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Critiques de Jeanette Winterson (192)
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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Jeanette Winterson revient sur son enfance.

Adoptée, elle sera maltraitée par sa mère, pentecôtiste rigoriste, et négligée par son père qui fermera les yeux.

Il y a beaucoup de solitude dans ce récit.

Malgré cette violence, elle arrive à mettre de l'humour en racontant son histoire.

Son homosexualité est abordée et rendra sa mère folle. Ce joli titre "pourquoi être heureux quand on peut être normal" sera une phrase prononcée de manière édifiante par celle-ci.

Puis, elle saute 25 ans de vie sans prévenir et, à la cinquantaine, elle part sur les traces de ses origines et de ses parents biologiques.

Le récit est assez inégal, le regard est distancié presque froid et le style un peu répétitif.

Une autobiographie intéressante mais sans plus.

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La Faille du temps

« Un soir après l’entrainement, ils eurent un rapport sexuel. C’était un cliché. Douche. Érection. Trois minutes de branlette. Pas de baiser. Mais le lendemain, Leo embrassa Xeno dans l’abri à vélo. Il l’embrasse et lui caressa le visage. Il essaya de dire quelque chose mais il ne savait pas quoi. Ce qui était typique de sa part. De toute façon, Xeno était un peu comme une fille, pensa Leo. »



Passionnée par la pièce de Shakespeare, Le Conte d’hiver, Jeanette Winterson en fait ici une réinterprétation et nous en offre une version contemporaine. N’ayant pas lu l’originale, je me suis donc lancé exempt de tout préjugé.



Cette histoire m’a particulièrement marqué par son triangle amoureux, à la fois classique et étonnant de modernité, formé par Léo, Xeno et Mimi. Deux garçons, une fille, trois possibilités. Mais une situation compliquée ne va pas sans complications. Alors quand la jalousie s’empare d’un des personnages, comme un cancer qui le ronge de l’intérieur, la spirale devient infernale. La partie la plus intéressante du roman à mon sens. Jalousie maladive pour ne pas dire folie, haine envers l’être autrefois aimé, amitié brisée et rejet d’un petit être qui n’a pas pourtant demandé à venir au monde…



Après un bond en avant dans le temps, on retrouve une jeune femme qui a été abandonnée bébé. Et si…



« Le passé est une grenade qui n’explose que quand on la lance. »



Après avoir adoré Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?, j’ai pris un immense plaisir à retrouver le style direct et plein d’humour de Jeanette Winterson. Une nouvelle tragédie qui, si elle n’est pas directement inspirée de sa vie cette fois, y trouve de nombreux échos : choix de vie, abandon, adoption, pardon. Si quelques longueurs auraient pu me perdre, elle a toujours su me rattraper au point que je replongerai sans hésiter dans La Faille du temps.



« Ils reprirent leur marche. Ils parlèrent de la vie comme flux. Du vide. Et de l’illusion. De l’amour comme théorie entachée par la pratique. De l’amour comme pratique entachée par la théorie. Ils parlèrent de l’impossibilité du sexe. Le sexe était différent pour les hommes ? Avec des hommes ? Qu’est-ce que cela faisait de tomber amoureux ? De tomber en désamour ?

Et pourquoi est-ce qu’on tombe, d’abord ? »





Merci à Babelio et aux Éditions Buchet-Chastel !


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Les Oranges ne sont pas les seuls fruits

La narratrice de ce récit découvre son homosexualité dans une famille protestante ultra-religieuse et conservatrice. Autant dire qu'une telle découverte, si elle a de quoi en déstabiliser plus d'un car le fait "d'être différent" en soi peut faire peur. Mais dans un contexte où seule compte la parole de Dieu telle qu'elle a été interprété il y a quelques centaines d'années... Le défi semble de taille !

La structure du roman, découpé en chapitres qui portent les noms de différentes sections de la Bible reflète l'omniprésence rigoriste des préceptes religieux dans cette famille.



Ce roman était cité dans plusieurs articles et listes pour les lectures LGBTQI, une thématique que je lis très peu pour ne pas dire pas du tout, et il y avait longtemps que je n'avais pas lu Jeannette Winterson.

Ce qui m'a frappée c'est que j'avais de très bon souvenir de cette romancière, mais là, je n'ai pas vu où l'auteure nous emmenait ni l'intérêt d'une structure post-moderniste dans un tel récit. Peut-être était-ce l'effet découverte de ce style d'écriture qui m'avait plu à l'époque de l'université ; mais aujourd'hui avec ce roman j'ai eu la sensation que le récit n'avançait pas et ne m'interpellait aucunement. Les scènes du roman ne font que recycler sous différents angles la bigoterie des parents imposés à leur enfant dans l'éducation, les loisirs et tous les pans de leur vie, et ce n'est pas ce que j'en attendais.



Finalement cette lecture m'aura appris que certains livres lus à une période de nos vies peuvent nous laisser de fortes impressions et nous inspirer une absence d'intérêt quelques années plus tard.
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La Faille du temps

Défi o combien ambitieux que celui de Jeanette Winterson- visiblement une commande de son éditeur anglais- de revisiter une pièce de Shakespeare conte d’hiver en version moderne, dans un univers résolument contemporain.



Cette transposition d’une œuvre de Shakespeare connue mais que le commun des mortels ne connait pas forcément avec des personnages et un environnement d’aujourd’hui est une excellente idée sur le papier, mais qui peine quand même à prendre tout son sens à la lecture de cette faille du temps

N’ayant pas lu la pièce originale, j’ai été un peu perdu dans cette version contemporaine, malgré les clés que nous donne la romancière à certains moments de son roman pour situer le contexte du texte de Shakespeare

C’est parti pour un univers très singulier, métaphorique où il est questions d’ange, de rédemption, de jazz, de tempête, de bébé abandonné et de cas conscience dans un patchwork que les non initiés auront un peu de mal à en saisir toutes les subtilités .. Et où l’auteur prend visiblement pas de distance et un peu de provocation avec l’œuvre de départ…

Le livre plaira assurément aux étudiants en littératures et ceux qui connaissent l’œuvre de Sir William sur le bout des doigts, les autres dont je fais partie trouveront certainement le propos louable et fort ambitieux, mais trop érudit et abscons pour être vraiment touché et ressentir un vrai plaisir de lecture.



Malgré un avis mitigé, on remerciera comme il se doit Babelio et les éditions Buchet-Chastel pour la découverte de ce roman dans le cadre de la masse critique .





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La Faille du temps

J'attendais beaucoup de cette lecture, mais malheureusement cela ne l'a pas fait!

Je me suis ennuyée.

La plume est agréable, la référence aussi, mais trop lent pour que j'arrive à me plonger dans cette adaptation.
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Garder la flamme

Première découverte de cette auteure, et grâce à elle, je suis partie en voyage, bien au delà de l’Écosse.

Petite fille orpheline, Vif-Argent sera recueillie par Pew, un homme aveugle qui garde le phare de Cap Wrath. Pew lui racontera alors des histoires, toutes plus fantasques les unes que les autres: on part à la rencontre du Docteur Jekyll ou de Darwin. Une fois adulte, Vif-Argent racontera, elle aussi, d'autres histoires, un peu folles, pleines de mystère.

On se retrouve dans une ambiance imaginaire, marginale ou sensuelle. L'écriture de Jeanette Winterson est fluide, poétique et atypique, avec un brin d'humour parfois.

Un véritable conte émouvant, surprenant et touchant.

Un roman plein de fraicheur et d'amour et, bien sur, de très belles histoires envoutantes.

Une fable assez difficile à critiquer, à part tout simplement dire que les contes ne sont pas faits que pour les enfants.

A découvrir.

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La Faille du temps

Ayant remarqué que plusieurs romans récentes étaient des transpositions modernes d’œuvres de Shakespeare, c'est tout naturellement qu'après Vinegar Girl dont j'ai bien aimé l'originalité et la subtilité qui s'en dégagent, que j'enchaine sur la Faille du temps, reprenant pour celui-ci le thème du Conte d'hiver .



Cette fois, Jeanette Winterson a l'excellente idée de présenter en introduction un résumé de l’œuvre de Shakespeare , le fil de l'intrigue est ainsi mis en place mais paradoxalement cela a parasité ma lecture en enlevant l'effet surprise ...



Adaptation à notre époque en Nouvelle Bohème dans le Sud des États Unis avec comme personnage central , Perdita, recueillie lorsqu'elle était bébé par Shep et son fils Clo.



La première partie du roman raconte comment la petite fille se retrouve dans une boite à bébés , victime de la folie de Léo , un homme d'affaires persuadé qu'il n'est pas le père du bébé , jaloux de la relation d'amitié entre son ami d'enfance Xeno et sa femme Mimi, une chanteuse de cabaret .



La deuxième partie se déroule 16 ans plus tard lorsque la route de Perdita croise celle de Xeno .



Voilà un résumé très sommaire , l'intrigue est beaucoup plus complexe et les personnages gravitant autour du passé de Perdita sont torturés et malheureux, même Shep , un homme bon a aussi besoin de trouver le pardon .



Sur fond de musique , la Faille du temps explore aussi des mondes oniriques où les anges perdent leurs plumes , ce sont parmi les passages que j'ai préféré ...



Jeanette Winterson finit ce roman en nous faisant part de sa passion quasi obsessionnelle pour ce Conte d'hiver . Vraisemblablement faut-il mieux connaitre cette œuvre pour apprécier pleinement ce que l'auteur a voulu transmettre , mais je suis restée un peu en dehors .





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Les Oranges ne sont pas les seuls fruits

C'est pourtant bien parti, la Génèse de cette histoire m'avait embarquée par un style limpide et une plongée au cœur des années 60 du puritanisme américain. J'avais déjà le personnage de cette maman oppressive en horreur. Je plaignais cette pauvre Jeannette. Mais en voyant que tous les chapitres étaient construits sur le même modèle, espoir, déconvenue, frustration et finalement résignation. J'ai survolé la plupart du livre. Les seules parties intéressantes concernent la rencontre avec Mélanie et cet espoir très mortifère d'être un jour libérée du joug maternel et de celui plus pesant de l'atmosphère religieuse ambiante.

Loin d'être une philosophie positive de vie, la religion imprègne ici chaque page et se pose en carcan sociétal sous ses airs de promesse divine. Bref, une jolie déception pour une première lecture de cette auteure. J'irai lire L'horloge du temps, peut-être que le côté fantastique jeunesse atténuera l'écho des offices trop présent ici. J'ai aimé le style de l'auteure pourtant mais trop c'est trop.
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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Dans ce récit, Jeannette Winterson nous expose sa vie d’enfant adoptée par une mère obsédée par la Bible et l’apocalypse et un père sans caractère qui ne fait qu’obéir à sa femme.

« Le diable nous a dirigé vers le mauvais berceau » est la phrase qui rythme la jeune existence de la narratrice, en effet sa mère espérait le garçon du berceau d’à côté.

Jeanette va apprendre à vivre privée d’amour.



Très vite elle trouve refuge dans la lecture qui lui permettra de combler le vide de son existence.

Après que sa mère ait brulé tous les livres qu’elle avait cachés sous son lit, Jeanette lira à la bibliothèque l’intégralité du rayon littérature britannique en suivant l’ordre alphabétique.

A l’adolescence lorsque Jeanette avoue à sa mère son homosexualité et le bonheur qu’elle vit auprès de sa jeune compagne, sa mère lui lance cette phrase terrible :

« Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? »

De son enfance meurtrie jusqu’à l’âge adulte Jeannette Winterson saura trouver le chemin, sinon du bonheur, au moins celui de l’apaisement et nous prouvera que la lecture et l’écriture peuvent être les meilleurs des remèdes.





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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Une couverture et un titre qui m'ont fait de l’œil, une auteure que je connaissais pas, et au final une belle découverte, très émouvante, le récit d'une enfance douloureuse, volée «J'ai grandi comme dans tous ces romans de Dickens où la vraie famille est celle qu'on s'invente ; ces gens avec qui se nouent, dans la durée, des liens d'affection profonds deviennent votre famille.», mais aussi celui d'un combat, le combat d'une femme audacieuse, qui a puisé force et santé dans la littérature et la créativité, qui a su se libérer, se forger sa propre identité, prendre son destin en main «L'existence n'est qu'une question de seconde chance et tant que nous serons en vie, jusqu'à la fin, il restera toujours une autre chance.» et poursuivre son chemin, sa quête du bonheur, une quête qui «dure toute la vie et n'est pas tenue par l'obligation de résultat.»



Une introspection salvatrice pour l'auteure; car son histoire se dénoue dans le pardon et non dans règlement de compte ou la tragédie. «J'ai remarqué que pour moi le pardon était important. J'ai eu une vie assez mouvementée. Je savais que mes parents ne me pardonneraient jamais ce que j'avais fait, mais il est venu un moment où je devais leur pardonner. C'est un choix que j'ai fait, sachant qu'il n'y aurait pas de réciproque, et ne désirant peut-être pas qu'il y en ait.»



Jeanette Winterson nous livre une autofiction passionnante à la portée universelle.

Un très beau message d'espoir empreint d'une grande sensibilité.



«C'est vrai, les histoires sont dangereuses, ma mère avait raison. Un livre est un tapis volant qui vous emporte loin. Un livre est une porte. Vous l'ouvrez. Vous en passez le seuil. En revenez-vous ?»
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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Avoir été élevée par une mère adoptive totalement névrosée, mystique et perverse, quel fardeau! Mais Jeanette va apprendre que l'amour construit un être, et elle se sort de ses souffrances en écrivant, et en écrivant très bien!
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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Aux derniers mots de ce récit – autobiographique - , on referme le livre avec une envie irrépressible d'écrire. Jeanette Winterson y dessine un parcours de vie singulier – le sien - qui pourtant, trouve forcément un écho chez toute personne amoureuse de littérature.

L'auteure anglaise revient sur son enfance passée auprès de ses parents adoptifs à Accrington, petite ville ouvrière morne et grisâtre proche de Manchester. Entre un père effacé, indifférent à tout ce qui l'entoure et une mère tyrannique, la petite Jeanette étouffe. Pentecôtiste, madame Winterson impose à sa fille des principes rigides et de nombreux interdits. Aucune marque d'amour ne se dégage de cette femme égocentrée, qui aurait tellement préféré recueillir un garçon.

Cette enfance douloureuse donne à Jeanette une force incroyable, de la détermination, de l'audace et de l'ambition. Pour fuir cet odieux foyer et sa condition déplorable, Jeanette se réfugie à la bibliothèque où elle entreprend de lire le rayon entier de Littérature Anglaise par ordre alphabétique. La lecture lui permet de s'évader, de toucher du doigt une forme de liberté. Lire Shakespeare, Austen ou encore Virginia Woolf lui ouvre des horizons insoupçonnés. Grâce à sa volonté et son intelligence, elle parviendra à étudier à Oxford.

Alors que Jeanette tente de lui parler de son amour pour une jeune fille, et donc de son homosexualité, Madame Winterson lui balance au visage cette terrible phrase : « Pourquoi être heureux quand on peut être normal? ». Jeanette quitte le domicile familial vers des contrées plus favorable à son épanouissement. On assiste à son ascension sociale, ses succès littéraires et ses amours jusqu'à ce qu' une dépression terrible vienne l'assaillir. Elle ressent à ce moment-là le besoin viscéral de lever enfin le voile sur ses origines véritables, découvrir ses racines, pour mieux se connaître et aller de l'avant. Elle part alors en quête de sa mère biologique.

Si Jeanette nous raconte les souffrances de sa jeunesse, le ton n'est jamais pathétique. Le trajet parcouru est évoqué à travers de nombreuses anecdotes, où la fantaisie n'est pas exclue. Son texte est un ensemble de fragments, une sorte de puzzle qui se re-constitue au fil de la lecture. Le passé et le présent s'y côtoient sans cesse. C'est un livre sur la quête du bonheur, sur l'identité, sur l'amour, et sur la littérature salvatrice de bien des maux.


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FranKISSstein

« (…) l’intelligence artificielle n’est pas sentimentale – elle tend naturellement vers les meilleures solutions possibles. L’humanité n’est pas la meilleure solution possible. »

Après Marc Dugain et son roman Transparence, Jeanette Winterson propose sa version améliorée de l’homme du futur : un cerveau couplé à un corps robotisé. En d’autres termes, l’isolation céphalique avant que la mort cérébrale ne survienne, l’extraction des données neuronales et l’abandon des organes inutilisables pour une transformation minérale de l’être humain.

Le passé et le présent se chevauchent dans ce roman historico-futuriste, où l’on voit Mary Shelley dans les affres de la conception de son Frankenstein un soir de 1816 sur les bords du lac de Genève et Victor Stein, un chercheur spécialiste en cryogénisation, pour qui le corps humain se compare à « un assistant qui maintient le cerveau en vie », lequel, par extrapolation, doit être remplacé par un nouveau support, moins fragile et non putréfiable, pouvant être associé aux fonctions cérébrales. Deux créatures sorties de l’imaginaire humain s’interpellant à plus de deux siècles de distance.

FranKISSstein, lecture aussi divertissante que méditative et qui me réconcilie avec la plume de Jeanette Winterson…

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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Difficile pour moi de critiquer ce livre.

L’enfance de l’auteur a été impitoyable sous le joug de sa mère adoptive, une pentecôtiste intégriste.

Que d’errances et de questionnements pour penser avoir le droit au bonheur dans sa vie d’adulte !

Comment surmonter le traumatisme d’une telle enfance ?

Le pouvoir des livres et des mots lui a été d’un grand secours dès l’adolescence. Plus tard, la recherche de sa mère biologique aussi.

Si j’ai ressenti beaucoup de compassion pour elle, je n’ai pas aimé lire ce livre.

Je pense qu’il lui a été salutaire d’écrire tout ça, mais que ces lignes auraient du rester dans des cahiers personnels, et non dans un livre public.

Je me sens un peu à contre courant vu le nombre de critiques élogieuses, mais un malaise subsiste au-delà de la compassion.

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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Ce roman publié par la collection Points fait partie de la sélection pour laquelle j’ai l’honneur d’être jurée. Et premier coup de cœur 2014. Ce récit, une fois n’est pas coutume dans mes lectures, est autobiographique. Jeanette Winterson, femme de lettres anglaise, féministe convaincue depuis les années 70, auteur de nombreux romans, y raconte son enfance (disons-le atroce) vécue auprès d’une mère adoptive tyrannique et peu aimante dans le Manchester ouvrier des années 50/60. Cette dernière, fervente croyante, obnubilée par la fin du monde et les visions d’une apocalypse tant redoutée, n’aura de cesse de rejeter et humilier l’enfant, l’adolescente puis la femme qu’est Jeanette Winterson, étant persuadée que « sur le berceau de sa fille le diable s’est penché ». Ce rejet deviendra particulièrement violent lorsque qu’elle découvrira l’homosexualité de sa fille. Enfant mal aimée, rejetée, solitaire, peu liante et turbulente, c’est auprès des mots (la lecture puis l’écriture) que Jeanette Winterson apprendra à panser ses blessures, à survivre et à assumer celle qu’elle est aujourd’hui, être fragile et torturé, incapable d’aimer pense-t-elle et d’être aimée.



Ce récit est d’une grande sensibilité et d’une profonde honnêteté. Jeanette Winterson s’y livre sans concession, sans se ménager, assumant celle qu’elle est, cette femme non désirée (et par sa mère naturelle et par sa mère adoptive, ce double abandon qui l’a détruite) qui rejette à son tour. Ce qui est merveilleux dans ce roman est qu’en dépit de son enfance malheureuse, jamais l’auteur ne tombe dans le pathos ni le règlement de compte : elle conserve un regard empreint d’une certaine tendresse pour sa mère adoptive, être blessé qui n’a jamais su aimer. Et puis que dire de cette déclaration d’amour que Jeanette Winterson offre aux livres, seuls capables de la sauver, récit qui m’a touchée tout particulièrement, me tirant par moments quelques larmes. Ce rapport au mot sera la seule et unique compagne stable et solide dans sa vie chaotique, car d’une enfance malheureuse on ne sort pas indemne : Jeanne Winterson est indéniablement cassée, n'attendez pas de morale dans cette histoire, ce n’est pas du Dickens. Pourquoi être heureux quand on peut être normal est tout à la fois un hymne à la tolérance, un acte de survie, le récit d’une renaissance à travers les mots, une profession de foi envoyée à la vie. Tout simplement beau.
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La Faille du temps

« Après cinquante ans, nus découvrons

avec surprise et un sentiment

d'absolution suicidaire

que nos intentions et nos échecs

auraient pu ne jamais arriver -

et doivent être mieux réalisés.

« Pour Sheridan », Robert Lowell »



Jeanette Winterson revisite « Le conte d'hiver » de William Shakespeare. C'est donc l'histoire d'une enfant abandonnée, perdue que reprend l'autrice et qu'elle situe à notre époque.

Un court résumé du conte d'hiver original écrit par W. Shakespeare attend le lecteur en début du livre; place ensuite à l'adaptation contemporaine de Jeannette Winterson. On vole un peu à vue au début de l'histoire car il n'est pas chose aisée de resituer les personnages. Mais très vite la faille du temps se matérialise et nous happe jusqu'au dénouement. Quand l'ordre établi est bouleversé, que la jalousie nécrose et tourne à l'obsession, que la folie rôde, que le chaos est inévitable, que le désespoir s'invite ... il y a l'amour pour absorber la chute, réparer, réconcilier, sortir des torrents et cheminer vers la résilience.

Très belle histoire, modernisée avec talent, à mon avis.

J'ai beaucoup apprécié les mots de l'autrice en fin d'ouvrage qui éclairent sur son choix de reprendre cette grande oeuvre.



« J'ai écrit cette reprise parce que cette pièce m'habite depuis plus de trente ans. Elle m'habite parce qu'elle fait partie des écrits et de cet univers sans lesquels je ne pourrais pas vivre, une pièce en dehors de laquelle je ne pourrais pas vivre.Cette pièce parle d'une enfant trouvée. Et j'en suis une. Cette pièce parle du pardon et des futurs possibles - de la façon dont le pardon et le futur sont liés dans les deux sens. Le temps est bien réversible. »

Je lance un appel : Suis à la recherche de la vidéo de la mise en scène de Pierre Pradinas dans laquelle Romane Bohringer joue Hermione et est bouleversante. Cette pièce a été jouée à la cartoucherie en 2003. theatreonline/Le-Conte-d-hiver
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Les Oranges ne sont pas les seuls fruits

« Les oranges sont les seuls fruits, disait-elle toujours. »

Jeanette Winterson s'attache, dans ce roman à saveur autobiographique, à déconstruire les raisonnements fallacieux d'une mère adoptive, dont les préceptes religieux empreints de superstition, ont causé maints ravages psychologiques chez sa fille tout au long de son enfance et de son adolescence. « Si l'adultère spirituel existe, alors ma mère était une putain. »

Le récit, toutefois, peine à décoller, souvent décousu, parsemé de phrases bancales ne semblant pas couler de source, peut-être dû à une traduction déficiente. De nombreuses digressions ont aussi failli me faire abandonner. J'ai cependant terminé ma lecture avec une certaine émotion au vu des affres qu'a traversé le personnage principal et qu'a su bien rendre l'auteure.
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Les Oranges ne sont pas les seuls fruits

Jeanette Winterson est une célèbre romancière anglaise que j'ai découvert avec la lecture de son roman Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?, dans lequel elle évoque à plusieurs reprise ce roman Les oranges ne sont pas les seuls fruits. En faisant quelques recherches post-lecture, j'ai découvert que Les oranges ne sont pas les seuls fruits avait été écrit, en 1985, bien avant Pourquoi être heureux...et que ce dernier était la réécriture du premier roman Les oranges ne sont pas les seuls fruits, qu'il racontait la même histoire, une confession sur son enfance, son adolescence, son émancipation mais dont la narration était plus proche de la réalité, donnant à cette deuxième parution davantage de réalisme et de puissance.



On retrouve en effet dans Les oranges ne sont pas les seuls fruits, la même jeune fille révoltée et pugnace qui nous conte l'histoire de son adoption, de son enfance cloisonnée par une mère grenouille de bénitier et de la découverte de son homosexualité, mais abordée avec un ton plus loufoque, convoquant surréalisme et légendes. On découvre une enfant à l'imagination débordante qui doit faire face à la rigueur imposée par une mère excentrique, fanatique mais à celle aussi d'une communauté tout aussi illuminée, hypocrite, ancrée dans ses croyances religieuses extrêmes, aveuglée par sa foi.



L'auteure aborde avec un humour décalé et une grande justesse, le thème du fanatisme religieux et ses conséquences sur l'éducation. Le parcours de cette jeune fille est admirable, avide de liberté, elle réussira à évoluer dans la vie, non sans mal mais avec force et détermination avec sa propre sensibilité.



Beau récit initiatique, une belle leçon d'espoir.
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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Le fait de n'avoir jamais lu un livre de Jeanette Winterson ne m'a pas empêchée de me plonger avec fascination dans cette biographie sans complaisance aucune. En revenant sur son parcours, l'écrivaine analyse, avec profondeur et lucidité, les faits, les failles, les conséquences.



De nombreux passages m'ont touchée et cette lecture me restera longtemps en mémoire. Le personnage de Ms Winterson, la mère toxique et maltraitante de Jeanette, est digne d'un roman de Dickens. Il m'a captivé. Si vous rencontrez quelques problèmes avec votre mère, lisez-ce livre et vous vous direz que la vôtre a fait de son mieux.



L'autobiographie est pudique, féroce, d'une grande force. S'il est parfois glaçant de s'imaginer son enfance, Jeanette Winterson y apporte beaucoup de distance, d'humour et la capacité à aborder de nombreux sujets sur un ton dénué d'amertume. La complexité de la relation mère fille, l'adoption, la maltraitance, l'apprivoisement de la vie et de sa sexualité. Ambitieux, rythmé, résilient. Chapeau bas !
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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Critique de Augustin Trapenard pour le Magazine Littéraire



Le trajet utérus-tombeau d’une vie est intéressant - mais je ne peux pas écrire la mienne ; je n’ai jamais pu. Pas avec Les oranges. Pas plus aujourd’hui. Je préfère continuer de me lire comme une fiction que comme un fait. » C’est bien la question de l’identité que pose Jeanette Winterson dans ses récents Mémoires, Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? Au gré d’anecdotes cocasses, elle y détaille l’assomption de son identité sexuelle, sociale et artistique, mais surtout son pari de se faire fiction. Cette quête insensée d’une identité de papier nous invite justement à revenir aux origines de son oeuvre et à relire son tout premier roman, Les oranges ne sont pas les seuls fruits (1985) que les éditions de l’Olivier ont la bonne idée de republier simultanément (1).

« Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? » C’est la phrase que sa mère adoptive lui rétorque du tac au tac le jour où Jeanette Winterson tente bon gré mal gré de lui justifier son homosexualité. Avec un mélange de tendresse et d’amertume, la romancière anglaise revient sur ce qui semble d’abord être un chemin de croix : son apprentissage de la liberté, du savoir et de l’amour, « qui se mesure, dit-elle, à l’étendue de la perte ». Recueillie à l’orée des sixties par un couple de pentecôtistes, la môme de Manchester passe son enfance dans une ville paumée du nord de l’Angleterre, entre les cantiques, les claques et les cours de caté. Quand sa maman ne brandit pas la menace de Satan, elle se maudit d’avoir choisi le mauvais enfant. À plus d’un titre, ces Mémoires se lisent d’ailleurs comme un anti- Livre de ma mère. Jeanette Winterson les entame lorsqu’elle retrouve ses papiers d’adoption et part à la recherche de sa mère biologique.

Loin du récit d’une enfance volée, c’est celui d’une libération que dessine l’auteur de 52 ans, considérée comme une icône du féminisme anglo-saxon. Libération du corps comme des carcans de la société, depuis son expérience de la marge jusqu’à la prise en main de son propre destin : s’assumer seule, assouvir sa soif de savoir, et devenir écrivain. Une libération dont la littérature (ou plutôt le langage littéraire) est à la fois le moteur et le point d’orgue. N’est-elle pas épaulée dès son plus jeune âge par un livre de poésie, nourrie à l’adolescence de romans interdits, et sans cesse sauvée de l’exclusion, de la démence ou de la dépression par les textes qu’elle publie ? Si Jeanette Winterson parvient à triompher de son passé, n’est-ce pas d’abord au sein de ses écrits - cédant l’initiative aux maux, laissant les phrases bégayer, bouder toute chronologie, bercées, dans cet espace trouble entre la réflexion, la recollection et la pure fiction ? Voyez comme elle intègre ici et là des « Il était une fois », comme elle change le passé en chasse au trésor ou comme elle s’interroge sur sa mémoire menteuse : « J’ai un souvenir - vrai ou faux ? »

« Il m’a fallu beaucoup de temps pour comprendre qu’il existe deux types d’écriture ; celle que l’on écrit et celle qui nous écrit. Celle qui nous écrit est dangereuse. Nous allons là où nous ne voulons pas aller. Nous regardons où nous ne voulons pas regarder. » On trouve de troublants échos entre les Mémoires de Jeanette Winterson et Les oranges - drôle de conte qui emprunte à l’autobiographie autant qu’à la mythologie. Il faut voir comme elle y maquille sa vie, en y glissant nombre de fables, en la recouvrant de légendes et en la structurant, depuis la « Genèse » jusqu’au « Livre de Ruth », suivant les chapitres de l’Ancien Testament. Comme elle l’explique dans les Mémoires (qu’on peut lire comme une exégèse du roman), il s’agit de recomposer son propre récit pour s’écarter de la trame serrée qu’on lui a naguère imposée. Et Les oranges de mettre en scène la genèse de cette identité de papier. Dans cette façon de prendre sans cesse le contre-pied de la Lettre, au gré de sentences imaginaires et de sermons merveilleux. Dans ce don pour sublimer « la colère en prose », « la bizarrerie en poésie ». Et dans ce nom, « Winterson », qu’elle associe désormais à l’enfance fantasmée, mais dont elle se sert encore pour signer ses écrits.
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Connaissez-vous Jeanette Winterson ?

Ma mère n'avait pas d'opinions nuancées. Il y avait ses amis et ses ennemis. Ses ennemis étaient: le Diable (sous toutes ses formes), les Voisins d'à côté, le sexe (sous toutes ses formes), les limaces. Ses amis étaient: Dieu, notre chienne, tante Madge, les romans de Charlotte Brontë, les granulés anti-limaces, et moi, au début.

Les fruits ne sont pas tous des oranges
Les Oranges ne sont pas les seuls fruits 
Seules les oranges donnent du jus

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