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Critiques de Nicolas Legendre (36)
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Silence dans les champs

Cet essai du journaliste Nicolas Legendre, lui-même fils de paysans d'Ille-et-Vilaine, est l'histoire d'une utopie progressiste, généreuse de syndicalistes, coopérants agriculteurs, tous issus dans la catholique Bretagne de la Jeunesse Agricole Chrétienne (JAC) qui imaginent dans les années 60 de se fédérer en créant des CUMAS, SICAS, GAEC, coopératives d'agriculteurs pour moderniser l'agriculture et la Bretagne, sortir les paysans d'une relative misère, (on verra ensuite que la doctrine dominante exagéra sans doute cette misère prétendue pour mieux s'imposer, cela dépendait des cantons et des pratiques), mettre en commun leur matériel, leurs ressources, puis leurs savoir-faire pour accéder à la modernité libérale productive, basée sur la technique et des capitaux sous forme de parts sociales. Sauf qu'en 60 ans, le système est devenu un Moloch qui dévore ses enfants, il a salement foiré en devenant une féodalité mettant en coupe réglée les paysans qu'elle broie en les assujettissant à des coopératives devenues des monstres industriels, les terres et les paysages qu'il détruit, la biodiversité qu'il effondre, les cours d'eau et les plages qu'il pollue d'algues vertes. Le "miracle" a fait long feu. Le système ne tient que sur le déni, des anathèmes, des exclusions bien décrites via des témoignages terrifiants, la violence symbolique et réelle du syndicat majoritaire, la FNSEA, seul syndicat à se réjouir de la perte de 25 % de ses adhérents tous les 10 ans, des féodalités bancaires et industrielles, des fiefs électoraux où des politiques collabos ou tétanisés votent tout ce que veut le lobby agro-industriel, devenu industrie lourde à l'instar de la sidérurgie, ils parlent d'ailleurs comme elle, de minerai. "En Bretagne, la ligne rouge politique n'est pas le front national mais les écolos". Honnis par l'agro-business, soumis à des pressions et des intimidations, la sémantique utilisée contre eux emprunte au vocabulaire religieux : secte, jihadistes verts, Amish..., pour mieux les renvoyer à l'obscurantisme, la Raison étant bien entendu du côté de l'Industrie de l'agro-pétrochimie capitalistique des intrants de synthèse. Lesquels ne font jamais les comptes ni ne paient les externalités négatives (pollution, maladies professionnelles niées par la MSA, destructions environnementales et des paysages) qu'ils provoquent.

Ouvrage très documenté, revenant sur l'histoire bretonne du XXème siècle, basé sur de multiples témoignages "ici, ce n'est pas la Corse, on ne tue pas, mais on utilise des méthodes mafieuses pour faire taire les réticents et les "têtes de cochon" qui vont chercher des noises à leurs puissantes coopératives", notamment la puissante Cooperl de Lamballe (plus gros abattoir breton) une ou deux fois citée nommément, irrigue en fait tout le livre et les témoignages de ses adhérents traités en serfs voire en esclaves selon l'arbitraire du Prince Commault, fils d'archevêque, frère de curé, ancien JACiste pourtant, aux méthodes brutales, toute trahison de son statut coopératif bue. Sa condamnation par la justice au titre de participation au "cartel du jambon" en 2020 est racontée, et son comportement auprès du ministère au moment de payer une lourde amende de plusieurs millions d'euros est édifiant.

Système crépusculaire, avec en face trois sortes de personnel politique, la droite style Le Fur, soutient indéfectible du modèle, la gauche pétocharde modèle Le Drian qui met plein d'eau dans son vin, et enfin les écologistes et leurs associations, honnis et persécutés, on peut se demander comment on en sortira et quand. Nicolas Legendre essaie de conclure sur une note positive en citant l'agroforesterie, les cultivateurs bio, mais on peut être pessimiste et penser que le modèle agro-industriel n'aura de cesse que d'avoir éliminé tous les paysans pour les remplacer par des mandants, des salariées techniciens agronomes, le Capital étant détenu par des consortiums anonymes ou des fonds de pension investissant là comme ils investiraient ailleurs. On nous le vendra comme un mal nécessaire pour avoir "des lardons et du jambon sous vide pas cher pour tous trois fois par jour", puisque les classes moyennes se sont laissé endoctriner par le tout protéines animales -de mauvaises qualité, les animaux, dont pas un mot n'est dit dans l'ouvrage, étant aussi les victimes, servant de minerai principal, et à tout faire à cette industrie lourde ayant abdiqué toute morale et éthique. A LIRE.
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Les routes de la vodka

Le journaliste Nicolas Legendre (Le Monde, Géo) enquête sur les liens qu'entretiennent avec la vodka des populations de l'ex-URSS (Russes, Géorgiens, Arméniens, Azeris, Kazakhs, Ouzbeks, khirghizs…).

Pour cela, l'immersion est appropriée ! Et l'auteur n'hésite pas à trinquer abondamment avec ceux qu'il croise, à tel point que je me suis d'abord demandé s'il voyageait pour étudier sur la vodka, ou s'il prenait prétexte de son voyage pour picoler…



Ce sont finalement bien les personnes rencontrées et les témoignages recueillis qui sont au coeur de ce récit de voyage(s) :

- voyages dans le temps avec l'évocation fréquente du passé (marques de l'époque soviétique, catastrophe de Tchernobyl, assèchement de la mer d'Aral, effondrement du régime communiste…),

- et des voyages dans l'espace via les nombreux pays traversés.

La carte en début de livre est bienvenue, permettant de suivre l'itinéraire de l'auteur.



A travers ces petites histoires, Legendre nous fait visiter la géographie et l'Histoire de l'ex Union soviétique, mêlant des considérations géo-politiques (conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie pour la possession du Haut-Karabagh arménien…) et sociologiques (place de religions, rapports à l'alcool…).



Son style est agréable, et le tout est très instructif, même s'il m'a été difficile de m'identifier au narrateur tant la capacité à apprécier les alcools forts, notamment la vodka, m'est étrangère.

Si ces contrées, leurs histoires et leurs populations vous intéressent, alors vous apprécierez sans modération cette lecture.
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Silence dans les champs

Originaire et toujours sensible au devenir du monde paysan breton,"Silence dans les champs" est tout naturellement venu à ma rencontre.

Enfant, j'ai vécu le remembrement sans comprendre cet "écocide" qui allait détruire la polyculture, l'élevage raisonné, la nature de nos champs (landes et zones humides),sans parler des rancoeurs laissées dans le monde paysan.Depuis, le réchauffement climatique a accentué ce que la disparition des talus et des chemins creux a amorcé.

En 1970, mon pére très méfiant des coopératives et de leurs conseillers envahissants a préféré fuir sa ferme natale pour la région parisienne pour un tout autre métier...

C'est donc 53 ans plus tard, que je reviens le plus souvent possible aux sources.Il y'a moins de fermes et donc moins d'agriculteurs...

Certains se sont suicidés suite à des crises, à un endettement massif.D'autres sont très malades ou fatigués physiquement et psychologiquement.De plus la relève est loin d'être assurée.

Je comprend grâce à cette lecture de Nicolas Legendre et à ma vie professionnelle tout ce que l'économie libérale de Landerneau (Gourvennec,Leclerc) fait subir aux producteurs "hors-sol".Il explique également ,témoignage à l'appui, comment ceux qui ne sont pas en conformité avec le "système" se voient privés de credit ou saboté dans leur activité.

Parce qu'en Bretagne, on est teigneux, on ne parle pas, c'est l'omerta...

On ne tue pas non plus mais on en meurt...

A l'heure où on subventionne la construction de talus, qu'il est plus dangereux d'être écologiste que d'extrême-droite, il faut absolument lire ce livre.

Cette enquête de 7 ans regroupe des témoignages et une analyse d'un "système" qui broie le monde paysan.
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Silence dans les champs

Publié aux Éditions Arthaud le 12 avril 2023, ce livre a été couronné par le prestigieux prix Albert Londres en novembre 2023 : " Le jury du Prix Albert Londres applaudit ce travail d’enquête au long cours sur un sujet essentiel, vital, qui concerne chacun d’entre nous. Cette immersion dans l’agro-industrie bretonne est un travail difficile, brillant, documenté qui révèle une atmosphère sournoise de féodalité, et décortique les méthodes, ce que l’on pourrait aussi appeler la « Breizh mafia »." Est-ce ce qui explique qu'à cette approche de noël le livre version papier est introuvable ? Heureusement, la version numérique reste accessible.



Voilà en effet un travail d'enquête de sept années devenu un incontournable pour tout breton et tout curieux de la Bretagne, une œuvre si documentée que la mention des sources occupe plus de deux cents pages sur les 451.



Le livre se présente comme une série d'enquêtes jalonnées de témoignages et réparties en trois grandes étapes :



I Les fondements de l'empire armoricain



Après le rappel de ses racines agricoles, l'auteur assène quelques témoignages qui donnent le ton. Ainsi celui d'Emmanuel, éleveur — Mes parents ont commencé avec cinq vaches. On vivait bien. Moi, j’ai débuté avec soixante, aujourd’hui j’en ai cent cinquante. On gagne 2 000 euros par mois à deux. On travaille entre douze et quatorze heures par jour. Comme on dit avec ma femme : le week-end, pour nous, ça commence le dimanche à 12 heures et ça finit le même jour à 18 heures, pour la traite. On se retrouve obligés d’investir, mais c’est juste pour garder notre revenu. Pour continuer à remplir le Caddie. On est dans la course à l’échalote pour pouvoir rester là. Heureusement que ma femme travaille à l’extérieur, pour qu’on puisse payer les courses. Je ne peux pas me permettre d’engager quelqu’un. Je peux vous présenter des amis éleveurs chez qui le grand-père continue de travailler sur la ferme, à 70 ans… Y a des moments, quand on perd de l’argent à travailler… Quand j’ai commencé, y avait dix-sept producteurs laitiers dans la commune. Aujourd’hui, on n’est plus que trois. Ma laiterie ? C’est les mêmes gangsters que les autres… Ça n’a pas de sens… Mais je suis là, j’ai des prêts à rembourser. Faut bien que je vive. J’ai des amis qui se sont suicidés. Mon voisin, il est parti avec son télescopique 3 , il a pris une corde, il s’est pendu dans un coin de la ferme. Et voilà."



Le chapitre s'attache alors à remonter le fil qui a mené à cette croissance qui appauvrit les agriculteurs, élimine les plus petits et les désespère parfois en leur livrant une guerre sourde pour peu qu'ils aient émis quelques velléités de rébellion.



Il remonte ainsi aux années 60 qui a vu le développement en Bretagne de l'agro-industrie autour de quelques personnalités souvent issues des Jeunesses Agricoles Catholiques et assez souvent aussi du lycée agricole du Nivot. Parmi celles-ci, Alexis Gourvennec. . "Au début des années 1990, il pouvait prétendre au titre de premier éleveur porcin breton, avec trois mille huit cents truies pour une production annuelle de quatre-vingt mille animaux, soixante-cinq salariés et 550 hectares au total répartis sur trois sites. Il a possédé un élevage au Venezuela (cinquante salariés, mille sept cents truies), ce qui revenait, d’une certaine façon, à participer au dumping social à l’encontre de ses propres confrères français. À cela s’ajoutait une importante entreprise piscicole, adossée à une société de transformation et de surgélation de poissons." Ce système de croissance exponentielle, c'était le modèle qu'il voulait développer en Bretagne, quitte à éliminer tous les petits producteurs qu'il désignait comme "minables" Mais ce développement n'est pas à la portée de n'importe qui. Alexis Gourvennec était aussi président du Crédit agricole qui finançait son développement, président et créateur de la Britanny Ferry, créateur de la SICA de St Pol de Léon et du lobby Breiz-Europe ! Il côtoyait la sphère politique de droite. Bref, il avait tous les atouts en main.



Le comte Hervé Budes de Guébriant, un catholique royaliste, agronome de formation, est autre figure de cette transformation de la Bretagne, il dirigeait l'Office central (assemblage d'organismes agricoles) et possédait une centaine de fermes en Bretagne. Lui voulait la modernisation des campagnes, mais pas le capitalisme ni le libéralisme. Il est à l'origine de la création du lycée agricole du Nivot. L'Office central s'est disloqué dans les années 60 : " le Crédit Mutuel de Bretagne, la coopérative Coopagri (rebaptisée Triskalia, puis Eureden : 3,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021, dix-neuf mille cinq cents coopérateurs), la caisse bretonne de l’assureur Groupama, la Mutualité sociale agricole de Bretagne ainsi que l’hebdomadaire Paysan breton, principal organe d’information professionnelle du monde agricole breton (fondé quant à lui par un résistant, Pierre Guillou), sont tous des « enfants » de l’institution landernéenne"



Ces années sont aussi celle de la création de l'un des plus grands empires de la grande distribution : Leclerc dont le but est de vendre à des prix imbattables. Leclerc possède les abattoirs de Kerméné et avec Intermarché, autre mastodonte breton, ils abattaient en 2018 un tiers des porcs bretons, pour vendre la viande au plus bas prix possible.



L'élevage hors-sol est emblématique de cette modernisation à tous crins : Volailles et porcs (comme fraises et tomates !) sont élevés par des agriculteurs qui se retrouvent liés à des firmes ou à des coopératives auxquelles ils achètent les animaux, leur alimentation, leur médication et auxquelles ils revendent les animaux destinés à l'abattoir. Au fil des crises, on assiste à l'élimination des plus fragiles, et cela, même au niveau des abattoirs : Gad, Doux, Tilly, des abattoirs ferment, victimes de la concurrence acharnée, des centaines de salariés perdent leur emploi, les patrons, comme Loïc Gad quittent le navire avec des parachutes dorés. On assiste par la même occasion à l'invasion des algues vertes sur les côtes et des nitrates dans l'eau des rivières.



La culture intensive de la pomme de terre et du maïs sont un autre aspect de la modernisation galopante : le maïs est destiné à l'alimentation animale, mais comme il n'apporte pas assez de protéines, il faut acheter du soja aux USA. Pour le cultiver et le récolter, de grosses machines sont nécessaires, ce qui a sonné le glas des talus lors du remembrement et ce qui a développé le marché des engins agricoles. La pomme de terre, aussi use la terre et draine des marchés de produits de traitement :" En itinéraire « conventionnel », en 2017, en France, un champ de pommes de terre recevait en moyenne 20,1 traitements (insecticides, herbicides, fongicides et adjuvants divers) entre la plantation et la récolte, soit près de trois fois la moyenne toutes catégories confondues (7,025 traitements par an)" La terre gorgée de ces pesticides glisse lors des pluies abondantes des plateaux d'Irvillac jusqu'à la rade de Brest où l'huitre plate a déjà disparu tandis que l'élevage des huitres creuses et des moules est devenu impossible.



II Le bal des vampires



En somme, la modernisation de la Bretagne tant voulue par Gourvennec comme par de Guébriant et à leur suite par la FNSEA fait beaucoup de dégâts latéraux et ceux qui tentent de résister sont souvent incompris sinon malmenés, c'est ce que développe la deuxième partie de l'enquête. Refus de prêts, report de l'enlèvement des porcs vendus, livraison d'animaux de seconde classe dits "queues de lots", menaces de mort, intimidations diverses, mises au ban... Les procédés "mafieux" ne manquent pas et les victimes se taisent, se suicident ou rentrent dans le rang. L'auteur recueille plusieurs témoignages glaçants, mais les victimes témoignent presque toujours sous couvert d'anonymat. Cela pose bien sûr un problème au journaliste qui s'attache alors à croiser les sources.



III Une lumière d'automne



Dans cette dernière partie, l'auteur rassemble enquêtes et témoignages sur les prises de consciences, les alternatives et les solutions. Certaines maladies professionnelles commencent à être prises en compte. Des associations de défense de la nature parviennent à faire entendre leur voix. Des éleveurs assument des choix plus écologiques et humains et en font la promotion. Cette "lumière d'automne" n'est peut-être pas près de s'éteindre. Laissons Eluard conclure ainsi :



La lumière toujours est tout près de s'éteindre

La vie toujours s'apprête à devenir fumier

Mais le printemps renaît qui n'en a pas fini



(Eluard, Dit de la force de l'amour)
Lien : http://www.lirelire.net/2023..
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Silence dans les champs

Prix Albert Londres 2023. Remarquable enquête journalistique avec de nombreux témoignages saisissants d’agriculteurs qui illustrent l’évolution et la situation de l’agriculture en Bretagne. Une agriculture productiviste qui depuis les années 1960 à diminué par 6 le nombre d’exploitations, a bousculé les paysages pour agrandir les surfaces cultivées, a eu recours à de plus en plus de pesticides, a conduit les paysans à des niveaux d’endettement importants et les as rendus dépendants d’une industrie agroalimentaire toujours plus exigeante. L’empilement des témoignages est parfois un peu dur à absorber, mais il est nécessaire à un état des lieux objectif qui fait ressortir l’impossibilité pour les acteurs d’échapper, même si ils le souhaitent à cet engrenage infernal piloté par l’agro-industrie, le Crédit Agricole, la PAC et les coopératives.
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Silence dans les champs

A travers l’exemple de la Bretagne, une étude des plus complètes du système agro-industriel qui nous a mené à l’impasse actuelle où la pauvreté des idées qui s’affrontent pour prétendre en sortir ne peuvent nourrir que la violence. Ce constat désastreux appelle une ouverture crée par une remise en question totale de ce qui a nourri notre imaginaire pastoral depuis des siècles, appelle à une autre lecture : « Nourrir le monde… sans dévorer la planète » de George Monbiot.
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Silence dans les champs

C’est en regardant « Planète info » sur France Info (émission toujours très instructive), que j’ai découvert Nicolas Legendre et son livre/enquête « Silence dans les champs ». Le titre faisant référence à une certaine omerta dans ce milieu. Son interview m’avait intéressé et je m’étais dit qu’il serait bien de lire son ouvrage. Ce qui est fait. Je ne pense pas être particulièrement naïve, mais je ne m’attendais absolument pas à ce que j’étais sur le point de découvrir à travers ces pages. Cette lecture m’a véritablement atterrée, surprise, révoltée. Oui elle m’a vraiment horrifiée et consternée. L’enquête et les témoignages recueillis par le journaliste couvrent une période allant des années 1950 à nos jours. En France. En Bretagne. On ne parle pas d’une république bananière ! Non. La Bretagne ! Je ne suis pas une spécialiste du milieu agricole et je suis une vraie citadine. Mais j’aime me mettre au vert en vacances, en particulier en Bretagne. Malheureusement, je crois que je ne vais plus jamais voir les départements bretons avec le même regard. Je pense sincèrement être marquée à vie par la découverte de ce système agro-industriel productiviste qui a brisé des vies (physiquement, moralement… faillites, intimidations, menaces, suicides, mensonges, cynisme…), dénaturé des paysages ancestraux (arrachage des haies, destruction des talus, remembrement, pesticides, pollution des rivières avec le lisier etc.), brutalisé des animaux (installation hors-sol, production intensive…). Je ne me remets pas d’avoir compris la cruauté et l’inhumanité de nombreuses personnalités qui sous couvert de moderniser la Bretagne, avec l’appui des institutions et de l’Etat, sont responsables de ce désastre. Désastre pas pour tout le monde, car pour ces mêmes personnes, le pouvoir et l’argent ont été les seules motivations, et ils y ont bien réussi. Cette enquête s’appuie sur un très gros travail qui aura duré sept ans. Journaliste pour Le Monde, Nicolas Legendre, lui-même fils de paysans bretons, a rencontré de très nombreux acteurs du milieu agricole breton (près de 300 entretiens et 29 fermes visitées) que ce soit des paysans, chefs d’entreprises, salariés et cadres de coopératives, techniciens, syndicalistes, fonctionnaires, élus locaux, régionaux et nationaux, ministres et anciens ministres, militants environnementalistes, etc. Cet ouvrage est très instructif, un peu voire beaucoup déprimant tout de même et par moment très émouvant. Pour comprendre le système et ce qui se passe dans l’agriculture en Bretagne mais aussi en France, je ne peux que vous conseiller cette lecture. Je vous conseille néanmoins d’être « en forme » pour le lire.
Lien : https://mapassionleslivres.w..
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Silence dans les champs

Une claque, en même temps qu'un Coup de Cœur pour ce documentaire richement documenté. Ayant grandi entre les champs et une usine Lactalis du centre Bretagne (qui fournissait l'unique revenu de la maisonnée) , je savais intuitivement, je comprenais que quelque chose ne tournait plus rond dans le monde agricole depuis les 70's. Mais lire cette enquête, fruit d'un travail de 7 années, voir les les mots couchés non comme une opinion ou un verbiage vain, mais bien avec des témoignages, des chiffres, des faits est une expérience dont on ne sort tout à fait indemne.

Lire à quel point dans ce système agro-business, tout s'emboite, tout concorde, c'est époustouflant, oui souffle coupé devant tant de cynisme des Cooperl, et consorts.

Etranglés de dettes les agriculteurs, enchainés à des contrats les paysans, appauvrie la terre normalement féconde, empoisonnés les oiseaux, l'eau, la flore.... Pour quoi? pour qui?

Pour enrichir une élite industrielle jamais rassasiée et ce avec la bénédiction de l'Etat et de L'Europe, si faibles face aux lobbying et aux chantages à l'emploi.

Et on ne voit pas bien comment nous allons parvenir à déconstruire ce système productiviste et mortifère.

Merci à vous Nicolas Legendre, et vous êtes le bienvenu dans ma librairie bretonne quand vous le souhaitez!
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Silence dans les champs

Véritable découverte. Un gros coup de cœur pour ce documentaire, écrit par un Breton, véritable coup de poing en découvrant l'envers du décor, la face cachée de cette industrie agroalimentaire, de cette agriculture.

Nicolas LEGENDRE a réalisé un vrai travail d'enquête, a ouvert les portes, les usines, a fait parler les agriculteurs, a réussi à les mettre en valeur, à leur faire exprimer leur mal-être, la pression subie par les grands groupes, les coopératives, les banques.

La lecture nous divulgue des noms, des moments importants de l'agriculture bretonne, des manifestations, les conséquences de telles ou telles décisions prisent par ces acteurs de l'ombre, qui travaillent pour nous nourrir, jusqu'à en laisser leur vie.

Merci Nicolas LEGENDRE de nous faire ouvrir les yeux à travers ces quelques lignes.

Chapeau bas à vous tous, agriculteurs, cultivateurs, éleveurs.
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Silence dans les champs

Un essai très bien documenté, riche en témoignages vivants, qui décortique l'omerta qui pèse sur les agriculteurs bretons. La grande majorité souffre et est enfermée dans un système insensé mais ne peut pas s'exprimer a contre courant des discours portées par les grands syndicats et industriels qui ont tout intérêt à maintenir coûte que coûte ce système productiviste en place. Celui qui sort des rangs le paie cher.

Loin d'une simple critique manichéenne, Nicolas Legendre explique comment la plupart des acteurs de ce système sont coincés dans leur position et combien il serait naïf d'imaginer qu'un changement ne reposerait que sur leur volonté individuelle. Tout le système est à revoir.

Cette politique du silence ne facilite pas les choses car si on ne peut pas nommer les causes des problèmes alors nous sommes loin de pouvoir s'y attaquer.

Si vous aviez lu le dossier publié dans Le Monde l'année derniere au sujet des dérivés de l'agro-industrie bretonne ou si vous avez lu la BD Les Algues vertes, vous ne tomberez pas de votre chaise en découvrant Silence dans les champs. Mais il faut le lire car on a beau avoir conscience qu'il y a un probleme avec notre systeme alimentaire, nous avons tous tendance à faire l'autruche. A diffuser largement!
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Silence dans les champs

Les actrices et acteurs de ce théâtre jouent la pièce à guichets fermés depuis quelques décennies. L'intrigue s'est peu à peu transformé au fil du temps, l'âge venant, les protagonistes du début des temps ont laissé la place aux jeunes et fougueux entrepreneurs d'aujourd'hui. Le décor a changé lui aussi, s'est aplani, les nouveaux entrants ont peu à peu lissé le paysage, la technologie a horreur du désordre, fut-il d'origine naturelle. L'échelle elle aussi a changé, de la terre battue, nous sommes passés au pavillon néo-breton, puis à la longère privée de sa terre d'origine. Les parcelles qui l'entourent ont elles aussi perdu leur terre d'origine, trop pauvre, trop lente. Elles ont grandi, se sont enrichies, produisent plus vite, tant et si bien que les hommes qui la cultivent courent derrière, avec des machines de plus en plus grosses, des troupeaux de plus en plus imposants et puis, un jour, l'homme s'arrête. Il ne peut plus, à bout de souffle, il regarde autour de lui, se souvient et se pose la question du comment il en est arrivé là. Son voisin passe à côté au volant de son pick-up flambant neuf, comme dans les films américains. Il toise l'homme essoufflé et s'enquiert de sa santé.

Fais comme moi, fais du bio ! lui dit-il d'un ton goguenard. Tu le vends deux fois plus cher, les étiquettes changent, c'est tout, tu graisses la patte de deux ou trois vérificateurs et ça roule.

L'autre reprends son souffle, regarde l'engin, se gratte la tête et répond :

-Pas très bio, ton 4x4, et les tracteurs sous ton hangar, ils n'ont pas l'air de sortir souvent.

A propos, il va bien, ton conseiller clientèle du Crédit agricole ? On a causé tous les deux, parlé du pays, de la campagne tout autour, de ce qu'elle est devenue. Il quitte la banque. Il a comme des scrupules à continuer de financer des gars comme toi, qui flambe, qui vive à crédit et se serve des relations familiales pour racheter les terres, faire bosser des gars pour eux, mal les payer, et frimer sur les routes. Il m'a conseillé de faire du bio, comme toi, sauf que moi, je vais vraiment en faire, mon père n'est pas administrateur, donc je suis allé le voir, ce sera son dernier dossier, aux petits oignons, pas trop gros le prêt et il a ajouté que tu devais te faire du souci car ton père commence à emm....tout le monde.

Le pick-up démarre dans un nuage de poussière.

L'autre reprend son footing.

Sur la scène du théâtre, il rentre chez lui, caresse son chien, embrasse sa femme qui le repousse gentiment ( il est en sueur).

- A propos dit-elle, j'ai eu Fanny au téléphone, elle quitte son homme, marre de tout ce bazar...

- Je viens de le croiser. Ce n'est pas son jour.

La roue tourne dans le bocage, ou ce qu'il en reste.

Ceci n'est qu'une modeste illustration de ce que j'ai ressenti en lisant ce gros travail. Les personnages ne sont que des archétypes.

Un autre monde est possible, comme disent les slogans publicitaires.

Le livre de Nicolas Legendre a le mérite d'exister avec ces multiples témoignages, à charge, ce qui ne signifie pas que rien n'est fait pour que cela change. L'avenir nous dira si la vallée des Saints ne se transformera pas en vallée des larmes. La statue d'Alexis est une référence à Gourvennec, grand humaniste du Nord-Finistère. L'on sait maintenant pour qui roulent les concepteurs d'une mythologie à deux balles, entre Arthur, Merlin et les barons du cochon.

A lire.
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Silence dans les champs

Fils de paysan, originaire du Poitou et touché par le drame actuel que vit le monde paysan, c’est tout naturellement que je me suis intéressé à « Silence dans les champs ».

Le tableau économique et psychologique de cette corporation Bretonne ne m’a malheureusement pas surpris. Elle correspond à la dégradation dramatique de la vie professionnelle comme personnelle pour cette population depuis les années 70-75 où, dans le cadre de l’exode rural, je l’ai quittée au profit de l’industrie. J’ai eu la « chance » de garder un poste d’observation puisque mon père, puis mon frère ont repris l’exploitation de mon grand-père. Et si à force de travail, d’orgueil et d’entraide, ils s’en sont sortis économiquement, les injonctions d’industrialisation de leur ferme leur a laissé de douloureux stigmates, à mon frère surtout. Malgré une solidarité encore présente, autour de leur exploitation, le tableau des faillites, suicides ou abandons est celui décrit dans votre ouvrage.

Là ou ce livre remarquablement bien documenté m’a beaucoup appris, c’est socialement et en particulier sur la violence et l’omerta qui régit cette marche en avant forcée. Il me semble, peut-être par naïveté ou du fait de mon éloignement géographique, que le Nord des Deux-Sèvres a été moins touché par ces fléaux de violence et omerta. Pourtant aujourd’hui, le Sud des Deux-Sèvres, avec le scandale des bassines et du partage de l’eau, montre que je me suis sans doute voilé la face : à chaque fois que l’État, les collectivités territoriales viennent soi-disant améliorer l’outil de travail, hier avec le remembrement et aujourd’hui avec la ressource hydrique, ils laissent derrière eux une situation sociale et écologique dans le chaos. Le plus crispant dans ce constat est que des alternatives viables existent sur le plan économique qui sont aussi respectueuses des hommes et de l’environnement.

Vous pouvez être certain que votre travail va contribuer à la prise de conscience de tous ceux qui s’interroge sur ce monde paysan.
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Silence dans les champs

Petite fille d’agriculteurs bas normands et bretons, j’ai été spectatrice passive des multiples transformations de nos campagnes depuis les années 1960 : le développement de l’élevage porcin intensif en Bretagne, les colères de mon grand-père maternel normand qui se révoltait contre l’arrachage massif des pommiers, le remembrement, l ´usage intempestif des engrais, les vaches du voisins nourries au maïs… J’ai lu ce livre quasiment d’une traite (!) découvrant page après page comment s’étaient articulées toutes les transformations dans NOS champs , comprenant les différents enjeux et points de vue , le fonctionnement de la PaC et les conséquences de certaines politiques…. Merci monsieur Legendre pour ce livre si instructif et cette enquête qui me permettent aujourd’hui d’avoir un meilleur éclairage sur les conséquences humaines et environnementales de ce système agro-industriel et sur l’actualité . On comprend mieux comment on est arrivé à certaines situations désastreuses, la problématique des bassines, la pollution des nos rivières et la prolifération des algues vertes…. Un livre à diffuser au maximum pour renforcer les prises de conscience et renforcer les aides à des alternatives viables et réalistes pour NOS campagnes.
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Silence dans les champs

7 ans d'enquête, de nombreux témoignages, des références très intéressantes pour poursuivre notre connaissance du milieu agricole breton.

Comment est-on arrivé à une situation où seul prime l'argent. ? Alors que de nombreux agriculteurs ont été précurseurs en agriculteur biologique, comment les bretons ont-ils accepté d'hypothéquer leur santé, leur terre pour un mirage agricole vendu par les entreprises de phytosanitaire, les coopératives...



J'ai trouvé ce témoignage puissant, tourné vers l'écologie mais peu de personne impliquée n'a voulu contredire cette enquête. J'espère que cela ne restera pas un pavé dans la mare et qu'enfin agriculteurs, politiciens et acteurs locaux vont enfin prendre le problème à bras le corps.



A lire absolument pour découvrir cet engrenage...
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Silence dans les champs

Avec « Silence dans les champs », Nicolas Legendre rassemble sept années de recherches sur la situation de l’agriculture et des paysans en Bretagne. La succession des témoignages et leur mise en perspective dressent un tableau implacable d’une évolution rapide et autodestructrice de l ‘agriculture bretonne. Après 1945, la volonté de modernisation pousse les paysans à s’unir dans des coopératives et des syndicats. Ce système s’appuie sur le secteur bancaire, relayé par la volonté politique et la concentration des décisions entre quelques responsables. Les agriculteurs sont soumis aux pressions multiples, chantages, représailles. Les productions de volailles, porcs … battent les records, les exportations sont un formidable ressort pour confirmer la réussite d’une méthode qui est vite incontournable. Les limites sont repoussées : investissements, endettement, concentration des exploitations, cadences infernales.. écrasent les agriculteurs, écartelés entre le secteur agro-industriel, les injonctions de coopératives hyper-puissantes. La logique du profit écrase les agriculteurs, broie et pollue les milieux naturels. Quelques-uns se tournent vers des pratiques plus « respectueuses », ils rencontrent alors de nombreuses difficultés (menaces, problème de vente…). Nicolas Legendre multiplie les sources, témoignages qui tissent un bilan implacable de la situation. Le système mis en place détruit les outils de travail, écarte les jeunes du métier. En sortir paraît indispensable mais les résistances sont nombreuses et puissantes. La conclusion de l’auteur se veut modérée, teintée de pessimisme mais non dénuée d’optimisme… Une lecture instructive, à conseiller.
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L'Himalaya breton

J’ai récupéré ce livre dans une église en bretagne, et je dois dire que ca ajoute au charme de la lecture.



Ce petit roman-documentaire, rapide à lire et joliment illustré offre une escapade poétique dans les paysages bruts et « massifs » de bretagne.



Nicolas Legendre nous embarque dans son sac à dos pour ses randonnées à taille humaine, où il n’est question que de voir ce qui est sous nos yeux : la beauté.



Au rythme des pages, et avec légèreté, nous est dévoilé tour à tour les lieux, les habitants et l’histoire.



Je conseille ce livre à qui veut offrir, -ou s’offrir-, un bout de sa bretagne.
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Silence dans les champs

Habitant à la campagne et m'intéressant aux sujets de société et tout particulièrement à l'environnement, je connais bien évidemment les problèmes de l'agriculture intensive. Avec cette enquête approfondie, j'en ai appris encore bien plus, à en être effrayé ! La situation est dramatique, catastrophique et on continu droit dans le mur afin de préserver le lobbys qui nous gouvernent, au détriment de toute morale. Des lobbys qui sont de vrais mafias qui ne reculent devant aucun obstacle.

Merci à Nicolas Legendre pour ce travail remarquable et à son courage pour s'attaquer à ce sujet extrêmement sulfureux.
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Silence dans les champs

Si depuis soixante ans le monde agro-industriel s’est imposé aux paysans sans laisser vraiment le choix, c’est bien une volonté politique plus qu’économique, et la banque principale (sans la nommer) qui les soutient, ou leur maintient la tête juste hors de l’eau se garde bien de rester au-dessus de la même.

Les paysans en difficulté sont « utiles » au système pour mettre leur ferme « sur le marché » et doucement la broyeuse-coopérative-lobby se met en branle. Par exemple, sans l’avis des riverains, près de Poitiers, un céréalier de Normandie achète d’un coup 2000 Ha de terre, comme par hasard dans une région où le préfet promet la construction de dizaines de « méga-bassines ». Même la SAFER (société d’aménagement foncier et d’établissement rural) est complice. C’est donc irrémédiable. L’agriculteur indépendant est vite remplacé par l’ouvrier agricole qui ne discutera pas la méthode ou les dosages de produits phytos. L’Etat est tranquille. De plus, et fréquemment en Bretagne, rien de mieux qu’un « syndicat-maison » pour tenir ses troupes. On y pratique le « paternalisme » en embauchant dans l’usine agro-alimentaire (très florissante en cette région rurale) tous les agriculteurs qui ont vu couler leur ferme. Et puis les dirigeants se méfient de la presse qui enquête et qui peut nuire en dénonçant les méthodes mafieuses. Par exemple, un préfet fait pression sur un délégué syndicaliste de l’opposition. Forte pression en effet : il va jusqu’à évoquer l’avenir de ses enfants. Le système mafieux est permanent. Même le harcèlement et les sabotages sont monnaie courante. Enfin nous sommes obligés de constater que ce système est efficace, car il arrive à forcer les producteurs en « bio » à vendre leur lait comme « produit conventionnel » de moindre valeur.

Tant qu’elle a de l’énergie, la France du silence courbe l’échine, mais continue d’espérer. Malgré le fossé qui se creuse entre deux mondes agricoles. Et le livre d’enquête de Nicolas Legendre devrait être classé d’utilité publique.

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Les routes de la vodka

L'auteur, journaliste qui s'est déjà rendu plusieurs fois en Russie, fait le pari d'entreprendre un tour de l'ex-URSS afin de mieux comprendre les rapports des gens avec la vodka, et d'apporter par ce biais non seulement une approche humaine mais aussi géopolitique et sociale. A-t-il réussi son pari ? Je ne sais pas. Mais en tout cas la lectrice que je suis s'est émerveillée devant la pluralité des rencontres, l'hospitalité incroyable des gens, leur capacité à boire sans modération, sans parler de ce que l'on apprend, de ce quui s'ouvre à nous par le biais de ce regard direct : car oui, en France on est plutôt "méfiant" je crois envers les Russes, Poutine, le régime, etc, mais là on se rend mieux compte de ce que le peuple russe a traversé et du pourquoi le régime ne les choque pas, qu'ils n'aspirent pas à plus de démocratie, et que c'est un défi de comprendre "l'âme russe". La carte de début est la bienvenue (l'auteur a traversé Géorgie, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizstan, puis la Russie... Une incroyable aventure !
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Les routes de la vodka

Une rencontre était prévue quelques jours plus tard avec Nicolas Legendre dans un bistrot de la grande ville à côté de chez moi.

Quelle bonne idée de retrouver cet auteur dans un tel lieu pour évoquer avec lui les routes de la vodka.

Soit dit en passant, je n'apprécie pas la vodka, je ne pourrais pas partager cela avec lui, et détail qui a son importance quand la rencontre a lieu dans un bar à bière ... que je n'aime pas non plus la bière ! Je devine qu'il aura bien un fond de bouteille de vin pour apaiser ma soif de connaissance ce soir là.



Un livre avec un itinéraire surprenant, départ par les ex républiques soviétiques du sud Géorgie, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan, seules sont oubliées le Turkménistan et le Tadjikistan.... pourquoi ? ( réponse : pour l'un, trop compliqué d'avoir le visa, pour l'autre, pas assez de temps !)

Passage chez le grand frère ou si vous préférez l'ex grand frère mais toujours celui qu'on ne peut pas oublier, avec lequel on vit encore et toujours pour une courte escapade à 3400 km à l'est de Moscou pour récupérer la civilisation et le transsibérien ... surprise ... voyage, Moscou Vladivostok 9400kms, réduit à une simple excursion de 3400 kms, évoqué pendant quelques pages ... très, trop rapidement évacué !

J'avoue que le rétrécissement voulu ou subi de l'exploration de ce qui a été un jour l'URSS se déçoit ... autant l'âme russe est présente dans ses ex république mais nous ne saurons rien pour ce que j'appelle le ventre mou de la Russie. ( réponse : les routes de la vodka sont longues, tortueuses et ne peuvent se résumer à un seul voyage ...ce pourrait être pour un autre jour ?)



À part cette frustration ressentie, j'ai beaucoup apprécié ce voyage depuis mon canapé, j'ai vu défilé d'autres pays que ceux que nous montrent les reportages sur ces contrées très éloignées du tourisme de masse, j'ai vu vivre des hommes et des femmes pour lesquels la France se résumait à Sarkozy, Joe Dassin et Mireille Mathieu ... et ressenti la fascination de tout un peuple pour celui qui a redonné du lustre et sa fierté à un peuple ... je n'oserai pas le nommer ! Lénine doit se retourner dans sa tombe ... enfin je l'espère !



Je souhaite vous rassurer lors des rencontres avec Nicolas, la vodka n'est pas obligatoire, il y avait bien du vin aux oiseaux de passages, nom du bar qui nous a accueilli, et même si je n'ai pas eu l'occasion de goûter à la boisson nationale du Kirghizistan, le koumis ou koumys, (boisson à base de lait fermenté de jument, avec un faible dosage d'alcool, son goût très particulier est fort et fumé), j'ai pu déguster les fameux cornichons russes ramenés par Nicolas qui a le bonheur de résider juste à côté d'une épicerie russe, la seule a des kilomètres à la ronde !

Excellente lecture suivie par une excellente soirée.
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