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Critiques de Michaïl Lermontov (60)
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Le Démon

Nouvelle fantastique de LERMONTOV Michaïl – Le Démon est bien à l’image de son auteur qui dans sa vie a souffert tel le docteur Jekyll et M. Hyde, de dédoublement et n’a jamais pu choisir entre le bien et le mal. Ce démon particulier va, par amour, désirer renoncer aux ténèbres et nous de penser que, l’amour est plus fort que tout, mais va-t-il y parvenir ? Une très belle écriture, poétique et riche pour aborder un thème aussi sombre et pourtant qui nous enchante.



Texte à lire sur le site « littérature russe et slave »

http://bibliotheque-russe-et-slave.com/Livres/Lermontov%20-%20Le%20Demon.htm

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Oeuvres

Le malheur d'avoir de l'esprit - Alexandre Griboïédov (dans la Pléiade)



Après 3 ans d'absence à l'étranger, Tchatski revient à Moscou et se précipite chez son amie d'enfance, Sophie, dont il est toujours amoureux. Mais Sophie s'est éprise du secrétaire de son père, Moltchaline, un jeune sot ambitieux qui ne cherche qu'avancement et honneur, et s'intéresse davantage à Lise, la femme de chambre de Sophie...

Tchatski, esprit brillant mais si railleur qu'il en devient stérile, va rapidement déchanter, en découvrant que Sophie n'éprouve plus rien pour lui, et en se mettant à dos tout un chacun à force de les critiquer. Sophie, sans vraiment le vouloir, tiendra sa vengeance en le faisant passer pour fou...



Contemporain du grand Pouchkine, Alexandre Griboïédov est beaucoup moins connu que lui, sans doute parce qu'il est mort très jeune, en 1829 à l'âge de 35 ans, massacré lors d'une attaque antirusse de l'ambassade de Téhéran où il avait été exilé pour y exercer un mandat diplomatique, mais surtout parce qu'il ne nous a laissé qu'une seule oeuvre, une comédie maintes fois censurée en son temps en raison de l'esprit critique de la société et des idées proches de celles des décembristes que l'on y trouve.



Cette comédie classique raille la société moscovite sous bien des aspects : la gallomanie toujours présente chez les nobles russes qui consistait, depuis Pierre le Grand, à utiliser des mots français dans la conversation courante ou à s'inspirer de la mode occidentale, le cynisme et la lâcheté des officiers qui recherchent un avancement rapide tout en se ménageant, la servilité des nobles qui sont prêts à s'abaisser pour quelques honneurs, le conservatisme de la vieille noblesse, etc. Achevée en 1823, la comédie ne fut autorisée dans son intégralité par la censure que bien des années après la mort de Griboïédov : elle rencontra un tel succès que bien des vers de la pièce sont devenus des proverbes russes.



Écrite en vers libres afin de garder à la pièce un ton naturel et parlé, la comédie est ici traduite en vers blancs, privilégiant le rythme à la traduction littérale : il en résulte un ton vif, primesautier et d'une grande concision qui en font une lecture facile et très agréable.
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Oeuvres

Alexandre Griboïedov

Le Malheur vient de l'esprit, 1824

Comédie



Quand on parcourt en diagonale ou dans le sens japonais la bio de Griboïedov Alexandre, on voit mort, jeune, en 1829, ainsi que sa femme.., alors c'est quoi ? c'est un suicide familial, comme chez Modigliani : ben non, c'est simple, enfin simple, c'est simple dans une ambiance compliquée .. et c'est bien loin d'être en rapport avec les farces auxquelles nous invite le cher Alexandre. Il y eut une guerre russo-persanne en ces années là . Oui nous sommes sous Nicolas 1er, qui a succédé à Alexandre 1er, tout grand seigneur des arts, évidemment patriote - autres temps, autres moeurs - était tôt ou tard en guerre à l'époque. C'est Zakhar Prilepine, la coqueluche actuelle des russes , le baroudeur écrivain, qui dans son livre Officiers et poètes russes, nous parle excellemment de ça.



Le théâtre français commençait à lasser en Russie quand apparut Boris Godounof. Du côté de la comédie, la pièce immanquable qui mit tout le monde d'accord fut : Le Malheur vient de l'esprit de Griboïedof, juste un peu connu pour des légèretés déclamées en vers, une pépite pour le moins inattendue qui n'eut rien à envier à ce qui va suivre comme le Revizor de Gogol.



Pouchkine repéra ce coup de génie et prédit que les nombreux vers proverbiaux que contenait la pièce passeraient à la postérité.



Griboïedov était un vieux croyant de la littérature, il s'en tenait au classicisme français, et en observait strictement les règles. Les scènes du monde moscovite représentées firent mouche, mais la femme de chambre Lise ressemble plus à une soubrette à la française qu'à une servante russe.







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Oeuvres poétiques

"Non, non, je ne suis pas Byron; je suis un autre,

un autre élu, mais de tous ignoré;

un pèlerin par le monde exécré :

mais mon âme profonde, ô Russes ! c'est la vôtre."



Non, Lermontov n'est pas Byron, même s'il y a comme un lien entre les deux. Il n'est pas Pouchkine non plus; et pourtant, tous ces poètes romantiques ont beaucoup en commun.

J'ai vécu quelques débats animés (plutôt autour d'une chope de bière qu'autour d'un samovar) censés trancher si Pouchkine est "meilleur" que Lermontov ou vice-versa, et comme d'habitude, je me situais quelque part au milieu. Ils sont comme les deux côtés de la même pièce de monnaie : l'un ne peut pas être compris sans l'autre.

Lermontov est peut-être plus vrai, plus radical et rebelle que Pouchkine, élevé dans le classicisme... ? Quoi qu'il en soit, ce vieux recueil "Stihy i poemy" (que je n'ai jamais rendu à l'un de ces pro-lermontoviens féroces) fonctionne comme un remède universel pour n'importe quel état cafardeux.

Il y a dedans tout ce qu'il faut. Les larmes qui devraient sortir, mais qui ne viennent pas. Tristesse, colère, mélancolie et souffrance qui mériteraient d'être ventilées pour mieux respirer, mais qui s'accrochent malgré tout. Toutes les désillusions terrées au fond de l'âme.



Si vous essayez de compter quel mot revient le plus souvent dans la poésie de Lermontov, ce serait le mot "solitude". Parfois la solitude voulue et libératrice, mais la plupart du temps la solitude qui consomme de l'intérieur et n'apporte rien que la souffrance. Lermontov a parfaitement - mais tout simplement parfaitement, et d'une façon inimitable - saisi le moment quand on voit le bonheur nous faire un signe au bout du chemin et on court vers lui, le coeur grand ouvert... mais le bonheur se détourne avec un petit sourire gêné, et s'en va en haussant les épaules.



"Je me penche et longtemps j'écoute :

Je crois entendre sur la route

le son qu'un pas léger produit...

Non, ce n'est rien ! C'est dans la mousse

le bruit d'une feuille qui pousse

le vent parfumé de la nuit."



Mais les vers de Lermontov ne sont pas uniquement mes illustrations de la dépression décrite par les mots merveilleux. Ce sont aussi des poèmes remplis d'amour pour la patrie (qui n'est pas toujours compréhensible, mais quel amour l'est ?), de souvenirs de guerre et de Caucase, de moments de joie. Puis le folklore et les légendes, la nature... et, à nouveau : passion, déception, hésitation, appréhension. La mélancolie russe dans toute sa splendeur.



"Je connais un rocher dans le ravin d'une montagne,

Sur lequel seuls les aigles pourraient être vus,

Mais une croix de bois noire sur un précipice règne,

Il pourrit et il vieillit des tempêtes et des pluies."



Merci, maître Lermontov, vos poèmes guérissent. 5/5 pour cette essence pure de romantisme russe, ce radical et panslaviste dont le plus grand rêve était de se dissoudre dans l'air et ne devenir qu'un avec la nature.

Il ne reste qu'à fermer le recueil, et continuer à avancer sur ce long chemin poussiéreux... Pour aller peut-être nulle part, mais un peu plus loin. "Выхожу один я на дорогу..."



"Je n'attends rien de l'existence brève -

et du passé, nul regret, nul désir.

La liberté, la paix sont mes seuls rêves,-

je ne voudrais qu'oublier et dormir..."
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Récits fantastiques russes

C'est dans la longue nouvelle "Le Cosmorama" de Vladimir Odoïevski que réside l'essentiel de l'intérêt de ce recueil puisque la nouvelle de Mikhaïl Lermontov est inachevée et que le texte de Vladimir Titov est plutôt mal construit et sans grand intérêt. Ce Cosmorama rejoint par contre les grands textes romantiques et mériterait bien une édition à part. le personnage central s'y voit comme happé par des forces dont la nature lui échappe totalement et derrière le fantastique apparent, c'est bien une véritable inquiétude existentielle qui s'exprime et qui résume, d'une certaine manière, toute une époque et le sentiment d'impuissance qui l'accompagne.
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Récits fantastiques russes

Trois récits angoissants. Le fantastique est parfois trouble et compliqué comme dans la nouvelle Le cosmorama où il s'agit de visions à travers un objet. Parfois plus claires avec le diable de la dernière nouvelle. La seconde était intéressante mais malheureusement inachevée. Des jeunes gens pris au piège de la magie, des ténèbres. Attention pas de fin très heureuse.
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Récits fantastiques russes

En fouillant dans les rangs de ma bibliothèque favorite, la curiosité guida ma main vers cet ouvrage puis vers le monde de la littérature fantastique russe, dont je ne connais absolument rien. Dans ce livre, 3 nouvelles d'auteurs différents traitent chacun à leur manière des forces du mal, à travers 3 thèmes récurrents de ce genre: la notion de double, l'apparition (le fantôme) et le diable lui même. Rien de bien original donc, les thèmes ayant été visité et re visités aussi bien dans la littérature que dans le cinéma. Sauf qu'ici le diable prend une apparence grise, indistincte, et se confond avec la ville de Saint Pétersbourg, dans laquelle se déroule les nouvelles, au point qu'on se demande si la ville elle même n'est pas diable. L'on se demande si le personnage n'est pas l'incarnation humaine de cette ville présentée comme démoniaque, ou du moins très inquiétante, sombre. De plus la figure du diable est loin de la représentation habituelle qu'on lui connait.

Les nouvelles se lisent vite, l'écriture est fluide mais la première et la dernière font preuve d'une certaine incohérence par moment; l'auteur changent le nom de son héros dans la première, et des trous apparaissent dans le déroulement du récit de la troisième. Malheureusement, ces incohérences brise l'ambiance, et ne me permet pas de poursuivre l'immersion. Parfois j'ai l'impression que l'auteur s'est précipité ou que des pans entiers de l'intrigue manquent, ce qui provoque une forte frustration et une déception. La seconde nouvelle, beaucoup mieux écrite, est malheureusement inachevé et s'arrête au moment intéressant. Déception supplémentaire.

Au final, un sentiment mitigé demeure. Je vais sans doute affiner mes recherches en la matière car l'écriture de ses nouvelles et leur atmosphère me rappellent des auteurs comme Poe ou Lovecraft.
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Récits fantastiques russes

Recueil de 3 contes fantastiques russes de la première moitié du XIX ème siècle à ST Pétersbourg.

Le premier raconte l'histoire d'un monde parallèle avec un moi parallèle accessible par peu de gens. Dans ce monde parallèle, on voit évoluer son moi, on voit de temps en temps le futur ou des visons passées, des êtres maléfiques et d'autres plus angéliques. Les déboires d'un jeune aristocrate qui grâce au Cosmorama (une boîte magique) accède à ce monde pour son plus grand malheur, il ne réussit à pas à décoder correctement les visions vues et les messages reçus.

La deuxième hélas inachevée plonge un personnage mélancolique et désabusé dans un appartement très étrange, où il joue chaque nuit une seule et unique partie qui le mene à la ruine.

La dernière aborde le sujet du diable, de ses tentations, de ses pièges. Comment le héros se laisse berner , attirer par la fête, le jeu, l'insouciance.

Trois contes fantastiques intéressants, une belle écriture. À découvrir.
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Récits fantastiques russes

Un bref recueil de 3 nouvelles sur le thème du fantastique. le choix est plutot discutable :

Vladimir Titov, un illustre inconnu dont "La maison isolée sur l'ïle Vassilievski (1829) " semble bien le seul récit qu'on aie sous le coude (et plutot pas très réussi à mon goût);

Lermontov, très connu - pas vraiment pour ses contes fantastiques, d'ailleurs, il n'a même pas réussi à finir "Chtoss" ;-)

Enfin, seul choix digne d'intérêt, "Le Cosmorama" de Vladimir Odoïevski, très réussi celui là, où la science se mèle à l'imagination pour mettre entre des mains innocentes une sorte de cinémascope de scènes passées ou futures. Vladimir Odoïevski est un écrivain représentatif du genre et son recueil "Les nuits Russes", pas forcément limité au fantastique d'ailleurs, qu'on trouve visiblement (merci Babelio) chez L'Age D'Homme va passer direct dans ma PAL (ça me donnera l'occasion de mettre une première critique à ce livre qui n'a aucun lecteur... j'adore ça...)



Dans le genre, il faut surtout lire "La Russie fantastique, de Pouchkine à Platonov", compilation fournie de 21 nouvelles avec des signatures majeures (Pouchkine, Leskov, Andreiev, Zamiatine, Remizov,...), qui contient aussi Chtoss et deux autres nouvelles d'Odoïevski.
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Un héros de notre temps

Formidable roman d'une grande richesse qui m'a captivée de A à Z. Peut-être n'est-ce pas la meilleure des traductions, mais elle est fluide et facile à lire. C' est un chef d'oeuvre, en tant que tel et non pas parce qu'il aurait inspiré d'autres écrivains russes par la suite.

Ce livre n'est pas seulement un roman psychologique. C'est d'abord, dans la première partie, un roman d'aventures, un genre de western caucasien avec, enlèvements de femmes, rebondissements invraisemblables, courses poursuites à cheval, duels au soleil, dans des paysages à couper le souffle. Ensuite, toujours dans la première partie c'est un faux roman sentimental avec clins d'oeil du narrateur ou de l'auteur. Petchorin est un héros à la Byron, qui séduit avant de larguer. Sa conquête n'en est pas dupe du tout, car c'est toujours mieux que d'être mariée à un Tatare...Le personnage sentimental est Maxime, c'est lui la victime de la première partie.

Dans la deuxième partie, on découvre Petchorin de l'intérieur. Il porte sur lui-même et sur ses aventures un regard plein d'ironie. Le personnage est détestable car il est rempli d'arrogance à l'égard de son prochain et terriblement franc. Il fait tout pour qu'on le déteste mais il nous montre aussi les coulisses du théâtre mondain aristocratique. Le récit intitulé "La Princesse Mèré" (ou Marie), s'apparente à un mélodrame en trois actes, tournant autour d'un duel complètement truqué.

Le dernier récit, très cruel, fait froid dans le dos. On joue à la roulette avec sa vie. Il est significatif du profond ennui de ces officiers rebelles et déchus, envoyés dans le Caucase. Ils n'ont d'autre occupation que de boire, de se provoquer en duel, de jouer avec la mort. Aucun courage là-dedans mais un profond mépris de la vie. Lermontov a tracé le portrait d'une génération perdue complètement anti-héroïque.
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Un héros de notre temps

Le cadre pittoresque de ce livre, la région du Caucase colonisée par la Russie, m'a immédiatement ramené aux histoires de Pouchkine et aux premiers travaux de Tolstoï. Mais l'approche unique de Lermontow est la manière ingénieuse dont il présente son protagoniste, l'officier russe amoral Pechorin : d'abord à travers des histoires de tiers, puis à travers une courte rencontre personnelle et enfin à travers des fragments de journal intime de Pechorin lui-même. Cela donne une dynamique à l'histoire qui vous aspire dans le roman et ne vous lâche pas. Bravo, pour un livre publié en 1840, donc avant l'apogée du Grand Roman Européen.

Je peux très bien m’imaginer pourquoi Dostoïevski était si enthousiaste à propos de cette œuvre : Lermontov a fait de Pechorin presque la même figure cynique, amorale et en même temps double, séduisante et faible que nombre des protagonistes du futur grand maître, un vrai ‘bad-ass’. Les pages introspectives du journal de Péchorine, en particulier, témoignent d'une profonde perception psychologique d'une âme damnée. Certes, Lermontov n'a pas encore atteint le niveau diabolique de Dostoïevski, mais il s'en rapproche. L'orientation romantique précoce de son histoire, avec l'accent mis sur les descriptions lyriques de la nature et les émois dramatiques de l'âme, pourrait nous rebuter un peu maintenant, mais cela n'empêche pas que ce roman soit impressionnant. Je suis même enclin à le noter plus haut que Pouchkine.
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Un héros de notre temps

C'était la fin de la quarantaine à rallonge ! Les librairies allaient rouvrir ! En attendant, j'ai ressorti le Lermontov acheté d'occasion en 1993 et je suis parti faire un tour dans le Caucase, en compagnie d'officiers en exil dans une station thermale fréquentée par une jeune et jolie princesse.



Quand on connaît la fin tragique de Lermontov, tué au cours d'un duel à 28 ans seulement, et que l'on trouve dans "Un héros de notre temps" la description d'un duel imaginaire, on ne peut qu'être fortement troublé par le caractère prémonitoire du roman qui fut publié un an avant la mort de son auteur, en 1841, et quatre ans après celle de Pouchkine, lui aussi tué lors d'un duel (voir "Les mémoires d'Archiac").



Le héros dont il est question dans ce recueil apparaît sous plusieurs figures dans cinq nouvelles. Il aime semer la discorde dans la société qu'il croise et n'hésite pas par exemple à promettre un magnifique cheval (qui ne lui appartient pas) en échange de la belle et jeune fille d'un prince récemment soumis par l'armée du Tsar. Nous sommes en effet aux marches de la Russie, là où cesse la plaine et que se dressent les monts du Caucase, entre Caspienne et Mer Noire ; là où des bandes de brigands échappent au contrôle de l'armée, là où se croisent Ossètes, Tchétchènes, Tcherkesses et Géorgiens. Une fois la belle conquise, il s'en désintéresse. C'est là un trait de caractère du héros : il cherche à atteindre un objectif apparemment hors de portée et, une fois le but atteint, passe à autre chose. Il y a chez ce jeune homme une mélancolie profonde qui ne se traduit pas par des lamentations ou des rêveries romantiques, mais par de l'action.



D'autres aventures suivent et une autre princesse deviendra un enjeu entre deux officiers. Ce héros est destructeur, blessant mais aussi tragique : en détruisant les espoirs qu'il fait naître chez les autres, il se détruit lui-même.



L'attribut "roman" donné au livre par l'éditeur peut surprendre. Certes, nous sommes en plein récit romanesque et dans un cadre naturel grandiose qui se prête aussi bien à des chevauchées fantastiques qu'à la contemplation du jeu du ciel avec les montagnes, et, sur terre, à des échanges (rarement tendres) entre humains, mais l'assemblage de cinq nouvelles découpe le récit en rondelles qui ne sont pas racontées par le même personnage. Mais sous les masques transparaît l'auteur.



Ce livre est un classique de la littérature russe. La fatalité de la roulette n'est pas loin : le héros flirte avec son destin ; désabusé il s'y abandonne... fatalement.
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Un héros de notre temps

Ce livre "un héros de notre temps" (Герой нашего времени) a la réputation d'être le premier roman psychologique russe. C'est le seul roman de fiction que son auteur, Lermontov, ait mené à son terme. Ecrit de 1837 à 1839, c'est un recueil de cinq nouvelles, dont chacune peut se lire de manière autonome. Trois narrateurs différents interviennent dont le dernier est le héros de l'histoire: Petchorine, (dont le nom est formé à partir du nom de deux rivières du nord de la Russie: l'Onéga et la Petchora); Petchorine est un officier en exil dans le Caucase, au moment où cette région s'embrase, tout comme Lermontov lui-même a été exilé dans le Caucase. Ce récit nous permet de découvrir toute une mosaïque de peuples décrits par un connaisseur.

Le thème qui revient au fil de ces nouvelles est celui de la prédestination, du destin inéluctable, qui accompagne chaque rencontre, chaque coïncidence, chaque action du héros. Un héros complexe, ambigu et dans la lignée romantique: sa cruauté et son cynisme vont de pair avec un grand courage et il peut être capable d'attendrissement et d'amour authentique. Lumière et ombre, Petchorine est un personnage très intéressant , dédoublé et tiraillé entre deux extrêmes. Un héros qui séduit mais pour assurer la domination de l'âme..

Un grand classique à découvrir et redécouvrir..
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Un héros de notre temps

Que faire de soi et de sa vie quand tout ennuie à force d'être prévisible, jusqu'à nos propres sentiments, quand le bonheur est une chimère et qu'on n'est plus capable de passion, alors qu'on ne vit que de passions ?... Eh bien, on peut, par exemple, comme ce « héros de notre temps », Pétchorine, s'ingénier à abuser les passions des autres, travailler sans relâche à leur malheur, faire de soi un maître de la perversion qui bafoue l'amitié, qui brise le coeur des femmes et des jeunes femmes. On pourrait se retenir de faire le mal, mais on ne se retient pas et de cela on s'étonne, et on y pense, on y réfléchit, on creuse la question dans son journal intime. Quand la vie n'a plus de sens, blesser, détruire, est encore une manière de sens pour ce « héros » errant… la dernière passion possible.



L'intérêt de cet ouvrage, premier roman russe psychologique, réside dans les débats intérieurs chez Pétchorine, un dialogue avec lui-même causé par les sursauts du reste d'humanité qui subsiste chez lui malgré qu'il a vendu son âme au cynisme et à la cruauté morale. Ce dialogue fait apparaître dans la conscience du lecteur (doué de morale) que ne pas faire le mal n'est pas une passion supplémentaire, une passion qui, elle aussi, comme toute passion, peut s'éteindre : ne pas faire le mal est un choix moral ! Mais voilà, Pétchorine, lui, est un être de passion, un être presque totalement amoral. Et dans ce « presque » crépusculaire palpite le coeur égaré du livre.

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Un héros de notre temps

"Ah ! quel ennui que de vivre ! et on vit tout de même... par curiosité. On attend quelque chose de nouveau... C'est ridicule et absurde !"



Je me souviens encore du "camarade professeur", tonnant devant le tableau noir. Il soutenait que Petchorine, le héros de ce livre, était un personnage tout à fait condamnable, l'image même d'une vie immorale, un lâche incapable de s'intégrer correctement dans la société. Et on écoutait, et ensuite on recopiait tout cela comme des ânes dans nos rédactions, parce que personne n'avait vraiment envie de lire le livre. En tant que héros de "notre" temps, celui de la "normalisation" de la fin des années 80 en ex-Tchécoslovaquie, le blasé cynique Petchorine a lamentablement failli.

Quelques années plus tard j'ai découvert la poésie de Lermontov. Elle m'a fait plus ou moins réviser l'étiquette de "l'homme inutile", que l'on collait alors systématiquement à tous les héros "byroniens" ; à tous ces individualistes poussés sans cesse par l'envie de "partir ailleurs", dégoûtés et fatigués par la société dans laquelle ils vivent. Et maintenant, après la lecture d'"Un héros de notre temps", je me rends compte une fois de plus à quel point on peut facilement se laisser convaincre par l'opinion d'un tiers, simplement parce qu'on est trop paresseux pour vérifier les faits.



Contrairement à mon camarade prof, j'étais enchantée par la franchise du héros de Lermontov, qui dévoile sans pudeur ses pensées les plus secrètes, en analysant froidement ses faiblesses et ses erreurs. Petchorine est tellement différent de tous ces héros positifs et clairement profilés de l'ère héroïque des radieux lendemains, qu'on peut difficilement considérer sa recherche et ses tâtonnements comme quelque manifestation d'inutilité et de futilité. C'est davantage une rébellion intérieure, une décision de chercher la vérité même dans cette bouse sociale censurée dans laquelle il a vécu et qui l'a largement façonné.



Lermontov a doté son Petchorine d'intelligence qu'il utilise à son avantage, et grâce à laquelle il s'élève au-dessus de son entourage. L'un de ses passe-temps favoris est de manipuler les gens, en particulier les femmes stupides, mais après un certain temps il n'y trouve plus aucune satisfaction. Il désire plus qu'un divertissement qui vide agréablement l'esprit. Mais sa nature ne lui permet plus de trouver le bonheur - même illusoire - ni dans l'amour, ni dans l'amitié. Prisonnier de son intraitable ego et de son arrogance, il commence à mépriser tout, y compris son éducation et son intelligence, le destin, l'humanité et même sa propre mort.

Il fait en effet triste figure dans la joyeuse société de la petite-bourgeoisie, dans ce théâtre tragicomique où les uns font semblant d'être sincères, et les autres font semblant de faire semblant d'être sincères.

Comme il ressemble à Onéguine de Pouchkine, ou à Oblomov de Gontcharov ! A Manfred, Heathcliff et tant d'autres. Comme il ressemble aux héros de Kundera... comme il est éternel.



La nouvelle, très agréable à lire, a été écrite entre 1838 et 1840.

Cinq chapitres presque indépendants, liés seulement par le personnage de Petchorine (tantôt on l'évoque dans des souvenirs, tantôt on lit son journal), se déroulent dans de luxueuses stations thermales caucasiennes au milieu de la haute société militaire et civile, mais aussi dans des coins reculés et sauvages de la montagne. Lermontov connaissait bien ces paysages et les habitants du Caucase. Il y avait passé ses années d'exil, après avoir écrit un poème en l'honneur de la mort tragique de Pouchkine ; il n'est d'ailleurs pas sans intérêt de comparer la fin de Pouchkine avec celle de Lermontov, à vingt-six ans seulement !

Lermontov a choisi le nom de son héros encore en hommage à Pouchkine : tout comme Onéguine était créé d'après la rivière Onega, Petchorine est né de la rivière Petchora.

En comparant la vie de Lermontov au livre, on ne peut pas chasser l'impression que nous lisons une sorte d'autobiographie voilée de l'auteur.

"Un héros de notre temps" est véritablement un portrait, mais pas d'une seule personne. C'est un portrait composé des défauts de toute une époque. Vous pourriez argumenter que l'homme ne peut pas être aussi mauvais, mais si on est capable de croire en la véracité des malfrats tragiques et romantiques de toutes sortes, alors pourquoi ne pas croire en Petchorine ? Pourquoi nous est-il si difficile de l'absoudre ? Il contient peut-être plus de vérité qu'on n'aurait souhaité...?

L'abus de sucreries dérange l'estomac, et le remède est amer. Lermontov ne prétendait jamais vouloir devenir un prêcheur contre les vices humains, son esprit était bien trop large, pour cela. Il a seulement pris plaisir à peindre un homme tel qu'il le comprenait, et tel que, malheureusement, il le rencontrait trop souvent. Il a détecté la maladie, comment la guérir - Dieu seul le sait.

J'ai été convaincue de la sincérité de l'auteur, qui a si impitoyablement révélé ses propres faiblesses et défauts. L'histoire d'une âme humaine, même si cette âme semble ignoble , est peut-être encore plus intéressante et utile que l'histoire de toute une nation, surtout quand elle est le résultat d'une introspection profonde, et quand elle n'est pas écrite dans un désir ambitieux de provoquer la pitié ou l'admiration.



Quant à mon opinion définitive sur le personnage de Petchorine, je réponds par le titre de ce livre. "Mais c'est une cruelle ironie !", me diriez vous. Je ne sais pas. 5/5
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Un héros de notre temps

« Un héros de notre temps » de Mikhaïl Iourievitch Lermontov (1814-1841) est une oeuvre hétérogène autour du personnage de Grigory Alexandrovitch Petchorine. Lermontov avait fait apparaître son héros pour la première fois dans « La princesse Ligovskaïa » en 1836, récit malheureusement inachevé. Les différentes histoires qui composent ce livre, dressent donc le portrait de Petchorine supposé incarner son époque. Lermontov semble avoir eu peu de respect pour celle-ci car son héros a plus de défauts que de qualités et il le reconnaît sans peine. « Je suis un sot ou bien un scélérat… je ne sais pas. Mais il est certain que je mérite, moi aussi, beaucoup de pitié, peut-être plus qu’elle. L’âme est en moi corrompue par le monde, mon imagination est inquiète, mon coeur est insatiable ; donnez-moi tout, c’est encore trop peu. Je m’habitue aussi bien à la tristesse qu’au plaisir et mon existence devient de jour en jour plus vide. Il me reste une seule ressource : voyager. Dès que possible, je partirai – mais pas en Europe, que Dieu m’en garde ! – j’irai en Amérique, en Arabie, aux Indes. Je finirai bien, peut-être, par mourir quelque part en route ! Au moins suis-je sûr que cette ultime consolation ne s’épuisera pas vite, à la faveur des orages et des mauvais chemins. »



Menant une vie dissolue à St Pétersbourg dans la garde impériale, Petchorine est envoyé dans le Caucase que la Russie souhaite annexer. C’est dans ce cadre majestueux que prennent place les aventures de Petchorine : sa rencontre avec Bella une jeune et belle tcherkesse, sa découverte d’un trafic de contrebande, son séjour dans une ville d’eau et ses soirées de jeu entre officiers. S’en dégage un caractère désabusé, désinvolte dans ses sentiments envers les femmes, joueur même avec sa propre vie. Petchorine est mélancolique, incapable de stabilité et de satisfaction. Rien ne comble le vide qu’il ressent en lui. Petchorine est presque un personnage baudelairien et je ne l’ai pas trouvé si détestable que ça.



Malheureusement, la construction du livre ne met pas assez en valeur son personnage central. Lermontov a choisi dans un premier temps de nous présenter Petchorine par le biais d’un de ses anciens camarades Maxime Maximitch. Au bout de deux histoires, nous passons au journal de Petchorine et donc au je. Je trouve ce changement quelque peu artificiel comme si Lermontov n’avait pas su choisir son dispositif narratif. Cela produit une forte discontinuité dans le livre. Mon second bémol est la brièveté des récits, le personnage de Petchorine n’est pas assez développé sauf dans « La princesse Mary ». Cet excellent chapitre m’a montré ce qu’aurait pu être un roman consacré à Petchorine et je regrette que l’auteur n’ait pas fait ce choix.



Mes réserves peuvent être prises comme des compliments, j’aurais aimé passer plus de temps avec Petchorine en tant que narrateur. Un héros de notre temps particulièrement bien campé, à la psychologie si typiquement 19ème.
Lien : http://plaisirsacultiver.wor..
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Un héros de notre temps

Grigori Petchorine, personnage principal du roman, est un jeune homme impudent, peut-être amoral. C’est surtout qu’il est tout à fait désillusionné et infiniment insatisfait de ce que la vie lui offre. C’est aussi un homme tourmenté par son passé, par d’anciennes erreurs d’amour qu’il ne regrette pas tant mais qui ne sortent pas de lui et l’envahissent tant qu’il les raconte au narrateur. Amours complexes, embrouillées, si sophistiquées qu’elles ne peuvent aboutir favorablement. Si tordues qu’elles le conduisent toujours à se saboter dangereusement.

Voilà là notre héros romantique, officier de l'armée russe, présenté en cinq parties décrivant chacune une étape différente de sa vie. La première partie est composée de trois expériences qu’il raconte lui-même au narrateur. La seconde partie est racontée par le narrateur et décrit une rencontre ultérieure avec Petchorine. Cette partie montre la chute finale de Petchorine alors qu'il est impliqué dans une conspiration contre le gouvernement.

Le roman, ainsi découpé, explore non seulement l’amour mais aussi la solitude, la mort et la trahison, le tout de manière sombre ou plutôt extrêmement acerbe - ou bien réaliste, lucide- et dépeint la société russe de l’époque avec sarcasme et causticité.

Petchorine, personnage aussi complexe que fascinant parce que puissant et impétueux, évolue dans cette Russie pourrie de corruption et ébranlée par les inégalités sociales. Est-il immoral ? Et sur quels critères ? Est-ce qu’un jeune homme considéré comme incompétent à s’adapter dans une société faite de conventions bêtes n’est pas plutôt un homme pur, un intègre, un vrai ? Une vie immorale est peut-être la seule existence digne lorsque l’on n’a vu dans la morale commune qu’une suite de codes absurdes et infondés. Non, Petchorine est bien un héros, car il lui coûte probablement plus de suivre ses propres penchants et sa propre nature que d’obéir à des règles établies, de se conformer, de se bien marier et d’accumuler quelque richesse. Ces plats projets sont réservés aux esprits trop simples, aux fades, aux frileux et aux bourgeois. Est-il inutile ? Assurément, dans une société ainsi faite. Cependant le sentiment de se « sentir utile » n’est-il pas lui aussi un leurre, une façon de se justifier dès lors que l’on n’a rien accompli de grand pour soi-même. Petchorine, au fond, n’est pas tant ce paresseux fougueux et irresponsable, pas plus que tous les autres qui se conforment. Il a eu l’audace au moins, il a pris le risque de vivre quand ses « semblables » répètent à l’infini la même existence depuis des générations : études, carrière, mariage, profits, confort. Finalement il est bien moins frivole et oisif qu’eux tous. Qu’est-ce que le mariage noble sinon une frivolité admise, qu’est-ce que le sentiment sinon une façon de se désennuyer ?

Il possède également cette rare qualité qui est la pure franchise. N’importe ses erreurs, ses failles, il les raconte. Voilà là un homme qui a finalement peu à se reprocher. Ceux qui ont beaucoup de torts inavoués se vantent et se montrent vertueux et bons. Ou confessent stupidement de petites idioties sans importance afin de se montrer droits. Souvent ils s’en convainquent, même.

C’est aussi un homme intelligent. Aurait-il pu utiliser cette intelligence et la mettre à profit d’une vie bien plus commode ? Non. Utiliser le système jusqu’à son paroxysme et en tirer tous les bénéfices jusqu’à s’y perdre est environ un défaut d’intelligence, du moins une déchéance. Quelle différence, au fond, entre l’homme intelligent qui agit comme un sot et le sot de naissance ? Plus aucune après quelques temps, ou si peu. Petchorine est plus haut, il survole et écrase ses semblables en ne leur ressemblant pas. Il manipule les gens parce qu’ils sont manipulables et parce qu’ils ne lui sont rien. Aurait-il tort de s’en priver ? Devrait-on s’anoblir de bonté et d’éternelle condescendance jusqu’à se mettre à leur niveau ? Lui embobine les femmes qui lui plaisent, se joue d’elle (d’une certaine manière seulement, car enfin lorsqu’il est passionné il est sincère) et puis se lasse. Qui ne se lasse pas de l’amour ? On aime un temps et on desaime, voilà un élan de vie, une vitalité intègre. On se divertit d’amour et puis l’objet d’amour devient quelconque. Et après ? On quitte logiquement, quand on n’a aucune attache matérielle et aucun engagement formel. D’ailleurs, Maxime, le romantique, le sentimental, celui qui se vautre dans des simulacres d’amour, meurt en duel. Voilà l’absurdité de l’amour fantasmé : il tue l’individu. Bela aussi meurt. Et après ? Ne faut-il pas être une femme stupide pour se morfondre d’amour ? Elle meurt d’avoir été abandonnée par lui et Petchorine repart en quête. Quête incessante et toujours insatisfaite au demeurant. Il n’a qu’une seule passion : sa liberté. Cependant il est tenté un temps de chercher le bonheur. Seulement un homme comme lui ne peut être heureux. Il sait que tout est faux, que les sentiments ne durent pas, qu’ils sont conventions et jeux. Il sait que les mots d’amour mentent. Il a vingt ans et il en a cent. Il a du moins l’âge du grand mépris, pour tout le monde et finalement pour sa propre existence. Petchorine n’est pas mauvais, il est sans doute le seul bon dans une société tout à fait corrompue et stupide.

Notre héros est finalement tué lors d'une bataille dans les montagnes du Caucase. N’importe, il méprise finalement aussi sa propre vie. Rien n’est grave. On ne tient à la vie que parce qu’on est lâche ou parce que l’on est lié à des individus, ce qui revient au même.

Le style de Lermontov est admirable, poétique, gracieux. Il frappe par son implacable franchise, par une sorte de réalisme poussé à son paroxysme. Son héros est si « vrai » qu’il parait faux. Est-ce si crédible qu’un homme n’éprouve pas plus de scrupules et méprise aussi ouvertement son prochain ? C’est un style lourd, aussi. Les mots portent une telle violence, un si beau et sain mépris du monde, une si grande désillusion que le tout est puissant, exaltant, enlevé et finalement magnifiquement austère. Lermontov est avant tout un poète, un véritable poète, de veux qui, laborieux, élisent leur mots et frappent fort en peu de termes précis. Travail que l’on retrouve même dans sa prose.
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Un héros de notre temps

Si moins connu que ses illustres pairs, Michel Lermontov, l’auteur du roman adapté par Céline Wagner, est un écrivain important de la littérature Russe. Dans ce Héros de notre temps, il nous présente Petchorine, un personnage cynique et désabusé, à mi chemin entre un Julien Sorel et un Vicomte de Valmont, dans une aventure romanesque et romantique où il va séduire par jeu et ennui une jeune princesse aimée par l’un de ses amis. Du décor aux protagonistes en passant par les thèmes, on retrouve dans ce récit à tiroir le souffle des écrits de Boulgakov ou de Dostoïevski. L’artiste, grâce à un dessin en noir et blanc dans un style épuré sur les visages et détaillé sur les décors, délicieusement faussement suranné, donne vie de la meilleure des façons à cette œuvre qu’il est fort agréable de (re)découvrir.

Et voici de quoi écouter avec: http://bobd.over-blog.com/2014/07/russie-romanesque-un-heros-de-notre-temps-vs-symphonie-concertante.html


Lien : http://bobd.over-blog.com/20..
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Un héros de notre temps

Roman composé de plusieurs histoires autour du personnage de Petchorine, le héros "romantique?".

J'ai beaucoup aimé les premières parties, entre roman d'aventures et conte oriental se déroulant dans les montagnes caucasiennes. Chevaux, chevauchées, coutumes circassiennes ou tatares....montagnes enneigées qui me font rêver. Petchorine n'intervient que peu.

Puis il se dévoile, très antipathique, cynique, peu fidèle en amitié. Caricature?

La suite du roman se passez dans une ville d'eaux. Mondanités et ragots. Certes l'analyse psychologique a fait que ce roman soit qualifié de "premier roman psychologique russe". mais mondanités et ragots m'nnuient. Attitude cynique envers les femmes. La princesse sera-t-elle séduité? La vieille maîtresse regagnera-t-elle son amour? même lu au deuxième degré, celui de l'ironie ou de la satire, il n'a pas le carme du début et je me suis un peu ennuyée avec ce Byron (cité à plusieurs reprises) de garnison.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Un héros de notre temps

Loin de Moscou et de St-Petersbourg se trouvent les postes frontaliers, aux confins des régions les plus sauvages et les plus inconnues du continent, à la lisière de l’Europe et de l’Asie. Et c’est dans l’une de ces régions, le Caucase, entassé entre la mer Noire et la mer Caspienne, que s’ouvre le roman Un héros de notre temps, écrit par Mikhail Lermontov.



Le narrateur, qui voyage entre l’Ossétie, la Géorgie, l’Arménie et d’autres petites contrées sous contrôle russe, traverse les montagnes, les cols et les défilés de cette étroite bande de terre. En route, il rencontre Maxime Maximitch. Ce militaire est de bonne compagnie et lui raconte une des aventures de Grigori Alexandrovitch Pétchorine, un homme de sa connaissance. Un héros plus grand que nature, qui ne craint ni les balles des montagnards hostiles ni les duels des nobles russes.



En effet, Pétchorine, pour se divertir, sème la zizanie entre Tchétchènes, Tatars, Circassiens. Il promet le magnifique cheval de l’un contre Bella, la sœur d’un autre. Lorsqu’il parvient finalement à se faire aimer de sa nouvelle femme, arrachée à sa famille, il s’en lasse tout comme il s'ennuie de la compagnie de ses semblables. Rien dans ce bas-monde ne s'élève aux idéaux auxquels il aspire. La mort tragique de Bella semble l’affecter un moment mais la fatalité le destine à d’autres aventures. Bref, il souffre de spleen bien avant qu’on ne commence à parler de ce phénomène…



Loin des bals et des raffinements de la capitale et des grandes villes, on découvre la rude vie des militaires, leur éternel combat contre les contrebandiers, les peuplades montagnardes soumises mais hostiles, etc. Le tout dans un paysage caucasien merveilleusement dépeint. Les monts Elbrouz et Krestovoï, la rivière Tchertovaïa, le col du Diable, etc. Des habitants déguenillés mais fiers, des sauvagesses envoutantes, etc. Bref, une Russie assez peu évoquée dans la littérature classique.



C’est dans ce décor que Pétchorine, dans une partie du récit où il devient le narrateur, développe une relation amoureuse avec Véra, se lie d’amitié avec Grouchnitzky, puis fait la cour à la princesse Mary pour contrarier son nouvel ami intéressé par elle. Il s’ensuivra bien des complications et un duel. Après tout, ces petites gens ne sont-ils pas des pions pour lesquels il ne peut que devenir un ennemi implacable, voire vicieux? Qu’est-ce qu’un homme blasé ne ferait pas pour s’amuser un peu, faire valoir sa supériorité, se prouver qu’il est vivant ? Se lancer vers d’autres aventures !



Lire Un héros de notre temps fut également une aventure : les changements de narrateurs agacent. On passe du voyageur (dont le nom demeure inconnu) à Maxime Maximovitch, on retourne au voyageur pour passer à Pétchorine, mais en plus tous racontent à la première personne. Confusion à l’horizon. Heureusement, le lecteur ne s’attaque pas à un roman fleuve comme les Russes avaient l’habitude d’en écrire !



Ceci dit, les décors pittoresques, les voyages dépaysants, les aventures rocambolesques, les élans amoureux, les intrigues rebondissantes… enfin tout ne peut que compenser et plaire. Mikhail Lermontov a pondu une œuvre qui a influencé des générations de Russes et qui continue sans doute à émerveiller des lecteurs partout à travers le monde.

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Certains esprits chagrins m'avaient mis en garde, le titre de ce roman disaient-ils constitue le déclenchement d'un compte à rebours dont nous connaissons tous l'issue ...???....

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