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Citations de Jean Genet (434)


Ton maquillage ? Excessif. Outré. Qu’il t’allonge les yeux jusqu’aux cheveux. Tes ongles seront peints. Qui, s’il est normal et bien pensant, marche sur un fil ou s’exprime en vers ? C’est trop fou. Homme ou femme ? Monstre à coup sûr.
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Cette sensibilité très voilée à l'égard, non de la beauté formelle, définitive, mais de l'indication fulgurante d'une manifestation sans autre nom que la poésie, le rendit certains jours pendant quelques secondes perplexe : un docker eut un tel sourire en dérobant presque devant lui du thé dans les entrepôts, que Mario faillit passer sans rien dire, il connut une légère hésitation, une sorte de regret d'être le policier et non le voleur. Cette hésitation dura peu. A peine avait-il fait un pas pour s'éloigner que la monstruosité lui apparut de son attitude. L'ordre qu'il servait devenait irréparablement bouleversé. Une brèche énorme existait. Et l'on peut dire qu'il n'arrêta le voleur que par un souci esthétique. Tout d'abord sa hargne habituelle fut mise en échec par la grâce du docker mais quand Mario eut conscience de cette résistance, et de ce qui la provoquait, on peut dire encore que c'est par haine de sa beauté qu'il arrêta définitivement le voleur.

p. 58
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Aucun acte n'étant parfait dans ce sens qu'un alibi peut nous en rendre irresponsables, comme lorsqu'il commettait un vol, à chaque crime Querelle apercevait un détail qui, à ses yeux seuls, devenait une erreur capable de le perdre. De vivre au milieu de ses erreurs lui donnait encore une impression de légèreté, d'instabilité cruelle, car il semblait voleter de roseau ployant en roseau ployant.

p. 70.
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A la société la police est ce qu'est le rêve à l'activité quotidienne : ce qu'elle s'interdit à soi-même, dès qu'elle le peut, la société polie autorise la police à l'évoquer. De là vient peut-être le sentiment de dégoût et d'attirance mêlés qu'on a à son égard. Chargée de drainer les rêves, la police les retient dans ses filtres. Ainsi expliquerons-nous que les policiers ressemblent tant à ceux qu'ils chassent.

p.81
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Ce silence était comparable à ceux que les gens bien élevés observent quand ils sentent soudain, dans un salon, l'odeur d'un pet silencieux. P87
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G.: Je vais vous dire. Il y avait un peu de blague, mais profondément c'est ce que j'éprouve. Je ne suis vrai qu'avec moi-même. Dès que je parle je suis trahi par la situation. Je suis trahi par celui qui m'écoute, tout simplement à cause de la communication. Je suis trahi par le choix de mes mots. Quand je me parle à moi seul, je ne le sens pas. Je n'ai pas le temps, ce n'est pas la peine que je me raconte des histoires, je suis trop vieux aussi pour me mentir.
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Jean Genet
On n'est pas artiste sans qu'un grand malheur s'en soit mêlé.
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Jean Genet
Que n'êtes-vous pas ici, calme et triste au milieu de nos turbulences. Que n'êtes-vous pas ici, madame mélancolique?
Je songe à vous. Je vous parle parfois dans le bruit. Paris me dévore.
Chevalier chante. Lifar danse. La Tour Eiffel crache du feu. Que n'êtes-vous pas ici.

Lettre à Ann Bloch, Paris le 28 août 1937
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Est-il pays si frais que celui de nos rires
Neige sur les écueils votre langue léchant
Le sel d'algues d'azur sur le ventre et le chant
Vibrant dans votre corps tourné comme une lyre ?
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Quand j'étais valet de ferme, quand j'étais soldat, quand j'étais au dépôt des enfants assistés, malgré l'amitié et quelque fois l'affection de mes maîtres, j'étais seul, rigoureusement. La prison m'offrit la première consolation, la première paix, la première confusion amicale : c'était dans l'immonde. Tant de solitude m'avait forcé à faire de moi-même pour moi un compagnon.
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Le Condamné à mort
(...)
Pardonnez-moi mon Dieu parce que j'ai péché!
Les larmes de ma voix, ma fièvre, ma souffrance,
Le mal de m'envoler du beau pays de France,
N'est-ce assez, mon Seigneur, pour aller me coucher.
Trébuchant d'espérance

Dans vos bras embaumés, dans vos châteaux de neige!
Seigneur des lieux obscurs, je sais encore prier.
C'est moi mon père, un jour, qui me suis écrié:
Gloire au plus haut du ciel au dieu qui me protège,
Hermès au tendre pied!

Je demande à la mort la paix, les longs sommeils,
Le chant des séraphins, leurs parfums, leurs guirlandes,
Les angelots de laine en chaudes houppelandes,
Et j'espère des nuits sans lunes ni soleils
Sur d'immobiles landes.

Ce n'est pas ce matin que l'on me guillotine.
Je peux dormir tranquille. A l'étage au-dessus
Mon mignon paresseux, ma perle, mon Jésus
S'éveille. Il va cogner de sa dure bottine
A mon crâne tondu.

Il paraît qu'à côté vit un épileptique.
La prison dort debout au noir d'un chant des morts.
Si des marins sur l'eau voient s'avancer les ports,
Mes dormeurs vont s'enfuir vers une autre Amérique.



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Claire : Tu es lâche. Obéis moi. Nous sommes tout au bord. Nous irons jusqu'à la fin. Tu seras seule pour vivre nos deux existences. Il te faudra beaucoup de force. Personne ne saura au bagne que je t'accompagne en cachette. Et surtout, quand tu seras condamnée, n'oublies pas que tu me portes en toi. Précieusement. Nous serons belles, libres et joyeuses.
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- Si le type a le temps de me peloter je suis foutu. Je suis pas sûr de pas me laisser faire.
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Ainsi l’Espagne et ma vie de mendiant m’auront fait connaître les fastes de l’abjection, car il fallait beaucoup d’orgueil (c'est-à-dire d’amour) pour embellir ces personnages crasseux et méprisés. Il me fallut beaucoup de talent. Il m’en vint peu à peu. S’il m’est impossible de vous en décrire le mécanisme au moins puis-je dire que lentement je me forçai à considérer cette vie misérable comme une nécessité voulue. Jamais je ne cherchai à faire d’elle autre chose que ce qu’elle était, je ne cherchai pas à la parer, à la masquer, mais au contraire je la voulu affirmer dans sa sordidité exacte, et les signes les plus sordides me devinrent signes de grandeur.
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Sans qu’ils le veulent les gestes de ces gosses, leurs destins, sont tumultueux. Leur âme supporte une violence qu’elle n’avait pas désirée. Elle la domestiquait. Ceux dont la violence est l’habituel climat sont simples en face d’eux-mêmes. Des mouvements qui composent cette vie dévastatrice et rapide chacun est simple, droit, net comme le trait d’un grand dessinateur – mais dans la rencontre de ces traits en mouvement éclate alors l’orage, la foudre qui les tue ou me tue. Cependant, qu’est leur violence à côté de la mienne qui fut d’accepter la leur, de la faire mienne, de la vouloir pour moi, de la capter, de l’utiliser, de me l’imposer, de la connaître, de la préméditer, d’en discerner et d’en assumer les périls ? Mais qu’était la mienne, voulue et nécessaire à ma défense, à ma dureté, à ma rigueur, à côté de la violence qu’ils subissent comme une malédiction, montée d’un feu intérieur en même temps qu’une lumière extérieure qui les embrase et qui nous illumine. Nous savons que leurs aventures sont puériles. Eux-mêmes sont sots. Ils acceptent de tuer ou d’être tués pour une partie de cartes où l’adversaire – ou eux-mêmes – trichaient. Pourtant, grâce à des gars pareils sont possibles les tragédies.
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Mes crimes c’est avant de les commettre que j’aurais pu les regretter.
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Leïla : Je suis fatiguée par la marche, le soleil, la poussière. Je ne sens plus mes jambes : elles sont devenues la route elle-même. A cause du soleil, le ciel est en zinc, la terre en zinc. La poussière de la route, c’est la tristesse de ma gueule qui retombe sur mes pieds. Où nous allons, Saïd, où nous allons ?
Saïd (se retournant et la regardant bien dans les yeux) : Où je vais ?
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Kadidja (d’une voix sévère) : Je suis morte ? C’est vrai? Eh bien, pas encore ! Je n’ai pas terminé mon travail, alors, à nous deux, la Mort ! Saïd, Leïla, mes bien-aimés ! Vous aussi le soir vous vous racontiez le mal de la journée. Vous aviez compris qu’il n’y avait plus d’espoir qu’en lui. Mal, merveilleux mal, toi qui nous restes quand tout a foutu le camp, mal miraculeux tu vas nous aider. Je t’en prie, et je t’en prie debout, mal, viens féconder notre peuple. Et qu’il ne chôme pas !
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Je dus me retenir à d'invisible agrès, j'aurais roucoulé. Les mots n'eussent pas seulement, ni le ton de ma voix, exprimé ma ferveur, je n'eusse pas seulement chanté, c'est vraiment l'appel du plus amoureux des gibiers que ma gorge eût lancé. Peut être mon cou se fut-il hérissé de plumes blanches. Une catastrophe est toujours possible, la métamorphose nous guette. La panique me protégea.
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La nuit n'est plus immonde. Léger, il court à un petit hôtel qui se trouve être un hôtel de passes et et loue une chambre. Là, pour l'assoupir, la vraie nuit, la nuit des astres vient peu à peu, quelque peu d'horreur soulève son coeur : c'est le dégoût physique de la première heure, de l'assassin pour son assassiné, dont m'ont parlé bien des hommes. Il vous hante, n'est-ce pas ? Le mort est vigoureux. Votre mort est en vous ; mêlé à votre sang, il coule dans vos veines, suinte par vos pores, et votre coeur vit de lui, comme germent des cadavres les fleurs du cimetière... Il sort de vous par vos yeux, vos oreilles, votre bouche.
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