Bon, on se dit : « Encore une tentative désespérée de sauver l’espèce humaine » tout le monde dans le vaisseau « Dernier Espoir » et en route pour Terra-deux, qui comme chacun sait se trouve être la jumelle de la Terre Bref, le papillon des Étoiles de Bernard Werber, version autoéditée. Eh bien non ! Pardon Bernard, oh grand rédacteur de bestsellers, mais Esperanza 64 se trouve être un bien meilleur que ton bouquin ! Eh oui, c’est possible, même s’il a bien moins de lecteurs. Pourquoi ? Déjà, l’auteur n’enfonce pas des portes déjà ouvertes par moult auteurs de SF. Nous ressortir le coup d'Adam et Ève, des méchants pollueurs, des gentils explorateurs, des héros aux cœurs purs, des pépins mécaniques et des putschs plus ou moins sanglants à bord du monstre en acier que constitue la fusée, tout cela, Julien Centaure ne nous le sert pas. Il donne dans le réalisme. Ces personnages sont humains, faibles, forts, lâches, superbes ou coléreux, selon les situations, comme tout être humain crédible en fait, et surtout ils subissent un destin exceptionnel qu’ils n’avaient ni prévu ni vraiment préparé. Leur vaisseau spatial, qui au fil des décennies se transforme peu à peu en poubelle des étoiles, est crédible. Son monde de fonctionnement est réaliste, possible et tout à fait imaginable. Ce n'est pas une machine de guerre armée à la façon d'un destroyer. Il est ridiculement faible, à la merci du moindre prédateur de l’espace un tant soit peu agressif. La quête de ces hommes et femmes, qui ne sont ni des héros, ni des combattants de l'espace ni des êtres supérieurs choisis pour leur QI « Einsteinnien » Le gouvernement leur a un peu forcé la main, ils se sentent parfois un peu dupés et dépassés par la situation qui leur est imposée… Et ils font ce qu’ils peuvent pour survivre. Je me suis passionné pour ce bouquin qui n’est pas loin d’être un pavé. Je l’ai presque lu d’une traite.
Nous sommes dans du space opéra avec une pointe de hard SF, ou bien le contraire. Les personnages sont présentés longuement. Nous les suivons dans leur pérégrination, dans leurs doutes, leurs peurs, leurs espoirs. Les idylles qui se créent (et qui à la base furent programmées) sont simples et craquantes. Les E.T que l’on croise, ne sont ni méchants ni gentils, ils sont différents, ils ont peur des humains et agissent en conséquence. Ce que l’on peut facilement comprendre.
Ce bouquin a un petit côté, non pas naïf, mais fleurant bon la SF des années 70/80. Celle de « Tau zéro » de Poul Anderson par exemple (avec une histoire totalement différente). C’est l’humain qui est mis en avant, face à cette technologie qu’il ne maitrise pas toujours.
L’écriture est à la fois fluide et riche. L’auteur a travaillé sur de solides bases. Il s’est servi de données précises, ce qui donne à l’ouvrage ce « parfum » d’anticipation. Nous sommes dans le possible.
Esperanza 64 est un bouquin complet, généreux et bien écrit. Il présente l’humanité dans toutes ses facettes, les pires et les meilleures. Je ne regrette qu’une fin, non pas bâclée, mais un peu rapide. Beaucoup de questionnements demeurent en suspens. Julien prévoit-il une suite ? Lui seul le sait. Cet univers qu’il a créé peut facilement donner lieu à une trilogie.
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