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Critiques de Michel Quint (590)
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Effroyables jardins

Un père instit, qui fait le clown lors de spectacles, quelle honte ! ; voici ce que ressent le narrateur jusqu'au jour où lui est conté le pourquoi de cette lubie.

Dans ce court roman, truffé d'argots, l'auteur aborde le pardon, le courage, l'humanité qui se loge là où on ne l'attend pas et l'amour finalement d'un fils pour son père qu'il connaît peu.

Il y a aussi quelques moment plus légers comme celui de la relation du fils pour sa sœur qui est franchement cocasse.

Un belle découverte sur la nécessité du devoir de mémoire.
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Un hiver avec le diable

Étymologiquement parlant, le diable signifie « celui qui divise » ou « qui désunit » ou encore « qui détruit ». Je ne sais pas si c'est vraiment le diable qui avait soufflé aux oreilles des habitants d'Erquignies, petit village du nord, et sur toute la France, la lâcheté, la division, la haine, la cupidité, la convoitise, la concupiscence (amusant, tous ces mots commençant par "con" !), en tout cas, ce qui est sur, c'est que les habitants d'Erquignies, tout comme les Français, étaient, 8 ans après la fin de la guerre, divisés et désunis sur tout un tas de sujets liés à cette guerre (le procès d'Ourador ouvrait ses portes) et d'autres (nous sommes en pleine guerre d'Indochine). De là à avoir des velléités de destruction, il n'y a qu'un pas. C'est peut-être pourquoi une ferme et ses habitants (dont deux enfants) a brûlé, a été détruite. Et l'institutrice, qui vient d'accoucher, dort avec un couteau sur son giron. Et tout cela intrigue Robert Duvinage, "ce diable de Robert" comme il se surnomme, un petit escroc sympathique qui entretient un certain dégout de lui-même, qui se retrouve à Erquignie après y avoir raccompagné la belle institutrice, un Garbo brune avec des yeux comme des lacs, mère célibataire tout juste accouchée et qu'il a tenté d'escroquer.



Ce dernier opus de Michel Quint est ma deuxième incursion dans les livres de cet auteur, après Effroyables jardins que j'avais lu d'une traite et vraiment beaucoup apprécié. Mon avis sur cet Hiver avec le diable est plus mitigé.

J'ai trouvé ce livre complexe, et les défauts que je lui reproche sont les qualités que je lui trouve (oui, moi aussi, je suis une fille compliquée). Quint a fait une reconstitution très précise et très documentée de l'époque (d'ailleurs, on s'y croirait), aussi bien en terme d'habits, de meubles, de musiques, et aussi des nouvelles du monde. Du coup, l'histoire m'est apparue noyée dans les évènements qui secouent le monde et la France en 53, du match de foot à la guerre d'Indochine ou à la dernière sortie musicale, évènements qui nous rapportés très régulièrement tout au long de l'ouvrage, et sont en lien avec certains des personnages du village (il y a "le jeune" qui revient d'un camp de concentration, et celui qui revient d'Indochine, rêve de napalm et a des doigts en moins). Mais si ce sont bien les nouvelles des évènements qui nous sont rapportés, il y a peu d'explication ou de mise en perspective pour avoir une idée bien précise de leurs enjeux respectifs (mieux vaut bien se rappeler de ses leçons d'histoire, quoi...). Une très grosse partie de l'intrigue se déroule à Erquignies, village du nord imaginé pour l'occasion, presque à la manière d'un huis-clos. Les personnages sont assez nombreux, j'ai eu du mal à les repérer, surtout en début de lecture, car ils sont désignés indifféremment par leur nom, leur prénom, leur surnom, leur profession, etc... Autant j'avais apprécié les envolées textuelles de l'auteur dans Effroyables jardins, autant cette fois-ci elles m'ont moins réjouies, puisque se référant soit à des personnages que je n'avais pas identifié, soit à des évènements peu connus (je n'ai jamais été une lumière en histoire). Pour en rester aux personnages, je n'ai pas réussi à comprendre les deux principaux (Robert et Hortense, l'institutrice). Il n'y a qu'à la fin que le lecteur peut faire le lien entre des comportements vraiment très bizarres a priori et le personnage qui les a. Enfin, dernière chose, tous les personnages d'Erquignies sont plein de secrets indicibles et sont beaucoup plus qu'ils ne paraissent être. C'est peut-être l'époque qui veut ça. Peut-être les années de guerre ont-elles contraints les gens à paraitre ce qu'ils ne sont pas, je ne sais pas. Mais, du coup, tout un chacun étant un autre et trop étant trop, le procédé m'a paru factice.

Voilà, en ouvrant Une nuit en hiver, je m'attendais à un livre qui me procurerait toute une palette d'émotions et explorerait les âmes humaines, et j'ai finalement lu une sorte de huis-clos d'un petit village du nord, symboliques d'un temps et d'une société que je n'ai pas connu. Cela n'enlève rien à la jolie écriture de Michel Quint, à la revisite d'une période de l'histoire, aux questions intelligentes que ce livre soulève, ni à la profondeur apportée à certains personnages plus ou moins secondaires (Odette m'a vraiment touchée).

Je remercie Babelio et Les presses de la cité pour cette lecture.

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Aimer à peine

Je n’ai pas lu le livre mais j’ai vu le film : Effroyables jardins. Beaucoup d’émotions dans ce film. Alors en lisant la quatrième de couverture de ce livre, je me suis lancé.



Le narrateur se destine au métier de diplomate. Pour se faire, il part en Allemagne afin de faire un stage de 3 mois pour son mémoire.



En Allemagne, il est est logé chez Theodor, très fier de recevoir un Français voulant faire oublier le comportement des nazis. Il y rencontre Inge, qui lui sert de guide, et dont il tombe immédiatement amoureux.



Pendant son périple, il va rencontrer un homme qui va se révéler être le tortionnaire de son père…



Ce petit livre, il ne fait que 75 pages, m’a déstabilisé au départ. En effet, on assiste aux atermoiements d’un amoureux transis qui ne sait comment se déclarer et qui passe aussi beaucoup de temps à boire de la bière. En fait, il ne s’y passe pas grand chose

J’ai failli abandonner… et devant le peu de pages qui me restait à lire, j’ai continué.

C’est dans les dernières pages que tout se joue. Les révélations et les émotions s’accumulent. Dans ces pages, chaque mot est fort et l’on sent la tension que subit le narrateur.



Le livre se termine sur un cri de douleur qu’il m’est malheureusement pas possible de citer au risque de spoiler l’histoire.



Un petit livre qui a tout d’un grand.
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Effroyables jardins

Effroyables jardins est le premier livre que je lis de Michel Quint. Je ne connaissais absolument pas cet auteur (qui est pourtant plutôt prolifique), mais comme dans le cadre du Challenge ABC je cherchais un auteur dont le nom commençait par la lettre Q….

J’ai hésité avant de choisir ce livre car la couverture ainsi que le résumé ne me tentaient pas plus que cela. Je n’aime pas trop les clowns et celui sur la couverture de l’édition que je possède a vraiment une mine sinistre (bon, je ne suis peut-être pas très objective…). Bref, ce sont surtout les critiques élogieuses que j’ai pu lire sur Babelio qui m’ont fait franchir le pas.

Et je ne regrette absolument pas de l’avoir franchi, ce pas, car quelle belle lecture.

Un récit court, mais puissant, dont on ne sort pas indifférente.

Le narrateur évoque son enfance. Il a un père instituteur, mais ce denier lui fait honte. En effet, des que l’occasion se présente, ce dernier se déguise en clown. Dur pour le gamin d’accepter que son père fait le pitre pour amuser la galerie.

Quand il va découvrir les réelles motivations de son père, à travers le récit d’un cousin, le jeune garçon va vraiment le redécouvrir.

L’origine de ce comportement remonte à la seconde guerre mondiale…

J’ai beaucoup aimé cette histoire, ou l’auteur va à l’essentiel et nous dresse d’admirables portraits de personnages. Son récit est émouvant et je reconnais avoir été marquée par cette lecture …

Une belle évocation de la période de la seconde guerre mondiale et surtout des conséquences qu’un sabotage pouvait avoir et pas seulement pour l’ennemi….

Je continuerais à découvrir l’œuvre de Michel Quint et puis c’est tout.



Challenge ABC 2018/2019

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Apaise le temps

Roubaix, dans une petite rue à l'ombre de l'hôtel de ville. La mort brutale d'Yvonne, libraire de son métier, laisse un vide dans les coeurs de ses fidèles clients. Car ses clients, c'est un peu, beaucoup même, sa famille. La preuve, elle lègue tout à Abdel, jeune prof de lettres qu'elle a connu enfant et à qui la librairie servait de bibliothèque. Un cadeau empoisonné ? Avec l'aide de fidèles, Abdel relève le défi. L'entraide et la solidarité, le don de soi au service des autres, c'était aussi les moteurs de la vie d'Yvonne. Alors, pourquoi pas lui ?



C'est en rangeant l'appartement attenant à la librairie qu'Abdel découvre les archives photographiques d'Yvonne, archives qui s'arrêtent en 1962. Abdel touche du doigt un épisode de l'histoire qui reste encore assez tabou : l'après- indépendance de l'Algérie, l'immigration, le racisme, les tensions et les courants politiques divergents.



Apaise le temps est un court roman de Michel Quint. L'auteur nous fait faire une fois encore un retour sur le passé, dans ce Roubaix qui connut son heure de gloire et qui n'en finit plus de décliner. A l'Histoire, il mêle habilement la vie quotidienne des protagonistes, et c'est à mon sens ce qui fait toute l'intensité de ce roman. Les personnages ont tous un passé et une histoire à raconter, l'écriture est fine, même s'il faut rester concentrée sur sa lecture, sous peine de perdre le fil.



Le temps apaise-t-il les blessures ? Le passé est-il un poids pour les générations futures ? Est-il au contraire une force ? A-t-on besoin de tout savoir pour se construire ? Ce sont des questions que l'on peut se poser en lisant Apaise le temps.

Seul bémol : en ce qui me concerne, je connais finalement assez mal cet épisode de l'histoire de France. En savoir plus m'aurait sans aucun doute aidé à appréhender toutes les subtilités des thèmes abordés.



Merci aux éditions Phébus et à Babelio pour cette découverte.
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Apaise le temps

Suffoquée par l'émotion,sonnée par ce court roman , je n'ai qu'une envie celle de vous inciter à découvrir le dernier écrit de Michel Quint. Court roman, longue nouvelle? Qu'importe ! C'est beau, juste, poignant , plein d'espoir , cela nous parle de la vie de tous , du patrimoine humain de notre belle France, de ce qu'il ne faut certes pas oublier mais aussi de comment avancer , comment continuer, créer des liens entre tous , "relier" les uns aux autres ces solitudes inacceptables et malheureusement trop souvent acceptées!

Roubaix. Ce matin là, quand Abdel Duponchelle pousse la porte de la librairie "Livres" tenue par Yvonne Lepage depuis le décès de son père Georges en 1962 et de sa mère Julie en 1968, pas besoin de lui dire quoi que se soit ... Yvonne est décédée , c'est Zita qui vient de la trouver assise devant son ordinateur. A sa grande surprise, c'est lui qui hérite de la librairie en réalité qui hérite du passif abyssal de la librairie. Le notaire lui conseille même de renoncer à l'héritage mais voilà Yvonne, pour Abdel, c'est tout , c'est son enfance, le monde du livre, le monde de la connaissance , la littérature passerelle incontournable entre tous. Alors il décide de relever le défi et commence avec l'aide de Zita, Saïd et de Rosa , l'assistante scolaire du collège, il s'attaque aux multiples cartons pleins des photos prises par Yvonne avant qu'elle n'arrête et ne reprenne la librairie . Ces photos datent toutes d 'avant 1962, à travers elles revivent les années noires de la guerre d'Algérie, ses règlements de compte entre FLN , MNA sans oublier l'OAS....

.... Michel Quint nous parle de Roubaix, de sa ville, de ses habitants ,de leur destin souvent chaotique, de leurs difficultés à vivre ou à survivre mais avec une telle empathie , une telle envie de voir bouger les choses, de voir les gens se tendre la main que je ne voudrais retenir de ce roman bouleversant que son titre lumineux Apaise le temps.

Merci aux éditions Phébus et à Babelio pour cette découverte

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En dépit des étoiles

Michel Quint jamais lu, de bons échos et un nom qui commence par la lettre Q aucune hésitation me voilà sortie de la bibliothèque avec En dépit des étoiles à la main....

Il y a eu dans les années 2010/2011 à Lille une série de noyades qui a défrayée les médias et traumatisée la ville de Lille et celle de ses habitants , 4 jeunes hommes ont été retrouvés dans la Deûle rivière qui coule à Lille. Même scénario pour les 4 de là à propager les plus folles rumeurs , les 4 affaires seront classées par le parquet : noyades accidentelles.

Le roman de Michel Quint s'inspire au départ de ces tristes faits divers Sébastien,brillant espoir du club de foot de ligue 1 de Lille l disparait mystérieusement Lisa , sa sœur, s'inquiète mais la police ne bouge pas et quand le corps de Sébastien est retrouvé dans la Deûle,l'affaire est très vite classée . Lisa avec l'aide de Jules fils de Mado , neveu de Martial et d'Irène va l'aider dans ses recherches .Il faudra la mort d'un autre jeune homme pour que cela bouge un peu ...

Un thriller bien mené, bien ficelé , en arrière plan une visite de Lille, de ses quartiers classés, de ses quartiers de la nuit, de ses zones à réhabiliter.

Quoique la construction de ce thriller soit assez classique malgré un début un peu poussif 'ai pris en fin de comte beaucoup de plaisir à cette lecture et comme je ne connais pas Lille pourquoi ne pas y programmer une visite prochaine
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Les amants de Francfort

L'intrigue démarre à Foire aux livres de Francfort (Frankfurter Buchmesse), en 2009, la plus grande au monde dans le domaine de l'édition.

J'ai trouvé le début un peu lent, puis tout s'accélère.

Après la récente lecture des Amnésiques, j'ai apprécié ce roman qui évoque l'Histoire allemande : le SPD, les Nazis et ceux qui subsistent, la fraction armée rouge...

J'aurais aimé trouvé la traduction des quelques phrases en allemand, même si le contexte de la lecture permettait de comprendre.
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Apaise le temps

Abdel Duponchelle hérite de la librairie tenue jusque-là par Yvonne, 75 ans, morte d'un AVC. Contre toute attente et malgré les conseils du notaire, cet « Arabe blond », agrégé de lettres et enseignant dans un lycée, accepte cet héritage ruineux… La librairie est au bord de la faillite, mais Abdel se sent redevable envers Yvonne qui, depuis toujours, lui prête des livres et l'aide avec bienveillance. Georges et Julie, les parents d'Yvonne qu'Abdel n'a pas connus, aidaient déjà les immigrés dans cette ville de Roubaix pas encore complètement sinistrée. Ils aidaient à l'alphabétisation, prenaient soin des déshérités, gagnaient la confiance des laissés-pour-compte par leur gentillesse et leur dévouement. Mais quelle idée d'avoir accepté cet héritage ! Maintenant, il faut faire le tri parmi tout ce qui traîne à la librairie et dans l'appartement d'Yvonne : le stock, mais aussi les vêtements, et surtout les cartons de photos qui datent d'avant 1963, date à laquelle Georges a été tué dans une fusillade à l'intérieur d'un café. Yvonne n'a plus jamais pris de photos après ça…

***

Dans Apaise le temps, sorte de fable loin de toute vraisemblance, Michel Quint met en scène des personnages improbables dans un décor assez misérabiliste, mais en prenant parti pour l'optimisme. La vilénie de certains est contrebalancée par la bonté et le sens du partage des autres. le carton des photos prises par Yvonne au début des années 60 permet à Michel Quint d'aborder un sujet que pour ma part je ne connaissais pas du tout : le mouvement indépendantiste algérien était déchiré par des guerres internes impliquant deux factions, FLN et MNA. Il sera aussi question du sort des harkis et de la méfiance, voire de la haine, qu'ils suscitent, comme de l'OAS et de l'implication de certains Français dans le conflit, quelle que soit l'idéologie qu'ils épousent. Tout cela est abordé très brièvement, à peine effleuré, et c'est dommage. Il n'était sans doute pas possible de développer sans casser l'ambiance résolument optimiste et la foi en la bonté de l'homme que veut mettre en avant l'auteur. Et puis il y a l'écriture de Michel Quint, un vrai plaisir jamais démenti : un narrateur à la première personne qui ne se montre que deux ou trois fois, un style souvent haché qui réussit à rester fluide, des mots rares et bienvenus, sans doute quelques régionalismes séduisants, et çà et là, un soupçon d'humour, par exemple, des libraires qui s'appellent Lepage… Un bon moment de lecture.

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En dépit des étoiles

Rien ne prédisposait Jules à devenir détective privé et c'est pourtant ce qu'il va devenir lorsqu'il croisera la route de Lisa, cette fille au sourire inamovible.



Michel Quint s'est emparé d'un fait divers, la disparition de jeunes gens retrouvés noyés dans la Deûle, pour tisser la trame de son roman. Il a ensuite choisi comme décor, la ville de Lille et ses quartiers. "En dépit des étoiles" aborde bien des sujets, le football et la corruption, l'argent, la prostitution, le patrimoine industriel laissé à l'abandon, mais ce roman évoque surtout la mort qui surprend brutalement tout un chacun, qui fait la une de l'actualité pour quelques jours et qui retombe aussi vite dans l'oubli. La ville et les habitants sortent de leur torpeur, s'enivrent de on-dit, écoutent la rumeur, prennent peur... pour finalement retourner à leur quotidien. L'orage est passé.



Beaucoup de tendresse inonde les pages de ce roman à travers le personnage de Jules, amoureux maladroit. Quelques pages sombres y ont aussi leur place dans les souvenirs de monsieur Dimanche (le massacre d'Ascq). Mais ce qui ressort le plus limpidement des romans de Michel Quint reste l'écriture. Une écriture efficace, panachée discrètement de patois du Nord et ici nostalgique puisqu'il y fait revivre un vocabulaire disparu ou en voie de disparition. Michel Quint est un amoureux des mots d'aujourd'hui, d'hier, d'ici et d'ailleurs et c'est toujours un vrai plaisir de les découvrir, même si cette fois-ci, je l'ai trouvé un peu bavard.
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Effroyables jardins

Mai, joli moi de mai, qui commence si bien en ce "Jardins".

Comment Quint peut-il dans un récit aussi court, concentrer autant de personnages héroïques et révéler autant d'humanité ?

Dans ces Jardins ce ne sont pas des nains qu'on croise mais des géants.

Écrit avec l'accent de Céline, cet Effroyables jardins nous fait rencontrer des anges en enfer, sans manichéisme ni grandiloquence.

Un ouvrage digne d'être mis au Panthéon des lectures scolaires et en rappel aux adultes, pour entretenir la mémoire des heures sombres de notre histoire contemporaine éclairées par des anonymes.

D'Effroyables jardins, ou il fait bon se sourcer et ressourcer !
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Les aventuriers du Cilento

Pippo Pugliese, petit-fils d’immigrés italiens, vit dans le nord de la France où il a repris l’entreprise de maçonnerie familiale et l’a développée en devenant architecte.

Du passé du grand-père italien, il n’a conservé que la truelle et la légende du trésor laissé là-bas dans le Cilento natal, une région très pauvre au sud de l’Italie. Pressé par ses parents, et surtout pour sa mère malade, il décide de retourner sur les traces du passé...



Michel Quint, fidèle à lui-même et à son amour de l’Histoire, nous entraîne cette fois-ci sous le règne de Mussolini. Le Duce ne rêve que de romanité et ne supporte pas les vestiges d’un passé qui serait autre que romain. L’Italie ne pouvait avoir été colonisée par d’autres nations, l’immigration et le mélange des populations ne pouvaient exister. Bien sûr, ce que raconte ici Michel Quint est en pleine résonance avec les faits marquants de l’actualité d’aujourd’hui sur les migrants. Le refus de l’autre a toujours existé et les migrants de tout temps ont servi de main-d’oeuvre à bon marché. C’est un roman qui évoque aussi le totalitarisme et la résistance. C’est un roman aussi qui met en valeur deux archéologues oubliés qui ont combattu à leur manière le despotisme du Duce.



C’est une révolte que je comprends et je partage. Mais là où je ne rejoins pas l’auteur c’est dans la façon brouillonne de nous en faire part. Je n’ai pas aimé le style haché et les phrases mal construites de ce roman, qui paradoxalement se juxtaposent à des masses de références sur l’Antiquité grecque ou romaine. Michel Quint, professeur de lettres classiques, maîtrise parfaitement la langue française. Pourquoi alors avoir choisi ce style décousu, qui donne plus envie de déposer le livre que d’en découvrir la suite ? Et que dire de cette bluette entre Gina et Pippo ! Et cette fin !



Alors quoi ! Alors Michel Quint n’était pas au mieux de sa forme et c’est bien dommage. Et pourtant, je veux bien tout lui pardonner car il fait partie de mes auteurs préférés. Les recherches pour poser ses romans sont toujours des plus intéressantes et il dénonce toujours la guerre, la haine, la bêtise... Il y a du bon dans ce roman, comme le parallèle historique entre présent et passé ou comme la référence au livre de Carlo Levi « le Christ s’est arrêté à Eboli » mais il est enseveli sous des couches de verbiages mal étayées et c’est moi qui ai dû faire un travail d’archéologie pour aller à la rencontre de cette histoire.



Je remercie Babelio et les éditions Phébus pour l’envoi de ce roman que j’aurais aimé aimer passionnément.


Lien : http://mespetitesboites.net
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Un hiver avec le diable

le nouveau roman de Michel Quint est un roman ambitieux, qui nous plonge dans les années de l'après guerre, à un moment où les cicatrices laissées par ce conflit sont palpables, les rancœurs tenaces, les trafics encore visibles.



La collaboration active ou passive avec l'Allemagne divise le pays en deux, les résistants et les collabos, division manichéenne des bons et des méchants, portée jusqu'au point de rupture..



Si le procès des criminels d'Oradour-sur-glane, et la douloureuse question de la participation des Alsaciens à ce crime contre l'humanité, s'inscrit en toile de fonds, au cœur de ce récit, dans l'hiver 53, c'est l'ample évocation de cette période, pour les gens du Nord.



Comment faire revive ces mois, où les non dits affleurent sans cesse à la mémoire ?



A t-il été doublé par « Je vous écris dans le noir », de Jean-Luc Seigle, le procès de Pauline Dubuisson se déroule en oblique, et c'est bien le sort réservé aux femmes que Michel Quint éperonne, dans l'inextricable parcours des habitants de Erquignies, un petit village du Nord de la France, non loin de la frontière belge.



Qui est qui ? Où se cachent les méchants, les vrais, ceux qui mettent le feu à une ferme, ou à une école, ceux qui se sont enrichis, ceux qui fuient un passé soufré, la France des années 53 n'a pas fini d'enterrer les morts de l'après guerre.



Un jeune homme, Robert Duvinage, le petit escroc pas bien méchant, protège une jeune mère et son fils, rencontrés à la maternité de Lille, il ne semble pas être le Diable comme il aime se présenter, mais qui est-il réellement, que cherche t-il.



Chacun des personnage à commencer par Hortense Weber, l'institutrice du village, venue récemment d'Alsace, qui vit seule et vient d'accoucher d'un petit Roland, est porteur d'un secret. Lequel ?



Michel Quint a rassemblé une documentation monumentale pour dominer les faits complexes qui se sont entrecroisés, à travers la Voix du Nord ou plutôt du réseau Voix du Nord, du nom du journal issu de la Résistance et de l'épuration. Une nouvelle question émerge qui a trahi qui ?



Le roman est trop court pour expliciter le rôle de chacun. C'est sans doute la limite d'un tel livre qui n'a rien occulté, ni les procès, ni la guerre en Indochine, ni les nouveaux décrets, ce drôle d'amnistie qui a tenté de répandre la concorde entre les français, de répandre l'oubli.



Le seul habitant mis en examen, sera Salembier, en un seul mot, celui qui revenait du camp de Dachau ! La gendarmerie manquait encore un peu d'imagination.



Dans ce petit village du nord encore marqué au fer rouge, la virginité législative passe mal, les intrigants d'hier sont là, les trafiquants d'aujourd'hui sont encore performants.



Qui va craquer le premier alors que la tension monte, de jour en jour, l'intrigue vous plombe, il faudra franchir les dernières pages pour reprendre votre respiration.



Ce climat d'hier éclaire t-il encore les tensions d'aujourd'hui ?.



Malgré la puissance de ce récit captivant, vivant, démesuré, on restera pour certains sur notre faim.



Revenez Michel nous parler d'Odette du Père André de la coiffeuse, du médecin...Par petites doses pour que nous puissions savourez l'avenir de Robert, de Roland et de tant d'autres.



Merci à masse critique de cette belle lecture. Michel Quint un regard incontournable de notre monde littéraire.



Je vais me plonger dans la Leçon d'Allemand plus léger, à bientôt.









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Effroyables jardins

Une courte histoire très touchante et émouvante.

Ne jamais se fier aux apparences. Ne pas juger les gens sans les connaître. Derrière chaque personnes il y a des sentiments, un vécu, une passé.

On peut être un héros mais ne pas le crier sur les toits, rester humble et oeuvrer pour rendre la vie des autres plus belle, sans que ces derniers en prennent conscience.

Le rire, arme fabuleuse et ingénieuse quand on rien plus rien à perdre..............
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Effroyables jardins

Auguste le clown, ou l'imaginaire de l'homme depuis sa naissance, depuis ses premiers éclats de rire, est placé au cœur de ce conte " Effroyables Jardins ", l'habileté de Michel Quint, est d'en avoir fait son héros, son porte voix, celui d'un Boris Cyrulnik "terrassant le mal", vainqueur de la haine, le rédempteur, car il n’y a pas pour lui de fatalité.



Dès les premières mots  on pressent le symbolisme cruel pour l'ancien préfet de Gironde de voir ce clown le défier, lui "qui tente de faire de son procès une mascarade", "ayant perdu toute dignité", le narguer; tes lois sont mortes mais nous les juifs, les résistants, les frondeurs, et moi clown sommes vivants, "Sans vérité, comment peut-il y avoir de l'espoir ?"



Mr Papon, tombe de son piédestal, de sa légion d'honneur, Artaban déchu, "devant ces ombres douloureuses" ses discours sonnent faux à l'aune de ce clown triste, notre humanité est seule capable de s'émouvoir de "tous ces mots, tellement beaux, recherchés, que je m'en souviens comme des étoiles."



Le décret du 3 octobre 40 est confirmé par celui du 11 juin 42, interdisant aux Juifs les professions artistiques et au dessus de toutes les manifestations artistiques faire le clown était passible pour un Juif de la déportation.



Jardin, Jean Jardin, « le Nain Jaune »,chef de cabinet de Laval du printemps 42 au 30 octobre 43, quitte précipitamment la France pour la Suisse où il se faisant naturaliser en 43, devient intouchable, à l'inverse Blaise Cendrars se fait naturaliser en 14 pour combattre aux côtés de la France. Les vers d’Apollinaire raisonnent étrangement Effroyables Jardins.





« Le manichéisme en histoire est une sottise », suggère Michel Quint , le jeune Lucien en apprenant l'Allemand, va à la rencontre du « demeuré des tourbières », soldat allemand « vert de gris », et de ses facéties, il lui faudra écouter le récit de Gaston pour percevoir l'ampleur de la dette de son père à l'égard du schleu, maladroit, sensible grimaçant puis drôle inlassablement imaginatif, le langage universel du rire, du clown-soldat Bernd Wiki .



"Les tartines sortent de sa poche et il jongle, et par une sorte de maladresse feinte elles arrivent au fond du trou une à une", ou encore "prenant son fusil notre frisé , le pose dans sa gorge, veut- il se suicider ? Il joue de la trompette, ou du saxo devant nous ébahis" ».

Le message est passé et après l'AVC brutal de son père Lucien prend la valise pour Bordeaux, "J 'essaierais, papa, d'être tous ceux-là dont les rires ont fini dans des forêts de hêtres, des taillis de bouleaux...Sans blague ! ».



Quel magnifique écrit, si tenu si retenu que l'on mâchonne les mots, pour mieux les savourer, car il n'y a rien à retirer, ni ajouter, les miens ne font que rebondir sur d'autres écrits, le ridicule, le fragile, le bancal deviennent des vertus et le message est si pur que tous nous enfants le pigent, ils prendront sans doute quelques frusques pour eux aussi s'imaginer tenant un cerf volant.



Un magnifique Maréchal Pétain flottait dans les airs au bout d'une ficelle,

fermement tenue par un caporal allemand hilare.

P185 Les Cerfs Volants de Romain Gary.









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J'existe à peine

J'aime l'écriture de Michel Quint, tantôt précieuse, tantôt truculente, tantôt mâtinée de patois du Nord. C'est vivant, dynamique, on a l'impression d'être au coeur de l'action, en "direct live".



J'aime son personnage Alexandre Sénéchal baignant dans le milieu du spectacle, sympathique, râleur, cabotin, écorché. Il se dit forain, mais en réalité qui est-il ? Il est mille et une personnes à la fois, il est le digne descendant de Fregoli, transformiste et ventriloque. Il endosse toutes les personnalités, hommes, femmes ou enfants, pour créer ses spectacles : reconstitution de faits divers. Il fait du happening.

Mais derrière cette façade, Alexandre se cherche lui-même. Après un accident qui a touché un de ses partenaires, il décide de retourner dans son Nord natal où l'attend le père Julius. C'est lui, ce prêtre au caractère bien trempé, qui le réconfortait quand ses parents adoptifs le brutalisaient. C'est auprès de lui qu'il va apprendre, enfin, qui il est et d'où il vient. C'est aussi là qu'il fera la rencontre de deux femmes extraordinaires dont il tombera amoureux. Mais la recherche de la vérité est difficile, pénible, déstabilisante...



Même si les premières pages peinent à nous mettre dans l'ambiance, c'est un très beau roman qui prend de l'épaisseur au fur et à mesure de la lecture et dont le dénouement nous prend aux tripes. Pour moi, il est bâti comme un script de film, tant les indications sont précises. J'ai vraiment eu l'impression d'être la spectatrice d'un film en cours de tournage. Et le clap de fin m'a bouleversée.



Un grand merci à l'opération Masse critique de Babélio, aux éditions Heloïse d'Ormesson et à l'auteur pour cette belle découverte bien sûr, mais surtout pour m'avoir permis de traverser le miroir.
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Apaise le temps

90 pages de belle humanité, fragile et volontaire, timide et amoureuse, marquée par l’histoire violente de l’Algérie et espérant encore dans les bienfaits de l’éducation par le livre.



Tout se passe autour, et dans, une librairie de Roubaix, dont Yvonne, la propriétaire qui la tenait de ses parents, vient de mourir. La librairie allait mal et Abdel Duponchelle qui en hérite, parce que la libraire lui a offert, depuis son plus jeune âge, d’y découvrir la passion de la lecture, hésite à accepter ce legs financièrement désastreux.



En classant et faisant le tri des classeurs, des boîtes à archives, des cartons de photographies, des tiroirs de la libraire, Abdel va découvrir son passé, le passé dont elle ne parlait jamais, irrémédiablement blessé par les règlements de compte sanglants entre le FLN et le MNA. J’étais petite enfant à cette époque, mais est-ce que cela justifie mon ignorance totale de l’existence du MNA, et de ces épisodes meurtriers sur le territoire français ?



Ce livre est donc pour moi une façon d’aborder cette partie de l’histoire des années 1960 et rien que pour cette découverte, il valait le voyage. Mais au-delà, la tendresse de l’auteur pour ses personnages, et son écriture, souvent proche d’un parler coloré, moderne, et pourtant très évocatrice, font de ces 90 pages une petite merveille.



Et puis, comment résister à un roman qui parle de livres, de libraires et d’une librairie ?

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Effroyables jardins

Une petite nouvelle, courte mais efficace !

Une histoire de famille, celle d'un fils qui apprend par un proche de sa famille, le héros discret que fut son père pendant la guerre. La découverte qui fait que le regard acide qu'il portait sur son père va changer à tout jamais. Une nouvelle magnifiquement adapté à l'écran par Jean Becker, avec des grands acteurs de talent.
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Effroyables jardins

Un texte court tout en tendresse et en émotions grâce à un langage simple, imagé et quotidien, et un certain parler populaire (j'aime beaucoup ce style, cela me donne envie de découvrir d'autres œuvres de cet auteur).

Le regard de l'adulte sur l'enfant qu'il a été et sur son entourage ainsi que le récit de l'expérience de guerre nous font découvrir des personnages et des parcours de vie émouvants et attachants tout en amenant à la réflexion.

Un tour de force de concentrer tant de choses en si peu de pages.
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Effroyables jardins

Années 50 Un petit garçon, mal à l'aise car son père, instituteur respectable, se produit souvent en public sous les traits d'un clown qui fait des pitreries mais n'est pas drôle, ne comprend pas ses raisons et le méprise un peu. Il apprendra pourtant, grâce à son oncle, que les pitreries de son père sont un hommage assez touchant à un soldat allemand qui lui avait permis de tenir le coup alors qu'il devait être fusillé. Effroyables Jardins a été adapté par Jean Becker et le film est sorti sur les écrans en 2003. Une belle histoire.
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