Citizen Vince ou le quotidien d'un indicateur sous la protection de la Justice américaine. Un roman superbement construit, composé de personnages solides et d'une intrigue qui l'est tout autant et en filigrane, la question de la réhabilitation des criminels. Une grande réflexion sur un sujet complexe.
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Nous sommes en 1962, et Pascale a dû rentrer dans son minuscule village perché sur une côte italienne, à cause de sa mère (« Après l’enterrement, il supplia sa vieille mère de venir vivre à Florence, mais cette simple proposition la scandalisa. « Quelle épouse serais-je si j’abandonnais ton père uniquement parce qu’il est mort ? »« ). Il y a repris le tout petit hôtel paternel qui a en réalité un seul et unique client, un américain qui, quinze jour par an, vient y peaufiner le seul et unique chapitre qu’il ait jamais écrit. Nous sommes en alternance également de nos jours, à Hollywood, en compagnie d’un producteur très hollywoodien – Michaël Deane – qui incarne toutes les dérives liées à l’industrie du cinéma. Enfin nous suivons la vie de Dee Moray, que Deane a envoyé (sans le savoir) vers Pascale en 1962. En 456 pages parfaites, nous sommes partie prenante du tournage d’un film, d’un pitch incroyablement prometteur, d’un stand-up touchant et sincère, d’un brillant chapitre de roman et assistons à une pièce de théâtre qui parvient à nous couper le souffle. Le tout sur un rythme qui ne faiblit jamais et qui distille à chaque page de puissants charmes d’attachement, ceux liés aux perdants magnifiques et aux salauds sans rédemption : quelle histoire, mais quelle histoire !
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Une histoire originale, drole, tendre a propos de personages fabuleux mais aussi imparfaits, pour qui la vie ne suit pas le chemin espere. L'emboitement des periodes de temps rend l'histoire attractive et pleine de suspense.
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Livre bien sympathique dans le prolongement d'un séjour dans les Cinq Terre.
Naïveté, star, Hollywood et amour. Un bon cocktail bien distrayant servit avec humour.
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Un livre original dans sa construction et ses moyens narratifs. On passe de 1962 à nos jours ou à 1978...de Cinque Terre à l'Oregon ou Holywood...de la narration traditionelle, au pitch de scénario ou au résumé de pièce de théatre.
Cela ne crée pas la confusion mais l'attente, ...l'attente de vite savoir ce qu'il va arriver des sentiments de Pasquale pour Dee, de Dee pour Burton. Certaines digressions qui peuvent paraître saugrenues au départ donnent en fait un éclairage nouveau à la trame principale ou aux personnages centraux.
Un moment agréable, un roman fourmillant d'idées.
Mais attention, Amoureux de Cinque Terre vous serez déçus, car finalement peu de pages sont consacrées à ce coin de paradis et à ses habitants oubliés des Dieux.
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Après Citizen Vince et La vie des financière des poètes que j'ai lus avec un égal bonheur, voici De si jolies ruines, un roman choral élégamment construit autour de personnages n'ayant, de prime abord, aucune affinité mais qui tous vont se rejoindre par l'effet du hasard ou du destin. Parsemé de pointes d'humour et d'un peu de philosophie et ayant pour cadre des endroits aussi variés que les Cinque Terre, Hollywood, Seattle et l'Idaho, les « héros » de cette délicieuse histoire, dont un Richard Burton hilarant, m'ont fait passer un très agréable moment de lecture.
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Quelle bonne surprise que ce livre ! Drôle, optimiste, nostalgique, il nous propose de suivre les destins entremêlés d'une demi-douzaine de personnages et, au travers d'eux, de voyager dans l'espace – du petit village de Porto Vergogna dans les Cinque Terre à Hollywood, en passant par l'Ecosse – et dans le temps – de la seconde guerre mondiale à nos jours. Avec en guest- star, Richard Burton, pas moins, échappé du tournage de Cléopâtre… Ce patchwork, composé de morceaux de bravoure et de pièces un peu plus lâches, voire déroutantes, constitue un véritable plaisir de lecture où l'on sourit, souvent, aux bons mots de l'auteur et à ses images inédites et drôles.
Il est dommage que l'avant dernier chapitre, ce long chapitre au cours duquel toutes les destinées se rejoignent avant, pour certaines, de s'éloigner à jamais, ait été traité comme le final d'une pièce de boulevard. A le lire, on a l'impression que l'auteur était pressé de finir son roman. Et même si Jess Walter se reprend dans un dernier chapitre empreint de romantisme, il laisse planer quelques regrets. de ces regrets qui distinguent un bon roman d'un grand roman.
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« The dying actress arrived in his village the only way one could come directly – in a boat that motored into the cove, lurched past the rock jetty, and bumped against the end of the pier. »
Que dire de ce livre? Il est plaisant mais sans plus.
Si vous connaissez « le facteur / il postolino » alors vous avez une trame un peu identique mais nettement moins réussie. Une actrice de second rôle, à qui on fait croire qu’elle a un cancer en phase terminale alors qu’elle est enceinte, se retrouve dans un village voisin des Cinqueterre. Nous sommes dans les années cinquante. Elisabeth Taylor et un de ses futurs maris font la une des journaux, ils tournent un film qui a couté une fortune, cette idylle doit continuer pour sauver le film et donc cette jeune actrice doit être éloignée à tout prix. Elle se retrouve dans un hôtel dont le propriétaire, un peu naïf, va tomber fou amoureux. Il ne se passera pas grand-chose mais c’est l’occasion de présenter ce coin de l’Italie qui est magnifique.
Trente ans plus tard on retrouve ces personnages à Hollywood mais il est moins question de sitcoms que de série télé et de reality show. La vérité va éclater.
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Ce roman qui se passe en Italie et aux Etats Unis à des époques différentes est une galerie de personnages reliés les uns aux autres par un fil conducteur. Tous recherchent un bonheur qu'ils n'arrivent pas à trouver : Pasquale Tursi en la belle actrice américaine dont il tombe immédiatement amoureux et qu'il retrouvera malade après des années de recherche, Dee Moray l'amour d'un homme attiré par l'alcool (Richard Burton), Mickael Dane le succès cinématographique... La fin du roman donne un épilogue à chaque personnage et montre que chacun a vécu sa vie plus ou moins selon ses rêves.
Pour moi ce roman peut être intéressant par les destins et les caractères des deux personnages principaux, Pascale et Dee qui captent l'attention du lecteur et réussissent à stimuler l'intérêt jusqu'au bout.
Néanmoins l'intrigue qui n'est pas construite de façon linéaire mais par sauts dans le temps et l'espace, donne parfois l'impression d'être "embouillée".
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Je trouve que ce livre est bien construit. Jess Walter nous entraîne dans le monde artistique avec différents protagonistes. Il tisse même son roman autour de l'histoire entre Richard Burton et Elizabeth Taylor. Pour les lecteurs qui les ont connus à cette époque, c'est très attrayant ! D'autant plus qu'on ne se sent pas abandonné dans quelque chose de fade. Tout y est pour intriguer et tenir le lecteur par le bout du nez.
Nous sommes partagés entre des moments des années 60 et plus récents, entre l'Italie et les Etats-Unis. Nous faisons la rencontre d'un aubergiste nommé Pasquale Tursi et d'une actrice, Dee Moray, mise de côté de façon peu conventionnelle. Ce sont mes personnages préférés. Ils apportent une profondeur dans ce roman qui ne laisse pas indifférent. A ceux-là vont s'ajouter un producteur cinématographique et son assistante, qui viennent pimenter le tout.
Ce livre est en effet bien construit avec ses allers-retours passé/présent, j'ai apprécié l'histoire et la tournure qu'elle prend. Mais je n'ai rien ressenti de particulier en le terminant. J'ai fermé le livre et eu envie de passer à autre chose. C'est tout. Même s'il fait plus de 450 pages. Je qualifierai ce livre d'intéressant, si l'on aime le cinéma (car il prend une très grande place dans l'histoire) mais pas inoubliable...
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« De si jolies ruines » fait partie de ces lectures qui vous font voyager. De l'Italie aux Etats-Unis, des années 60 à nos jours, Jess Walter nous propose plusieurs scènes d'action, dont une qui m'a particulièrement plu, de celle qu'on prend plaisir à imaginer. J'ai particulièrement aimé les passages se situant à Porto Vergogna, en Italie, dont les paysages sont surement aussi beaux que celui représenté sur la couverture de ce roman.
J'ai apprécié cette lecture, l'amour en est le fil conducteur, celui qui nous motive, nous fait vivre des moments difficiles, celui qui nous fait traverser l'atlantique, celui qui nous pousse à cacher certaines vérités, en somme, celui qui nous mène par le bout du nez.
J'ai cependant eu du mal à m'attacher aux personnages, même à Pasquale. On retrouve pourtant des célébrités, Michael Deane, Liz Taylor, Richard Burton, mais je ne sais pas si ce n'est pas cela qui m'a posé problème... J'ai découvert l'histoire proposée par Jess Walter sans être profondément touchée, même si les destins croisés de ce roman sont intéressants ils ne m'ont pas transportés.
Une lecture en demi-teinte, pas totalement convaincante mais pourtant agréable.
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Voilà un bon roman, peut-être un petit peu éparpillé tant Jess Walter mêle les époques et nous confronte à de forts personnages en des âges différents. En vrac un écrivain américain qui écrira bien peu, lors de la libération de l'Italie en 1944. Une jeune actrice sur la côte ligure, échappée du tournage de Cléopâtre en 62. Un très modeste hôtelier italien et sa mère dans le minuscule port de Porto Vergogna, tout un programme. Un producteur américain typique donc mesquin et grandiose. Gravitent tout autour Richard Burton en personne, et bien d'autres....
De si jolies ruines brasse beaucoup de thèmes. Des destins fracassés comme dans un feuilleton, l'exotisme que présentait encore dans les années 60 la Riviera, la satire un peu facile de Hollywood et de ses moeurs avec caprices de stars et infantilisation, une jolie histoire d'amitié qui survivra à cinquante années de séparation. Notre tendresse va davantage à Pasquale et Dee la jeune actrice emportée dans une sombre machination. Ce sont évidemment les coeurs purs. Mais les puissants sont bien campés, notamment le producteur Michael Deane, inspiré de... et le portrait de Burton, star des paparazzi des sixties est également saisissant. C'est un livre riche en péripéties, en aller retour, où le lien avec notre époque passe par les années cames, les années seringues dorénavants inhérentes à presque toute littérature. C'est Pat, fils de Dee, musicien rock qui assure cette partition. Mais j'ai peur d'être un peu confus à la chronique de ce livre, presque trop riche. Car Jess Walter revient sur un épisode de la conquête de l'Ouest, l'expédition Donner, tragédie dans les Montagnes Rocheuses en 1846.
Récapitulons calmement, toute l'Amérique est là, la guerre en Italie, le cinéma et les affaires, les parties fines et l'alcool, le rock et la Californie, la mythologie du western, tout de déraison. Notre ami Pasquale, Italien du nord, n'en est que plus sensible, et sensé. Un très bon moment de lecture, un peu trop encensé quand même à mon goût. Mais, rappel, comme toujours, ce n'est que mon avis.
Je crois que Beautiful ruins est un projet de cinéma. Je n'ai aucune autre information à ce sujet. Nous en resterons donc au projet avant d'aller au cinéma.
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L'embarquement pour Porto Vergogna ne ressemble en rien à celui pour Cythère ! Ce petit village de pêcheurs de sardines et d'anchois, doté d'un unique hôtel-restaurant qui ne compte que de très rares clients, n'a pas les atouts des ses voisines des Cinq Terres, Portovenere ou Riomaggiore. Le seul fidèle est Alvis qui vient rituellement passer quinze jours chaque printemps pour avancer son roman sur la Seconde Guerre Mondiale. Il s'emploie surtout pendant cette période à aligner les verres sur le comptoir plutôt que les lignes sur le papier.
Nous sommes en 1962, Pasquale Tursi, 21 ans, vient de reprendre la tête de ce minuscule "Hotel adequate view" et se lance dans des travaux dignes de Sisyphe : fortifier la digue existante pour créer une plage et aplanir un terrain pour le transformer en terrain de tennis... Rêves fous que les habitants observent avec une ironie bienveillante. A croire pourtant que rêver n'est pas vain puisque débarque une jeune actrice américaine, Dee Moray. Elle a quitté précipitamment le tournage de "Cléopâtre" avec Elisabeth Taylor et Richard Burton et une aura de mystère entoure la raison de sa "retraite" dans ce lieu isolé. En fait, sa fuite a été orchestrée par Michael Deane, assistant de production, en fait un "nettoyeur" chargé par la Fox de faire en sorte que le film, devenu un vrai gouffre financier, s'achève dans les plus brefs délais.
Le deuxième chapitre nous transporte de nos jours à Hollywood. L'histoire est à présent racontée par Claire Silver, assistante en chef du vieillissant Michael Deane, qui en est réduit à produire de la télé-réalité bas de gamme. Elle désespère , elle qui "voulait faire des films intelligents et émouvants". La jeune femme envisage de changer de métier quand surgit du passé Pasquale Tursi, à la recherche de l'actrice qui a illuminé brièvement son existence avant de disparaître mystérieusement.
Jess Walter joue avec maestria sur la chronologie, il enchaîne des épisodes allant de la Seconde Guerre Mondiale à notre époque contemporaine pour mieux nous faire appréhender chacun des personnages. Il entremêle le vrai et le faux, nous fait découvrir un Richard Burton, aussi charismatique que destructeur, un milieu du cinéma où les acteurs commencent à devenir des légendes, légendes savamment orchestrées par les productions.
Certains personnages, comme Pasquale ou Dee, sont profondément romanesques, deux papillons de nuit que la lumière a brûlés mais capables de résilience. La fin du roman est un pied de nez au cynisme, au pouvoir corrupteur de l'argent, à l'érosion des corps et des sentiments.
Un roman à la construction d'une grande intelligence, aux multiples personnages qui tous trouvent leur place dans ce puzzle narratif !
Une lecture enthousiasmante !
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Dans ce roman hautement social et politique, nous suivons les aventures de Rye Dolan et de son grand frère Gig : orphelins et sans le sou, ils sont des « hobos », des travailleurs itinérants qui sillonnent l’Ouest des Etats-Unis sur les toits des wagons à la recherche de leur prochain job, libres mais misérables. Au début du roman, ils sont installés depuis quelques temps à Spokane, petite ville en pleine expansion de l’Etat de Washington, qui attirent les travailleurs de tous horizons, migrants et hobos.
Mais cela ne se passe pas sans heurts : patrons et autres autorités exploitent et maltraitent sans vergogne ces ouvriers dans des relents de xénophobie et de haine de l’autre nauséabonds. Et quand les syndicats s’en mêlent, la situation devient explosive pour les frères Dolan et les travailleurs de Spokane.
Quel plaisir de lecture dans ce roman ! D’abord parce qu’il raconte la répression sanglante et complètement illégale des syndicats dans les années 1910 et que c’est instructif et passionnant. Ensuite pour ses personnages, qui constituent selon moi la grande force du roman de Walter : la relation des frères Dolan est attachante, la fougue et la combattivité de la jeune syndicaliste qu’ils rencontrent, Elizabeth Gurley Flynn est impressionnante (Walter n’a rien inventé pour ce personnage à la verve inimitable), et le sentiment d’impunité des autorités locales révoltant.
La conscience de l’injuste répartition des richesses entre ceux qui travaillent et ceux qui dirigent, et surtout cette énergie incroyable que déploient les membres de l’Industrial Workers of the World (IWW), premier syndicat à avoir accueilli dans ses rangs tous les travailleurs sans distinction de sexe, de couleurs ou de nationalité, pour garantir de meilleurs conditions de travail aux ouvriers donnent à ce roman un tour politique réjouissant.
Dans un savant mélange de fiction et de faits historiques, le roman de Jess Walter est une réussite ! Et nous donne encore et toujours l’espoir « De jours meilleurs ». Captivant !
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En 1909 à Spokane (Etat de Washington), il ne faisait pas bon être ce qu’on appelle aujourd’hui un travailleur précaire. Les emplois étaient rares et les cinq mille saisonniers et vagabonds de la ville devaient payer un dollar à d’obscures officines de placement pour éventuellement pouvoir travailler douze heures par jour quelques semaines dans les mines avant d’être remplacés par d’autres malheureux.
Gig, l’aîné des Dolan, et son petit frère de dix-sept ans, Rye, refusent de se soumettre au dictat des patrons rançonneurs et s’engagent au IWW (Industrial Workers of the world), un syndicat international très actif et forcément honni du patronat et de la bonne société américaine.
Adepte de la non-violence, l’IWW cherche à fédérer les travailleurs et multiplie les actions symboliques malgré les intimidations de la police de Spokane. Le soutien de la jeune et jolie Elisabeth Gurley, égérie charismatique du mouvement, galvanise le jeune Rye qui s’implique de plus en plus dans la lutte.
Construit à partir de personnages et de faits historiques, ce roman porte un éclairage passionnant sur la situation des précaires américains mais aussi des minorités au début du siècle dernier. On y suit également avec intérêt les difficultés rencontrées par les syndicalistes soumis à la tentation de la violence, confrontés aux exigences des féministes, infiltrés par les forces capitalistes et harcelés par les autorités. Un roman édifiant !
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En 1909 aux Etats-Unis il y a déjà des travailleurs pauvres. Particulièrement ceux qui ne trouvent que du boulot saisonnier ou temporaire, parfois juste pour une journée. En plus ils doivent payer pour que les bureaux de recrutement les sélectionnent. Ces pauvres diables qui errent sur l'ensemble du territoire sont souvent d'origine étrangère, allemands, italiens, polonais, irlandais, mais aussi des indiens présents sur le territoire bien avant la communauté blanche qui représente l'élite parce qu'elle s'est enrichie en occupant le pays rapidement par la force.
Les règles imposées localement se fichent complètement de respecter la constitution, la police corrompue et vénale est aux ordres des nantis, le respect des lois secondaire.
Sur une base de faits historiques Jess Walter nous raconte la vie romancée des frères Dolan, impliqués dans les manifestations syndicales pour un monde plus juste et réprimées dans le sang.
Autre lieu, autre époque que Les vivants et les morts de Gérard Mordillat, pourtant je trouve des similitudes sociales aux deux romans.
Une bonne histoire, des personnages intéressants, une écriture rythmée, vous trouverez tout ce qu'il faut pour un bon moment de lecture.
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1909. Rye, Ryan Dolan, 16 ans, a rejoint son frère Gig, Gregory, à la mort de leur mère, à Spokane, pour s'installer avec lui, trouver du travail, se poser après une enfance et une adolescence pas de tout repos. Sauf que Gig, qui a déjà quitté le nid depuis quelque temps, n'a pas pris le meilleur chemin, buvant plus que de raison et s'étant amouraché d'une chanteuse-danseuse dont l'amant n'est autre qu'Early Reston, le plus grand propriétaire et industriel du coin. Si l'on ajoute à cela que le grand frère s'est acoquiné avec des syndicalistes des Industrial Workers of the World, le répit désiré par le petit frère sent vraiment le sapin. Et effectivement, il sera pris, au même titre que Gig, dans une grève, qui les mènera, tous deux, en prison, même si cela aura des conséquences bien moins fâcheuses pour Rye que prévu, puisque c'est ce qui va lui permettre de rencontrer Elizabeth Gurley Flynn, qui va radicalement changer son existence.
Roman pertinent, déjà, en ce qu'il choisit de raconter un pan de l'histoire américaine du début du XXème siècle peu mis en avant, celui de la création des IWW et des grèves qui en ont suivi dans les industries du pays, Des jours meilleurs est en plus, historiquement, fidèle à la réalité en de très nombreux points, très détaillé, et respecte le plus possible l'Histoire de l'époque lorsque des personnages, des évènements... sont inventés pour servir l'intrigue. L'on est vraiment dans l'ambiance Far West à son crépuscule, où tous les coups, les plus vils, les plus tordus, les plus brutaux, sont permis.
L'on alterne entre l'histoire de Rye, passé comme présent, et celle d'autres personnages de son entourage, son frère, bien sûr, Elizabeth Gurley Flynn, également, mais aussi d'autres, plus ou moins de passage à Spokane, dans tous les cas clés pour l'évolution du protagoniste. Car, bien évidemment, le roman historique se fait aussi d'apprentissage, bien que sur le tard, pour Rye, qui découvre un autre monde, une autre existence, d'autres valeurs, qui vont profondément le changer.
Une découverte qui m'a particulièrement surprise, car je ne pensais pas lire un roman aussi prenant, remarquablement documenté, qui nous plonge vraiment dans l'ouest américain des années 1900.
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"Quand le monde tourne à l'envers, ce n'est pas rien d'entendre quelqu'un affirmer qu'il pourrait en être autrement, qu'un homme pourrait être payé suffisamment pour se nourrir et se loger."
# Vers, espérons-le, Des jours meilleurs # Hier, aujourd'hui # Là-bas, ici
Après un voyage en 2084 et le futur réjouissant (comics) de -we live-, petit saut dans le passé, sur un autre continent, au début du 20e s. Ce roman a comme une résonance étrange avec aujourd'hui et ici (cfr prix du gaz, de l'électricité, de l'essence, montant du dernier ticket de courses, bousculade au portillon des CDI, grèves et manifestations, etc....)
Etat de Washington, 1909, Rye, 16 ans se retrouve seul après le décès de sa mère. Unique possibilité, rejoindre son frère aîné, Gig, 23 ans, et adopter une vie de nomade, voyageant sans cesse d'une ville à l'autre en recherche d'un travail pour se payer de quoi manger et essayer de survivre.
Spokane, en pleine expansion, semble l'endroit rêvé pour se poser et gagner sa vie. La ville attire des migrants de tous horizons: finlandais, chinois, croates, serbes, irlandais en plus des victimes de la conquête de l'ouest, tel Jules, vieil indien de 60 ans, acheté à 10 ans par un blanc. (la ville tire son nom de la tribu des enfants des étoiles dont il est issu)
Pourtant là comme ailleurs, le fossé se creuse entre les richissimes propriétaires de mines et les pauvres. Les travailleurs sont exploités par les premiers, grugés par ceux qui leur vendent 1 $ (de l'époque, voir l'inflation) l'accès au travail, s'entendant avec les patrons pour se partager ensuite les gains et les expulser de la ville telles des vermines.
Pour y maintenir ordre & moralité: des policiers adeptes de la matraque. Pour divertir et faire dépenser leurs cents aux ouvriers: du whisky & des prostituées. Qui tire(nt) les ficelles de ce ballet bien orchestré ? Là est une partie de l'intrigue et du mystère qui plane sur The Cold Millions (en vo).
C'est dans cette situation sous poudrière qu'apparaissent les wobblies, membres du IWW, Industrial Workers of the World, à souligner que c'est le premier syndicat à avoir accueilli dans ses rangs TOUS les travailleurs quels que soient leur sexe (femmes, hommes), leur couleur (noirs, blancs), leur religion ou leurs origines (immigrés, natifs). Ils cherchent à obtenir un meilleur salaire et de meilleures conditions d'emploi.
Ils seront rejoints en ce sens par une jeune suffragette, Elizabeth Gurley Flynn, qui, pour l'époque, est loin d'avoir la langue dans sa poche.
"« Sauf votre respect, monsieur, répondit-elle, je pense que la justice, économique ou autre, ne pourra pas exister, pour n'importe quel être humain, tant que nous n'aurons pas, une bonne fois pour toutes, émancipé le vagin. »
Son but: récolter un maximum d'argent pour organiser la défense des travailleurs et se battre pour le droit à la liberté d'expression.
Le tout jeune Rye, ado aux oreilles en forme de chou-fleur comme le gamin de la couverture, tombe sous le charme de la fougue et de la détermination de la rebelle suffragette; il épouse bientôt la cause des syndicalistes. Des 2 frères, c'était pourtant l'aîné Gig qui y semblait le plus prédisposé par sa nature et sa scolarité, malgré un penchant certain pour les jolies femmes et leur puma (Ursula la grande). L'histoire en décidera autrement.
Dans ce roman historique fictionné, Jess Walter nous fait découvrir Gurley, une rebelle moderne qui était loin d'avoir froid aux yeux et nous entraîne avec les deux frères Dolan dans les premiers pas des syndicalistes wobblies ouverts à un monde meilleur où tous seraient égaux face au travail et à l'argent: femmes, hommes, noirs, blancs, indiens, chinois, --- vers (?)
--- vers (?) --- Des Jours Meilleurs (?)
Si je connaissais l'existence des travailleurs nomades, merci à Charlie Winston pour son 'Like a hobo', les wobblies (syndicalistes IWW) et la suffragette Elizabeth Gurley Flynn m'étaient totalement étrangers.
Les 500 pages de l'histoire touchante des deux frères Dolan ont donc été assez riches en enseignements: luttes pour l'emploi, répression des contestataires, conservatisme des journaux, discordes dans les rangs des travailleurs, ligue de moralité, suffragettes, anarchistes, agences de détectives, etc.
C'est la couverture particulièrement bien choisie de la version française qui m'avait attirée: un cliché noir et blanc de Lewis Wickes Hine, sociologue, pionnier du documentaire photo dénonçant les conditions de travail des enfants et la misère sociale au début du 20è siècle.
Les oreilles en forme de chou-fleur du gamin, l'impression qui se dégage, à la fois de jeunesse et de tellement déjà vécu et enduré m'ont 'séduite'. le récit bien documenté, rendant hommage au grand-père 'hobo' de l'auteur et à son père syndicaliste, fictionné à partir de certains faits et personnages réels ont achevé de me séduire.
Choix du titre également en raison de l'éditeur qui m'avait fait découvrir en 2020 l'écriture de William Melvin Kelley (Un autre tambour, Jazz à l'âme) et la jeune auteure chinoise An Yu, Porc braisé.
Le présent comme une répétition du passé, et nous (à nouveau & encore) en attente de (s) jours meilleurs ?
"Quelques-uns vivaient comme des rois, les autres étreignaient la terre jusqu'à ce qu'elle s'ouvre pour les accueillir."
Il nous reste à espérer et à nous 'battre' pour qu'ils arrivent bien vite
# Des jours meilleurs, le 8 juin 2022 @ La Croisée via # NetGalley France
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