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EAN : 9782869599956
Arléa (30/11/-1)
2.76/5   23 notes
Résumé :
MONTAIGNE
DES CANNIBALES
CHAPITRE XXXI
DU LIVRE I DES ESSAIS
Comme le fait remarquer Jean-Michel Delacomptée dans sa préface : «Embarqué dans le spectacle carnassier que lui offraient les guerres de Religion, Montaigne a porté ses regards sur l'autre bord des mers [...] pour découvrir la preuve manifeste que sa conviction était la bonne, à savoir : la modernité, à mesure que le temps passe, s'éloigne du monde des origines, celui des canni... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans "Des cannibales", Montaigne se livre à une comparaison passionnante entre les moeurs des populations supposées barbares ou primitives et celles des européens de son temps et l'on ne peut pas dire que ce soit très flatteur pour les européens, qui voient leur mode de vie critiquée et la supériorité supposée de leur modèle, relativisée ! Ce que j'aime beaucoup, dans ce texte de Montaigne, est la manière qu'a Montaigne de prendre du recul et de rappeler qu'au final, les populations amérindiennes, ne sont sauvages, qu'au sens des européens, qu'elles ne sont barbares que si l'on considère les habitants d'Europe comme civilisés. Cela nous permet de découvrir d'assez beaux moments d'ironie, tout en découvrant une autre vision de ce qu'est la civilisation et de ce qu'est la véritable sauvagerie.
Je reprocherais cependant à Montaigne d'avoir dépeint les populations amérindiennes, de manière tellement idéale, qu'elle ne peut qu'être exagérée et prête même à sourire ; dire que les populations amérindiennes ne sont pas aussi sauvages que le pensait les colons européens (du moins, selon la définition que les colons, donnait de "sauvage") est une chose, dire qu'elles sont quasiment dépourvues de tout vice en est une autre.
Toutefois, malgré ce petit défaut, c'est un texte intéressant, dans lequel Montaigne fait montre d'une ironie qui fait plaisir à voir.
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Des cannibales est un micro-essai, issu lui-même des Essais de Montaigne.
Ce passionnant petit récit nous montre avec un humour noir grinçant, fantaisie et une didactique légère, le monde intellectuel de la renaissance, décortiquer les peuples primaires du nouveau monde.
Entre réalité scientifique, objective et imaginaire de conte philosophique, l'auteur évoque une peuplade sud-américaine, au travers des dires parfois douteux, de voyageurs ayant vécu ces expéditions lointaines et dangereuses.
Mémoires incertaines de personnages, peu désireux de dresser un portrait flatteur de ces indigènes.
Le génie de Montaigne est justement de prendre le contre-pied de ces individus, en démontrant avec analyses et finesses, que les plus barbares ne sont pas ceux que l'on peut supposer.
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Sous prétexte de parler des sauvages cannibales, des barbares du Nouveau Monde, Montaigne retourne le problème.C'est vers les hommes de son temps que se dirigent les critiques. Qui est le plus barbare entre celui qui torture et laisse mourir les indigents et celui qui certes mange ses prisonniers de guerre mais en le tuant de manière franche et qui s'occupe des pauvres ?
Pour mettre en évidence ce contraste, il utilise un procédé qui sera repris par Voltaire dans L'Ingénu ou par Montesquieu dans Les Lettres Persanes : faire venir des étangers (ici des Brésiliens) et les faire déambuler dans une ville française. Et de rapporter leurs réactions et réflexions. Et l'on sait que ce n'est guère flatteur.
Il y a cependant beaucoup de mythe du bon sauvage dans la réflexion de Montaigne. Pour lui les "Indiens" sont plus proches de l'état de nature, donc moins perverti que les hommes du Vieux Continent. Pour les comprendre, il convoque les grands philosophes grecs, plus à même de les comprendre selon lui.
Si ce texte n'est pas exempt de critiques, il a l'avantage de remettre de la distance entre nous et nous, pour nous faire prendre conscience que les autres aussi, ce sont des hommes. Mieux encore, des êtres humains.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Je ne suis pas chagriné que nous remarquions l'horreur barbare qu'il y a dans une telle action, mais je le suis pour sûr de ce que, jugeant bien de leurs fautes, nous soyons si aveugles aux nôtres. Je pense qu'il y a plus de barbarie à manger un homme vivant qu'à le manger mort, à déchirer par tourments et par géhennes un corps encore plein de sentiment, à le faire rôtir par le menu, à le faire mordre et meurtrir par les chiens et les pourceaux (comme nous l'avons non seulement lu, mais vu de fraîche mémoire, non chez des ennemis anciens mais chez des voisins et des concitoyens, qui pis est, sous prétexte de piété et de religion) qu'à le rôtir et à le manger après qu'il a trépassé.
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Il nous faudrait des topographes qui nous fissent narration particulière des endroits où ils ont été. Mais, pour avoir cet avantage sur nous d'avoir vu la Palestine, ils veulent jouir de ce privilège de nous conter nouvelles de tout le demeurant du monde. Je voudrais que chacun écrivît ce qu'il sait, et autant qu'il en sait, non en cela seulement, mais en tous autres sujets : car tel peut avoir quelque particulière science ou expérience de la nature d'une rivière ou d'une fontaine, qui ne sait au reste que ce que chacun sait. Il entreprendra toutefois, pour faire courir ce petit lopin, d'écrire toute la physique. De ce vice sourdent plusieurs grandes incommodités.
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Nous les pouvons bien les appeler barbares, eu égard aux règles de la raison, mais non pas eu égard à nous, qui les surpassons en toutes sortes de barbarie.
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Or je trouve, qu'il n'y a rien de barbare et de sauvage dans cette nation, à ce qu'on m'en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ; comme il semble, au vrai, que nous n'avons d'autre mesure de la vérité et de la raison que l'exemple et l'idée des opinions et des usages du pays où nous sommes.
Là est toujours, la religion parfaite, la police parfaite, l'usage parfait et accompli de toutes choses.
Ils sont sauvages, de même que nous appelons sauvages les fruits que la nature a produits par elle-même et par sa croissance ordinaire là où, à la vérité, ce sont ceux que nous avons altérés par notre artifice et détournés de l'ordre commun que nous devrions plutôt appeler sauvages.
Dans ceux-là sont vives et vigoureuses les vraies vertus et les vraies propriétés, les plus utiles et les plus naturelles, que nous avons abâtardies dans ceux-ci, et que nous avons seulement accommodées au plaisir de notre goût corrompu...

...tous nos efforts ne peuvent seulement arriver à reproduire le nid du moindre oiselet, sa contexture, sa beauté et l'utilité de son usage, ni le tissage de la chétive araignée.
Toutes choses, dit Platon, sont produites par la nature ou par la fortune, ou par l'art.
Les plus grandes et les plus belles par l'une ou l'autre des deux premières, les moindres et les imparfaites par le dernier.
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Quand je considère le tour que prend, de mon temps, ma rivière de Dordogne, pour pousser vers la rive droite de sa descente, quand je vois qu'en vingt ans elle a tant gagné, et sapé la base de plusieurs bâtiments, je vois bien que c'est une agitation extraordinaire. Car si elle était toujours allée de ce train, ou devait y aller à l'avenir, la figure du monde en serait renversée.
Mais les rivières changent : tantôt elles se répandent d'un côté, tantôt de l'autre ; tantôt elles se contiennent.
Je ne parle pas des inondations soudaines dont nous savons les causes.
Dans le Médoc, le long de la mer, mon frère, sieur d'Arsac, voit une de ses terres ensevelie sous les sables que la mer vomit devant elle. Le faîte de quelques bâtiments apparaît encore.
Les habitants disent que, depuis quelques temps, la mer pousse si fort vers eux qu'ils ont perdu quatre lieues de terre.
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Videos de Michel de Montaigne (80) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel de Montaigne
« Cet épisode a été enregistré avec des adolescents hospitalisés au centre de Jour pour Adolescents « L'entracte » intégré au service de Psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent, de Psychiatrie générale et d'Addictologie à l'hôpital Avicenne de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) situé à Bobigny à l'automne-hiver 2023. le livre lu dans cet épisode est « J'entends des pas derrière moi » de Jo Witek paru aux éditions Nathan.
Avec la participation de Baptiste Montaigne, champion du grand concours national de lecture « Si on lisait à voix haute » 2023 pour le générique, Benoit Artaud à la prise de son et montage.
Remerciements au docteur Taïeb, responsable du Centre de Jour pour Adolescents « L'entracte » intégré au service de Psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent, de Psychiatrie générale et d'Addictologie à l'hôpital Avicenne, à Michèle Sawaya, psychologue, Nancy Andrieu, éducatrice spécialisée, Marc Colaciuri, psychologue, Mohammad Mouma, infirmier, Marie-Lucie Guyard, psychomotricienne, ainsi qu'à Quentin Bardou, comédien.
***
Le Centre national du livre lance un programme en direction des hôpitaux, Mots parleurs, en partenariat avec l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Cette action s'inscrit dans la continuité des actions menées pour transmettre le goût de la lecture à tous et notamment aux publics éloignés du livre. Cette action vise à conjuguer lecture, écriture et mise en voix. Les enfants, adolescents et adultes, en collaboration avec le personnel hospitalier, sont ainsi invités à choisir un livre parmi une sélection, en lien avec la thématique de l'édition 2023 des Nuits de la lecture : la peur. Pour cette première édition 2023, six établissements de l'AP-HP participent. Quatre établissements sont situés en Île-de-France et deux en région (Provence-Alpes-Côte d'Azur et Nouvelle-Aquitaine). le projet se déroule de fin septembre 2023 à début janvier 2024. A partir d'un ouvrage sélectionné avec le personnel hospitalier, les enfants, adolescents et adultes sont amenés à choisir des extraits de textes pour les lire et les commenter. Sur la base du volontariat, Mots parleurs propose ainsi à des groupes de trois à dix patients accompagnés de personnel soignant d'écrire et d'enregistrer leur production, au cours de six ateliers répartis dans différents hôpitaux. Ils débattent pour élire l'ouvrage qui constituera la matière de leur travail. Afin de les guider dans la sélection des extraits, dans la rédaction et dans l'enregistrement du podcast, ils sont accompagnés par un écrivain ou un comédien, ainsi qu'un réalisateur et technicien du spectacle. Ce podcast, d'une vingtaine de minute, est ensuite mis à disposition de tous les patients et personnels soignants de l'AP-HP. »
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