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Citations de Murielle Magellan (200)


« Olympe a trente-sept ans et elle n’a jamais vraiment écouté une phrase jusqu’au bout. On n’est pas l’une des galeristes les plus en vue de paris, à trente-sept ans, sans avoir un fond d’impolitesse, un mépris de la lenteur, une persistante hâte. » (p. 12)
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Il suffit parfois de prononcer « je ne ferai pas ça » pour commencer à le faire. Car le « dire », même au négatif, est le début de l’« envisager ». La façon la plus sûre de ne pas faire une chose est de ne pas la concevoir, et plus encore, la formuler !
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« C'est à Port-Vendres que notre enfant fit ses premiers pas. C'était un roc rieur et explorateur. Sac de joie. Très visiblement, il ne voulait pas se laisser envahir par la tristesse de ses parents, devenus historiques. Il y avait des trucs beaucoup plus importants à expérimenter, lui ! Et moi, je le soutenais dans son projet d'asticot ! D'accord ! Luttons ! Ne soyons pas les victimes torturées du break down de son papa. S'il voulait plonger, l'autre, ce serait sans nous. Ou au moins, sans son fils. Marche, marche, mon enfant ! Cours. Cogne-toi. Relève-toi ! Ris. Rigole. Parle ! Vas-y ! Lance-toi! »
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22-04-96

Qui l’eût dit que ce carnet se terminerait avec Francis, encore et toujours. Sur mon plus belle amour.

Mon plus impossible, et mon plus bel amour. [...]
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Isabelle
Vacances ? Le gouffre, oui. Le tourbillon. Peut-on parler de vacances quand on a écrit sur sa liste de choses à faire, en soignant les pleins et les déliés pour que les secondes s’écoulent un peu plus : « prendre RDV chez le Dr Normand pour prescription d’antidépresseurs … » ?

Romane
Envie de hurler ! Putain ! Cette chambre, ça suffit. Mon enfance en mausolée. La peinture écaillée, les petits anges ! Ils ont vu ma gueule, les petits anges ? (…)Je vais leur faire la peau. L’heure est venue. Plus personne pour m’en empêcher. Plus de maman maniaque dans le secteur qui retiendrait ma main d’agressive, d’enfant à problème, de gueule qui l’ouvre, de ventre qui vrombit (…)
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l’amour est-il un dieu fluorescent créé par l’homme pour attirer les mouches perdues dans la nuit ?
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Je ne sais pas ce qu’on va devenir. On crèvera peut-être de cirrhose dans nos banlieues tourmentées, mais il faut récupérer le « je ne sais quoi » de Jonas, le « presque rien », le décalage, garder le pas de côté, vous voyez, la fantaisie….
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P 180 : Ce soir ? Les possibles sont comme les perles multicolores d'un collier pour enfant à fabriquer.
La poésie et le cinéma sont des jumeaux qui s’ignorent.
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Aujourd'hui encore, sauf en cas de chef-d’œuvre ou de génie flamboyant, ce qui est rare, je ne vois rien qui autorise à faire passer l'art avant l'homme.
page 136.
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(Les premières pages du livre)
« Roman
Laura aime les rituels. Au réveil, elle fait glisser ses petits pieds dans des surippas qui enveloppent du talon aux orteils, et lui procurent immédiatement une sensation de confort élégant. C’est Mélodie, une amie du club d’œnologie, qui lui a rapporté du Japon ces chaussons en satin rose et parme, ornés d’éventails dessinés à l’encre par une main experte. Ensuite Laura enfile un kimono, qui souligne son embonpoint sans le dénoncer, et allume la machine à café avant de se diriger vers la salle de bains. Là, elle ne manque pas de jeter un œil dans son miroir pour rectifier ce que la nuit a pu déranger de sa chevelure blonde et mi-longue. Elle n’aime pas son reflet ; elle déteste plus encore prendre son petit déjeuner la tête en vrac. Certes, le plus souvent, Paul, son mari, est déjà sur un chantier, mais il lui arrive de commencer sa journée à la maison, lorsque par exemple il doit vérifier les stocks, répondre à des commandes ou se documenter sur les couleurs tendance. Son entreprise « Peintures et Rénovations » fait parfois du conseil et, s’il n’est pas architecte, il se plaît à dire qu’il n’est pas qu’un peintre en bâtiment non plus. Il a du goût, un œil attentif à l’esthétique des choses, et c’est pour cela que Laura ne souhaite pas se montrer à lui dans une tenue négligée, même si on doit à la vérité de dire qu’il ne lui a jamais fait le moindre reproche à ce sujet.
Ce jour-là, Paul est déjà parti et Laura poursuit sa danse des habitudes : elle revient vers la cuisine, sort la confiture, met du pain à griller, appuie sur le bouton de la cafetière, ouvre le frigo et en extrait la bouteille de lait, tient la porte ouverte avec son genou pendant qu’elle en verse quelques gouttes au fond d’une tasse puis la remet dans son compartiment, retire sa jambe, ce qui suffit à refermer en douceur le battant docile ; elle répartit le tout sur un plateau qu’elle trimballe habilement vers la table en verre du salon sur laquelle repose déjà le livre qu’elle est en train de lire : Le Rire du hibou, l’un des premiers romans de Takumi Kondo, le seul qu’elle n’avait pas encore lu. L’écrivain célèbre vient ce soir à la médiathèque de Marmande présenter son œuvre et Laura ne veut rater ça pour rien au monde. Depuis l’enfance, la jeune femme, à l’esprit pourtant plutôt scientifique (elle a fait une école de commerce à Bordeaux), lit des romans japonais, et ce de façon presque exclusive. Tout est parti de la mort de son arrière-grand-mère Marthe, survenue quand elle avait 10 ans. Laura, à cette époque-là uniquement passionnée de couture, aimait Marthe d’un amour inconditionnel. La vieille femme, un peu honteuse de ne pas avoir étudié, portait en elle mille récits d’Occitanie qu’elle avait l’art de dérouler en roulant les « r » et en chantant les nasales, ce qui ralentissait la narration et créait un suspens involontaire mais efficace. Parfois, lasse de fouiller sa mémoire, elle choisissait de raconter à Laura un roman en cours de lecture qu’elle dévorait à la loupe. Le plus souvent, le livre avait été emprunté à la bibliothèque ou prêté par une voisine institutrice à la retraite en laquelle elle avait entière confiance.
Quand Laura se rendit à Agen avec son père pour un dernier adieu à l’appartement vide, elle se déroba à l’attention paternelle pour pénétrer dans la chambre de Marthe. L’ancêtre reposait dans un cercueil fermé. Pour lutter contre son imagination macabre, l’enfant se mit à scruter la chambre comme si elle contenait un antalgique puissant dissimulé quelque part : le lit, dans les draps duquel elle s’était si souvent blottie pour écouter les histoires de la vieille, le chien en bronze sur l’armoire, le tapis berbère mal dépoussiéré. Quand son regard flottant se posa sur la table de nuit, il s’ajusta pour noter la présence d’un livre duquel dépassait un marque-page fluorescent. Elle s’approcha ; manipula l’objet. C’était un livre de bibliothèque dont le titre, Gibier d’élevage, sonnait comme un roman du terroir lot-et-garonnais. Le nom de l’auteur en revanche, Kenzaburô Ôé, transportait de quelques milliers de kilomètres vers l’Est et l’Asie inconnue. « Mamie ne connaîtra jamais la fin de cette histoire. » Cette pensée glaça l’enfant plus encore que la présence assourdissante de son arrière-grand-mère dans la boîte près d’elle. Elle prit le livre, le mit dans sa poche, et l’emporta chez elle avec une seule obsession : finir la lecture de Marthe. Laura n’avait jusqu’ici lu que Les Six Compagnons ou la série des Alice en Bibliothèque verte et ignorait qu’on écrivait des livres au Japon. Qu’importe. Le soir même, elle reprit la lecture de son aïeule là où elle l’avait laissée, se retrouva en 1944 dans ce village pierreux des montagnes japonaises, suivit les aventures de l’enfant et du prisonnier noir américain sans y rien comprendre et tourna la dernière page à 3 heures du matin, épuisée mais sûre d’avoir maintenu son arrière-grand-mère en vie quelques heures de plus en s’imposant l’achèvement de ce texte mystérieux. Dès lors, elle troqua sa passion des aiguilles et des machines à coudre pour celle, inaltérable, des romans japonais.

La vie de Laura reprit son cours serein. À 17 ans, elle rencontra Paul et son regard doux, l’épousa à 23, avec la simplicité des femmes qui reconnaissent en elles l’amour profond, puis choisit de l’aider à mener à bien ce projet joyeux : être l’un des meilleurs ouvriers peintres de la région. Son époux construisit presque de ses mains leur maison de Beaupuy, dont le salon-cathédrale vitré et le jardin à l’arrière ont une vue sur Marmande et toute la vallée. Ils en firent le siège social de la société, et c’est d’ici que Laura s’applique à la comptabilité de « Peintures et Rénovations », délestant son époux de l’aspect administratif pour qu’il puisse se dévouer à la qualité de sa tâche. La société compte à présent neuf employés et Paul est un homme respecté et épanoui. Sa dégaine ramassée de rugbyman, sa chevelure épaisse et brune, son regard clair attirent la sympathie de tous. Il ne manque jamais de citer Laura quand il évoque son succès ; il n’aurait rien pu faire sans elle. La petite flamme dans ses yeux à cet énoncé prouve sa sincérité. Leur difficulté à avoir un enfant est la seule ombre à leur jolie vie, mais le docteur Bombard leur a promis qu’ils y parviendraient ensemble. Laura n’est pas pressée, elle profite du temps qu’elle a pour bien tenir sa maison – elle aime ranger – et surtout lire. Des livres japonais donc. Et ceux de Takumi Kondo en particulier.

Journal
J’ai rencontré Andreï Makine hier quand je suis passée à La Grande Librairie. Il m’a dit un truc dingue quand j’y réfléchis. Avant de faire l’émission, je pensais justement que pour écrire le livre qu’il vient de publier, Par-delà les frontières, aussi désespéré, aussi ambigu, aussi provocateur, il fallait « être Andreï Makine ». Qu’un autre écrivain ne pouvait pas produire un livre comme ça et espérer être lu, à part Houellebecq peut-être, ou un auteur agonisant, fidèlement édité, dont la mort prochaine permet tous les excès. Et ce qu’il m’a dit lors du sympathique pot qui suit l’émission, c’est du même ordre : il faut être Andreï Makine pour le dire. Très peu d’hommes se permettraient ce genre de propos.
J’avais mis une belle veste achetée cher pour l’occasion – ou plutôt dans l’espoir de l’occasion – quelques semaines plus tôt. C’est une taille 40, ils n’avaient pas plus grand. Moi, je porte facilement du 42 en ce moment, mais la vendeuse a argumenté, ça peut se porter ouvert, elle vous va bien, et Jean-Pierre [mon compagnon] a confirmé elle te va bien, de toutes celles que tu as essayées c’est celle qui te va le mieux. Mon miroir me le disait aussi, l’absence de col fait ressortir mon cou, mes cheveux, les petits fils dorés éclairent tout en restant sobres, je m’y sens bien. Bon achat. J’avais mis également des bottines à hauts talons que j’adore. Elles m’allongent, elles ont une touche de fantaisie, elles sont noires (donc discrètes) avec des éclats de rouge sur le côté, bref, je les ai choisies pour l’émission ainsi qu’un pantalon en toile et un chemisier noir légèrement transparent, un petit top en dessous, c’est bien. C’est ample. Ça cache la misère. Je n’ai pas à tirer dessus sans cesse. Être à l’aise, surtout, c’est ce qui comptait pour moi. Si possible élégante et à l’aise.
J’avais envie de parler de mon livre, de saisir l’opportunité précieuse, défendre le bébé. Je suis assez premier degré il faut dire. Très consciente de la chance que j’ai, quand j’en ai. Pas du genre à penser que ça m’est dû. Impressionnée par la qualité du plateau (Vanessa Bamberger, Patrice Franceschi, Andreï Makine, Joseph Ponthus), j’ai tenté de dissimuler derrière un visage fermé ma sensation ravie de la crèche. Malheureusement pour moi, elle trouve toujours un interstice pour s’exprimer, souvent sous la forme d’un sourire benêt. Cette béatitude enfantine ne me prive pas de mon aptitude à observer. L’un n’empêche pas l’autre.
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Roman

[A propos de "Gibier d'élevage" de, Kenzaburô Oé débuté par l'arrière grand-mère de l'héroïne, venant de mourir ]
Qu'importe. Le soir même, elle reprit la lecture de son aïeule là où elle l'avait laissée, se retrouva en 1944 dans ce village pierreux des montagnes japonaises, suivit les aventures de l'enfant et du prisonnier noir américain sans rien y comprendre et tourna la dernière page à 3 heures du matin, épuisée mais sûre d'avoir maintenu son arrière grand-mère en vie quelques heures de plus en s'imposant l'achèvement de ce texte mystérieux. Dès lors, elle troqua sa passion des aiguilles et des machines à coudre pour elle, inaltérable, des romans japonais. (p. 14)
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Journal

Je trouve élégant de faire une oeuvre de sa rage, bien plus intéressant que de l'exprimer dans une tribune, sur les réseaux sociaux ou à coups d'insultes au soir d'un fait divers. Le dépit ne disparaîtra jamais, et s'il est transformé en poésie, en choc littéraire, il m'intrigue et me séduit. (p. 66)
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Tu sais, nous avons souvent une vision linéaire du temps. Mais on peut aussi considérer que l'être humain s'inscrit dans un temps circulaire, d'éternel retour, comme le vent ou l'eau. La question du vieillissement du vent, ou de l'eau, ne se pose pas...
(page 59)
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Quand on vit un grand amour, il se passe quelque chose d'exceptionnel. Je le pense vraiment. Aimer, quand ça engage l'être tout entier, la perte de contrôle, le glissement vers le vide, le trou noir, c'est exceptionnel. Mais c'est exceptionnel pour Un. L'autre regarde, confronte, envie, se moque.
(page 31)
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Marie met le film sur pause, revient en arrière et écoute à nouveau : "Mais de rester comme ça, ici, c'est pas une vie, ça. - C'est une vie, c'est la mienne." Et encore une fois . C'est une vie, c'est la mienne." Elle murmure le dialogue avec l'accent allemand en même temps que Steiner : "C'est une vie, c'est la mienne."
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Sans parler de ceux qui font oui de la tête dans le seul but d'être plus riches que toi, plus puissants que toi, d'avoir une plus longue queue que toi, les minables
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Marie le sait, elle n'a pas beaucoup d'instruction. Elle est bien plus douée pour conduire, s'ennuyer, lambiner, jouer à des jeux hypnotiques sur des écrans sur-éclairés, ou slalomer sans se plaindre dans la dureté de la vie. Déjà pas mal. Ça ne fait pas une fortune mais ça fait une femme, celle qu'elle est, et dont elle ne peut divorcer. A prendre et à laisser.
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Les enfants sont les poumons des désespérés.
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Cette tristesse n'a rien à voir avec le malheur. C'est une tonalité plus qu'un résultat, comme un mode mineur n'empêche en rien la beauté d'une oeuvre.
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Ce soir, les possibles sont comme les perles multicolores d'un collier pour enfant à fabriquer. Si l'une se perd, le sac et encore plein, et on ne se penche même pas pour la retrouver. Ce soir, sa jeunesse la tient plus que tout le reste. Tout est envisageable, devant. Rien ne l'oblige à l'espoir. Rien ne l'oblige au désespoir. Attente ou frénésie, action ou immobilité, rien ne presse. Les rides sont des sornettes. Hier, elle était foutue et déjà vieille, aujourd'hui elle est ressuscitée. Et elle commence à comprendre que ce jeu de balancier pourrait bien durer longtemps. Ce soir, sa jeunesse en expansion l'emporte sur l'adversité d'une société qui empêche. Tout se considère.
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