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Citations de Jean Hatzfeld (261)


Mon enfance me laisse d'heureux souvenirs. Ma famille s'est bien préoccupée de moi. Elle m'a offert tout ce qu'elle pouvait, elle m'a entretenu de manière à éviter toute cause souffrante. La maman m'a tiré la main sur le chemin de la petite école, elle m'a conduite à l'église le dimanche. Le papa m'a pointé la droite ligne. J'ai été élevée sans anicroche mémorable.
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Si, en ce fatal mois d'avril, les avoisinants avaient pensé avec sincérité que l'homme est à l'image de Dieu, ils n'auraient pas brandi les machettes.
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C’est à l’âge de la jeunesse qu’on devient frustrée de ne pouvoir sortir derrière les camarades, lorsque presse l’envie d’ambiancer et de s’élancer joyeuse, de s’exciter en compagnie. Aller danser le samedi au cabaret, s’amuser de la musique en bagatelles avec les garçons. Depuis que je suis adolescente, je me crois mal regardée, bien que je me voie jolie. Je me tiens en retrait de moi-même, je me montre réticente à l’encontre de mon âge. J’ai été repoussée de l’école maintes fois faute d’argent, de façon que je termine les humanités à vingt ans.
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L’uniforme rose des prisonniers me causait du chagrin. Entre enfants, on se disait que nos papas étaient gardés là-bas par vengeance. On murmurait. On se plaignait de leur injuste détention. La maman a décidé de nous corriger malgré nos jeunes âges. Elle nous a dit que le papa n’était pas frappé d’injustice entre les hauts murs, qu’il avait trempé.
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En Afrique, tu peux échapper à ta famille, à ton pays, à ta religion, mais tu ne peux échapper à ton ethnie. Un Africain, lorsqu’il entend gronder les menaces, lorsqu’il ressent la peur, il s’accroche à ses ancêtres, à sa colline, à ses habitudes et, au pire de la peur, à son ethnie.
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Frédéric eut des scupules à lui avouer que parfois la fatigue leur tombe dessus et que tout devient alors lugubre,et qu'on en a marre d'écrire les gravats ,les gens qui titubent trop désamparés pour marcher droit ,les caves et le peur,et qu'il avait eu envie d'une histoire de beauté , de belles personnes , d'enfants en compagnie d'animaux fiers et heureux de ce qu'ils étaient.
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"Puis, je leur ai expliqué comment la guerre nous avait contaminés. J'ai expliqué les tueries, la défaite et la fuite au Congo. À l'époque, on parlait de guerre. Nous, on s'était habitué pendant des années au mot "guerre", intambara, ou "tuerie", ubwicanyi, et, au fond, on ne comprenait pas bien le mot "génocide". On ne voulait pas se risquer à ça. Dans notre famille, ce sont les enfants qui ont rapporté ce mot de l'école."
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C’est dans ce parc, un matin à l’aube, qu’Earl l’avait découverte alors qu’il traitait les arbres avant l’arrivée de la foule. Elle gisait inerte sous un taillis. La grande taille de ce corps féminin d’abord l’étonna. Puis le survêtement tricolore l’intrigua ; de plus près, il reconnut l’écusson des équipes américaines. Un pied avait perdu sa chaussure, aucun sac ne traînait alentour. Elle se tenait recroquevillée sur le côté, ses longs cheveux emmêlés recouvraient son visage, l’immobilité laissait penser à un sommeil profond. Lorsqu’il lui tapota l’épaule, elle tourna vers lui des yeux grands ouverts, un visage boursouflé par l’alcool, marqué de taches violacées, probablement des coups, s’inquiéta Earl. (…) Soudain, une intuition. Ça ne peut pas être elle! Elle l’entendit, il fallut qu’elle bredouille son nom pour qu’il admette qu’elle était Sue Baxter, il n’y a encore pas si longtemps le visage le plus célèbre de la ville.
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« Parce que si on s’attarde trop sur la peur du génocide, on perd l’espoir. On perd ce qu’on a réussi à sauver de la vie. On risque d’être contaminé par une autre folie. Quand je pense au génocide, dans un moment calme, je réfléchis pour savoir où le ranger dans l’existence, mais je ne trouve nulle place. Je veux dire simplement que ce n’est plus de l’humain. »
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Le silence les immobilise dans la peur. Le temps les repousse. De visite en visite, rien ne change. On remarque que dans leurs têtes les soucis chassent en permanence les idées. On peine à les encourager à parler. Pourtant, ils ne pourront pas se remettre les pieds dans la vie, s’ils ne disent rien de ce qui se confronte en eux.
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Quand les bras du papa cadençaient les nôtres, la terre donnait d'abondance.
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Pourquoi Dieu, bienveillant, d'une infinie bonté et d'une puissance suprême, a accepté l'extermination presque totale de la population tutsie par ses avoisinants ?
C'est une bonne question, je ne connais pas de réponse.
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Ce qui s'est passé à Nyamata, dans les églises, dans les marais et les collines, ce sont des agissements surnaturels de gens bien naturels. Voilà pourquoi je dis cela. Le directeur de l'école et l'inspecteur scolaire de mon secteur ont participé aux tueries à coups de gourdins cloutés. Deux collègues professeurs [...]. Un prêtre, le bourgmestre, le sous-préfet, un docteur, ont tué de leurs mains. [...]
Ces gens bien lettrés étaient calmes, et ils ont retroussés leurs manches pour tenir fermement une machette. Alors, pour celui, qui comme moi, a enseigné les Humanités sa vie durant, ces criminels-là sont un terrible mystère.
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Les films romantiques me réjouissent beaucoup, telles les séries indiennes. Les acteurs que j’admire sont indiens, parce qu’ils jouent des rôles sentimentaux. Ils montrent de l’amour et de l’éducation, jamais ils ne se crient des malpolitesses. Ils se plaisent avec ardeur, ils s’habillent d’élégance. Je me détourne des aventures guerrières, des films américains brutaux.
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Quand il y a eu un génocide, il peut y en avoir d’autre, n’importe quand à l’avenir, n’importe où, au Rwanda ou ailleurs ; si la cause est toujours là et qu’on ne la connait pas.
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On zigzaguait. On n'était pas encore surpris d'être rescapés. On ne se réjouissait pas de notre délivrance, on buvait la plus grande quantité tout simplement. On buvait ce qu'on trouvait.
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incipit :
En avril, les pluies nocturnes laissent souvent en partant des nuages noirs qui masquent les premières lueurs du soleil. Rose Kubwimana connaît le retard de l'aube en cette saison, sur les marais. Ce n'est pas cette luminosité grise qui l'intrigue.
Rose est accroupie près d'une mare brunâtre, pieds nus, son pagne relevé sur les cuisses, ses mains calleuses posées sur les genoux. Elle porte un chandail de laine. A côté sont couchés deux jerricans en plastique. Elle vient tous les matins puiser dans cette mare, parce que sa profondeur rend l'eau moins boueuse et que son bord, tapissé de palmes, est plutôt moins spongieux qu'ailleurs.
La mare est dissimulé par des branchages d'umunyeganyege, espèce de palmiers nains ; derrière s'étendent sur une immensité d'autres mares, flaques ou bourbiers entre des bosquets de papyrus. Rose respire l'odeur fétide et familière des marais, particulièrement humide ce matin. Elle reconnaît aussi le parfum des fleurs blanches des nénuphars. Depuis son arrivée, elle devine une bizarrerie dans l'air et comprend enfin que ce sont les bruits. Les marais ne bruissent pas normalement ce matin-là.
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Qu'y a-t-il de plus beau sur une pelouse olympique qu'une championne de saut, sinon le saut lui-même ?
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Pendant trois mois, sans interruption, des centaines de canons serbes ont pilonné Vukovar, au rythme infernal de cinq mille obus par jour en périodes de pointe. A la fin de ce bombardement, des étudiants plasticiens, un archéologue de renom, un militant écologiste et un office de tourisme perpétuent sur ces ruines un délire identique, paranoïaque, serbe ; et ce couple d'amis s'y laisse prendre avec bonhomie. Les Serbes sont des gens curieux, amicaux, hospitaliers, "braves", dirait-on, au sens à la fois sympathique et péjoratif du terme. Leur folie, à la hauteur de leur aveuglement, les plonge dans la fantasmagorie au quart de tour. A la seule mention des Croates, des Musulmans ou des Albanais, ils se perdent dans une spirale sanguinaire, suicidaire, barbare. Autant les intellectuels musulmans font preuve de dignité, autant la plupart de leurs homologues serbes - pas seulement ceux de Serbie - se signalent par leur soumission.
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Elle observe la barre, la caresse des yeux, avec une envie gourmande de s’enrouler autour. Ni appréhension ni nausée, inutile de mémoriser une dernière fois les enchaînements, son corps se souvient. Elle ressent son picotement familier dans le dos, la vibration du muscle au pli des fesses lorsqu’elle avance la jambe.[•••] Tatiana se sent heureuse d’être là. Elle sourit à la barre qui l’attend. Elle décide de prendre tous les risques au premier essai. Elle se déplace en arrière, un autre pas de côté, s’immobilise brièvement, son visage s’illumine. Elle gratouille le sol de la pointe du pied d’appel et s’élance. Jamais elle n’a connu pareille sensation de vitesse au sortir de sa course d’élan.
La suite, elle ne s’en souvient pas, sinon l’euphorique sentiment d’une élévation immatérielle, la sensation de ses mains inutiles dans l’air. Elle retombe sur le matelas, roule et s’enroule sur elle-même, s’étend sur le dos et laisse tomber ses bras en croix. Elle n’entend guère la formidable clameur, elle s’oublie dans le bleu au dessus de sa tête.
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