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Critiques de Jean Hegland (1084)
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Apaiser nos tempêtes

Hasard de mes lectures : deux livres au titre comportant le mot tempête, coup sur coup. Si celle d'Islande (La dernière tempête) était plutôt climatique, il s'agit ici plutôt d’une métaphore pour décrire les évènements qui vont secouer les vies d'Anna et Cerise.

L'auteure ainsi qu'elle l'explique dans la préface a voulu parler de la maternité. Elle va l'aborder au travers des vies de Cerise, jeune lycéenne défavorisée, et d'Anna, étudiante à l’université. Toutes deux tombent enceintes sans le désirer, l'une avorte, l'autre non.

Ces deux femmes et celles qui font partie de leurs vies permettent à l'auteure d'aborder bien des aspects de la maternité, grossesse non désirée, avortement, accouchement difficile, force de l'amour maternel, difficulté à gérer conjointement éducation des enfants et travail, adolescence difficile. Beaucoup de sujets pour un seul roman, et certains ne seront que survolés.



Il est toujours difficile de lire un deuxième roman d'un auteur dont le premier vous a enthousiasmé. J'ai trouvé ce roman plus inégal, mais cependant très prenant. Il y a des pages superbes sur l'amour maternel, sur la nature.

Il y a aussi des personnages très attachants : J'ai beaucoup aimé Cerise, qui se heurte à beaucoup de difficultés mais ne renonce pas. Il y a aussi Lucy, petite fille désarmante par ses peurs et ses réflexions sur la vie et aussi la grand-mère d'Anna qui n'apparait que quelques pages, mais qui lui permettra de surmonter un moment difficile et lui léguera un prénom.



Un roman dans lequel toutes les mères (et les pères sans doute) reconnaitront des sentiments, des expériences qu'ils ont vécus.

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Dans la forêt

Le monde tel qu'Eva et Nell l'ont connu n'existe plus.



Ce jour de Noël est pour les deux sœurs l'occasion de se souvenir du temps d'avant quand leurs deux parents étaient là, qu'il suffisait d'appuyer sur l'interrupteur pour éclairer une pièce, de lancer le lave linge ou le lave vaisselle d'une pression du doigt.



Que s'est-il passé? On ne sait pas. Pas de grande catastrophe naturelle d'évoquée, ni d'invasion extraterrestre, ni de guerre quelconque. Ne reste que la connerie humaine.



L'essence commence à manquer, l'électricité fonctionne de manière sporadique puis plus du tout. Les fonctionnaires ne sont plus payés et doivent rester chez eux. Les rayons des magasins se vident. Les gens ne peuvent plus se soigner faute de médicaments.



S'approvisionner en nourriture devient difficile. Se rendre en ville aussi surtout lorsqu' on vit à 50 km de celle-ci.



Nell la plus jeune des sœurs tient un journal, un petit cahier, son cadeau de noël. Elle pensait intégrer Harvard alors qu'Eva devait danser dans une grande école. Les journées passent. Les rêves entretiennent le quotidien, permettent encore d'y croire et de se lever le matin en attendant que tout redevienne normal, que des jours meilleurs arrivent.



Mais justement rien ne se passe. Alors que le père (leur mère est déjà décédée) meurt dans un tragique accident, les filles doivent se secouer pour survivre. Apprivoiser la forêt pour trouver de quoi subsister. Nell se plonge dans l'encyclopédie et un livre sur les plantes appartenant à sa mère. Les deux sœurs se serrent les coudes et vont lutter pour survivre. Réapprendre les gestes des anciens, découvrir le secret des plantes.



Même si ce roman nous présente une vision apocalyptique du monde, il reste malgré tout positif et plein d'espoir. Un véritable message sur les conséquences d'une surconsommation forcenée, notre désintérêt pour la nature et toutes ses richesses.



J'ai trouvé ce roman magnifiquement écrit. J'ai adoré les liens entre les deux sœurs. L'atmosphère pourrait être très pesante mais j'ai ressenti beaucoup de douceur même si certains passages étaient très durs.



Je n'ai pas complètement adhéré à la fin du roman mais ça ne m'a pas empêché d'adorer cette histoire.



Je suis déjà une adepte du recyclage, du compost et nous cultivons notre petit potager en famille mais quand j'ai demandé à mon mari s'il avait déjà gouté de la farine de glands, je l'ai senti très réservé sur ma santé mentale.



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Dans la forêt

Un très joli roman sur la reconnexion au monde, dans lequel, après que les écrans se soient éteints et les moteurs arrêtés, on réentend les arbres pousser, on réapprend la symbiose avec la Nature, on redécouvre par l’expérience les réflexes des ancêtres indiens sur cette terre d’Amérique du Nord, on ressent comment ils disparurent et pourquoi il faut continuer de vivre.

L’après-consumérisme est un thème qui ne peut qu’intéresser de plus en plus d’écrivains qui en sortent autre chose qu’un classique récit post-apo. Je pense notamment à l’excellent Station Eleven d’Emily St John Mandel sorti en 2016, qui interroge le devenir de la culture dans un univers « dé-technologisé » mais pas encore ré-enchanté.

L’originalité de celui-ci, outre le fait d’être précurseur dans cette approche car écrit il y a déjà vingt ans, est d’avoir construit un roman statique là où l’on s’attend à une fuite devant la tourmente d’un monde ravagé, et de l’avoir ancré dans la persistance de la passion, celle qui continue à animer ces deux sœurs orphelines isolées dans leur maison dans la forêt, l’une continuant de danser sans musique, l’autre de lire le dernier livre, l’encyclopédie de A à Z.

Et la magie opère au fil du temps qui s’étire lentement et des ressources qui s’amenuisent inexorablement, car la vie continue de bouillir en elles jusqu’à trouver de nouveaux chemins d’épanouissement.

Un livre qui berce et murmure, qui nourrit et ramène à l’essentiel.

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Dans la forêt

Eva et Nell sont sœurs, elles vivent dans la forêt avec leurs parents ; elles n'ont que dix-sept et dix-neuf lorsque la civilisation s'effondre et que leurs parents décèdent. Elles doivent vivre en autarcie dans la forêt alors qu'elles sont privées d'électricité.

Sans courant, ni essence, plus rien ne fonctionne dans la ville, les habitants fuient à la recherche de lieux plus cléments.

Eva a offert un cahier à Nell qui, dès lors, le destine à la fonction de journal dans lequel elle note la vie qui est désormais la leur.

Jean Hegland, par la voix de Nell raconte la forêt, raconte l'amour qui unit les deux sœurs, leur volonté de survivre ...

Un livre magnifique ! À lire !

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Dans la forêt

Into the wild. Vivre non pas à l'état sauvage, mais au coeur d'une nature luxuriante du Nord de la Californie. La première ville est à plus d'une heure de route déglinguée par un pick-up rouillé. Alors si les filles rêvent de cours de danse pour l'une et d'université pour l'autre, ce ne sont que de vagues hypothèses pour le moment. Quelques coupures d'électricité au début, rien de bien anormal. Rien de bien gênant, elle lit ses encyclopédies à la chandelle, elle danse au tic-tac du métronome. Et puis un jour l'électricité n'est plus revenue. Comme le téléphone. Comme les voisins. Seules.



Sur la seconde partie du roman, je me suis promené enfin dans les bois, à la découverte de cette nature qu'elles avaient ignorée jusqu'à présent. C'est que tant que le garde-manger était plein, les conserves et les bocaux fournis sur les étagères de la cave, partir à la rencontre des plantes ne faisait pas partie des préoccupations principales. Lire et écouter de la musique, l'essence de la vie - en tout cas de la mienne. A quoi ressemble une fleur de houblon ? Into the wild, j'ai appris à faire attention avec les baies rouges, qui ne sont si rougeoyantes que pour attirer les abeilles et les oiseaux. Encore une histoire purement sexuelle, cette couleur rouge. Bon côté sexe, il faudra se satisfaire soi-même, pas une âme qui vive dans le coin, même pas de zombies pour apporter de l'animation. Quelques sangliers et autres méchants ours noirs - ou bruns je sais plus, je ne me souviens jamais de la couleur des toisons que je regarde.



L'art de survivre, d'abord dans un environnement enchanteur - au début - puis de plus en plus hostile, une fois que la solitude pèse sur les esprits. L'eau qui suinte le long des murs, le dernier bocal de maman ouvert, reste guère plus qu'un fond de bouteille liquoreux de papa, laissées à l'abandon, deux filles devenant femmes, une dernière musique, celle du vent, celle de la tempête qui s'écroule sur leur vie, et l'envie plus fort, rester ensemble, ne pas s'abandonner, même dans la forêt. Into the wild. Une Autre Vie. Réapprendre à vivre.



- On est peut-être les deux dernières personnes sur terre, a dit Eva d'une voix qui ne traduisait ni peur ni tristesse.

J'ai hoché la tête un peu rêveusement, et j'ai répondu sur le même ton :

- Oui, peut-être.



Au fait, ce n'est qu'une rumeur, mais il parait qu'un virus ravage les gens. Une semaine, en pleine forme, et hop la semaine d'après, les vers qui commencent à infiltrer les corps en décomposition. Alors autant rester confinée, tant qu'à verser deux verres et deux larmes, de whisky.
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Dans la forêt





Dans la forêt, quand les branches se querellent, les racines s'embrassent. (Proverbe africain)



Dans la forêt peut à la fois être considéré comme un roman d’anticipation et d’une idéologie de survie ou encore, sur certains aspects, d’une fable écologique. Il prend également l’apparence d’un journal intime écrit à la première personne par l'une des héroïnes, Nell. L'histoire, qui se déroule presque en huis clos au sein de la forêt, met en jeu une forme de suspense psychologique.



Dans un futur proche indéterminé, deux sœurs, Nell et Eva, respectivement âgées de 17 et 18 ans, doivent apprendre à survivre seules dans leur maison familiale qui est située au cœur d'une forêt de séquoias à l'écart de Redwood City, dans le nord de la Californie ; alors que la société s'effondre et que leurs deux parents meurent successivement, la mère d'un cancer et le père d'un accident. Elles doivent notamment faire face à l'isolement, à l'absence d'électricité et de carburant, à la gestion de leurs réserves en nourriture, ou encore à l'absence de nouvelles concernant l'évolution de la civilisation. Se pose aussi la question de leurs rêves et ambitions, car Nell voulait intégrer l'université Harvard et Eva embrasser une carrière de danseuse de ballet, les deux devant s'adapter à l'absence d'informatique et de musique.



S’agit-il d’un effondrement de la société ou l’apocalypse qui demeure une énigme ? Car au fil des pages rien ne laisse transparaître l’origine de ce phénomène inexpliqué.

La forêt est l’environnement capital de cette histoire. Elle n’était plus le lieu bienveillant de leur enfance ni même une source inépuisable d’un terrain d’aventures. Cette nature se révèle comme un territoire de véritables dangers hasardeux mais aussi une ressource infinie de survie et d’un retour à un mode de vie plus instable.



L’isolement ne va pas épargner leurs tensions et désaccords causés par l’angoisse de subsister dans ce milieu austère. Peu à peu l’hostilité fait place à une complicité d’autrefois égayée par des divertissements essentiels : la lecture, la contemplation et l’exploitation de la végétation fourmillant de plantes nutritives et guérisseuses.



Au travers de ce récit, Jean Hegland nous interpelle sur la société de consommation et nous fait découvrir, par de magnifiques descriptions, les moyens écologiques et vitaux pour affronter avec espoir l’aube d’une ère nouvelle.



Un dénouement qui nous laisse entrevoir une belle sensation de liberté…

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Dans la forêt

Dans la forêt, lointaine, on entend le coucou.



Mais pas seulement... En tendant l'oreille, on distingue des voix. Celles de deux jeunes femmes. Elles sont soeurs et ont un tout petit peu moins d'une année d'écart. Elles sont soeurs et vivent seules dans cette forêt. Elles se prénomment Nell et Eva et ce sont des héroïnes, des vraies.



Leur mère est morte. Leur père a suivi. le monde a changé. La civilisation a sombré, peu à peu. La forêt elle, est restée la même.



Comme une vieille amie, elle semble veiller sur les deux soeurs. Pendant que Nell lit l'encyclopédie pour ne pas sombrer, Eva danse des heures entières et sans musique, faute d'électricité. Chacune se raccroche à l'espoir qu'un jour, tout rentrera dans l'ordre.



Nell raconte dans un cahier, par bribes, la fin du monde et la fin de son monde. Mais on ne sait pas tout. Il reste des zones d'ombre. On palpite avec ces soeurs et leur immense amour. Qui les aide à survivre. A dépasser le malheur. A affronter l'adversité. A vivre, un jour après l'autre. Une douleur après l'autre. Un petit bonheur la chance.



DANS LA FORÊT est un roman magistral sur les liens qui unissent ceux qui s'aiment. Un roman sur notre monde et une réflexion sur cette civilisation pendue à un fil. Un roman sur la solitude humaine. Sur cette nature qui nous survivra.



Je vous remercie la famille de m'avoir poussé à lire ce roman captivant et émouvant à la fois! Une valeur sûre ! Et toujours une sublime couverture. J'avoue l'avoir souvent dévorée des yeux durant ma lecture.
Lien : https://labibliothequedejuju..
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Dans la forêt

Un roman catastrophe où la civilisation s'effondre, laissant les hommes sans repères dans un monde qu'ils ne connaissent plus. Déconnectés de la nature, ils ne savent plus vivre sans objets, sans moyens de communication, sans argent. Ils sont "nus".



Nell et Eva, deux adolescentes qui vivaient avec leurs parents à l'écart de la ville vont connaître l'isolement le plus total. À travers elles on entend les échos de cette société qui s'écroule, on les voit se débattre pour rester en vie, se défaire petit à petit de leurs habitudes, laisser tomber leurs projets d'avenir qui ne valent plus rien.

On sent l'angoisse et la peur les ronger devant l'inévitabilité et l'urgence de s'adapter à un monde nouveau, d'abandonner leurs anciens repères. Elles sont effrayées, mais le plus grand danger qui les menace ne vient pas de la nature, il vient de l'homme, de sa violence, de sa cupidité, de son égoïsme.



Eva aime la danse mais son monde n'est plus un ballet. Nell aime les livres, mais l'encyclopédie ne livre pas tous les secrets, elle ne dit pas l'intuition, l'instinct de survie. Il faut apprendre, réapprendre les liens avec la nature. Il faut accepter d'entrer dans la forêt, de quitter le confort, la passivité, le rêve d'un monde évanoui. La forêt devient alors le refuge.



Un roman très fort qui montre le danger vers lequel l'homme fonce tout droit lorsqu'il épuise les ressources de la Terre, provoque des catastrophes, n'est plus connecté qu'à un monde virtuel, futile, ne sait plus vivre sans artifices.



Pour moi ce roman est le coup de cœur de l'année. L'auteur a décrit avec justesse ce qui se passe lorsque la vie de Nell et Eva bascule, sans forcer le trait. Cette fiction réaliste nous fait prendre conscience du danger qui nous guette et de la richesse de notre savoir publié.

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Dans la forêt

Ouaf ! Un roman qui sort de l'ordinaire ! Ecrit en 1996 et traduit cette année grâce à Gallmeister. Californie du nord, l'électricité se meurt… Il faut dépasser le fait de vouloir savoir le pourquoi et se laisser emporter par l'histoire de ces deux soeurs qui vivent dans une maison isolée dans les bois. Que ferions-nous si, comme elles, sans internet (dommage pour Babelio !), sans téléphone, sans essence, etc. ? Nous ferions probablement comme ces deux jeunes filles. La découverte de l'autre, de la nature, écouterions ce qui nous entoure, et n'auront que le choix de retourner au primitif. J'ai retrouvé certains livres que j'ai aimé comme ‘Le mur invisible', ‘Into the wild' et par moments l'ambiance David Vann, mais surtout quelque chose ‘Dans la forêt' qui en fait une oeuvre unique. La mixture de tous ces éléments ne pouvaient que me plaire. Merci à Masse Critique. Quel bonheur de commencer une année avec une telle merveille !
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Dans la forêt

La nuit dernière, j'ai refermé la porte d'une forêt, j'ai laissé derrière moi l'écho des oiseaux, l'odeur des feuilles d'arbousiers, le frémissement des étoiles au-dessus de moi, et puis aussi deux femmes restées là-bas, deux jeunes soeurs unies pour le meilleur et pour le pire, Eva et Nell.

Il n'y a rien de plus déchirant que de s'éloigner d'un endroit qu'on a tant aimé, et les personnes aussi qui furent présentes à ce moment et à cet endroit. Mais il faut partir, tourner la page, revenir à d'autres vies. Ainsi j'ai refermé ce livre avec beaucoup de déchirement et en même temps le bonheur précieux d'avoir vécu un moment unique et d'emporter cela avec moi, comme un bagage dans mes errances futures.

Dans la forêt, merveilleux roman écrit par une auteure américaine que j'ai découvert par la même occasion, Jean Hegland, est un livre qui ne ressemble à rien de ce que j'ai lu jusqu'à présent. Il est publié aux Éditions Gallmeister, ce qui est déjà pour moi une très belle référence car j'adore leurs publications. Je ne sais pas si cela en fait un chef d’œuvre, cela en tous cas en fait un véritable coup de cœur qui continue de résonner en moi comme une vague entre les branches.

Je veux vous dire ici tout le bien que j'ai ressenti à cette lecture, le bien qui continue de vibrer au moment où je vous écris. Je sens mes doigts trembler, trépigner sur le clavier de mon ordinateur. Je voudrais revenir à cette forêt, pourtant je sais qu'elle est déjà loin et par expérience je sais aussi qu'il n'est jamais bon de revenir sur ses pas. Je retiens de cette forêt deux impressions, quelque chose qui sait accueillir et quelque chose dont il faut s'inquiéter à chaque instant, à chaque pas où on avance au plus profond d'elle. Mais n'est-ce pas cela qui ressemble à la vie, à nos vies, à ce qu'elles nous réservent d'exaltant et d'hostile à la fois?

Dans la forêt, c'est un univers qui vient après un drame écologique, peut-être planétaire. Nous ne savons rien de la cause de cela et ce n'est pas essentiel. Je dirai même que c'est bien de ne rien savoir. Mais cela va toucher totalement le quotidien des personnages du livre et tout d'abord cette famille, qui, du reste, avait déjà décidé de se retirer du bruit de la ville, dans une maison en pleine forêt.

Dans ce roman, nous découvrons deux êtres, deux sœurs dans une relation complexe, fusionnelle, charnelle, parfois où elles ne peuvent plus s'entendre, où elles vont et viennent, s'éloignent, reviennent. Tous les codes habituels de leur relation sont ici transgressés. Elles vont devoir cohabiter au-delà du cadre commun d'une fratrie, au-delà de ce cadre où elles pensaient jusqu'ici se connaître.

Dans la forêt, je me suis perdu dans ses pages, dans ses feuillages, dans ses ramures. J'ai lu ce livre comme un temps suspendu aux branches de cette forêt.

Les forêts sont peuplées d'ennemis. Il faut les apprivoiser. Au fur et à mesure qu'on avance dans cette forêt, les ennemis qu'on croyait connaître, deviennent parfois des territoires à convaincre par nos gestes, nos pas.

Les forêts sont peuplées de sortilèges. Parfois dans le frémissement des pages que je lisais, j'ai cru rencontrer autre chose qu'un livre, il y avait bien sûr le récit de Nell, la narratrice, mais j'entendais aussi le bruit de la forêt autour d'elle et ce qu'elle imaginait, ce qu'elle convoquait dans ce récit et qui prenait réalité dans le journal qu'elle écrivait.

Dans la forêt, il faut avancer les bras tendus comme les ailes d'un oiseau et combattre en même temps les peurs enfouies là-bas au plus profond de nos clairières, réveiller l'impatience des chairs. C'est un livre qui réveille les corps qui sommeillent, allume des rires gorgés de ciels.

Elles ne sont plus que deux là-bas, elles s'aiment. C'est une forêt qui, tantôt les protège, bat comme un cœur aimant, tantôt les effraie, l'endroit d'où peut surgir à chaque instant des ombres malveillantes.

L'écriture de ce livre est ronde, sensuelle, à la fois légère et luxuriante.

Peu à peu, la narratrice apprend comme nous le secret des feuilles, ce que la forêt peut lui révéler, reconnaitre un sumac vénéneux, distinguer un sapin d'un séquoia, savoir nommer une fleur, un buisson, une mauvaise herbe, apprendre d'eux comment ils peuvent nourrir, guérir, ou nous empoisonner.

Ce livre est comme un guide de survie en milieu hostile, c'est-à-dire un monde où tous les repères habituels s'effacent, le carburant pour se déplacer, l'électricité, Internet... Tout s'efface. Les seuls repères demeurent une bibliothèque, une bibliothèque avec de vrais livres. Certains livres deviennent indispensables aux yeux de Nell : une encyclopédie, un ouvrage sur les plantes indigènes en Californie du Nord... Pendant tout ce temps-là, Eva danse, continue de danser. C'est important pour elle, pour sa sœur aussi. Plus tard lorsqu'il n'y a plus d'électricité, Eva continue de danser et ses gestes deviennent magiques car elle invente la musique autour d'elle, de ses bras, de ses gestes...

Il y a les saisons, il faut désormais apprendre à vivre avec elles, comme si ce livre nous amenait à l'essentiel, ce que nous avons peut-être perdu. Il y a un temps où le soleil est là, entre les branches, et puis il y a le temps d'hibernation.

Peu à peu, la maison où sont recluses les deux sœurs devient un naufrage, comme un bateau en perdition dans une mer inconnue.

Mais peu à peu aussi, elles prennent conscience que cette forêt est devenue la vie, leur vie, peut-être aussi une fraction de notre vie, le temps de cette lecture et le temps d'après.
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Dans la forêt

Certains livres arrivent dans notre vie au bon moment. Ils semblent répondre tout à coup à une question restée en suspens.

Dans la forêt raconte la fin d'un monde de consommation arrivé à bout de souffle. Plus d'électricité, plus d'essence, les magasins sont vides faute de moyen de transport, plus de téléphone, plus d'eau courante...

Alors que faire quand on a 17 ans et qu'on avait plein de projets ?

Deux soeurs, isolées, vont devoir choisir de vivre plutôt que survivre.

"Ta vie t'appartient" disait leur mère... Mais que fait-on d'une vie qui est devenue étrangère ?

Jean Hegland raconte la relation entre ces deux jeunes femmes, leurs peurs, leur amour, les tensions.

Elle interpelle sur notre mode de vie, sans vraiment juger et sans sombrer dans l'horreur.

C'est fin, c'est touchant. C'est incroyablement parlant.

On dirait que c'est demain.
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Dans la forêt

Il y a quelques semaines de cela, je vous ai parlé d'un film de Gilles Marchand, Dans la fôret , un conte enfantin et un huis clos angoissant fantastique. avec un Jérémie Elkaim à contre emploi en père effrayant emmenant ses enfants dans une forêt scandinave particulièrement anxiogène.



Même titre et même décor pour le roman de Jean Hegland écrit en 1996, qui fut un grand succès aux USA à l'époque et seulement paru en janvier dernier chez Gallmeister.



Par contre, plus de parents qui ont totalement disparu d'un monde post apocalyptique où il n'y a plus d'électricité, plus de téléphone, plus d'essence- on pense plutôt à un autre récent film, It comes at night dont nous parlerons bientôt.. Apprenant à se servir du moindre objet, cultivant chaque parcelle de leur potager, minimisant les repas, économisant sur ce qu'il leur reste d'essentiel tel que la farine ou le sucre, inventant une nouvelle vie, elles survivent tant bien que mal dans cette maison,



Un monde post-apocalyptique où vivent deux jeunes filles Nell et Eva deux soeurs âgées respectivement de 18 et 17 ans qui vont progressivement apprendre à survivre en économisant le plus possible pour tenir.



Ecrit sous la forme d'un journal intime tenu par la cadette on verra ainsi comme nos deux héroïnes apprennent à domestiquer la nature, et font face aux épreuves



Un livre de nature writing et de survivol, à mi chemin entre la Route de Mac Carthy ( pour le coté post apocalytpique) et le "Sukkan Island" de David Vann ( pour le coté ode à la nature sauvage et hostile), mais racontée avec une douceur et un coté feutré et intimiste plutot étonnant.



Un huis clos tendu et sensuel, avec une évocation de la nature d’une beauté incontestable.



Un grand merci aux éditions Gallmeister d'avoir exhumé ce grand livre d'une auteur qui désormais, est ce vraiment étonnant, vit au milieu des arbres et des insectes..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dans la forêt

En 1997 sort ce roman, terriblement en avance sur son temps, qui trouve aujourd'hui tellement d'échos dans l'actualité, qu'il en est fortement dérangeant, urticant...

Avant même la naissance de Nell et Eva, leur père a acheté une propriété avec trente-deux hectares de forêt, "dont l'isolement etait garanti, selon lui, par le fait qu'elle bordait une étendue boisée appartenant à l'Etat de Californie". Là, il construisit une cabane en rondin, et ils vécurent un peu en otarcie, s'autorisant quelques sorties dans la ville la plus proche . le père y était enseignant, la mère vendait ses tapisseries dans une galerie, et les filles étaient instruites à la maison. Jusqu'à ce que...

Jusqu'à ce que la mère meure d'un cancer, jusqu'à ce que le père décéde d'un accident de tronçonneuse, les laissant seules et fort dépourvues dans cet environnement sauvage, d'autant plus que le monde tel qu'elle l'avait vécu jusqu'ici n'était plus qu'un lointain souvenir. Plus d' électricité, presque plus d'essence , des magasins presque vides et personne pour y remédier. La faute à des catastrophes naturelles, à une lointaine guerre, on ne sait pas trop et on n'en saura pas plus, car les informations n'arrivent plus.

Une ambiance" fin du monde" mystérieuse, deux adolescentes qui doivent se débrouiller avec les maigres ressources qui leur restent, avec les quelques bricoles apprises de leurs parents qui ne s'attendaient sûrement pas à tout ça, à partir si tôt, et qui doivent également dire adieu à leurs rêves ...

Tant d'espace et pourtant une impression de huis-clos...

Sûrement d'autres survivants mais uniquement ces deux gamines, ou presque...

La fin est comme elle devait être.

Des adolescents normaux auraient choisi une autre version pour s'en sortir, oui mais Nell et sa soeur, n'ont pas été élevées comme vous et moi, et la fin est vraiment logique.

Et si j'ai des réserves , c'est sur une scéne entre soeurs, que je n'ai pas trouvé digne du bouquin ( vous la reconnaitrez quand vous la lirez...).

Et un détail ( peut-être une erreur de traduction) m'a turlupiné pendant toute ma lecture... Il est dit à un moment que San Francisco est à trois heures de leur maison et qu'elles vont deux fois par an voir des spectacles de danse avec leurs parents. Juste avant, on apprend que Eva va avec sa troupe suivre un cours de danse deux fois par semaine, à San Francisco . Six heures aller-retour, Ça fait loin pour un cour de danse ...

Mais à part ça, la gradation des événements, ce qu'elles perdent, ce qu'elles trouvent, la lenteur, le mystère qui entoure cette sorte de fin du monde , les progrés, la nature : tout est formidablement transcrit, palpable.

La forêt est le troisième personnage du roman..



A lire.

Et puis, à voir ensuite le film canadien de Patricia Rozema " Into the forest ", de 2015 avec Ellen Page et Evan Rachel Wood.
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Dans la forêt

Il y a sans doute un peu de Robinson ou de Vendredi dans cette belle fable racontée avec talent par Jean Hegland.Le monde s'est écroulé autour de Nell et Eva,les laissant seules et désemparées au milieu de nulle part,en milieu hostile.Que faire lorsque tous vos repères ont disparu,lorsque les réserves s'épuisent? Que faire lorsque cette société de consommation qui nous gouverne,s'effondre,nous laissant seuls face à notre désarroi.

Nell et Eva vont traverser bien des épreuves pour ,peu à peu,rayer de leur cadre de vie les éléments qui nous paraissent aujourd'hui indispensables ,voire fondamentaux.Tout n'ira pas sans mal mais,à la fin du roman,il apparaîtra qu'un autre monde peut exister.

Trop tard,pas trop tard?La nature est belle et généreuse et reste la seule à même de pérenniser l'existence humaine.

Ces deux jeunes filles,par leurs agissements,leurs réflexions,leur intelligence,vont servir de guides spirituels mais seront elles suivies,c'est une autre histoire,si l'on considère que cet ouvrage a été écrit voici déjà vingt ans...On parle,on discute,on élabore, on taxe,on prend des mesures et Rien...

Faut il se désespérer ?Sans doute pas si l'on en croit Nell et Eva...Sans doute si la situation perdure.

Un livre pour la nature,sur la nature,un livre essentiel,quoi...

Un peu long pour moi,cependant
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Dans la forêt

Ma lecture de ce tome commence déjà à dater de quelques mois, il n'en demeure pas moins que je continue de conserver un agréable souvenir de celle-ci avec un roman qui porte je trouve un joli titre et qui correspond à merveille à l'intrigue qu'il raconte. C'est je pense la dystopie la plus lente et calme que j'ai lu jusqu'à maintenant, d'ailleurs je pense que cette lecture pourrait plaire même aux plus réfractaires à la science-fiction car finalement cet aspect bien qu'essentiel à l'histoire finit par passer au second plan au cours de la lecture pour laisser place à la relation entre ses deux sœurs seules dans leur maison en pleine forêt, oui a cette belle relation entre ses deux sœurs Nell et Éva qui sauront être là l'une pour l'autre quand chacune d'elles aura besoin de l'autre au beau milieu de cette forêt qui les a vues grandir, et qui sera alors que l'électricité n'est plus qu'un lointain souvenir l'un des gages  de leur survie. Jean Hegland prend ici son temps pour nous présenter ses personnages, la disparition peu à peu de l'électricité et la forêt que nous découvrons tout au long de la lecture grâce à de belles descriptions, cette forêt qui maintiendra les deux sœurs dans une relative sécurité en les préservant notamment des maladies qui sévissent en ville mais qui saura aussi les nourrir. Je trouve la fin du roman assez belle et parfaitement cohérente avec l'ensemble du roman.



Dans la forêt fut donc une belle découverte que j'ai pris plaisir à lire et dont une relecture n'est pas à exclure dans les années futures.
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Dans la forêt

L’une aime la danse, l’autre les encyclopédies, la première se prénomme Eva, la seconde s’appelle Nell. Mais aujourd’hui, elles n’ont plus ni le temps, ni l’envie, ni encore moins les moyens de s’adonner à leurs passions. Le monde de leur enfance a disparu : les magasins sont vides, il n’y a plus d’essence, plus d’électricité. Les deux sœurs, orphelines, vivent dans, avec, par la forêt.

J’ai été bouleversée par la force, l’ingéniosité, le courage des deux jeunes filles qui vont, pas à pas, organiser la résistance et la survie. Elles vont dépasser leurs peurs, leurs frustrations et contrer tout ce qui empêche leur sororité lucide et conciliante de se hisser sur le faîte d’une nouvelle existence.

Une histoire qui interroge nos peurs ancestrales à travers le prisme du monde moderne. Une histoire où le dépouillement et l’abandon s’accordent avec la pyramide des besoins essentiels.



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Dans la forêt

Le journal de Nell nous décrit leur vie et leur survie dans la forêt. Elles y vivent à bonne distance de la ville la plus proche.

Dans un passé récent, la civilisation s’est écroulée l: il n’y a plus électricité, eau, carburant, téléphone, magasins ouverts. L’auteur reste vague sur les raisons de cette désagrégation : guerre, épidémie, surconsommation - « je n’ai jamais su combien nous consommions. C’est comme si nous ne sommes qu’un ventre affamé, comme si l’être humain n’est qu’un paquet de besoins qui épousent le monde. Pas étonnant qu’il y ait des guerres, que l’eau et l’air soient pollués. «  - il y a des relents écologiques dans ce livre mais l’autrice s’attache surtout au destin de Nell et Eva, à la mort de leurs parents, et à leur survie : elles apprennent à économiser toute nourriture, à se servir de tout ce qui leur tombe sous la main, à cultiver et à pourvoir elles-mêmes à leurs besoins.

Elles apprennent à vivre ensemble malgré leurs différences et leurs disputes, à se seconder mutuellement.

La forêt est évidemment un personnage central, elle est décrite en en détaillant les beautés.

Cela n’a rien d’un parcours facile, elles connaîtront la jalousie, la peur, le deuil, le viol, la perte de leurs rêves.

Il règne une tension dramatique dans ce récit, même si le rythme reste lent.

Nous suivons leur parcours, entrecoupé des réflexions personnelles de Nell, c’est relaté sans recherche de sensationnalisme, mais c’est poignant et sensuel à la fois.

J’ai aimé la figure du père de ces deux filles.

La forme est celle d’un journal, il n’y a pas de chapitres.

C’est écrit il y plus de 25 ans, mais le contexte de la société décrite par Jean Hegland paraît pouvoir être prémonitoire de notre époque… À nous de nous ressaisir !

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Dans la forêt

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce roman mais au fur et à mesure il m'a happé. Comme pour rentrer dans cette forêt bien drue et bien sombre. Un récit puissant. Tout au long de la lecture, je me suis sentie parfois dans un récit d'anticipation ou au contraire dans un roman bien réel ou la fin de la vie n'est pas bien loin...

Une famille vit dans la forêt et semble heureuse et comblée mais la mère vient à mourir et c'est le père qui s'occupe de ses filles adolescentes. Il les emmènent régulièrement en ville (comme on dit) et y prennent goût...surtout l'aînée Neill qui a rencontré Eli, un jeune ado de son âge. La cadette Eva ne vit que pour la danse et rêve de rentrer au ballet de San Francisco. Mais le père décède rapidement et les filles se débrouillent pour vivre ou survivre dans cette maison située dans la forêt. Les temps sont durs car l'électricité manque ainsi que l'essence et les victuailles. On ne sait pas trop si nous sommes en temps de guerre ou d'épidémie mais la ville est désertée par tous et les deux adolescentes sont livrées à elles-mêmes.

J'ai trouvé ce roman pas comme les autres intéressant et surprenant. Parfois un peu ennuyeux par des énumérations longues comme le bras.

Malgré tout, je le conseille vivement, car cette fiction sort des sentiers battus...si j'ose dire.
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Dans la forêt

Tout le monde aime ce livre...Tout le monde a envie de retourner à un mode de vie préhistorique ? Car c'est bien ce qui se passe ici, quand Nell renonce aux livres et à l'écriture de son cahier...On dit que c'est "magnifique" et "très beau"...Oui, quand on est bien calée dans son fauteuil sous la douce lumière électrique, le frigo bien rempli. On joue à se faire peur...Mais l'extinction de l'humanité...Le retour à la vie sauvage...En vrai, ça donne quoi ? En effet, dans ce genre de livres, qui foisonnent à l'heure actuelle, même si celui-ci a en réalité plus de vingt ans, on n'a jamais de fin, de fin satisfaisante, car c'est impossible. Nos deux soeurs ne sont qu'au début de leurs difficultés, même dans les dernières pages. Donc il me manque toujours cette fin, l' histoire poussée jusqu'au bout. Ce serait trop dur, de montrer la vie ensuite, une vie quasi animale, boueuse et froide, de cueillette et de chasse, en proie à toutes les infections ? Pas d'intérêt narratif, mais c'est pourtant la suite logique.

Donc l'histoire : deux soeurs se retrouvent seules dans une maison isolée, tandis qu'au loin la civilisation s'effondre. Comment survivre sans la technologie moderne, sans les autres qui disparaissent peu à peu ?

C'est un roman sur la haine de la civilisation, son rejet global, une tradition américaine qui vient de loin (Thoreau...) et qui nous échappe un peu, à nous Européens, il me semble. Une histoire anti-pionniers, où les Indiens n'auraient pas été massacrés, où ils auraient partagé leur savoir avec les Européens matérialistes. Leur savoir sur la forêt.

C'est une histoire de culpabilité, de honte devant la nature, ce que l'homme lui fait ...Dans la forêt, c'est le retour au bercail, à la mère nourricière, à la racine...Les deux soeurs peuvent le faire, car elles ont un lien si physique, si entremêlé de chair et d'esprit, qu'elles en arrivent à oublier qui est le corps de qui. Elles sont reliées par une sorte de cordon ombilical l'une à l'autre...C'est assez troublant et c'est très original.

L 'omniprésence de la nature, de la forêt, de la terre, des ours et des sangliers, remplace peu à peu le langage, la raison, la réflexion, pour l'instinct primaire et les liens du sang les plus proches. Ouais. On passe de Harvard à un trou dans un arbre. Ce roman est loin d'être innocent, il contient une dimension idéologique assez brutale, à laquelle je n'adhère pas, personnellement. D'où les trois étoiles.

Trois étoiles parce que c'est très bien écrit, très prenant et incite à la réflexion, mais ne le lisez pas les yeux fermés.
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Dans la forêt

Je crois bien que « Dans la forêt » est mon premier roman post-apocalyptique.

Est-ce la raison pour laquelle il m'a si fortement impressionnée ?

Peut-être en partie, mais pas seulement.

Jean Hegland met en scène deux soeurs au seuil de l'âge adulte et dont le monde familier va s'écrouler en quelques mois, lorsque l'électricité s'arrête et que des épidémies commencent à sévir. Rien de spectaculaire, non, et c'est-là toute la force de ce récit: tout paraît plausible.

Retranchées dans leur maison, au milieu des bois, Nell et Eva vont peu à peu abandonner tout espoir de retrouver leur vie d'avant et opérer un lent retour à la nature.

En alternant les scènes d'une noirceur absolue, les coups d'éclats, les moments suspendus, la grâce et l'effroi, l'auteure fait de son livre un peu plus qu'une simple lecture, une expérience dérangeante et fascinante, terrifiante mais avec au bout du chemin, une lumière à suivre, une lueur d'espoir.

Il y a des livres dont on se souvient. Des livres dont le titre, prononcé au détour d'une conversation bien des années après que nous ayons tournée la dernière page, fera surgir en nous un souvenir vif, brillant, intact.

Parce qu'ils ouvrent une porte ou en referme une autre, ils modifient notre rapport au monde, ils tracent un sillon, ils laissent une empreinte.

« Dans la forêt » pour moi, sera vraisemblablement de ceux-là.

Un livre à part.



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