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Critiques de Maryna Uzun (188)
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Fière comme une batelière

L'auteure nous invite à ce roman qu'elle dit "à 4 mains" et j'ajouterais surtout à 2 voix : l'une vive et pressée de vivre dans une course haletante à travers l'Europe en partant des paysages du Nord en péniche ensuite en traversant la France et l'Italie vers le sud pour se fixer autour de Charleroi en Belgique wallonne. Là se passe la majorité des aventures de la fière batelière pour prendre fin au bord de la Seine.

L'autre voix plus poétique, s'attache à la beauté des descriptions et aux détails psychologiques des personnages évoqués par le première.

C'est donc un récit de vie, de résistance d'une jeune femme, mère et enfin grand-mère qui pour sa famille traverse les temps de guerre, la misère, le mépris et telle une péniche (ou un remorqueur ?) tire non seulement sa famille mais tout son monde derrière elle.

Les deux voix donnent beaucoup de relief à ce récit parsemé de wallon ou d'italien qui nous raconte la vie en Wallonie des bateliers, des mineurs, des immigrés italiens notamment, de ce monde de travailleurs à travers le XXe siècle.

Moi qui en ai connu plus d'un de ces immigrés, mineurs ou simples mais fiers wallons, moi qui comprends encore un peu ce parler carolo mais aussi quelques rudiments d'italien, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire les aventures de la Fière Batelière.
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Fière comme une batelière

Irène a 17 ans, en 1943 quand la péniche familiale est soufflée par une bombe anglaise. Elle quittera bientôt cette vie d'errance, les barges hâlées à bras d'homme ou d'enfants, des frères et soeurs élevés à la dure bien que le coffre déborde d'oseille, un père inculte et brutal, une mère sans tendresse.

Une autre vie commence avec le calabrais Raffaele, séduit par ses beaux yeux couleur de méditerranée, le grand voyage vers le sud, vers une détestable et mesquine famille calabraise puis le retour, les dettes et la débrouille dans les corons de Charleroi, un mari volage qui restera son grand amour.



Maryna Uzun, que je remercie pour l'envoi de ce livre, se glisse dans la peau d'Alicia, petite-fille d'Irène qui, dans la deuxième partie et d'une superbe écriture raconte la genèse du livre et aussi pourquoi la vie d'Irène est relatée d'une façon si factuelle, un peu sèche, de petites phrases où elle intercale astucieusement quelques répliques entre Irène et Alicia.



Le récit est prenant, parce qu'il témoigne d'une époque, du courage et de la générosité d'une Irène si peu rancunière.

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Fière comme une batelière

Tout d'abord, un grand merci à Maryna Uzun pour l'envoi de son dernier roman.

J'ai ainsi fait la découverte de cette auteure bien connue ici sur Babelio.



Ce récit débute par un dialogue entre Alicia et sa grand mère Irène, une enfant de bateliers. J'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire puis lorsqu'Irène commence à faire le récit de sa vie, je me suis laissée emporter par ce portrait de femme incroyable.

Belle et rebelle, amoureuse et jalouse, combative et déterminée, franche et sincère, Irène est un personnage qui vaut le détour ! Et sa vie, qui fut loin d'être un long fleuve tranquille, également !



C'est l'histoire d'une femme mais c'est aussi celle d'une époque , marquée par la guerre, l'immigration des Italiens, le travail dans les mines en Belgique, les débuts de la société de consommation...



J'ai beaucoup aimé cette histoire familiale car même si elle est très personnelle et intimiste, elle m'a évoqué de près ou de loin mes propres racines familiales et je m'y suis projetée avec émotion et nostalgie.



Merci donc à Nemorino pour ce roman qui peut paraître un peu décousu au premier abord mais n'est ce pas le propre de nos souvenirs familiaux ?

J'ai cependant un petit regret, avouons le. Je m'attendais à l'histoire d'une Batelière mais force est de constater que la vie de celle-ci sur une péniche est très peu relatée puisque cela ne concerne qu'une partie de son enfance. Fille de bateliers, certes, mais sa vie fut ailleurs....

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Fière comme une batelière

J'ai pris la photo de la couverture, un après-midi pluvieux, il y a des années. Je sentais que l'instant était magique. À cette époque, il a engendré ce poème : « Loin des Abbesses, de Barbès, la Seine ondule et fait un S. Je l'ai suivie au pas bien leste. Elle est splendide après sa « sieste » : elle se met à scintiller, c'est un croquis au pointillé d'un soleil cru, réapparu derrière un nuage tout ventru ! Je la préfère en « sfumato », lorsque le jour se lève tôt, sans les moteurs de la plaisance qui la sillonnent en tous sens ! Mais je me plie au sablier quittant mon fleuve aux peupliers. Silencieusement, il coule, j'ai caressé sa chair de poule… »

Il y aura toujours la Seine ! Serait-ce ma passion païenne ? Ses émanations m'atteignent où que je sois. Il y aura les peupliers, mes fidèles écuyers ! Certains lecteurs, qui ont fouillé mes opuscules de fond en comble, vont reconnaître ces vers. J'ai l'impression de les avoir engrangés, ceux-ci et tant d'autres, pour que tous ces recueils poétiques confluent dans mon nouveau roman.

Donc, ce paysage, au charme du noir et blanc, sans réellement l'être, sous ce soleil vaguement orange, me paraissait comme le portrait d'une personne, que je ne connaissais pas, d'une voie que j'attendais peut-être. La vie m'a apporté un éclaircissement : c'était Irène !



Née en 1926, au bord de la Sambre, une gamine est négligée et presque haïe par sa mère, cultivée et distinguée. Sa chance se révèle d'être belle, rebelle et intelligente ainsi que d'hériter la gnaque de son père, illettré. Sa curiosité universelle l'élèvera peu à peu et créera sa personnalité autodidacte. Elle s'impose avec le temps et sera la seule, dans sa fratrie batelière de onze enfants, à évoluer aussi fort. Si son adoré Raffaele, venu d'un coin merveilleux mais pauvre de l'Italie, a eu le privilège d'être instruit, il n'a pas la détermination d'Irène qui, dès l'adolescence, a pris soin de ses parents vieillissants...



Dans un risque-tout juvénile, cette fiction parcourt l'itinéraire « terre et mer » d'une batelière et son tohu-bohu époustouflant. Ôtez rigueur, exactitude et objectivité ! Accordez votre clémence à un certain toupet et à quelques incartades qui l'habitent et qu'elle conte dans son ivresse, tantôt plus lyrique tantôt plus joyeuse ! C'est le roman de la vie de cette femme qui s'est si bien accommodée à toutes les couches de la société, sans honte et avec panache, simplement en étant elle-même : Irène. C'est la chanson de l'amour que sa petite-fille, Alicia, lui porte au-delà de l'âge et des frontières.

Le lecteur entend le « je » d'Alicia, plus fiorituré, puis celui d'Irène plus dépouillé, puis encore celui d'Alicia, qui finit le livre, comme dans une Fantaisie de Schubert à quatre mains. L'une est une intello et rêveuse et l'autre est réaliste, très pratique, même si Irène est si sentimentale, d'où la différence de formulation des phrases.



De son existence entière, c'est pour les mariniers qu'Irène a éprouvé la plus grande admiration. Qu'elle aurait préféré vivre sur l'eau, inconditionnellement, perpétuer le voyage, pareillement à ces gens fiers qui se sentent si opposés à ceux de la terre ! Éternels explorateurs, nulle maison ne les apprivoise ! En dépit de cela, elle a quitté son chaland de beauté pour suivre son préféré jusqu'en Italie. Irène et Raffaele s'exposent sans arrêt au danger dans le contexte historique absurde de 1945. Leur naïveté les écarte de ce qui se trame en haut lieu, de la condition réelle des différentes nations à l'issue du conflit. Roosevelt, Churchill, Hitler, Mussolini, De Gaulle, Staline… Les amoureux ne mesurent pas entièrement le désastre et la difficulté qu'auront les peuples à se relever. Raf ne pense qu'à installer Irène dans un coin de rêve. La Calabre est magique dans sa tête, telle qu'il l'avait quittée à seize ans. Il compte épater sa belle ! Néanmoins, plus ils avancent vers le sud, plus ils vivent la déception, avec effroi et amertume. Ont-ils encore la solution de reculer, au risque de se perdre ? Et, pour couronnement, ils découvrent son adorée Reggio mutilée par les bombardements…

Que subsiste-t-il après cet effondrement ? Irène verse dans la vie courante un je-ne-sais-quoi, qui demeurera sa recette à elle, et petit à petit l'existence émerge dans sa majesté fabuleuse, dans ses envols infinis, dans une mouise somptueuse obéissant à une poésie inexplorée ! Irène, en femme d'action, réussit à bouleverser l'ordre des choses parce qu'elle s'est efforcée de se débattre, vigoureusement, malgré la fatigue et l’écœurement.



Une amie m'a généreusement permis de connaître l'histoire d'Irène. Ainsi, ma prédilection pour la Seine, qui transparaît dans tous mes livres précédents sans exception, a trouvé un aboutissement dans notre Rencontre. À elle, ainsi qu'à sa famille, vont mes humbles remerciements.



Le choix de ma démarche est celui de donner la parole à Irène qui est avant tout fille de ses œuvres. Ce ne serait jamais un portrait fidèle d'elle si un langage précieux se mêlait à ses traits de sauvageonne qu'elle a gardés fièrement tout le long de son chemin, tout en aspirant vers le raffinement. Son récit devait lui ressembler, rapide comme une tornade ! Qui l'aime la suive !



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Fière comme une batelière

Un célèbre feuilleton télévisé de la fin des années 60, consacré au métier de marinier, « L’homme du Picardie », m’est revenu en mémoire avec la lecture de ce roman. On y suivait chaque jour la dure vie d’un couple de bateliers et de leur fille, qui parcouraient les canaux et les fleuves au gré des chargements qu’ils obtenaient. On saisissait alors combien la tradition familiale faisait de cette profession un métier très particulier.



Ce roman de Maryna Uzun rend hommage à une femme « Fière comme une batelière », à Irène, qui vit dans un monde à part, celui de la grande famille des bateliers qui sont fiers d’être différents, eux qui ne vivent pas sur la terre mais sur l’eau au quotidien.



C’est Alicia, la petite-fille d’Irène qui va nous rapporter les souvenirs de sa grand-mère adorée, qui est décédée en 2010 à un âge avancé. Des souvenirs riches d’intérêts, l’histoire d’une vie qui va nous faire réaliser ce qu’est le monde rustre des bateliers, leur dur labeur, et leur courage, mais pas seulement… Les souvenirs qu’Irène va nous conter sont ceux d’une vie bien remplie mais chaotique, semée d’embûches, de difficultés liées à l’Histoire, celle de la 2e Guerre mondiale, de problèmes de famille, de couple, d’intégration, … On découvrira qu’Irène qui a un tempérament bien trempé va envers et contre tout, braver ces difficultés au fur et à mesure qu’elles se présenteront, et qu’elle saura toujours prendre les meilleures décisions…



Irène va évoquer son enfance difficile sur la péniche familiale, sous l’emprise de sa mère sourde, et avec son père analphabète, en Wallonie, à Charleroi (la ville à l’atmosphère la plus triste de Belgique que je connaisse), sa fuite du cercle familial pour s’émanciper (famille à laquelle elle restera néanmoins toujours attachée), son histoire d’amour pour Raffaele, un soldat calabrais fait prisonnier en France… et on pourra remarquer que Charleroi, avec ses couleurs grises, s’oppose aux couleurs vives et chaudes de Reggio de Calabre, la ville natale que chérit son fier soldat italien !



Irène va raconter sa fuite en Italie avec son amoureux et c’est tout un pan de l’histoire de la guerre 39-45 qui va défiler sous nos yeux. Ils vont tous les deux, après bien des péripéties et frayeurs, arriver à destination en Calabre. Irène va souffrir de l’accueil on ne peut plus froid qu’elle reçoit là-bas de la part de la famille de Raf. Elle est déçue, et elle l’est encore davantage quand elle se rend compte que Raf est égoïste et menteur, qu’il aime beaucoup l’oisiveté et aller flirter… Mais Irène est tellement amoureuse de lui, qu’elle ferme les yeux… En fait, elle n’accepte pas sa conduite, mais ne lui en fait pas reproche non plus !

Et Irène va tomber enceinte. Ils vont se marier, car Irène veut un père pour son enfant.

Pour elle, la Calabre est à la fois magnifique et funeste !

Et Irène pose un ultimatum. Elle dit à Raffaele son désir de retourner en Belgique pour vivre, avec lui et leur fille, une vie correcte et paisible au sein de sa famille wallonne.



Irène a un caractère fort. Elle est combattive. Va-t-il la suivre, lui qui n’est pas préparé à la vie rude de batelier ? « Qui triomphera : la passion ou la raison ? »



Des tensions s’installent au sein de la famille d’Irène, quand elle revient chez les siens avec sa petite Giulia. Des jalousies de la part de ses sœurs… Certains dévoilent leur cupidité, leur inhospitalité, font preuve d’égoïsme… Irène, elle, est partageuse, pense toujours aux autres, a le cœur sur la main. Est-elle un peu naïve ? Oui, certainement ! Nombreux sont ceux qui connaissent son caractère et profitent de sa bonté. Mais elle va se démener comme elle peut, se dévouer néanmoins pour chacun, allant même jusqu’à s’endetter… Et elle fait preuve d’une telle énergie, qu’on a l’impression qu’aucun obstacle ne peut l’arrêter. Malgré les difficultés, elle arrive toujours à conserver une certaine gaieté et une joie de vivre !



Le nord de la France et la Wallonie à l’époque, sont riches de l’exploitation du charbon, et on embauche facilement les Italiens. Mais les conditions des mineurs de fond sont inhumaines. Beaucoup d’entre eux périssent. La mine est destructrice de vies. Non seulement il y a des coups de grisou, mais les mineurs en respirant en permanence la poussière de houille, s’infectent gravement les poumons !

Et Raffaele va y travailler au fond de la mine !



Irène, elle, semble avoir une bonne étoile au-dessus de la tête. Elle sait sauter au bon moment sur les opportunités qui se présentent. Avec sa détermination et sa soif de connaissance, déterminée à s’en sortir dans la vie, elle qui deviendra coiffeuse, trouvera une maison dans laquelle elle pourra exercer son travail. La clientèle va affluer, elle pourra s’épanouir et gagner correctement son argent, et ainsi assurer une sécurité à son foyer.



Le récit des souvenirs d’Irène est très rythmé. On a l’impression qu’on respire avec elle de façon haletante. On se sent presque essoufflé comme si on faisait à ses côtés une course d’obstacles. Difficile de décoller de cette lecture pour aller vaquer par nécessité à d’autres occupations ! Ca défile « à toute berzingue ! » (= « à toute vitesse ! »), comme on dit chez les Ch’tis du nord de la France et en patois wallon. Cette langue wallonne est savoureuse, tout comme les « sorets » (les harengs saur fumés) comme Irène aime l’évoquer ! Pour anecdote, lorsque Zola est venu se documenter pour « Germinal » dans la région minière du Nord, un interprète lui fut nécessaire pour dialoguer avec les mineurs qui s’exprimaient en patois ! « Prin eun’cayelle et assis teu » était une phrase qui lui était bien étrangère ! (« Prends une chaise et assieds-toi »). Ces mots de patois me reviennent à l’esprit ! Très plaisant de se remémorer de telles expressions patoisantes grâce à la lecture de ce roman.

Ma grand-mère, qui était elle-même wallonne, avait plaisir de me parler avec ces mots de patois-là.



Ce roman est un très bel hommage rendu à une femme simple et méritante, à une battante, à une femme droite, et exemplaire.

« Fière comme une batelière », serait-il un roman féministe ? En tout cas c’est un bel éloge de la femme !



Le ton du livre est enjoué, lyrique. C’est plein d’une belle exaltation. Le récit est bien rythmé.

Les images sont bien évocatrices, pleines de poésie. Et l’ensemble est joliment nostalgique, et émouvant.



On retrouve aussi dans ce livre tout ce qui émeut et passionne l’autrice elle-même : -la peinture, avec les références à des oeuvres peintes de Renoir, Chagall, Delaunay, et d’Ilia Repine montrant le dur travail physique des bateliers, -la poésie de Rimbaud, -la musique et ses préférences pour Schubert, Prokofiev, Sidney Bechet, -et toujours son goût pour les jeux de mots !



Bravo pour ce touchant portrait de femme, et pour la belle écriture de ce nouveau roman, Maryna, et bonne continuation ! Grand merci à vous de m’avoir proposé de m’envoyer ce texte en PDF !



J’imagine tout à fait que ce roman pourrait très bien être adapté pour le petit écran, sous la forme, pourquoi pas d’une série, à l’instar de « L’homme du Picardie », ou être adapté pour le Grand écran !

Ne pensez-vous pas, Maryna ?

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Fière comme une batelière

Je voulais avec cette chronique remercier Maryna pour ce magnifique cadeau, son roman « fière comme une batelière « pour tout vous dire je suis un enfant du nord et la Sambre m’a vu grandir. Mes premiers bateaux furent les péniches. Du pont qui enjambe le fleuve je les voyais ces fiers bateliers s’arrêter pour ouvrir l’écluse, battant souvent pavillons belges, hollandais, bien sûr des français. C’était l’époque où un feuilleton passait sur notre télé en noir et blanc, « l’homme du Picardie « en 1968. Cette même année Irène allait tenter sa chance en Italie avec son salon de coiffure.

On pourrait commencer par « il était une fois « c’era una volta en italien parce que ce pays est lié à Irène. Le parcours de cette femme autodidacte a de quoi faire tourner la tête. Irène et Alicia sa petite fille sont très proches . Alicia va écouter sa grand- mère raconter sa vie, son histoire. Des parents bateliers dans une Europe dévastée par la seconde guerre mondiale, une famille nombreuse, le travail difficile sur la péniche. Sa rencontre avec Raffaele son beau Calabrais….

Irène a cette particularité, celle de tenir à bout de bras cette smala, année après année. Sa détermination m’a fait penser à « Ma » dans le roman de Steinbeck les raisins de la colère . Cette façon de secouer ces hommes qui on peut le dire sont un peu tire aux flancs.

J’ai passé un beau moment en te lisant Maryna, des souvenirs heureux et malheureux se sont réveillés, les chemins de halages, les joutes sur la Sambre, le sauret avec ses pommes de terre, le bain du samedi dans la lessiveuse, tout ça je l’ai vécu, et c’est pour ça que je ne te remercierai jamais assez.
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Fière comme une batelière

Ce roman est la passionnante histoire d’une famille dont les membres gravitent autour d’Irène, vibrionnante fille de bateliers.



Une belle saga qui s’étire du début du XXe siècle jusqu’à nos jours, qui trouve sa place dans la grande Histoire.



Maryna Uzun nous raconte avec un entrain indéniablement poétique le métier costaud de batelier, de l’époque où ils halaient les mignoles, à la force de leurs muscles, aidés ensuite de chevaux râblés, avant d’être remplacés par des moteurs autonomes.

Elle nous raconte la vie des prisonniers italiens en France, après l’armistice entre les Alliés et leur pays en 1943.

Elle nous raconte l’accord « Charbon », traité belgo-italien qui échangeait de la main d’œuvre italienne dans les mines wallonnes contre du charbon pour la famille transalpine.



L’autrice a surfé avec succès sur les vagues des amours, du déracinement, de l’émigration, de la violence conjugale, des métiers de batelier, mineur, coiffeuse, de la condition de la femme, de l’orgueil…



Son roman est foisonnant, un condensé d’émotions, j’aurais aimé voir se prolonger les dialogues admiratifs et enthousiastes entre Irène, à l’origine fière batelière et sa petite-fille, Alicia, qui consigne dans ce roman, la riche vie et les souvenirs de son impétueuse grand-mère.



Merci Maryna, @Nemorino, de m’avoir offert votre livre, un beau cadeau !

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Fière comme une batelière

Merci Maryna pour l’envoi de ta “fière batelière”.

Un roman très attachant , haut en couleur; une grand mère -Irène-pleine d’énergie qui raconte au fil de l’eau son “aventure amphibie “ à sa petite fille Alicia passionnée d’art, comme l’autrice très certainement - qui nous gratifie d’une écriture ciselée et pigmentée -et pimentée aussi!- avec des touches “impressionnistes”, mais un style moderne et actuel au service d’une vie pourtant presque passée .

L’histoire commence en bord de seine- de scène- il y a des reflets et des ondulations dans l’eau les nuages et les arbres qui s’entremêlent, c’est un roman mouvant-émouvant qui nous emporte et nous fait naviguer dans le temps la famille et le monde, telle une grande saga; laissons filer les pages et les péniches, paré pour l’immersion totale, je ne veux rien dé-voiler… Larguons les amarres “pareillement à ces gens fiers qui se sentent si opposés à ceux de la terre. Éternels explorateurs, nulle maison ne les apprivoise !”
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Fière comme une batelière

Aujourd’hui, petite interrogation surprise ! Savez-vous ce qu’est une « mignole » ? Personne ? Alors je vous invite à me suivre, c’est parti !



Tout d’abord, voici Alicia et sa grand-mère Irène. Quelle complicité elles ont toutes les deux, c’est magique ! Tendre Alicia qui s’est mis en tête de noter les souvenirs de sa grand-mère ; charmante Irène qui raconte sa vie et de nombreuses anecdotes, sans langue de bois. Et nous, nous écoutons bouche bée, parfois révolté(e)s, parfois attendri(e)s, mais toujours en empathie avec cette femme unique.



Et la mignole dans tout ça ? J’y viens, c’est une péniche, sur laquelle est née Irène… Ses parents sont assez mal assortis, un père un peu rustre qui a la main lourde avec son épouse et qui lève assez bien le coude, et une mère cultivée, déçue d’avoir eu un fort coup de foudre pour son époux qu'elle va suivre contre l’avis de ses parents et qui ne lui apportera qu’une flopée de gosses, des regrets et du désespoir !



Regardez l’enfance d’Irène, qui aide toute gamine au halage de la mignole, qui n’a pas le temps de s’instruire à l’école et qui va devoir se débrouiller seule, s’occuper de ses parents et souvent de ses frères et sœurs ! Une telle enfance, ça marque ! Alors, quand la belle Irène va rencontrer Raffaele, ce bel Italien qui va lui tourner la tête, est-ce que le roman familial va se répéter ? Pas vraiment, car bien que déçue par son mari, Irène, d’un caractère bien trempé va faire face à l’adversité et continuer à mener sa « barque » ; et elle saura se battre pour se faire une petite place au soleil.



Et c’est cette histoire singulière, qu’Irène, maintenant âgée va tenter de faire ressurgir de ses souvenirs pour la raconter à sa petite-fille.



Voyez comme c’est beau cette entente entre ses deux générations, deux femmes qui s’apprécient vraiment, qui s’aiment tout simplement.



Maryna UZUN a un style d’écriture incomparable, on a vraiment l’impression d’être près d’Irène et d’écouter son histoire… Parfois c’est Alicia qui parle, parfois c’est Irène ; c’est incroyable d’assister à cet échange, de revivre la vie d’Irène ; quant à la fin, elle rajoute un brin de magie et de mélancolie. Une très belle réussite.



Bref, un livre qui relate la jeunesse d’une femme âgée, dans un échange avec sa petite fille ; ça suinte l’amour, le respect ; quant à Irène, on n’a pas envie de la quitter. Sautez sur la péniche sans hésiter !



À lire à bord d’une péniche, sous un pont de Paris, ou éventuellement dans votre salon (mais c’est dommage) ; en vous régalant de tiramisu accompagné d’un verre de Prosecco. Bonne lecture !





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Fière comme une batelière

Merci à @Nemorino de m’avoir permis de découvrir Irène et sa tribu…



Mais qui est Irène ?

Dernière née d’une fratrie de onze enfants elle a vécu une enfance difficile au sein d’une famille de mariniers.



C’est au hasard d’une balade au bord de la Seine, qu’Alicia confie à sa grand-mère qu’elle aimerait vivre dans une péniche. Partant de là, Irène, qui a une grande complicité avec sa petite fille commence à lui raconter son histoire. Alicia lui propose alors d’écrire un livre à quatre mains…



Irène démarre son histoire à partir de la relation tumultueuse de ses parents et de leur vie sur les canaux. On y découvre la vie difficile à bord d’une péniche.



Elle raconte ensuite sa rencontre avec Raffaelo, un italien calabrais, qui va donner naissance à une histoire d’amour folle et à une vie pleine de rebondissements dans des périodes difficiles. (Guerre, travail dans les mines)…



Et puis, Irène meurt… ce qui amènera une fin de l’histoire à son image. Espiègle et presque joyeuse.



J’ai beaucoup aimé ce livre. Il nous montre que l’Amour permet de se transcender.



Irène a aimé de manière inconditionnelle sans pour autant être aimé en retour. Mal menée par une mère autoritaire, abusée par ses frères et sœurs à qui elle a toujours tout pardonné, elle a réussi à s’élever et à élever les conditions de vie de sa famille grâce à son courage et son abnégation.



Ce livre apporte également quelques éclairages historiques sur une période un peu trouble de l’après-guerre où, comme c’est encore d’actualité, les amalgames font beaucoup de mal.



Sans un être un roman philosophique, il nous donne à réfléchir…

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Fière comme une batelière

Fin novembre- 4 decembre 2023



*** Coup de coeur !



Déjà plus deux semaines que j'ai achevé ce beau récit émotionnant et sublimé d'une sacrée Batelière ...



Je me suis réjouie , émue de passer du temps avec la fière Irène, racontant sa vie combattive, plus souvent qu'à son tour dans une " mouise somptueuse" à sa petite fille, Alice...qui semble habitée comme sa "joyeuse et galopine"grand- mère par un amour inconditionnel de la Vie et des autres !



Et nous voilà embarqués avec le petit peuple des berges, et de ce monde fascinant des bateliers entre la France et La Belgique...



L' histoire D' Irène, née en 1926, au bord de la Sambre, petite-fille négligée et mal aimée par sa mère, ayant eu la chance d'avoir un père plus inspirant et positif, bien qu'illettré...



Sa double chance sera sa beauté, certes, mais aussi sa personnalité rebelle, intelligente et charismatique, en grande écoute des autres !



Irène va raconter à Alice sa vie tumultueuse, lui faire connaître sa passion de la batellerie, de leur quotidien pourtant très dur, mais aussi son amour et son existence avec le beau Calabrais, Raffaele...qui restera l' Amour de sa vie...même si leur vie commune ne "fut pas un long fleuve tranquille"...



Ce dernier, même très amoureux de son Irène, se révélera ombrageux de la vitalité et de l'énergie sans faille de celle-ci. À sa décharge, hormis la rencontre avec sa belle et fière marinière,il aura supporté beaucoup de malheurs ; entre une enfance triste d'orphelin, le travail très, très jeune, puis quitter son Italie, son soleil, se retrouver en exil dans un pays du Nord, à la grisaille ambiante, accepter le très destructeur travail de mineur, mieux payé que l'usine...



Petit peuple vaillant des bateliers, des mineurs, très dignes, vivant si mal de ces métiers difficiles, dangeureux et toxiques !

Une lecture des plus émotionnantes à plus d'un titre: le rayonnement incroyable de notre batelière , ses joies, ses peines, sa faculté à rebondir des épreuves mais Hommage aussi à tous les petits de la Planète, dont on n'entend jamais la voix !...



"Un soir, plus d'une décade après sa disparition, en retombant sur une documentation au sujet de la batellerie, j'ai revu Irène avec tant d'attachement et de tristesse que je me suis finalement déterminée à évoquer le roman de sa vie.Je me suis figurée Irène, âgée de soixante-dix ans, jouer fougueusement de l'accordéon à Charleroi, où je lui rendis visite.(...)

Je me suis représenté ce " boudoir ", avec le panorama de la Seine, témoin de nos conspirations...Ce n'est pas la durée d'une relation qui en compose l'acuité. J'aurai tenu mon engagement et détaillé dans notre livre, en outre, les moeurs baroques des mariniers d'antan !"



Titre aussi rythmique, musical qu'engageant...Ayant déjà eu le grand plaisir de lire et savourer plusieurs recueils de poésie, ainsi qu' un roman" de l'auteure le Voyage impaisible de Pauline" , heureuse donc de découvrir le dernier-né de l'amie* Nemorino/ Maryna Uzun,...dans un univers différent, m'ayant toujours fascinée : celui des bateliers et mariniers...



Dans la transformation en mots par Maryna Uzun, de la vie réelle de cette fascinante batelière, il y a une très belle harmonie entre prose et poésie, avec toujours une omniprésence du Beau et de l'Amour des arts !



Un régal de musique et de couleurs !





(***Parenthèses toutes personnelles que je me décide d'ajouter, juste pour exprimer que récit- roman a remué beaucoup d'émotions et de souvenirs, reliés au monde des mariniers; 1er souvenir, vraiment très petite dans le début des années 1970, je regardais sur une télé noir et blanc, un feuilleton qui me bouleversait, lequel, justement m'a fait rencontrer ce monde atypique des mariniers...il s'agissait de

" L' Homme du Picardie"...



Si on m'avait dit que très, très longtemps après, je choisirai d' habiter qq temps, après la mort de mon mari adoré, la ville de la Batellerie: Conflans- Sainte- Honorine, où nous allions souvent nous promener...et discuter avec les mariniers à quai...



Comme Marina Uzun, j'ai une vraie passion pour la Seine...qu'elle soit celle de la Capitale, des bouquinistes...ou d'ailleurs. J'ai en plus, encore la chance de l'avoir tout près de moi...au présent. Habitant dans une ville des Hauts-de- Seine, sortant d'une de mes bibliothèques, j'ai le bonheur de me retrouver sur les berges de la Seine...de m'immerger en rêveries dans le fleuve de cette Seine toujourschangeante. La magie opère encore et toujours , depuis des lustres ...)



J'achèverai par un extrait évoquant la magie infinie de Seine, si bien suggérée par l'auteure-poète:



"La folle du logis ne m'inspire pas dans mon studio qui côtoie celui d'un couple courroucé se disputant perpétuellement à grand fracas.J'ai résolu d'écrire à l'extérieur, du premier au dernier mot, à l'exemple des impressionnistes, propulsée par un besoin viscéral de lumière et de transparence.Et au préalable, m'implanter à proximité de la Seine, face aux bateaux qui m'éblouissent à leur ballet nocturne ou glissent presque insensiblement le jour.Même lorsque je me réveille aux aurores dans mon lit, mon hallucination est là : le bruit sourd d'un moteur d'une péniche ! Irène me sonne !

Je rejoins alertement ma " zone de confort", sous le pont de Grenelle. Vert, métallique, dépouillé, ce n'est pas le plus romantique.En revanche il touche une réplique de la statue la Liberté, ce qui me remplace des fioritures !

(...) Je me crois Rimbaud, le vagabond."







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Fière comme une batelière

Merci à Maryna Uzun de m’avoir offert ce roman.



J’ai mis beaucoup de temps à rentrer dans l’histoire. À réussir à m’immerger dans cet ouvrage, s’il ne m’avait pas été offert j’aurais abandonné…



Certaines parties du récit furent intéressantes, mais parfois je me perdais dans la lecture… je n’avais pas compris qu’il y avait une sorte de dialogue entre l’écrivain et la batelière.



C’est une histoire de famille très touchante malgré tout.

Un combat d’une femme admirable… Une battante !

Un beau témoignage que je vous laisse dorénavant découvrir !



Bonne lecture !
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Fière comme une batelière

Merci à Maryna de m'avoir envoyé son texte sous format PDF.

C'est très intimidant de lire un roman qui vous est adressé directement par son autrice. Je me suis senti un peu responsable, c'est assez étrange comme expérience de lecture. Aussi je ne suis pas entré d'emblée dans ce roman, ne cessant pas de penser à cette "responsabilité" nouvelle pour moi.

Malgré tout ces allez-retour entre ma lecture et ma situation inédite, j'ai peu a peu cédé à l'histoire de cette incroyable Irène, fille de bateliers.

C'est une véritable épopée familiale que nous propose l'autrice, un portrait de femme haut en couleurs en même temps qu'un témoignage sur la condition sociale des émigrés Italiens au sortir de la seconde guerre mondiale.

Les aventures d'Irène et de sa tribu de mariniers sont véritablement intrigantes, depuis son enfance sur une péniche qui parcourt les canaux de Belgique et de France jusqu'à l'ouverture de son salon de coiffure dans les locaux réhabilités d'une ancienne boucherie , sans compter son amour tumultueux avec le beau Calabrais Raffaele, on comprend rapidement qu'elle fait fi du destin et mène la danse. Son caractère impétueux et son optimisme lui permettent de défier les épreuves de la vie avec sang froid, d'être toujours à l'initiative du mouvement de ses troupes entre Bruxelles et Reggio, de ne jamais laisser le temps avoir vraiment prise sur elle.

Le long épilogue de cette histoire est très émouvant, les regards croisés que portent ses héritières sur leur mère finissent de nous convaincre qu'elle était un être d'exception, de ceux qui n'ont pas fait l'Histoire, mais qui l'ont vécu pleinement, et son devenu des mythes au sein de leur famille.

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Fière comme une batelière

Quelle idée de donner le prénom d'une de ses maîtresses à sa dernière-née ! Pour une querelle ? Pour une plaisanterie ? Que nenni ! Par ras-le-bol d'entendre cette hystérique maugréer toute la journée ! Il va priver ainsi Irène de l'amour maternel pour toujours .



Oui , il l'a engrossée alors qu'elle avait à peine dix-sept ans ; oui , il l'a enlevée mais avec son consentement , elle la jolie brunette aux yeux noisettes , si instruite grâce à sa famille de riches fermiers ; bien sûr , elle trime tout comme lui sur la mignole ; oui , c'est vrai , elle est folle de ce bel étalon aux yeux bleus hypnotiques , ce batelier inculte mais si dynamique . Elle le sera d'ailleurs , pendant soixante ans , jusqu'à la mort de son bien-aimé .

Mais la Mathilde , aussi cultivée soit-elle , est un souillon doublée d'un ronchon ; à tel point qu'un jour , de mauvais poil et excédé , Ariel lui lance une patate bouillante à la tête . Elle sera sourde ad vitam aeternam !



Voilà dans quel bourbier pousse la petite sauvageonne , onzième fruit d'un terreau fertile en graines de la passion . Elle va vivoter dans la rudesse et l'indifférence de sa génitrice qui jamais ne lui donnera la moindre instruction .

Heureusement , à la musique elle s'abandonne grâce à Rina Ketty , sa mandoline et son harmonica . Elle se sort de la norme en apprenant , par elle-même , les mots qui vont la différencier de la plupart de bateliers ; lire et écrire seront ses principaux alliés .Ses voyages à travers la France , l'Allemagne et la Belgique sur leur péniche vont lui ouvrir l'esprit et l'envie d'apprendre , de s'élever elle aussi comme la parentèle maternelle . Elle possède l'exubérance et le courage de son papa chéri ainsi que les gènes nobles d'une mère hautaine mais érudite .

Toute cette période va construire son caractère qui va la rendre exceptionnelle , surtout grâce à la foi qui est en elle et qui lui apporte ce petit supplément d'âme .



La fleur s'éclate à l'adolescence parmi les bombes et les ennemis qui contrôlent la bureaucratie et notamment les documents du bateau . Par ses voyages , elle parle allemand et se rend alors régulièrement à la Kommandantur , en remplacement de ses parents vieillissants ,mais aussi à cause de l'illettrisme de son père et la surdité de sa mère .



Et puis un jour la guerre finit . Les nazis en pagaille , la jeunesse qui braille le bonheur retrouvé ; Tout est réuni pour que la petite batelière rencontre le grand amour de sa vie .



A cause de son Italien , elle oublie , père , mère , jument et même son chien . Eternelle pérégrinante , elle prend déjà les commandes de leur devenir , ils iront à Reggio Calabre , cette ville qu'il glorifie tant , où il a grandi , beauté divine avec son ciel bleu qui se confond avec la mer et les yeux de sa belle .

Via les trains de bois , ils oublient le confort , mais ils s'aiment tellement ! Elle ne le sait pas encore mais ils sont déjà trois .



Le destin est en marche et prépare la descendance : ses filles , attachées elles aussi à ce leitmotiv , l'amour-passion qui habita Mathilde pour son Ariel , sans concession !



Je m'arrête ici à raconter cette histoire hors du commun qui pourrait continuer sans fin , mais qui mieux que Maryna Uzun pouvait vous entraîner dans les fredaines , le culot extrême de cette petite batelière .

En véritable caméléon , l'autrice pénètre parmi cette smala de farfelus avec une plume magique où elle , aussi , joue un rôle artistique dans une fiction abracadabrante digne d'un film romanesque et émouvant .

Maryna prouve ,une fois de plus , qu'elle peut s'adapter à n'importe quel scénario .

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L'escalier d'Odessa

J'ai ai moins un point commun avec Maryna c'est notre amour sans limites pour Tolstoï. Je pense que de notre épanchement, voire notre dévotion pour cet auteur, ce qu'on ne dit pas assez il faut le croire, c'est que cela participe de la poésie en prose et de la musique qui se détachent considérablement de son oeuvre. Oui Guerre et Paix a quelque chose de musical dans l'animation des scènes qui y abondent, peut-être plus dans le fond que des peintures descriptives d'une époque qu'il n'a pas connue, c'est exceptionnel dans son oeuvre, qui lui a été rapportée plus par des généraux que des soldats, relations de famille. Tolstoï y a vu d'abord une tonalité, un tempo, plus qu'une série de portraits qui se succèdent. Sa magie du verbe l'a entraîné vers des chemins mélodieux qui aboutissent à une symphonie incomparable de la vie, et de la mort avec des cycles, mélange de temps longs et de temps courts. Mes penchants personnels pour la peinture me font dire dans cet impossible dialogue entre la peinture et l'écriture -ils se ne comprennent pas bien souvent- qu'il y a une trasition toute trouvée et permanente entre l'écriture et la musique. Ce n'est jamais un tableau qui me fait écrire, y compris la beauté qui s'en dégage, écrire quoi que c'est beau, j'ai écrit récemment que les légendes sous les peintures n'étaient dans le fond rarement en adéquation avec la toile, non le piano ou les violons ou violoncèle vont bien plus exprimer les secrets de notre âme .. Tolstoï aimait le piano jusqu'à en être parfois jaloux quand un maestro jouait à la maison pour Madame, car il savait qu'il y avait là une musique sensuelle aussi qui s'en détachait, synonyme de bien-être et de mal-être à la fois comme une double imposture excellemment décrite dans son oeuvre.



Alors Marysa à la lire et à la deviner me paraît être dans ce sillon, elle respire la permanence de sa vie dans la poésie et la musique, elle est habitée carrément par l'art jusqu'à l'obsession, ce qui fait le charme de ce petit bout de femme plongée dans l'océan de la pensée, animée aussi de perfection, car il faudrait peut-être commencer par dire qu'elle s'emploie à dire le mot juste -toujours- qui porte comme une voix tour à tour sensible et puissante comme le Stentor où il est question de vie et de déchirement, dans un monde qui est loin d'être un costume tout fait.

Voilà telle que je la perçois et si je me trompe grossièrement qu'elle me le dise d'emblée et qu'elle me le pardonne, je m'en amendrai, car j'ai bien l'intention d'en dire davantage et bien sûr de la lire plus avant..
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L'insomnie est couchée dans mon lit

Maryna Uzun nous parle de son insomnie et c'est vrai que ses poèmes ne nous incitent pas à dormir mais à rester les yeux grands ouverts en les lisant lors de certaines de nos nuits difficiles. Ce recueil de poèmes de Maryna Uzun se révèle être une véritable caverne au trésor : des histoires fantaisistes, des textes joliment funambulesques, une fantasque euphorie de trouvailles loufoques. Son style et sa plume uniques en font une poétesse étonnante avec son humour, son ironie et ses situations cocasses.

Certains poèmes sont croquignolets, d'autres délicieusement exquis, d'autres fichtrement originaux et nous déboussolent complétement. Il y a un accord merveilleux entre les sonorités, les images, les émotions. Elle sait saisir le poétique au coeur de l'ordinaire, la spontanéité des choses montrées simplement.

Ce recueil de poèmes est baroque dans son excentricité et c'est un tel plaisir d'écriture, de subtilité et parfois de sensualité. Un petit bijou de poésie !

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L'insomnie est couchée dans mon lit

Chers Lecteurs et Lectrices ! Si vous n’avez ouvert aucun de mes ouvrages en vers ou romanesques vous n’avez rien perdu ! Puisque d’un livre à l’autre, j’écris la même chose, et la sauce se corse ! Le dernier, le meilleur, prenez-le sans tarder ! C’est encore une femme qui trouve le temps long, mais qui s’amuse aussi sans conséquences graves. Il ne s’y passe rien, c’est le chemin qui compte !

On couche avec son téléphone à portée de la main et parfois avec son calibre posé sur l’oreiller. Avec son double ou sa moitié, avec un livre ou un chapelet… Elle couche avec son insomnie ! Elle dort avec son insomnie ! Pour ne pas être déprimée, elle laisse des trous de mémoire dans ses chaussettes de soie bleue. Comment savoir si elle s’élève ? Comment savoir si elle s’enlise ?

Son insomnie, ah peu importe qu’elle soit blanche ou noir orage pourvu qu’elle tue ses cafards ! Ne cherchez pas de cohérence dans une lueur de Poésie, ne cherchez pas de cohérence dans un cœur qu’elle a ébloui !

Mais si on est bon on pourrait déjà se manger soi-même, ses vers blancs teintés, ses vers blancs fouettés, de confinement ! Je suis ironique ! Enfin, j’ai cédé à la tentation de vous les montrer. Mes poèmes tombent comme une avalanche de feuilles éparses. L’insomnie à lire. Qu’elle voie le jour et batte son plein ! Et moi, je m’en vais battre le pavé. Je ne suis pas un bourdon égoïste qui ne fait du miel que pour sa bedaine !

Elle a couché avec l’ennui, couché avec son insomnie, couché avec des mots écrits, avec des arbres enlacés et avec Pablo Picasso, avec la pluie, avec un troll, avec le soleil forcené ! Elle oublie pas mal son piano gobant un fruit de la passion tous les matins à l’heure bleue. Rien de nouveau sous le soleil. Ne la jetez pas en pâture à des requins, cyber-coquins, cyber-pierrots, cyber-blaireaux ! Il était une figurine qui valait vingt euros à peine car en résine, hyper-fragile, à mettre dans une vitrine…

Encore un livre que personne ne verra au milieu des débris ? Encore un repas que mon fils mangera froid sur un fouillis de jouets ? J’en ai trop l’habitude ! Ça ne m’empêche pas de succomber aux mots ! Il me plaît de m’aigrir et d’être réaliste, des brindilles aux lèvres, les brindilles d’espoir ! Et je suis presque sûre qu’aux murs du paradis, les petits ânes lisent mes refrains de survie !

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L'insomnie est couchée dans mon lit

19 juillet 2022



Voici le deuxième recueil de poésies que je découvre et lis de Maryna Uzun., notre camarade babeliote....



Le même éblouissement en dépit de la réalité dans laquelle a baigné la rédaction de ce Livre : durant le très strict premier confinement, au printemps 2020...



Même si le contexte est anxiogène et déstabilisant, la poétesse- musicienne nous enchante avec son amour, sa passion des mots, de la poésie qui prolongent si bien ses autres talents de musicienne !



Qui oserait encore dire aujourd'hui que l'Art n' est pas essentiel, qu'il n'aide pas à vivre et à transcender les " épreuves "?



Je laisse la parole à l'auteure :

Extrait de la préface



" Chers Lecteurs et Lectrices ! Si vous n'avez ouvert aucun de mes ouvrages en vers ou romanesques vous n'avez rien perdu ! Puisque d'un livre à l'autre, j'écris la même chose, et la sauce se corse! le dernier, le meilleur, prenez- le sans tarder! C'est encore une femme qui trouve le temps long, mais qui s'amuse aussi sans conséquences graves. Il ne s'y passe rien, c 'est le chemin qui compte !



(...)Mes poèmes tombent comme une avalanche de feuilles éparses. L'insomnie à lire.Qu'elle voie le jour et batte son plein ! Et moi, je m'en vais battre le pavé. Je ne suis pas un bourdon égoïste qui ne fait du miel que pour sa bedaine ! "



L'art, la poésie pour aller vers les autres , se relier à eux, s'en rapprocher...



Des cadeaux, qui dans le cas de Maryna Uzun, ressemblent à des feux d'artifice, des arcs-en-ciel inattendus...Entre gravité sous-jacente , fantaisie, malice, esprit joyeux et facétieux , calembours, pitreries des mots, lucidité optimiste, "dévoration gourmande " de la Vie, même Si.....même si..



"Elle a couché avec l'ennui, couché avec son insomnie, couché avec des mots écrits, avec des arbres enlacés et avec Pablo Picasso, avec la pluie, avec un troll, avec le soleil forcené ! Elle oublie pas mal son piano gobant un fruit de la passion tous les matins à l'heure bleue."



Les feux d'artifice offerts par les poèmes de la fée, Maryna, sont doublement déployés par la présence des collages, aquarelles et dessins de Dimillimour...
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L'insomnie est couchée dans mon lit

Turbulente et fantasque

Impétueuse, enjouée

Maryna nous narre sa vie de pétillance, fraîche et corsée.

Sur un Na ! elle barre toute route à la mélancolie

Foin des ténébreux au front glacé

C'est à la danse qu'elle nous mène,

Et sans façons nous enlace,

Fait rosir nos joues du picotis d'être vivant.

Son piano se languit , tant pis !





Minces et

Eléphantines,

Rimes opulentes,

Carabinées,

Illuminées !



Mandarine insolente

Acidulée et taquine

Rieuse Odessite

Yearling galopant

Navire ondulant

Allegro sans garde-fou



Oui c'est bien elle, Merci Maryna !

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L'insomnie est couchée dans mon lit

Des insomnies bien douces dans un style primesautier, pleins de pépiements d'oiseaux, de musiques éphémères et d'ordeurs de chlorophylle, des insomnies où, quand même, quelques trolls se prennent pour des saules pleureurs !

Des insomnies qui finalement nous font rêver.

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