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Citations de Jean-Marie Laclavetine (147)


Jean-Marie Laclavetine
« Le droit de l'auteur, c'est avant tout celui d'être lu. »
interview dans Libération - 11 Novembre 2000
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Alain Schifres

Maurice

Il feuillète mon passeport comme si c'était le Nouveau Testament. Il montre la photo et demande qui est ce type. Je lui dis que c'est moi, qu'il s'agit d'un Photomaton. avec Photomaton, vous n'avez pas du tout l'air en voyage d'affaires, mais condamné à errer de par le monde sans sépulture. (p. 257)
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Existes-tu moins que moi, moins que nous, moins que ceux qui restent ? Es-tu vraiment moins vivante que les vivants ? Ce n’est pas l’impression que j’ai en regardant beaucoup d’entre eux. Tu as fait un passage parmi nous entre le 3 mai 1948 et le 1er novembre 1968. Ce n’est pas énorme, vingt ans, mais c’est assez pour se révéler inoubliable, même quand on n’est pas Rimbaud qui à cet âge avait déjà rangé ses crayons et bouclé sa valise, balancé aux orties ses poèmes et ses frasques pour s’en aller chercher ailleurs le lieu et la formule ; même quand on n’est pas Alexandre qui à ton âge avait déjà fondé la moitié d’un empire ; même quand on s’est contentée de naître, de semer quelques éclats de rire et quelques coups de gueule avant de mourir par inadvertance un jour de Toussaint, avalée par une vague vorace sur les rochers de la Chambre d’Amour.
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Je ne crois pas à la vertu réparatrice de l'écriture. La littérature ne répare pas, elle rend possible une autre vie, elle permet aux flux vitaux confinés dans 'obscurité de recommencer à circuler, de passer d'un corps à l'autre d'un cœur à l'autre.
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L'épreuve l'avait fortifié. Il sentait qu'à l'avenir il profiterait mieux de l'exemple de ses parents : tout cela était arrivé à cause d'un excès de confiance dans le genre humain. La vie nous offre bien des occasions d'apprendre ; il suffit de savoir s'en saisir.
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"Ne vous inquiétez pas, il n'est pas chargé" : ce furent ses dernières paroles.
Ensuite, il fallut lessiver les tapis et les boiseries. Le corps humain contient des produits salissants, on ne s'en rend pas compte quand tout se tient; c'est la séparation, là encore, qui est à craindre.
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comme tu as gagné un peu d’éternité à apparaître dans un livre, Annie. J’ai su que dès le lendemain je pourrais partager ma lecture, en parler fiévreusement à mes proches, que je pourrais lancer mes mousquetaires au galop sur les l’amitié. Voilà ce qui rend la littérature supérieure à la vie ordinaire : elle offre des territoires sauvages, inviolés, où l’on se promène dans une solitude enivrante ; mais on y est relié à l’humanité entière, tout peut y être partagé, la solitude y est peuplée, traversée par d’innombrables ruisseaux de vie, ce voyage est sans fin. L’enthousiasme que nous ressentons à la lecture de grandes scènes de la littérature ne vient pas seulement de leur qualité esthétique, mais aussi de ce qu’elles nous font prendre conscience, soudain, que nous sommes capables de grandes émotions : nous avons ce trésor en nous, que l’existence ordinaire enfouit sous la banalité des heures, et c’est un trésor partagé entre les êtres, entre les siècles. En se jetant sous un train, Anna Karénine nous rend plus grands, plus heureux, plus intelligents, comme Emma Bovary en avalant son arsenic ou Don Quichotte subissant les pires avanies et humiliations. Malheur, tristesse, joie, désir, amour, haine : en nous donnant à voir et à comprendre la vie dans ce qu’elle a de plus cru, de plus mystérieux aussi, la littérature nous hisse vers notre propre humanité. Les personnages des livres nous font toucher du doigt nos vérités intimes, ils nous prennent par la main, ils ne nous veulent aucun mal, rien de mauvais ne peut arriver par eux, ils nous guident et nous éclairent dans la nuit du réel. 23/24
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Je viens de parler au téléphone avec Daniel, cet ami dont je me suis engagé à écrire l’éloge funèbre, dans le cas où le hasard ne le chargerait pas de la corvée du mien.
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Mais oui, c'est dur, la vie des vivants, qu'est-ce que tu crois. On dirait que tu as oublié. Pourtant tu ne les épargnais pas non plus, tes personnages, si je me souviens bien. (p. 25)
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Cyril jette un oeil, à gauche, sur la pile de manuscrits en souffrance. Comme chaque matin, Blanche, fidèle compagne de labeur, est allée chercher à la loge du concierge, à l'aide d'une brouette achetée à Bricojardin aux temps héroïques de Fulmen, la pile branlante de nanars que le facteur, tous les matins, livre dans un sac de jute.
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On ne peut se fier à la mémoire,qui a tendance à faire équipe avec l’imagination pour bricoler un passé présentable.
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- Vous sentez bon, dit-il en fermant les yeux [...], vous sentez les livres...
Céleste éclate de rire.
- Les livres sentent le papier, l'encre, la poussière !
- Mais non, les livres sentent bon ! Vous n'avez jamais pensé aux odeurs que renferme chaque livre ? Le livre que vous m'avez prêté, par exemple, contient des milliers de parfums différents : il sent le feu de bois, le tapis de Turquie, le pouding de Mame Jelyby, la pluie sur la terrasse, le chèvrefeuille, le rôti de bœuf, l'odeur du savon sur les joues des femmes... Et dans chaque livre, un monde d'odeurs différentes !
- Et je sens tout ça moi?
(Céleste et les garnements)
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Jean-Marie Laclavetine
Vincent aimait par-dessus tout ces longues conversations dans la tranquillité de l'habitacle. Il entendait Pumblechook lui répondre de sa voix tantôt ferraillante, tantôt flûtée, se laissant parfois aller à des péroraisons sur la supériorité des bêtes à plumes, ou à des homélies pleurnichardes sur le dangers de l'amour, qui rendaient son maître pensif. Mais ce soir, le perroquet, mal remis de sa crise, se cantonnait dans un silence maussade, grignotant à contrecoeur les morceaux de la biscotte émiettée dans la coupelle.
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Je ne crois pas à la vertu réparatrice de l’écriture. La littérature ne répare pas, elle rend possible une autre vie, elle permet aux flux vitaux confinés dans l’obscurité de recommencer à circuler, de passer d’un corps à l’autre, d’un cœur à l’autre. Elle est la vie, le sang qui court, elle n’évite ni les maladies, ni les contagions, ni les douleurs. (Page 76)
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Le spectacle de l'amour est insupportable. On préfère avoir des raisons de plaindre les gens plutôt que de contempler leur bonheur.
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La littérature a peut-être du moins ce pouvoir de réunir ce qui se disperse,d’assembler ce qui s’eparpille au vent des destinées singulières,de coudre ensemble les lambeaux épars que la mémoire accroche dans les recoins de nos consciences.
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Cependant, on ne raconte pas une enfance. C'est elle qui se raconte, non dans le brouillard des mots, mais dans la forme du visage, dans le mouvement des mains, dans le regard qui fuit ou qui cherche, dans chacun de ces innombrables et précieux faux pas de l'enfant devenu adulte, laissant entrevoir une vérité qui rechigne à l'oubli : cet enfant que nous avons été, que nous sommes, que nous serons, que nous passons notre vie à regretter ou à espérer, et que nous habitons.
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Nous sommes très forts en effacement : Une famille de gomme (p 15)

Cinquante ans plus tard, je me penche au bord du puits noir, mais aucune vérité n’en sort. Le silence a rongé celle qu’il était censé préserver. (p 19)

Comme on voit, je suis un athlète de l’amnésie, mais c’est une discipline dont les champion laissent forcement des traces dans l’histoire : on les oublie. (p 29)

Mon père, quarante-cinq ans plus tard, devient blême et mutique quand tu surgis dans la conversation. Un deuil qui ne se fait pas et laisse fantôme errant parmi les vivants. Et moi j’ai du mal à vivre. … (p 32)

On ne peut pas se fier à la mémoire, qui a tendance à faire équipe avec l’imagination pour bricoler un passé présentable. (p 36)

Que nous reste-il du passé, que pouvons-nous récupérer en pêchant au petit bonheur dans l’eau profonde des souvenirs ? (p 54)
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Je pense à cette histoire des Parisiens qui admirent, sur les quais d’un port breton, le travail des femmes en train de ravauder les filets. « Vos maris vont bientôt repartir ? » « Dame oui. Ils sont là depuis une semaine, ils repartent demain matin pour six mois. C’est toujours comme ça. » « Mon Dieu ! L’attente doit être interminable ! » « Mais non, pensez donc. Une semaine, c’est vite passé. »
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de Serge Rezvani

La Complainte du réfugié
Chanson

il est né bien loin de la France
Il était né dans un lointain pays
Où l'on rêve de la France
Comme du seul pays promis

dans son pays si loin de la France
Ses amis se mouraient en prison
Lui seul avait eu la chance
de réussir son évasion

Mais en fuyant vers la France
Il ne savait pas y trouver
Cette déception cette souffrance
D'être si violemment rejeté

Ce doux pays cette doulce France
Dont le passé donnait espoir
A ceux qui croyaient vaincre
L'intolérance
Mais suffit-il de le vouloir ?

Car pourtant c'est grâce à la France
Qu'en tous pays on a pu croire
En la victoire de l'intelligence
Car il n'y a pas d'autre victoire

Dans les prisons si loin de France
Dans les bagnes c'est ce savoir
d'une Liberté venue de France
Qui sauve les gens du désespoir

Alors pourquoi débarqué en France
L'avait-on tout de suite mis à l'écart
Frappé menotté avec violence ?
T'as rien à foutre sur not' territoire

Sans attendre jeté hors de France
Sur un charter aussitôt embarqué
Enchaîné baillonné sachant d'avance
Qu'à l'arrivée il serait fusillé

Voilà comment par la doulce France
Donneuse d'espoir en la Liberté
En les Droits de l'homme l'espérance
D'un réfugié a été trompée ( p. 255-256)
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