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Citations de Jean-Paul Dubois (1854)


Jean-Paul Dubois
Je vois la vie comme un exercice solitaire, une traversée sans but, un voyage sur un lac à la fois calme et nauséabond. La plupart du temps nous flottons. Parfois, sous l'effet de notre propre poids nous glissons vers le fond. Lorsque nous le touchons, lorsque nous sentons sous nos pieds la substance vaguement molle et écœurante de nos origines, alors nous éprouvons la peur ancestrale qui habite tous les têtards voués à l'abattoir. Une vie n'est jamais que ça.

UNE VIE FRANÇAISE, Valéry Giscard d'Estaing.
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" Dans la vie tu dois faire ce que tu as à faire, sans te dérober. Et quand une porte se ferme, une autre s'ouvre..."
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Le pasteur m’attendait au terminus. Rajeuni, il avait l’air d’un Danois épanoui en villégiature.
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J’ai compris très tôt que mon père ne serait jamais un vrai Français, un de ces types convaincus que l’Angleterre a toujours été un lieu de perdition et le reste du monde une lointaine banlieue qui manque d’éducation.
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Pour tromper mon ennui, le soir, il m’arrivait de ranger ma discothèque où s’entassaient un millier de disques de vinyle et quelque deux cent cinquante CD. Cet exercice relevait à la fois du cérémonial et du casse-tête. J’hésitais à les classer par genres – ce qui n’était jamais très confortable pour trouver rapidement un musicien -, ou par ordre alphabétique – choix qui offrait l’avantage de la simplicité, mais manquait singulièrement de style. La plupart du temps, j’optais pour une classification hybride, irrationnelle, dans laquelle j’associais des artistes pour d’obscures raisons personnelles. Ainsi s’il était assez cohérent de placer côte à côte Tom Waits et Rickie Lee Jones, ou encore Herbie Hancock, Jeff Beck et Chick Corea, j’aurais compris que l’on me demandât des comptes sur le fait d’apparier Jimi Hendrix, Johnny Guitar Watson, Stevie Ray Vaughan et Stevie Wonder. Dans ce désordre raisonné, je réunissais en petit bloc mes musiciens préférés ou mes marmottes du moment : à ce titre Curtis Mayfield, Keith Jarrett, Bill Evans, Chet Baker, Miles Davis et Charlie Haden côtoyaient Chico Debarge, Tony Rich, Babyface, Maxwell et D’Angelo. Lorsqu’un brin de lucidité s’emparait de moi, ces manies de vieux, ces attitudes compulsives m’effrayaient, et je songeais que je passais sans doute plus de temps à classer et reclasser ce trésor musical qu’à l’écouter.
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Je ne porte plus de sous-vêtements depuis ma petite enfance. Ces toiles et cotons superfétatoires m'ont toujours gêné. Leur contact m'est extrêmement désagréable. Aussi je n'oublierai jamais la décharge érotique que ressentit Laure lorsqu'elle découvrit ce bien modeste particularisme. Il symbolisait pour elle une forme de disponibilité sexuelle et la changeait de ses habitudes matrimoniales, "Tu connais François, prude comme un moine. S'il pouvait, des slips, il en mettrait trois." Vivre tous les jours sans culotte était pour elle le comble du libertinage, l'alpha et l'oméga du stupre, de la luxure et de la débauche. J'étais le premier homme de cette sorte qu'elle rencontrait et cela lui fouettait littéralement le sang.
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Jean-Paul Dubois
J’ai réalisé, à force, que la position d’immobilité met en capacité de réfléchir et de travailler intensément. Ma mémoire, soumise à ce temps compressé, fait remonter des informations que je ne soupçonne pas, elle restitue ce qu’elle a filtré et stocké. Je pars alors de quatre ou cinq idées fortes qui m’ont marqué pendant les mois que j’ai passés à ne rien faire : le temps m’a permis de les ruminer, de les travailler comme un minerai de base.

Le Monde - 3 février 2017
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Patrick m’instruit des conduites à tenir face à un évaluateur. « C’est pas compliqué. Tu lui dis juste ce qu’il veut entendre. Des trucs simples. Je regrette à mort ce que j’ai fait. Et je reconnais que j’ai dépassé les limites. En plus je n’ai aucune excuse. J’avais des putains de parents nickel qui m’ont pas élevé comme ça. Voyez, je crois que la prison m’a fait du bien. Ici, j’ai appris le respect et on m’a remis les yeux en face des trous. Je crois que je suis prêt à sortir et à faire une vraie formation. J’aimerais bien conduire des bus. Si tu sens pas le bus tu le remplaces par ce que tu veux. Ce qu’il faut, c’est que l’autre saucisson soit content, qu’il ait l’impression que tu t’es mis en slip devant lui et que tu es prêt à servir. Tu vois bien le truc ? La règle elle est super simple : tu dois le convaincre que t’as rien dans le calcif. »
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Les inégalités de la vie sont généralement reconduites et confirmées par voie de justice jusque dans notre mort (p. 163).
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Jean-Paul Dubois
Les choses sont ainsi faites qu'on n'aime jamais vraiment que les salopards.
de Louise Brooks
P 139
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- Hubert, est-ce qu'il peut t'arriver de faire une phrase complète sans dire une grossièreté ?
- Ma chère Odile, ex-socialiste, néo-gaulliste et future quoi, chabaniste ? pompidiste ? edgar-fauriste ? je vais te dire une bonne chose : un vichyste comme moi - puisque tu aimes tant rappeler ce point d'histoire -, qui se l'est fait mettre aussi souvent et aussi profond par ton cher général, peut bien, en contrepartie, le traiter, de temps en temps, de tapette de garnison, non ?
- Moi, en tout cas, je suis d'accord avec ma soeur, trancha Suzanne. Je trouve que de Gaulle a parfaitement posé le problème : le temps de la réforme est peut-être venu - je dis bien peut-être -, certainement pas celui de la chienlit.
Et c'est alors que je lançais cette réplique qui, pour manquer politiquement de substance, recouvrait une certaine réalité :
- Oui, mais, justement, nous, ce qu'on aime, c'est le bordel !
Tout le monde se tourna vers moi comme si je venais de lâcher un énorme pet sonore.
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La médecine a perdu son âme depuis que pour prendre la fièvre on n’utilise plus de thermomètre anal.
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« Après-demain, 24 décembre, cela vous convient ? Alors, 11 heures au crématorium. C’est la meilleure heure. » Je n’ai jamais compris ce que cet employé des pompes funèbres entendait par là. Y avait-il vraiment une « meilleure heure » pour être réduit en cendres ? Cela avait-il un rapport avec la qualité de la combustion, plus efficace en fin de matinée ? L’excellence du public, l’affluence, des gens plus disponibles aux alentours de midi ? Le flux lacrymal, rechargé par une bonne nuit de sommeil, davantage apte à charrier des flots de chagrin ?
On allait donc mettre mon père au four à « la meilleure heure » pour un tarif de base. La mort, parfois, savait tenir son rang.
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"Ce bateau ne te lâchera jamais. Il est comme ma femme. Ce que je veux dire par là c'est que tu l'auras toujours sur le dos".
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Jean-Paul Dubois
Je n'attends rien des autres, j'attends énormément de moi. Je n'ai rien à attendre et puis je n'aime pas attendre. Je n'aime pas attendre des autres parce que ça sous-entend qu'on se doit quelque chose, et ils ne me doivent rien. Je suis sceptique sur le concept « des autres » parce que, c'est idiot ce que je vais vous dire, mais j'ai été frappé pendant cette crise de voir que la première réaction, que ce soit à Sydney, à Londres, à Paris, à New York, ait été de se battre physiquement pour du papier toilette, et que la première réaction, lorsque le confinement a été levé et qu'on a demandé aux gens à quoi ils rêvaient, ils ont répondu : « Aller chez le coiffeur ». C'est idiot. Je n'attends rien des autres, de ces autres-là qui rêvent de vivre avec un rouleau dans une main et une raie bien faite sur la tête. Je pense qu'il vaut mieux se débrouiller tout seul avec le peu qu'on a. (...)
______

• France Culture, Arnaud Laporte (producteur de La Dispute et des Masterclasses), s'entretient avec l’écrivain Jean-Paul Dubois.
>> https://www.franceculture.fr/emissions/imagine-la-culture-demain
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"|...] La vie, c'est comme les canassons, fils : si elle t'éjecte, tu fermes ta gueule et tu lui remontes dessus tout de suite."
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Depuis que le monde était monde, il y avait toujours eu deux façons de le considérer. La première consistait à le voir comme un espace-temps de lumière rare, précieuse et bénie, rayonnant dans un univers enténébré, la seconde, à le tenir pour la porte d'entrée d'un bordel mal éclairé, un trou noir vertigineux qui depuis sa création avait avalé 108 milliards d'humains espérants et vaniteux au point de se croire pourvus d'une âme. La médecine ne traitait pas ce genre de questions. Pour elle, l'ongle incarné primait toujours sur l'herméneutique. Comme disait l'un de mes professeurs pour casser les reins de quelques internes pressés d'en découdre : "Nous ne sommes là que pour assurer une zone de moindre inconfort entre les griffes du forceps et celles de la broyeuse."
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Peut-être ai-je par moments le cerveau qui boite légèrement.
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Il y aurait tant à dire sur cet apprentissage silencieux du bonheur. Ce qu'il apporte comme assurance et équilibre. Mes tuteurs m'ont astreint aux exercices inverses, ceux qui vous apprennent à vous verrouiller de l'intérieur, à ne rien attendre, rien espérer, à vivre "on your own" comme disent les Anglais, qui peut se traduire par "sur tes ressources", en n'oubliant jamais que derrière cette expression déjà déplaisante à prononcer se cache un sous-texte qui te précise "sans compter sur l'aide de quiconque". Vivre "on your own" ne mène jamais très loin. L'usage du monde rétrécit année après année, et les ressources diminuent. [...]
L'amour s'apprend par capillarité. Au jour le jour. En un goutte-à-goutte silencieux qui se délivre sous nos yeux. L'enfant apprend avec les yeux. En reniflant les molécules qui flottent dans l'air, quand il voit la main de son père caresser la nuque de sa mère, la bouche de sa mère embrasser le cou de son père, quand il observe tout cela, il sait que c'est bien, que c'est bon, qu'on peut appeler ça l'amour ou comme l'on veut, mais que c'est agréable d'être avec quelqu'un qui un soir vous dit : " Tu es mon amour et moi le tien, ça tombe bien."
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En pénétrant dans cet endroit avec Nouk et mon Indienne magique, je n’aurais pas été autrement surpris si, à cet instant, une petite horde de loups, ceux-là mêmes qui nous ont appris à parler et à nous tenir en ce monde, avait poussé la porte pour venir partager avec nous un verre de bienvenue.
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