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Citations de Kenzaburo Oé (278)


En un instant la mort brutale, ce qui se lit sur le visage d’un mort, tantôt la mélancolie, tantôt l’ébauche d’un sourire, m’étaient devenus aussi familiers qu’ils l’étaient aux adultes du village.
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C’était comme si, pendant tout le temps que j’étais resté alité, tous s’étaient complètement métamorphosés en êtres monstrueux n’ayant plus rien d’humain. Et mon corps me semblait aussi pesant que s’il eût été bourré de sable mouillé ; il avait perdu tout ressort.
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Allongé sur le sol transpirant de la cave, le noir était en train de chanter à mi-voix, de sa voix grave, un chant qui nous prenait étrangement aux entrailles, un chant plein de sanglots et de cris étouffés qu’on sentait prêts à fondre sur nous.
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- Votre travail consistera à défricher la pinède sur la colline. Ne lambinez pas, dit le maire en durcissant soudain le ton pour finir son discours. Les voleurs, les incendiaires, les excités seront battus à mort par les gens du village. N'oubliez surtout pas que vous n'êtes que des bouches inutiles. Nous avons la bonté de vous protéger et de vous nourrir. Gardez toujours bien en tête que vous n'êtes que des bouches inutiles et indésirées. Compris ?
Épuisés, gagnés par le sommeil comme une éponge imbibée d'eau, enfants que nous étions, nous restions immobiles dans ce jardin sombre et glacé, tellement abattus que nous ne pouvions même pas parler. Pourtant, avant de pénétrer dans l'enceinte, nous devions encore nous laver les pieds et nous soumettre à une inspection corporelle.
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Mais le temps était si lent, il n'avançait guère. Le temps ne bouge pas du tout, me dis-je exaspéré. Tout comme le bétail, le temps ne veut pas avancer sans la surveillance sévère des hommes. Comme les chevaux et les moutons, le temps ne fait pas un pas sans l'ordre d'un être humain. Nous sommes englués dans la flaque du temps. On ne peut rien faire. Mais rien n'est plus difficile et exaspérant, fatigant et vénéneux pour le corps que d'être emprisonné sans rien pouvoir faire.
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Lorsque, étudiant à l'université de la philosophie française, il avait rencontré le point de vue selon lequel la condition fondamentale de l'homme est d'être malheureux, il avait tout de suite compris que c'était exactement la situation dans laquelle il avait conscience de se trouver chaque fois que les yeux de sa mère étaient fixés sur lui.
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Je ne dis mot, allant chercher très loin ma respiration. La guerre, cette interminable et sanglante bataille aux dimensions gigantesques, allait sûrement se prolonger encore. Cette espèce de raz de marée qui, dans des pays lointains, emportait les troupons de moutons et ravageait les gazons fraîchement tondus, cette guerre-là, qui eût jamais pensé qu'elle dût parvenir jusqu'à notre village ? Pourtant elle y était venue, pour réduire en bouillie ma main et mes doigts, saoulant mon père du sang des combats et lui faisant brandir sa série. D'un seul coup, notre village se trouvait enveloppé dans la guerre ; et moi, au milieu de ce tumulte, je n'arrivais plus à respirer.
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C’était la plus belle heure d’une journée d’été. Une brise qui lui rappelait ses excursions d’écolier caressa agréablement la joue de Bird, rougie par le manque de sommeil. Sa peau but avidement la douceur du moment présent et un sentiment de libération se fit jour dans sa conscience.
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La bombe aveuglante
A ma fille de vingt ans
A ôté la vue
Mais le jour où je mourrai
Je lui donnerai mes yeux

J'ai dit qu'à ma mort
Je lui donnerai mes yeux
On m'a répondu
Les yeux d'une atomisée
Que voulez-vous qu'on en fasse
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Je veux dire que, même si nous tentons de nous mentir, il vient toujours un moment où nous nous rendons compte que ce n’est pas possible indéfiniment.
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L'Afrique, enfin ? Mais Bird n'était plus capable d'imaginer qu'une Afrique désolée, sans saveur. C'était la première fois que ça lui arrivait depuis qu'il était gamin. Un homme libre, sans joie, au milieu d'un Sahara gris... Cet homme avait assassiné un nouveau-né sur une île qui était à des milliers de kilomètres de là, puis il s'était enfui et il avait parcouru toute l'Afrique, incapable d'y capturer ne fût-ce qu'un sanglier, ne fût-ce qu'une musaraigne - et il était planté là bêtement, au milieu du Sahara...
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Fondamentalement, celui qui se trouvait là, bien présent, était le moi qui rédigeait depuis longtemps des romans, alors que l’autre moi donnait l’impression d’être le héros du roman qu’il aurait voulu mais n’avait pu écrire dans sa jeunesse, à moins qu’il ne fût le jeune homme impatient d’écrire le roman en question.
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A force de considérer le frémissement de l'épaisse encolure du Noir penché sur la marmite, la tension soudaine et le relâchement de ses muscles, je finissais par voir en lui, étant donné sa docilité, une espèce d'animal gentil et paisible.
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Ca fait maintenant longtemps que j'écris des romans et dans ma jeunesse la plupart des critiques me laissaient sur ma faim, mais maintenant, quelles que soient les appréciations portées, je reconnais presque toujours ce que j'ai effectivement raconté dans la manière dont on me dit avoir reçu l'histoire
( V, tristesse du roman, p160)
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C'était une époque de tueries. Tel un interminable déluge, la guerre inondait les plis des sentiments humains, les moindres recoins des corps, les forêts, les rues, le ciel, d'une folie collective.
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Notre camarade gisait maintenant sous la terre et sa peau, la muqueuse de son anus ouvert, ses cheveux trempaient dans l’eau souterraine qui les imprégnait. Cette même eau, qui avait déjà imbibé les nombreuses carcasses animales et s’était écoulée sous terre, serait bue par les robustes racines des plantes.
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La compagnie d’un ami pour lequel on n’a que du mépris est plus rassurante que la solitude, dans la mesure où l’orgueil n’est pas blessé. C’est comme s’enivrer d’un mauvais alcool pour fuir l’angoisse.
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Et c’est la vérité : l’enfant aperçut, sur un vaste fond de lumière pourpre, un resplendissant chrysanthème d’or qui, bien loin d’occulter les rayons du soleil comme le ferait un nuage, rendit leur éclat plus brillant encore dans l’azur parfaitement pur du ciel d’été. Et quand l’éclat de cette fleur illumina le massif de ses « happy days », ils se transformèrent instantanément en un édifice fait d’un bloc de lumière, éternel, à jamais indestructible.
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Pendant son sommeil, son pouls battait certainement au ralenti ; sa tension devait baisser et ses organes, à commencer par le cerveau, cesser une large part de leurs activités. Mais les cellules malignes, elles, continuaient à proliférer, jour et nuit, et sans se soucier de son état de demi-conscience ou inconscience. Dès lors si, même quand il était endormi, existait positivement en lui un surplus d’énergie vitale capable d’extorquer à sa chair des plaintes véhémentes, ne pouvait-on induire que cette vitalité-là, plutôt que celle de son corps rongé par le cancer et en pleine courbe descendante, était celle du cancer lui-même, lequel, allègrement, continuait à prospérer ?
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Dans ce restaurant où ils venaient ainsi chaque jour, le bouillon d’os aux nouilles se composait de nouilles dans leur eau, relevées de quelques épinards, de fragments de cèpes et de morceaux de côte de porc panées. Lorsque enfin on le lui apportait, il mettait à part dans un petit bol les deux-tiers des nouilles, un peu de champignons et d’épinards, les donnait à l’enfant et, aussi longtemps qu’ils restaient chauds, ne le quittant pas des yeux, profondément attentif à la façon dont le petit mangeait. Alors seulement lui-même attaquait la viande qu’on lui avait servie et quand, à force de chercher, il avait réussi à trouver avec sa langue, entre panne et chair, de petits morceaux de cartilage, il examinait minutieusement ces espèces de demi-sphères blanchâtres, les plaçait dans un cendrier hors d’atteinte de son fils et, calculant le juste temps nécessaire, achevait de manger ses nouilles en même temps que l’enfant.
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