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Critiques de Jorge Amado (194)
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Gabriela, girofle et cannelle : chronique d..

Bonjour, aujourd’hui petit voyage au Brésil, en 1925, pour aller à la rencontre de Gabriela et Nacib !



Nacib, patron d’un bar qui propose des en-cas à grignoter en plus des boissons, et ça a un succès fou ! Mais voilà, sa cuisinière le quitte sans préavis, et il faut qu’il la remplace ! Le problème, c’est que trouver une cuisinière à Ilhéus, son village, est quasiment impossible !



Après une journée très mouvementée, n’ayant trouvé personne, Nacib se décide à embaucher une jeune femme toute crasseuse et en loques, Gabriela, qu’il a trouvée sur le marché des esclaves (où se retrouvent des gens qui ont pris la route).



Quelle surprise de découvrir une magnifique jeune femme sous la crasse ; et en plus, elle est une parfaite ménagère et un véritable cordon bleu !



Vous devinez la suite, Gabriela est une vraie perle, et les clients affluent au bar, autant pour la reluquer que pour se régaler de sa cuisine ! Quant à Nacib il est fou amoureux.



Une idylle se noue entre Gabiela et Nacib, mais monsieur devient jaloux et après quelques hésitations, il décide d’épouser Gabriela afin d’être certain de la garder pour lui.



Mais voilà, certaines fleurs ne s’épanouissent que dans les jardins, en toute liberté, et se flétrissent dans un vase ; est-ce que cet amour survivra avec le mariage ?



Je vous vois venir, vous pensez qu’il s’agit d’une banale histoire d’amour ! Et toc, perdu !



En plus de cette romance magnifique, Jorge AMADO nous raconte la vie de ce village, la bataille politique qui s’y joue, les méthodes assez musclées et archaïques pour obtenir ce que l’on veut, les alliances passées, et le quotidien des femmes qui n’ont pas les mêmes droits que les hommes.



Ce qui est très fort dans ce roman, c’est qu’on s’attache autant aux personnages et à cette belle histoire d’amour qu’à la vie de ce village… et les 440 pages se lisent avec une facilité déconcertante, on ne voit pas le temps passer.



Bref, un roman qui nous entraîne au Brésil, dont le sous titre donné très judicieusement par l’auteur est « chronique d’une ville de l’état de Bahia » et qui vous fera apprécier le girofle, la cannelle et bien sûr Gabriela…



À lire confortablement installé(e) sous un cacaoyer (bonne chance) ou sous un poster du Brésil (ce sera plus facile) en grignotant quelques tapas accompagnés de Tequila… Bonne lecture !



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Dona Flor et ses deux maris

Cette "histoire d'amour, histoire morale" sert de savoureux prétexte à Jorge Amado pour nous convier à une (parfois un peu trop) longue promenade dans Bahia l'ensorcelée et l'ensorceleuse et surtout les moeurs de celles et ceux qui peuplent ses rues et ruelles. C'est truculent et débordant de vitalité, la langue et le style d'Amado font merveille. Je n'ai qu'un tout petit bémol, j'ai ressenti comme un petit coup de mou et quelques longueurs dans les descriptions des affres du veuvage de dona Flor avant son remariage. Par ailleurs j'ai préféré "Capitaines des sables", plus sombre sans doute, mais aussi plus poétique il me semble. Rien de bien grave toutefois, et nul doute que je continuerai à piocher dans l'oeuvre volumineuse de Jorge Amado.



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La Boutique aux miracles

Arrivée péniblement au tiers du livre, j'abandonne. Je ne comprends rien à ce que je lis.



Le récit est foisonnant et confus, des personnages a peine esquissés apparaissent et disparaissent comme des fantômes, les renvois au glossaire final sont innombrables, l'écriture est tarabiscotée, j'ai l'impression d'un langage codé dont je n'ai pas la clé.



Comme une naufragée, je me suis accrochée à la 4eme de couverture pour me souvenir du sens général de l'intrigue.



J'espère que ce livre n'est pas représentatif de la littérature brésilienne !
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Le Pays du Carnaval

O País do Carnaval est paru en 1931 avec un bon accueil du public et de la critique. Jorge Amado avait dix-huit ans. Jusque dans les années 1980, il refusait que ce premier roman soit traduit. Il faut dire qu'il y a pas mal de stéréotypes (sur les Français(e)s en particulier) et qu'on ne s'attache guère à son protagoniste principal très antipathique. le roman cherche à décrire les contradictions du Brésil alors en pleine crise.

C'est un roman d'idées et d'apprentissage sur un jeune Brésilien immature et fortement européanisé qui se pose des questions identitaires et politiques. Fils d'un riche producteur de cacao, Paul Rigger revient au Brésil après sept années d'études à Paris. de droit un peu, des femmes surtout. Il en est revenu "blasé", il porte le monocle et se pose des questions existentielles. Sur le bateau, il se montre impitoyable et arrogant avec les Brésiliens, membres des classes dirigeantes, dont il fait partie, tout autant qu'avec Julie la Française, une cocotte élégante dont-il fait pourtant sa maîtresse. Il débarque à Rio en plein Carnaval. Rigger lui-même métis critique le métissage racial du pays et, en particulier, l'institution du Carnaval, qu'il rend responsable du retard dans le développement du pays, estimant qu'il maintient les gens hors du progrès. le pays lui semble étrange et incompréhensible. Puis il rejoint un groupe d'intellectuels de Salvador de Bahia avec lesquels il commence à discuter de questions d'amour, de politique, de religion et de philosophie. Les doutes sur l'orientation du pays occupent le groupe. Finalement Rigger renonce à transformer la réalité brésilienne après avoir dénoncé le carnaval comme une forme de fuite face à une situation sociale terrible. Il décide de retourner en Europe. Les dernières pages du roman sont les plus belles.



J'ai préféré Cacao, son roman suivant (1933).
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La terre aux fruits d'or

Nous avions emprunté le bac au départ de Salvador deux jours avant, afin de traverser la Baie de tous les Saints, destination finale pour les eaux du fleuve Jacuipe.

La route n’avait pas semblé trop longue jusqu’à Itacaré. Petit joyau colonial remis au goût du jour pour les touristes comme nous. Certains bâtiments étaient parés de couleurs pastel et retrouvaient leur superbe d’antan. Un américain de NY s’était expatrié ici pour allier sa passion du surf et le business. Ma fille ainée, parlant couramment la langue, avait récupéré à la réception de l’hôtel, les coordonnées téléphoniques. Indépendamment de deux hôtels dans la ville, il possédait une plantation de cacao à une vingtaine de kilomètres. Nous souhaitions visiter une de ces propriétés qui avaient fait l’expansion économique de l’état de Bahia au début du siècle passé. Ma fille lui proposa de nous déplacer avec notre véhicule, mais il nous en dissuada et vint nous chercher avec sa Land Rover. Nous compriment rapidement la raison pour laquelle il avait été si insistant. Les roues disparaissaient parfois dans la boue, nous obligeant à rouler au pas durant le plus clair du temps. Nous croisions de temps à autre, des paysans se rendant à la ville, montés sur leurs mules. La solution d’un autre temps, mais de loin la plus pratique, car leurs montures pouvaient se frayer un chemin sur les bords de la piste. En lisant ces lignes écrites par l’auteur de loin le plus populaire du Brésil, ce souvenir est remonté à la surface. Les routes, faites parfois de latérite, prenaient, sous l’effet des pluies quotidiennes, l’allure d’un champ de boue, un peu comme si les mulâtresses avaient mélangé la terre aux fèves de cacao avec leurs pieds charnus. Une manière de se purifier sur le sol de leurs ancêtres, espérer des jours meilleurs comme à l’époque où les colonels, propriétaires terriens richissimes et décadents faisaient la pluie et le beau temps.

L’américain de petite taille, blondinet au teint mat, qui aimait inviter ses amis new yorkais à surfer les vagues dans les criques de rêve aux alentours, avait recréé les étapes de la production de cacao, mis en valeur la résidence du colonel de l’époque. Décorée avec goût, elle attendait le touriste en quête d’autenticité l’espace d’une nuit voire plus.

Une dizaine d’année auparavant, lors d’un bref passage à Bahia dans le le quartier de Péhlorinio, j’avais loué une chambre très simple mais avec une vue spectaculaire sur la baie. Nous étions à la fenêtre comme au sommet d’un bélvédère en pensant que Jorge AMADO avait peut-être imaginé les lignes de son roman après avoir contemplé ce spectacle grandiose. Décédé un an avant notre venue, il avait pour habitude de séjourner dans cet hotel. Une plaque à son nom fixée à la droite de l’entrée rappelait son souvenir.

À la foi enraciné et communiste, il a su nous transmettre l’âme du Nordeste, une pauvreté endémique étroitement confrontée aux soubresauts du développement économique, comme ce fut le cas dans la période décrite ici. Le moment précis où la région devient leader dans la production de cacao. Plus cigales que fourmis, les acteurs ne sauront que faire de cet argent providentiel, coulant à flot. Il ne servira qu’à nourrir la fête, les casinos de jeu, attirer la prostitution dans un décor de carnaval.

Amado dépeint cette ambiance avec des personnages dont il nous livre toute la psychologie, tout en s’amusant à taxer Freud de romancier érotique.

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Cacao

Bien avant que la littérature latino-américaine ne soit à la mode en Europe, le Brésilien Jorge Amado (1912-2001) dénonçait l’exploitation des ouvriers agricoles de son pays. Il avait 19 ans quand il écrivit Cacao. Initialement publié en 1933, l'ouvrage court et fort retrace la vie des travailleurs dans une fazenda de la région cacaoyère au sud de Bahia à travers une fiction chaleureuse qui vous emporte. Peu importe que le roman soit classé comme prolétaire ou non en 1933. En 2023 il est toujours aussi percutant.



Le narrateur Sergipano nous présente dès le premier chapitre, le « Domaine fraternité » et les terribles conditions de vie des ouvriers agricoles sur l’exploitation du Colonel Manuel Misael de Sousa Teles. Ce « roi du cacao » est surnommé « Mané-la-Peste » par ses ouvriers. Sergipano présente ensuite plusieurs personnages attachants comme Colodino, Antônio Barriguinha et Honório, tous embauchés à la ferme (fazenda). Puis dans le chapitre suivant il retrace son enfance dans l'État de Sergipe (d’où son surnom). Il est le fils d'un propriétaire d'usine de tissus dans la ville de São Cristóvão. A la mort du père, le garçon a travaillé comme ouvrier dans l’entreprise familiale sous les ordres de son oncle, un homme sans scrupules. Encore adolescent, Sergipano part pour Ilhéus, séduit par les belles promesses de prospérité du pays des «  fruits dorés ». Le récit revient au point de départ. Sergipano, berné, est recruté par le Colonel Misael et « loué » : il est embauché dans des conditions analogues à celles de l'esclavage et vit dans une cabane misérable. Les ouvriers presque tous analphabètes sont contraints d’acheter de la nourriture et d'autres biens de première nécessité dans des magasins de la fazenda. Ces biens sont facturés trop cher pour les ouvriers qui sont donc enchaînés au travail par leurs dettes. Des employés plus costauds que les autres maintiennent l’ordre par une répression extrêmement violente, n’hésitant pas à tuer contre quelques piécettes supplémentaires. C’est normal, cela a toujours été ainsi. Les jours de repos, le protagoniste et ses amis boivent beaucoup, surtout de la cachaça et fréquentent les bordels. Sergipano décrit l’horrible fatalité qui pèse sur les femmes. La routine est interrompue par l'arrivée du colonel Misael et de sa famille pour les festivités traditionnelles de São João. Sergipano est désigné pour être serviteur à la propriété du Colonel. Il y rencontre sa fille Mária, grande lectrice de romans sentimentaux...

Dans l'un des derniers chapitres du roman, intitulé « Correspondance », le personnage-narrateur, appelé Sergipano tout au long du récit, révèle que son véritable nom est José Cordeiro et qu’il est ouvrier typographe à Rio de Janeiro. Il a eu l'idée d'écrire l'histoire de la plantation après avoir lu des lettres d’ ouvriers, de prostituées et des amis qu'il a gardés après son séjour au Domaine.



Le succès populaire de ce livre engagé valut à Jorge Amado bien des ennuis. En 1937, par décision officielle de son pays, 1700 exemplaires de ses romans, dont Cacao, sont brûlés en place publique. Aujourd’hui, on l’étudie dans les écoles.
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Gabriela, girofle et cannelle : chronique d..

Gabriela, girofle et cannelle

Jorge Amado (1912-2001)

Nous sommes en 1925 dans la petite ville de Ilhéus dans l'état de Bahia au Brésil, où la culture du cacao est la ressource principale, assujettie aux aléas de la météorologie que le père Basilio Cerqueira tente de fléchir par ses prières en faveur des fazendeiros, grands propriétaires fonciers appelés aussi « colonels ».

C'est une époque de grande prospérité et le Russe Jacob avec l'aide du garagiste Moarcir et du financier exportateur de cacao Mundinho Falcao, crée alors la première ligne de bus entre Ilhéus et Itabuna distante de 35 kilomètres. Nacib, Syrien d'origine et patron du bar le Vesuvio est abandonné par Filomena sa cuisinière alors qu'il a choisi d'organiser le grand repas d'inauguration de la ligne.

Mundinho Falcao, riche et influent homme d'affaires prend de plus en plus de place dans la vie d'Ilhéus au détriment de l'intendant Ramiro Bastos aux méthodes d'un autre temps. Une petite guerre s'instaure entre Mundinho et Ramiro.

Nacib a bien pensé aux deux soeurs jumelles Dos Reis, grandes et célèbres organisatrices de crèches de Noël baroques mêlant le petit Jésus à Victor Hugo, Lénine et Rudolf Valentino et s'adonnant aussi à la cuisine occasionnellement.

« Quinquina la rondelette et Florzinha la fluette, deux petites vieilles guillerettes, totalisaient cent vingt huit ans d'une virginité solide et indiscutée. »

Mais Nacib renonce à les embaucher en cuisine car les deux soeurs sont trop gourmandes et demandent des appointements déraisonnables. Elles fourniront seulement quelques plats pour dépanner Nacib.

À Ilhéus, parler de la vie d'autrui est l'art suprême, le suprême plaisir, le principal divertissement de la ville. Un art porté à un raffinement incroyable par les vieilles filles, une assemblée de langues vipérines réunie devant l'église à l'heure de la bénédiction. Mais pas seulement : Nacib dans son bar prend aussi une part importante à la collecte et la rediffusion des ragots. Un art non sans danger quand les révolvers sont de sortie.

C'est la révolution dans Ilhéus lorsque débarque le prince Sandra, prestidigitateur à ses heures accompagné d'Anabela sublime danseuse aux sept voiles …qui tombent les uns après les autres ! Anabela vers qui tous les regards concupiscents des hommes du bourg se tournent suscitant inévitablement des jalousies coupables.

Entrent alors en scène deux personnages importants : Gabriela, venue à pieds du nord, de l'aride sertao de la région de Récife, avec un groupe de « retirantes » dont Clemente devenu son compagnon de route et de couche. Et puis Gloria devenue la tentation suprême, car elle se met chaque jour à la fenêtre et présente aux passants comme en offrande, ses seins épanouis, double motif de scandale pour les vieilles filles qui se rendent à l'église, alimentant chaque jour les mêmes conversations à l'heure vespérale de la prière. Et pour Gloria, l'étincelle de désir entrevue dans les yeux des hommes est le seul bien qu'elle reçoive dans sa solitude. Notamment dans les regards du poète professeur Josué.

Coup de théâtre dans Ilhéus : le colonel Jesuino a tué doña Sinhazinha et le dentiste Osmundo Pimentel. À l'heure tranquille de la sieste, il a déchargé son révolver sur son épouse et sur l'amant de celle-ci, suite à une lettre anonyme. C'est ainsi que cela se passe à Ilhéus : l'honneur d'un mari trompé ne peut être lavé que dans le sang. Ce que retiennent les bonnes gens d'Ilhéus et colportent à l'envi, c'est que la doña a été retrouvée nue et seulement vêtue de bas noirs ! C'est l'occasion de ressortir toutes les histoires de mari et de femmes trompés dans la ville d'Ilhéus.

Nacib embauche Gabriela en qualité de cuisinière et ne se lasse pas de lui trouver toutes les qualités, même quand elle sommeille et qu'il la regarde dormir se demandant comment une telle beauté avait pu passer inaperçue sous la poussière des chemins, un corps de femme jeune couleur cannelle, des traits de fillette :

« Un parfum de girofle emplissait la chambre, la chaleur qui montait du corps de Gabriela enveloppait Nacib et lui brûlait la peau, tandis que sur le lit mourait un rayon de lune. »

La fréquentation du Vésuvio ne cesse d'augmenter grâce à Gabriela, pour sa cuisine et aussi son déhanché qui fait se tourner tous les regards masculins quand elle sert au bar. Nacib finit par se demander si certains ne lui feraient pas la cour quand Tonico Bastos le met en garde s'il veut la garder pour lui. Gabriela n'est pas envieuse et respecte Nacib : elle se contente de simples robes et quelques bijoux bon marché qu'il lui offre, avec un bon salaire à la clé. Mais Gabriela a fait perdre à Nacib sa tranquillité, sa joie, son goût de vivre car il a peur de la perdre. Et s'il l'épousait comme le lui suggère son ami Tonico, puisqu'il l'aime d'un amour jaloux et sans bornes. Ensuite il pourrait monter le restaurant dont il rêve dont elle s'occuperait. Et puis le rêve ultime c'est d‘acquérir un jour une plantation de cacao. Mais la belle Gabriela est une jeune femme libre, simple et indépendante.

La suite va conduire d'une part à une guerre entre Mundinho et Bastos, et une incompréhension entre Nacib et Gabriela.

le style de Jorge Amado fait un peu penser à celui de G. G. Marquez, avec les mêmes envolées lyriques baroques et jubilatoires, drôles et pleines d'humour et d'ironie dans un monde sud-américain incomparable aux personnages truculents et hauts en couleurs. Et une foule de petites histoires avec beaucoup de personnages venant se greffer sur l'intrigue principale que l'on perd parfois un peu de vue, avec quelques longueurs dans l'évocation des péripéties politiques qui animent la vie à Ilhéus. Mais qu'importe, la vie est ainsi faite et notre plaisir de lecture renouvelé à chaque nouvelle histoire. Un très beau roman, original et bien traduit du portugais brésilien.

Jorge Amado (1912-2001) est sans conteste le plus grand maître de la littérature brésilienne du XXe siècle.

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Capitaines des sables

CAPITAINES DES SABLES de JORGE AMADO

Le journal local se plaint, au nom des habitants de Bahia, des vols commis par les »Capitaines des sables », nom donné à un groupe de gamins, le dernier méfait en date étant un coup de couteau à l’épaule du jardinier du commandeur. Suite à cet article la justice, la police, les politiques, les religieux, tout le monde se plaint ou se justifie. Le chef de cette bande est Pedro Bala, il a investi un entrepôt délabré sur les quais habité précédemment par les rats. Une quarantaine de gamins y vivent sur la centaine qui compose la bande. Il y a Joan Grande, un noir gigantesque, le professeur, qui lit des livres et leur raconte des histoires le soir, Patte-Molle, l’espion qui rit tout le temps de sa voix égrillarde, Sucre d’orge, qui croit et prie tout le temps, Le Chat, l’élégant du groupe qui fait craquer les filles et qui, après utilisation, en passe une à La Coule Douce qui lui n’a aucun succès avec les demoiselles. Autour d’eux il y a le père Pedro qui essaye d’entrer en contact avec eux, de les convertir en les traitant comme des hommes. Chacun a une activité, une spécialité mais les vols sont de peu d’envergure et les receleurs prennent une grande partie du bénéfice. Les journées avancent toujours un peu les mêmes, les gamins grandissent et chacun évolue, le groupe se transforme. La police les traque et ceux qui passent par la maison de correction sont très durement traités.

Un très beau livre d’Amado qui cultive une voie pleine de poésie et de tendresse envers ces gamins souvent orphelins ou abandonnés, Bahia rejette à la marge ces populations défavorisées qui survivent en guenilles avec peu de chances d’améliorer leur statut. Il n’y a pas vraiment d’histoire, mais une galerie de portraits, quelques expéditions et l’évolution personnelle des « Capitaines »les plus truculents. Un vrai coup de cœur pour ce livre où l’on sent tout l’amour de l’auteur pour ces brigands dont le plus âgé doit friser les 14 ans.
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Bahia de tous les saints

“S'il te plait je voudrais aller à Bahia” susurrait, sur une mélodie caressante, Véronique Sanson.



C'est finalement l'immense écrivain lusophone Jorge Amado qui, du haut de ses 23 ans, m'as raconté Bahia.



En démiurge, Amado offre au lecteur une incarnation, un héros de chair, de sang, de poings : le boxeur Antonio Balduino dit “Baldo”. Ce n'est pas sans rappeler les épopées gréco-romaines ou encore les récits initiatiques, mais avec quelque chose du réalisme initié par Zola. Baldo lui-même rêve que des conteurs racontent un jour dans leurs A B C son Odyssée, sa postérité… On peut même penser à Don Quichotte, dans le coté picaresque de certaines pérégrinations folkloriques par lesquelles passe le héros du livre.



L'écrivain brésilien a aussi été comparé à Balzac et s'en amusait, toujours très humble, à l'image de cette confession : “je ne me suis jamais senti un écrivain important, un grand homme : juste un écrivain et un homme”.



Pour Jorge Amado, l'entreprise littéraire avait pour but de dire, “la vérité de son peuple” et pas n'importe où… à Salvador de Bahia, là où tout le Brésil est né, entre les blancs, les indiens et les noirs, dans cette ville “un peu magique”, comme le confiait l'écrivain, dans un français parfait, au micro de Jacques Chancel dans Radioscopie en 1976.



Baldo est noir, pauvre, avec une sacrée gouaille. Nous le rencontrons gamin des rues du morne de Châtre-Nègre. Il grandit sous deux influences, celle de la loi de la rue, de sa liberté, et ses petits forfaits, ses petites esbroufes, et celle de la superstition, des rituels médicinaux, des macumbas et du culte des esprits du Jubiabà (titre original du livre).



Derrière ses castagnes, son grand rire provocant, sa loyauté à ses amis, se cache aussi les souvenirs fondateurs, contingents mais structurants de sa vie d'adolescent qui seront les clés de son évolution future, notamment l'image de Lindinalva, comme un premier amour fantasmé dont jamais on ne guérit complètement, et que l'on revoit sans cesse réapparaitre, alors même qu'on tente de lui échapper dans d'autres bras, d'autres plis, d'autres tailles, à l'image de celle de Rosenda…



Le souffle d'aventure qui infuse ce roman, dans lequel on ne s'ennuie jamais, on le retrouvera dans la littérature sud-américaine et caribéenne, je pense par exemple à Maryse Condé.



L'errance, les gestes sans conséquences, la liberté (réelle ou fantasmée), la sensualité, la force, la violence, l'optimisme, la déprime, la virilité, la candeur, l'élan ; Baldo dans sa complexité, sa résilience, son charisme, nous fait traverser toutes ses émotions avec lui.



Le roman, paru rappelons-le en 1935, parle de “nègres”, un terme que l'on n'utiliserait plus aujourd'hui mais qu'on peut considérer comme dépourvu de sens péjoratif, à l'époque et dans son contexte, un peu comme le concept de “négritude”, fondé par Césaire et Senghor notamment, et de fait la “culture noire”, traverse ce roman.



Au milieu des noirs, Baldo trace son propre destin, c'est un roman qui part du collectif pour arriver à l'individuel puis qui revient au collectif, un peu comme la marée monte et se retire, monte et se retire… la Mer, d'ailleurs est très présente dans l'ouvrage, tantôt comme une allégorie, la plage au clair de lune et ses voluptés, la Lanterne des Noyés et ses excès, ses sambas, ses rhums, et le grand large et son désespoir, son envie d'ailleurs, de paix, de mort…



“Je veux réveiller la conscience de ceux qui n'ont pas réfléchi” déclarait le poète tchèque engagé Vítezslav Nezval, cela fait écho avec le cheminement de Baldo vers l'altérité et le sentiment d'appartenance. Amado joue avec l'individuel versus collectif car les deux sont liés, il n'y a pas “les noirs”, il y a Baldo, mais il n'y a pas que Baldo, il y a “les noirs” on ne peut totalement s'extraire du karma infligé à sa communauté si on ne fait pas cet effort d'émancipation individuel, si on ne fait pas ce pas de coté pour ensuite revenir et avoir une capacité de mobilisation collective. Pour résumer un autre poète, le péruvien César Vallejo disait : “je m'adresse, de la sorte, aux individualités collectives, comme aux collectivités individuelles.”



“ - mon gars, la grève c'est comme ces colliers que tu vois dans les vitrines. Si une perle s'en va, toutes les autres se débinent. Faut qu'on se tienne tous, t'as compris ?”



Et, coup de maître, Amado réconcilie noirs et blancs sous une même bannière, celle de l'esclavage économique moderne, et c'est par la grève, par la conscience que tout ce qui est pauvre, soumis au capitalisme est esclave, que naît une timide, fragile et maladroite fraternité, mais, comme écrivit un autre amoureux du Brésil, Georges Bernanos, “l'espérance est un risque à courir”. Ainsi c'est un roman porteur, malgré tout, d'espoir.



“Il y a encore des nègres esclaves, et des blancs aussi, interrompit un homme maigre qui travaillait sur le port. Tous les pauvres sont encore esclaves.”



“Bahia de tous les saints” n'est pas un roman CGT/FO du tout, la 4ème de couverture est à nouveau trompeuse, la place accordée à cette partie sur la grève n'est pas du tout prépondérante et l'enchainement est beaucoup moins mécanique qu'il n'y parait, les choses se font comme dans la vie, un peu par accident.



La langue de Jorge Amado enfin, est une aventure en soi : son style, ses agencements, son courant, sa musicalité, sa poésie, sa facilité d'accès aussi, la magie et le réalisme se côtoient sous sa plume et font corps avec les personnages. C'est un livre qui aurait pu n'être qu'épique, efficace, historique, politique ou social mais il est tout cela à la fois, c'est une oeuvre créatrice, séductrice, littéraire, bref ce bouquin tient son rang sur tous les plans.



Un Uppercut. Voilà ce qu'est ce livre. Un coup dont on a pas envie de se relever.



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Cacao

Un livre basé sur l'exploitation du cacao et des ouvriers qui y travaillent dans des conditions extrêmes, précaires , exploités et des propriétaires scrupuleux.

Très réaliste.

Un livre pas très joyeux mais qui se laisse lire.

Enrichissant.







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Bahia de tous les saints

BAHIA DE TOUS LES SAINTS de JORGE AMADO

Antonio Balduino à 8 ans était déjà chef de bande au morne de Châtre Nègre et alentour, le soir il était fasciné par les lumières de la ville, « si proche et si lointaine »dont il guette les bruits. C’est sa tante Louise qui s’occupait de lui, il sait peu de son père, beau comme un dieu, querelleur et ivrogne, quant à sa mère il n’en sait rien. Il aide Louise à fabriquer et vendre au marché sa bouillie de manioc fermenté. Il cogne déjà dur, il veut être brigand. D’ailleurs la vie telle qu’il l’apprend c’est avec le sorcier Jubiabo qui vient soigner sa tante pour ses maux de tête des esprits qui la tourmentent et avec Zé-la-Crevette que personne n’a jamais vu travailler et qui raconte de si belles histoires ornées de tant de détails qu’on finit par y croire. Antonio décidera qu’il veut être un homme libre. Un jour les crises de Louise vont l’entraîner à l’hospice et Antonio sera confié au Commandeur Pereira. Il s’enfuira rapidement, Amélie, la bonne le frappait régulièrement et ne voyait dans tous les nègres que »des bons à rien tout juste bons à être esclaves ». Il aura tout de même le temps de rencontrer la belle Lindinalua, « à la peau blanche parsemée de tâches de son », qui hantera ses rêves bien longtemps. Il va donc fuir à la ville, Bahia, et commencer à mendier avec un groupe de gamins. Peu à peu il va prendre de l’importance et régner sur la cité nègre de Bahia. Doué pour la savate, très bon boxeur, guitariste et compositeur de sambas, amateur de femmes il va s’installer dans la ville et prendre sa place. Il a 18 ans.

Un magnifique roman réaliste et poétique, qui suit les aventures d’Antonio et dresse des portraits saisissants des amis qui l’entourent notamment le Gros, Viriato le Nain, Sans Dents ou Philippe dit le Beau. Amado nous plonge dans la boxe, la macumba, les luttes syndicales, les souvenirs d’esclavage, les corps fouettés ou ravagés par l’alcool et la pauvreté.

Un des plus beaux romans de Jorge Amado avec Cacao et Dona Flor et ses deux maris. A lire.
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Cacao

Cacao

Jorge Amado (1912-2001)

Au sud de Bahia au Brésil s’étend le vaste « Domaine Fraternité, une immense plantation de cacaoyers. Jouxtant les plantations, des cases de paille rudimentaires abritent les ouvriers agricoles dont le seul moment de détente se prend à l’heure du tafia, une liqueur forte et mitigative obtenue à partir de la canne à sucre, avant de s’endormir sur des planches d’un sommeil sans rêves et sans espérances.

« On vivait pour ainsi dire hors du monde et notre misère n’intéressait personne. »

L’impasse du Bourbier, et ses jeunes prostituées offre aussi quelques joies à ces cœurs modestes « loués » une misère par le Colonel Marré-la -Peste, un être bedonnant et prévaricateur, exploitant la détresse pour s’enrichir.

« Pauvres filles, qui pleuraient, priaient et se soûlaient dans la rue du Bourbier. Pauvres ouvrières du sexe. Quand viendra-t-il le jour de votre libération ? »

C’est là que débarque Sergipano, un jeune homme instruit mais un peu égaré depuis la mort de son père qui dirigeait une usine de filature et la dépression de sa mère restée comme hallucinée après-coup et délaissant ses enfants. C’est là aussi qu’il fait l’expérience de la fraternité qui lie les âmes sans espoir, affamées et courageuses. Il découvre la souffrance des travailleurs exploités et sans avenir, mais solidaires.

Malgré tout, Sergipano garde espoir qu’un jour les opprimés puissent marcher la tête haute.

Ce n’est qu’à la toute fin du récit que l’on connaît le vrai nom de Sergipano (originaire de la région de Sergipe), José Cordeiro, un homme qui a étudié mais qui reconnait ne disposer que d’un vocabulaire réduit pour s’exprimer et raconter sans prosopopée l’histoire des ouvriers du Domaine Fraternité. Il précise qu’il n’a eu aucune prétention littéraire en composant les pages de ce récit de souvenirs sans intrigue réelle sinon la tentation d’un amour fugace avec Maria la fille du Colonel, ce qui explique la simplicité du style : Amado a voulu faire parler un homme simple et authentique travaillant dans les plantations de cacaoyers. Il



Jorge Amado, qui fait partie des grands auteurs brésiliens, a publié ce deuxième roman à l’âge de 21 ans en 1933. Il a bien connu la condition de ces travailleurs qui travaillent dur pour la production des cabosses contenant les fèves de cacao. La chaleur, les serpents et la pression des chefs pour augmenter le rendement rendent la survie des travailleurs très aléatoire. Sans parler du salaire de misère qui est vite largement entamé par un économat lié au Domaine. L’auteur a toujours pris la défense du sort des opprimés et des déshérités, s’intéressant vivement à la lutte des classes. Un roman social rappelant par certains côtés l’œuvre de Steinbeck (Les raisins de la colère) et même de Zola.











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Les pâtres de la nuit

Beaucoup d'humour dans ce texte, et il en faut pour pallier la description d'un univers univoque, monomaniaque obsessionnel composé de vaudou, d' absence de culture chez les personnages, de femmes, de tombeurs, d'alcool et de rapines pour vivre sans travailler.

La première partie est agréable à lire. le reste m'a semblé superflu car, même si les thèmes sont différents, cela ressemble à une redite.
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La Boutique aux miracles

Un livre qui nous fait découvrir les atmosphères de Bahia au travers d'un de ses fils, Pedro Archango, appariteur de la faculté de médecine et anthropologue amateur de la vie de Bahia.

Le début du roman est passionnant sur la manière de faire revivre ou plutôt vivre un érudit oublié, un troublion soudainement érigé au rang d'icône national. La mise en route de la machine médiatique entre universitaire, journaliste, éditeur et homme politique est magnifique.

Le récit suit alors une deuxième temporalité en sondant la vie de Pedro Archango, ses amis, ses déboires et évidemment ses femmes. Personnage charismatique, il magnétise son entourage et fascine ceux qui l'approchent.



Le roman est riche de mots, d'expressions propres à la culture et à l'histoire de Bahia. Le plaisir est à rechercher alors dans cette découverte d'une culture inconnue à l'image de ceux qui se passionnent soudainement pour cet érudit oublié. Mais l'accumulation de ces multiples références linguistiques rend la lecture parfois laborieuse mais c'est sans doute le prix à payer pour se plonger dans cet environnement ethnographique spécifique .

Mais cette boutique aux miracles, c'est surtout une critique du racisme, des vilipendeurs du métissage et du métipassage aussi d'ailleurs. Amado s'attèle à détruire les clichés et la condescendance des élites intellectuelles, économiques et politiques du pays.



Un roman agréable mais un peu trop long à mon goût.
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Suor

Dans ce livre on nous parle d'un groupe de personne vivant à une seule et même adresse.

Le livre se concentre sur un personnage à la fois



Il n'y a pas réellement de fil conducteur dans ce livre et cela me déplaît fortement , on ne sait plus où donner de la tête.

Je n'ai réussi à avoir de l'empathie que pour linda, tout les autres personnages me paraissent creux ou flou.

Je ne sais pas si c'est la traduction française qui donne ce style d'écriture que je trouve assez pauvre et peu agréable à lire.

Il ya plusieurs passages où jai du relire à 2 voir 3 reprises pour saisir ce qu'il se disait.

Une lecture qui m'a paru longue malgré le peu de page
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Cacao

J'ai lu cette histoire dans le cadre d'un travail donné en classe. J'ai trouvé la narration assez complexe car il y a beaucoup de personnages et ils ne sont pas toujours bien identifiés, surtout dans les dialogues. Le niveau de langage est souvent grossier.

Le fond du discours est très intéressant mais malheureusement pas accessible pour la tranche d'âge pour laquelle il est conseillé par les ouvrages professionnels de l'enseignement. Il apparaît dans le programme de 5è pour la thématique du voyage. Or, je trouve qu'il n'est pas adapté avant la classe de 3è! Certains sujets sont tout de même très sensibles : maltraitance des employés, violence, violence sexuelle envers les femmes. En revanche, les éléments concernant la prise de conscience des problèmes de société, l'envie et l'engagement dans la lutte pour le changement sont les éléments les plus intéressants dans ce texte mais ils ne sont jamais mis en avant dans les présentations.

Depuis un moment maintenant, on entend beaucoup parler de la nécessité d'avertissements pour le lecteur, ils seraient très utiles ici!
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Capitaines des sables

Dans ces pages magnifiques, Jorge Amado réussit le tour de force de trouver de la beauté et de l'humanité là où tout se conjugue pour que ne règnent que la détresse, la misère la plus abjecte et les pires violences. Ces enfants et adolescents livrés à eux-mêmes n'ont d'autres lois que celles qu'ils se donnent spontanément pour maintenir un "vivre ensemble" qui est finalement la condition de la survie. Pourtant, les Capitaines des sables, que l'auteur décrit souvent comme des hommes dans des corps d'enfants, car ils ont été privé du temps de l'enfance et de son insouciance, sont aussi des hommes au sens noble, montrant chacun à sa façon qu'ils ont conservé une part d'humanité, parfois réduite à une simple étincelle, mais toujours présente. Capitaine des sables fait partie de ces livres que l'on aimerait pouvoir lire dans la langue originale, tant celle-ci semble, même au travers de la traduction, contribuer à la force du texte. Inoubliable.
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Tereza Batista

J’ai failli arrêter au milieu de ce livre. Les deux cent premières pages ne parlent que des agissements du capitao, un pédophile pervers et mauvais, qui achète Tereza alors qu’elle n’a pas encore quinze ans. Cette partie n’est que répétitions, retours en arrière, bons en avant, alors que le titre de la première page nous a déjà dévoilé ce qui va se passer à la dernière page de la partie.

La deuxième partie, d’une cinquantaine de page est sous la forme d’une complainte populaire, ABC, où chaque chapitre commence par une lettre de l’alphabet. On y apprend la suite de vie de Tereza, mais qui chronologiquement se déroule après la troisième partie, qui retrace les 6 années passées avec le docteur Emiliano Guedes.
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Du miracle des oiseaux

J'ai lu ce conte haut en couleur de 1979 dans la remarquable anthologie Histoires étranges et fantastiques d'Amérique latine. Et j'ai pu découvrir le merveilleux conteur qu'était Jorge Amado (1912-2001 ). En deux- trois lignes, vous êtes dans l'histoire et vous vous marrez. Amado compose un récit drôle, un peu érotique et totalement absurde avec des personnages populaires de son pays. le titre complet est déjà engageant  : « Du miracle des oiseaux survenu récemment en terre d'Alagoas sur les rives du rio São Francisco » . Nous sommes dans le Nord-Est brésilien, dans la ville bien nommée de Piranhas. Amado mêle astucieusement personnages inventés et réels pour faire vrai et amuser ses lecteurs. Les héros sont fameux : le coureur de jupons, la dévoreuse en nuisette rose et son mari jaloux et assassin réputé (voir citation). Ubaldo Capadócio, le fier galant, est un écrivain cordel qui voyage de ville en ville, d'état en état pour vendre sa poésie et subvenir aux besoins de ses trois épouses illégitimes et de ses neuf enfants. C'est une figure populaire recherchée « capable de faire rire et pleurer un défunt ». Il succombe donc à l'ensorcelante Sâbo. Mais le capitaine rentre plus tôt que prévu. Comment diantre Ubaldo pourra-t-il s'en sortir ? Grâce à l'imagination prodigieuse de Jorge Amado, pardi !
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Les chemins de la faim

L'époque : les années 30

Le lieu : le très sec Nordeste brésilien, en particulier la « caatinga » épineuse.

Les protagonistes : les paysans sans terre, exploités par de riches propriétaires carrément esclavagistes car la structure foncière au Brésil fait des paysans la catégorie la plus exploitée .

(De plus, les grands propriétaires ont une tradition de vol de terres et de crimes de toutes sortes contre les populations – cela continue hélas principalement en Amazonie depuis quelques décénnies)



1ère partie (la plus longue) : nous suivons une famille contrainte d'émigrer , ce qui implique de traverser l'aride sertão , de trouver une place pour traverser le fleuve, d'avoir le feu vert des autorités médicales pour pouvoir prendre le train, dans l'espoir d'aller grossir les favelas de Sao Paulo .

Peu survivent à ce voyage. (toute la famille s'en va ; Les 3 fils ainés sont déjà parti volontairement, depuis un moment)

La seconde partie (qui pourrait se lire séparément) raconte la vie de « Zé Tonnerre », l'un des fils qui était entré dans une bande de Cangaceiros, ces légendaires bandits itinérants sévissant dans le Nordeste jusqu'au milieu du XXè siècle. Il va croiser (le temps d'une balle de fusil) son frère qui était entré dans la police, dont la mission était d'éradiquer les cangaceiros ET les « béatos », ces illuminés errant dans le sertão en annonçant la fin du monde, et que suivaient des centaines voire des milliers de paysans pauvres .

La troisième partie (je l'ai trouvée moins intéressante) s'intéresse au destin du fils aîné devenu soldat ET militant du parti communiste.

La quatrième partie est toute courte, le petit fils qui n'est pas décédé dans la première partie va suivre le chemin de son oncle et la voie de la lutte politique.

La dernière phrase : « Les germes de douleur et de révolte avaient grandi dans cette terre rougie de sang, dans cette terre de famine. le temps de la récolte était venu. »

(Pauvre Jorge Amado, il n'avait pas prévu en 1946 que tout allait s'aggraver encore, jusqu'à ce qu'un Bolsonaro vienne anéantir les quelques droits que la paysannerie brésilienne avait réussi à conquérir...).



Comme bilan, je dirais que je recommande ce livre pour son aspect documentaire, pour sa lecture agréable, mais en prévenant qu'il y a un aspect tout à fait frustrant qui est que l'auteur laisse tomber des personnages (surtout féminins) dont le sort intéressait pourtant le lecteur.
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