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Citations de Marguerite Duras (2415)


J'aimais moins votre visage de jeune femme que celui que vous avez maintenant, dévasté.
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Tant de blondeur , tant et tant de blondeur inutile , ai-je pensé, tant de blondeur imbécile , à quoi ça peut servir ? Sinon à un homme pour s'y noyer ? Je n'ai pas trouvé tout de suite qui aimerait à la folie se noyer dans cette blondeur-là .Il m'a fallu un an .Un an .Une curieuse année.
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Lui : Tu n'as rien vu à Hiroshima. Rien.
Elle : J'ai tout vu. Tout.
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et je me promis, raisonnablement, si je n'arrivais pas à changer ma vie, de me tuer. Ce n'était pas si difficile, je choisis entre deux images : me voir monter dans le train ou me voir mort. Les yeux de celui qui montait dans le train me faisaient en effet plus peur encore que ceux fermés du mort.
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L'alcool a rempli la fonction que Dieu n'a pas eue, il a eu aussi celle de me tuer, de tuer. Ce visage de l'alcool m'est venu avant l'alcool. L'alcool est venu le confirmer. J'avais en moi la place de ça, je l'ai su comme les autres, mais, curieusement, avant l'heure. De même que j'avais en moi la place du désir. J'avais à quinze ans le visage de la jouissance et je ne connaissais pas la jouissance. Ce visage se voyait très fort.
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Il y a des gens comme ça, fermés, qui ne peuvent apprendre de personne. Nous par exemple, nous ne pouvons apprendre quoi que ce soit, ni moi de vous ni vous de moi, ni de personne, ni de rien, ni des événements. Des mules.
Quel que soit le nombre de siècles qui recouvrira l'oubli de leurs existences, cette ignorance aura existé comme elle est là, en lumière froide. Ils le découvrent, ils en sont enchantés. Et aussi que dans mille ans il y aura mille ans que ce jour-ci aura existé, jour pour jour. Que cette ignorance de la terre entière de ce qu'ils auraient dit aujourd'hui sera datée. Sans mots, sans encre pour l'écrire, sans livre pour le lire, datée. Ils en sont enchantés de même.
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Elle dit : Même de ces chagrins-là, de ces amours dont vous dites qu'ils vous tient, vous ne savez rien. Elle dit : Savoir de vous, c'est ne rien savoir du tout. Même de vous, vous ne savez rien, même pas que vous avez sommeil ou que vous avez froid.
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C'est le matin sur cette route nationale, quand vous avez dit que vous vouliez me payer, que je vous ai regardé tout entier. J'ai vu les vêtements de clown et autour de vos yeux le khôl bleu. Alors j'ai su que je ne m'étais pas trompée, que je vous aimais parce que, au contraire de ce qu'on m'avait enseigné, vous n'étiez ni un voyou ni un assassin, vous étiez sorti de la vie.
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Ils dorment, détournes l'un de l'autre. C'est elle qui d'habitude sombre d'abord dans le sommeil. Il la regarde s'eloigner, s'en aller dans l'oubli de la chambre, de lui, de l'histoire. De toute histoire.
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Je recommence à te désirer. Je te désire tu ne peux pas imaginer combien…
Il lui dit qu'il ne faut pas dire ça.
Elle promet. Jamais plus.
Et puis il dit qu'il la désire aussi, de la même façon.
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« Maud ouvrit la fenêtre et la rumeur de la vallée emplit la chambre. Le soleil se couchait. Il laissait à sa suite de gros nuages qui s’aggloméraient et se précipitaient comme aveuglés vers un gouffre de clarté. Le « septième » où ils logeaient semblait être à une hauteur vertigineuse. On y découvrait un paysage sonore et profond qui se prolongeait jusqu’à la traînée sombre des collines de Sèvres. Entre cet horizon lointain, bourré d’usines, de faubourgs et l’appartement ouvert en plein ciel, l’air chargé d’une fine brume ressemblait, glauque et dense, à de l’eau.

Maud resta un moment à la fenêtre, les bras étendus sur la rampe du balcon, la tête penchée dans une attitude semblable à celle d’un enfant oisif. Mais son visage était pâle et meurtri par l’ennui. Lorsqu’elle se retourna vers la chambre et qu’elle ferma la fenêtre le bruissement de la vallée cessa brusquement comme si elle avait fermé les vannes d’une rivière.»

4e de couverture.
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Et, dans le regard, la tristesse d'un paysage de nuit
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On te dit simplement de faire les choses telles quelles, sans t’expliquer pourquoi ... Et on ne fonctionne pas du tout de cette façon-là avec toi ; c’est-à-dire que toi, au lieu de dire : « Tu coupes là et tu fais ça, et le plan doit durer tant de temps et le pourquoi ne te regarde pas », tu donnes simplement le pourquoi du plan.
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. Je crois qu’il y a une perdition de l’individu à travers toute cette perdition fragmentée... de ses pulsions, de son désir, de son amour, de sa connaissance, de son entendement, de son imaginaire, voyez. Parce que désirer quelqu’un d’autre que son mari, pour une femme, au dix-neuvième siècle par exemple, c’était basculer dans un imaginaire différent, c’était inventer tout. Peut-être la chose la plus grave pour quelqu’un —  je parle d’un homme ou d’une femme —, c’est de ne plus souffrir de jalousie, par exemple. C’est-à-dire ne plus connaître le désir, puisque le désir est une passion absolue et —  comment dire ? —  irréfragable.
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Pourquoi on ne peut pas montrer le bonheur ? On ne peut pas le montrer et on croit qu’on peut le montrer dans tous les films américains ! La femme qui sourit, le mari qui revient de son travail : « Bonsoir ma chérie, bonjour ma chérie, au revoir ma chérie, quel bonheur de... Tu deviens de plus en plus belle », etc., etc. C’est parce que le bonheur n’existe pas. Alors ils essayent de nous montrer ce qui n’existe pas. Moi, j’essaye de montrer ce qui existe. C’est-à-dire que le bonheur n’existe pas et que c’est dans l’inexistence du bonheur que le bonheur existe.
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Je montre ce qui n’est pas montrable, c’est ça qui m’intéresse. Ce qui est montrable —  ce dont on croit que c’est montrable d’habitude, les drames, vous savez, les drames entre les couples, etc., voyez, les divorces...
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Je crois que c’est à partir du manque d’être —  d’être dans le désir, dans l’amour, dans l’été —, qu’on peut dire l’amour, le désir, l’été et... l’inceste, c’est-à-dire le crime. Je ne dis pas que je vais réussir à le faire ; je dis que je le ferai selon moi, du mieux que je peux. C’est-à-dire toujours de la même façon, en donnant moins à voir et plus à penser, et plus à entendre.
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C’est par le manque de lumière qu’on dit la lumière, et par le manque à vivre qu’on dit la vie, le manque du désir qu’on dit le désir, le manque de l’amour qu’on dit l’amour ; je crois que c’est une règle absolue. Je crois que la plénitude du désir, de l’amour, de la chaleur, de l’aise à vivre... ne comporte en soi aucun manque à être, donc ne peut pas se dire.
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Si Montaigne avait écrit de sa douleur, celle-ci aurait convoyé tout l’écrit du monde. Or il n’écrit que comme pour ne pas écrire, ne pas trahir, justement en écrivant. De la sorte il nous laisse sans lui, émerveillés, comblés mais jamais en allés avec lui dans sa liberté.
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Le livre n’est pas terminé. La fin n’a pas été écrite, elle n’a jamais été trouvée. Elle n’aurait jamais été trouvée. La fin mortelle du livre n’existait pas, n’existe pas. Le supplice est sans fin. La fin est à toutes les pages du livre. L’auteur est mort. Le livre est là tout à coup, dans un isolement effrayant, éternisé dans la brutalité de son arrêt. Puis il se referme.
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