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Critiques de Pascal Bruckner (339)
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Dans l'amitié d'une montagne

Un nouveau Bruckner, c’est toujours un rendez-vous polémique. On sera pour ou contre ou entre les deux, mais le lecteur ne demeurera jamais indifférent. Cette fois-ci, c’est différent. Le philosophe nous invite dans les hauteurs, un univers qui lui est familier puisqu’il a grandi dans les montagnes, entre la Suisse et l’Autriche. La neige et les sapins verts n’ont donc rien d’exotique pour lui.
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Un bon fils

"Il est l'heure d'aller dormir. Agenouillé au pied du lit, la tête inclinée, les mains jointes, je murmure à voix basse ma prière. J'ai dix ans. Après un bref recensement des fautes du jour, j'adresse à Dieu, notre Créateur tout-puissant, une requête. Il sait comme je suis assidu à la messe, empressé à la communion, comme je L'aime par-dessus tout. Je Lui demande simplement, je L'abjure de provoquer la mort de mon père, si possible en voiture. Un frein qui lâche dans une descente, une plaque de verglas, un platane, ce qui Lui conviendra.

« Mon Dieu, je vous laisse le choix de l'accident, faites que mon père se tue. »"



Quelle entrée en matière ! Quelle violence !

De quoi s'indigner : quel monstre est donc ce fils ? Mais on va rapidement comprendre que le monstre n'est pas celui que l'on croit.



Enfant, Pascal Bruckner a tout eu : coups et réflexions humiliantes de la part d'un père antisémite, raciste, manipulateur, pervers, violent... Haïssable à tous points de vue.

Comment s'étonner alors que le petit garçon prie tous les soirs pour la mort de celui qui le martyrise ?

Pascal Bruckner est ce que son père a fait de lui. Enfant, il s'est construit contre celui qu'il nomme le Tyran, le Despote, le Souverain, ou le Caractériel ; adulte, il a réussi à prendre du recul et a su avancer dans sa propre vie. Mais que de souffrances pour en arriver là !



Dans cette autobiographie, Pascal Bruckner ne se limite pas au personnage du père et son récit est riche d'événements et de réflexions que j'ai trouvées très intéressantes et qui en font le témoignage d'une certaine époque.

J'ai également été touchée par l'évocation de sa rencontre avec Alain Finkielkraut et de la relation amicale forte qui le lie à tout jamais avec celui qu'il appelle son "frère d'encre".



Arrivé en fin de lecture, on comprend parfaitement la prière du petit garçon des premières pages et l'on ne peut qu'être en totale empathie avec lui.



S'il s'agissait d'une fiction, cet ouvrage serait drôle parce que l'auteur met beaucoup d'humour et d'ironie dans son récit, mais savoir que ce qui est raconté est vrai rend le tout nettement moins amusant.

Comment grandir avec un tel père ?

Entre souffrances physiques et morales, comment se construire ?

Sans parler de la culpabilité.

Oui, culpabilité, car par un effet pervers bien connu les victimes de ce genre de violences ressentent de la culpabilité et se disent consciemment ou inconsciemment qu'elles doivent mériter ce qui leur arrive. Et s'ajoute ici celle de ne pas avoir su protéger sa mère, victime elle aussi.

Terrible. Quel poids énorme sur les épaules d'un enfant !



« Rien de plus difficile que d'être père : héros, il écrase de sa gloire ; salaud, de son infamie ; ordinaire, de sa médiocrité. » Oui, être père est difficile et d'une façon générale, aucun parent n'est parfait. Mais dans l'échelle des notations, le père dont il est question ici se situe tout en bas.

Pascal Bruckner garde certainement des séquelles de ce qu'il a subi, mais il a su se libérer à travers sa vie intellectuelle et "réussir" d'une certaine façon, si tant est que cette expression ait un sens.

Nombre de ceux qui ont vécu les mêmes horreurs que lui n'ont pas un destin aussi favorable, et dans notre société nous devrions faire de la lutte contre l'enfance maltraitée une priorité absolue.

Défendre les plus vulnérables est un impératif moral et l'on ne rappellera jamais assez le 119, numéro de téléphone de l'enfance en danger, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept.
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La tyrannie de la pénitence

Il y a à boire et à manger dans cet essai…



On pourra ainsi déplorer quelques approximations de l’auteur, qui oublie notamment que Jacques Chirac, dans son discours de 1995, sur la rafle du Vel d’Hiv, n’a pas accusé le gouvernement de Vichy mais bel et bien l’État français : « Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État français » (Jacques Chirac, discours du 16 juillet 1995 lors de la cérémonie commémorant la rafle du Vel d'hiv du 16 et 17 juillet 1942). Or, d’État français, libre et indépendant, il n’y avait point à cette époque. Cela dit sans dédouaner les collaborateurs zélés, depuis le sommet jusqu’en bas de la pyramide.



Autre chose, la chasse aux sorcières, qu’on se le dise une fois pour toutes, fut essentiellement le fait des laïcs et non de l’Église, contrairement à ce qu’avance l’auteur. S’agissant des Croisades, l’auteur semble aussi ignorer l’Histoire et répéter la doxa dans l’air du temps, à savoir que les chrétiens seraient gratuitement venus agresser les musulmans, omettant de dire que ces derniers leur avaient interdit l’accès aux lieux saints du christianisme.



Ce qui n’empêche pas Bruckner de fustiger avec raison l’entrisme islamique, notamment grâce à ce concept malhonnête d’islamophobie qui se voudrait un racisme comme un autre : « Nous assistons bien à la fabrication planétaire d’un nouveau délit d’opinion analogue à ce qui se faisait jadis dans l’Union Soviétique contre les ennemis du peuple. »



Quant à l’atlantisme de l’auteur, il est à l’occasion caricatural, entre autres lorsqu’il défend l’interventionnisme américain au nom de la démocratie – rappelons que le présent essai a été publié en 2006, tandis que les États-Unis mettaient à feu et à sang le Moyen-Orient, sous le prétexte fallacieux que Saddam Hussein – peu recommandable il est vrai – détenait des armes de destruction massive.



On peut ainsi lire que l’Amérique montre alors qu’en intervenant elle est capable de « s’élever au-dessus de ses intérêts immédiats » (sic). À sa défense, Bruckner sait aussi voir « l’avidité économique » et « le messianisme démocratique » des États-Unis, dont les dégâts sur le monde ne sont plus à démontrer. « Mais ils ne connaissent pas ces vagues d’autodépréciation qui affligent en Europe toute une société et en affecte durablement l’humeur », précise-t-il à leur crédit. Vérité qui tend à ne plus l’être en 2022, avec la tyrannie wokiste qui règne outre-Atlantique.



Et de pointer en miroir l’individualisme européen que Bruckner illustre par Jean Giono, qui préférait effectivement être « un Allemand vivant qu’un Français mort ». Sauf qu’il omet de dire que l’expérience de la Première Guerre mondiale a durablement traumatisé Giono, notamment son passage à Verdun !



Toutefois, à bien des égards, ce texte est très pertinent. Bruckner pourfend ainsi cette pénitence stérile, sans pour autant exonérer l’Occident de ses crimes, mais sans non plus en faire un instrument d’autoflagellation perpétuelle – qui frise le ridicule lorsqu’on découvre qu’un avocat exige des réparations financières pour la traite des Noirs. Pourquoi ne pas demander alors réparation pour les crimes commis par César en représailles du soulèvement gaulois contre Rome ?! « La repentance tous azimuts est contemporaine du dernier âge de l’État : celui de son affaissement », écrit l’auteur. On ne peut qu’acquiescer.



Face à cette culpabilité imprescriptible de l’Occident, Bruckner avance ceci : « Faut-il rappeler cette évidence : que les Africains, comme les Asiatiques ou les Français, sont les seuls responsables de leur développement et ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes de leur retard, quelle que soit par ailleurs la dureté du système international. »



Bruckner dénonce aussi une certaine obscénité mémorielle qui consiste, par exemple, à « raccrocher le petit wagon de la conquête de l’Algérie au grand train de la Shoah ». Il parle de « litige généralisé » où chacun voudrait, dans une concurrence mémorielle, se hisser au niveau de l’extermination des Juifs d’Europe. Juifs qu’on jalouse en quelque sorte (sic) et auxquels on ne pardonne pas de s’être construit un État.



Pire, dans une « mystique de l’altérité », qui brise toute possibilité d’unité nationale, s’agissant de la France, « sous prétexte de célébrer l’idée de diversité, on instaure à la fois la séparation des hommes et leur inégalité puisque certains, du seul fait d’exister, jouissent d’avantages prohibés aux autres. » Et l’on « réclame la punition des favorisés plutôt que l’amélioration du sort de tous. »



Cependant, qu’il est étrange de vanter la démocratie, le dialogue des cultures et autres étoiles du firmament de la bienveillance, tout en professant une fermeté impitoyable à l’égard d’un peuple de misère qui se révolte. Je veux parler des Gilets jaunes, que je filme et photographie depuis bientôt quatre années, et que l’auteur de cet essai a traités avec un impitoyable mépris, à l’instar de ses petits camarades nouveaux philosophes, BHL en tête. Passons…

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Dans l'amitié d'une montagne

J’ai boudé longtemps Bruckner à cause des erreurs ou incohérences souvent rencontrées. J’en avais relevé plusieurs dans Le prix Renaudot de 1997. Allez on oublie, parce que celui-ci parle de montagne ! Eh bien cela n’a pas changé, en voici quelques exemples :

. Page 66 il parle des Aiguilles vertes à Chamonix. Or, ce sont l’Aiguille verte et les Aiguilles rouges.

. Messner n’est pas Italo-Autrichien mais italien de langue allemande.

. Les myrtilles se cueillent au milieu de l’été et non en fin d’été comme écrit.

. Accident de Tesson dans le chalet de Rufin à Chamonix. Or son chalet est à 32 kms de Chamonix sur les hauteurs de Saint Gervais.

Et pourtant jamais vu quelqu’un qui partage autant les mêmes lectures et auteurs que moi. Il y en a bien une vingtaine. Je suis d’accord sur certains de ses avis sur la montagne mais je le trouve bien acerbe sur d’autres. Le point positif au final : bien pour ceux qui cherchent des livres de référence sur la montagne et les alpinistes.
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L'Euphorie perpétuelle : Essai sur le devoir ..

Voici Pascal Bruckner nous tenant de nouveaux propos sur le bonheur. Pour être honnête, j'avais été attiré par la quatrième de couverture et j'ai trouvé quelques pistes intéressantes, quand l'auteur nous parle du bonheur comme un art de l'indirect, ou qu'il fustige le devoir de bonheur contemporain, qui rejette ceux qui n'ont pas fait le nécessaire pour se plier aux règles contemporaines qui permettent d'afficher un bonheur apparent.

Hélas, le propos m'a paru décousu, sinon confus. A défaut d'euphorie, j'ai plutôt ressenti de l'ennui, voire de l'agacement quand Bruckner nous parle de ce qu'il ne connait pas, à savoir la religion (que ce soit christianisme ou bouddhisme).

Pour qui s'intéresse au sujet, le livre est utile et apporte des matériaux à la réflexion personnelle. Mais il n'est pas assez abouti pour marquer durablement.
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Une brève éternité

La longévité, l'accroissement de l'espérance de vie est t'elle une fin en soit ? Vivre vieux oui mais pourquoi faire ? Des questions auquel tente de répondre l'auteur dans un essai que je qualifierai de conversation. Pascal Brukner sait se mettre à là portée de tous même sans connaissance en philosophie préalable tout en faisant "monter le niveau" du lecteur. L'auteur par la multiplication de références à d'autre ouvrages nous invite à prolonger la réflexion.

On pourrait peut être reprocher à l'ouvrage un coté un peu fourre tout, une absence de fil conducteur qui s'explique par le fait que certains chapitres proviennent de différents ouvrages ou articles déjà publiés. Le livre serait un peu une compilation et ça se ressent parfois.

Une lecture enrichissante sans être bouleversante.
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Trois jours et trois nuits

"Un monastère est comme un livre", écrit Xavier Darcos à la fin de sa contribution à cet ouvrage, "il existe une parenté invisible entre la fréquentation d'une abbaye et le miracle de la lecture... [La] porte d'entrée pivote sur ses gonds, et nous passons d'un monde à l'autre, comme la couverture d'un livre se plie suivant la reliure, ouvrant à l'esprit de nouvelles perspectives." (p. 331) Quatorze écrivains français, les uns connus, les autres intéressants, parfois les deux, ont fait un séjour de trois jours et trois nuits à l'abbaye de Lagrasse, près de Narbonne, et ont contribué par leur témoignage à cet ouvrage collectif.

*

Ce livre sera profitable pour des raisons culturelles, puisqu'on connaîtra des auteurs contemporains d'intérêt inégal, en de courts textes qui permettent au lecteur de satisfaire rapidement sa curiosité. Trois au moins de ces textes, dont celui de Xavier Darcos, retracent la longue histoire de la tradition latine et romaine dont procède Lagrasse, édifiée au temps de Charlemagne pour opposer à l'invasion islamique une "muraille de prières", prières selon la règle monastique de Saint Augustin et du Bréviaire latin. De façon générale, les réflexions sur la culture et sur ses liens avec le christianisme sont profondes et éclairantes.

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Puisqu'il s'agit de vie monastique, l'ouvrage a une portée spirituelle : on y insiste beaucoup sur la vie quotidienne des moines, sur le sens spirituel de leur traversée du temps et de l'histoire, ainsi que sur leurs parcours personnels en quête de Dieu. Enfin, le séjour de ces écrivains à l'abbaye leur est souvent l'occasion de faire le point sur l'état de leur âme et de leur vie, de leurs certitudes ou de leurs doutes. Devant pareil exercice introspectif, le lecteur en fera autant, au contact de la tradition chrétienne ancienne, généreuse et profonde d'examen de soi, dont témoignent les Confessions de Saint Augustin.

*

Ce livre collectif paraît dans une France où des églises sont brûlées, des prêtres et des fidèles tués en raison de leur foi, dans l'indifférence et l'inertie des autorités, le silence des "grandes consciences" pharisaïques des médias. Il nous offre l'occasion de réfléchir à ce que deviennent historiquement notre nation, notre culture, et nous-mêmes, entre les mains de mauvais pasteurs. La chronique de Camille Pascal, troisième texte du volume, nous y invite aussi, en racontant la fondation de Lagrasse par Charlemagne de retour d'Espagne, en 778. En 2022, le produit de la vente de ce volume servira à la restauration du transept roman de l'église abbatiale, ravagée en 1792. A méditer entre ces dates, on prend conscience que la France n'est pas née en 1789 et que son message ne se réduit pas aux creuses "valeurs de la république".
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Trois jours et trois nuits

Ils sont 14 écrivains à avoir séjourné 3 jours et 3 nuits à l’abbaye de Lagrasse dans l’Aude. Dans ce lieu où le temps semble s’être figé, ils vont partager le quotidien des 42 hommes de Dieu vivant là.



Chacun avec leur plume, leurs mots, leur sensibilité , leurs ressentis, leurs croyances vont écrire le récit de leur séjour ou de ce qu’il leur a inspiré .



Certains sont drôles, d’autres émouvants, d’autres historiques et d’autres encore subversifs mais tous sont intéressants et se lisent avec plaisir.





Et petite info supplémentaire pour vous convaincre : les auteurs du livre reversent leurs droits aux chanoines de Lagrasse pour le restauration de leur abbaye ☺️
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Dans l'amitié d'une montagne

Un « petit traité d’élévation » avec lequel le romancier et essayiste français, partageant son amour de la neige, vibrant au souvenir de Montréal et des Laurentides en hiver, risque d’en surprendre plusieurs.
Lien : https://www.ledevoir.com/lir..
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Dans l'amitié d'une montagne

Avec de solides références, tant classiques que récentes (on y croise Gaston Bachelard comme Sylvain Tesson), Bruckner creuse de passionnantes réflexions sur les mystères de la montagne en l’attaquant par toutes les faces.
Lien : https://www.lapresse.ca/arts..
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Trois jours et trois nuits

« Alors l’évidence me terrasse : ici, dans cette pièce où nous partageons ce repas muet, se tiennent les derniers des héros. Les seuls braves d’une civilisation mourante, empoisonnée par l’égo et l’hédonisme marchand. »

Le grand voyage de trois jours et trois nuits de 14 écrivains en l’abbaye de Lagrasse en vivant selon la règle augustinienne en clôture avec les chanoines. Quatorze regards, quatorze sensibilités, quatorze plumes offrant au lecteur une unique opportunité d’enrichissement spirituel au moment où le monde gouverné par les chiffres s’enferme dans le bruit et les divertissements. Cet ouvrage dans un monde sombre apparaît comme un signe d’espérance.


Lien : https://www.quidhodieagisti...
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Trois jours et trois nuits

Ce livre m'a replongée dans les souvenirs d'une histoire familiale débutée au bord de l'Orbieu, dans un joli coin des Corbières, Lagrasse, village pittoresque flanqué d'une abbaye chargée d'histoire.

Ce livre est le récit d'une idée originale, celle d'une rencontre entre deux mondes, chanoines menant une vie de reclus dans le silence de l'abbaye et ecrivains journalistes menant une vie trépidante, évoluant dans des cercles parisiens.

Le regard original que chacun fait du récit de sa retraite de trois jours au sein de l'abbaye, rend l'ensemble fluide; j'ai pris plaisir à découvrir tous ces témoignages d'une expérience unique' celle d'une rencontre surréaliste mais au final réussie qui marquera chacun des protagonistes.
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Trois jours et trois nuits

Nouvelle proposition de lecture que ce livre improbable réunissant 14 écrivains

athées, agnostiques, ou de confession chrétienne lointaine ou enfin rapprochée. C’est dire le pari des deux éditeurs lancé à ces hommes de vivre cloîtrés trois jours à l’abbaye de Lagrasse dans l’Aude !

J’achète le livre, car je vois que les droits d’auteur sont reversés à l’ordre pour la restauration de l’abbaye, bâtiment sublime abandonné par les hommes et réhabilités en 2004 par ces chanoines devenus plâtriers, électriciens, plombiers…

Je ne m’attends pas à grand chose de nourrissant, j’y vois une simple retranscription de bavardages germanopratins.

En fait, j’ai été détrompée très rapidement : chaque auteur a quelque chose d’intelligent à nous dire, de sérieux, de profond, de drôle aussi. Chacun expose ses vues sur le mode de vie de ces 42 chanoines hors du temps. Cela les questionne tout comme le monde qu’ils maintiennent. Pas de préjugés ni de conversions, mais un éclairage particulier en fonction de la sensibilité de chacun. C’est formidable !

Mention spéciale à Pascal Bruckner, Jean-René Van der Plaetsen, Boualem Sansal et à Simon Liberati qui, dans leur genre bien différent, expriment une sensibilité au fait religieux qui interroge profondément l’homme moderne dans ce monde si vide de sens.

La dernière controverse sur ce livre tombe à plat lorsqu’on le lit vraiment : il n’y a pas d’apologie de la religion ni du rite tridentin… il se trouve juste que c’est la règle de la communauté…



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Dans l'amitié d'une montagne

Un superbe éloge de la montagne ainsi qu’une invitation à prendre de la hauteur en cette période de pandémie et d’hystérie politico-médiatique.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Trois jours et trois nuits

En 2020, les chanoines de l’abbaye de Lagrasse ont invité des écrivains à partager trois jours et trois nuits de leur existence.



La COVID a compliqué le scénario et finalement quatorze écrivains publient leurs témoignages. A noter que Boualem Sansal « athée en recherche de Dieu », n’a pu se rendre sur place « j’attends ce jour comme un fiancé attend de rencontrer sa promise » mais offre une belle réflexion sur l’Islam, que Michel Onfray semble avoir honoré l’invitation sans témoigner, et qu’il n’était pas nécessaire d’être chrétien ou catholique pour être sollicité comme le précise Jean-Paul Enthoven.



La préface de Nicolas Diat, les quatorze chapitres et la postface du Père Le Fébure du Bus, ont nourri durant ce mois de janvier mes médiations et certains chapitres méritent lectures et relectures. Chaque contribution est riche de la diversité des écrivains, de leur rapport à la culture, à la religion, à la vie.



M’ont particulièrement marqué « La fondation » de Camille Pascal qui restitue la chanson de Rolland et la fondation de l’abbaye par Charlemagne … une épopée lyrique contée miraculeusement par une plume savoureuse.



« Les soldats de la grâce » de Jean-René van der Plaetsen interroge notamment sur la vocation de trois Saint Cyriens devenus religieux, à l’exemple de Charles de Foucauld.



« Le refuge » de Frédéric Beigbeder, témoignage poignant d’un noceur assumé, s’échappant de l’abbaye pour suivre un match de foot au bar local … Mais pas que !



« La résurrection » de Frantz-Olivier Giesbert évoque le siège d’Hippone en 430, observe notre actualité et conclut « Laisse pousser en toi les racines de l’amour » car c’est à chacun, par son comportement, de repousser la barbarie.



« Tolle lege, tolle lege » (prends et lis) de Xavier Darcos réfléchit sur la culture latine, la civilisation romaine, sa transmission grâce aux abbayes et sa disparition décidée par les idéologues et pédagogues commettant les réformes successives de l’éducation nationale.



Certaines contributions, dont celles de Simon Liberati, sont de réelles méditations de textes bibliques et exigent une lecture attentive.



Ces chapitres illustrent des approches diverses et variées le Lagrasse. Certains ont été attentifs aux religieux et à leur ouverture à l’extérieur (écoles, hôpitaux, paroisses) , d’autres à l’abbaye, certains à la lecture des Confessions de Saint Augustin fondateur de ce ordre religieux, plusieurs à la liturgie et au rythme immémorial des offices. D’où la richesse et l’originalité de cet ouvrage.



J’ai découvert ces chanoines il y a plus de quarante ans, sur les chemins vers Compostelle, à Moissac, quand le Père Wladimir constituait un premier noyau de religieux et j’ai été séduit d’emblée par la beauté de la liturgie. Depuis nous sommes passés plusieurs fois à Lagrasse mais l’âge et les distances étant ce qu’ils sont je ne sais si nous aurons l’occasion d’y retourner.



Cet ouvrage offre une belle rencontre avec cette communauté en pleine croissance, toujours accueillante aux pèlerins et touristes parcourant les Corbières.
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Un bon fils

Oui, Papa !

Quand Pascal Bruckner ouvre le livre de sa vie, il en dévoile des pages bien pleines, parfois tachées d'encre indélébile. Il a beau avoir frotté les traces laissées par son père, celles-ci n'ont jamais réussi à disparaître. Marqué comme d'autres ont pu l'être par un homme trop présent qui n'envisageait pas la moindre seconde la vie familiale autrement qu'à travers un système patriarcal, il a fait comme n'importe qui d'autre, il a baissé la tête et dit oui à l'autorité paternelle. Et encore, ce qu'il a enduré n'est pas grand-chose comparativement au sort de sa mère qui a accepté, elle, son emprise psychologique pendant des décennies : dénigrement, rabais, mépris, humiliation. Jusqu'à la folie.

Traumatisme d'une époque où ces faits n'étaient pas si rares, mais catharsis en les faisant enfin éclater au grand jour, avec une histoire pas toujours très belle, mais tellement bien racontée !

Pour l'auteur, la libération de la parole est salvatrice ; elle permettra peut-être aussi de prendre conscience et de mettre des mots sur ce qui a pu se passer dans d'autres chaumières. Avec, malgré tout, une question qui perdure du début à la fin de l'ouvrage : comment fait donc l'esprit pour accorder autant d'amour à un géniteur qui a apporté autant de souffrance ? Pour y répondre, il ne faudra pas seulement lire, mais consulter...
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Dans l'amitié d'une montagne

Si Pascal Bruckner a passé une partie de son enfance en altitude, entre la Suisse et l’Autriche, il ne se lance dans la pratique de la marche en montagne qu’aux alentours de ces 40 ans, initié par son ami Laurent Aublin. De cette expérience de randonneur en montagne, été comme hiver, Pascal Bruckner en tire des considérations philosophiques sur le rapport des individus au dépassement de soi, à l’orgueil, à la nature, à la solitude.



Imprégné de ses souvenirs d’enfance, Pascal Bruckner n’hésite pas à recourir au vocabulaire de l’imaginaire pour décrire la montagne (comparée à une pâtisserie), les paysages suisses et l’effet que lui procure une tasse de chocolat chaud, la chaleur d’un chalet ou la vision de la neige accumulée sur les branches d’un sapin.



Si cet essai rompt avec les plus connus de ses précédents écrits, plus ancrés dans l’actualité et souvent polémiques (notamment Un racisme imaginaire, 2017 ou plus récemment Un coupable presque parfait, 2020), Dans l’amitié d’une montagne est tout de même ponctué de saillies lancées contre ce qu’il identifie comme les dérives de la modernité : il fustige les écologistes opposés à l’exploitation laitière, il s’insurge contre la décision de réintroduire des loups dans certaines régions et réaffirme son attachement aux symboles de la culture chrétienne pendant la période de Noël.



Ce qui paraît le plus intéressant dans cet ouvrage est la réinscription de la pratique de l’alpinisme et de la randonnée dans l’histoire longue. Pascal Bruckner acte et analyse l’engouement généralisé pour la montagne, entre désir de dépassement de soi, ascétisme et besoin de reconnexion à la nature. En étudiant les différents profils croisés en montagne, il propose une galerie de portraits à la fois divertissante et réaliste : entre les randonneurs moyens qualifiés de « bidochons » par les alpinistes méprisants, les séniors adeptes du trail et les baba cools écologistes, Pascal Bruckner réinscrit les tendances actuelles de la pratique de la montagne dans une histoire plus longue du tourisme, marquée par la volonté de distinction.

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Le sanglot de l'homme blanc

A l'école nous apprenions que le commerce triangulaire consistait à arriver sur les côtes d'Afrique avec de la verroterie et d'en repartir avec des esclaves. Que se passait-il entre les deux ? Allait-on capturer des gens au hasard ? mais dans ce cas, à quoi servait la verroterie ? Non, on allait acheter à des Africains des esclaves africains.

Les Gaulois, les Romains, tout le monde avait des esclaves (pour travailler les champs pendant que les citoyens composaient l'armée ; sinon, qui aurait défendu le territoire contre les voisins qui eux avaient des esclaves pour faire tourner l'économie ?).

Dans ce livre, Bruckner prend le contrepied du mythe tiers-mondiste angéliste et de l'auto-flagellation. c'est bref, c'est clair.



Quand j’ai acheté ce livre, la libraire avait mal compris la thèse de l’auteur et cru que c’était un pamphlet contre les colonisateurs. Elle me dit « …. Parce que les Africains, avant, étaient plutôt pacifiques ». J’avais passé plus d’une année en Afrique peu de temps avant, et constaté qu’il n’en était rien, que les hommes sont à peu près partout pareils…
Lien : https://www.edilivre.com/app..
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Dans l'amitié d'une montagne

Ce qui frappe, à la lecture de son récit, c’est que son propos n’est pas un éloge du dépassement ou de l’exploit : l’auteur n’est pas un «matamore de la verticale».


Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Trois jours et trois nuits

Leurs textes révèlent une diversité d’attentes, de sensibilités, de découvertes.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..
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