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Citations de Octavio Paz (560)


[...] le corps est le lieu de la disparition du corps. La réconciliation avec le corps culmine dans l'annulation du corps (sens). Tout corps est un langage qui, à l'instant de sa plénitude s'évanouit : tout langage, parvenu à l'état d'incandescence, se révèle comme un corps inintelligible.
P133
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Epitaphe sur nulle pierre

Mixcoac fut mon village : trois syllabes nocturnes
un voile d'ombre sur un visage solaire.
Vint Notre-Dame, la mère. Tempête de poussière.
Elle vint et le dévora. Moi, j'allais de par le monde.
Mes pantalons furent ma maison, ma tombe, l'air.
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Octavio Paz
La calle

Es una calle larga y silenciosa.
Ando en tinieblas y tropiezo y caigo
y me levanto y piso con pies ciegos
las piedras mudas y las hojas secas
y alguien detrás de mí también las pisa:
si me detengo, se detiene;
si corro, corre. Vuelvo el rostro: nadie.
Todo está oscuro y sin salida,
y doy vueltas y vueltas en esquinas
que dan siempre a la calle
donde nadie me espera ni me sigue,
donde yo sigo a un hombre que tropieza
y se levanta y dice al verme: nadie.
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Octavio Paz
Ton corps s'ouvre comme un regard
Comme une fleur au soleil d'un regard
Tu t'ouvres
Beauté sans appui
Un clignement
Tout se précipite dans un oeil sans fond
Un clignement
Tout reparaît dans le même oeil
Le monde brille
Tu resplendis à la limite de l'eau et de la lumière
Tu es le beau masque du jour
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Pour l'habitant de Paris, New York ou Londres, la mort est ce mot qu'on ne prononce jamais parce qu'il brûle les lèvres. Le Mexicain, en revanche, la fréquente, la raille, la brave, dort avec, la fête, c'est un de ses amusements favoris, et son amour le plus fidèle. Certes, dans cette attitude, il y a peut-être autant de crainte que dans l'attitude des autres hommes : mais au moins, le Mexicain ne se cache pas d'elle, ni ne l'a cache ; il la contemple face à face avec impatience, dédain ou ironie : "S'ils doivent me tuer demain, qu'ils y aillent pour de bon."
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BLANCO

el comienzo
el cimiento
la simiente
latente
la palabra en la punta de la lengua
inaudita inaudible
impar
grávida nula
sin edad
la enterrada con los ojos abiertos
inocente promiscua
la palabra
sin nombre sin habla

Sube y baja,
escalera de escapulario,
el lenguaje deshabitado.
Bajo la piel de la penumbra
late una lámpara.

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Jours ouvrables

AMITIÉ


C'est l'heure attendue
sur la table tombe
interminablement
la chevelure de la lampe
La nuit rend la fenêtre immense
Il n'y a personne
la présence sans nom m'entoure

p.209
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Arbre au-dedans/AU VOL
ÉTOILES ET GRILLON


Grand est le ciel
là-haut des mondes sont semés.
Imperturbable,
perdure dans tant de nuit
le grillon vilebrequin.
p.512
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II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Aigle ou Soleil ?

ÊTRE NATUREL
À Rufino Tamayo.
II


Des cavaliers en deuil fauchent les hauteurs. Les sabots
de la sauvage cavalerie laissent une traînée d'étoiles. Le
noir jet effilé du silex s'élève. La planète vole vers une
autre galaxie. La dernière minute vivante redresse sa
crête rouge. Le hurlement de l'incendie rebondit de
mur en mur, d'infini en infini. Le fou écarte les barreaux
de l'espace et saute en lui-même. Il disparaît d'emblée
en s'avalant. Les fauves rongent des reliefs de soleil,
des ossements d'astres, et ce qui reste du marché
d'Oaxaca. En plein ciel, deux éperviers picorent un
astre.


p.105
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Pierre de soleil

[...] vêtue de la couleur de mes désirs
comme ma pensée tu vas nue,
je vais par tes yeux comme dans l'eau,
les tigres boivent du rêve à ces yeux,
le colibri se brûle à ces flammes.
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La révolte est collective, ses artisans sont le commun des mortels.
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Idée palpable,
mot
impalpable :
la poésie
va et vient
entre ce qui est
et ce qui n'est pas.
Elle tisse des reflets
et les détisse.
La poésie
sème des yeux sur la page,
sème des mots dans les yeux.
Les yeux parlent,
les mots regardent,
les regards pensent.
Entendre
les pensées,
voir
ce que nous disons,
toucher
le corps de l'idée.
Les yeux
se ferment,
les mots s'ouvrent.

(extrait de "Dire : faire", à Roman Jakobson).
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[...]
J'écris à la lumière d'une lampe
Les absolus les éternités
et leurs alentours
ne sont pas mon propos
J'ai faim de vivre et aussi de mourir
Je sais ce que je crois et je l'écris
l'acte
Avènement de l'instant
l'acte
le mouvement dans lequel s'érige
et se défait l'être total
Conscience et mains pour saisir le temps
je suis une histoire
une mémoire qui s'invente
Je ne suis jamais seul
Je te parle toujours
tu me parles toujours
J'avance dans le noir et je plante des signes.

(extrait de "Vrindâban").
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Extrait de la préface de Claude Roy :

" La suite de l'histoire rend seule déchiffrable l'origine de l'histoire .Ce qu'un homme a fait de sa vie rend seul lisibles les commencements de sa vie . Un poète comme Octavio Paz ne nous apparaît pas simplement comme le produit de sa biographie , mais sa biographie est , dans une certaine mesure , le produit de sa poésie ......

De son héritage , de ses sources , de ses racines , qu'est-ce qu'Octavio Paz assume ? Le sang espagnol et indien . Une tradition ' coloniale ' qui oppose , mélange et dépasse deux cultures ( indienne et hispanique ) . Une double explosion révolutionnaire , la révolution mexicaine et en 1937 , en Espagne , la Révolution sociale due au déclenchement de la guerre civile .....
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Le Feu de chaque jour/Configurations

TROWBRIDGE STREET


5

Voici que tu prends forme de pont maintenant
Sous tes arches navigue notre chambre
Du haut de toi nous nous voyons passer
Tu flottes dans le vent tu étais corps tu es lumière
Sur l'autre rive le soleil monte
                            à rebours
Ses racines s'enterrent dans le ciel
Nous pourrions nous cacher sous son feuillage
Avec ses branches nous allumons un feu
Le jour est habitable

p.446
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Arbre au-dedans/LA NUIT, LE JOUR, LA NUIT


8

Sous tes paupières dort
une foule impalpable :
des tourbillons avides,
ombres du toucher, s'incarnent,
boivent du sang, formes
changeantes du désir,
toujours la même :
visages successifs
de la vie qui est mort
de la mort qui est vie.

p.583
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ARBRE AU-DEDANS
Proème


Parfois la poésie est le vertige des corps et le vertige du
bonheur et celui de la mort ;
la promenade les yeux fermés au bord du précipice et la
kermesse dans les jardins sous-marins ;
le rire qui met le feu aux préceptes et aux dix commandements;
la descente des mots parachutés sur les sables mouvants
de la page ;
le désespoir qui embarque sur un bateau de papier et
traverse,
pendant quarante jours et quarante nuits, l’océan de l’an-
goisse nocturne et la mer de pierre de l’angoisse diurne;
l’adoration du moi, l’exécration du moi et sa dissipation;
l’épithète décapitée, l’enterrement des miroirs;
la récolte des pronoms fraîchement coupés dans les jar-
dins d’Épicure et de Netzahualcóyotl;
un solo de flûte sur la terrasse de la mémoire et un bal-
let d’étincelles dam l’oubliette de la pensée;
les migrations de verbes par myriades, d’ailes et de
griffes, de graines et de mains ;
l’ossature des noms aux racines plantées dans les ondu-
lations du langage ;
l’amour du jamais vu et l’amour de l’inouï, l’amour du
jamais dit : l’amour de l’amour.

Syllabes semences.

p.207
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Poèmes (1899-1996)
INSTANTANÉS


 coquillage abandonné sur la plage de la mémoire,
coquillage qui parle tout seul, coupe d'écume de pierre,
alcôve de l'océan, cri pétrifié ;

 lente rotation de contrées, incendies nomades, subite
paralysie d'un désert de verre, perfides transparences,
immensités qui brûlent et s'éteignent le temps de fermer
les yeux ;

 Le sang bat parmi de hautes herbes de menthe et des
collines de sel, la cavalerie des ombres campe sur les rives
de la lune, roulement de tambours sur le banc de sable
sous une planète faite d'ossements ;

p.612
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I. Condition de nuage
SEMENCES POUR UN HYMNE


Sur la tige de chaleur se balance
La saison indécise
               Là-bas
Un grand désir de voyage agite
Les entrailles glacées du lac
Des reflets chassent là-haut
La rive offre des gants de mousse à ta blancheur
La lumière boit la lumière dans ta bouche
Ton corps s'ouvre comme un regard
Comme une fleur au soleil d'un regard
Tu t'ouvres
        Beauté sans appui
Un clignement
Tout se précipite dans un œil sans fond
               Un clignement
Tout reparaît dans le même œil
               Le monde brille
Tu resplendis à la limite de l'eau et de la lumière
Tu es le beau masque du jour.

p.30
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DAME HUAXTÈQUE


À peine sortie du bain, nouvellement née de la nuit,
nue, salutaire, elle rôde vers les lisières. Sur sa poitrine
flambent des joyaux arrachés à l’été. L’herbe lisse, l’herbe
bleue presque noire qui croît au bord du volcan, couvre
son sexe. Dans son ventre un aigle déploie les ailes,
deux étendards ennemis s’enlacent, l’eau repose. Elle
vient de loin, du pays humide. Peu l’ont vue. Je vais
dire son secret : le jour, elle est une pierre sur le bord
du chemin ; la nuit, une rivière qui coule aux côtés
de l’homme.

p.103
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