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Critiques de Jeffrey Eugenides (324)
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Virgin suicides

Lire la première œuvre d’un auteur après les autres, surtout quand ces autres vous avaient franchement emballé, est souvent une expérience étrange, parfois touchante, parfois décevante, parfois surprenante.

Il faut dire qu’avec Jeffrey Eugenides, le risque de terminer sa découverte par son premier livre est plutôt élevé car il n’en a écrit que trois. Or, « Middlesex » et « Le roman du mariage » sont des œuvres tellement abouties que par comparaison, « the Virgin Suicides » n’a cessé de me donner tout au long de la lecture le sentiment de lire l’ébauche d’une grande œuvre en devenir.

Ce n’est pas le style, déjà magnifique et envoûtant de poésie gothique, qui m’a dérangée mais plutôt les changements de rythme dans la construction du récit : après les premières scènes extrêmement intenses autour du suicide de Cecilia, la benjamine des cinq sœurs, je me suis un peu perdue dans la longue phase plus atone qui s’attarde sur l’année qui suit (ponctuée cependant de passages magnifiques comme l’échange par musique interposée entre les filles et les garçons), avant de regagner peu à peu en densité jusqu’au dénouement.

Pourtant j’ai été totalement séduite par le prisme de narration proposé par Eugenides, consistant à dévoiler d’emblée au lecteur la fin tragique des cinq sœurs puis à ne les évoquer qu’à travers les yeux de témoins, adolescents puis adultes fascinés par leurs silhouettes fantomatiques dont ils resteront, comme nous lecteurs, toujours tenus à distance, sans explications. Un procédé casse-gueule mais qui fonctionne merveilleusement bien.

En résumé, « the Virgin Suicides » est une lecture qui m’a fait l’effet d’une séance de spiritisme, bouleversante en profondeur mais pendant laquelle je me serai endormie par moments…

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Middlesex

Lorsque les Turcs envahissent Smyrne, deux grecs, Lefty et sa sœur Desdemona, embarquent pour l'Amérique, avec leurs maigres bagages et un chromosome récessif chacun qui attend patiemment d'être réveillé. Les circonstances lui sont favorables puisque Lefty et Desdemona profitent de débarquer en terre inconnue pour vivre leur passion interdite et se marier. Leur fils épousant à son tour sa cousine, la petite Calliope voit le jour, fille pour tout le monde, bien qu'ayant les gonades des deux sexes.



Le roman se déroule en deux grandes parties : la première raconte l'émigration de la famille Stephanides aux États-Unis et les péripéties qui l'accompagne : ascension de Ford et du travail à la chaîne, prohibition et bars clandestins, émeutes à Detroit dues aux discriminations raciales, … La seconde partie traite de l'hermaphrodisme, et la difficulté pour Calliope de comprendre un corps qui lui envoie en permanence des signaux contradictoires. L'occasion pour moi de me renseigner un peu sur l'intersexuation, finalement pas si rare que ça (de 1 à 15 personnes sur 1000 concernées) et traitée jusqu'il y a peu à coups d'amputations.



Eugenides nous offre un beau voyage de presque un siècle, oscillant entre l'Histoire avec un grand H et les tribulations d'une famille emportée par ces événements, sans nous ennuyer une seule seconde.
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Middlesex

Prix Pulitzer 2003, ce roman est l'histoire de Callie née fille et qui se découvre garçon à l’adolescence suite à une anomalie génétique.

Toutefois, même si c'est abordé, ce n'est pas un récit sur le genre, sur l'inné et l'acquis mais c'est une saga familiale qui court sur trois générations.

Des grands-parents qui arrivent de leur village en Turquie, aux parents qui vont naître américains et connaître la grande dépression des années trente mais aussi le rêve américain aux petits-enfants.

C'est un roman intéressant, dense et qui demande de la concentration.

Le style est magnifique et la psychologie des personnages fouillée.

L'écriture est exigeante, il y a des longueurs et il faut s'accrocher au début pour rentrer dans l'histoire.

Il est questions d'intégration, d'image de soi, de traditions, de troubles de l'identité, d’origine et de tolérance.

C'est un roman à part.

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Des raisons de se plaindre

Jeffrey Eugenides est un auteur si bon et si rare (seulement trois romans à son actif en vingt cinq ans) que quand un nouveau livre de lui sort, je me jette dessus, même si c'est un recueil de nouvelles.

Surtout si c'est un recueil de nouvelles d'ailleurs, car c'est l'assurance de déguster en concentré le nectar de son talent! A défaut d'être toutes parfaites, ces quelques dix nouvelles portent toutes sa patte si singulière faite d'un cocktail de justesse, d'acuité de regard et d'humour, avec une capacité étonnante à créer en quelques mots une réalité fictionnelle plus vraie que nature.

Outre une nouvelle sur le thème de l'hermaphrodisme annonciatrice de son formidable roman Middlesex, on marche à tous les coups en découvrant ces tranches de vie de gueules cassées de la vie : femme approchant la mort, mari rejeté pour son irresponsabilité , intello cocu de la financiarisation de la société américaine. J'ai particulièrement aimé ce vieil entrepreneur qui court de manière aussi volontariste que pathétique de mirages de fortune immobilière en échecs minables sous les yeux de son fils qui regarde fondre son patrimoine auquel il ne croit plus.

Mention spéciale aussi pour la mise en scène de quatre personnages qui se retrouvent dans une belle maison d'été et dont les aspirations personnelles se croisent sans jamais se rencontrer.

Excellente idée que ce recueil en fait pour découvrir cet auteur tout à fait singulier dans les lettres américaines!

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Virgin suicides

Une écriture à le 1ere personne du pluriel, c'est rare ! Ce livre arrive à nous faire partager une impression de découvrir cette famille Lisbon, fermée sur elle même, de l'extérieur, au travers des fenêtres fermées, par bribes, comme une enquête policière sur une affaire classée. Les narrateurs se remémorent ce qu'ils savent de ces 5 jeunes filles, par supposition, souvenirs ou découvertes lors d'une des rares communications de chacune d'entre elle avec l'extérieur.

Ce flou perturbe un peu au début, et oblige à se concentrer pour rentrer dans le livre, alors même qu'on en connaît le dénouement, mais c'est toute la qualité de ce livre de loger l'intrigue dans ce qu'on ne sait pas.

Les quelques scènes ou les 5 soeurs ont un rôle important sont particulièrement savoureuses, par contraste avec le black out qu'impose la mère ! Il y a notamment une scène de sexe, page 90, comme je n'en avais jamais lu.

Très beau livre, inclassable !
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Des raisons de se plaindre

Quand la vie vous refuse le destin auquel vous avez droit, vous avez bien des raisons de vous plaindre non ?



Ce recueil de nouvelles explore la vie de personnes qui ont tout fait comme il faut, et qui se retrouve pourtant dans une situation terriblement décevante : un mariage d’amour qui finit sur un triste divorce réglé à coups d’avocats ; un grand musicologue endetté jusqu’au cou pour jouer, entre son travail et ses enfants, vingt minutes par soir de son instrument favori ; un éditeur ambitieux qui côtoie le cercle des très riches sans jamais avoir réussi à y entrer malgré des années de sacrifice ; des brillantes études menacées par un mariage arrangé ; etc.



On suit donc ces individus dans leur dernière tentative, un chant du cygne un peu pathétique, pour atteindre la vie qu’ils pensent mériter. Mais il n’y a que dans les films que l’on redresse son avenir à la force du poignet. Dans la vraie vie, c’est la force d’inertie qui gagne, et l’indifférence ou l’incompréhension des autres vient enterrer les derniers espoirs. Même les apparentes victoires laissent une profonde amertume.



Un recueil pas très joyeux donc, vous l’aurez compris. Malgré tout, l’auteur parvient à nous immerger totalement dans ces vies bancales, en quelques lignes à peine. L’espace d’un instant, on ne fait qu’un avec le protagoniste de l’histoire.



Mention spéciale à la nouvelle « Des jardins capricieux » dans laquelle quatre personnes, croyant deviner les intentions cachées de l’objet de leur attention, se ruinent mutuellement leur soirée dans un gigantesque quiproquo.
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Middlesex

L'histoire sur trois générations d'une famille américaine atypique d'immigrants grecs ayant fui les massacres de Smyrne en 1922. Cal Stephanides, né Calliope, nous raconte sa quête identitaire.

"J'ai eu deux naissances. D'abord, comme petite fille, à Détroit, par une journée exceptionnelle claire du mois de janvier 1960, puis comme adolescent, au service des urgences d'un hôpital proche de Petoskey, Michigan, en août 1974..."

Pour comprendre Calliope Stephanides, il faut remonter dans la généalogie, reprendre le chemin du destin à une étape determinante. Et ça commence par le mariage incestueux de ses grands parents.

Jeffrey Eugenides a mis 8 ans pour écrire ce livre et je comprends pourquoi. Une fresque incroyable. Quand à moi, il m'a fallu du temps pour le lire, à cause des constants aller-retour entre les différents récits et des détails foisonnants.

J'ai eu un peu de mal avec les deux premiers chapitres mais ensuite plus de répit.

Un livre époustouflant. Quel écrivain. Merci Monsieur.
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Middlesex

L'organisation de ce livre est vraiment parfaite! L'histoire n'est pas vraiment racontée dans l'ordre chronologique pourtant on s'y retouve parfaitement. Cal commence par revenir au moment précédent sa naissance puis, il revient encore plus en avant dans son histoire, qui devient en fait celle de ses grands-parents. Il continue sur celle de ses parents et sans de transition trop brusque, il passe à la sienne où il nous montre comment la découverte de son intimité et de ses sentiments contradictoires vont le troubler. Car il est besoin de remonter si loin pour comprendre ce qu'il est.

Il y a un moment où je me suis un peu ennuyée cependant ; juste avant la rencontre de Calliope avec l'Objet, je trouvais que ça devenait un peu monotone... Mais ça reprend de plus belle par la suite, et je ne l'ai plus relaché avant de l'avoir fini. J'ai beaucoup aimé les comparaisons entre les hommes et les femmes, avec l'exemple de la chasse et la cueillette, on se rend compte à quel point nous sommes différents. L'hermaphrodite, celui qui est à la limite des 2 sexes, permet d'avoir une vision sur ces deux milieux.
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Middlesex

Magistral! Pantagruélique! Homérique!

"Middlesex" ressemble à un banquet qui aurait réuni, sous le soleil et les oliviers, les dieux de l'Olympe-copieux, généreux, somptueux- qui aurait dégénéré en orage et en tempête.

C'est un roman d'excès qu'il s'agisse de l'intrigue et de ses audaces, de la langue, de la narration mais sans aucune boursouflure; un roman-ogre qui multiplie les appétits. Lectrice, j'ai pris ma part, et plus encore, de ce festin que j'ai savouré de la première à la dernière page.



Nous sommes en 1922 non loin de Smyrne, dans un petit village peuplé de grecs. Enfin "peuplé" est un bien grand mot... Les vieux meurent les uns après les autres, les jeunes sont presque tous partis à Smyrne ou ailleurs. Desdemona et Lephty ont perdu leurs parents et se retrouvent seuls. Si ce dernier aime à courir la ville lorsque vient la nuit pour fumer, écouter des chanteurs de rebetika et des disques de jazz, jouer et séduire; la jeune femme, elle, reste au logis pour élever ses précieux vers à soie. Mollement, elle cherche une épouse à son frère, beau comme un mythe, pour le garder au village près d'elle. Sans succès. L'une est trop maigre et l'autre sent mauvais. Desdemona s'étiole et s'ingénue à dissimuler sous une résille disgracieuse son ondoyante chevelure brune... L'avenir qui attend le frère et la soeur semble bien morne, bien gris malgré la lumière et le bleu du ciel. Et puis, comme dans toute tragédie grecque qui se respecte, la passion est là, qui veille. La passion et le désir pour qui le reste ne compte pas. Lephty se surprend à rêver aux cheveux de sa soeur quand une prostituée dénoue les siens pour lui; Desdemona est troublée quand elle entend la respiration de son frère à travers la cloison. Frère et soeur se désirent, se déchirent et succombent. Ils n'ont pas le droit. C'est mal. Mais c'est comme ça.

En dehors du village, c'est la guerre. La violence. le sang. le feu. Comme à Troie peut-être bien.

Alors que Lephty et Desdemona se débattent avec leurs consciences, Smyrne et ses environs sont pris par les forces turques. La ville brûle et les grecs doivent fuir. Nos deux héros trouvent une place de justesse dans un bateau qui les mène tout droit en Amérique. Ils se sont enregistrés comme mari et femme. C'est facile, finalement, de se jouer du destin et d'effacer ce qui doit l'être. Quand ils débarquent aux USA, c'est pour écrire une nouvelle histoire et ce n'est que le début. Tout ira bien et leur secret le restera, il n'aura pas de conséquence. Les malédictions, c'est bon pour la vieille Europe, gorgée des ses mythologies, pas pour les Etats-Unis.

Cette nouvelle vie qui commence, c'est celle de l'exil de ces grecs et de leur apprentissage de l'Amérique; c'est celle de leur communauté et de leur famille. C'est aussi la saga d'un pays en pleine mutation, de l'industrie automobile et de ses ouvriers. C'est, enfin, celle de la petite-fille de Lephty et Desdemona, celle par qui la malédiction -à moins que ce ne fut la génétique- s'est réveillée. C'est elle -ou lui plutôt- qui nous raconte l'histoire, qui en dévide le fil comme Desdemona dévidait celui de ses vers à soie pour essayer de comprendre. De se comprendre surtout et de savoir qui elle/il est vraiment.



Avec "Middlesex", Jeffrey Eugenides réussit le pari d'écrire un roman de l'intime, profond, sensible et clairvoyant ainsi qu' un roman d'apprentissage, tout en tissant pour ses lecteurs une vaste fresque familiale et sociologique dans une langue où l'amplitude n'a d'égal que la richesse. Un tel souffle romanesque, une telle ambition, croyez-moi, ça ne se boude pas et Homère lui-même serait fier de cette singulière, plantureuse mais ô combien passionnante Odyssée.



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Des raisons de se plaindre

On est attiré pour de multiples par un livre. Moi, c'est le nom de l'auteur qui m'interpelait ici . On y ajoute une critique lu ici et je franchis le pas. Avec bonheur.

L'auteur nous offre une dizaine de textes , écrits sur une vingtaine d'années.



Le point commun ? Les personnages sont communs , croqués dans leurs travers quotidiens. Cela pourrait être nous, un membre de notre famille, un voisin. On finit par se reconnaître dans l'une de ses nouvelles (en espérant pour vous que ce ne soit pas dans celle de la dysenterie carabinée en Thaïlande !).

En vrac , une octogénaire livrée à une maison de retraite, une quadra courant après la maternité,des couples surendettés, des investisseurs mal avisés, des professeurs d'université croisant la tentation sur la route des conférences, des célibataires épanouis après leur divorce et d'autres au bord du suicide...

Le style ? Corrosif, sarcastique , plein d'ironie mais très "écrivains de la cote est " . Mélange de Russo, Dee, Frantzen .

Plein de raison de se plonger dans "Des raisons de se plaindre ". S'y retrouver (même s'il ne vaut mieux pas , mais bon tout le monde a au moins rencontré des poils suspects dans sa baignoire ....), plonger rapidement dans une histoire du quotidien, s'enthousiasmer du style de l'auteur .

N'hésitez pas !

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Middlesex

C’est l’histoire épique d’une petite fille américaine, Calliope, et de sa famille d’origine grecque : les Stephanides.

Middlesex comme le sexe de Calliope, ambigu, ni l’un, ni l’autre. Pourtant à sa naissance en 1960, le médecin et ses parents n’avaient constaté aucune anomalie ‘ une petite fille magnifique en pleine santé’ s’étaient-ils exclamés. Les différences qui la séparent des autres petites filles sont difficiles à détecter jusqu’à l’adolescence.

La puberté va bouleverser sa vie. Elle est marquée par le fonctionnement ‘mâle’ de son cerveau, la virilisation de son corps, le bourgeonnement de son crocus en un minuscule pénis. C’est sa deuxième naissance, elle/il sera dorénavant Cal, avec sa nouvelle vie de garçon puis plus tard d’homme.

Middlesex boulevard à Grosse Pointe, une banlieue bourgeoise de Detroit, où les Stephanides se sont établis en 1967 suite aux émeutes raciales. Detroit sera désertée par les blancs et la prospérité, laissant derrière les noirs et la pauvreté. C’est pourtant Detroit qui avait accueilli les Stephanides en 1922. Eleutherios et Desdemona avaient fui Bithynios, un petit village en Asie Mineure, sous domination grecque avant d’être reconquis dans le sang par l’armée turque. Ils débarquent en Amérique avec une boite de vers à soie, un terrible secret de famille et une anomalie génétique rarissime : le déficit en 5-alpharéductase de type 2, à l’origine de l’hermaphrodisme de leur petite fille Calliope.



L’histoire est palpitante, exaltante. La narration est lyrique, tour à tour pleine d’esprit et d’humour. Le texte est un tissage ingénieux d'histoire, de science et d’autres thèmes.

Un chef d’œuvre récompensé par un Pulitzer.

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Middlesex

Un roman autobiographique? Non! et pourtant l’illusion est presque parfaite. Du patronyme familial Eugenides qui devient Stephanides dans le roman, des origines grecques de la famille, des mille détails délicieusement rendus qui s'appuient, n'en doutons pas, sur une longue observation personnelle. Un récit à la première personne et des récits plus impersonnels à la troisième personne confortent cette thèse. C'est cet accent de sincérité qui m'a tenu en haleine. C'était une gageure. Une famille « tuyau de poêle ». Des grands-parents qui sont frère et sœur, des enfants issus de germains qui se marient ensemble, une fille qui se découvre hermaphrodite à l’adolescence, un certain nombre d'épisodes rocambolesques... Rien n’est simple, ni ne coule de source. L'histoire est presque improbable, mais sa force réside justement dans cet entre-deux où l'on se trouve, à mi-chemin entre la réalité la plus banale et la création littéraire la plus libre sans jamais dériver vers le grand n’importe quoi.

Oui, j'ai vibré avec Desdemona et Lefty lors de l'incendie de Smyrne en 1922 et l'émigration aux Etats-Unis. J’ai parcouru les rues de Détroit avec eux, été témoin de l’adhésion de Milton, leur fils, au rêve américain, assisté aux émeutes noires de 1967 ou aux délires hippies de San Francisco. J'ai moins aimé le livre troisième consacré à l’'adolescence de Calliope, et ses relations, avec l'Objet....

Porté par une ironie présente en première partie de roman, un sens de la comparaison qui décoiffe, des fulgurances poétiques, des remarques politiques jetées sur le papier mine de rien, comme le rôle des Américains dans l’invasion de l’ile de Chypre par les Turcs ou la présence de l’armée dans ce qu’on nomma «émeutes » en 1967 à Détroit, le roman fonctionne de façon plutôt originale et aux antipodes du thriller. On connait les tenants et aboutissants principaux dès les premières pages, tout est désamorcé très vite, pas de révélation stupéfiante et pourtant on reste suspendu aux paroles du narrateur.

En dehors du personnage de Calliope/Cal, les héros sont finalement des gens ordinaires portés par un auteur qui leur confère une dimension épique. Un roman aussi, et tout un chacun l’a ressenti, sur la tolérance et l'acceptation de la différence.

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Le roman du mariage

Un roman de campus américain pendant les triomphantes années 80 ? Oui. Tous les ingrédients sont là. Les étudiants fréquentent l'université Brown, membre de l'Ivy League, ils postulent pour Yale ou Columbia, ils affichent un dédain convenu pour le New Jersey ou effectuent un stage à Cape Cod, ...Ils prennent des vacances en Europe ou en Inde. On pourrait multiplier les exemples. Mais ce décor privilégié cache des remises en question.

Deux étudiants Mitchell et Leonard sont amoureux de la belle Madeleine. Jeune WASP sans histoire elle veut se spécialiser dans le roman victorien, la conception de l’amour et le mariage, conclusion obligée et définitive de la vie des femmes les siècles passés.

Dans le bouillon de culture de l'université les 3 jeunes gens vont s'intéresser aux enseignements en sémiotique. L'abandon des schémas traditionnels de l'amour va les percuter dans leur vie sentimentale. Leur histoire d'amour pour la même jeune fille, leur maladresse et leurs difficultés à poursuivre des relations amoureuses harmonieuses constituent une sorte de mise en abyme. Ils sont aussi objet de leur étude.



A priori les deux étudiants sont brillants et Madeleine, très attirante. Leonard et Mitchell placent la barre très haut. Leonard souffre d'un syndrome maniaco-dépressif et Mitchell est un rêveur féru de théologie. Ils s'avèrent tous les deux incapables d'aller au bout leurs aspirations, bloqués malgré eux. On voit leur supériorité et leur faiblesse, leur lâcheté malgré leurs exigences. On assiste à un véritable gâchis, gâchis ressenti également avec les personnages secondaires.



Le roman est bien écrit, documenté sur les sujets pointus, la culture des levures, le roman déconstruit par Barthes ou Derrida, les aspirations théologiques semblent tenir la route. Les descriptions sont assez fines et drôles. Au final d'où vient cette sensation d'un roman peu captivant ? En quoi ce mélange ne fonctionne-t-il pas vraiment ? L'échec des personnages ne nous émeut pas. On ne s'attache pas à eux.Ils restent l'objet de l'étude mais ne sont incarnés totalement. Le récit se déroule sur une année ou deux. On avance lentement et chaque nouvelle étape est ponctuée de longs retours en arrière.C'est systématique et artificiel. Lorsqu'on avance dans la chronologie, on en vient toujours à se demander « à quand le retour en arrière ? » Cela entrave notablement le dynamisme du roman. Mais peut-on parler de dynamique quand chacun est englué dans un présent douloureux sans perspective sereine et ne voit pas de lumière au bout du chemin ?
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Middlesex

Merveilleux livre que je viens de découvrir...Ce n'est pas seulement l'histoire de Calliope, jeune adolescente qui se rend compte qu'elle se sent d'avantage garçon que fille, c'est avant tout l'histoire d'une famille grecque sur trois générations. J'ai beaucoup beaucoup aimé la façon dont l'auteur mêle passé et présent, toute la fluidité qu'il apporte au roman. Abordant des thèmes peu mis en avant, parfois tabous, il le fait tout en sensibilité, toute en subtilité...Bref, une lecture très réussie en ce début d'année...
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Le roman du mariage

J'étais curieuse de lire ce livre, à la fois parce que Jeffrey Eugenides est un auteur qui se fait très rare et dont j'avais énormément apprécié le très beau "Virgin Suicides", mais aussi parce que j'avais lu une présentation de ce roman comme une histoire à la Jules et Jim.



Déjà, pour le côté trio amoureux à la Jules et Jim, je ne peux que vous inviter à revoir le magnifique film de François Truffaut car ici il n'en est point question.

Ce n'en est même pas une sous-version, le tourbillon de la vie est totalement absent de cette histoire.

Je n'ai pas franchement apprécié les personnages, notamment celui de Madeleine qui a plutôt eu tendance à m'agacer tout au long du roman, à la fois par son côté naïf et découverte du sentiment amoureux et de ses paradoxes : "La solitude était extrême parce qu'elle n'était pas physique. Elle était extrême parce qu'on la ressentait alors qu'on était en compagnie de l'être aimé. Elle était extrême parce qu'elle était dans votre tête, le lieu le plus solitaire qu'il soit.", mais aussi par son aveuglement et son manque total de reconnaissance.

Je reconnais pourtant que le caractère amoureux est bien traité par l'auteur, il rend bien le fait que Madeleine amoureuse ne jure plus que par Leonard, qu'elle se croit plus forte que tout et tout le monde et que, bien entendu, ce qui arrive aux autres ne lui arrivera pas car son couple est différent : "Mais, comme toute personne amoureuse, Madeleine était convaincue que son couple à elle était différent de tous les autres, immunisé contre les problèmes ordinaires.".

Le problème, c'est que Madeleine manque de charisme à mes yeux, et même si cet aspect est bien traité par l'auteur je n'y ai pas pris de plaisir à la lecture.

Passons à Leonard, alors là, il cumule tout : le manque absolu de charisme, sa maladie : la maniaco-dépression, le manque total de gentillesse, de tendresse, ce qui en fait un personnage énervant au plus haut point et dont au final le lecteur ne sait pas tant de choses sur lui.

Il est à mon avis trop peu décrit pour que le lecteur puisse bien le cerner et il n'est là que pour ôter toute raison à Madeleine et l'entraîner avec lui dans une spirale quasi destructrice.

Mais là aussi, le côté dramatique n'est pas exploité, l'auteur préférant faire une pirouette à la fin du livre alors qu'à mon sens le drame aurait été plus logique dans la construction de son histoire et de ses personnages.

Vient enfin le personnage de Mitchell, c'est de loin celui que j'ai préféré mais qui est à mon goût peu utilisé.

Il disparaît pendant une partie de l'histoire alors qu'il aurait pu en être véritablement le troisième maillon et redonner une dynamique à l'ensemble.

Il a des aspects très intéressants mais qui sont peu mis en valeur par l'auteur, dommage car c'est bien le seul qui a su un tantinet me toucher et a fait que j'ai terminé cette lecture pourtant laborieuse.

J'ai également trouvé que de placer l'histoire dans le début des années 80 avec des relations sexuelles libérées ôtait presque toute pudeur à l'histoire, alors que j'en aurais préféré plus dans ce trio amoureux.

Et puis les autres personnages sont mal ou peu exploités, ils ne servent à l'auteur qu'à synthétiser les points essentiels sur les lesquel il a bâti son histoire.

Ainsi Alwyn, la soeur de Madeleine, est très peu présente et n'est là que pour balancer quelques phrases bien pensées sur le féminisme et la non-égalité entre femmes et hommes : "Tu crois que les choses ont changé, qu'on est arrivé à une sorte d'égalité des sexes, que les hommes ne sont plus les mêmes, mais j'ai une mauvaise nouvelle pour toi : c'est faux. Les hommes sont toujours aussi salauds et égoïstes que l'était papa. Que l'est papa.".

A mon sens ce n'est pas le portrait d'une génération mais plus un supermarché où le lecteur vient piocher les grandes idées des années 80.

Il est beaucoup question de littérature et de grands auteurs dans ce roman, c'est bien l'un des seuls aspects qui a trouvé grâce à mes yeux bien que par moment l'auteur se perde dans des dissertations philosophiques sur certaines oeuvres.

Quant à la construction de l'histoire, je n'ai pas du tout aimé le choix de l'auteur de partir sur une situation présente pour systématiquement revenir pendant des pages et des pages sur des situations passées pour revenir au présent.

C'est une construction chronologique désorganisée qui plaît sans doute à des personnes, ce n'est absolument pas mon cas.



"Le roman du mariage" de Jeffrey Eugenides n'a ni la grâce ni la beauté de "Virgin Suicides", les personnages manquent pour beaucoup de charisme et le trio amoureux n'a ni la saveur ni la complexité de celui de Jules et Jim.

En somme, un tourbillon de la vie ennuyeux au possible et dans lequel je n'ai surtout pas envie de retrouver les personnages mais juste les perdre de vue.

Une déception littéraire.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Virgin suicides

The Virgin Suicides


Traduction : Marc Cholodenko





Premier roman de l'auteur, "Virgin Suicides" est un roman au style incantatoire et lancinant que je conseille vivement de lire à voix haute. En apparence, il est moins touffu que "Middlesex" mais la longueur des paragraphes vient vite modifier ce point de vue. L'intrigue semble aussi plus reserrée, plus "locale" mais ce n'est là que faux-semblant car, à travers le destin des cinq filles Lisbon, c'est du mal dont souffre l'Amérique que traite Jeffrey Eugenides.


Si vous avez déjà vu le film de Sofia Coppola, vous connaissez plus ou moins le thème de ce roman. Sinon, imaginez une petite ville du Michigan, à la fin des années 70 ou au début des années 80, et, dans cette petite ville, un quartier aisé où il n'y a pas de Noirs. Le seul événement qui fasse marcher les langues, c'est la grève entreprise par les fossoyeurs locaux - elle durera plus de 400 jours mais nous ne le savons pas encore. Le détail, pourtant, vaut son pesant d'humour noir.


Mr et Mrs Lisbon, lui professeur de mathématiques au lycée du coin, elle mère au foyer, vivent tranquilles avec leur cinq filles : Thérèse, Bonnie, Lux, Mary et Cecilia. Les filles étant en pleine adolescence, les garçons du coin fantasment énormément sur elles et passent tout leur temps libre à les espionner. Jusqu'au jour où la dernière d'entre elles, Cecilia, fait une tentative de suicide ...


Le récit est fait par l'un de ces garçons, devenu depuis lors un homme bedonnant et sans doute un peu chauve, un chroniqueur qui nous apprend que, loin de faire s'évanouir leur attachement aux filles Lisbon et à leur tragique destin, le Temps a accru leur désir forcené de comprendre les raisons qui, un an à peu près après la mort de leur benjamine, poussèrent les survivantes à mettre fin à leurs jour.


S'il est en droit de penser que l'autoritarisme puritain de leur mère et la faiblesse chronique de caractère de leur père ont joué un rôle dans leur suicide quasi collectif, pour le reste, le lecteur - pas plus que notre chroniqueur - ne parviendra à démêler des fils il est vrai savamment emmêlés, et souvent par les filles Lisbon elles-mêmes.


Finalement, peut-être ce désir de mort était-il dans l'air du temps, comme un virus secret et imprévisible auquel le décès de Cécilia aurait rendu ses soeurs particulièrement sensibles. Après tout, lorsqu'ils découvriront son cadavre, dans son sac de couchage, les infirmiers constateront que Mary avait revêtu pour mourir une robe noire et un voile qui évoquaient la vision funèbre de Jackie Kennedy derrière le cercueil de son mari ... Peut-être les filles Lisbon ont-elles pressenti combien la vie, américaine ou non, est vaine et ont-elles préféré la quitter pour éviter que ce ne soit elle qui les quitte un jour sans leur demander leur avis ...


Un roman délicat, où chaque mot vous fait mieux apprécier les non-dits et les silences qui parsèment la vie des filles Lisbon - et de leurs parents. Un roman à savourer, comme on savoure un fruit un peu talé et un peu trop mûr, qui vous laisse dans la bouche comme un arrière-goût d'automne et de regrets diffus. ;o)
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Middlesex

Ah quel plaisir j'ai eu à lire ce roman!

Comme le thème est inhabituel et palpitant.

Calliope Stephanides voit le jour après l'union de sa grand-mère avec son frère puis celle de son père avec sa cousine. Sa grand mère Desdemona a toujours cru qu'il arriverait quelque chose à ses enfants puis petits enfants au niveau malformations à cause des unions peu recommandables qui ont donné lieu à sa naissance.

La petite Calliope grandit comme une petite fille normale, une petite américaine. En grandissant, elle se rend compte cependant, qu'au lieu d'être attirée par les garçons, elle aime les filles. Sa puberté lui fait défaut et commence alors le chemin qui la mène elle et ses proches vers la vérité...

Un superbe livre que je recommande chaudement.



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Middlesex

un grand roman américain

Cal raconte l'histoire de sa famille sur deux générations depuis la Grèce des années 20 jusque dans l'Amérique du XX siècle. Tout débute avec l'amour incestueux entre les grands-parents, frère et soeur, puis entre ses parents qui sont cousins, il naît à la fin des années 50, il se prénomme alors encore Calie. L'écriture d'Eugenides est pleine de fulgurances, le contexte historique de chaque période traitée est très bien rendu, de même que les bouleversements psychologiques de Calie qui se révèle être hermaphrodite. Une oeuvre magnifique, tout simplement, d'abord par l'originalité du sujet traité, le parcours et les difficultés rencontrées par Calie, tout cela est décrit avec une grande sensibilité qui nous bouleverse, et l'histoire de la famille, épopée pleine d'humour, est aussi, en parallèle une histoire des USA sur cette période. Sourire tout en écrasant une petite larme ? voilà tout ce que nous offre ces 600 pages de pur bonheur, prix Pulitzer 2003.
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Le roman du mariage

Madeleine, Leonard et Mitchell se sont connus sur les bancs de l’Université, une de ces vénérables institutions de la Ivy League, l’immuable et respectable campus de Brown. Ils s’y sont aimés, se sont déçus, se sont déchirés. Madeleine la jeune bourgeoise du trio, passionnée de littérature victorienne aime Leonard, fantasque et insaisissable étudiant en sciences. Quant à Mitchell, le fils prodigue, chéri de ses parents, il se cherche une voie dans le domaine non moins mystique de la religion et aime d’un amour sans retour la belle Madeleine. Et oui, nous voilà face à ce que l’on appelle couramment le trio amoureux. Jeffrey Eugenides s’attaque à l’amour avec un grand A mais forcément il s’agit d’amours contrariées. Car il y un hic derrière tout cela : notre scientifique et cartésien Leonard est bipolaire, le faisant alterner phase de joie et d’intense activité intellectuelle et sociale avec de profondes phases de dépression, sombrant dans un puits sans fond de fatalisme et de repli sur soi. Difficile alors pour notre jolie et policée Madeleine d’apprivoiser cet homme qu’elle aime par-dessus tout, au-delà de la raison pure, elle qui ne pensait pouvoir être touchée par la grâce de la passion et capable d’une telle dévotion. Face à ce spectacle, Mitchell notre amant éconduit, fidèle compagnon, assiste impuissant aux affres de ce couple et à la détresse de celle qu’il considère comme l’amour de la vie. Sans jamais sombrer dans le pathos ou l’excès de sentimentalisme, Jeffrey Eugenides nous offre une belle histoire d’amour et d’amitié, profonde et sensible, tout en retenu. Le désespoir de Madeleine face au rejet de Leonard qui n’assume pas sa maladie et refuse de se soigner correctement (on le comprend le lithium utilisé annihile les sens et les capacités intellectuelles) est traité avec toute la pudeur et l’émotion qui conviennent. Mais c’est surtout la détresse de Léonard, être égoïste s’il en est, qui m’a le plus émue. Car derrière cette maladie obscure Jeffrey Eugenides restitue la solitude et le désarroi éprouvés par ceux qui en sont atteints, étrangers à eux-mêmes, incontrôlables et qui dans leur malheur ne peuvent être compris , les excluant d’autant plus. Quant à Mitchell, paumé parmi les paumés, on ne doute pas un seul instant de son amour sincère pour Madeleine et malgré l’affection portée à Leonard, nous, gentils lecteurs n’attendons qu’une chose : que Madeleine quitte Leonard et choisisse enfin le dévoué Mitchell, le seul qui saura la rendre heureuse. Autour de ce trio Jeffrey Eugenides nous dépeint aussi une époque, les années 80, les fameuses années Reagan et le souffle de liberté qui régnait sur ces campus de la côte Est américaine, Brown étant le parfait exemple des universités dont les Humanités (philosophie, littérature, religions…) étaient encore valorisées. On y découvre une jeunesse qui cherchait à briser les chaînes du puritanisme qui selon elle l’entravaient, cette jeunesse qui voyait dans l’Europe, la France en tête et ses auteurs tels que Barthes, l’exemple parfait du renversement des valeurs ancestrales et des idées préconçues sur l’Amour, la vie, la morale. Au cœur de cette émulation intellectuelle, notre trio amoureux insensible aux bouleversements, continue sa course folle, entraîné dans les affres de la passion. Le roman du mariage fut ma première découverte de l’auteur (à qui on doit le fameux Virgin Suicides). Il ne sera pas la dernier. Un livre que je recommande chaudement, une belle réflexion sur la maladie, un touchant portrait d’une génération perdue et un puissant hymne à l‘amour et à la vie
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Middlesex

Les thèmes sont la culture traditionnelle grecque, l'hermaphrodisme, l'immigration en Amérique.

Ces trois thèmes sont magnifiquement traités.

L'histoire d'un gène qui passe dans une famille pendant trois générations pour se révéler avec la narratrice: Calliope.

Cette jeune fille se rend compte à l'adolescence qu'elle n'est pas une fille comme les autres, et pour cause elle n'est pas réellement une fille.

La condition de cet homme-femme qui depuis sa naissance doit composer avec sa nature d'hermaphrodite nous touche et nous fait réfléchir sur notre propre condition.
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