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Critiques de Jérôme Ferrari (751)
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Le sermon sur la chute de Rome

Pour reprendre l'expression de la 4ème de couverture, c'est "l'écriture somptueuse d'exigence" qu'utilise Jérôme Ferrari qui m'a envoûté de bout en bout. Peut-être le fait d'avoir lu ce livre d'une seule traite, a aussi joué un rôle important dans l'émerveillement que j'ai ressenti à la fermeture de ces pages.

Le récit dont le scénario somme toute ordinaire, est littéralement bercé par cette langue si bien maitrisée par l'auteur, que l'on suit sans interruption la petite épopée des deux amis et de leur bar corse. Cette épopée qui va nous rappeler que tous les choix, que ce soient les nôtres ou ceux de nos aïeux, ont un impact sur notre destin et que toute chose a inévitablement une fin.

Et c'est finalement le lien, pas si évident, avec le sermon sur la chute de Rome de Saint Augustin, qui pourrait être le léger maillon faible de cette oeuvre, tant il apporte peu de valeur ajoutée, à mon goût, à cette démonstration de virtuosité littéraire. Bravo Mr Ferrari!
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Un dieu un animal

Je n'ai pas été emportée par ce roman comme j'ai pu l'être par deux oeuvres précédentes de Jérôme Ferrari, "Le sermon sur la chute de Rome" et surtout "Où j'ai laissé mon âme". Le texte est cependant remarquablement écrit, mais si j'éprouve beaucoup d'intérêt pour tout ce qui se déroule en Corse et dans la vie de militaire puis de mercenaire du héros, je suis insensible à ce qui touche à la carrière de son amie de jeunesse et à son évolution en entreprise. Il me semble que l'auteur y accorde une place trop importante dans son livre. Un peu déçue donc alors je n'accorde qu'une note moyenne.
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Le sermon sur la chute de Rome

Cet ouvrage, qui a obtenu le Prix Goncourt mériterait certainement à une critique élogieuse de ma part mais je ne peux pas être fausse en disant que je l'ai adoré parce qu'il faut l'avoir adoré. Il est vrai que l'écriture est remarquable mais toujours est-il que j'ai vraiment eu du mal à ma laisser emporter complètement par le roman.



Matthieu et Libero sont deux amis d'enfance qui vont tenter tant bien que mal de reprendre la gérance du bar d'un petit village corse qui est en train de tomber dans l'abandon. Ces deux jeunes garçons, promis à de brillantes études vont tout mettre en oeuvre et réussir à redonner de la vie à ce petit village et dépasser les espérances des plus folles attentes.



Il est aussi une histoire de mariage consanguin, comme cela était souvent le cas d'ailleurs dans la Rome antique et je crois que ce sont ces histoires parallèles, qui finalement, n'en sont qu'une, qui m'ont fait perdre un peu le fil.

L'histoire est admirablement bien écrite, reprenant pour chaque chapitre une phrase de Saint-Augustin et nous rappelant ainsi que pendant que des mondes se détruisent, d'autres se reconstruisent...

Une réflexion et un livre que ne manquent certes pas de talent, je dois le reconnaître mais qui ne me permettent cependant pas de lui faire l'éloge qu'il mérite. Je n'ai sûrement pas apprécié ce livre à sa juste valeur et j'en suis désolée mais au moins ai-je le mérite d'être franche avec vous. A découvrir !
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À son image

S’il n’y avait qu’un seul mot pour définir ce roman , ce serait ”pudeur”.

Pudeur du prêtre qui officie à la liturgie des funérailles de sa propre nièce et filleule, Antonia, décédée dans un accident de voiture. Il aurait préféré ne pas le faire mais sa soeur, la mère d’Antonia a insisté. Il s’en tient dès lors au strict déroulement tel que prévu afin de ne pas s’effondrer de chagrin.

Tout au long de la cérémonie, il se remémore la vie d’Antonia.

Pudeurs des amours d’adolescentes avec des gars du village, engagés dans les combats du FNLC.

Et pudeur encore lorsque son parrain lui a offert son premier appareil photo. Les photos qui peuvent dévoiler tant de choses : dures voire crues selon la situation mais qui peuvent ne dévoiler les choses que par suggestion.

Elle sera journaliste, elle voudra toujours aller plus loin quant aux sujets qu’elle couvre; son appareil photo toujours prêt.

Elle couvrira la guerre en Yougoslavie jusqu’au coeur des combats.

Pudeur là encore dans le choix des photos à montrer.

Et puis vient le questionnement : après avoir vu et photographié tant d’horreurs, que faire ? Que peut-elle encore photographier ?

Un grand écrivain , un roman qui fait réfléchir sur le rôle de l’image dans nos sociétés.



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Où j'ai laissé mon âme

Où j'ai laissé mon âme...



Quelle magnifique plume que celle de Jérôme Ferrari, qui nous narre pourtant un sujet incroyablement dur, celui de l'atrocité des guerres et de toute la cruauté qui peut prendre possession de ces hommes-bourreaux abjectes, devenus Dieu face à leurs victimes...



Mais ce récit, Jérôme Ferrari nous le sert avec tellement de beauté brute, avec tellement de poésie à fleur de peau, qu'on le lit d'un trait, sans relever la tête ! Cent cinquante pages de dépaysement, de quête vers la recherche d'un peu d'humanité, où la rudesse du désert africain se mêle à la moiteur des nuits d'Indochine et à l'odeur pestilentielle des camps de concentration, que l'on dévore en une petite soirée à peine.



Cette histoire prend aux tripes, elle nous plonge dans les pensées tourmentées de deux frères d'armes, anciennes victimes des guerres passées, devenus à leur tour bourreaux... Mais les remous du passé n'auront pas la même emprise sur ces deux hommes...



Une écriture fluide, faite de longues, très longues phrases, où les points qui marquent leurs séparation se font volontairement rares, pour mieux nous empêcher de respirer et nous immerger au plus profond de ces esprits qui aimeraient tant trouver leur paix intérieure.



On aimerait tant les aider à la retrouver, leur âme... Magnifique roman !



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Le sermon sur la chute de Rome

très beau roman profond, lourd de sens, un roman d'une noirceur éprouvante mais qui peut devenir la porte ouverte à la réflexion philosophique ou au mysticisme. L'écriture est d'une grande épaisseur, j'entends par là une écriture à la simplicité travaillée, facile à lire et véhiculant des idées profondément et généreusement humaines.



Le texte commence par nous présenter, des instants apparemment sans liens ni de cause, ni d'effets ni de lieu mais, nous le sentons d'emblée, qui auront des retentissements certains les uns sur les autres.



La naissance d'un enfant, Marcel Antonetti, comme voulue par le seul destin, comme inévitable, comme un sursaut de la vie, comme la promesse après la chute du monde précédent broyé par la grande guerre.





Le départ inexplicable d'une femme en rupture que rien ne disposait à "fuguer".





La migration d'un enfant, Matthieu, le petit-fils de Marcel, de sa famille vers une autre ; d'un lieu, d'un monde vers un autre, comme poussé aussi par un destin aveugle.



Des parcours de vie dus au destin, puis à la volonté puis de nouveau au destin.

Des parcours de vie qui on donc en commun cette volonté qui devrait conduire à l'acmé mais qui céderont prématurément le pas au destin. Car quelque soit la volonté dont font preuve les êtres, le but atteint peut durer ou pas, seul le destin le décidera.

Marcel, Jacques, Libero et Matthieu, eux, verront le destin s'emballer bien trop vite brisant implacablement leur volonté.





Tout s'effondre, rien n'est immuable. Tout n'est qu'impermanence et vacuité.

L'univers, notre planète, notre civilisation, notre famille, notre esprit, notre corps, tout.

Tout n'est que naissance, maturation, décrépitude et mort.

Car même si tout ne meurt que lorsqu'il n'y a plus personne pour se souvenir, tout disparait, du moins sous sa forme voulue.



Je crois que tel est le message délivré par Jérôme Ferrari et je le trouve bien noir. Mais il y a Saint Augustin, auquel l'auteur fait on ne peut plus clairement référence et qui prononça donc ce sermon sur la chute de Rome : Oui Rome est tombée, oui avec elle un monde a disparu ; mais la vie continue, différente et tout aussi fugace. Seul Dieu est éternel.

Alors est-ce le message explicite de Jérôme Ferrari, faisant de son roman une oeuvre mystique ?

Je ne sais pas. En tous cas ce roman est une porte ouverte sur le vide ; à nous lecteur, de trouver la substance qui amortira l'effroyable chute.



Note concernant l'audio-livre : La profondeur est telle que l'audio-livre ne s'est pas forcément trouvé être le meilleur des supports et m'aura même demandé une seconde « lecture »

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Le Principe

Je suis restée trop souvent à quai avec ce livre. L'auteur et ses personnages sont partis faire un tour et ils ont déroulé leur histoire entre eux. De temps en temps, ils sont revenus me faire un petit coucou, me maintenant dans l'illusion que le livre pouvait s'adresser à moi. Vers la troisième partie, sans doute stupéfaits de ma patience à me tenir encore là, ils ont accepté de m'emmener avec eux dans cette histoire.

Je n'aime pas rester à quai. Alors, j'y ai mis beaucoup de volonté. Sachant que cela parle de physique quantique, j'ai relu les 50 premières pages deux fois car, concentrée que j'étais à comprendre cette fabuleuse découverte du "principe d'incertitude" (qui nous est quand même présentée à grands renforts de métaphores qui sont restées pour moi nébuleuses), j'ai loupé le changement de narrateur : erreur de débutante...

"Vous", c'est Werner Heisenberg, physicien allemand qui réussit à expliquer quelque chose d'incompréhensible nommée "principe d'incertitude", s'opposant donc à la connaissance jusque là établie par ses pairs mais qui est finalement récompensé d'un Nobel en 1933 (oui, l'année où tout bascule).

"Je", c'est donc celui qui raconte l'histoire de "vous" sur lequel il fait une fixette après avoir échoué en 1989 (oui, l'année où tout bascule à nouveau) à un oral de philosophie portant sur la physique quantique du Nobel en question. On le suit de loin en loin dans son parcours erratique, d'étudiant fumiste à écrivain (au passage, on fait à nouveau un tour par la Corse) gardant au fond de lui une fascination philosophico-scientifique pour le mystérieux Heisenberg.

En 1933, Heisenberg est, comme d'autres (enfin ceux qui ont encore le luxe de pouvoir choisir) confronté à un dilemme : s'exiler et avoir la certitude que le champ de la physique sera récupéré et manipulé comme outil de propagande nazie ou rester, tenter de sauver ce qui peut l'être et prendre le risque de la compromission. Il choisit finalement de rester. Mais que d'atermoiements (certes, la question est épineuse) qui m'ont laissé un sentiment brouillon alors même que l'écriture est très travaillée.

Évidemment, au moment où la guerre éclate, ses compétences sont mises à profit et le voilà à diriger un programme d'armement orienté sur le nucléaire et tentant, autant que possible, de le freiner. A la fin de la guerre, il aura cependant, avec d'autres scientifiques allemands, quelques explications à donner aux Alliés. Et c'est pendant ces 6 mois de rétention cosy (dans un cottage) qu'ils apprennent ce qui s'est passé à Hiroshima. S'ouvrent alors des problématiques fort intéressantes d'ordre philosophique autour de la science et de ses finalités que j'ai trouvé bien servies par l'écriture ciselée de Jérôme Ferrari (avec à ce moment là des phrases plus courtes et plus abordables).



Au final, je reste avec une impression partagée concernant ce livre. Une belle écriture du début à la fin, c'est sa marque de fabrique. Mais si la dernière partie m'a vraiment intéressée, le reste m'a demandé pas mal d'efforts et j'ai bien envie de poser quelques petites questions. Quand on en vient à lire 2 à 3 fois certaines phrases pour bien les appréhender, le rendez-vous n'est-il pas manqué avec un livre ? Doit-on considérer l'immédiateté, l'évidence de la rencontre comme seuls critères d'appréciation d'un livre ?

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Le sermon sur la chute de Rome

Excellent moment de lecture à défaut d'être un coup de cœur.

La plume de Jérôme Ferrari que je découvrais avec ce livre est savoureuse, les phrases sont belles en soi, souvent longues, fortes.J'ai particulièrement apprécié les descriptions hypocondriaques du grand-père, drôles malgré le sujet, je les ai relu à voix haute pour mieux en profiter .

Le roman alterne l'histoire de Marcel, le grand-père , Mathieu et son ami Libero et Aurélie , la sœur de Mathieu, ces personnages sont en soi, peu attachants mais ce n'est pas vraiment grave , c'est surtout l'histoire du bar dans ce village corse perdu dans la montagne qui est le centre de l'intrigue même si on sait depuis le début qu'il ne peut pas y avoir d'issue heureuse.

Trop d'insouciance chez ces jeunes hommes qui plantent leurs études avant la fin, de grands ados qui ne se sont pas franchement frottés à la réalité avant de se lancer dans ce défi , on y rajoute de l'alcool et du sexe et on obtient un cocktail explosif; tout cela bercé par cette ile si particulière et attachante.

De Saint Augustin, habilement mêlé à l'histoire grâce aux recherches d'Aurélie on en redemanderait presque même si cela peut paraitre au départ un pari osé .

Bref, j'ai beaucoup aimé.
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Le sermon sur la chute de Rome

Déjà je suis heureuse de n'avoir pas eu à acheter ce livre, puisqu'on me l'a prêté... Depuis quelques années, je n'achète plus le Goncourt, quand on sait toutes les magouilles qui tournent autour de ce prix, destiné jadis à récompenser une oeuvre superbe.



Ici, on est encore dans la prétention littéraire, dans "le grandiose", dans le style "artiste", cher aux Goncourt, mais qui eux savaient écrire ! Il est si facile d'user d'un style qui "en fout plein la vue", pour les néophytes qui s'extasient à la moindre phrase un peu tarabiscotée, qui sonne "chic", qui se démarque des petits auteurs à la semaine (Ferrari, cependant, semble écrire de plus en plus de romans qui sentent le vite fait bien fait, avec toujours la "noirceur" ou "l'ambiance malsaine" qui est désormais sa griffe de prédilection !



Mais quelle emphase ! On a reproché les phrases qui tiennent sur deux pages, sans un point pour les aérer, pour reprendre son souffle. Cela fait chic, vous comprenez. Cela montre le prof qui a lu Proust et qui ne peut s'empêcher d'en laisser quelques bribes, pour épater son lecteur qui ne tarde pas d'ailleurs à perdre pied et haleine. Car la simplicité, c'est aussi un art, un GRAND ART, et puis laissons à Proust sa spécialité !



Mais s'il n'y avait que ces petits défauts de forme ! C'est que le fond, "le sujet" est complètement raté ! Allez chercher des comparaisons qui sont incomparables, comme la chute de l'empire romain avec un petit bar minable dans un petit village minable de Corse, comme il en existe tant - en Corse comme ailleurs - mais cela a plu à beaucoup de Corses, d'ailleurs, qui ne tiennent pas tous, fort heureusement, un bar qui est à la fois un "bordel" et tout ce que vous voudrez de détestable. J'ai trouvé les différentes histoires qui s'y passent tirées par les cheveux, invraisemblables !! Mais comparer la Chute de Rome en prenant l'emphatique discours de notre bon vieux Saint Augustin, avec la destinée de deux jeunes garçons ratés (qui abandonnent "la culture", autrement dit "la philosophie", qui est... l'art de la sagesse et de la raison, pour prendre en main un bar effondré et libidineux), en comparant ainsi un pauvre crime commis sur un pauvre bougre par un pauvre emplâtre puant le vin et décérébré, aux trésors des civilisations romaines, voilà qui frise toutes les figures de rhétorique de l'exagération et Dieu sait s'il y en a !



L'histoire en elle-même pouvait être "bien traitée", mais à condition de trouver la forme et le ton original et non convenu, rien de nouveau sous le soleil, mais le style à lui seul fait miracle ! Or Ferrari nous a ennuyés, nous a enlisés, nous a menés en bateau et fichu le mal de mer tout au long du bouquin. Mais combien je te remercie, l'ami, d'avoir fait court ! jamais je n'aurais pu arriver à la fin de ton histoire ! il est vrai que cela a dû être éreintant de tenir le rythme, quand tout est si difficile, si fouillé, si recherché ! Ma parole ! c'est qu'ils sont doués les petits profs de philosophie, aujourd'hui ! et que n'inventent-ils pas pour semer la terreur chez le lecteur ou provoquer chez lui ce sentiment de "sublime", cher au pseudo-Longin : « La nuit de la fin du monde était calme. Nul cavalier vandale. Nul guerrier wisigoth. Libero faisait la caisse, le pistolet posé sur le comptoir.» Non, les amis, vous ne rêvez pas, la fin du monde arrive, l'eschatologie approche, on va juste zigouiller un pauvre type, et puis tout recommencera comme au début des temps !



On s'attendait à quelque chose d'original, on aurait voulu s'enflammer pour les héros, les prendre en empathie, trembler, rire, vivre quoi ! Non ! on a baillé, comme toujours, on a ri aussi devant la pauvreté grandiloquente des moyens employés pour faire "grand siècle", on en a eu ras le bol !



Et qu'on laisse Augustin tranquille ! comment un tel titre a-t-il pu se présenter pour un ouvrage aussi puéril, aussi banal, aussi fallacieux et creux, et... emmerdant, allez, je l'ai dit !



Je vous en conjure : ne lisez plus le Goncourt, il vous fera perdre votre temps et votre argent. Ou alors, faites comme moi : vous vous le faites prêter, et puis, après, vous vous régalez à écrire un petit article, pour plaire à ceux qui auront partagé vos moments inoubliables !



Mais encore un dernier mot : il se peut bien que Ferrari ait compris la psychologie des lecteurs d'aujourd'hui : faire du convenu, de l'attendu, ne pas déranger les médias, être un reporter à la mode (à la mode corse, ça saute encore mieux !), ne pas faire des vagues (en Méditerranée, pourtant il y en a pas mal), jouer encore la carte "du tourisme", de cette île où "tout peut arriver", et en cela il est encore en adéquation avec la presse locale qui signale presque tous les quinze jours un assassinat !), le tout enrubanné d'un style grandiose et à la fois "vrai" et trivial, puisqu'il y a des passages où les expressions écrites sont familières, peu soutenues, voire très choquantes par rapport au "grand style" !



J'en ai assez dit ! Ce n'est pas demain que je lirai du Ferrari, qui pond régulièrement des livres, tranquillement installé au Qatar. Pas mal pour un petit prof de philo, qui a trouvé les gogos de France pour se faire une réputation et empocher du fric facilement, tout en RIDICULISANT, une fois de plus, la VRAIE LITTERATURE.
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Le Principe

C'est la mode des "livres mondes" ; mais des livres mondes non de 1000 pages, comme nous les avons connus, mais de 130 à 160 pages ; et qui demanderaient un an ou toute une vie pour en exploiter tout le riche contenu.

Ce fut le cas de "La guerre des pauvres" d'Eric Vuillard, qui relata les révoltes paysannes et urbaines contre les fastes ecclésiastiques et seigneuriaux qui émaillèrent les 14, 15 et 16 ème siècles jusqu'à la naissance du protestantisme ;

C'est le cas du "Principe" de Jérôme Ferrari qui évoque dans son ouvrage le terrible et décevant destin de ces hommes qui ont voulu "regarder derrière l'épaule de Dieu" et participèrent aux recherches sur la fission de l'atome et la mise au point de la l'arme nucléaire pendant la deuxième guerre mondiale sans quitter l' Allemagne nazie et aux frais de celle-ci. Ils échouèrent et furent devancés par les américains.

Si le narrateur suis plus particulièrement le trajet du physicien Werner Heisenberg, le père du principe d'incertitude et prix Nobel de Physique en 1932, ils furent en fait dix à poursuivre leur passion pour la recherche dans ces conditions sans adhérer ou si peu au grand mythe nazi. Dix à être capturés à la fin de la guerre et internés pendant six mois en Angleterre dans une maison mise sur écoute, Farm Hall, située à Godmanchester près de Cambridge. Puis ils furent libérés et retournèrent en Allemagne, ayant perdu leur innocence, leurs rêves et s'étant irrémédiablement compromis à leurs propres yeux. Leurs noms sont : Werner Heisenberg, Otto Hahn, Max von Laue, Carl Friedrich von Weizsäcker, Paul Harteck, Walther Gerlach, Karl Wirtz; Kurt Diebner, Erich Bagge et Horst Korsching.

Dix à avoir flirté avec la limite extrême de la matière, celle qu'on n'aurait pas dû voir, à avoir participé à produire un monstre dans le régime le plus infâme qui soit, et à n'y être pas parvenus.

Dix hommes extrêmement passionnés et intelligents. Dix perdants.

Jérôme Ferrari fait de cette triste épopée une tragédie grecque.
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Le sermon sur la chute de Rome

Un livre qui surprend par son écriture foisonnante, son scénario qui compare la chute de Rome, la chute des Empires après 14/18, l'effondrement d'un projet de jeunesse . Le bar corse repris par deux amis d'enfance est au centre de cette leçon de philosophie qui démontre notre incapacité à réaliser nos rêves sur la durée, à ne pas prendre en compte les signes avant-coureurs d'une tragédie annoncée. Le sermon de Saint Augustin jalonne le déroulé du compte-rendu précis d'un effondrement à petite échelle dans le bar du village, signe de plus grands effondrements passés et à venir. Cela résonne ainsi pour moi qui vient de lire Jared Diamond.
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À son image

A travers le portrait d'Antonia, photographe décédée bien trop rapidement, c'est la situation de la Corse et l'absurdité de la violence qui sont évoqués. Un court récit passionnant et percutant.
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Le sermon sur la chute de Rome

Le centre de ce Monde est un village de Corse, et le centre de ce village est un bar.

De ce point d´ancrage nous allons suivre les enfants de différentes familles, du début du siècle à nos jours.

La performance de Ferrari, de mon point de vue, est de créer des atmosphères locales voire intimes tout en faisant, en deux trois coups de pinceaux, résonner en nous les souvenirs de la Grande Histoire, ou les sujets de société, dont les personnages du roman font partie.

Je suis persuadé que certains sujets m´auront échappé mais ceux qui ont activé ma mémoire m´ont déjà permis de lire au-delà des lignes.

Les personnages sont décrits de manière plus ou moins profondes, mais toujours de façon à s´en faire une idée suffisante pour bien les situer.



Je ne connais pas « plus belle la vie » mais il me semble que le sermon de la chute de Rome utilise les même ressorts que cette série, ce qui pourrait en faire un livre très populaire, de bonne facture, qu´un très large public pourrait apprécier.

Mais, je pense également que les amateurs de littérature y trouveront leur compte, grâce au talent de Ferrari dans la construction de son roman et de la « richesse de sa langue » (un peu snob non?)



Un Goncourt de 200 pages, qui parle du « Mistral Corse» et qui risque de faire avancer le lecteur : je ne boude pas mon plaisir.

Je l´offrirai à Noel… En enlevant le bandeau « Prix Goncourt »

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Le sermon sur la chute de Rome

Un voyage désabusé et une sensation de mal être au milieu des rêves voués à l'échec des hommes. Un livre très sombre où tous les projets et aspirations ne sont qu'illusion. L'ensemble est mis en regard avec le caractère éphémère des civilisations dont celle de Rome qui sert de titre au livre. Les phrases très longues renforcent le caractère pesant du récit. Un livre qui marque.
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Le sermon sur la chute de Rome

Aller prenons une grande respiration et plongeons les yeux dans ce prix Goncourt. Ce livre devrait être utilisé par la médecine pour des excercices respiratoires ! En effet ce qui marque immédiatement est la longueur, l'extrême longueur de la quasi totalité des phrases durant les 150 premières pages. Ensuite, pour évoquer la chute, les phrases deviennent plus courtes.

Cette longueur ne m'a pas gêné, les virgules permettent malgré tout de respirer et Ferrari maitrise parfaitement son affaire.



Ainsi le lecteur suit Libero et Matthieu, deux amis d'enfances réaliser de brillantes études puis devenir les gérants d'un BAR en Corse. Moi même titulaire d'un bac+5, je me demande parfois si je ne devrais pas tout reprendre à zéro et faire quelque chose de plus concret. Mon attachement à ces 2 personnages a été immédiat. Nos deux potes se constituent un monde, se créer leur réseau social, bref ils s’épanouissent et s'enferment progressivement dans ce "petit" monde loin des tumultes du "grand" monde. Ces passages de vie au bar me font un peu penser au film l'auberge espagnole, avec ces scènes de vie en communauté de jeunes gens insouciants, ayant l'avenir devant eux.

Mais voila ce bar semble être maudit. Avant eux déjà, de nombreux profils, un trentenaire fêtard, un couple en crise, une dame âgée méchante, ont tenté de développer cette affaire sans succès. Ferrari va donc décrire le processus de destruction de l'idéal construit par Libéro et Matthieu. Progressivement le personnel du bar va partir pour divers motifs : suivre une histoire d'amour, un licenciement après avoir piquer dans la caisse, une démission.

Et là pour moi le livre bascule dans une mauvaise fin : j'aurais préféré que l'auteur continue sur cette bonne piste de la séparation des différents personnages. Mais non, on assiste à un coup de théâtre que je considère trop brutal et le destin de Matthieu n'est pas explicite, le lecteur ne sait pas ce qu'il va faire de sa vie après son départ de Corse.



D'autre part, les passages sur la vie d'Aurélie, la sœur de Matthieu m'ont plutôt ennuyé, les pages consacrées à cette sœur auraient été plus utile pour explorer davantage les personnages de Matthieu et Libéro, la vraie force du livre.



En revanche, j'ai apprécié l'atmosphère lourde, pesante du livre même dans les moments de joie. Le lecteur sait avec le titre et les références à Augustin que tout va basculer vers le triomphe de l'échec. Le personnage de Marcel, grand père de Matthieu, contribue à diffuser cette tristesse avec la narration de sa vie étrange, toujours à côté des grands événements. C'est une bonne réflexion sur nos propres vies.



Pour finir, on peut considérer ce livre comme une nouvelle apologie des thèses de Hobbes qui considérait l'Homme mauvais par nature contrairement à Rousseau. Le fait que l'être humain a tendance à détruire ce qu'il construit, ce qu'il a aimé me semble une évidence de notre monde...







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Où j'ai laissé mon âme

Le capitaine André Degorce se destinait à des hautes études dans l’apprentissage des mathématiques. C’était avant sa déportation pour acte de résistance contre l’occupant Nazi à Buchenwald au printemps 1944. Il en est rentré meurtri en profondeur. Rencontre de l’amour avec Jeanne-Marie qui est son ainée, une mère pour ainsi dire, et retrouve l’envie de se battre pour la vie.

Il débutera sa carrière militaire peu après, comme une révélation.

L’histoire se situe en Algérie en pleine guerre d’indépendance. Il y dirige les renseignements militaires à Alger. Est présent à ses côtés le lieutenant Horace Andréani, un frère d’arme d’Indochine avec lequel il a survécu à l’emprisonnement et les privations des prisonniers de guerre après la chute de Diên Biên Phu.

Mais l’histoire ne se répète pas car il est de l’autre côté, plus une victime. Il donne désormais les ordres aux bourreaux traquant les « terroristes » de L’ALN au travers d’interrogatoires où la torture est une arme.

Il fait face à la grande muette, partagé par ce souci de loyauté et le paradoxe des victoires au goût amère. Ses échanges épistolaires avec sa femme ne sont que banalités et vérité éludée. On le voit perdre la foi, se rendant compte d’une rédemption impossible.

Un prisonnier de premier choix, Tahar, le rappelle à sa propre histoire, le rempli de doutes sur l’accomplissement de sa mission et les moyens mis en œuvre pour la remplir. Sa grandeur d’âme, ses réflexions autours de ses actes entre bien et mal deviennent un épineux supplice.

Un roman qui décrit bien les positions dévastatrices auxquelles doivent se confronter les hommes qui décident de prendre les armes aux noms d’idéologies de civilisation et où la frontière entre victime et bourreau devient si ténue qu’elle rend illégitime toute velléité bienveillante.

J’aurais aimé qu’il développe plus le personnage de Tahar, sa psychologie.

Lecture dure sur un sujet resté tabou. Épisode de l’armée française que l’on méconnait par manque de transparence de celle-ci. Traumatisme d’une génération de soldat.

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Le sermon sur la chute de Rome

Ce texte est paradoxal. L'auteur manie les très longues phrases comme Marcel Proust et sait les ciseler à l'instar de Bernard Clesca ou de Julien Gracq, il est donc bien étrange que tout se rapporte à des faits et des personnages banals, ordinaires, qui n'ont rien à envier aux acteurs d'aujourd'hui, M. et Mme Toutlemonde, sans omettre de sacrifier à la modernité qui veut qu'un roman se compose de chapitres courts avec des histoires entrecroisées et des flashbacks, mais sans avoir, pour autant, la désinvolte outrecuidance de titrer ses chapitres du nom d'un des personnages du livre, recette éculée des vendeurs de soupe à des centaines de milliers d'exemplaires, au jour d'aujourd'hui, au moment où l'on se parle, ici et maintenant, du coup, en même temps et après.

Pas de grande idée dans ce roman non plus mais de très grands morceaux de bravoure en terme d'humour, qui justifient, toujours selon mon humble opinion de lecteur, d'être lu.
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Le sermon sur la chute de Rome

J’ai dévoré « Le Sermon sur la Chute de Rome ». C’est intelligent, c’est original, c’est rythmé, c’est magnifiquement construit. Je l’ai adoré. Le Goncourt 2012 est un grand cru.

L’histoire de base est très simple. Deux amis décident d’interrompre leurs études en philosophie à Paris pour reprendre la gestion d’un bar dans un petit village Corse, là où leurs familles prennent racines, dans le but de créer le meilleur des mondes (leur monde à eux - jeunes utopistes). Cette histoire est entremêlée avec des références philosophiques, principalement les sermons de Saint Augustin sur la chute de Rome, et historiques avec le vécu des générations précédentes dans l’empire colonial français.

La réflexion centrale du roman porte autour de cette phrase de Saint-Augustin : « le monde est comme un homme : il naît, il grandit et il meurt. » Le roman trace sa route sur le comment sortir d’un monde qui se meurt et trouver sa place dans un nouveau. Il aborde la finitude des choses, la naissance et la mort inévitables des différents mondes, personnels ou collectifs. Ainsi, dans le livre, le bar, Rome, les histoires d’amour et l’empire colonial vont naître, connaître la grandeur, puis mourir. Le lecteur sait rapidement que tout est voué à la destruction, mais le livre porte sur les structures et sur les attitudes qui vont mener à cette chute inéluctable. On est proche de la philosophie de Camus, où vivre pleinement le présent constitue la révolte face à l’absurdité du monde.

J’ai également trouvé ce livre assez drôle et grinçant. De plus, l’écriture est magistrale. Il y a des phrases sublimes, parfois longues mais toujours équilibrées. J’ai relu plusieurs fois de nombreux passages, tellement j’étais intéressé tant par le contenu que par la forme de l’écriture.
Lien : http://evanhirtum.wordpress...
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Le sermon sur la chute de Rome

En Corse, dans un petit village loin de la côte, il y a le bar de Marie-Angèle, Hayet y travaille comme serveuse. Un jour, elle s'en va sans prévenir. Mais, Marie-Angèle sait avec certitude qu'elle n'ouvrira plus le bar." Elle ne s'infligerait pas une seule fois de plus le spectacle de l'infecte soupe jaunâtre cristallisant dans les verres sales, l'odeur des haleines anisées, et les éclats de voix des joueurs de belote, au coeur d'hivers interminables dont le souvenir lui donnait la nausée, et les disputes incessantes avec leur rituel des menaces jamais mises à exécution, immanquablement suivies de réconciliations larmoyantes et éternelles.'

Elle décide de mettre son bar en gérance. Après deux tentatives plutôt ratées, deux hommes du pays qui ont fait des études vont prendre la relève.



Une lecture qui ne m'a pas accrochée et qui ne restera pas dans ma mémoire.
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Le Principe

Un roman retraçant le parcours de l’allemand Werner Heisenberg, prix Nobel de Physique 1932 et fondateur de la mécanique quantique. Heisenberg découvrit en 1927 le principe d’incertitude selon lequel on ne peut connaître en même temps la vitesse et la position d’une particule élémentaire. Une découverte qui changea la face du monde, conduisant quelques années plus tard à la fission nucléaire et à Hiroshima. A travers Heisenberg, Ferrari dresse le portrait de ces scientifiques auxquels il « fut donné pour la première fois de regarder par-dessus l’épaule de Dieu ».



Quand l'auteur d'Où j'ai laissé mon âme s’empare d’un tel sujet, il ne donne pas dans le documentaire pédagogique. Il bouscule la chronologie et offre à son récit la prose majestueuse et exigeante qui le caractérise. Des phrases à la beauté foudroyante, s’étalant sur une demi-page ou ramassées sur elles-mêmes, sèches comme un coup de trique. J’ai adoré le vouvoiement du narrateur à l’adresse d’Heisenberg, cette proximité s’installant, presque intime, entre un petit personnage d’aujourd’hui interpellant un grand personnage d’hier pour mieux comprendre un monde où « rien ne peut sauver de la solitude l’homme qui ne rencontre que lui-même. C’est ainsi. Ce monde qui nous prolonge et nous reflète est plus terrifiant, plus étranger, plus hostile que ne le fut jamais la nature sauvage ».



Oui, Heisenberg a mis sa science au service des nazis. Mais conscient du danger potentiel que pourraient engendrer ses travaux, il a fait traîner les choses, incapable de répondre à une question fondamentale, bien plus philosophique que scientifique : un savant doit-il renoncer au progrès à partir du moment où il prend conscience que sa découverte peut détruire le monde ? De toute façon, il n’y a aucun jugement, aucune condamnation dans cet ouvrage. Comme si le principe d’incertitude s’appliquait aussi à celui qui l’a découvert.



Je n’ai pas envie de rentrer dans les détails. Ce texte, il faut s'en délecter, se laisser porter par son rythme harmonieux, par son ampleur, sa mélodie d’une grâce sidérante. Le ton est altier, ne s’embarrassant ni de dialogues ni de descriptions, dans une forme d’épure qui va à l’essentiel. Le dernier chapitre offre un ultime et sublime trait d’union entre deux époques (l’actuelle et celle de la bombe) où la folie des hommes, même si les temps ont changé, reste toujours aussi incontrôlable. Vertigineux !


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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