire Nationale, sur un ton aussi cynique, moqueur, détaché, léger et même badin ? Quel est le but d'un tel livre, quel est son message ?



Un couple de crémier, les Poissonard, se retrouve récompensé de sa médiocrité, de son égoïsme et de son abjection tandis qu'un généreux idéaliste, résistant, patriote, est présenté comme un parfait niais qui finira totalement désabusé par ces mots, les derniers du livre : « Mon fils sera crémier ». C'est l'Honneur qui est ici attaqué et à travers lui la France, cette France outragée, brisée, martyrisée, mais cette France finalement libérée. Libérée par elle-même, libérée par son peuple avec le concours de ses armées.



Ô Jean Dutourd ! La France, la vraie France, la France éternelle ne peut regarder qu'avec mépris et dégoût la souillure enfantée par ton âme malfaisante et détraquée.
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Contre les dégoûts de la vie

« Parmi les choses impossibles, l'une des plus improbables eût été qu'une publication créât pour moi une rubrique des auteurs du passé (…) Quel journal, quelle revue, m'offrirait jamais cela ? A peine parlaient-ils des écrivains vivants : qu'eussent-ils été gaspiller leur papier pour les morts ? ». Voeu de Jean Dutourd après sa démission d'un poste de conseiller littéraire qui ne lui convenait pas. Improbable peut-être, mais son voeu s'est réalisé : « Un magazine nouvellement créé, et qui réussissait, désirait ménager un peu de place aux choses de l'esprit » ; iI y a assuré pendant 2 ans une rubrique intitulée ‘'Domaine public'' pour laquelle il avait carte blanche. ‘'Contre les dégoûts de la vie'' rassemblent des articles publiés dans cette rubrique. Précision : ces articles concernaient des éditions et/ou rééditions récentes d'oeuvres des auteurs concernés.



Si certains auteurs sont connus, voire très connus (Dumas, Zola, Victor Hugo, Flaubert, etc…), d'autres sont des inconnus (pour moi, du moins) : avez-vous entendu parler de Jean Savant, Julien Benda, Martin Nadaud, Astolphe de Custine… et j'en passe ?



Auditrice de l'émission ‘'Les grosses têtes'' pendant les années 80 et 90, j'appréciais beaucoup la présence de Jean Dutourd, son érudition (1), son humour, son sens de la répartie et son mordant, voire sa grande gueule (2) ; qualités que j'ai retrouvées dans ces chroniques consacrées à des écrivains du passé. Ce sont de courts textes inspirés par une oeuvre de l'écrivain concerné ou par toute son oeuvre. Cerise sur le gâteau, ces textes sont replacés dans l'actualité de l'époque où Jean Dutourd les a écrits (exemple : https://www.babelio.com/auteur/Jean-Dutourd/11185/citations/3290698) ; l'actualité, dans certains domaines, n'a pas ou peu changé depuis…



J'ai lu ces chroniques dans le désordre en choisissant celles qui paraissaient le mieux correspondre à mon humeur du moment. Certaines m'ont peu intéressée malgré la découverte d'un inconnu ou parce qu'elles concernaient un auteur ou un genre littéraire qui ni ne font pas partie de mes favoris ; mais d'autres ont élargi mon champ de connaissance (exemple : https://www.babelio.com/auteur/Jean-Dutourd/11185/citations/3293450) et/ou m'ont bien amusée, Jean Dutourd ne prenant pas de gants pour traduire ses penchants ou ses dégoûts, mais toujours avec érudition.

J'ai apprécié ce style où une phrase ou un court paragraphe, en cours de chronique, semble en refléter le ton général (3).





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(1) il est entré à L Académie Française en 1978, laquelle n'appréciait guère sa participation à l'émission ‘'Les grosses têtes''

(2) il était président d'honneur du Club des Ronchons

(3) Cazotte, ‘'Le diable amoureux'' : « Le diable amoureux'', c'est ‘'Manon Lescaut'' avec accompagnement de souffre, de prodiges et d'ordures. »

(3) Marceline Desbordes-Valmore, ‘'oeuvres poétiques'' : « Marceline est un cygne. Un de ces cygnes de 1830 qui ont l'air d'expirer à chaque instant, qui sont faibles, écorchés, vulnérables, mais qui ont une santé de fer, grâce à laquelle ils travaillent énormément et laissent une oeuvre abondante. »

(3) Alfred Assolant, ‘'Le capitaine Corcoran'' : « ‘'Corcoran'' est à une bande dessinée ce que Versailles est à une HLM »

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Les dupes

Le dupe est homme trompé, par lui-même, par ses idées, par les autres. Il peut tout aussi bien vivre sa vie sans jamais regarder la réalité en face. Dans ces trois-assez longues- nouvelles, Jean Dutourd parle de ces hommes-là. Le premier dupe est Baba, qui croit que nos actes nous définissent. le second, c'est Schnorr, un écrivain qui se croit visionnaire. Quand au dernier, Tronche, il se dit athée et converse avec le diable. Ce livre a été publié en 1959.
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Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

Un régal, magnifique ! C'est un roman virtuose, qui peint des personnages parfois ignobles, et parfois héroïques. La description des deux Poissonard atteint des sommets de veulerie et je comprends mieux le commentaire élogieux de François MAURIAC qui accompagne le livre. On commence le roman et on ne peut s'arrêter de lire, ni de se demander quand la situation va enfin finir par tourner au vinaigre pour les deux crèmiers. Mais non, ils passent entre toutes les gouttes, et finissent même résistants ! Le livre a été écrit en 1952, c'était un exploit que de décrire l'occupation sous cet angle, si peu de temps après la libération. Tous les Français n'ont certes pas dû se reconnaître, mais il est clair que certains ont dû sentir le vent du boulet. A recommander.
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Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

Un bon roman dans l'ensemble. Jean Dutourd nous conte avec cynismes et un certains humour l'histoire d'une famille francaise qui pour s'enrichir pendant la seconde guerre mondiale sont prêt à tout.
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Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

Grosse déception en lisant ce livre. J'ai été très déçue par son style que j'ai trouvé pauvre, je m'attendais à beaucoup mieux de la part d'un académicien français. Le lire ne m'a pas enrichie.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

EDIFIANT ! La série m'avait déjà régalé, mais le roman est bien supérieur, même s'il y manque l'épisode de la crise de foie -hilarant- qui est une création des adaptateurs pour la série.



Roman d'une justesse chirurgicale, éclatant façon puzzle le mythe gaullien du peuple résistant. L'Occupation, sous la plume de Jean Dutourd, révèle toutes les bassesses de l'âme humaine, renvoyant dos à dos les ignobles affairistes et les idéalistes surfaits recherchant uniquement la gloire personnelle à travers la Résistance.



Pour boucler la boucle, après avoir lu le Chemin des Ecoliers de Marcel AYME, je vais conclure sur cette période peu glorieuse par la lecture d'un autre roman de ce même auteur : Uranus.
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Mémoires de Mary Watson

Le pastiche n’est pas un art facile. Il demande beaucoup de qualités concomitantes que les écrivains n’ont pas toujours : il faut bien écrire (ben oui, il y a aussi des écrivains qui écrivent mal ! non, je ne donnerai pas de nom), et il faut avoir une excellente connaissance de l’auteur pastiché : de son œuvre et de son style, bien sûr, mais aussi de sa personnalité, de ce qui fait sa touche personnelle et unique.

Avec « Les Mémoires de Mary Watson », paru en 1980, Jean Dutourd s’est fait plaisir. Lui, dont le domaine est plutôt l’observation sarcastique de ses contemporains, poussant parfois jusqu’à la satire, voire la polémique, il s’essaye ici dans un genre nouveau pour lui : il décide de faire un énième pastiche de Sherlock Holmes. Il n’est pas le premier avant lui, d’autres s’y sont essayé, certains même avec un certain succès : Maurice Leblanc (« Arsène Lupin contre Herlock Sholmès »), Jean Ray (« Les aventures de Harry Dickson »), Ellery Queen (« Sherlock Holmes contre Jack l’éventreur »), Nicholas Meyer (« La solution à 7 % » où Sherlock Holmes rencontre Sigmund Freud) et bien d’autres…

Dutourd se base sur une des premières aventures de Sherlock Holmes, « Le Signe des Quatre » : Une jeune femme, Mary Morstan, vient trouver le détective pour résoudre une énigme où son père est mêlé. Et voyez comme le destin est capricieux, elle rencontre à cette occasion le docteur Watson qui assiste Sherlock dans toutes ses enquêtes. Les deux jeunes gens tombent amoureux et c’est le début d’une vie pas banale où l’on croise en plus de l’homme à la pipe et au violon (et à la cocaïne, ça devrait vous rappeler quelqu’un), un certain Oscar Wilde, Moriarty, bien entendu, et aussi Verlaine ou Mallarmé.

Jean Dutourd, avec l’esprit qu’on lui connaît, s’amuse comme un petit fou. Il n’est pas, bien sûr, un auteur de romans policiers, alors l’intrigue, on s’en doute, est un peu tirée par les cheveux et se calque très exactement sur celle de Conan Doyle. Mais il la présente de façon si subtile, si spirituelle, qu’on se laisse facilement envoûter par cette histoire, véritable hommage à l’écrivain anglais, roman (presque) historique (la documentation est de première qualité) et la romance est sympathiquement racontée…

Une œuvre fort honorable donc, faute d’être un chef-d’œuvre. Il faut la voir comme une parenthèse enchantée dans la production habituelle de Jean Dutourd, une fantaisie gentille et originale, il s’est fait plaisir et il nous a fait plaisir.

A lire toutefois pour le sujet, et aussi pour la beauté de la langue. On ne dira jamais assez combien Dutourd est un merveilleux prosateur. On sait l’attachement qu’il avait pour la langue française qu’il défendait bec et ongles contre les agressions dont elle était l’objet (j’imagine douloureusement la tête qu’il ferait de nos jours devant la mise à mort de cette même langue devant l’anglicisation à outrance, la généralisation de la vulgarité, le verlan, j’en passe et des pires)… Lire Dutourd est toujours une jouissance (même si l’on n’est pas toujours d’accord avec ce qu’il dit).

Bon, puisque c’est vous, encore une histoire de Sherlock Holmes :

« Alors mon cher Watson, vous n’avez pas mis votre caleçon aujourd’hui ?

- Ça, alors, Holmes, mais comment avez-vous deviné ?

- Elémentaire, mon cher Watson, vous avez oublié aussi votre pantalon ! »

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Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

J'avais un très bon souvenir, nostalgique, du feuilleton télévisé que j'avais vu enfant. J'ai retrouvé, dans l'œuvre originale, ce couple de crémier profiteur et sans scrupules. Le feuilleton m'avait beaucoup marqué à l'époque et j'en conservais donc la trame principale en mémoire, c'est sans doute pour cela que je me suis un peu ennuyé lors de cette lecture. Je n'ai pas réussi à identifier les deux personnages principaux avec le couple formé à l'écran par Andréa Ferréol et Roger Hanin.

Bien sûr, l'état d'esprit des crémiers et certaines situations sont assez truculentes. Ce livre écrit moins de dix ans après la fin de la seconde guerre mondiale est attrayant par certains détails et mentalités. La partie concernant Léon m'a moins intéressé, le lien entre la famille Poissonard et ce prisonnier évadé est assez faible, ce sont plutôt deux histoires distinctes regroupées dans un même roman.

Jean Dutourd raconte lui-même dans la préface que l'idée lui est venue en croisant de véritables crémiers qui de petits commerçants avant la guerre, se retrouvèrent à la tête d'une fortune au sortir de celle-ci. C'est sans doute ce qui est le plus consternant, le fait que la réalité l'emporte sur la fiction et que certains hommes profiteront toujours du malheur de leurs contemporains.
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L'Assassin

A la fin des années 70, Rosine fait régner la terreur : braquages, rapts, assassinats. La police française ne parvient pas à mettre la main sur celui que tous surnomment « l'Ennemi public numéro 1 ». L'homme a pour habitude d'écrire aux journaux pour justifier ses actes et dénoncer les conditions de détention au sein des Quartiers de haute sécurité. Dans un courrier, il laisse entendre qu'il s'apprête à rédiger ses mémoires. Sentant l'opportunité commerciale d'un tel coup médiatique, l'éditeur Marcoussis annonce être prêt à publier le livre. Pour approcher un homme qui vit cloîtré dans sa cache, il lui faudra passer par des intermédiaires insolites. Mais en jouant avec le feu, on finit par se brûler…



Jean Dutourd utilise le double fictif de Mesrine pour tirer à vue sur l'intelligentsia germanopratine : éditeurs, journalistes, intellectuels, artistes, chacun en prend pour son grade. Il dénonce leur indulgence pour un bandit dépeint en victime de la société. La satire du milieu de l'édition est délicieuse, l'auteur règle probablement quelques comptes personnels. Il fait les portraits d'un exilé roumain devenu artiste en agençant des robinets trouvés dans un carton et d'un intellectuel, ancien « porteur de valises », qui vit dans la paranoïa et qui reste prêt à trahir son pays au premier prétexte.

Jean Dutourd a laissé de lui l'image d'un auteur acariâtre et réactionnaire. Les attaques politiques sont bien présentes mais elles sont faites avec esprit. le roman emprunte au genre du polar en exploitant deux faits divers célèbres. le style est parfaitement travaillé, je n'en attendais pas moins d'un académicien, et le roman fait penser à une étude de moeurs. « L'assassin », mon premier Jean Dutourd, un auteur qui se lit peu de nos jours, m'a confirmé que derrière le polémiste se trouvait un littérateur de talent.



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Le séminaire de Bordeaux

Retour de lecture sur "Le séminaire de Bordeaux" écrit par Jean Dutourd et publié en 1987. Un livre qui fait inévitablement penser à une version française de David Lodge, puisqu'il décrit de manière très sarcastique et avec beaucoup de finesse la société, à travers  le monde universitaire. Il relate une histoire qui se passe de 1967 à 1971, et raconte la vie, les amours et disputes de deux couples de trentenaires, intellectuels de gauche et chercheurs en sociologie. On y parle de politique, d'amour, de mariage, d'adultère, de la vie de couple. A travers ce livre Jean Dutourd nous dresse avec beaucoup de perspicacité et d'humour, un portrait très fin de la société post-soixante-huitarde. On aurait tendance à croire que cela ne parle que de la génération de ceux qui ont eu vingt ans dans les années 60-70, et pourtant presque tout dans la vie de ces gens est encore d'actualité, on partage très facilement leurs réflexions, leurs opinions et leurs sentiments. Leurs histoires d'amour seraient encore tout à fait crédibles si cela se passait de nos jours. La description des rapports humains faite par Dutourd, notamment dans le couple, est excellente et sonne particulièrement juste. Le contexte et cadre dans lequel vivent les protagonistes a fortement évolué sur certains points depuis, notamment en politique, le général De Gaulle étant de nos jours quelqu'un qui appartient totalement à l'histoire, mais également sur notre positionnement par rapport à la religion et l'importance qu'on lui donne, mais ce qu'il raconte reste finalement très universel et pourrait très bien correspondre à notre époque. On voit donc avec ce roman que les années 60, avec ce mois de mai 68 et la libération sexuelle, ont été socialement un basculement très net entre l'ancienne France de Balzac et Zola et l'époque moderne dans laquelle nous vivons actuellement. On est surpris de constater à quel point ce roman traite des relations humaines avec une justesse encore tout à fait d'actualité en 2023. Il montre donc que la société n'a finalement pas évolué tant que cela depuis ce point de rupture de 1968. Il est également amusant de constater que certains détails comme l'emploi d'anglicismes et de termes scientifiques, qui étaient nouveaux à la fin des années 60, ne choquent plus du tout et sont donc désormais totalement intégrés dans la vie courante. C'est au final un livre extrêmement bien écrit et agréable à lire malgré une présentation un peu austère. Une analyse de la société faite avec beaucoup de finesse, d'intelligence, souvent de philosophie mais également  d'humour. Un livre qui, s'il fait beaucoup penser à David Lodge, tient aussi largement la comparaison, cela pratiquement à tous les niveaux.





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Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

Jean Dutourd qui nous a quitté il y a peu, n'évoquait à la vérité pas grand chose pour moi. Je savais qu'il était académicien, donc inatteignable et qu'il participait fréquement aux " Grosses Têtes " de Philippe Bouvard sur RTL, station périphérique très populaire.



C'est l'actualité de sa mort qui m'a poussé à lire un de ses livres. " Au bon beurre" m'a semblé le plus emblématique et surtout le sujet m'inspirait.



Nous sommes au coeur de la seconde guerre mondiale, la France est occupée, soumise.



Jean Dutourd s'empare de la vie d'un couple de crémier pour bâtir sont histoire.



Les Poissonard sont de petits commerçants crémier au coeur de Paris et vont profiter de la période d'occupation pour se faire du beurre bien gras.



Il n'y aura aucune limite à leur cupidité, leur mercantilisme et leur déshonneur.



Dénonçant aux autorités les suspects, filoutant en coupant le lait, leur cupidité n'a pas delimite et ne se froisse pas de leur immoralité.



Car sous cette occupation, bon nombre de français se sont pliés, ont courbé l'échine, mis le genou à terre. Peut-on les juger à l'aune de notre époque ? Il en fallait du courage pour résister, s'opposer et combattre.



S'il ne s'agissait que de plier l'échine on n'en aurait pas voulu aux Poissonard. Mais ils bombent le torse, retroussent les manches pour exploiter la situation politique et en tirer profit. Tout est bon, le marché noir, l'expoitation des employés, la dénonciation.



Jean Dutourd donne une dimension de Thénardier aux Poissonard dans le long chapitre dont Josette l'employée est l'épicentre. De Josette à Cosette il n'y a qu'une lettre, mais Jean Dutourd rend habilement hommage à Hugo tout en étayant la dimension de salauds des Poissonard.



Salopard on a envie de les appeler.



Durant toute la guerre, ils vont allégrement amonceler les millions, s'enrichir, accroître leur patrimoine meuble et immeuble.



La rencontre avec Pétain est superbe de réalité et de fantasmagorie.



On s'attend à une justice, humaine ou divine, même pas.



Par un retournement de veste magnifique, les Poissonard parviennent à passer pour d'honorables résistants, ah ! l'opportunisme.



Les Poissonard auront été de ces gens qui se seront fait du beurrre sur la misère du monde et que rien n'aura déranger, surout pas leur conscience.



Combien sont-ils ces Poissonard ? Où sont-ils ?



Un livre agréable à lire, révoltant, édifiant sur cette méchanceté qui se passe tous les jours s'en que l'on s'en rende compte, sournoise. Un livre écrit en 1952 et qui a du déranger à l'époque.



Je sais que Jean Dutourd a été décrié, mais " Au bon beurre " mérite vraiment la lecture.







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