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Critiques de Lyonel Trouillot (300)
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Yanvalou pour Charlie

Autant « Hadriana dans tous mes rêves » de René Depestre, autre écrivain haïtien ,ne correspond pas du tout à mes goûts autant « Yanvalou pour Charlie » m’a touchée. On se perd un peu dans le récit et je n’ai pas accroché de bout en bout d’où seulement trois étoiles.



La présence des jeunes garçons haïtiens abandonnés à la misère de la rue est vraiment émouvante. Le personnage du prêtre qui est impuissant face à l’extrême pauvreté et la dureté de la société haïtienne malgré sa générosité est touchant.



J’ai été intriguée par l’histoire des prénoms qui font « campagne » et qu’il faut absolument changer pour réussir sa vie en ville. C’est assez amusant car le prénom que le personnage principal s’est choisi : Mathurin, fait, pour moi, plus campagne que Dieutor son vrai prénom.



L’écriture souvent poétique, se fait poignante en restant très pudique quand elle décrit la misère absolue des petits enfants à l’orphelinat.



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La belle amour humaine

Étonnant récit: le narrateur est un conducteur de taxi très bavard qui décrit un petit village d’Haiti où se rend sa passagère. Il y a eu un incendie qui a détruit la maison de deux notables. il y a beaucoup à raconter tout autour.

C’est une succession de très courts chapitres, des descriptions très imagées que je vois comme des poèmes en prose. ça va au delà de la simple description. ça prend vie. mais ça fait toute une mosaïque d’histoires, comme les pièces d’un puzzle. le lecteur enfile les pièces du puzzle sans arriver à prendre le recul pour y voir clair. C’est une expérience troublante mais assez inédite. On voit tellement de détails qu’on perd de vue l’ensemble, on est dans le microscopique. mais c’est beau. C’est raconté avec amour.
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Tu aurais pu vivre encore un peu...

J'ai été bercée par les chansons de Brel, Brassens, Ferrat. Ma mère et ma marraine était fan, le sont toujours d'ailleurs, et le resteront sans doute.

Je me rappelle leur peine quand ce dernier est décédé il y a déjà 10 ans, tristes comme s'il elles avaient perdu une vieille connaissance, perdue de vue depuis longtemps, mais synonyme de tant de souvenirs de jeunesse, de leurs camps scout, de leur adolescence.

Ce livre est un très bel hommage à « cet homme qui chante », à son humanité, à sa modestie, à sa portée intergénérationnelle à travers les beaux portraits de Ernest Pignon-Ernest si vivants ( je suis admirative de ces artistes qui savent rendre une étincelle, un sourire en coin, le mouvement d'une mèche, rendre la vie tout simplement ) et les textes très poétiques et émouvants de Lyonel Trouillot liés et mêlés aux paroles de Ferrat. Quelle belle idée et quelle belle réalisation.

Ce livre est une oeuvre artistique à part entière, un bel objet à offrir aux amoureux de la chanson française.
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Le doux parfum des temps à venir

La plume poétique de Lyonel Trouillot ne peut laisser insensible celle ou celui qui le lit à travers son engagement pour l'égalité et sa lutte contre les injustices. A travers cette prose poétique, on découvre l'histoire d'une femme qui transmet un message à sa fille. C'est le message d'une mère qui semble avoir vécu le pire (violences et tortures) et a tout fait, malgré les épreuves, pour ne pas être enchaînée à la haine. La phrase suivante résume toute son histoire et peut-être même toute l'histoire de l'humanité : « J'ai vu la violence des hommes et celle des éléments. Et j'ai respiré l'odeur de la haine (...)»; elle fait reposer l'espoir d'un avenir meilleur en cette fille qui l'aida à se préserver de cette haine galopante, sans doute une délivrance.
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Éloge de la contemplation

J'ai découvert avec curiosité et grand plaisir l'écriture de Lyonel Trouillot grâce à ce livre, reçu dans le cadre de l'opération Masse critique.

Chaque page, phrase même, se déguste tant la langue est belle.

On trouve trois récits poétiques, comme des passages de journaux intimes, écrits par un fou délirant sur une île ou un poète prisonnier. Des textes qui racontent la contemplation, le désir, la liberté, la rencontre, la solitude...



Une première approche de l'auteur qui me donne vraiment envie de découvrir d'autres de ses oeuvres.
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La belle amour humaine

Un roman, publié en 2011, qui repose en grande partie sur le monologue initiatique et poétique de Thomas, chauffeur de taxi et guide qui accueille, à l’aéroport, Anaïse, une jeune Française venue en Haïti sur les traces de son père, et de son grand-père paternel Robert Montès. L’homme d’affaires fut retrouvé mort dans l’incendie de sa maison, qui brûla en même temps que celle de son meilleur ami et voisin, le colonel André Pierre, lui aussi disparu. L’enquête menée à l’époque laissa l’affaire non élucidée. Anaïse veut comprendre, pour éclairer le destin de son père, parti d’Haïti au lendemain du drame pour ne plus y revenir.



Le chauffeur la conduit dans le village de l'Anse à Foleur, un village dans le nord du pays, où les habitants vivent en complète empathie, situé à 7 heures de route de Port-au-Prince durant lesquelles Thomas n’arrêtera pratiquement pas de parler. Une véritable initiation à la vie et la survie, en Haïti, entre bruit et silence, riches et pauvres, blancs et noirs, puissants et serviteurs ... Ces différences explosent dans une écriture dense et rythmée, mais aussi poétique, qui les fait apparaître peu à peu au cours du récit sous la forme d'un long monologue du guide auquel Anaïse tentera à son tour de répondre, "J'aimerais écouter et comprendre."



J'ai trouvé ce livre époustouflant de vérité par rapport au ressenti que j'ai eu lors de mes trois séjours en Haïti. Lyonel Trouillot sait parfaitement utiliser toutes les possibilités qu'offre la langue française : les mots, les rythmes, les suggestions de sentiments, la poésie... L'exemple le plus frappant est celui de sa description de Port-au-Prince par des phrases courtes faisant ressortir le bruit qui résonne dans la tête, l'animation, les contradictions, etc. Je revois la première fois (en 1981) où je suis arrivée, en tant que géographe, dans cette ville, dont je ne peux pas m'empêcher de citer un extrait de l'auteur :

"Attends de voir le centre-ville. Il nous faudra le traverser, patauger dans le bruit jusqu'à la gare du Nord. Les étrangers souvent y perdent leurs oreilles (...)Les pots d'échappements. Les crieurs qui marchandent tout, des élixirs aux antibiotiques en passant par les crèmes éclaircissantes et les pilules qui font grossir. Les porte-voix des fonctionnaires de la santé publique qui vantent les vertus du lait maternel et du lavage des mains. Nul ne peut écouter tant de bruits en même temps, qui s'opposent, se contredisent, te crèvent les tympans pour fourrer dans ta tête l'illusion du mouvement.(...) Au centre-ville, le bruit c'est comme la pauvreté, on n'en a jamais fait le tour".



Il a également cette magnifique phrase qui en dit long : "Une voix qui raconte, c'est plus vrai qu'une photo." Dans la seconde partie du livre, Anaïse répond à sa façon également par un monologue, mais beaucoup plus court ... Je vous recommande vivement la lecture de ce livre qui ouvre les yeux, je suppose, à ceux et celles qui ne connaissent pas Haïti. Chaque fois que j'y suis allée, j'ai écouté les histoires, j'en ai raconté, j'ai commencé à comprendre, un peu plus à chaque fois et alors je me suis posée encore plus de questions, auxquelles je n'ai pas encore eu toutes les réponses... On ne sort pas indemne d'un séjour en Haïti...et la véritable question reste toujours, comme jusqu'au bout de ce récit : "quel usage faut-il faire de sa présence au monde ?"
Lien : https://mesailleurs.wordpres..
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L'amour avant que j'oublie

Livre qui m'a gavé assez souvent. Pas forcément pris par le parcours ou l'histoire de ces trois personnages dépeints par un écrivain amoureux. Rien ne m'a semblé clair, tout fouillu/fou/feuillu... Mais, voilà qu'au détour d'une phrase, d'une métaphore ou d'une idée, les claques fusent. Bam bam bam, touché, touché, touché.

Objectivement, l'écriture est très belle, la fouillitude est sans doute bienvenue... pour donner aux pépites leur juste éclat. Find yours.





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Haïti

https://dutremblementdesarchipels.blogspot.com/2018/06/a-rouge-lettres-lecture-sur-haiti-jane.html



"En 2005, Jane Evelyn Atwood se rend à Haïti, sa vision rompt radicalement avec l’imagerie que l’actualité impose régulièrement pour évoquer ce pays. Fascinée par ses habitants, la photographe choisit d’utiliser la couleur, avec ses ombres et ses contrastes, pour témoigner de la dignité et des espoirs d’un peuple qui ne se résout pas à la fatalité. " Maison Européenne de la photographie- Paris-2011





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La belle amour humaine

Superbe critique de la société contemporaine, ce roman est une découverte!

Une écriture puissante, une narration à deux voix qui fait de ce récit un "road-story" dans la campagne Haïtienne. Mais peu importe l'endroit où se déroule le livre, comme l'auteur le dit si bien: "c'est partout pareil" et c'est bien la principale intrigue: que faisons chacun pour être au monde, de façon utile?

L'auteur profite d'une enquête familiale sur un double homicide pour poser les questions essentielles...

Une belle réflexion sur la condition humaine ici et partout ailleurs, on referme le livre avec l'idée de le relire!
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Parabole du failli

Il y a quelques temps, je m’étais enfin décidée à lire Yanvalou pour Charlie et j’avais pris une grosse baffe. Je m’en étais un peu voulu d’avoir attendu si longtemps pour découvrir Lyonel Trouillot alors que de bonnes âmes autour de moi me conseillaient ses textes depuis longtemps. Cette année, j’ai décidé de ne pas être bête deux fois et de lire immédiatement Parabole du Failli histoire que tout ça ne se reproduise pas une deuxième fois. Entre temps, j’avais scrupuleusement oublié La Belle amour humaine, ce qui se révèlera être un peu dommage.



Un peu dommage, oui, parce que j’ai retrouvé cette sensation d’ennui que j’avais eue. Je ne suis pas rentrée dans le texte, je ne suis pas rentrée dans l’écriture, je me suis ennuyée, je n’ai rien trouvé qui me plaise … Rencontre ratée.
Lien : http://www.readingintherain...
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Rue des pas-perdus

Premier roman de 1996, montrant déjà la spécificité et la maturité d'un artiste unique.



Publié en 1996, le premier roman du Haïtien Lyonel Trouillot marquait d'emblée l'apparition d'un écrivain rare et plutôt unique, dans sa capacité à associer une écriture d'une extrême précision et d'une poésie permanente, d'une part, et une étroite imbrication d'un arrière-plan social et politique - très aisément encore plus universel qu'haïtien - dans une quête (ou des quêtes) intime(s), en sélectionnant toujours très soigneusement son utilisation des "motifs typiques" haïtiens pour se garder en permanence des clichés qui encombrent trop souvent la représentation de l'île.



Trois voix sont sélectionnées pour raconter, chacune à sa manière, une nuit terrible, emblématique de certains des malheurs haïtiens, nuit de répression féroce, d'arrestation d'opposants, de chasse à l'homme désordonnée et sanguinaire dans les rues de Port-au-Prince, nuit qui n'est volontairement pas située avec exactitude, mais qui déploie d'autant plus sa puissance, chaque fois que pauvres, laissés-pour-compte et gens "ordinaires" sont confrontés à une violence institutionnelle dévoyée, aveugle, les dépassant largement.



Récit halluciné d'un chauffeur de taxi pris dans l'émeute, battu et mutilé en échappant de très peu à la mort, en quête de sa Toyota abandonnée quelque part comme d'une unique planche de salut possible pour se raccrocher à l'existence, à la normalité. Récit nostalgique et lucide d'une mère maquerelle âgée, où la tendresse voisine curieusement, à chaque ligne, avec un détachement nécessaire. Récit terrible dans sa manifeste impuissance et sa focalisation à rebours sur des éléments abstraits ou anodins, d'un intellectuel relativement préservé du pire, mais toujours exposé et menacé, et ne sachant pas ou plus "que faire ?".



Un art magnifique du récit polyphonique, une création en mosaïque qui manie à chaque instant, avec un égal bonheur, l'élan débridé, fougueux, rageur et violent, et la voix off songeuse qui se garde toujours du discours et de l'essai, tout en donnant à voir la folie générale (qui est souvent, trop souvent, celle des "grands") et son impact sur les "petits".



Et ces premières lignes du prologue qui sont presque un manifeste dans leur sombre beauté.
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Bicentenaire

Un livre magnifique bouleversant pour son sujet et son écriture sublime.

Je pense que ce livre mais j'en suis convaincu, sera un classique un grand livre de la littérature francophone. Un livre qui comptera sur l'histoire de ce pays qui est le plus pauvre du monde, un très beau témoignage sur le Bicentenaire 2004.



Pas facile de s'en imprégner mais quelques efforts en vaut la peine, si on aime l'histoire, et si on est curieux.



Histoire se situe à Port-au-Prince début 2004, l'année du bicentenaire à Haïti. Le récit de Lucien se déroule sur une journée celle du bicentenaire justement. Il est un jeune étudiant. Il est en route vers son destin. La notion du temps est très présent, le début s'est le petit matin le rythme est lent puis ensuite tout s'accélère. Il doit rejoindre un groupe d'étudiants.

Dans sa tête résonne les voix de sa mère, "Oui, je t'aime, Ernestine Saint-Hilaire, aveugle d'yeux et de tendresse, qui ne comprends plus rien à rien, qui n'as jamais compris grand-chose à la vitesse du temps qui passe et ne voudras jamais entendre que le petit avait fêté ses dix-neuf ans sur les bancs d'une classe de neuvième année fondamentale et souhaitait fêter ses vingt ans ailleurs."

celle de son frère et de l''étrangère la femme que Lucien aime, et de tous les haïtiens. Elle s'appelle Catherine et elle filme la manifestation du Bicentenaire. Phrase qui revient souvent "Ernestine Saint-Hilaire, moi Noire !" comme une litanie.

A la lecture, j'ai pensé à l'étranger de Camus. La mer et le soleil est très présent et jouent leurs rôles.

Mais j'ai pensé aussi à Dany Laférrière qui est aussi Haïtien : Le cris des oiseaux fous
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La belle amour humaine

Très étrangement, j’ai parfois un mal fou à pondre un billet sur un livre que pourtant, j’ai beaucoup aimé… Soit parce que par manque de temps ou par paresse, je laisse un trop grand délai entre ma lecture et l’écriture de mes impressions, soit, et c’est souvent le cas, parce que le livre, même s’il m’a plu, ne se laisse pas si facilement que cela apprivoiser et que je ne sais pas par quel bout le prendre, sans raconter l’histoire dans tous ses détails, ce qui n’a pas grand intérêt, que vous l’ayez déjà lu (dans ce cas, vous la connaissez) ou que vous ayez envie de le lire (pas très sympa de tout vous dévoiler avant que vous n’attaquiez votre lecture)… Ainsi en est-il de La belle amour humaine…



Ce roman est un long monologue, celui de Tomas, un homme taxi qui parcourt une bonne partie de l’île d’Haïti pour rejoindre le village côtier d’Anse-à-Fôleur, où veut se rendre Anaïse. Pourquoi cet endroit du bout du monde alors qu’il y aurait d’autres sites à visiter pour cette jeune occidentale ? Ce n’est pas le tourisme qui l’attire, mais un passé qu’elle tente d’exhumer, de comprendre, d’appréhender en allant respirer le même air que son père à peine connu. Car c’est de là qu’il vient, et c’est là certainement que se trouve l’explication de sa vie et de son caractère, et surtout ses racines.



C’est dans ce village en effet qu’ont régné deux personnages qui ont laissé leur marque sur les choses et les gens. Le colonel à la retraite Pierre André Pierre, autrefois chef de la police politique et ancien instructeur de l’académie militaire, souvent violent et dont les gens avaient une peur justifiée s’était lié d’amitié, contre toute logique, avec Robert Montès, un homme d’affaire véreux. Les deux compères firent construire dans le village deux maisons voisines et jumelles, narguant par là la population pauvre en étalant leur richesse acquise par des procédés peu louables.



Mais une nuit, les maisons furent brûlées et les deux hommes y périrent. L’enquête menée par un policier de la ville n’aboutit à rien, que des soupçons non étayés, du vent soufflant sur le silence des gens du coin…



Tomas raconte la vie, la ville et les gens, il parle, parle tout au long des heures de route et dévoile son pays et le cœur de ceux qu’il connait. Les mots coulent et peignent les couleurs, les cris et les chants, les odeurs d’ici, racontent la réalité brute, mais aussi parlent tendresse et amour, respect et honneur. Le style de Lyonel Trouillot est un régal et on y plonge avec délices, on se laisse bercer par le souffle de ce récit, autant que par celui des réflexions d’Anaïse, qui n’a pas écouté grand-chose, mais a été, comme nous lecteurs, touchée par la musique des mots.



Plus que la recherche de cette jeune femme sur son passé, ce roman est surtout un cri d’amour pour Haïti et pour ses habitants, et une réflexion sur la condition humaine. Riche ou pauvre, que laissons-nous comme trace de notre passage ici bas, que faisons-nous qui marquera les temps futurs, et sommes-nous capables de nous côtoyer, de nous aimer malgré nos différences, quelles soient de niveau social ou bien de couleur de peau ?



Un superbe roman !


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La belle amour humaine

Tout commence merveilleusement bien dans "La belle amour humaine" de Lyonel Trouillot. On comprend qu’un drame s’est joué, il y a de longues années, dans un village de pêcheurs : Anse-à-Fôleur. Les villageois remarquent un matin que les résidences secondaires des deux étrangers (les seules véritables maisons de ce village) sont parties en fumée avec leurs propriétaires. Deux individus particulièrement ignobles et abjects, symboles des attributs de la puissance : la force et l’argent. On se demande bien ce qui avait pu pousser ces deux hommes dans cette sorte d’Eden essentialiste occupé par quelques pêcheurs, joueurs de dés ou philosophes. Ils y vivaient comme une incongruité et la greffe, logiquement, ne prit pas.

Tout est présenté par petites touches, comme une enquête policière, selon ce que veut bien dire le narrateur, un chauffeur de taxi, à sa passagère de circonstance, Anaïse, petite fille de l’un des deux disparus, débarquant de son Occident natal et cherchant à en apprendre un peu plus sur les origines mystérieuses de son père, durant le trajet qui les mène de la capitale (magistralement décrite à travers sa dimension sonore) à Anse-à-Fôleur.

Mon seul petit bémol concerne la toute fin du roman, mais je ne tiens pas à en dire plus au risque d’en dire trop.

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L'amour avant que j'oublie

À 50 ans, un écrivain se rappelle, essaie de capter certains instants importants de sa vie, pour les immortaliser dans le regard d'une autre, femme fantasmée plutôt qu'incarnée. Il espère qu'elle changera définitivement sa vie, mais si tel n'est pas le cas, peu importe au fond, il aura fait son devoir de mémoire et aura raconté des pans des histoires de l'Étranger, de l'Historien, de Raoul, de Marguerite, de Robert, de Jacques... À travers ceux-ci, il en profite pour tracer le portrait d'un pays en mutation, d'un écrivain qui refuse de se laisser emprisonner dans les filets de la littérature, d'un homme qui aimerait être revenu de tout mais qui continue de s'émerveiller, aujourd'hui comme hier. Une fois le livre refermé, il reste un parfum d'arbres en fleur, d'odeurs qui se mêlent dans la moiteur d'un début de soirée, de paradis perdu.
Lien : http://lucierenaud.blogspot...
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Antoine des Gommiers

A Haïti, Antoine des Gommiers est un mythe, une légende. Pendant l'entre deux-guerre, Antoine des Gommiers s'est forgé une réputation de devin, consulté par tous, riches et pauvres, Haïtiens et étrangers, hommes, femmes et enfants. Il distillait ses conseils et visions dans sa petite demeure des Gommiers.

Ti-Tony et son frère Franky ont beaucoup entendu parler d'Antoine. Leur mère Antoinette, n'a pas arrêté de leur dire qu'elle était une descendante du devin. Sa mère Hortense serait une nièce d'Antoine. C'est donc avec cette croyance qu'ont grandi les deux frères, au coeur du corridor, le quartier pauvre de Port-au-Prince. Les deux frères se ressemblent physiquement, mais évoluent différemment. Ti-Tony trouve rapidement un boulot afin de faire vivre leur modeste foyer, quant à Franky, doué avec les mots, tente de retranscrire la vie qu'à pu être celle de leur ancêtre présumé.



Antoine des Gommiers est une très belle lecture. La plume de Lyonel Trouillot que je découvre ici est magnifique. Il nous plonge au coeur de la misère haïtienne mais tout en poésie, tout en douceur. La réalité est certes là, la pauvreté bien présente, mais il arrive à l'adoucir grâce à l'amour et la solidarité que se portent les deux frères.

J'ai apprécié ce livre qui est une alternance entre le passé et le présent, entre la retranscription de certaines tranches de vie d'Antoine des Gommiers et la vie dans le corridor, entre le rêve et la réalité.
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Veilleuse du Calvaire

La colline du Calvaire a bien connu des galères et des événements mystiques avant d’être nommée comme un lieu à proprement parler. Sur la colline il a toujours été question de nature et de pierre comme fondements jusqu’à ce que le notaire Mérable vienne y planter sa demeure, source du mal et apogée d’horreurs masculines, point névralgique d’une souffrance féminine, point culminant d’un monde nommé orgueil.



Sur la colline La Veilleuse du Calvaire règne discrètement, écrit sa rage dans un livre : celui que nous tenons entre nos mains. « C'est ça, ce livre. Distribuée en trois parties, sauvages, inégales, Elle est née de

rebelles à tous les ordres, une fusion sans dissolution : la joie de raconter et la rage de dire. »



La Veilleuse est mystérieuse, on l’imagine sous multiples apparences, comme si elle traverse les temps. Avec son livre-cri elle porte la voix des femmes disparues, ensevelies sous la honte masculine. Cette Veilleuse m’a bousculée, elle nous raconte cette histoire de colline sans repères spatio-temporels, son cri m’a parfois semblé assourdissant.



Lyonel Trouillot a une langue aussi poétique que cash, pour nous envoûter et nous secouer aussi.

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Bicentenaire

2004, l'année du bicentenaire de l'indépendance d'Haïti...L'occasion pour les étudiants révoltés et idéalistes de manifester pour vivre dans un monde plus juste. Ils ne veulent plus avoir peur, ils veulent reprendre leur destin en main et Lucien veut être parmis eux. Et nous voulons être avec Lucien, marchant à ses côtés tout au long de cette journée où la lourdeur du drame plane, autant que la misère accablante et injuste, autant que les rêves à l'odeur iodée, autant que l'indifférence des classes sociales aisées, autant que la violence de ceux à qui l'on n'a offert qu'un monde de frustrations, autant que le poids des convenances et la volonté de les envoyer valser. 121 pages seulement composent ce grand roman mais chaque mot, chaque geste, chaque regard et chaque parole y sont essentiels, ciselés, taillés dans le réel d'une manière époustouflante pour devenir une flèche qui perfore les tripes. Mais les mots sont-ils des armes suffisantes face à la misère, la violence et le déterminisme social?
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Ne m'appelle pas Capitaine

Un livre bien écrit et interessant mais trop court (155 pages), alors que certains thèmes méritaient plus d'attention.

Je n'ai pas pu m'empêcher de penser au superbe Bord de canal d'Alfred Alexandre, situé en Martinique mais abordant également le thème de la jeunesse noire et laissée pour compte de Fort-de-France.
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Ne m'appelle pas Capitaine

Lyonel Trouillot est l'un des auteurs majeurs de la francophonie.



Il fait partie de l'élite intellectuelle haïtienne. Son héroïne, Aude, fait partie de l'élite des riches blancs du sommet de Montagne Noire à Port-au-Prince. Pour une enquête journalistique destinée à valider une formation à distance, elle est amenée à decouvrir la ville du bas de la Montagne, là où les dictatures et peut-être les séismes (mais il n'en est pas question) n'ont laissé que ruines et où se réfugie la misére. C'est là qu'elle rencontre Capitaine, mémoire tourmentée de ce lieu. Ce vieux Capitaine habité par tant de disparus qu'il ne veut plus être nommé Capitaine.



Aude, quant à elle, héroïne de ce roman initiatique, commence à prendre conscience de l'artifice et du mensonge dans lequel elle vivait et peu à peu, elle devient elle même, libérée de ces mensonges
Lien : http://www.lirelire.net/2018..
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