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Jean Esch (Traducteur)
EAN : 9782264081148
480 pages
10-18 (15/06/2023)
3.74/5   25 notes
Résumé :
1909 à Spokane, dans l’état de Washington. Les frères Dolan vivent de menus larcins et de petits boulots. Rye, 16 ans, rêve de mener une vie tranquille, mais son grand frère Gig se lie à aux premiers travailleurs syndiqués du IWW (International Workers of the World) qui se battent pour un salaire et des conditions de travail décents. Quand Rye rencontre la suffragette Elizabeth Gurley Flynn, il tombe amoureux et s’engage dans le mouvement. Au risque de s’y perdre. <... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
"Quand le monde tourne à l'envers, ce n'est pas rien d'entendre quelqu'un affirmer qu'il pourrait en être autrement, qu'un homme pourrait être payé suffisamment pour se nourrir et se loger."

# Vers, espérons-le, Des jours meilleurs # Hier, aujourd'hui # Là-bas, ici

Après un voyage en 2084 et le futur réjouissant (comics) de -we live-, petit saut dans le passé, sur un autre continent, au début du 20e s. Ce roman a comme une résonance étrange avec aujourd'hui et ici (cfr prix du gaz, de l'électricité, de l'essence, montant du dernier ticket de courses, bousculade au portillon des CDI, grèves et manifestations, etc....)

Etat de Washington, 1909, Rye, 16 ans se retrouve seul après le décès de sa mère. Unique possibilité, rejoindre son frère aîné, Gig, 23 ans, et adopter une vie de nomade, voyageant sans cesse d'une ville à l'autre en recherche d'un travail pour se payer de quoi manger et essayer de survivre.

Spokane, en pleine expansion, semble l'endroit rêvé pour se poser et gagner sa vie. La ville attire des migrants de tous horizons: finlandais, chinois, croates, serbes, irlandais en plus des victimes de la conquête de l'ouest, tel Jules, vieil indien de 60 ans, acheté à 10 ans par un blanc. (la ville tire son nom de la tribu des enfants des étoiles dont il est issu)

Pourtant là comme ailleurs, le fossé se creuse entre les richissimes propriétaires de mines et les pauvres. Les travailleurs sont exploités par les premiers, grugés par ceux qui leur vendent 1 $ (de l'époque, voir l'inflation) l'accès au travail, s'entendant avec les patrons pour se partager ensuite les gains et les expulser de la ville telles des vermines.

Pour y maintenir ordre & moralité: des policiers adeptes de la matraque. Pour divertir et faire dépenser leurs cents aux ouvriers: du whisky & des prostituées. Qui tire(nt) les ficelles de ce ballet bien orchestré ? Là est une partie de l'intrigue et du mystère qui plane sur The Cold Millions (en vo).

C'est dans cette situation sous poudrière qu'apparaissent les wobblies, membres du IWW, Industrial Workers of the World, à souligner que c'est le premier syndicat à avoir accueilli dans ses rangs TOUS les travailleurs quels que soient leur sexe (femmes, hommes), leur couleur (noirs, blancs), leur religion ou leurs origines (immigrés, natifs). Ils cherchent à obtenir un meilleur salaire et de meilleures conditions d'emploi.

Ils seront rejoints en ce sens par une jeune suffragette, Elizabeth Gurley Flynn, qui, pour l'époque, est loin d'avoir la langue dans sa poche.
"« Sauf votre respect, monsieur, répondit-elle, je pense que la justice, économique ou autre, ne pourra pas exister, pour n'importe quel être humain, tant que nous n'aurons pas, une bonne fois pour toutes, émancipé le vagin. »
Son but: récolter un maximum d'argent pour organiser la défense des travailleurs et se battre pour le droit à la liberté d'expression.


Le tout jeune Rye, ado aux oreilles en forme de chou-fleur comme le gamin de la couverture, tombe sous le charme de la fougue et de la détermination de la rebelle suffragette; il épouse bientôt la cause des syndicalistes. Des 2 frères, c'était pourtant l'aîné Gig qui y semblait le plus prédisposé par sa nature et sa scolarité, malgré un penchant certain pour les jolies femmes et leur puma (Ursula la grande). L'histoire en décidera autrement.

Dans ce roman historique fictionné, Jess Walter nous fait découvrir Gurley, une rebelle moderne qui était loin d'avoir froid aux yeux et nous entraîne avec les deux frères Dolan dans les premiers pas des syndicalistes wobblies ouverts à un monde meilleur où tous seraient égaux face au travail et à l'argent: femmes, hommes, noirs, blancs, indiens, chinois, --- vers (?)
--- vers (?) --- Des Jours Meilleurs (?)

Si je connaissais l'existence des travailleurs nomades, merci à Charlie Winston pour son 'Like a hobo', les wobblies (syndicalistes IWW) et la suffragette Elizabeth Gurley Flynn m'étaient totalement étrangers.

Les 500 pages de l'histoire touchante des deux frères Dolan ont donc été assez riches en enseignements: luttes pour l'emploi, répression des contestataires, conservatisme des journaux, discordes dans les rangs des travailleurs, ligue de moralité, suffragettes, anarchistes, agences de détectives, etc.

C'est la couverture particulièrement bien choisie de la version française qui m'avait attirée: un cliché noir et blanc de Lewis Wickes Hine, sociologue, pionnier du documentaire photo dénonçant les conditions de travail des enfants et la misère sociale au début du 20è siècle.

Les oreilles en forme de chou-fleur du gamin, l'impression qui se dégage, à la fois de jeunesse et de tellement déjà vécu et enduré m'ont 'séduite'. le récit bien documenté, rendant hommage au grand-père 'hobo' de l'auteur et à son père syndicaliste, fictionné à partir de certains faits et personnages réels ont achevé de me séduire.

Choix du titre également en raison de l'éditeur qui m'avait fait découvrir en 2020 l'écriture de William Melvin Kelley (Un autre tambour, Jazz à l'âme) et la jeune auteure chinoise An Yu, Porc braisé.


Le présent comme une répétition du passé, et nous (à nouveau & encore) en attente de (s) jours meilleurs ?
"Quelques-uns vivaient comme des rois, les autres étreignaient la terre jusqu'à ce qu'elle s'ouvre pour les accueillir."
Il nous reste à espérer et à nous 'battre' pour qu'ils arrivent bien vite

# Des jours meilleurs, le 8 juin 2022 @ La Croisée via # NetGalley France
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Le sujet de ce roman m'enthousiasmait et j'en attendais beaucoup surtout que j'avais été enchantée par " faire bientôt éclater la terre" de Karl Marlandes qui aborde également la pauvreté des travailleurs dans les années 1910 aux USA et la montée du IWW (syndicat des travailleurs du monde).
J'ai été déçue car je n'y ai pas senti l'énergie de la passion,la force du combat pour des idées et surtout la croyance profonde en une cause. le personnage phare de ce roman est pour moi indéniablement Elizabeth Gurley Flybn,grande syndicaliste féministe qui a réellement existé,car c'est la seule qui apporte justement la vivacité de la rébellion et la persuasion que la vie ne vaut d'être vécue si on ne bat pour approcher de son idéal.
A travers deux frères, Gig et Rye Dolan,Jess Walter plonge ses lecteurs dans le monde de la précarité. Celui des travailleurs saisonniers,des chômeurs, des vagabonds,des laissés pour compte. Gig est engagé dans l'IWW mais souhaite protéger son petit frère des violences. Cependant, lors d'une manifestation en faveur de la liberté d'expression, ils se font arrêter. Rye est rapidement relâché ce qui n'est pas le cas de Gig. Rye n'aura de cesse de faire libérer son frère quoiqu'il en coûte.
De nombreux personnages hauts en couleurs donnent vie à cette saga: la grande Ursula,les agents de police,l'avocat F.Moore,le riche Lem Brand,Early dont on ne sait s'il est voyou ou anarchiste etc ainsi que la ville de Spokane personnage à part entière. On est spectateurs d'un monde désenchanté et violent où la corruption fait davantage recette que les discours militants.
Early à un regard ironique sur Gig et son frère, il ne croit pas à la non violence et au pouvoir de la parole pour changer le monde. Selon lui l'IWW pourra au mieux remplacer des " salopards par d'autres. Son questionnement m'a touché par sa justesse toujours actuelle: " ce que je veux dire,c'est que le problème, ce n'est peut-être pas le roi. Peut-être que le moment est venu...de faire sauter ce putains de château. "
En rédigeant ce billet je me rends compte que ce roman a finalement beaucoup de qualités et d'intérêt dont une description certainement très réaliste de la société américaine mais je conclue par mon ressenti très personnel qu'il manque la part de rêve et d'espoir que j'attendais.
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En 1909 à Spokane (Etat de Washington), il ne faisait pas bon être ce qu'on appelle aujourd'hui un travailleur précaire. Les emplois étaient rares et les cinq mille saisonniers et vagabonds de la ville devaient payer un dollar à d'obscures officines de placement pour éventuellement pouvoir travailler douze heures par jour quelques semaines dans les mines avant d'être remplacés par d'autres malheureux.
Gig, l'aîné des Dolan, et son petit frère de dix-sept ans, Rye, refusent de se soumettre au dictat des patrons rançonneurs et s'engagent au IWW (Industrial Workers of the world), un syndicat international très actif et forcément honni du patronat et de la bonne société américaine.
Adepte de la non-violence, l'IWW cherche à fédérer les travailleurs et multiplie les actions symboliques malgré les intimidations de la police de Spokane. le soutien de la jeune et jolie Elisabeth Gurley, égérie charismatique du mouvement, galvanise le jeune Rye qui s'implique de plus en plus dans la lutte.
Construit à partir de personnages et de faits historiques, ce roman porte un éclairage passionnant sur la situation des précaires américains mais aussi des minorités au début du siècle dernier. On y suit également avec intérêt les difficultés rencontrées par les syndicalistes soumis à la tentation de la violence, confrontés aux exigences des féministes, infiltrés par les forces capitalistes et harcelés par les autorités. Un roman édifiant !
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1909. Rye, Ryan Dolan, 16 ans, a rejoint son frère Gig, Gregory, à la mort de leur mère, à Spokane, pour s'installer avec lui, trouver du travail, se poser après une enfance et une adolescence pas de tout repos. Sauf que Gig, qui a déjà quitté le nid depuis quelque temps, n'a pas pris le meilleur chemin, buvant plus que de raison et s'étant amouraché d'une chanteuse-danseuse dont l'amant n'est autre qu'Early Reston, le plus grand propriétaire et industriel du coin. Si l'on ajoute à cela que le grand frère s'est acoquiné avec des syndicalistes des Industrial Workers of the World, le répit désiré par le petit frère sent vraiment le sapin. Et effectivement, il sera pris, au même titre que Gig, dans une grève, qui les mènera, tous deux, en prison, même si cela aura des conséquences bien moins fâcheuses pour Rye que prévu, puisque c'est ce qui va lui permettre de rencontrer Elizabeth Gurley Flynn, qui va radicalement changer son existence.

Roman pertinent, déjà, en ce qu'il choisit de raconter un pan de l'histoire américaine du début du XXème siècle peu mis en avant, celui de la création des IWW et des grèves qui en ont suivi dans les industries du pays, Des jours meilleurs est en plus, historiquement, fidèle à la réalité en de très nombreux points, très détaillé, et respecte le plus possible l'Histoire de l'époque lorsque des personnages, des évènements... sont inventés pour servir l'intrigue. L'on est vraiment dans l'ambiance Far West à son crépuscule, où tous les coups, les plus vils, les plus tordus, les plus brutaux, sont permis.

L'on alterne entre l'histoire de Rye, passé comme présent, et celle d'autres personnages de son entourage, son frère, bien sûr, Elizabeth Gurley Flynn, également, mais aussi d'autres, plus ou moins de passage à Spokane, dans tous les cas clés pour l'évolution du protagoniste. Car, bien évidemment, le roman historique se fait aussi d'apprentissage, bien que sur le tard, pour Rye, qui découvre un autre monde, une autre existence, d'autres valeurs, qui vont profondément le changer.

Une découverte qui m'a particulièrement surprise, car je ne pensais pas lire un roman aussi prenant, remarquablement documenté, qui nous plonge vraiment dans l'ouest américain des années 1900.
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Dans ce roman hautement social et politique, nous suivons les aventures de Rye Dolan et de son grand frère Gig : orphelins et sans le sou, ils sont des « hobos », des travailleurs itinérants qui sillonnent l'Ouest des Etats-Unis sur les toits des wagons à la recherche de leur prochain job, libres mais misérables. Au début du roman, ils sont installés depuis quelques temps à Spokane, petite ville en pleine expansion de l'Etat de Washington, qui attirent les travailleurs de tous horizons, migrants et hobos.
Mais cela ne se passe pas sans heurts : patrons et autres autorités exploitent et maltraitent sans vergogne ces ouvriers dans des relents de xénophobie et de haine de l'autre nauséabonds. Et quand les syndicats s'en mêlent, la situation devient explosive pour les frères Dolan et les travailleurs de Spokane.
Quel plaisir de lecture dans ce roman ! D'abord parce qu'il raconte la répression sanglante et complètement illégale des syndicats dans les années 1910 et que c'est instructif et passionnant. Ensuite pour ses personnages, qui constituent selon moi la grande force du roman de Walter : la relation des frères Dolan est attachante, la fougue et la combattivité de la jeune syndicaliste qu'ils rencontrent, Elizabeth Gurley Flynn est impressionnante (Walter n'a rien inventé pour ce personnage à la verve inimitable), et le sentiment d'impunité des autorités locales révoltant.
La conscience de l'injuste répartition des richesses entre ceux qui travaillent et ceux qui dirigent, et surtout cette énergie incroyable que déploient les membres de l'Industrial Workers of the World (IWW), premier syndicat à avoir accueilli dans ses rangs tous les travailleurs sans distinction de sexe, de couleurs ou de nationalité, pour garantir de meilleurs conditions de travail aux ouvriers donnent à ce roman un tour politique réjouissant.
Dans un savant mélange de fiction et de faits historiques, le roman de Jess Walter est une réussite ! Et nous donne encore et toujours l'espoir « de jours meilleurs ». Captivant !
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
je l'ai suivi dans un vestibule luxueux, puis sous un double escalier, pour déboucher finalement dans une bibliothèque qui s'élevait sur deux niveaux. Aucun de ces livres n'avaient été ouvert depuis qu'ils avaient été posés sur ces étagères. Donnez de l'argent à un singe, il remplira sa cage de bananes. Donnez la même somme à un Américain demeuré, il fera construire une bibliothèque pour la frime, à tous les coups.
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