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Critiques de Mike Mignola (348)
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Zombie World, tome 1 : Le champion des vers

Dans un musée américain, au coeur de la nouvelle aile d'exposition consacrée aux Antiquités Hyperboréennes, un sarcophage récemment arrivé perturbe le personnel. Lorsque Miss Dean, la fille d'un donateur, se rend dans la salle avec le directeur Mr Zorsky, et une équipe de spécialistes assez hétéroclite qui semble bien connaitre ces mystérieux phénomènes, le sarcophage est profané, et le corps qu'il renfermait a disparu. Soudain, les momies de l'aile égyptienne se réveillent et les attaquent. ..Le répugnant Azzul Gotha qui attendait son heure depuis 42 000 ans s'apprête à balayer notre monde.



Rien de bien novateur sous le soleil, le début de l'histoire nous rappelle Relic, le thriller horrifique de Peter Hyams et autres films de momies sanguinaires. Si le scénario est sympathique, c'est surtout le dessin qui m'a séduite. Il est élégant, nous évoque les aventures de Tintin -Les Sept boules de cristal à la sauce zombiesque-, avec un beau choix de couleurs. Sans compter les planches qui ont trait aux Hyperboréens (dont j'ai gardé 'un vague souvenir datant de Conan le Barbare): Patrick McEown s'est attelé à créer les vestiges d'une ancienne civilisation en piochant dans les cultures pré-colombiennes et égyptiennes, et du côté de Lovecraft (Dans l'abime du temps…), de Hergé et de Yves Chaland. Qualifiée de « Prophétie antédiluvienne », Zombie World, édité pour la première fois en 1997, ressuscite ceux qui vivent par-delà les souffles du froid Borée, avec de l'humour et un petit côté décalé. Bref, du bon Pulp Horreur.

Je remercie 404 Editions et Babelio pour ce livre reçu dans le cadre d‘une opération Masse Critique.

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Le Cycle des épées - Comics

Le parcours d’auteur de Fritz Leiber est au départ pas si éloigné que cela de celui de R.E. Howard (la grande différence entre les deux étant que l’un piochait dans le passé du théâtre et l’autre dans l’avenir du cinéma) : à une époque où les genres de l’imaginaire sont confondus les uns avec les autres il est proche des mentors H.P. Lovecraft et Edgar Rice Burroughs… Mais lui a toujours gardé la triple casquette Science-Fiction, proximité avec Heinlein et Asimov oblige, Fantastique, proximité avec Richard Matheson oblige, Fantasy, proximité avec Lin Carter oblige. Son "Cycle des Épées" écrit qui s’étend sur 50 ans d’écriture est un classique du genre parfois copié tel quel par une multitude d’auteurs (Terry Pratchett, Stephen King, Scott Lynch, Pierre Pevel, Thomas Geha pour ne citer qu’eux parmi tant d’autres). Multiple vainqueur des prix Hugo, Nebula, Locus et World Fantasy, il a été membre de la Science Fiction Writers of America, de la Horror Writers Association, et fondateur de la Swordsmen and Sorcerers' Guild of America (SAGA, les lecteurs de "Wyld" vont applaudir des deux mains), avant de rejoindre post-mortem la Science Fiction and Fantasy Hall of Fame. Est-il le précurseur ou le frère caché américain de l’anglais Michael Moorcock ??? Toujours est-il que ce pilier des genres de l’imaginaire a été après la mort de son première femme victime de sévères addictions, un expédient en remplaçant un autre, et qu’il a vécu difficilement avant que TSR ne lui fasse un pont d’or dans les années 1980 pour racheter les droits adaptation de ses créations et qu’il ne retrouve l’amour juste avant de nous quitter pour rejoindre les mondes qu’il avaient crée de son vivant. Car comme Michael Moorcock, Fritz Leiber a toujours été adepte des concepts cycliques et environnementalistes de Carl Gustav Jung, ainsi et de la théorie du Héros aux mille et un visages de Joseph Campbell !



Dans le domaine de la Fantasy, il a marqué le genre de son empreinte avec son "Cycle des Épées", un ensemble de nouvelles et de romans écrits s’étalant sur 50 ans d’écriture qui racontent les heurs et malheurs de deux compères, Fafhrd un grand bourrin venu du Nord, et le Souricier Gris un petit roublard venu du Sud, amis pour le meilleur et pour le pire tous les deux marqués par la perte du grand amour de leur vie. Ils sont morts à l’intérieur, mais ils vont cracher à la gueule du destin en défiant hommes, démons et et dieux ! C’est ainsi qu’ils deviennent des légendes vivantes à leur cœur défendant en sauvant à plusieurs reprises le monde qui les a vu naître, et ils irritent tant les Seigneurs de la Nécessité que ceux-ci missionne la Mort et la Douleur pour se débarrasser d’eux, en pure perte évidemment car ils ne sont pas des hommes mais des idées, mieux ils sont l’incarnation même de la liberté !!! Un jour ils vont retrouver l’amour donc la paix, en sauvant une nouvelle fois le monde de la folie des hommes et des dieux « but that is another story »…

https://www.youtube.com/watch?v=xdE1nM5c8oQ





Tome 1, "Mauvaise Rencontre à Lankhmar" :

https://www.babelio.com/livres/Leiber-Le-Cycle-des-epees--Mauvaise-rencontre-a-Lankhmar/315746/critiques/2195829



Tome 2, "La Boucle est bouclée" :

https://www.babelio.com/livres/Leiber-La-boucle-est-bouclee/330210/critiques/2196729



Tome 3, "Le Prix de l’oubli" :

https://www.babelio.com/livres/Leiber-Le-prix-de-loubli/207248/critiques/2197742



Tome 4, "Jours Maigres à Lankhmar" :

https://www.babelio.com/livres/Leiber-Le-Cycle-des-epees--Jours-maigres-a-Lankhmar/330211/critiques/2198719





Décidément Mike Mignola a la SFFF dans le sang : après avoir adapté Michael Moorcock il adapte Fritz Leiber son âme sœur avec son style si particulier encore en gestation, et ensuite il développera son propre univers avec "Hellboy" avant de se lancer dans tel ou tel projet toujours en rapport avec les genres de l’imaginaire ("Dracula", "The Witcher", et tutti quanti).

Le scénariste Howard Chaykin assure la transition entre l’auteur et le dessinateur dont le style si particulier est encore en gestation, en jouant pour le meilleur comme pour le pire la carte de la théâtralité. Après, et c’est les goûts et les couleurs de chacun, j’ai trouvé que si Al Williamson faisait le taf au niveau de l’encrage, Sherilyn van Valkenburgh nous offrait une colorisation assez terne… Les albums publié par Zenda étant devenus des objets de collection qu’on ne trouve que chez les bouquinistes les plus aguerris, amis lecteurs et amies lectrices il faudra se replier sur l’intégrale publiée par Delcourt. (Après c’est dommage que l’adaptation en comics soit passé à côté de la plupart des meilleurs récits de la saga d’origine...)
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Hellboy, tome 1 : Les germes de la destruct..

N’ayant encore jamais commencé cette série (honte à moi !), j’ai profité de la promotion émise par Delcourt pour acquérir ce volume ainsi que le tome 1 de B.P.R.D. pour le premier d’un seul, et ainsi découvrir les origines de l’univers construit du personnage d’Hellboy, les origines du « Mignola-verse ».



Avec Les Germes de la destruction, Mike Mignola emmène son lecteur sur les traces d’Hellboy, personnage qu’il a créé pour l’occasion. Mi-homme mi-diable, avec une main droite en pierre et un caractère très humain mais aussi bien trempé, Hellboy porte parfaitement ce premier tome à lui tout seul. Le premier épisode pose le contexte de son arrivée sur Terre : le 23 décembre 1944, au fin fond de l’Angleterre, un groupuscule nazi guidé par un mage mystique et charismatique (dont l’identité est dévoilée plus tard) organise une cérémonie infernale et déclenche l’apparition sur notre plan d’une créature démoniaque qui sera recueillie par le contre-espionnage des Alliés. Bien des années plus tard, cet Hellboy a grandi dans une société occidentale et a désormais rejoint le Bureau de Recherche et de Défense sur le Paranormal (B.P.R.D. en anglais), lui donnant l’occasion de mettre à profit ses capacités surhumaines dans des contextes surnaturels.

Pour ceux qui connaîtraient davantage les adaptations cinématographiques, ce premier tome a, à peu près, été adapté dans le premier opus dû à Guillermo Del Toro. Visuellement, il ne faut pas forcément s’attendre au même genre d’univers, puisque Mike Mignola a une patte assez particulière si on ne s’y est pas préparé auparavant. En effet, dès le départ, l’influence d’un Frank Miller se fait un peu ressentir et on ne peut s’éviter de faire un parallèle avec Sin City (publiée dans ces mêmes années, à partir de 1994, coïncidence ?) : Hellboy peut facilement se comparer à un Marv dans « Le Grand Carnage » où, héros solitaire, il remonte le fil de ses pensées et de ses combats pour déceler la vérité. Ici, de même, Hellboy mène l’enquête pour trouver l’origine des mystérieuses créatures reptiliennes qui commencent à pulluler. Même si Mike Mignola ne cherche pas du tout à transcrire les émotions des personnages au vu de son utilisation des visages, il utilise en revanche énormément les contrastes de couleur et de lumière, mettant en valeur les sauts, les envolées et les mouvements du personnage principal.

De plus, la série Hellboy débute par un premier tome ouvrant sur un monde gigantesque de possibilités et très dense en matière de personnages à découvrir. Que ce soit Trevor Bruttenholm, le père adoptif, ou Elizabeth Sherman, ou le fameux et attachant Abe Sapiens, un homme-poisson, tous les personnages secondaires mériteraient de s’attarder sur leur histoire. De fait, Mike Mignola a depuis 1994 largement étendu son univers autour de Hellboy avec quantité de séries dérivées de cette première série (Hellboy Aventures, Hellboy en enfer, B.P.R.D., etc.).



Un bon premier tome donc, déroutant par son aspect visuel particulièrement sombre, alors même que la couleur est tout aussi présente : l’ensemble est solide et pose parfaitement un univers entier à faire vivre.

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Les Chroniques de Corum, tome 1 : Le Cheval..

Coincé entre la dark fantasy baroque d'Elric de Melniboné et le post-apocalyptique décadent d'Hawkmoon, le prince Corum Jhaelen Irsei n'est la création la plus populaire de Michael Moorcock le Prométhée des genres de l'imaginaire, mais elle n'en reste pas moins très intéressante. Dans l'univers de Corum, les Vadghaghs et les Nhadraghs disposent d'une longévité qui fait la jalousie des humains nommés Mabdens, et il se sont fait la guerre guerre pendant des siècles sinon des millénaires avant de conclure à la la stérilité de leur affrontement, de faire la paix et de vaquer chacun de leur côté à leur occupation collectives ou personnelles au point de ne plus savoir faire la guerre et laissant à leur sort les Mabdens à la vie brève et au taux de reproduction élevé plus proche de la barbarie que la civilisation… Il est étonnant que Michael Moorcock qui a toujours revendiqué sa tolkienophobie parte d'un "Silmarillion" transposé en Science-Fantasy…



Les Vadghaghs sont un peuple qui utilise la force de l'esprit comme technologie et non comme magie pour entre autres choses les transports et les communications, et quand au Castel Erorn la famille de Khlonskey ne parvient plus à joindre les autres, le roi demande au prince de voir pas lui-même de quoi il en retourne. Chevalier errant, il découvre un monde en ruine aux les barbares humains ont remplacés Vadghaghs et Nhadraghs, dans lequel Gladnyth A-Krae conquérant raciste et génocidaire est parti en croisade contre les races anciennes et qui n'hésite pas à s'en prendre aux siens quand il ne partage pas ses projets (toutes allusions aux néo-nazis anglo-saxons des années 1970 ne sont pas fortuites du tout). le havre de paix de Casgel Erorn redécouvre la guerre et la violence, et le Prince Corum arrive trop tard pour partager son sort. Sa Némésis lui prend un oeil et une main, mais il apprend la haine !

Le destin en veut pourtant autrement puisque que Corum Jhaelen Irsei échappe à ses tourments (deus ex machina du simiesque serviteur de l'ombre d'un dieu), et se retrouve au bon soin de la Margravine Rhalina dirigeante d'un mélange entre la cité d'Ys et du Mont Saint Michel qui lui prouve que les humains ne sont pas tous des barbares sanguinaires, et après avoir appris la haine et l'envie de tuer c'est l'amour et l'envie de protéger qu'il apprend (la belle veuve est douce mais pas faible, d'ailleurs c'est elle qui met le héros dans sa couche et non l'inverse !). A une époque où les unions mixtes sont encore aux yeux de ses saloperies d'élites autoproclamées un crime contre les bonnes moeurs, l'auteur fait preuve d'un iconoclasme complètement assumé. En son temps cela a beaucoup choqué, mais je ne vais pas verser une larme sur les états d'âmes de l'autoproclamée « bonne société »… Toujours est-il que Corum retrouve sa Némésis et que pour lui sauver la vie Rhalina fait appelle à la plus noire des sorcellerie !



Si la 1ère partie du récit mélangeait "Le Morte d'Arthur" et "La Planète des singes", dans la 2e partie l'auteur renoue avec ses premières amours à savoir les pulps à la "John Carter" (comme le prouve le jardin carnivore qui était dans une des plus pulpienne nouvelle de R.E Howard). Corum apprend de la bouche du sorcier Shool que Gladnyth A-Krae et les Mabdens ne sont que les pions d'Arioch, le Chevalier des Épées dieu du chaos. Il lui promet la vengeance en échange de ses services, et c'est ainsi que Corum se retrouve avec l'oeil d'un dieu mort qui lui permet de voir les enfers et la main d'un autre dieu mort qui lui permet de commander aux derniers arrivés de ses habitants, avant de partir dans une odyssée pour parvenir au Palais d'Arioch… La suite du récit est donc très pulpienne mais associées aux souvenirs des aventures de Jason et d'Ulysse (mais ces récits n'étaient-ils pas des pulps antiques ?), Corum rencontrant divers serviteurs du dieu dont ils sont les victimes : Corum veut les épargner, mais est obliger de les tuer pour pouvoir avancer (la main du dieu mort étant à peine moins traîtresse qu'une certaine épée noire buveuse d'âme qui ne faut pas nommer, car la nommer c'est l'appeler et hâter le fin de son monde). C'est ainsi qu'il fait la rencontre d'Hanafax, soldat, prêtre et explorateur, mais aussi Dédale, Da Vinci et Magellan qui va l'accompagner un temps. A la Porte du Lion, l'auteur renoue avec ses autres premières amours à savoir les tragédies shakespeariennes, puisque pour avancer il est obligé de tuer un ami et le peuple qu'il pensait avoir perdu et qu'il espérait avoir retrouve »… La fin du récit est quasiment psychédélique avec le Palais d'Arioch et le Duc Arioch lui-même qui peuvent changer d'apparence à volonté. Nous sommes au royaumes des chimères, et Corum doit voir à travers les illusions et les mensonges : il rejoint les autres champions envoyés pour voler le coeur du dieu du chaos, et ils font cause commune pour faire triompher la justice. Nous sommes dans les codes des contes de fées, mais comme tous les héros moorcockiens Corum doit agir en « problem solver » pour qu'elle triomphe : va-t-il opter pour la haine ou pour l'amour ?





Coincé entre le texte de Michael Moorcock et les dessins d'un Mike Mignola en début de carrière mais déjà très mature et qui a tout compris en mélangeant science et magie, le scénariste Mike Baron livre une adaptation très fidèle mais très efficace. Évidemment j'attends la suite avec impatience (chat ailé, guerriers zombifiés, elfes avec rayons lasers et vaisseaux spatiaux : que du bonheur !). Et évidemment je ne résiste pas à la tentation d'écrire que Gillossen d'Elbakin.net raconte une fois de plus des bullshits en comparant tout cela au blockbuster de Glénat : tu ne peux pas comparer frontalement un comic des années 1980 et une BD des années 2010, un artiste en début de carrière et des artistes au sommet de son art… C'est encore une fois du grand n'importe quoi !
Lien : http://www.portesdumultivers..
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Dracula

Une curiosité que ce comic, curiosité qui ne pouvait que m'attirer, malgré une méfiance certaine envers les adaptations de films en bouquin (alors que dans l'autre sens, ça parait tout naturel, ce qui prouve bien qu'on a parfois des raisonnement complètement cons) :



-j'adore le "Dracula" de Coppola, même s'il fut diversement apprécié à l'époque (notamment en raison d'une certaine surcharge esthétique)



-j'adore Mignola, qui assure les dessins de l'ouvrage



-j'ai récemment lu le roman original de Stoker



-le bouquin coutait 2 euros.



Bref, que de bonnes raisons de passer outre les réflexes habituels. Oui mais au final me direz-vous ? le scénario est assez fidèle au film mais j'ai moyennement apprécié une narration hachée, avec des transitions abruptes, dont l'objet semble être de faire tenir l'ensemble des scènes clefs du film dans un minimum de place. Il est vrai que le film est long et qu'étant désignée comme une adaptation officielle, le cahier des charges devait être précis et contraignant. Par contre c'est un vrai bonheur d'apprécier le travail de Mignola, alors encore peu connu (avant Hellboy donc, au début des 1990's) dont le style est déjà très abouti, simple en apparence, mais très expressif et contrasté, avec ces grands aplats de noir. Au passage l'encrage de John Nyberg et les couleurs de Mark Chiarello sont eux aussi très réussis. La partie graphique est donc l'attrait principale du bouquin et fait véritablement écho à l'esthétisme du film.



De plus ce fut également une excellente occasion de pouvoir comparer le roman original et cette adaptation cinématographique. Globalement Coppola a respecté l'histoire de Stoker mais change profondément le personnage de Dracula en l'humanisant. Comment ? En lui inventant un passé, absent du roman mais, nécessairement, objet de tous les fantasmes vu la longévité du comte. Ainsi, si Stoker laisse vaguement sous-entendre que Dracula fut un redoutable chef de guerre, Coppola lui va plus loin en précisant qu''il a été au service de l'Eglise, dans sa lutte contre les turcs et qu'il renia cette dernière suite à la mort de sa bien-aimée, suicidée (car croyant son amour mort au combat) et dont l'âme était promise à l'enfer. Dès lors, la malédiction semble être son choix et son immortalité le moyen de retrouver sa belle. Belle qu'il croira reconnaître en Mina Murray (ou Harker). Ainsi Coppola introduit l'amour, mais également le désir et l'érotisme, dimensions bien souvent associées au vampirisme, là où Stoker ne m'a pas semblé vraiment y accorder une grande importance, au contraire de la prédation, activité, chacun le sait, très appréciée de nos amis à longues dents.



En résumé, que l'on aime le film, le roman, ou les deux, et si, en plus, on apprécie Mignola, on a franchement aucune raison sérieuse d'éviter cette bd.

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Rocket Raccoon & Groot: The Complete Collec..

Voici une mini série de 1985 qui nous présente Rocket Raccoon, un des nouveau personnages de l’équipe des gardiens de la galaxie.



Depuis la sortie du film « Les gardiens de la galaxie » (que je n’ai pas encore vu) la popularité du petit raton-laceur monte en flèche. Panini Comics a donc décidé de publier un numéro entier a cet étrange personnage assez méconnu du grand public.



Il faut savoir que cette histoire avait été écrite à l’époque mais sans vraiment savoir ce que deviendrait ce personnage. On a donc droit a une histoire assez délirante, très difficile a comprendre et il faut bien le reconnaitre pas très intéressante. Ca part dans tous les sens, les personnages sont tous loufoques et pas du tout crédibles. Pas étonnant que cette mini-série ne soit pas un succès.



En tout cas, pour découvrir les origines du personnage c’est parfait et pas cher, de plus cela évite de devoir piocher a croie et a gauche dans d’autre séries pour tout relier. Idéal pour moi qui me lance dans la découverte de ces fameux gardiens dont on nous parle tant en ce moment.
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Dracula

Dracula de Bram Stoker, je le connais bien (lu le roman deux fois) et je connais encore plus l’adaptation faite par Francis Ford Coppola (que j’ai dû voir 36 fois au moins).



Donc, lire l’adaptation du film (lui-même adapté du roman) en bédé, ça pourrait sembler être une redite…



C’est en une sans en être, car malgré tout, la mémoire efface certains détails et la version bédé a le mérite d’aller au plus rapide.



Possédant la version couleur, je me suis fait prêter la version en noir et blanc afin de comparer les deux éditions. Lisant la version N&B, je comparais ensuite la page avec celle de la version couleur.



Ce ne sont pas tout à fait les mêmes : la traduction est un peu différente entre les deux, certains graphismes ont été revus, mais dans l’ensemble, peu de différence, si ce n’est que l’on perçoit mieux les dessins avec les couleurs qu’en version N&B.



Si l’histoire est une adaptation assez fidèle du film (mais avec moins de détails), si j’ai pris plaisir à me remettre en mémoire, on ne pourra pas dire que les dessins de Mike Mignola m’auront apportés de la jouissance visuelle.



Trop d’ombres dans les visages et dans les décors. Cela brouille la perception que l’on aimerait avoir des personnages, cela cache les expressions des visages et réduisent l’endroit dans lequel ils évoluent à leur plus simple expression.



Ces zones d’ombres sont les mêmes dans la version couleurs, mais justement, les couleurs apportent un peu plus de détails aux cases et de ce point de vue-là, je préfère la version colorisée de 1994.



Comme je le disais plus haut, l’adaptation est assez fidèle, mais adapter un film en version bédé implique des coupes dans le récit, des ellipses et le bât a blessé un peu, car cela donnait l’impression d’être face à un récit décousu.



Évidemment, l’adaptation n’était pas simple : le film de Coppola était long (et bon) puisque le cinéaste avait donné un passé à Dracula, humanisant le vampire, plus que le roman original de Stoker.



Adapter c’est donc trancher, couper, décapiter, renoncer… Le fait d’avoir encore en mémoire une grande partie du film m’a permis de ne pas perdre pied dans ce récit haché.



Anybref, ce ne sera pas un coup de cœur, ni pour les dessins, ni pour l’adaptation générale en bédé. Et ce, quelque soit la version (colorisée ou pas).


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Falconspeare

Quel prix pour anéantir un monstre ?

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Ce tome contient une histoire complète mettant en scène des personnages apparus dans deux autres tomes. Sa première édition date de 2021, sans prépublication. Il a été réalisé par Warwick Johnson-Caldwell pour le scénario, les dessins et l'encrage, la mise en couleurs. Le lettrage a été confié à Clem Robins. La couverture a été dessinée par Mike Mignola, avec une mise en couleurs réalisée par Dave Stewart. L'auteur a basé son histoire sur des personnages créés par Mignola et lui-même.



Il y a quinze ans de cela, quelque part dans la campagne européenne, un éclair illumine le ciel au-dessus de la tour d'un château fortifié. Mary et James Falconspeare grimpent les marches de l'escalier en colimaçon, alors que la pluie bat son plein à l'extérieur. Arrivé au dernier étage, James balance un grand coup de pied dans la porte en bois qui s'ouvre violemment. Lui s'avance dans la pièce avec un pieu en bois dans la main droite, alors qu'elle avance derrière lui, avec une Bible entourée d'un chapelet dans la main droite. Soudain, un vampire fait irruption dans la pièce en défonçant la fenêtre. Il s'attaque à James en le prenant à la gorge, pendant que Mary avance vers le cercueil. Monsieur Knox est à son tour entré dans la pièce et a lancé un vase métallique en pleine tête du vampire. Le vampire se tourne vers lui, mais May a atteint le cercueil et place la Bible avec son chapelet, à l'intérieur. Le vampire lâche James et s'avance vers le cercueil. James sort un couteau de sa manche et tranche net le cou du vampire dont la tête choit à terre. Il continue à émettre des sifflements. Mary la ramasse et la met dans le cercueil.



Le corps sans tête commence à se relever. Knox a trouvé un bâton de dynamite dans sa sacoche et il le confie à Mary qui le met dans le cercueil. Elle parvient à l'allumer et avec l'aide de James et Knox, ils remettent en place le couvercle. L'explosion est contenue dans le cercueil de pierre, et le corps s'écroule, la tête ayant été pulvérisée. Tout le monde se laisse tomber à terre et pousse un gros soupir de soulagement. C'est à ce moment-là que le professeur J.T. Meinhardt entre dans la pièce, l'épée à la main. Quinze plus tard, la bouilloire émet son sifflement caractéristique et monsieur Knox s'en occupe en prononçant un seul mot : Falconspeare. Knox se rend dans l'étude de J.T. Meinhardt avec Mary van Sloan et ils lui parlent de ces lettres de James, toutes vierges. Elles ne portent que deux lettres : B et K. Cela dit quelque chose au professeur : il agite sa clochette et le serviteur ronchon Tuphold se montre à l'embrasure de la porte. Meinhardt commence sa phrase sur les enveloppes, mais l'autre a déjà tourné les talons. Mary indique qu'elles portent toutes un timbre de Moldovena. Knox prend une carte dans un rayonnage et l'étale sur la petite table. Ils examinent le territoire qui couvre une belle surface. Cuphold est revenu avec trois autres lettres identiques qu'il fait claquer sur la table et il repart sans avoir prononcé un seul mot. Les trois enquêteurs s'interrogent sur le sens à donner à BK.



C'est donc la troisième collaboration entre Mignola et Caldwell après Mr. Higgins Comes Home (2017), puis Our Encounters with Evil: Adventures of Professor J.T. Meinhardt and His Assistant Mr. Knox (2019). Le lecteur retrouve les deux personnages principaux : Meinhardt et Knox. Il peut également lire ce tome sans avoir lu les précédents, sans ressentir aucune incompréhension. La page de crédits précise que cette fois-ci Caldwell est le seul auteur, sans apport de Mignola pour le scénario. L'histoire se déroule donc en deux parties : un prologue montrant le quatuor en action, même si le professeur Meinhardt arrive après la bataille, puis l'enquête pour retrouver James Falconspeare. Comme le promet la couverture, il y a bien une chasse au vampire, celui occis il y a quinze ans, et encore un autre au temps présent du récit. L'auteur a adopté un ton très factuel : la description des agissements du quatuor, les différentes étapes de l'enquête, la découverte de ce qu'a fait Falconspeare pendant ces années passées, par de blablas inutiles, pas d'atermoiements, des adultes habitués à travailler ensemble, sans conflit d'ego, sans sentimentalisme. Les dessins montrent posément les personnages, les lieux les actes. La lecture est très aisée, juste un peu ralentie pendant deux pages, le temps que James explique ce qu'il a fait pour se retrouver dans cette situation.



Le lecteur découvre le dessin d'ouverture en pleine page avec deux cases en insert. Il remarque un bon niveau de détails : l'architecture de la tour, les toiles en tuiles des bâtiments l'entourant, les armoiries accrochées sur les murs de l'escalier en colimaçon, les vêtements des deux personnages. Effectivement, tout du long des 49 pages du récit, l'artiste prend soin de représenter les particularités de chaque environnement : le cercueil en pierre, le bureau de Meinhardt avec ses bibliothèques, la grande rue de Betivika et son port de pêche, la taverne où ils retrouvent Dolentin l'une des rares victimes à avoir survécu au vampire, le manoir du baron Fontin. Le dessinateur représente les décors avec une grande régularité, ne semblant faiblir que lors des quatre dernières pages pour l'affrontement physique final. Le lecteur s'en trouve presque surpris car ce niveau de qualité descriptive est généré par des dessins à l'allure un peu enfantine. Le premier vampire est un monstre caricatural : un crâne un peu allongé et un peau toute blanche, des dents tellement grandes qu'il ne doit pas pouvoir refermer la bouche, et tellement acérées qu'il doit se couper en refermant la bouche, une longue silhouette un peu désarticulée, ne respectant pas l'anatomie, et des expressions de rage très théâtrales. De la même manière le visage des trois enquêteurs présente une forme exagérée : avec une énorme excroissance en haut du crâne pour Knox, très allongé pour Meinhardt avec des grosses lunettes rondes et une moustache qui donne l'impression d'un postiche, des yeux et une bouche trop ronds pour Mary.



Il est possible que le lecteur se retrouve un peu décontenancé par le rendu en apparence enfantin des dessins, les traits encrés qui peuvent dépasser d'un demi-millimètre du bord de la case, les perspectives un peu gauchies, les épaules très tombantes des personnages (à la Mike Mignola), les bouilles naïves donnant une apparence immature aux adultes, et en même temps le bon niveau de détails. Sous réserve qu'il parvienne à passer outre cette apparence de surface, il se rend compte que l'horreur est bien présente. La tête tranchée net du vampire. Les cadavres dénudés dans la rivière. L'individu en slip affalé dans son canapé et dont le corps est parcouru de fines trainées du sang de sa victime. Le cuisinier qui meurt d'un coup de couteau en pleine poitrine, sous les yeux de son fils. Etc. L'auteur ne ménage pas ses personnages, et seul le rendu inoffensif des représentations empêche que le récit verse dans le gore glauque. En fait, le lecteur se dit que ce rendu particulier inscrit la narration dans le registre du conte, mais que l'adulte le lisant perçoit toute la violence et la cruauté des faits.



Une fois qu'il s'est adapté à la narration visuelle, le lecteur retrouve bien l'ambiance propre aux récits de Mike Mignola : la vieille Europe au dix-neuvième siècle, l'Angleterre et le thé, l'Europe Centrale avec ses légendes et ses monstres, et les restes d'une noblesse au-dessus des lois. Il ressent l'hommage aux films de monstres Universal, avec des images évocatrices de ces atmosphères, sans être un ersatz ou une pâle copie affadie. Il ressent également une forme de dérision discrète dans certaines scènes. Par exemple, le professeur s'avère être souvent inutile. Impossible de ne pas sourire en le voyant passer la porte de la pièce du sommet de la tour, alors que James, Knox et Mary ont déjà fait tout le boulot. Impossible de ne pas sourire juste à son allure avec son expression un peu ahurie, ses yeux trop écartés derrière ses gros verres de lunette, sa moustache trop épaisse et trop raide, sa longue écharpe jaune et noire qui ne fait pas du tout aventurier. Le lecteur sourit tout autant en voyant l'expression du visage du vampire qui se rend compte qu'il vient de subir un décolletage parfait, ou encore devant la mine renfrognée de Cuphold. Là encore l'amalgame entre un récit de vampire premier degré avec l'horreur qui l'accompagne, et une forme de dérision en toute connivence peut déstabiliser le lecteur qui attendrait un récit tout entier dans l'aventure sérieuse. Pour autant, cela n'empêche par l'auteur de raconter un récit vraiment horrifique, pas seulement du fait de la présence d'un vampire, mais aussi à cause des sacrifices que le héros doit consentir pour parvenir à défaire l'individu malfaisant qui commet des crimes atroces. Johnson-Caldwell montre aussi que ces forfaits ne sont rendus possibles que parce que le criminel profite d'un système social inique, donc un récit prenant le recul nécessaire pour intégrer une fibre de critique sociale.



La couverture de Mike Mignola promet un récit de monstre avec une ambiance bien gothique. C'est bien ce que découvre le lecteur, avec un récit plus consistant que ne le laisse supposer la courte pagination. Dans un premier temps, il peut trouver que la narration visuelle est un petit peu naïve, mais il prend progressivement conscience qu'elle respecte l'esprit de l'esthétique de Mignola, lui aussi porté sur l'exagération parfois naïve pour donner plus d'impact à ses dessins. C'est également ce que fait Warwick Johnson-Caldwell, dans un registre moins enténébré, mais tout aussi cruel.
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Abe Sapien, Tome 1 : La noyade

A la fin du XIX siècle, Edward Grey croit se débarrasser définitivement d'Epke Vrooman, un puissant sorcier, en lui plantant dans le torse une dague magique, forgée pour vaincre les démons. L'action se déroule sur un voilier qui sombre peu après au large de Saint-Sébastien, une petite île française. En 1981, Trevor Bruttenholm (le mentor de Hellboy et membre du BPRD) découvre le journal de Grey et ne conçoit pas de laisser une puissante arme magique dans la nature. Il demande donc, en l'absence de Hellboy, parti en voyage avec l'archéologue Anastasia Bransfield, à Abe Sapien, un agent novice (et de surcroît homme poisson) de s'en charger...



"Abe Sapien" peut se lire indépendamment de "Hellboy" et "BPRD mais ne constitue pas, je pense, la meilleur porte d'entrée pour découvrir l’œuvre de Mignola. D'une part le personnage (qui apparaît pour la première fois dans Hellboy en 1994) manque singulièrement de charisme et, à part exprimer ses doutes quant à ses compétences, il ne fait pas grand chose tout au long de cette histoire. D'autre part, cette dernière est plutôt plate, et, à l'image du principal protagoniste, manque définitivement de consistance. Les acolytes d'Abe n'ont, malheureusement, guère le temps de relever le niveau avant de passer l'arme à gauche. La narration est des plus linéaire et je suppose que l'idée était de faire un récit d'ambiance (genre des évènements étranges se déroulent sur une île isolée) mais la mayonnaise ne prend pas.



Ce qui est dommage car j'ai plutôt apprécier les dessins de Jason Shawn Alexander qui présente un trait assez fin et surtout un encrage très marqué qui met en avant de grandes zones d'ombre, ce qui est bien en adéquation avec les ambiances fantastiques, tendance démoniaque. Dommage que l'ensemble manque de dynamisme, notamment dans les scènes d'actions. Les décors sont globalement sympas.



Au final, "Abe Sapien" est tout à fait dispensable et certainement pas l’œuvre la plus appropriée pour découvrir l'univers de Mignola. On lui préfèrera largement "Hellboy" ou "BPRD". A voir (éventuellement) comment tout cela évolue dans le tome 2.
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Zombies le maître des vers

En 1998, Mike Mignola, futur créateur de Hell Boy, collabore à cette bande-dessinée, avec Pat Mc Eown au scénario.

Dans le musée archéologique de Whistler, Massachussets, un sarcophage hyperborréen pose bien des problèmes... Les employés du musée disent qu'il est hanté. Des experts sont appelés en renfort. Un bijoux sur le sarcophage a disparu, ainsi que la momie qui devait se trouver à l'intérieur : Azul Gotha, le maitre des vers semble s'être "échappé"... Les morts vont se relever de leurs tombes... l'apocalypse est en marche.

Hommage à Lovecraft, mais aussi aux classiques de la Hammer, avec un vieux professeur, une jeune ingénue, un Dieu venu d'ailleurs...

Le dessin, très comics de Mignola donne un ton léger à cette aventure fantastico-zombiesque.

Rien de transcendant.

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Batman : Gotham by Gaslight

Batman vs Jack The Ripper ? Je demandais à voir… L’époque ne leur est pas commune (contrairement à celle avec Holmes) et l’endroit encore moins, sauf si Gotham a déménagée à Londres.



Ce comics avait été adapté en film, (en 2018 par Sam Liu), mais très librement adapté et j’ai préféré faire la version bédé que celle du film sorti directement en vidéo à l’époque.



L’histoire commence par le meurtre de deux personnes, en pleine campagne, durant un voyage en calèche et leur gamin est sauvé par un vol de chauve-souris.



Vienne, 1889… Bruce Wayne raconte ce rêve étrange qu’il fait à un docteur, un certain Freud. Mais ce n’est pas un rêve, c’est un souvenir plus ou moins fidèle d’un évènement réel. Ce qu’il voudrait savoir, notre homme c’est le rapport avec les chauves-souris.



Transposer l’univers de Batman à l’époque victorienne, fallait oser. Reprendre tous les personnages de son univers, Gotham comprise et les déplacer en 1889, c’était une idée qui valait la peine d’être exploité.



Si je ne suis pas tombée en pâmoison devant les dessins, je dois avouer tout de même qu’ils étaient plaisant et avaient un air rétro, comme si nous lisions un comics de 1889 dont les couleurs ne sont pas aussi vives que ceux de notre époque.



Par contre, je n’ai pas aimé les dessins représentant Batman, avec son masque ressemblant plus à celui d’un pingouin qu’à celui ultra sexy de la chauve-souris.



La ville de Gotham, aussi gangrenée par le crime et le vice que Londres est bien reproduite, mais ça fait tout de même bizarre d’y découvrir des fiacres et non des voitures ! Elle aussi a un charme rétro dû aux dessins, même si on a pas envie d’aller se frotter à sa pègre.



Comme toujours, notre Batman sauve les gens, se débarrasse des méchants mais quand des meurtres sordides de femmes ont lieu dans les ruelles sombres de Gotham, la presse titre « Bat-Man est-il le tueur ? » et le dire, c’est déjà le sous-entendre, c’est planter la graine de la peur, de la suspicion dans l’esprit des gens.



J’ai été surprise de la direction de l’histoire, du fait que Bruce Wayne ait dû résoudre cette affaire de cette manière (no spolier) mais la résolution était un peu faiblarde je trouve, surtout pour ce mobile aussi futile et un peu capillotracté à mon sens.



D’ailleurs, nous n’étions même pas à la moitié du récit que l’affaire Jack The Ripper était déjà pliée, résolue et au suivant ! Purée, rapide… Trop rapide, on a l’impression que l’on a survolé l’histoire, l’enquête, la résolution…



L’histoire suivante met en scène un mégalo qui veut dicter sa loi aux autorités de la ville de Gotham sous peine de la faire brûler. Il y a de l’action, de la baston, c’est rythmé et même si tout se règle dans les dernières pages, il y a tout de même un autre responsable que ce fou de Leroy.



Pas tout à fait conquise par cet opus de Batman.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Witchfinder, tome 1 : Au service des anges

Mike Mignola a trouvé avec Ben Stenbeck un dessinateur proche de son esprit. Les décors épurés arrivent cependant à donner une impression de réalisme, et les personnages ont presque les traits de ceux de …Mignola.

Quelques personnages secondaires intéressants auraient peut-être mérités d’être plus développés, et le scénario reste, comme souvent chez lui, légèrement confus. Ce n’en est pas moins, sûrement, le début d’une bonne série.

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Hellboy & B.P.R.D., tome 6 : La bête de Vargu

Ce tome comprend quatre histoires indépendantes qui ne nécessitent pas de connaissance préalable de Hellboy ou du BPRD pour pouvoir être appréciées.



The beast of Vargu : scénario de Mike Mignola, dessins et encrage de Duncan Fegredo, couleurs de Dave Stewart, 2019, 18 pages + 1 histoire courte de 4 pages. 1962, en Roumanie, Hellboy examine des ruines dans les montagnes des Carpathes, la représentation d'un chevalier gravée dans les dalles de pierre au sol. Il arrache du lierre et découvre les armoiries gravées sur ce qui fut un manteau de cheminée. Il se souvient qu'il y a six heures il avait le professeur Bruttenholm au bout du fil, lui dans la taverne locale, le professeur dans son bureau. Ce dernier évoquait la réputation maléfique du château, remontant au quatorzième siècle, alors qu'il était occupé par la famille Szilagy, plus précisément Costache Zzilagy. Hellboy l'avait interrompu pour en savoir plus sur le monstre : Buttenholm avait évoqué des disparitions et des personnes éventrées en 1452, 1669, 1745, 1816, 1889, et cette année. Puis il s'était rendu au château Vargu. Le monstre finit par apparaître et attaque Hellboy.



Quel plaisir de retrouver Duncan Fegredo dessinant une aventure de Hellboy ! Le lecteur retrouve le dessinateur de The Wild Hunt, artiste réussissant à combiner la sensibilité gothique de Mike Mignola avec une apparence plus descriptive et plus détaillée. Il n'a rien perdu de sa précision avec la texture de la pierre, l'impression de la végétation envahissante, les menus détails du bar d'où Hellboy téléphone, la magnifique roulotte de la mère et sa fille, sans oublier le théâtre de marionnettes. Dave Stewart nourrit les dessins avec un sens de l'équilibre extraordinaire : complétant les traits encrés sans les supplanter. Fegredo représente 7 pages de combat physique, brutal à souhait et primaire à grands coups de poing, montrant toute la force de Hellboy et la bestialité de son adversaire, pour une narration premier degré et rythmée, à l'opposé d'un alignement de cases basées uniquement sur de jolies postures. Il opère un rapprochement visuel entre la réalité et la représentation de marionnettes qui fonctionne parfaitement, le lecteur se projetant dans la représentation des pantins, avec la même implication que Hellboy.



Mike Mignola a concocté une histoire courte et dense, au cours de laquelle le lecteur trouve ce qu'il est venu chercher : Hellboy tape comme un sourd contre un gros monstre surnaturel. Le scénariste prend comme point de départ une légende (un château hanté) et il entremêle le rôle d'une montreuse de marionnettes, pour un déroulement surprenant et fascinant, rappelant que son héros n'évolue pas dans un monde rationnel. L'histoire courte supplémentaire est tout aussi divertissante, le lecteur assistant à nouveau à une histoire dans l'histoire sous forme d'un spectacle de marionnettes.



Saturn returns : scénario de Mike Mignola & Scott Allie, dessins et encrage de Christopher Mitten, couleurs de Brennan Wagner, 2019, 66 pages. Octobre 1975, dans le New Hampshire à Tatoskok Falls, Hellboy et l'agent Kinsley se tiennent devant une large fosse en pleine forêt, en présence des policiers locaux. Ces derniers ont retrouvé plusieurs cadavres qu'ils ont exhumés. Quelques habitants sont présents, en espérant identifier des proches ayant disparu au cours des dernières décennies. Alors qu'Hellboy et Kinsley examinent des signes cabalistiques tracés avec du sang sur une paroi, ils sont rejoints par l'agent spécial Oates Les signes ne veulent pas dire grand-chose, mélangeant plusieurs alphabets. Certains cadavres ont la cage thoracique défoncée, leur cœur ayant été extirpé. Dans la base du BPRD à Fairfield dans le Connecticut, Liz Sherman en a assez de devoir rester enfermée dans le bâtiment et elle exige de voir Hellboy.



L'histoire la plus longue du recueil : les coscénaristes prennent le temps de raconter l'enquête comme elle se déroule. Hellboy et l'agent Kinsleuy se retrouvent devant la fosse aux cadavres, et ils en suivent la progression : identification des corps, comparaison avec le fichier des disparus de la région, l'étrange mutilation des corps qui conduit à échafauder des hypothèses. Dans le même temps, les relations de travail s'étoffent : Hellboy & Kinsley apprennent à reconnaître et à apprécier leurs compétences respectives. L'agent spécial Oates se montre charmant et serviable, au point que le lecteur en vienne à trouver ça suspect. La police locale se montre compétente, sans être hostile. Le lecteur accompagne les différents protagonistes dans leur progression, avec un rythme naturaliste. En parallèle, Mignola & Allie racontent une phase de la vie de Liz Sherman, jeune recrue du BPRD, se sentant délaissée, et n'étant pas sans ressource.



Christopher Mitten, s'est fait connaître en illustrant les enquêtes surnaturelles de Cal McDonald, dans la série Criminal Macabre de Steve Niles. Il réalise des dessins moins ouvragés que ceux de Fegredo, avec un détourage de forme moins assuré en apparence, moins régulier, sans la dimension tactile des dessins de Fegredo. Ils sont bien complétés par la mise en couleurs, peut-être un peu trop saturée. Il réalise des dessins avec un niveau de détails supérieur à celui de Criminal Macabre, aboutissant à une narration visuelle qui n'est pas juste d'un niveau fonctionnel, et une sensibilité en phase avec l'ambiance teintée de surnaturel. Le lecteur prend plaisir à suivre cette enquête et à découvrir le fin mot de cette histoire de meurtres, surtout s'il garde à l'esprit que la dynamique de ce type de récit de Mignola ne repose pas sur une révélation finale tonitruante.



Krampusnacht : scénario de Mike Mignola, dessins, encrage et couleurs d'Adam Hughes, 2017, 22 pages. Dans la campagne autrichienne en 1975, Hellboy marche dans la neige et pénètre dans un bois clairsemé. Il aperçoit une silhouette spectrale de femme qui lui demande de sauver son garçon. Il distingue une maison dans une clairière et s'y dirige. Un homme l'attend à la porte pour l'accueillir et le faire entrer : Wilhelm Schulze. La table est mise et Schulze propose à Hellboy de dîner. Celui-ci répond qu'il est venu suite au bazar dans l'église, causé par Schulze. Ce dernier lui répond qu'il savait que ça le ferait venir. Hellboy sort un papier de sa poche : un dessin d'un diablotin menotté, avec une inscription en dessous Grus vom Krampus.



Adam Hughes est un dessinateur qui doit une partie significative de sa renommée au fait qu'il représente avec élégance et séduction les personnages féminins. Cette histoire ne joue pas sur ce point fort, mais sur une ambiance de maison isolée et d'approche de Noël. Mike Mignola pioche dans le folklore européen : la Krampus, créature mythique anthropomorphe et munie de cornes, dont le rôle est de punir les enfants s'étant mal conduits à l'époque de Noël, ou à celle de la Saint Nicolas. Comme pour la première histoire, le scénariste ne se contente pas d'écrire un prétexte pour un combat, et il développe Krampus dans une direction inattendue. Hughes a soigné ses dessins, ayant visiblement passé beaucoup de temps sur chaque planche, chaque case, avec un plaisir du même niveau que celui de Fegredo. Le lecteur regarde autour de lui dans la demeure douillette de Krampus, et s'amuse bien à voir lui et Hellboy se battre avec force. Un épisode sans prétention, avec une qualité de réalisation du meilleur niveau. Dans les pages de fin de tome, le lecteur découvre trois illustrations supplémentaires d'Adam Hughes, chacune s'apparentant à un cliché instantané pris à l'occasion d'une fête de Noël : celle de 1946, celle de 1995, et une autre plus tard, chacune correspondant à un stade de développement ou un moment de la vie différent de Hellboy.



Return of the Kambton worm : scénario de Mike Mignola, dessins et encrage de Ben Stenbeck, couleurs de Dave Stewart, 2018, 6 pages. En 1960, au nord du Yorkshire en Angleterre, Hellboy accompagne Trevor Bruttenholm et Edith une archéologue, dans les catacombes d'une église. Elle raconte l'histoire de John Lambton, un chevalier anglais pendant les croisades, et de son combat contre un dragon à son retour en Angleterre.



Il s'agit d'une histoire courte, initialement prépubliée dans Playboy Magazine. Les dessins de Ben Stenbeck évoquent un croisement entre la minutie de Fegredo, l'efficacité de Mitten, et la part des ténèbres de Mignola. Il donne l'impression d'avoir pris grand plaisir à représenter l'archéologue avec sa silhouette épanouie. Le déroulement de l'intrigue est simple et efficace, semblable à une trame étoffée, similaire à celle des histoires précédentes, mais réduite à une expression plus simple. Mignola s'amuse à y tisser un lien avec la nature réelle de Hellboy, révélée bien plus tard dans ses aventures.
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Hellboy & BPRD - 1956

D'une certaine manière, ce tome fait suite à Hellboy and the B.P.R.D.: 1955 (2017/2018), mais dans les faits, il n'est pas indispensable de l'avoir lu avant. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie 1956, ainsi que le numéro spécial Hellboy vs. Lobster Johnson, initialement parus en 2018/2019, coécrits par Mike Mignola & Chris Roberson. La couverture du recueil a été réalisée par Adam Hughes.



1956 (dessiné par Mike Norton pour le fil narratif suivant Trevor Bruttenholm, par Yishan Li pour le fil narratif suivant Susan Xiang, et par Michael Avon Oeming pour le fil narratif suivant Varvara) - Dans une note envoyée à l'ensemble du personnel, Trevor Bruttenholm indique qu'il a engagé Myron Linneberg en tant que consultant au sein du BPRD, et que Margaret Laine est dorénavant la directrice adjointe chargée des opérations. Au quartier général du BPRD à Fairfield dans le Connecticut, en 1956, Margaret Laine est en train de briefer les agents Hendricks et Murphy, ainsi que Hellboy sur la mission qu'elle leur assigne. De nombreux cas de possessions démoniaques, vampires, morts-vivants, sacrifices humains ont été signalés à l'intérieur du Mexique. Il y a de nombreux morts parmi les civils. Les 3 acceptent la mission, mais Hellboy reste dans la pièce souhaitant parler de Mac avec Margaret Laine. Celle-ci lui répond qu'elle n'en a pas le temps. En juillet 1956, à Washington DC, Trevor Bruttenholm pénètre dans le bureau de Dulles, l'un des directeurs de la CIA. Il est venu lui parler de l'enkeladite, et du fait qu'elle n'a pas été détruite comme il avait été convenu en 1948. En 1956, dans la base du BPRD, Myron Linneberg teste les capacités parapsychiques de Susan Xiang, en lui demandant de toucher une photographie et de lui décrire ses visions. Elle perçoit le traître russe en question, se tenant devant une silhouette démoniaque qui lui inspire de la peur. À Moscou au quartier général du Service des Sciences Spéciales (Special Science Service, SSS), Varvara s'entretient avec l'agent secret russe en question, puis donne ses ordres à Ivan Antonovitch Skuratov et à Raissa.



Alors que la série Hellboy s'est achevée en 2016, et que la série BPRD s'est achevée en 2019, Mike Mignola continue d'explorer cet univers par le biais de miniséries consacrées à des personnages emblématiques, et à combler les années entre l'apparition de Hellboy sur Terre et le début de sa série. S'il a déjà lu des épisodes de cette série Hellboy & BPRD, le lecteur sait que sa qualité est variable en fonction de l'intrigue, et en fonction des artistes retenus pour le projet. Il sait aussi qu'assez curieusement Mike Mignola conçoit cette série comme une série de miniséries (chacune consacrée à une année) et qu'en conséquence il ne se sent pas tenu de raconter une histoire complète pour chaque année. En découvrant la couverture, le lecteur subodore qu'il va enfin découvrir comment est né le lien affectif qu'entretient Hellboy avec le Mexique et peut-être avec les lutteurs de Lucha Libre, des histoires postérieures ayant été regroupées dans Hellboy in Mexico. Sans surprise, il se rend vite compte que la construction de cette histoire repose sur une connaissance préalable des personnages impliqués : Susan Xiang, Margaret Laine, mais aussi Varvara. Du coup pour pouvoir l'apprécier, il vaut mieux que le lecteur soit déjà familier de cet univers partagé, sinon il risque d'avoir du mal à comprendre les enjeux pour les personnages et à s'intéresser à la problématique de l'enkeladite.



Mike Mignola a construit son histoire sur une structure originale : 3 fils narratifs différents, s'attachant à 3 personnages différents, qui ont des points de jonction entre eux, mais pas forcément des répercussions en termes de déroulement de l'intrigue. Cette structure justifie le recours à 3 artistes différents, un par fil narratif. Effectivement, le lecteur découvre la raison pour laquelle Hellboy a développé un fort attachement affectif pour le Mexique. C'est certainement le fil narratif le plus déconcertant. La mission en elle-même n'est pas montrée et Hellboy apparaît surtout dans le cinquième épisode. Pour cette dernière partie, Mike Norton réalise des dessins descriptifs, avec des contours discrètement arrondis à quelques endroits, des aplats de noir un peu marqué, et un niveau de détails satisfaisant, en particulier pour l'intégration des éléments de la fête des morts. Le lecteur suit donc une narration visuelle en apparence décontractée, un peu touristique, parfois un peu amusée, amoindrissant pour partie le drame que vit Hellboy. Dans le même temps, son comportement à risque ne laisse pas de doute sur son état émotionnel et son incapacité à gérer le deuil. Au final, le lecteur partage plus la peine de Hellboy, qu'il ne sourit devant ses pitreries. Il se dit qu'une partie de la mélancolie inhérente au personnage découle de ce moment de sa vie.



Mike Norton dessine également les pages suivant chacun de leur côté Margaret Laine et Trevor Bruttenholm. Les dessins de Mike Norton pour eux sont tout aussi agréables : un bon degré descriptif (les 2 bureaux de Bruttenholm, les couloirs de la base du BPRD, une forêt dans le Colorado, un restaurant) et les personnages sont immédiatement identifiables, avec un jeu d'acteur naturaliste et réaliste. Le lecteur suit donc Margaret Laine dans ses fonctions, se heurtant à des réticences chez certains agents, s'énervant de devoir faire avec les cachotteries de Bruttenholm, et sa façon de passer par-dessus elle pour envoyer quelques agents où bon lui semble. Il découvre la vie de ce service, croisant des agents qu'il a déjà rencontrés précédemment (comme Archie Muraro), observant comment le BPRD prend de l'ampleur très progressivement. D'un point de vue intrigue, suspense et action, le fil narratif suivant Bruttenholm s'avère plus riche. En tant que directeur du BPRD, il s'implique dans des situations plus épineuses, à commencer par la réapparition d'enkeladite, matériau ayant pourtant été détruit. Cela le mène aussi bien dans les bureaux de la CIA à Washington DC, que dans une marche en pleine forêt au Colorado. Le lecteur voit apparaître avec surprise un endroit occupant une place majeure dans la série du BPRD au présent, et un autre agent croisé précédemment Jacob Stegner. L'intrigue secondaire relative à l'enkedalite ne trouve pas sa résolution (certainement remise à une minisérie ultérieure), mais l'intrigue principale trouve son aboutissement ici.



Le fil narratif suivant Susan Xiang est d'une nature encore différente. Elle a intégré le BPRD et Trevor Bruttenholm lui confie des missions officieuses. Le lecteur se rend compte que Mike Mignola s'amuse à entremêler les actions d'agents doubles pour un récit d'espionnage traditionnel, tout en utilisant les visions de Susan Xiang pour montrer au lecteur comment les événements et les personnages se connectent avec ce qu'il sait déjà s'il a lu la série BPRD. Pour un nouveau lecteur découvrant l'univers partagé d'Hellboy avec cette série de miniséries dans l'ordre chronologique, il éprouve la sensation d'un futur catastrophique, noir et inéluctable. Yishan Li effectue là son premier travail pour Mike Mignola. Elle utilise un trait de contour plus fin et plus sec que celui de Mike Norton avec une impression de dessins plus légers, contenant moins d'informations, mais aussi plus adaptés pour retranscrire l'impression funeste donnée par les visions du futur. Enfin, le lecteur retrouve Varvara faisant tourner en bourrique les responsables du SSS. Là encore son ressenti devant ces séquences dépend de son niveau de connaissance du personnage. S'il a lu la fin de la série BPRD, il apprécie mieux le jeu sadique auquel se livre Varvara, en ayant conscience de son véritable niveau de pouvoir. S'il la découvre avec cette minisérie, il se lance dans des conjectures quant à sa véritable nature, quant à l'abomination qu'elle est vraiment. C'est un vrai plaisir de retrouver les dessins si particuliers de Michael Avon Oeming : des traits de contour assez gras et anguleux, une simplification des formes faisant parfois penser à un dessin animé pour la jeunesse, une forme d'efficacité brute qui joue à la fois sur l'ambiance et sur une description sans filtre ni fard. Le lecteur de longue date est aux anges de découvrir comment Varvara a fini sous un tube.



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Hellboy vs. Lobster Johnson: Down Mexico Way (dessins et encrage de Mike Norton pour 18 pages, dessins et encrage de Paul Grist pour 4 pages) - En 1968, à la base de Fairfield dans le Connecticut, Hellboy et Vic sont installés devant le poste de télévision pour regarder un film. Ils tombent sur film intitulé Lobster Johnson and the ring of Death. Hellboy sait très bien de quoi il s'agit et le regrette par avance : un film dans lequel il tient le rôle du diable, tourné en 1956 lors de son premier séjour au Mexique.



Les auteurs se sont fait plaisir à raconter un film avec lutteur de Lucha Libre, une parodie de nanar, racontée au premier degré sans moquerie, avec une narration visuelle efficace, détaillée et le sourire aux lèvres. Les 4 pages dessinées par Paul Grist reviennent sur le tournage d'une séquence. Cet épisode se lit très vite et divertit pour ce qu'il est : un hommage sans prétention, un moment de détente.



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L'année 1956 se révèle être un bon cru pour les lecteurs familiers de l'univers partagé Hellboy. Mike Norton réalise des planches agréables et solides, Michael Avon Oeming est en bonne forme, et la nouvelle venue peut encore progresser. Il s'avère que cette année est une année décisive pour le BPRD, que ce soit pour des enquêtes internes mettant en cause la CIA, ou pour un séjour au Mexique, ou encore pour Varvara au sein du Service des Sciences Spéciales. Cette minisérie s'avère indissolublement liée aux précédentes, et elle s'apprécie surtout pour un lecteur fréquentant Hellboy de longue date. Sous cette réserve elle contient des séquences essentielles dans l'histoire du BPRD.
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Le Cycle des épées - Comics

Ce tome regroupe les 4 numéros parus en 1990/1991. Il comprend 7 histoires ayant comme personnages principaux Fafrhd et le Souricier Gris, créés par Fritz Leiber et héros du Cycle des Épées (à commencer par Épées et Démons). Ces 7 histoires sont des adaptations de récits écrits par Fritz Leiber. Les scénarios sont d'Howard Chaykin, les dessins de Mike Mignola, l'encrage d'Al Williamson et la mise en couleurs de Sherlyn van Valkenburg.



2 membres de la Guilde des Voleurs de la cité de Lankhmar ramènent à la Maison des Voleurs un important butin. Ils sont attaqués par 2 malandrins qui ne s'étaient pas coordonnés. C'est ainsi que se rencontrent Gray Mouser et Fafhrd. Dans la première histoire, leurs dulcinées respectives ainsi que le vol des bijoux les amènent à devoir investir la Maison de la Guilde des Voleurs. Dans l'aventure suivante, ils parcourent le territoire de ce pays à la recherche d'aventures intéressantes. Ils croisent pour la première fois le chemin de Sheelba, un sorcier. Par la suite ils pénètrent dans une tour où vit un sorcier reclus immortel ayant peur des loups. Ils dérobent ensuite un charmant pavillon de marbre ce qui les oblige à demander l'aide de Sheelba et Nigauble (un autre sorcier). Ils ont encore à visiter un incroyable magasin dans le quartier le plus louche de Lankhmar. Puis Fafhrd rejoint un mystique prêchant la foi en Issek, alors que Gray Mouser sert de collecteur de fonds pour un caïd. Enfin une vieille légende les amène sous l'eau dans le royaume du Roi des Mers, en son absence, pour aller taquiner les femmes de son harem.



La première histoire mettant en scène Fafhrd et le Souricier Gris date de 1936, et Fritz Leiber écrira leurs aventures jusqu'en 1983, l'équivalent de 7 tomes. Ils sont braves et courageux, mais ils sont aussi capable d'apprécier les liqueurs et ils courent volontiers la gueuse. Dans la préface de Chaykin et la postface de Mignola, ces auteurs expliquent que Fafhrd et le Souricier Gris ont eu un aussi grand impact sur eux que les héros de Robert E; Howard, ou ceux de Michael Moorcock. C'est la raison pour laquelle ils ont souhaité y rendre hommage au travers de cette adaptation. Si ces épisodes ont connu les honneurs d'une réédition, c'est surtout parce qu'ils ont été dessinés par Mike Mignola, peu de temps avant qu'il ne crée Hellboy, son propre personnage en 1993. À la même époque, il travaillait concomitamment sur Ironwolf, également avec Howard Chaykin.



Cette époque de la carrière de Mike Mignola correspond à l'époque charnière pendant laquelle il expérimente de plus en plus avec les aplats de noir, leur placement et leur forme, tout en s'éloignant des dessins réalistes, en particulier en ce qui concerne les silhouettes et les traits des visages. Il s'agit d'une époque où il travaille encore avec un encreur, ici un vétéran talentueux, à savoir Al Williamson. Il est visible qu'au fil des épisodes Migonla affine son style pour aller plus vers l'épure et que Williamson adapte petit à petit son travail pour mieux transcrire les crayonnés de Mignola.



Pour le premier épisode, Mignola et Williamson s'appliquent à créer un urbanisme particulier pour la cité de Lankhmar, ainsi qu'une mode vestimentaire originale. Le lecteur a le plaisir de déambuler dans des quartiers exotiques, habités d'individus singuliers. Il découvre un sorcier articulant des incantations très visuelles. L'histoire est très classique et réserve peu de surprises. Le dessin des visages peut fortement déconcerter si vous n'êtes pas familier du style de Mignola avec des sortes de gros pâtés en lieu et place des lèvres. Le deuxième épisode permet à Mignola de s'essayer à l'évocation de différents styles de cités de part le monde de Newhon. Mais à nouveau, l'intrigue est bien mince et beaucoup trop classique. Chaykin n'arrive pas à faire passer la personnalité des 2 héros. Mignola commence à se lâcher dans la troisième histoire pour favoriser l'ambiance aux détails, toujours sur une trame trop facile.



Avec la quatrième histoire, Chaykin, Mignola et Williamson ont enfin trouvé un équilibre satisfaisant pour que l'histoire dans son ensemble présente un potentiel de divertissement satisfaisant. Le second degré pointe son nez, ainsi qu'une forme douce d'autodérision. Mignola prend visiblement un grand plaisir à concevoir des aménagements intérieurs qui mélangent plusieurs styles improbables tels qu'une vieille bibliothèque avec des meubles de type empire.



À partir de la cinquième histoire, Chaykin trouve un peu de verve (il faut dire que l'histoire s'y prête plus), même s'il fait encore trop reposer l'avancement du récit sur les dialogues d'exposition, et pas assez sur les images. Mais l'histoire originale de Leiber est une charge claire et transparente contre le consumérisme, parfaitement intégrée à ce monde moyenâgeux baigné de sorcellerie. Mignola conçoit des visuels baroques enchanteurs et dépaysants. Williamson a trouvé la technique d'encrage adaptée pour ne pas être en conflit avec le style de Mignola. La mise en couleurs trahit un peu son âge, et surtout une volonté trop visible de se démarquer des palettes habituelles pour faire un peu artistique. La sixième histoire est tout aussi piquante et baroque. La dernière est un peu plus convenue en ce qui concerne l'intrigue, mais toujours aussi inventive et envoutante pour les images.



Ces adaptations de Fritz Leiber ne sont pas toutes de même niveau. Il faut un peu de temps (la moitié de l'ouvrage à peu près) pour que Mignola se sente à l'aise et que Williamson travaille à l'unisson des crayonnés. Howard Chaykin se révèle peu adroit à transposer ces histoires en bandes dessinées, à la fois par la part trop importante dévolue aux dialogues d'exposition, et à la fois par son incapacité à faire passer la personnalité de Fafhrd et du Souricier Gris. Il est vraisemblable également que le choix des histoires adaptées n'ait pas été le plus judicieux. Je mets quand même 4 étoiles parce que je reste sous le charme des épisodes les plus réussis.
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B.P.R.D. : Un mal bien connu, tome 1

Ce tome fait suite à B.P.R.D.: The Devil You Know Volume 1 - Messiah (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2018, écrits par Mike Mignola & Scott Allie, dessinés et encrés par Sebastián Fiumara pour les épisodes 6 à 8, et par Laurence Campbell pour les épisodes 9 et 10, avec une mise en couleurs réalisées par Dave Stewart. Mike Mignola a dessiné les 3 premières pages de l'épisode 6. Le tome se termine par 18 pages d'études graphiques, dont 3 consacrées aux crayonnés de Mike Mignola.



Quelque part en Enfer, dans une maison non loin de la grève d'un petit port de pêche, Heboy reçoit la visite d'Ed. Il accompagné par Roger, l'homuncule. Ed indique à Hellboy qu'il reste 2 choses à faire, et qu'il a tenté de faire la première à sa place pour l'aider. Sur Terre, à bord de l'aéronef du BPRD, quelque part au-dessus du Nebraska, Hellboy est assis sur un fauteuil à roulette, en train de regarder ses amis discuter, sans se concentrer sur ce qu'ils disent : Liz Sherman, Ashley Strode, Andrew Devon, Carla Giarocco, Fenix Espejo. Liz Sherman finit par s'approcher de Hellboy et lui demander si ça va ; il répond avec un oui laconique. Andrew Devon décide d'envoyer un petit groupe interroger des membres d'un culte campant sur une autoroute, entendant une voix de fillette dans leur esprit. Pendant ce temps-là, dans le comté de Jasper en Caroline du Sud, Abe Sapien et Ted Howards observent un campement d'individus vivant dans le dénuement. Maggie fait signe à Abe de la suivre ; il obtempère.



À bord du vaisseau du BPRD qui se trouve maintenant au-dessus du Dakota du Sud, Liz raconte à Hellboy ce qui s'est passé depuis sa mort. En réponse à une de ses questions, elle indique que Kate Corrigan est morte. Elle lui demande ce qui lui est arrivé à lui ; il répond qu'il n'en est pas sûr. À New York, Sam, son épouse et sa fille arrivent pour se joindre au culte animé par la petite fille. Ils ne sont guère rassurés par la présence d'individus à la peau marquée. Au centre du bâtiment, Varvara discute de sa stratégie avec Herman von Klempt et Karl Ruprecht Kroenen. Hellboy a décliné la demande d'Andrew Devon d'accompagner les agents qui vont établir le contact avec le campement des membres du culte. Il entend son nom appelé par le système de communication. Il se rend sur le pont où la communication a été établie avec Tom Manning, l'ancien directeur du BRPD. Hellboy salue son vieil ami allongé dans son lit d'hôpital. Maggie a amené Abe Sapien devant l'entrée d'une caverne pour qu'il sache où elle se trouve. Le groupe du BPRD a touché terre et découvre un spectacle qui n'est pas du tout celui auquel ils s'étaient préparés.



Le précédent tome s'achevait sur un coup de théâtre à peine croyable ramenant une forme d'espoir inattendu. En effet, il avait auparavant montré un monde dans un état de destruction bien plus effroyable que ce que la fin de la phase Hell on Earth pouvait laisser supposer, avec une humanité prête à se raccrocher à des croyances pour pouvoir espérer en un avenir meilleur. Au fil des pages le lecteur continue de relever les signes inquiétants et sinistres. Pour commencer, le titre de cette deuxième partie de The devil you know est Pandemonium, c’est-à-dire le nom de la cité faisant office de capitale aux enfers, celle où Hellboy a tué son père. Or le récit se déroule sur Terre, ce qui incite le lecteur à s'interroger sur l'éventualité d'une résurgence de Pandemonium sur Terre, ou de l'instauration d'une nouvelle capitale des enfers. Tout aussi angoissant est la persistance de la présence de monstres apparus pendant la phase Enfer sur Terre, l'apparition de nouvelles maladies inconnues propageant la pestilence, ou encore l'arrivée de créatures démoniaques présageant d'une nouvelle vague de catastrophes. Mike Mignola et Scott Allie ont construit leur récit de manière à ce que le lecteur se heurte régulièrement à de nouvelles manifestations létales, remettant en cause l'espoir apparu à la fin du tome précédent. Il mine également cet espoir par l'attitude de Hellboy qui ne fait aucun effort de communication avec les autres, qui semble replié sur lui-même, attendant le moment qu'il juge opportun pour passer à l'action, comme si toute autre forme d'intervention n'a aucune importance.



Les dessins de Sebastián Fiumara et Laurence Campbell participent également à instaurer cette ambiance sombre et désespérée. À de rares exceptions près, les visages dessinés par Fiumara sont marqués de traces noires, de petites hachures, comme s'ils portaient les stigmates de leur souffrance intérieure, comme si le temps avait déposé des marques d'usure. Ces visages expriment souvent le regret, l'inquiétude, l'agressivité, presqu'à aucun moment une émotion positive, au mieux de la neutralité indéchiffrable. Campbell utilise des traits un peu plus durs et un peu plus épais pour les visages qui apparaissent alors creusés et fatigués, marqués par des expressions dures et résolues. Durant les 3 premiers épisodes, les personnages sont souvent représentés debout, les bras le long du corps, dans une forme d'attente ou d'inaction, comme s'ils n'avaient pas de possibilité de se mettre à l'œuvre, d'agir pour améliorer la situation, pour construire quelque chose. Dans les 2 derniers épisodes, l'action occupe la majeure partie des pages, les membres du BPRD se jetant à corps perdu dans la bataille, avec l'énergie du désespoir. À bien y regarder, Fiumara et Campbell utilisent une direction d'acteur exhalant un parfum de résignation ou de désespoir sous-jacent, inexorable.



De la même manière la mise en couleurs de Dave Stewart utilise des couleurs sombres et ternes pour renforcer l'ambiance de fin du monde, pour ajouter à la fibre sinistre, et participer à la sensation de destin funeste. S'il y fait attention, le lecteur se rend compte qu'à certains moments, Stewart ajoute une touche de couleur très inattendue : une touche de violet lilas pour la manifestation des démons, un vert pale pour le bocal de von Klempt. Les 3 pages réalisées par Mike Mignola sont parcourues par des feuilles mortes en train de tomber, comme la fin d'une époque. Les cases sont à la fois dépouillées avec des formes mangées par le noir, et à la fois très évocatrices. Durant les épisodes 6 à 8, Sebastián Fiumara réussit de très belles mises en scène : la vision de l'aéronef massif du BPRD, le corps au repos de Hellboy résigné, la forme saugrenue d'une vierge de fer au milieu de nulle part, le minois toujours aussi mignon de Varvara, et une magnifique case avec une légère contreplongée, montrant le trio réuni de Liz Sherman, Abe Sapien et Hellboy, baignant dans la nostalgie d'une autre époque. Dans les 2 épisodes suivants, Laurence Campbell réalise plusieurs visions apocalyptiques : une nuée de petits démons ailés, les gratte-ciels en ruine de New York se découpant sur un ciel enflammé, une horde de créatures immondes se ruant sur les agents du BPRD. Les 2 dessinateurs ont tendance à s'affranchir de représenter les arrière-plans le temps de 2 à 4 planches par épisode, parfois compensé par la mise en couleurs, parfois donnant une impression de vide.



Ainsi mis en condition par la narration visuelle des 2 artistes, le lecteur intègre le fait que l'histoire est placée sous le signe d'une forme d'inéluctabilité, les personnages ne sachant pas toujours quelle action entreprendre, où se rendre, contre qui se battre, et une fois sur le terrain assaillis par des créatures monstrueuses semblant sans cesse renouvelées. Qui plus est, Hellboy semble résigné, comme s'il ne servait à rien de se battre pour le moment. Le lecteur éprouve une sorte de sentiment contradictoire : entre désintérêt de ces scènes ne lui en apprenant pas beaucoup, et prise de conscience de ce qui est en train de se jouer. En surface, Mignola & Allie ne semblent pas en dire beaucoup avec leur histoire : Varvara continue de mettre en œuvre ses manigances, Abe Sapien s'apprête à rejoindre le BPRD, Andrew Devon n'a pas d'assurance quant à l'utilité des actions qu'il décide. Mais il se produit un effet cumulatif des différentes scènes qui accable toujours plus le lecteur. En outre, Mike Mignola a indiqué qu'il s'agit de la dernière histoire du BPRD, et qu'elle doit se terminer avec l'épisode 15. En assemblant progressivement les pièces du puzzle contenues dans ce tome, le lecteur sent sa tension augmenter.



Pour pouvoir apprécier ce tome, le lecteur doit disposer d'une connaissance étendue de l'univers partagé Hellboy, avec une bonne compréhension de l'historique de l'évolution des créatures monstrueuses sur la Terre. Il plonge alors dans un récit qui fait sens, avec une narration graphique sinistre du fait de l'ambiance qu'elle installe, des personnages accablés par des années de lutte, et des monstres évoluant dans une civilisation en ruine. Il regarde le récit s'acheminer inéluctablement vers un conflit final qui s'annonce terrible pour les survivants du BPRD. À l'évidence s'il a commencé son immersion dans cet univers partagé avec le premier épisode de Hellboy, ou par celui du BPRD, le lecteur sait qu'il ira jusqu'au bout, et quel que soit son niveau d'appréhension pour la fin de la série, il regrette déjà qu'elle se termine.
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Lobster Johnson, tome 4 : Haro sur Lobster !

Ce tome fait suite à Lobster Johnson, tome 3 : Une fragrance de lotus qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant, la continuité de cette série étant assez lâche. Il contient les 5 épisodes de la minisérie, initialement publiée en 2014, avec un scénario de Mike Mignola et John Arcudi, des dessins et un encrage de Tonci Zonjic, et une mise en couleurs de Dave Stewart.



L'histoire se déroule en octobre 1934. Tout commence par un match de catch opposant l'Ours Russe au Nain Diabolique. Tout dégénère quand ce dernier se met à tirer sur la foule avec un revolver. Harry McTell (l'un des agents du Homard) se trouvait parmi les spectateurs et prend un mauvais coup alors qu'il voulait s'interposer.



Cindy Tynan est en train de préparer une série de 5 articles pour un grand quotidien, dans lesquels elle promet de révéler tout ce qu'elle sait sur Lobster Johnson. Higgins, le chef de la police, annonce qu'il est fermement décidé à mettre un terme aux agissements de Lobster Johnson, un vigilant qui n'a pas sa place dans sa ville. Ce dernier doit arrêter la vague de crimes perpétrés par les 2 catcheurs, résoudre une énigme scientifique, tout en échappant aux forces de l'ordre.



Mignola & Arcudi poursuivent leur hommage aux pulps, avec cette série. Le lecteur retrouve donc le mystérieux héros à l'identité inconnue, à la résistance exceptionnelle et aux capacités de récupérations proprement surnaturelles. Il continue de laisser sa marque (une brûlure en forme de pince de homard) sur les individus qu'il a arrêtés. Dans les conventions du genre pulp, les auteurs reprennent également celles des lutteurs professionnels dotés d'une force surhumaine, le scientifique qui expérimente sur les êtres humains, la technologie d'anticipation, le rapport délicat avec les représentants de la loi, et même des pirates. Ils ne se contentent donc pas de réutiliser ad nauseam les mêmes ingrédients : ils réussissent à en incorporer de nouveaux, assez inattendus (il y en a encre d'autres dans le récit).



Lobster Johnson reste donc un héros anonyme, dépourvu de vie privée, même si l'enquête de Cindy Tynan met à jour des révélations inattendues. Les membres de l'équipe du Homard n'ont pas le droit à beaucoup plus de personnalité, servant surtout de protagonistes destinés à faire avancer l'intrigue et à fournir différents points de vue (difficile pour le lecteur de s'impliquer émotionnellement dans la brouille entre Cindy Tynan et l'inspecteur Jake Eckerd).



L'intérêt principal du récit réside donc dans sa capacité à utiliser avec intelligence les conventions des pulps, et dans ses personnages hauts en couleurs. Le lecteur ressent une petite inquiétude quant à l'exhaustivité des recherches de la journaliste, il grimace devant la fureur brutale des catcheurs. Il retrouve avec un énorme plaisir monsieur Arnie Wald (patron du crime organisé en pantoufles, douillettement installé dans sa demeure de banlieue), et avec encore plus de plaisir son homme de main assez indépendant Mister Isog (dont les caractéristiques physiques sont un hommage à l'acteur Peter Lorre).



L'intrigue se déroule de manière linéaire, Lobster Johnson menant l'enquête, tout en évitant la police, et en réalisant des exploits physiques lors des affrontements avec les criminels. Il fait preuve d'une détermination surnaturelle pour pourchasser le principal criminel jusqu'au bout, quoi qu'il lui en coûte.



Pour cette histoire complète, tous les épisodes sont illustrés par Tonci Zonjic (par comparaison avec les histoires courtes du tome précédent). Il emploie une mise en page assez sage, à base de cases rectangulaires, à raison de 4 à 5 cases par page en moyenne. Zonjic a un peu épuré ses dessins en diminuant le nombre de traits par case, sans pour autant perdre en densité d'informations. Son rôle est primordial car ses dessins doivent réussir à plonger le lecteur dans l'époque (les années 1930), sans l'aide de cellules de texte.



Il réussit à reconstituer le New York de ces années là de manière satisfaisante, sans recourir à un niveau de détails obsessionnel. Le lecteur peut apprécier la justesse des tenues vestimentaires, qu'il s'agisse des uniformes des policiers, ou du joli chemisier de la journaliste. Il sait doser les éléments visuels et bien les choisir pour que le lecteur puisse croire à la plausibilité de ce voyage en barque dans les égouts. L'aménagement de la salle de rédaction du quotidien est également très convaincant. Le lecteur goûte au calme presque champêtre de la demeure d'Arnie Wald, et à son aménagement désuet.



Zonjic s'en tire tout aussi bien pour la technologie d'anticipation qui présente une forme cohérente dans ses différentes parties, avec un savant dosage de rétrofuturisme. Enfin, les scènes d'action sont énergiques à souhait, sans être ni stéréotypées, ni épileptiques. Les images de l'artiste ne dessinent pas une vision enfiévrée ou transfigurée de New York et des personnes, mais elles bâtissent une reconstitution crédible et solide, avec un solide sens du rythme et une réelle attention apportée aux détails (sans que la reconstitution prenne le pas sur l'intrigue).



Avec cette histoire, Mike Mignola, John Arcudi, Tonci Zonjic, et Dave Stewart réalisent une solide histoire à la manière des pulps, maniant avec doigté les conventions du genre et recréant un New York assez authentique pour le lecteur puisse s'y projeter. Elle comprend assez de surprises pour dépasser le stade de l'hommage sage, mais pas tout à fait assez de souffle pour pouvoir justifier son existence au-delà du genre pulp.
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Witchfinder, tome 5 : The Gates of Heaven

Ce tome fait suite à Witchfinder Volume 4: City of the Dead (2016) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2018, coécrits par Mike Mignola & Chris Roberson, dessinés et encrés par D'Israeli (Matt Brooker), et mis en couleurs par Michelle Madsen. Les couvertures des épisodes ont été réalisées par D'Israeli, la couverture du recueil par Julian Totino Tedesco. Le tome se termine par 18 pages de conception graphique, commentées par D'Israeli.



En octobre 1884, dans la Tour de Londres, 2 gardes devant une porte fermée entendent du bruit dans la salle qu'ils gardent. Ils pénètrent à l'intérieur et voient une forme spectrale disparaître en tenant un objet. Ils sont persuadés qu'il s'agit d'un fantôme. Le lendemain, Sir Edward Grey est sur place. Il recueille le témoignage des 2 gardes et leur demande ce qui a disparu. Un garde consulte le registre et indique qu'il s'agit d'un disque en or avec un motif de pentacle, inscrit en 1879 à l'inventaire, à l'occasion de l'affaire Amalfi. Grey se souvient bien de cette affaire et de l'objet. Après une semaine passée à réfléchir à l'affaire Edward Grey n'a pas avancé d'un pouce. Son majordome lui apporte le journal du jour : il y est fait mention d'une apparition de fantôme au British Museum. Il se rend sur place et commence à interroger le curateur tout en se dirigeant vers la salle où l'apparition a eu lieu. Sur place se trouvent déjà 3 chercheurs spécialisés dans le surnaturel : le professeur Llewellyn Pritchard, Simon Bruttenholm et Honora Grant.



Du coup, monsieur Chalmers répète devant les 4 enquêteurs ce qu'il a vu : il travaillait avec son collègue Godwin pour établir le catalogue de pièces dans les réserves en vue d'une exposition à venir. Ils s'étaient éloignés l'un de l'autre pour travailler sur des parties différentes de la réserve. Chalmers a entendu le bruit d'une lutte. Quand il est arrivé sur les lieux, il a vu une forme spectrale en train de disparaître et le corps de son collègue allongé par terre. Sir Edward Grey lui fait observer qu'il y a un emplacement vide sur une étagère. Pendant que Chalmers cherche de quelle pièce il s'agit dans un registre, le professeur Llewellyn Prichard offre ses services à Sir Grey, ainsi que ceux de ses 2 collègues. Chalmers a identifié l'objet manquant : un artefact trouvé dans une tombe assyrienne par l'expédition Arbuthnot. Puis Sir Grey se rend à l'institut médico-légal pour examiner le corps de Godwin dont les 2 avant-bras ont été tranché net. Les policiers n'ont pas retrouvé les mains manquantes. Sur place, il reçoit une convocation venant du plus haut de l'état.



La série Witchfinder connaît les hauts et des bas, et le lecteur se demande s'il a vraiment envie de découvrir une nouvelle enquête du traqueur de sorcières de la Reine. Néanmoins, ce tome est écrit par Mike Mignola, le créateur du personnage principal de cette série de miniséries dérivées de l'univers Hellboy. En outre, D'Israeli est un artiste ayant souvent collaboré avec Ian Edginton, sur des séries comme Scarlet Traces, Stickleback. Pour cette nouvelle histoire, les coscénaristes ont conçu une intrigue substantielle, à la fois en ce qui concerne les rebondissements de l'enquête, à la fois pour son enracinement dans l'univers partagé d'Hellboy. Le fil directeur du récit repose sur l'enquête pour savoir qui est ce mystérieux fantôme qui dérobe des artefacts ésotériques. En fait son identité est dévoilée à la fin du premier épisode, mais il reste à découvrir son objectif réel, ainsi que la manière dont il a acquis son savoir ésotérique. Sir Edward Grey conserve son approche rationnelle et pragmatique, avec une personnalité un peu sèche. Il procède par étape pour son enquête, avec des succès et des échecs. Il va consulter des experts comme August Swain de la Confrérie Héliopique de Ra. Il bénéficie d'une ou deux coïncidences pratiques comme la présence du trio d'enquêteurs surnaturels au même moment que lui au British Museum. Ces derniers ne font pas preuve non plus d'une grande personnalité, sauf sur le plan visuel. Chris Roberson sait insuffler un peu de particularités dans les dialogues, que ce soit l'enthousiasme du professeur Pritchard, ou les remarques nécessaires d'Honora Grant pour rappeler ses compétences.



Les protagonistes doivent également beaucoup de leur personnalité à la narration visuelle. Edward Grey arbore un visage souvent fermé et sévère, avec ce qui semble être des cicatrices. Le lecteur voit un personnage sérieux et impliqué, dédié à son travail. Aldous Middengard Sinclair (le criminel) arbore un visage tout aussi fermé, avec un air plus obsessionnel, indiquant le degré d'implication d'un individu pour qui la fin justifie les moyens. Par comparaison, le major Karam Singh semble plus posé, avec un visage plus détendu, et une forme de confiance en lui. Le professeur Lelwellyn Pritchard est plus enthousiaste, indépendamment de son âge avancé. Simon Bruttenholm et Honora Grant sont plus jeunes, et leurs visages expriment des émotions plus franches. Le lecteur peut également voir le caractère plus emporté d'August Swain, le responsable de la confrérie héliopique de Ra. Il constate aussi que sous l'apparence de dessins simples et tout public, D'Israeli s'investit pour la reconstitution historique, à commencer par les tenues des personnages. Dans les pages de fin, l'artiste explique qu'en termes de costumes, il a dû s'entraîner pour comprendre comment fonctionnait les pagnes des égyptiens en 1338 avant JC.



Alors qu'il peut avoir une impression de dessins un peu frustes ou un peu naïfs, le lecteur se rend vite compte de la qualité descriptive des pages. Au fil des séquences, il peut prendre le temps de détailler les rayonnages dans la Tour de Londres, ceux du British Museum, l'impressionnante pièce dans laquelle Grey est reçu à Buckingham Palace, les ateliers de la Fonderie, le magnifique hall monumental du temple universel de la Confrérie Héliopique de Ra, la très belle pièce réservée à l'hôte de Michael Glaren, les quais de la Tamise. D'Israeli fait montre d'une solide compétence de metteur en scène. En effet le genre Enquête en bande dessinée peut vite dégénérer en une succession de dialogues, exercice assez difficile pour un dessinateur qui doit y apporter une dimension visuelle. En scénaristes aguerris, Mignola & Roberson font en sorte de donner des occupations aux interlocuteurs et de varier les lieux. D'Israeli construit des plans de prises de vue élaborés, évitant l'enfilement de têtes en train de parler, pour montrer les décors, les activités des personnages, avec des changements d'angle de vue. Progressivement, Dave Stewart laisse la place à Michelle Madsen pour la mise en couleurs des productions Mignola. Elle utilise une palette de couleurs similaire à celle de Stewart, en particulier les marrons et les bruns. Elle privilégie les aplats de couleurs aux discrets dégradés, ce qui est en phase avec l'aspect un peu naïf et simple des dessins. Au fil des séquences, le lecteur peut voir que Michelle Madsen prend soin de rendre compte de l'ambiance lumineuse, avec les pièces sombres des réserves, ou le hall très éclairé du temple universel de la Confrérie Héliopique de Ra. Alors que les pages donnent l'impression de baigner dans une seule teinte, elle sait faire ressortir les objets les uns par rapport aux autres. Du coup, elle peut jouer sur le contraste entre ces teintes sombres et les couleurs plus vives lors de la manifestation d'énergies surnaturelles dans le dernier épisode.



Le lecteur se laisse donc emmener dans cette enquête surnaturelle qui fait référence à des éléments de l'univers partagé Hellboy, et qui en introduit beaucoup d'autres. Il retrouve donc la Confrérie Héliopique de Ra, avec August Swain qui était déjà apparu précédemment dans la série. Le lecteur est pris par surprise par la présence d'une vieille dame qui était un personnage récurrent de la série BPRD. C'est l'occasion pour les scénaristes d'effectuer un passage par l'Égypte antique, puis d'évoquer la scission qui s'est opérée au sein de la Confrérie Héliopique de Ra. Bien sûr, ces passages parlent plus aux lecteurs ayant suivi le développement de l'univers partagé d'Hellboy au travers des différentes séries et miniséries. Mignola & Roberson introduisent également plusieurs nouveaux personnages dont un membre de la famille Bruttenholm. Là encore, le lecteur de passage n'en pas forcément très impressionné, alors que le lecteur de longue date espère bien qu'il aura l'occasion de revoir ce personnage dans d'autres histoires. Les coscénaristes intègrent donc des éléments divers et variés dont certains qui laissent le lecteur décontenancé. Il a du mal à comprendre pourquoi ils ont tenu à évoquer les ouvriers étrangers des docks, ou encore plus surprenant le combat contre un triton géant.



Cette cinquième enquête de Sir Edward Grey fait partie des meilleures, avec un scénario riche en rebondissement, en personnages anciens et nouveaux, et en lieux variés. D'Israeli réalise des dessins en apparence naïfs, mais en fait il réalise une narration visuelle consistante, avec de nombreux détails et des prises de vue élaborées. Michelle Madsen s'affirme comme la digne successeure de Dave Stewart, avec une approche un peu différente de la mise en couleurs. L'enquête s'avère vivante et surprenante, avec des personnages peu développés. Le lecteur de longue date note les références à l'univers partagé, ce qui augmente son plaisir de lecture, mais qui ne parle pas aux lecteurs novices. Mignola & Roberson écrivent une enquête qui est intéressante pour elle-même (4 étoiles), avec des éléments de continuité qui viennent augmenter son intérêt (5 étoiles).
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Abe Sapien, tome 6

Ce tome fait suite à Abe Sapien, tome 5 : Lieux sacrés (épisodes 12 à 14, 16 et 17) qu'il faut impérativement avoir lu avant. Il comprend les épisodes 18 à 22, initialement parus en 2014/2015, tous écrits par Mike Mignola et Scott Allie. Max Fiumara a dessiné et encré les épisodes 18 & 22. Sebastián Fiumara a dessiné et encré les épisodes 19 à 21. Dave Stewart a réalisé la mise en couleurs des 5 épisodes. Le tome se termine avec un carnet de croquis d'une quinzaine de pages.



Le titre de chacun de ces 5 épisodes correspond au prénom d'un personnage : Grace, Dayana, Megan, Arbogast et Abe (Sapien). Néanmoins, il s'agit bien d'une histoire continue. Abe Sapien et la petite troupe qu'il a rejointe dans le tome précédent arrivent à Burnham, une petite ville du Texas qui semble paisible, avec quelques habitants. Il s'installe dans une maison sans propriétaire. Ils font connaissance avec le père Fores et monsieur Arbogast (un vieil homme afro-américain).



Grace finit par accepter de parler d'elle à Abe Sapien. Dayana (une sorcière capable d'invoquer le pouvoir de Santa Muerte) apprend à Megan, à tirer les tarots. Cette dernière réalise une séance pour le bénéfice d'Abe Sapien. Monsieur Arbogast se livre à des actes de sorcellerie, avec l'aide de Tony. Abe Sapien continue de s'interroger sur sa vraie nature, sur le sens de son existence, par rapport au devenir de la race humaine.



Avec ce tome, Abe Sapien poursuit ses pérégrinations, s'installe dans une nouvelle ville et rencontre de nouvelles personnes. Le lecteur commence à repérer le schéma qui se répète d'un tome à l'autre, les auteurs se servant de cette errance pour montrer dans quel état se trouve cette partie des États-Unis après l'émergence des monstres qui a provoquée l'enfer sur Terre. À nouveau, il y a une brève apparition de Gustav Kobl et de l'agent Vaughn (le temps de 4 pages) pour rappeler que cette intrigue secondaire est toujours d'actualité, mais qu'eux aussi cheminent à une allure d'escargot asthmatique. Le lecteur a bien compris que les scénaristes les gardent sous le coude jusqu'au moment où leur utilité se fera sentir dans l'intrigue principale.



Mais cette fois-ci il ne s'agit plus simplement de profiter de l'environnement de l'Enfer sur Terre. Dès le premier épisode, l'enjeu apparaît plus personnel : Abe Sapien souhaite aider Grace, en apprenant comment elle en était arrivée là où il l'a délivrée d'un individu très dominateur. La jeune Megan apprend les arts divinatoires à partir d'un jeu de tarots, avec une très belle séance pour Abe. Dayana se montre attentionnée pour les membres de sa petite communauté. Elle constate le calme qui règne à Burnham, tout en sachant pertinemment qu'il y a un prix à payer.



La présence d'Abe Sapien constitue à elle seule une provocation pour les êtres humains qui gravitent autour de lui. Ils se souviennent du culte que lui vouaient quelques adolescents (voir le tome précédent) qui le voyaient comme le premier représentant de la future race dominante sur Terre. En regardant Abe Sapien, une partie de la communauté humaine y voient la preuve que le temps de la suprématie humaine sur les autres espèces est révolu, et que le temps est venu pour une nouvelle race.



De son côté, Abe Sapien est toujours aussi indécis quant à la route qu'il dit suivre. Il refuse de retourner bêtement auprès du BPRD. Il ne sait pas trop s'il doit chercher la réponse du côté de son passé en tant qu'être humain. Comme Hellboy le fit, il refuse d'endosser le rôle que son entourage lui imagine (à savoir premier individu d'une nouvelle espèce amenée à hériter de la Terre). Avec une sensibilité inattendue, Scott Allie compose des dialogues qui portent bien toutes ces interrogations, toute cette dimension de réflexion intérieure. Le lecteur s'installe donc avec les personnages pour cette nouvelle étape, et se familiarise avec eux, avec leurs attentes et leurs émotions. Il sait bien qu'il finira par y avoir une apparition de monstres, ce qui ne rate pas.



Pour ce recueil, les éditeurs ont choisi d'alterner les épisodes, le premier dessiné par Max Fiumara, le second par Sebastián Fiumara, puis un par Max, etc. Le premier épisode est épatant, à la fois pour la qualité des décors et des accessoires, et pour le langage corporel des personnages. Max Fiumara représente vraiment une résidence avec un lopin de terre, qui a été à l'abandon pendant un temps indéterminé, avec un ameublement ordinaire et fonctionnel. Il fait naître un marché de fortune, dans 2 ruelles de cette petite ville. Le lecteur éprouve la sensation de se trouver sur ces lieux, au milieu de ces individus.



Il se montre tout aussi convaincant dans la manière dont les personnages évoluent et se comportent. Le lecteur voit en particulier passer Megan en train de rentrer en curant dans la maison, conformément au comportement d'une jeune fille de son âge. Il voit la réserve du père Fores en découvrant l'apparence d'Abe Sapien. Il voit la distance que monsieur Arbogast met immédiatement entre lui et ses nouveaux arrivants en ville. Cette capacité à donner vie aux personnages rend le tirage de cartes effectué par Megan vivant, mais aussi plein de suspense, le lecteur étant suspendu à ses lèvres, comme l'est Abe Sapien lui-même.



Lorsque survient l'affrontement final, les dessins de Max Fiumara perdent un peu de leur intensité, car il se déroule dans un champ dont les caractéristiques disparaissent bien vite sous la force des coups échangées, et des énergies libérées. Mais la représentation des monstres les rendent âpres et tranchants, avec la dangerosité apparente nécessaire pour que le lecteur puisse se sentir impliqué. Le final (les 5 dernières pages) remet les émotions sur le devant de la scène, et le dessinateur se révèle un metteur en scène très efficace, avec une direction d'acteurs d'une justesse poignante.



Les 2 autres épisodes sont dessinés par Sebastián Fiumara, avec une approche graphique assez semblable, l'unité visuelle étant assurée par la mise en couleurs de Dave Stewart. Dès le début de ce deuxième épisode, le lecteur prend conscience qu'il se produit quelque chose sur le plan de la narration visuelle. Ce dessinateur ne se contente pas de mettre en images l'intrigue, il en raconte un peu plus que ce que les dialogues ne laissent supposer. C'est flagrant lors de la discussion entre monsieur Arbogast et Tony, dans la mesure où ce dernier poursuit son activité pendant le premier s'adresse à lui. Le lecteur bénéficie de ce moment de grâce où scénariste et dessinateur sont en phase, se complétant sans que l'un ou l'autre n'ait besoin de renforcer ou souligner ce que dit l'autre.



Par rapport à Max, Sebastián Fiumara réalise des dessins à l'encrage un peu plus granuleux, et aux aplats un peu plus soutenu. La narration gagne en noirceur, et en mystère, ce qui se marie bien avec ces 2 épisodes, dans lesquels il y a des passages plus noirs, relevant plus de l'horreur. Les activités de monsieur Arbogast et de Tony acquièrent une dimension sinistre qui annonce quel en sera le résultat. Les séquences d'affrontement physique prennent une dimension animale, à nouveau en parfaite osmose avec la nature des individus impliqués dans ces confrontations.



Alors que cette série consacrée à Abe Sapien avançait à un rythme tranquille, avec un développement assez lent des personnages, un palier est franchi avec ce tome. Les 2 dessinateurs ont gagné en nuance et en efficacité, pour une narration plus expressive, et plus viscérale. Scott Allie a fait d'énormes progrès quant à la réaction des dialogues. Alors qu'ils étaient surtout fonctionnels au début de la série, ils transmettent maintenant la charge affective et émotionnelle de l'interlocuteur, faisant preuve d'une sensibilité pertinente, générant une grande empathie chez le lecteur. Alors que jusqu'ici le lecteur prenait cette série surtout comme une forme de tourisme (empli de dangers) dans la Terre soumise aux monstres, il a le plaisir de constater que l'intrigue a gagné en épaisseur, et qu'elle apporte de nombreux éléments complémentaires, tout en progressant de manière significative, sans rien sacrifier à la personnalité des protagonistes.
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B.P.R.D. - The devil you know, tome 1 : Mes..

Ce tome fait suite à B.P.R.D. Hell on Earth Volume 15: Cometh the Hour (épisodes 143 à 147) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Par contre, il vaut mieux être familier avec la trame générale de la phase BPRP Hell on Eath pour comprendre de quoi parlent les récits. de même, il vaut mieux disposer d'une connaissance préalable des personnages pour comprendre qui est qui. Il comprend les épisodes 1 à 5 de la minisérie (également numérotés 148 à 152), initialement parus en 2017, coécrits par Mike Mignola & Scott Allie, dessinés et encrés par Laurence Campbell, avec une mise en couleurs réalisée par Dave Stewart. Les couvertures ont été réalisées par Duncan Fegredo. Ce tome se termine avec des pages de dessins préparatoires et une histoire courte de 8 pages écrite par Mike Mignola, et dessinée par Tim Sale.



Le tome s'ouvre avec une page de texte, un extrait de rapport évoquant l'émergence d'un culte d'individus suivant une jeune femme, rapport émanant du directeur Thomas Manning. Dans la ville ravagée de Parkinson, dans l'état de la Caroline du Nord, Ted Howards, (Gall Dennar) armé de son épée bifide, se bat contre un Ogdru Hem qui lui en fait baver. À bord d'un navire volant, Andrew Devon et son équipe observe le déroulement du combat. Il est contacté par Liz Sherman qui vient d'arriver à leur proximité en volant de manière autonome. Dans la ville de Wallace, en Idaho, Ashley Strode est en train de réaliser un exorcisme sur une jeune homme alité. L'individu possédé parle de rejoindre une jeune fille afin de pouvoir descendre et fonder la ville de la nouvelle Pandémonium. Après avoir mené à bien l'exorcisme, Strode contacte la base pour rendre compte à Kate Corrigan.



À Parkinson, une troupe de 4 agents du BPRD en armure de combat a été déposée au sol pour aller à la recherche de Liz Sherman et Ted Howards. Ils arrivent devant une immense colonie d'oeufs de monstres. Une patte perce la coque de l'un d'eux. Les agents répliquent en ouvrant le feu, mais sans effet sur la créature. Celui appelé Tian meurt le torse transpercé par la créature. Howards arrive sur ces entrefaites et décapite la créature avec son épée. Dans le Nebraska, un homme alité ressent l'appel de la fillette à la rejoindre. Dans le Colorado, Fenix Espejo, Eris et leur chien Bruiser découvre une tour en ruine. À Syracuse, dans l'état de New York, Herman von Klempt (à l'état de tête dans un bocal) et son compagnon Karl Ruprecht Kroenen sont abordés par Varvara.



Bien aidé par ses coscénaristes Scott Allie, John Arcudi et Chris Roberson, Mike Mignola avait mené à bien la longue période de l'Enfer sur Terre, une forme d'apocalypse ayant ravagé la Terre, sous la forme de plusieurs Ogdru Hem et autres monstres se manifestant sur Terre et s'en prenant à l'humanité et à ses réalisations. Pendant ce temps-là, Hellboy descendait en enfer jusqu'à la cité de Pandémonium. le lecteur doit disposer d'une idée assez précise des événements survenus précédemment, ainsi que des personnages déjà apparus. Sans quoi, du fait de leur nombre il est rapidement submergé par une sensation de se retrouver au milieu d'une histoire où tout le monde se connaît et évoque des événements passés qui ne lui disent rien. Lorsqu'Abe Sapien regagne le BPRD, Liz Sherman se fait fort de le mettre à jour des bouleversements survenus durant son absence, mais elle fait référence à une personne juste le temps d'une phrase, avant de passer à la suivante, évoquée de manière tout aussi brève. S'il n'a jamais rencontré les principaux personnages, le lecteur n'a aucune chance de comprendre ce qui se trame et ce qui se joue.



Abe Sapien fait allusion à ses pérégrinations dans sa propre série, dont le dernier tome qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Par contre, il vaut mieux être familier avec la trame générale de la phase BPRP Hell on Eath pour comprendre de quoi parlent les récits. de même, il vaut mieux disposer d'une connaissance préalable des personnages pour comprendre qui est qui. Il comprend les épisodes 1 à 5 de la minisérie (également numérotés 148 à 152), initialement parus en 2017, coécrits par Mike Mignola & Scott Allie, dessinés et encrés par Laurence Campbell, avec une mise en couleurs réalisée par Dave Stewart. Les couvertures ont été réalisées par Duncan Fegredo. Ce tome se termine avec des pages de dessins préparatoires et une histoire courte de 8 pages écrite par Mike Mignola, et dessinée par Tim Sale.



Le tome s'ouvre avec une page de texte, un extrait de rapport évoquant l'émergence d'un culte d'individus suivant une jeune femme, rapport émanant du directeur Thomas Manning. Dans la ville ravagée de Parkinson, dans l'état de la Caroline du Nord, Ted Howards, (Gall Dennar) armé de son épée bifide, se bat contre un Ogdru Hem qui lui en fait baver. À bord d'un navire volant, Andrew Devon et son équipe observe le déroulement du combat. Il est contacté par Liz Sherman qui vient d'arriver à leur proximité en volant de manière autonome. Dans la ville de Wallace, en Idaho, Ashley Strode est en train de réaliser un exorcisme sur une jeune homme alité. L'individu possédé parle de rejoindre une jeune fille afin de pouvoir descendre et fonder la ville de la nouvelle Pandémonium. Après avoir mené à bien l'exorcisme, Strode contacte la base pour rendre compte à Kate Corrigan.



À Parkinson, une troupe de 4 agents du BPRD en armure de combat a été déposée au sol pour aller à la recherche de Liz Sherman et Ted Howards. Ils arrivent devant une immense colonie d'oeufs de monstres. Une patte perce la coque de l'un d'eux. Les agents répliquent en ouvrant le feu, mais sans effet sur la créature. Celui appelé Tian meurt le torse transpercé par la créature. Howards arrive sur ces entrefaites et décapite la créature avec son épée. Dans le Nebraska, un homme alité ressent l'appel de la fillette à la rejoindre. Dans le Colorado, Fenix Espejo, Eris et leur chien Bruiser découvre une tour en ruine. À Syracuse, dans l'état de New York, Herman von Klempt (à l'état de tête dans un bocal) et son compagnon Karl Ruprecht Kroenen sont abordés par Varvara.



Bien aidé par ses coscénaristes Scott Allie, John Arcudi et Chris Roberson, Mike Mignola avait mené à bien la longue période de l'Enfer sur Terre, une forme d'apocalypse ayant ravagé la Terre, sous la forme de plusieurs Ogdru Hem et autres monstres se manifestant sur Terre et s'en prenant à l'humanité et à ses réalisations. Pendant ce temps-là, Hellboy descendait en enfer jusqu'à la cité de Pandémonium. le lecteur doit disposer d'une idée assez précise des événements survenus précédemment, ainsi que des personnages déjà apparus. Sans quoi, du fait de leur nombre il est rapidement submergé par une sensation de se retrouver au milieu d'une histoire où tout le monde se connaît et évoque des événements passés qui ne lui disent rien. Lorsqu'Abe Sapien regagne le BPRD, Liz Sherman se fait fort de le mettre à jour des bouleversements survenus durant son absence, mais elle fait référence à une personne juste le temps d'une phrase, avant de passer à la suivante, évoquée de manière tout aussi brève. S'il n'a jamais rencontré les principaux personnages, le lecteur n'a aucune chance de comprendre ce qui se trame et ce qui se joue.



Abe Sapien fait allusion à ses pérégrinations dans sa propre série, dont le dernier tome Abe Sapien Volume 8: The Desolate Shore comprenait de nombreuses révélations. Il évoque aussi sa première identité Langdon Everett Caul, en parlant à Liz Sherman, sans s'étendre dessus car elle sait de quoi il parle. L'épée de Ted Howards et sa capacité à parler une langue gutturale avec Maggie, une fillette de 10 ans, n'ont de sens que si le lecteur sait ce qu'est l'énergie Vril. de même si le lecteur découvre le BPRD avec ce thème, il sera bien en peine de donner du sens à la tête d'Herman von Klemp flottant dans un bocal porté par Karl Ruprecht Kroenen dans sa tenue moulante en cuir. Quant à la fillette revêtue d'une robe blanche avec des anglaises dans le cou, seuls les lecteurs familiers de Varvara comprendront ce qu'elle peut avoir de menaçant.



Après le dernier épisode de la série Abe Sapien, le lecteur n'avait pas vraiment d'assurance que Mike Mignola donnerait une suite à la branche principale de son univers partagé, la ligne temporelle du BPRD. Il restait encore des mystères et une incertitude quant à l'avenir, mais le créateur avait déclaré vouloir se consacrer à d'autres activités. le lecteur voit donc arriver avec plaisir cette série lui permettant de renouer avec des personnages qu'il a suivi pendant des années, et une riche mythologie très étoffée. Pour ce premier tome, les coscénaristes doivent faire face à la nécessité de relancer la machine, de vaincre l'inertie consubstantielle à une distribution aussi pléthorique de personnages. En consultant les bonus en fin de volume, il découvre une carte du monde recensant les sites sur lesquels il subsiste des créatures surnaturelles ou extraterrestres en activité, ce qui lui permet de mesurer l'ampleur des dégâts, et de ce qu'il y a à reconstruire. Au fil des discussions des personnages, le lecteur chevronné se remémore la liste des agents morts au combat, ainsi que la nature de la victoire à l'issue de la précédente série c'est-à-dire la neutralisation de l'Ogdru Jahad présente sur Terre. Les auteurs alternent donc entre des missions et des discussions des membres du BPRD afin de ramener Liz Sherman et sa maîtrise de ses pouvoirs, Abe Sapien, Andrew Devon et Ted Howards. Ils arrivent à caser le professeur James Henry O'Donnell. Par contre plusieurs autres personnages n'ont droit au mieux qu'à une page ou deux (Fenix & Eris), au pire à une mention en passant dans un dialogue (le directeur Tom Manning).



Mignola & Allie doivent également établir la continuité avec la série précédente, à la fois en rappelant la nature de la victoire, en montrant les monstres encore présents sur la surface de la Terre, et en évoquant différents fils de la mythologie interne de la série, aussi disparates que la cité Pandémonium, l'énergie Vril, le club Osiris, ou encore le culte de la Main Droite (peinte en rouge sur le front de ses prêtres). du fait de ces contraintes, la lecture peut sembler à la fois papillonner, et à la fois très dense. Pour cette reprise de la série, le lecteur retrouve le coloriste Dave Stewart, toujours aussi discret dans sa façon de choisir sa palette ou de réaliser des camaïeux, et toujours aussi épatant pour habiller les contours encrés, les nourrir, les rendre vivants. Laurence Campbell avait déjà illustré plusieurs épisodes de la précédente série, dont ceux du dernier tome. Il continue de réaliser des dessins descriptifs présentant une apparence plus ou moins sinistre. Il confère cette particularité avec des aplats de noir plus copieux que ne le justifieraient les ombres portées, et aux contours parfois irréguliers et effilés, développant une sensation de dangerosité.



Cet artiste dose avec habileté le degré de précision des dessins, pouvant pousser loin les détails pour des éléments très banals comme l'aménagement d'une chambre, et pouvant également se montrer plus évasif, avec des formes moins précises pour les monstres, comme s'ils défiaient l'entendement humains, comme s'ils ne pouvaient pas être bien perçus uniquement par des sens humains. le lecteur voit donc évoluer des personnages marqués par la noirceur, souillés par la destruction et la souffrance. Par contraste, il semble émaner de Varvara une forme de pureté, du fait de sa robe blanche et de sa morphologie de fillette. Campbell a l'art et la manière de suggérer des villes dévastées et en ruine, ainsi que des corps éventrés lors des combats. le lecteur ressent un désespoir à se promener dans les décombres comme s'il ne sera jamais possible pour l'humanité de retrouver un tel niveau de civilisation. Il ressent également l'impact des chairs déchirées par les membres acérés des monstres.



Le tome se termine par une histoire courte (8 pages) mettant en scène Ted Howards et son épée, face à un individu évoquant les chamans capables de manipuler l'énergie Vril. L'histoire se déroule dans une vaste plaine dénudée. À nouveau, Dave Stewart fait des miracles avec les couleurs pour transcrire l'impression de la nuit et de la solitude dans cet endroit désolé. Tim Sale réalise des dessins dans un registre plus expressionniste que ceux de Laurence Campbell. L'exagération des visages a tendance à produire l'effet contraire à celui escompté, à savoir un effet comique du fait des visages grimaçants, plutôt qu'un effet sinistre. L'histoire reste au niveau anecdotique, sans réussir à transporter le lecteur.



Indubitablement, s'il a lu la série précédente du BPRD et accompagné les personnages pendant toutes ses années, le lecteur est ravi de pouvoir les retrouver dans de nouvelles aventures, fussent-elles sinistres, toujours menées de main de maitre par Mike Mignola. Il lui faut un peu d'investissement personnel pour se remémorer tout l'historique qu'évoquent les personnages, ainsi que les éléments mythologiques associés. Laurence Campbell réalise des planches transcrivant bien l'ambiance de cette fin du monde pas tout à fait terminée, avec un degré de description satisfaisant car suffisant pour donner corps aux personnages et aux événements. Il lui tarde de découvrir la suite, et en particulier les actions de Varvara. le lecteur espérant un point d'accès facile à la série en sera pour ses frais, noyés sous une avalanche de références absconses. 5 étoiles pour le lecteur chevronné.
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