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Critiques de Niviaq Korneliussen (109)
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Homo sapienne

Gros gros coup de coeur pour ce roman choral. L'autrice nous propose un chassé croisé de 5 personnages tous plus intéressants les uns que les autres... Un roman qui décrit le quotidien d'une bande de jeunes du Groenland, qui sont en quête d'identité... Un roman qui nous parle d'amitié, d'amour, de recherche de soi, de trahisons, de fuites... C'est bien écrit, très actuel... Bref, un vrai coup de coeur.
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Homo sapienne

Une lecture qui sort du commun et qui défie mes habitudes littéraires. Cette année est très proprice à la découverte, je ne cesse de découvrir de nouveaux genres et des lectures originales.

Ce petit bout de roman choral centré autour de cinq jeunes femmes en fait partie : original, brut, authentique, funky. Il parle essentiellement de sexualité, de recherche de soi même, des sentiments amoureux tabous ou incompris, de problèmes de société. Un roman très moderne, dont j'ai très apprécié l'authenticité.

On aime ou on n'aime pas le langage : la vulgarité, les nombreuses phrases anglaises (de plus en plus en vogue chez les jeunes, dont je fais partie car j'ai vraiment aimé retrouver ce langage qui apporte une touche plus réaliste encore et une nuance plus rock'n'roll pour expliquer des impressions, des ressentis) . J'ai aimé ce langage, j'ai aimé l'écriture, j'ai aimé le contenu et le sujet.



J'ai passé un bon moment et je retiens la musique "Crimson&Clover" qui me trotte en tête en pensant aux sentiments amoureux des lesbiennes.



Brut, authentique, moderne, urban, sexual, humain.

Love and violence, between dark and light.



Je rajouterais ma ptite touche personnelle à ce roman choral où chaque chapitre a sa chanson :



"Come together... right now... over me".

Oh yeah ;)
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Homo sapienne

Je suis toujours sous le coup d'un roman choral que j'ose qualifier d'exceptionnel. Cela va rester très longtemps mon coup de coeur de 2019. Si Niviaq Korneliussen avait écrit d'autres romans, gageons que je me ruerais dessus derechef...



Nuuk... capitale du Groenland. 5 jeunes qui n'ont d'autres buts que de sortir, de faire la fête, de boire, de baiser, d'expulser le mal être d'une génération, d'un pays, d'une époque tout autant que leurs déjections corporelles...



Le roman part de Fia et revient à Fia. Celle-ci en a marre des hommes et de leur saucisse qu'ils agitent mollement. Elle flashe sur une fille -Sara- mais finit d'abord dans le lit de sa coloc. A cause d'Arnaq, la coloc de Fia, le frère de cette dernière doit partir du Groenland, et c'est du Danemark qu'il échange des textos inclus dans le récit.



Arnaq essaie d'assumer son homosexualité, mais vit dans la fuite de ses responsabilités . Elle est en couple avec Sara. Mais elle est en quête d'elle-même, une quête profonde et dévastatrice, car son garde-fou. Alors, tout évolue au gré des beuveries qui rythment son quotidien.



Il y a le sujet, profond, dur et intense. 5 personnages en quête de hauteur, dirais-je. Puis il y a l'écriture. J'accroche à fond à cette écriture. 5 styles, tour à tour durs, obscènes, tendres, lâches... mais chaque personnage a son style propre. Un tour de force. On parle de sexe, d'outrages, de dépassement des limites. Cela vomit, baise, mais le lecteur n'est pas un voyeur. Il est partie prenante (en tout cas, moi, j'ai plongé).



Et puis, cerise sur le gâteau, il y a une revendication identitaire (pas xénophobe, cela dit). Une revendication groenlandaise. Et c'est fort bien amené.



Un premier roman coup de poing. Une sacrée découverte en ce qui me concerne.



Je m'en voudrais de passer sous silence cette couverture où une jeune fille avale goulûment une banane... Et dire que j'ai lu ce livre dans les transports publics sans le recouvrir...
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La Vallée des fleurs

Après « Homo sapienne », NIviaq Korneliussen revient avec « La vallée des fleurs » nous emporter dans les bras de la jeunesse groenlandaise ; Elle revient avec sa radicalité, sa crudité et son hypersensibilité pour nous parler de l’épidémie de suicides qui ronge le pays. On ne le sait pas obligatoirement mais le Groenland a le taux de suicide le plus élevé du monde et ce sont principalement les jeunes qui sont touchés.



Je tourne autour de cette chronique depuis 3 semaines mais je n’arrive absolument pas en parler correctement. Il est question d’identité, d’amour, de solitude, de liberté. C’est beau et profond. Parfois drôle avec pourtant un sentiment de malaise. Comme dans son précédent roman, la noirceur et la lumière, le doux et l’amer se mélangent pour arriver à un équilibre précaire. Par contre la forme est moins détonante que dans « Homo sapienne », avec notamment le choix d’un récit linéaire. C’est sans doute la raison pour laquelle je n’ai pas eu tout à fait le même coup de cœur.



Traduit par Inès Jorgensen
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Homo sapienne

Par de puissantes et vives introspections, presque l’impression de multiples intrusions, l’ouvrage concède un espace nouveau, la possibilité de pénétrer un pays en dehors de ses clichés occidentaux à demi exagérés, ces interminables paysages glacés, désertiques où ne vivent qu’inuits lovés dans de petits iglous. Ancienne colonie danoise, le Groenland se trouve au carrefour entre diverses cultures, langues et communautés qui acclament la solidarité mais qui font aussi face à des incompréhensions, des certitudes cristallisant une quête identitaire frénétique, à la fois intime et collective.

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Aux confins de l’auto-critique, l’autrice Niviaq Korneliussen compose la voix de cinq vies bouleversées, sensibles et plus que tout, d’une rare authenticité : elle fait de ce roman remarquable, atypique et pluriel, un vaste terrain de jeu littéraire au sein duquel différents niveaux d’écriture se télescopent et qui sans nul doute apportent une proximité supplémentaire entre les personnages et le·e lecteur·rice. Au coeur d’échanges épistolaires, de SMS en passant par le journal intime et un registre plus classique, le·a lecteur·rice, d’un même pas avec les personnages, des motifs universels : l’éternelle et profonde recherche d’un soi, de ses origines mais surtout la confusion et la (re)découverte sexuelle de chacun·e.

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C’est par l’appréhension d’une plume surprenante, vive et brute que nous plongeons alors dans une impétueuse modernité, le dévoilement des communautés LGBTQIA+ qui essoufflent un système dyadique normé, post-colonialiste et entrent en rupture avec les modèles dominants : comme une résonance avec nos attentes actuelles et nos angoisses sublimées. Au fond, ce roman inventif et subversif interroge l’émancipation d’un intime, l’affirmation d’une histoire collective réparée, enfin, l’hymne brûlant d’une génération.
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Homo sapienne

" Les Groenlandais de souche estiment qu’il faut renouer avec la culture ancestrale inuite, celle des tatouages sur le visage, celle de la chasse, de la pêche. Or, beaucoup de personnes, et surtout les jeunes, n’arrivent pas à s’identifier à cette conception monolithique de la culture groenlandaise parce qu’ils sont autant Groenlandais que Danois, parce qu’ils ne parlent plus le groenlandais [une langue inuite], parce qu’ils sont influencés par d’autres cultures, parce qu’ils veulent s’ouvrir au reste du monde plutôt que se replier sur eux. Nous n’arrivons pas à choisir ce que nous voulons être et l’on finit par se sentir étranger sur le territoire du Groenland, tout comme sur le territoire danois. "

Cette déclaration de Niviaq Korneliussen rend compte du malaise d'une jeunesse urbaine groenlandaise qui ne se reconnaît pas dans le discours nationaliste ambiant et qui cherche sa place dans le monde.



Cette jeunesse qui revendique une tolérance identitaire se bat également contre les tabous autour de la sexualité et la jeune autrice de ce roman porte un discours queer et féministe qui a dépassé les frontières du Groenland.

Dans ce roman choral, elle met en scène les métamorphoses croisées de cinq jeunes (deux lesbiennes, un homosexuel , une bisexuelle et une transsexuelle)  qui vont faire éclater les préjugés en assumant une sexualité différente.



Le premier portrait est celui de Fia qui vit à Nuuk, capitale du Groenland, avec Piitaq, un compagnon attentionné mais qui ne lui apporte pas le bonheur espéré. Elle décide alors de le quitter pour se mêler à des fêtes interminables où la consommation d'alcool est effrénée.

La découverte de nouveaux partenaires ne suffit pas à la satisfaire, ce que Niviaq Korneliussen exprime sans le moindre artifice, utilisant une langue crue et singulière, mélange de français et d'anglais pour la traduction mais initialement en groenlandais, danois et anglais.

"Fièrement, il exhibe sa foutue queue-saucisse. Je pense : Is that something to be proud of ? Je ne peux rien dire de bon de notre aventure, et puisqu’il est tellement saoûl, je ne simule même pas mon orgasme, comme je l’ai si bien appris."



L'excellente préface qui présente le roman fait l'éloge d'une écriture qui utilise divers modes de communication ( narration classique, réseaux sociaux, téléphone, lettres, journal intime) pour exprimer les tensions d'une génération qui cherche à se libérer d'une pression sociale et politique.

Elle compare également la prise de risque nécessaire pour chacun s'il veut trouver son identité à la prise de risque d'un monde colonisé pour s'affranchir de son passé.



" On est Groenlandais quand on est alcoolique, on est Groenlandais quand on bat son conjoint, on est Groenlandais quand on maltraite des enfants, on est Groenlandais quand on a été victime de maltraitance comme enfant, on est Groenlandais quand on a pitié de soi-même, on est Groenlandais quand on a peu d’estime de soi ", déclare Inuk, l'un des personnages.

Cette critique virulente de ses compatriotes s'accompagne d'une injonction à prendre ses responsabilités : " Cesse de t'apitoyer comme ça sur toi-même, tu n'es pas à plaindre. Enough of that postcolonial piece of shit."



La corrélation entre ces deux formes d'auto-apitoiement, au niveau national comme au niveau individuel, révèle une lucidité rare chez cette autrice qui avait 23 ans lorsqu'elle a écrit ce livre. Son analyse politique trouve écho dans les conditions de grande pauvreté d'une partie de la population chez qui l'alcoolisme, la violence, l'inceste et le suicide représentent un taux important.

Ainsi les personnages du roman ont été victimes de ces situations dès l'enfance et, malgré un sentiment de culpabilité ou de dépréciation, tentent d'échapper à une forme de fatalisme en trouvant leur propre identité.



Dans la peinture de cette jeunesse connectée qui vit au rythme des Foo Fighters ou de Rihanna et qui a souvent la gueule de bois, il y a aussi le désir de ne plus se satisfaire d'une hétéronormativité trop restrictive et la tentation pour chacun de trouver sa voie, et surtout le bonheur. La décision de la sœur de Sara de donner un prénom épicéne à son bébé témoigne d'une évolution dans l'approche de la question du genre.

La conclusion n'est sans doute pas aussi originale que ce court roman , mais semble-t-il plutôt universellement partagée.

"Je pense que la vie contient beaucoup de défis, mais que les petits miracles de l'amour vaincront toujours."

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Homo sapienne

Une plongée inattendue dans un univers bien particulier : celui de la communauté gay de Nuuk, au Groenland, à travers la vision de 5 jeunes qui racontent leur ressenti, leur quotidien, leur vie.

Tour à tour jeune femme qui vient de quitter son conjoint et découvre son attrait pour les femmes, jeune homme fuyant le pays, femme abusée et coureuse de jupons et les deux membres d'un couple, nous découvrons à travers 5 styles et 5 personnalités des histoires d'aujourd'hui parfaitement menées et très prenantes qui nous laissent, quand la dernière page se tourne, un gout de trop peu tellement j'aurais aimé connaitre la suite de leurs histoires.

Le texte est agrémenté d'échanges de sms avec emojis, # et autres courriers qui donnent à l'ensemble une dimension très contemporaines et très immersive.

Il vaut tout de même mieux avoir quelques bases en anglais pour pouvoir apprécier ce roman dans sa globalité.

Un très bon roman qui ne laissera personne indifférent.
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La Vallée des fleurs

Roman qui nous fait découvrir les paysages majestueux du Groenland qui nous cachent bien des choses. Le Groenland est une île qui fait partie du Danemark. Au 1er janvier 2023 la population ne s’élevait qu’à 56 609 habitants. Le taux de suicide y est le plus élevé au monde … ce qui équivaut en moyenne à un habitant sur mille. Plusieurs enfants sont victimes de violence et d’abus sexuel. Là-bas, l’alcool et la drogue font partie du quotidien.



Chaque chapitre de la première partie du roman commence par un titre relatant un suicide … ce qui est une vraie claque!



“Femme. 27 ans. Empoisonnement. A avalé un mélange de pilules dans la maison de ses parents.”



À travers ces chapitres on suit une jeune femme inuite qui vient de terminer ses études à Nuuk et qui ira continuer sa scolarité à l’université d’Aarhus au Danemark. Arrivée sur le continent, elle peine à s'adapter à cette nouvelle vie, commence la mélancolie. Un événement qui a touché la famille de sa copine Maliina la rappelle à Tasiilaq une ville à l’est du Groenland. La beauté de l’endroit brise quelque chose en elle …



Excellent roman, mais d’une tristesse …

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La Vallée des fleurs

La vallée des fleurs est un roman tout en contrastes qui relate l'itinéraire d'une jeune femme inuite qui va intégrer une université au Danemark. Si son homosexualité est tout à fait acceptée par sa famille, on sent bien d'emblée que sa singularité se situe ailleurs et qu'elle dérange. Serait-ce son hypersensibilité ou un comportement parfois atypique ?

Au Danemark, l'effort d’adaptation au monde étudiant ,mais aussi aux subtilités de la langue (elle ne détecte pas immédiatement l'ironie ,par exemple) vont lui être coûteux et un deuil dans la famille de sa petite amie sera l'occasion pour elle d'aller dans l'Est du Groenland ,près de ce cimetière qui donne son titre au roman.

Car la mort irrigue ce roman, dont les têtes de chapitre de la première partie sont scandés par la mention factuelle de suicides de jeunes gens. Une vague de suicides touche en effet le Groenland et les mesures prises pour l'endiguer ne semblent guère efficaces.  

Si l'humour est bien présent, la souffrance l'est tout autant et l'autrice dépeint avec une extrême sensibilité cette écorchée vive qui tente de se retrouver. Un roman extrêmement dépaysant , qui montre aussi bien la beauté sauvage que les laideurs de ce pays, sa rudesse et sa délicatesse.





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Homo sapienne

Bienvenue au Groenland. Il ne sera pas question de fjord, de toundra, de paysages magiques. « Homo sapienne » est un roman urbain, un roman d’une sensibilité très moderne.



L’autrice tisse intelligemment l’entrée dans l'âge adulte de cinq jeunes vivant dans la ville de Nuuk.

On suit leur cheminement vers la compréhension de leur identité à travers leurs questionnements sur leur sexualité, leur genre et leurs relations. Pour un roman très court, il est d’une remarquable puissance. Chaque chapitre est raconté du point de vue d'un personnage différent, et monologues, e-mails échanges de textos ou publications Facebook se mélangent. Les styles narratifs tout comme les langues s’amalgament pour faire émerger une histoire à la fois intime et commune aux cinq personnages.

Dans une collection de nuits floues et de matins lugubres, on perçoit la confusion et la difficulté de chacun à se trouver en tant que personne.



Il y a quelque chose de brut et de follement libre dans ce texte débarrassé de tous les détails superflus. Pas de tabous, pas de clichés, il sonde les profondeurs de ses personnages souvent près du désespoir mais on en ressort étrangement régénéré.

Un roman audacieux, inventif et une autrice que j’ai hâte de retrouver avec son nouveau roman qui sortira en janvier chez La Peuplade.
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La Vallée des fleurs

L’autrice nous plonge dans un récit captivant dans les profondeurs de l'expérience humaine, en explorant les thèmes de la solitude, de la différence et de l'identité à travers le parcours d'une jeune Groenlandaise vivant au Danemark pour ses études. L'autrice réussit brillamment à mettre en lumière les défis complexes de l'adaptation à un nouvel environnement culturel, ainsi que les préjugés et les difficultés de communication auxquels l'héroïne est confrontée.

Le récit prend une tournure inattendue lorsqu'il se déplace vers le Groenland, abordant des sujets poignants tels que le suicide et la quête d'identité de l'héroïne. L'utilisation d'un style d'écriture moderne ajoute une profondeur supplémentaire à l'histoire, même si certaines répétitions et la monotonie syntaxique peuvent être un peu fatigantes.

Cependant, malgré ces petits défauts, la richesse de l'histoire et la manière dont elle explore les relations entre le Danemark et le Groenland en font une lecture assez plaisante. L'autrice aborde avec une radicalité, une crudité et une hypersensibilité remarquables les questions d'identité, d'amour, de solitude et de liberté. Le récit oscille entre moments drôles et moments empreints de malaise, mêlant habilement la noirceur et la lumière pour créer un équilibre précaire mais profondément captivant.

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La Vallée des fleurs

Ce n’est pas un roman aimable, accueillant. La narratrice est une toute jeune femme. Elle est étudiante. Elle est groenlandaise. Elle est lesbienne – son homosexualité semble avoir été bien acceptée par sa famille. Elle est aussi bien acceptée par les parents de Maliina, sa compagne, son amoureuse. Ecrit ainsi, je résume, je simplifie une intrigue qui est tout sauf simple – même si l’homosexualité en fait partie.



En effet, la narratrice ne se sent bien nulle part. Elle ne se sent pas bien chez elle, et c’est aussi une des raisons qui la pousse à aller étudier au Danemark. Elle est en décalage avec les étudiants danois, parce que différente. Mais à quoi tient au juste sa différence ? Le sait-elle vraiment elle-même ?



La cassure se produit, avec le suicide de la cousine de sa compagne. Elle l’accompagne là, à l’est du Groenland, et j’ai senti, encore plus fort, son isolement. Elle qui a déjà perdu des proches, qui en perdra encore, ne sait pas comment se comporter avec eux. J’ai eu aussi l’impression d’une violence dans les rapports sexuelles que lui impose sa compagne. Il n’est pas question de « consentement », comme si une jeune femme était forcément toujours d’accord pour avoir une relation sexuelle avec son amoureuse, même si cette relation est brutale, même s’il était clair pour moi, lectrice, que la narratrice n’en avait pas envie. Maliina, elle, n’a qu’une idée en tête : découvrir pourquoi Gudrun a mis fin à ses jours. Comme tant d’autres jeunes groenlandais. Découvrir aussi pourquoi personne ne cherche vraiment à leur venir en aide. Pourquoi, quand l’aide survient enfin, il est souvent trop tard. La preuve : Maliina ne se rend même pas compte du mal-être de sa compagne, elle la laisse à peine s’exprimer, elle dont le seul point d’ancrage positif dans sa jeunesse semble être sa grand-mère.



Nous ne connaîtrons jamais le prénom de la narratrice, seulement ce que les autres en disent – un prénom groenlandais, un prénom qui a une « signification ». Plus nous avançons dans le récit, plus elle semble ne plus avoir de repères, ne plus avoir d’attaches, être en décalage perpétuel entre ses mots, d’un côté, et ses actes de l’autre, en décalage aussi entre les paroles des autres et ce qu’elle en comprend. Aimer l’autre ne suffit pas. Vouloir être aimé non plus.



En arrière-plan, la société Groenlandaise et les réseaux sociaux, universels. J’ai noté leur importance, pour la narratrice, likant les publications de son amoureuse, regardant frénétiquement si elle ou les siens likent ses publications, partageant des formules toutes faites, à portée soi-disant universelle, un réseau social sur lequel les proches perpétuent le souvenir de ceux qui n’ont pas trouvé d’aide de leur vivant, mais à qui on pense beaucoup – après.



Merci aux éditions La peuplade et à Babelio pour ce partenariat.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Homo sapienne

Niviaq Korneliussen nous embarque au Groenland, pas en quête d'aventures en pleine nature glacée - chose habituelle quand les auteur.e.s abordent le "Grand Nord" - mais à la rencontre d'une jeunesse qui cherche à se construire et/ou à se reconstruire tant bien que mal.



Chaque personnage présenté est pris à part sans toutefois se détacher vraiment de l'histoire commune. Fia, Ivik, Inuk, Arnaq et Sara ont toutes et tous une histoire touchante et chacune est racontée de façon différente. Les thèmes sont actuels et interrogent sur le conditionnement social, les relations humaines, l'homophobie, le rapport à l'alcool, la quête de soi, d'une famille, d'un foyer, etc. le contenu est percutant.



Niviaq Korneliussen raconte tout cela dans un style spontané, franc, moderne. J'ai adoré la lire.
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Homo sapienne

Le Groenland est un pays de froid, de glace, de neige; de jours sans fin, de nuits sans fin. Ce roman n’en parle pas ou peu. Il parle du paysage intérieur des jeunes de ce pays, qui est chaud, perturbé, sexuel mais incroyablement attachant.

Homo sapienne suit la vie de cinq jeunes dans la ville de Nuuk, capitale du Groenland.

Fia a droit au premier chapitre Crimson et Clover. Elle est en couple avec Piitaq mais découvre qu’elle est attirée par les femmes.

Inuk, le frère de Sia, se sauve au Danemark. Il quitte le Groenland car sur cette île, la colère couve. Chapitre Home.

Au chapitre Walk of fame, on suit Arnak qui a vécu l’inceste et qui a mal à son corps et à son âme.

Ivik , dans le chapitre Stay, comprend qu’elle est un homme dans un corps de femme, elle craint plus l’abandon que son mal être.

Sara, dans le chapitre What a day, fait le lien avec les autres et semble être la seule qui soit elle-même, la femme qui aime les femmes, sans conditions, elle aime la vie et se choisit elle, sans compromis.



A la lecture de ce livre, j’ai l’impression de revivre l’explosion d’émotions vécue lors de ma rencontre avec Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée dans l’Allemagne des années 70. Cette impression de plonger dans une génération, dans un pays, le Groenland, m’habite sans bon sens. Quelle liberté que se donne ces jeunes, ils plongent dans la vie, se cherchent une identité propre. La modernité de ce livre demande une grande ouverture d’esprit, transcription de textos, interrogation sur l’identité de genre, homosexualité, la colère de ce peuple îlien est palpable et tellement émouvante.

A lire sans œillères, le cœur grand ouvert!

Niviaq Korneliussen parle, il faut écouter. Son œuvre est universelle.







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La Vallée des fleurs

La Vallée des Fleurs… la vallée des larmes, le sentier de la mort.

Niviaq Korneliussen, nous amène encore plus loin dans ce deuxième roman hors norme. Son œil acéré nous offre une vision tellement différente de ce grand territoire qu’est le Groenland. Je visualise souvent la carte pour situer les villes où elle place sa jeune Inuite. Quelle immensité et que de distance entre l’ouest et l’est et le Danemark, lieu des études supérieures. Quelle ampleur dans la déchéance de cette jeunesse groenlandaise.

Cette épidémie de suicides fait mal car la chute semble prévisible mais les moyens de prévention ou même de suivi post actes nous paraissent limités.

Une jeune femme 210693 (sans nom dans le récit) est en amour avec une femme Maliina, elle part étudier dans une université danoise et elle revient précipitamment car la cousine de son amoureuse se suicide. Encore une fois les jours et/ou nuits sans fins sont omniprésents. Toute l’intensité crée des hurlements dans sa tête.

« Je jette quand même un regard dehors et je vois toute la vie sur l’ensemble des montagnes. C’est trop, et je baisse les yeux. »

La vie est une difficile étape et le suicide est devenu une culture. J’ai mal pour eux. Roman nécessaire car j’ai rarement vu un aussi grand mal être si bien exprimé. Malgré la grande noirceur du thème, l’humanité de l’auteure fait réfléchir plutôt que sermonner. Quelques touches d’humour aident à faire passer le tout!
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Homo sapienne

Fai rencontre Sara lors d’une soirée, et en est toute éblouie. Pour elle qui avait un copain et ne se sentait pas attirée par les filles, c’est le début de quelque chose de nouveau. Va-t-elle la revoir ?

Certains sont en couple, d’autres cherchent et se questionnent, d’autres encore rompent, parfois une nouvelle identité émerge… Les journées sont mornes et les nuits groenlandaises sont longues, l’alcool coule et la musique rythme les va et vient de chacun.



Un roman choral d’un nouveau genre est né, il conte le quotidien de jeunes urbains, pas spécialement paumés, ni fauchés, mais qui cherchent leur identité, dans la capitale groenlandaise, Nuuk. Leur vie, essentiellement nocturne, est racontée par monologues, émaillés d’expressions, voire de phrases ou de paragraphes en anglais, de successions de textos, d’échanges épistolaires… La première partie tient du roman d’initiation où Fia découvre qui elle est, les autres parties reprennent certains événements du point de vue d’autres personnages : Inuk, Arnaq, Ivik ou Sara, cinq jeunes qui s’interrogent sur leur vie, amitiés, amour, sexualité. Une belle part est faite aux gays et transgenres.

Tous parlent aussi de leur pays, qu’ils aiment et détestent à la fois. L’ensemble, moderne, original et réaliste, peut plaire comme déconcerter. Pour moi, c’est plutôt la deuxième option qui domine. Je trouve l’ensemble prometteur mais un peu inabouti.
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La Vallée des fleurs

Après avoir lu quelques romans japonais très positifs, je me retrouve dans un univers très très différent. Ce roman se passe au Groenland. , L'héroïne est une adolescente lesbienne qui part au Danemark pour étudier à l'université. Elle tente de s'intégrer mais a du mal avec la langue et la mentalité. Lorsque Maliina, sa petite amie, apprend le suicide de sa cousine, elle part la soutenir pour la sépulture.

Un style assez cru, des personnages perturbés. Ce roman est aussi une réflexion sur le taux de suicide très élevé au Groenland. Un roman dépaysant mais sombre, très sombre.
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Homo sapienne

Ce n'est pas encore le coup de cœur de l'année mais on s'en approche ! Un roman très (trop) court sur la jeunesse groenlandaise à la recherche de ses identités culturelles, sexuelles et de genre. Une jeunesse ballottée entre le post-colonialisme et la prise en main de son destin, sur fond de liens intimes entre les cinq personnages du roman tous connectés entre eux.

Le roman est très sensuel et habité par une tension sexuelle troublante quoiqu'en dehors de tout érotisme facile. Il n'est pas difficile de revivre soi-même des moments à la lecture des récits de soirées, de rencontres, de maladresses que font les personnages. Le tout dans une forme très moderne mélangeant le récit classique et des passages issus de textos, de chansons, de communication par hashtags. L'anglais est aussi omniprésent comme signe du rejet de la langue danoise mais aussi de la perméabilité à la culture américaine (on se souviendra que Trump voulait acheter le Groenland !).

Je ne regrette que deux choses, un peu trop de sentimentalité (surtout dans la partie d'Ivik) et un ensemble trop bref car on aurait besoin de les accompagner plus longtemps ces jeunes pour encore mieux les aimer. Le roman est d'autant plus court qu'il se reboucle sur lui-même d'un récit d'un personnage à un autre avec des répétitions de textos par exemple.

Le personnage d'Arnaq (arnaq voulant dire femme), peut-être le moins pardonnable est incroyablement séduisant.

Je retire aussi de cette belle découverte le mot iggu (prononcez ichchou si j'ai bien compris) pour interpeller tendrement son à sa chéri.e !

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Homo sapienne

Une découverte et un premier roman pour l'auteure groenlandaise, une lecture atypique, originale, acide et incisive. Ce titre fait partie du prix des lecteurs étranges lectures 2024. Je l'ai beaucoup apprécié pour ce qui est décrit sur la conditions féminines, les relations amoureuses des jeunes groenlandaises et groenlandais et leur soif de liberté. Ici l'environnement glacial n'est pas dans le paysage mais bien dans le cœur de certains, cinq jeunes vont se livrer à nous.



Cinq histoires humaines percutantes qui nous sont données par la voix de ces jeunes en manque de reconnaissance quant à leurs recherches d'identités. Un récit jeune, dynamique, sans fioriture. Les écrits sont mêlés habilement tantôt en anglais, en danois, en conversations par smartphone et hashtag, ce qui en fait son originalité et une première pour de la littérature groenlandaise. Un roman coup de poing, authentique, on aime beaucoup ou pas du tout, j'ai adoré.



Un récit qui nous sort du contexte habituel des livres du grand Nord, une autrice qui je l'espère percera dans ce domaine au niveau des jeunes mais aussi des adultes qui restent ancrés dans un passé sans vie. À lire absolument!


Lien : https://passionlectureannick..
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Homo sapienne

Homo Sapienne. Ce roman est un petit ovni, une expérience de lecture. Je ne sais plus quels avis m’avaient tant donné envie de le découvrir, mais ils ont été efficaces ! Et ce fut l’occasion de découvrir les éditions La Peuplade.

Homo Sapienne, c’est cinq personnages en quête d’identité, autour des relations familiales, amicales, amoureuses, sexuelles. Les deux premier.ère.s narrateurs/narratrices m’ont déstabilisée, j’ai été plus à l’aise avec les suivant.e.s. Sans doute parce que l’autrice ne s’embarrasse pas de présentations et nous embarque directement au milieu des soucis de Fia et son frère qui se découvrent une nouvelle orientation sexuelle, Arnaq, la traîtresse paumée, Iviq dont les problèmes de couple font comprendre qu’il est un homme dans un corps de femme et Sara aux pensées noires qui cherche une lueur d’espoir.



Auprès de ces cinq jeunes Groenlandais qui font la fête comme n’importe quels autres Européens, on ne découvre pas la culture groenlandaise, mais on est aux prises avec des problématiques actuelles de la jeunesse occidentale, sur les identités de genre, l’orientation sexuelle… Certains personnages étaient très touchants, notamment le couple Iviq/Sara.



L’autrice de 23 ans ne s’est pas contentée d’écrire une histoire. Elle l’a écrite avec les codes de sa génération : les expressions groenlandaise (traduites) côtoient des phrases en anglais (non traduites) et des extraits de conversations SMS (en screenshot) et quelques hashtags sont glissés ici et là.



Ce n’était pas ce que je recherchais en ouvrant ce livre, donc je n’étais pas prête pour les réflexions abordées, c’est dommage !

Mais je vous conseille ce roman si les personnages en quête d’identité vous attirent ou si vous aimez les romans à la forme originale.

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