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Citations de Martine Laffon (126)


Bude rit bizarrement, toussa et jeta son mégot dehors.
- Ils t'apprennent pas ça au lycée ? On finit tous dans le trou. Grouille-toi, je vais pas passer toute l'essence du pick-up à t'attendre.
Marco attrapa sa sacoche, prit le journal, le glissa à l'intérieur d'un de ses bouquins et sortit en claquant la porte. Il monta à côté de son père. Sa vieille canadienne sentait le tabac et l'huile rance, quelque chose d'écoeurant. Le bruit du pick-up leur évita de se parler.
Marco regardait par la vitre embuée ses chevaux dans les prés. Le froid était venu tôt cette année. Ils galopaient pour se réchauffer. Marco leur fit un petit signe de la main. Ils lui répondirent par un étrange hennissement. C'était un rituel qu'il n'oubliait jamais ; une façon de se reconnaître, de se dire bonjour aussi.
Bude tournait les boutons de la radio pour capter la fréquence de la météo. Il ne remarquait plus la complicité de son fils avec ses chevaux. Pour lui, ça ne rapportait pas assez et ça prenait l'herbe des moutons. Pourtant Jeffy, la mère de Marco, en avait élevé pendant des années. Marco était monté dessus avant même de savoir marcher et parfois il se demandait si, dans une première vie, il n'avait pas été cheval lui-même. Il se sentait si proche d'eux.
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Elle reconnut l’Ombre dans cet étalon gris dont le sang coulait par les naseaux et la bouche était blanche d’écume. "Il ne s’avouera jamais vaincu, pensa-t-elle. Sous la forme d’un étalon ou sous une autre, il reprendra le combat".
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– T’es complètement folle ! répéta-t-il, énervé.
– Qu’est-ce que tu dis ? J’entends rien avec ton
moteur ! s’exclama Sophia à l’arrière de la moto.
Tom se faufilait dans les rues étroites de la ville
haute, espérant atteindre les marais avant l’inondation,
mais les pavés étaient glissants.
– Avance ! cria Sophia. Sinon on ne passera pas !
Tom accéléra, soudain grisé par le danger. Il prit la
rue de la Sergenterie en sens interdit et la dévala
jusqu’à la digue, déjà submergée.
– Je vais pas plus loin, affirma-t-il.
Sophia descendit aussitôt et se campa devant lui.
– Prête-moi ta moto ! Je sais exactement où est le
gué. Les chevaux traverseront avec moi, à la nage. Je
les guiderai.
– Tu veux nager devant eux ? T’as vu ta taille,
Poucette !
Tom était furieux. Depuis qu’elle était petite,
Sophia avait toujours l’art de braver le danger et un
étrange besoin de défier la mort.
– Je suis responsable de toi, lui rétorqua-t-il. Je ne
te laisserai pas faire n’importe quoi.
– Et depuis quand ? hurla-t-elle. Je vais les faire
passer. Descends de là !
Elle secoua violemment le guidon de la moto.
Trempée, les cheveux dégoulinant, elle était pitoyable.
– Remonte au lieu de faire des caprices, lui
ordonna brutalement Tom. Soudain, le hennissement
court des chevaux en danger résonna dans la tête de
Sophia. Son coeur se mit à cogner dans sa poitrine.
Prise de vertige, elle chercha un instant sa respiration.
Elle y arriverait ! Elle les ferait passer ! Comme son
grand-père l’avait fait avant elle !
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L’air était lourd, irrespirable. On avait l’impression
que les trottoirs allaient fondre et que le goudron
deviendrait un liquide noir ruisselant dans les caniveaux.
Le 28 n’arrivait pas et Sophia s’impatientait.
Elle voulait quitter la ville. Pourquoi acceptait-elle
toujours de faire des exposés avec des flemmards qui
s’en moquaient complètement ? À chaque fois, elle
devait passer des heures à la bibliothèque pour rien,
ou pas grand-chose. Elle regarda la pointe de ses
boots et se jura que la prochaine fois elle dirait non !
Sophia ressortit de son sac la page 4 du journal, la
défroissa avec le plat de la main et remarqua juste un
détail. Les chevaux semblaient avoir été foudroyés en
plein galop. Quelqu’un, ensuite, avait dû les aligner
dans une sorte de rituel macabre. Mais pourquoi ?
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Ruben réalisa bientôt avec angoisse qu’ils étaient
bel et bien pris dans une tempête de neige et que de
toute façon, au dépôt, à cette saison, aucun chasse-neige
n’était encore en état de marche. Ruben sentait
maintenant que ça patinait, l’arrière du car glissait. Il
pensa aux pneus avant qu’il aurait dû avoir déjà changés,
le phare avant droit aussi…
La lande était devenue un désert blanc dont
émergeaient seulement quelques buissons d’ajoncs
pétrifiés.
« On va être coincés », jugea Marco… Il fallait qu’il
rentre chez lui, ses chevaux étaient en danger.
Soudain, il crut les entendre hennir. Non, il en était
certain : ils l’appelaient ! Le bruit de leur galop fou
envahit toute sa tête, lui martelant les tempes. Il eut
comme un goût de sang dans la bouche et pensa
brièvement à sa mère. Le souffle court, oppressé, il
étouffait.
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Marco esquissa un demi-sourire. Il repensa à Tom
Hishrin, à sa ferme encombrée de vieux engins
rouillés qu’il était bien le seul à savoir faire démarrer,
et à la façon dont il lui avait topé la main quand il lui
avait prêté son étalon. « Faut que la vie continue, pas
vrai ? » avait-il affirmé, un peu las. « Faut qu’elle
continue, sinon on est tous foutus, pas vrai ? »
Arnald n’aimait pas spécialement les chevaux de
Marco, ni les chevaux en général. Il les trouvait imprévisibles
et, comme Bude, qu’ils ne rapportaient rien.
Mais il s’était fait peu à peu à leur odeur, à leurs hennissements
tonitruants et à leurs jeux.
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Marco attrapa sa sacoche, prit le journal, le glissa à
l’intérieur d’un de ses bouquins et sortit en claquant
la porte. Il monta à côté de son père. Sa vieille
canadienne sentait le tabac et l’huile rance, quelque
chose d’écœurant. Le bruit du pick-up leur évita de se
parler.
Marco regardait par la vitre embuée ses chevaux
dans les prés. Le froid était venu tôt cette année. Ils
galopaient pour se réchauffer. Marco leur fit un petit
signe de la main. Ils lui répondirent par un étrange
hennissement. C’était un rituel qu’il n’oubliait jamais ;
une façon de se reconnaître, de se dire bonjour
aussi.
Bude tournait les boutons de la radio pour capter la
fréquence de la météo. Il ne remarquait plus la complicité
de son fils avec ses chevaux. Pour lui, ça ne
rapportait pas assez et ça prenait l’herbe des moutons.
Pourtant Jeffy, la mère de Marco, en avait élevé
pendant des années. Marco était monté dessus avant
même de savoir marcher et parfois il se demandait
si, dans une première vie, il n’avait pas été cheval
lui-même. Il se sentait si proche d’eux.
Après l’accident de Jeffy, Bude n’avait pas osé se
débarrasser des juments et des poulains, peut-être en
souvenir de sa femme, peut-être par superstition : on ne
vend pas les chevaux d’une morte. Et puis, tout le
monde savait que Marco y était très attaché. Faire de
la peine au gamin qui venait de perdre sa mère aurait
fait mauvais effet.
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Marco déplia fébrilement le Ayrshire Post que son
père avait laissé traîner sur la toile cirée. Une tache de
café poisseuse maculait la page. Ce n’était pas la première
fois pour les chevaux. L’année dernière déjà, à
la fin de l’été, un entrefilet dans le journal avait parlé
de ça. Et si cela arrivait chez nous ? s’inquiéta Marco.
Il avait bien l’intention de lire l’article quand son père
entra dans la cuisine.
– Qu’est-ce que tu fiches, t’entends pas le moteur
qui tourne ?
– C’est à cause des chevaux.
– Quoi, les chevaux ?
– Ils les ont retrouvés morts.
– Les chevaux, c’est comme tout le monde, répliqua
son père, ça meurt. Tu crois que les tiens ne finiront
pas comme nous, les pieds devant ?
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Dans ces moments-là, Blanchard le détestait, il avait l'impression que Drouault se complaisait dans une sorte de déchéance grossière, niant ce qu'il avait été pour oublier ce qu'il était devenu. Boire, c'était sa façon de se suicider pour que la corrida s'arrête, enfin.
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Pour l'instant, il regardait le Chinois seul dans son coin d'écurie où il vivait avec Dreamy, la jument du commandant, si on peut appeler ça une écurie et si on peut appeler ça vivre. La vie, pour John, c'était plutôt le petit cottage de sa grand-mère, entouré de ses murs de pierres sèches où les ronces offrent leurs mûres noires et juteuses à la fin de l'été. Les prés verts courant jusqu'au bord de la falaise pour voir la mer s'y cogner, mais jusqu'à ce jour, il n'avait jamais vraiment réalisé que c'était ça la vie pour lui.
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Le pourri ne se transforme-t-il pas en merveilleux et le merveilleux en pourriture ?
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Ici, dans ce chaos d'hommes et de bêtes, dans l'enchevêtrement de leurs corps meurtris, comment la vie recommencerait-elle ? Même les paysages se tordaient de douleur, eux non plus n'oublieraient pas. Et quand tous ces champs de bataille se couvriraient d'arbres et de fleurs sauvages, la terre enserrerait encore l'âme des morts avec leurs ossements.
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Je crois en effet qu'il n'y aura pas de paix dans le monde tant que chacun de nous ne prendra pas soin de sa paix intérieure, comme un jardinier prend soin de ses fleurs - chaque jour. Commençons par cultiver la paix à l'intérieur de nous-même. Elle se propagera ensuite par rayonnement : la paix c'est contagieux !
THOMAS D'ANSEMBURG
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Rien à faire, grogne Poséidon, voilà un son de trompe auquel je ne m'habituerai jamais et dire que c'est moi qui lui ai donné ce coquillage ! Il faut vraiment que les Néréides, les sœurs de ma belle Amphitrite, lui apprennent à en jouer avant que j'aie les oreilles cassées.
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De la Macédoine à la Grèce, la naissance d'Alexandre est un grand événement. Sa renommée arrive bientôt jusqu'en Occident. Si l'enfant vit assez longtemps pour monter en selle, il sera celui qui dominera le monde comme un faucon tient dans ses serres une tourterelle.
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Louise s'était mariée, mais si vite et si peu... L'amour, elle l'avait juste imaginé avec de grands bras tendres pour se cacher, se blottir, quand la pluie d'automne rend triste à pleurer... Celui qu'on choisissait pour elle, et qui n'était ni beau ,i laid, il avait du bien, ça suffisait. Ce n'était pas l'amour, l'amour elle le reconnaîtrait.
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- Ulysse a besoin de temps pour revenir à Ithaque, son île natale. Ce sera pareil pour nous.
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Nous deviendrons des fantômes errants sur les champs de bataille...
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Zanko lui serre les mains et le prend dans ses bras.
Le vieux pleure à son tour, sans gêne.
Il pleure sa jeunesse piétinée, il pleure ses amis morts, il pleure tout ce temps perdu à cacher un secret qui l'a brisé.
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Mais c’est aussi à l‘intérieur de soi que l’on a besoin de silence et d’une pause bienfaisante pour se déconnecter.
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