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Citations de Martin Winckler (760)


Au cours des années soixante, il y avait à Tilliers une demi-douzaine de médecins pour soigner ses douze mille habitants et les quelques milliers qui vivaient alentour. Les praticiens n'étaient pas plus nombreux qu'aujourd'hui, mais ils n'étaient pas surchargés pour autant. Car dans les petites villes de Beauce, on n'allait pas consulter comme ça, à tout bout de champ, pour le premier mal venu. D'abord, tout le monde n'avait pas la sécurité sociale. Certains, qui auraient pu en bénéficier, ne savaient pas comment la demander. D'autres, qui se blessaient au travail, ne savaient pas remplir les papiers. Bref, pour beaucoup de gens, c'était compliqué. 'Parce que, de toute manière, qu'est-ce qu'il va me faire, le médecin ? Un mal de dos, ça tue pas, et faut bien continuer à s'occuper des bêtes !' [...] Pour aller consulter, il fallait une raison sérieuse, quelque chose qui vous rongeait depuis longtemps, qui vous empêchait de travailler ou vous faisait suffisamment peur pour vous faire toquer à sa porte. Quelque chose qui justifiait - dans l'esprit des patients, du moins - de DÉRANGER le Docteur.
[...]
Parfois c'était une boule si monstrueuse sur le ventre ou dans le sein ou sur le côté du cou qu'on avait fait de son mieux pour la cacher tant on avait honte. 'Mais là c'est plus possible vous allez me gronder de pas être venue plus tôt, Docteur, mais ça m'a fait peur'...
(p. 94-95)
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… Parfois, j’ai le sentiment d’avoir cent ans. On ne devrait pas survivre à ses enfants.
… J’ai le sentiment d’avoir trop vécu. Deux guerres mondiales… La première, on disait que ce serait la dernière…
… Quand la Grande Guerre a commencé, je ne me suis pas posé de question. Je n’avais pas d’idées politiques. J’étais dévoué à mon pays, je devais aller combattre pour lui. S’il déclarait la guerre, c’était sans aucun doute pour de bonnes raisons.
… J’ai vite perdu mes illusions et compris que ce conflit était une monstrueuse escroquerie. Les hommes politiques, quels que soient leur sang et leur rang, se moquent d’envoyer des malheureux s’entre-tuer pour satisfaire leurs principes. Comme mes compatriotes, je n’étais qu’un jouet entre les mains de chefs d’Etat mégalomanes, de généraux assoiffés de pouvoir et d’industriels cupides.
(p. 382)
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On embarque dans une histoire comme on part en voyage.
Certains aiment les croisières en paquebot. Ils somnolent dans un transat sur le pont brûlant de soleil et se laissent porter tout le jour, un cocktail à la main, avant d’aller rêver dans leur cabine de luxe. D’autres embarquent dans un sous-marin vitré pour se coller le nez sur le grand hublot et découvrir des mondes inexplorés, suivre des bancs de poissons, longer des galères englouties, regarder des plongeurs combattre un requin ou remonter un coffre des abysses. D’autres encore préfèrent s’élancer dans l’espace –l’ultime frontière –à la recherche de nouvelles formes de vie, de civilisations inconnues, pour se rendre là où nul n’est jamais allé. D’autres enfin s’asseyent à la terrasse d’un bistro pour regarder les lève-tôt entrer à la boulangerie, les épiciers sortir leurs cageots, les couche-tard regagner leur antre, les mères emmener leurs enfants à l’école. Bref, les histoires sont faites pour nous mener en bateau et c’est pour naviguer qu’on embarque, sans toujours savoir où on va.
L’avantage d’une histoire c’est que, contrairement à un voyage en train ou en avion, si jamais elle se traîne, on peut sauter en marche ; quand elle va trop vite, on peut ralentir ; et si elle fait naufrage, on se sent irrité ou déçu, mais on en sort indemne.
En principe.
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Mais non de Dieu, chez un médecin, la gentillesse ce devrait être un équipement de série, pas une option !!!!!
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Onze siècles après Poitiers, la « conquête » de l’Algérie n’est donc pas seulement l’annexion d’une terre et de ses richesses (lesquelles deviendront encore plus grandes avec la découverte du gaz en 1953 et du pétrole en 1956) ; c’est aussi une nouvelle occasion de démontrer la supériorité de la chrétienté, incarnée par la France, sur une culture haïe depuis plus de mille ans.
Et si ce n’est pas ça, ça y ressemble fichtrement.
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Se faire soigner, c'est recevoir des soins ; ce n'est pas se soumettre à la volonté de ceux qui les dispensent. (...) La relation de soin est une relation d'entraide. Ce n'est pas une relation de pouvoir. Et tout rapport de pouvoir est incompatible avec le soin.
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Un jour d’octobre [1963], Claire entre dans le bureau et dépose le journal devant Abraham. Un article annonce l’arrivée en France d’un film qui vient de faire un triomphe en Angleterre et aux Etats-Unis. La photo représente un homme blond, vêtu d’un pantalon kaki et d’un maillot déchiré, juché sur une moto.
- Eh, mais c’est Steve McQueen !
- Le film passe à Orléans la semaine prochaine. Lucianne me tanne pour que je l’emmène. Je pourrais aussi y emmener Franz.
- Ah, c’est gentil mais je ne sais pas… Il n’a que neuf ans. [… et] quand même ça dure trois heures. Vous pensez qu’il va tenir ?
- Il passe plus longtemps que ça à lire sur son lit. Et puis, C’EST STEVE MCQUEEN !!!
(p. 183)
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Dans ce métier, on doit ouvrir son cœur à celles qui ont mal pour leur montrer qu'on les soutient, et le fermer à celles qui nous font du bien pour éviter de les vampiriser.
Plus masochiste que ça tu meurs.
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Une relation de soins ce n'est pas un rapport de force
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Lorsqu'une femme te confie qu'elle a trompé son mari, ce n'est pas pour être absoute - tu n'es ni grande prêtresse ni directrice de conscience -, mais ça peut être pour que tu entrevoies pourquoi elle ne veut pas de la grossesse qu'elle va interrompre. Elle a peut-être simplement besoin de lire dans tes yeux qu'elle n'est pas juste "monstrueuse" d'interrompre sa grossesse, qu'elle est humaine. (p. 572)
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Un soignant n'est pas un sauveur de vie, mais quelqu'un qui aide la plupart des patients à vivre le moins mal possible.
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Même quand on a choisi de s'engager dans une profession de santé, le fait d'avoir été formé au soin ne confère aucune supériorité morale sur le commun des mortels.
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Ouais, les médecins ne sont pas des gens faciles. Les médecins, ça connaît des trucs qu’on n’imagine même pas. Les médecins, ça sait sur nous des choses qu’on aimerait mieux ne pas savoir. Les médecins, ça fait peur.

Les médecins, parfois, on aimerait savoir ce que ça a dans la tête. Mais on se le demande jamais. Ça fait trop peur d’y penser.

Les médecins, on se demande d’où ils sortent. On se demande s’ils se souviennent qu’ils n’ont pas toujours été médecins. On se demande s’ils ont été jeunes, un jour. On se demande si ça leur est arrivé de souffrir et d’avoir à aller chez le médecin.

Parce que, s’ils sont vraiment si éduqués que ça, pourquoi a-t-on parfois le sentiment qu’ils ne savent pas dire ni bonjour ni au revoir ni pourriez-vous me prêter une cuillère ni s’il vous plaît ni merci, ni un geste en sortant ni un sourire en passant quand on les croise dans l’escalier ?

C’est vrai, quoi, certains médecins sont tellement malpolis qu’on se demande qui les a élevés.

Jusqu’au moment où on se met à travailler dans une faculté de médecine.

Et là on comprend.

Enfin, quand je dis qu’on comprend, je ne veux pas dire qu’on accepte que tant de médecins soient si mal embouchés, si mal aimables, si mal élevés, si malotrus, si malfaisants.

Mais qu’on soupçonne comment ils le sont devenus. Ou restés.

Parce que les études de médecine, c’est pas une éducation. C’est la douche écossaise. Du chaud qui brûle, du froid qui glace, sans prévenir, pendant toutes leurs études.

Deux années de concours pour éliminer ceux qui ont du sentiment, ceux qui ont de la gentillesse. Les plus faibles, les plus fragiles – ceux qui nous ressemblent le plus.

Et puis pendant les deux années qui suivent, on leur dit qu’ils vont être les meilleurs… s’ils ne relâchent pas leurs efforts. S’ils font exactement ce qu’on attend d’eux. S’ils suivent bien les enseignements de leurs professeurs. S’ils apprennent tout par cœur. Sils ne se laissent pas distraire. Par rien. Et surtout pas par eux-mêmes.
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Aimer c'est être impuissant contre le temps, et en avoir conscience.
Aimer, c'est savoir que l'amour n'aura qu'un temps, tout le temps de la vie peut-être, mais seulement ce temps-là.
Aimer, c'est savoir que si l'on ne meurt pas le premier, on verra l'autre mourir.
Qu'on verra la vie et l'amour mourir chez l'autre, avant même que l'autre ne meure. Et qu'en voyant l'autre mourir, on mourra tout vif.
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"Ça veut dire tout le monde ment parce que tout n'est pas facile à dire. Tout le monde ment pour protéger quelque chose. Pour se protéger de quelque chose."
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Ce n'est pas le jugement qui fait la qualité d'une oeuvre, c'est le plaisir qu'elle apporte.
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[ mai 68 ]
Au début, la télévision a montré les affrontements entre les étudiants et les CRS, puis les usines qui fermaient les unes après les autres parce que les ouvriers se mettaient en grève, et puis au bout de trois semaines la télé a fait grève elle aussi et seules les radios privées continuaient à donner des informations. J'ai entendu papa dire que le gouvernement avait interdit à Europe 1 et à RTL de faire circuler les voitures émettrices, et qu'elles n'avaient pas le droit de raconter ce qui se passait, ni même d'aller interroger les gens dans la rue. Les 'événements', fallait surtout pas qu'on en parle.
(p. 295)
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Non, je ne me souviens pas , je me suis efforcée de mémoriser tout ce que j'ai vu des chirurgiens faire hier, mais les nanas venues hier pour des bricoles, surement pas, j'ai pas de place à perdre pour ça dans ma tête.
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En chacun de nous sommeille un bourreau. Le tien, tu es sûr qu'il dort ?
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Sauver la vie était le blason des médecins ; donner la mort, un privilège de leur caste.
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