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Citations de Jean-Paul Dubois (1854)


Il faut bien comprendre ce qu’est véritablement un chantier lorsqu’on l’assume seul. Du point de vue du travail et de la tension, cela correspond à peu près à la gestion simultanée d’un contrôle fiscal, de deux familles recomposées, de trois entreprise en redressement judiciaire et de quatre maîtresses slaves et thyroïdiennes.
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Tant de choses se mélangent que l'on finit par ne plus savoir ce que l'on souhaite vraiment, la mort en ce qu'elle apaise l'angoisse, ou simplement encore un peu de vie, parce qu'on ne sait jamais.
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Sylvestre c'était un des types les plus gentils de la prison, pas agressif pour un rond et qui passait son temps à s'excuser. C'est sûr, il était haïtien, et alors ? Ils passent quand même pas tous leur temps à souffler dans le cul des poulets, les Haïtiens.

Thetford Mines - p 77-
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Elle disait souvent qu'il n'y avait rien de plus normal que d'accepter ce dialogue avec les défunts qui vivaient désormais dans un autre univers. "Nos ancêtres poursuivent une autre existence. Et si on les enterre avec tous leurs objets c'est pour qu'ils puissent, ailleurs, poursuivre aussi leurs activités."

La prison de la rivière- p 17 -
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J’avais 44 ans, la vie sociale d’un guéridon, une vie amoureuse frappée du syndrome de Guillain-Barré et je pratiquais avec application et rigueur un métier estimable mais pour lequel je n’étais pas fait.
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Il est très difficile de s’occuper d’un immeuble et d’une femme en même temps, de choyer une vingtaine de veuves tout en cajolant une épouse.
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J'aime la géographie des voyages, celle que l'on traverse à pied, à hauteur d'homme, instruit par les déclivités, la fatigue des jambes et le caprice des cieux. Beaucoup moins celle des livres enluminés de graphes et de data.
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(Veille du 25 décembre, à la prison) Ici, la nuit venue, un prêtre déclassé viendra dire en vitesse une messe réglementaire pour les amateurs de génuflexions, et sans y croire vraiment, promettra à chacun d'être, un jour, assis à la droite de son créateur, avant de filer au plus vite respirer l'odeur juvénile d'une chorale d'enfants de chœur.
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Les célébrations catholiques m'ont toujours semblé surgir d'une autre époque, d'un autre monde, d'un âge sombre. Vêtus comme des empereurs incas, les célébrants marmonnent des incantations surjouées dans une langue morte, mélangent l'eau et le vin, bénissent un quignon de pain, et lors de la séquence dite de la "transsubstantiation" prétendent métamorphoser la vieille tranche d'azyme en une colombe divine.
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 J’ai compris assez tôt que le culte protestant était un sport peu exigeant, aux règles assez souples, débarrassé de la trame rigide et du carcan liturgique des catholiques.
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C'est à treize ans, et sans doute avec un certain retard sur mes congénères, que je découvris tout seul et grâce à Victor Hugo, le principe et le mécanisme de l'éjaculation. C'était un dimanche, et j'avais été consigné dans ma chambre pour lire plusieurs chapitres des Misérables afin d'en faire un résumé. Comme tous les garçons de mon âge, j'étais en permanence travaillé par un profond courant, une tension violente qui rôdait sans cesse dans mon bas-ventre. Pour calmer, ou tenter de maîtriser cette excitation chronique, j'avais pour habitude d'empoigner mon appendice qu'à la manière d'un voyageur impatient je triturais sans but. C'était à la fois agréable et terriblement frustrant. Et Hugo vint. Avec cette lecture sans fin. Ce dimanche divin. Cette fois-là, au bout de l'érection - mécanique simpliste dont je percevais parfaitement les lois -, se produisit ce phénomène brutal, archangélique et mystérieux : l'éjaculation. Avec sa fulgurante émission de liqueur et cette terrifiante et radieuse sensation de douce électrocution. Tel un pèlerin transfiguré, j'eus alors la révélation que je ne vivrais plus désormais que pour connaître encore et encore ce frisson, que c'est après lui que le monde courait, qu'il faisait tourner la Terre, qu'il engendrait des famines, suscitait des guerres, qu'il était le vrai moteur de la survie de l'espèce, que les séismes délicieux de ces glandes pendulaires pouvaient à eux seuls justifier notre existence et nous encourager à reculer sans cesse l'heure de notre mort. Donc à partir de Hugo, tel un vrai misérable au regard des lois catholiques, je me branlais comme un forcené, un évadé de cette petite France mortuaire. Je me branlais en regardant des speakerines de télévision, des catalogues de vente par correspondance, des magazines d'actualité, des publicités avec des filles assises sur des pneus, bref n'importe quelle image pourvu qu'elle me révélât une part de chair féminine.
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Rebecca était catholique. Je dirais qu'elle appartenait au club mais sans le moindre fanatisme. Elle pratiquait discrètement, un peu comme on va à la salle de sport, une fois par semaine pour s'entretenir. Peut-être quelques génuflexions, des signes de croix par-ci par-là, une confession de temps en temps, tel était le secret de sa forme religieuse.
(pages 75-76)
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Nous sommes allés boire un verre dans un café du quartier cubain accompagnés par le chien. Il y avait de la musique américaine, du tabac de Virginie, des bières mexicaines et du café de Colombie. De jolies filles riaient en dévoilant leurs dents faites pour mordre dans la vie. Elles portaient des robes latines confectionnées pour danser et qui ne dissimulaient qu’une infime partie de leur corps.
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"Il ne faut jamais se tromper de vie. Il n'existe pas de marche arrière ."
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Chaque enfance fabrique ses légendes.
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Je n'aime pas les cimetières français. Ils sont laids, cimentés, marbrés, bétonnés, faits pour durer des siècles. Pas d'arbres, pas de terre ni la moindre verdure. Des croix debout, couchées, inclinées, partout des signes de croix. Et des fleurs de cellulose, des bouquets en PVC, des pétales de polyvinyle. La misère du monde qui s'ajoute à la tristesse. Ce n'est quand même pas compliqué d'offrir un bout de terre et un arbre à chaque mort. Et venir de temps en temps regarder prospérer la forêt. La France est un endroit où il ne fait pas très bon vivre et encore moins mourir.
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Je pense à la mémoire, à son emprise accablante, à ces lests écrasants qu'elle dépose en nous avec une constance désarmante.
Parfois lorsque je suis en haut, à ma table, ou dans mon lit, à attendre le sommeil, je la sens se glisser à mon côté, serpent à l'épiderme glacial, afin de m'infliger les films de ses archives, tout ce que je n'aurais pas dû voir, tout ce que je redoutais d'entendre, le sang de mon enfant, les lèvres mortes de ma mère qui pour la première fois ne me rendent pas mon baiser, mon père qui pleure dans sa voiture, Gladys qui part de la maison.
Et moi, greffier calamiteux, prenant note de tout cela, je mentionne les détails, répertorie les morts, et surtout, immobile et vivant, je continue de me souvenir encore et encore dès que tombe le soir et tarde le sommeil.
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t'as déjà pigé le truc de l'infini, toi ? moi, jamais. Un truc qui finit pas ça rentre pas dans ma tête. C'est obligé qu'il y ait une fin quelque part. Simplement on y est pas encore allé. Sauf que si tu y arrives, au bout, c'est obligé, tu te poses la question : y a quoi après le bout ? Un bout sans fin ? Et c'est reparti.
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Il y a une infinité de façons de gâcher sa vie.
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L’asphyxie aux gaz d’échappement était la façon la moins agressive et la plus radicale de prendre congé de l’existence. J’ai lu qu’à 2% de CO2 dans l’air, la respiration devient plus ample. A 4%, elle s’accélère. A 10%, on transpire, des tremblements apparaissent et la vue se brouille. A 15%, on perd connaissance et ensuite, au-delà de 20%, le cœur s’arrête, la respiration avec lui, et toute la mémoire des joies, des odeurs, des sentiments des habitudes, les clés de la voiture, l’heure de la montre, les résultats sportifs, toutes ces choses qui nous relient au monde, toute cette splendide médiocrité qui fait une vie, tout cela s’arrête définitivement.
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