AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Patrick Grainville (178)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les yeux de Milos

Le bleu des Cyclades sur fond de souvenirs fantasmés par sa mère et le bleu d'Antibes où il est né ont envahi les yeux de Milos. « Le bleu du délire. le bleu, éros de Bataille. Ce bleu de trop » écrit l'auteur (p. 133). Un surplus d'azur dans le regard qui, loin de combler Milos, l'expose à l'envie ou la cruauté d'autrui pense-t-il. Un jour... Une poignée de sable jetée par Zoé en pleine figure lui cisaille la vue. Collyres, lunettes teintées et psy désormais Milos se dérobera aux autres en se cachant les yeux. Dans la ville qui abrite aussi l'antre sacrée de Picasso, le Musée Grimaldi, la figure du Minotaure s'est imposée à son imaginaire. Mais c'est le géant aux yeux bleus De Staël tiraillé entre ses deux amours qui le bouleverse. C'est le vertige de sa chute suicidaire que Milos interroge et l'absolu de sa peinture dans la dernière oeuvre monumentale (« Concert »), créée juste avant que le peintre ne se jette au pied des remparts de la ville. Peut-on s'étonner alors qu'après son bac Milos parte sur les traces des êtres hybrides de la Préhistoire et que, dans les pas de l'Abbé Breuil dont les écrits le mèneront des cavernes magdaléniennes du Périgord à la Namibie et jusqu'en Indonésie, il poursuive sa quête d'infini en compagnie de Marine l'aimée des commencements ; de même s'il cède trop promptement au sexe et à la volupté facile avec la belle névrosée Samantha, version fatale de séduction qui s'est immiscée dans sa vie au début du roman, c'est peut être autant pour ce qui l'aimante vers Picasso que pour la nouvelle version du Rapt d'Europe qu'il sent se jouer là ? En tentant de faire revivre les inconnues du peintre auxquelles elle s'identifie Samantha, hantée par l'emblématique année 1936 et par l'été de la Garoupe de Picasso (1937), cannibalisée par le sujet de son étude est bientôt dans l'impossibilité d'écrire sur celui qui a le pouvoir de tout représenter... Mais c'est sous les voûtes d'Altamira qu'une autre élue la plus insondable de toutes (Vivie) entraîne ensuite Milos, laquelle, l'ayant surpris dans un rituel secret de pose/dépose de ses lentilles colorées, lui révèle ce qu'il s'effraie tant à voir. Se refuser au regard des autres c'est s'aveugler soi-même. Ainsi vogue Milos entre trois amantes.



De Guernica aux plus récents attentats londoniens Grainville égare le lecteur dans une fable contemporaine picturale et voyageuse aux temporalités distinctes et aux géographies variées où la beauté prend sa part de malheur dans le bleu des yeux d'un personnage : Milos dont la vue s'accorde mieux à l'épaisseur chronologique des temps les plus reculés et la sensibilité à la vérité des représentations primordiales ou des paysages telluriques. Milos, contrairement à Picasso qui les « invente » et les métamorphose par la peinture, laisse finalement ses trois amantes s'emparer de lui corps et âme et faire de lui le personnage romanesque qu'il est. Les mises en abyme et jeux de miroirs sont innombrables dans cette réunion de personnages fictifs et réels et rendent l'issue du roman longtemps incertaine. P. Grainville cru, fantasque, drôle, baroque, brillant fait appel aux mythes – « histoires qui ne cessent de nous prendre, de nous tuer, de nous sauver », dit-il (p. 165) –, à l'histoire de l'Homme et à l'art paléolithique dont le curé savant est le passeur, mais aussi à la vie et à l'oeuvre de deux grands peintres emblématiques dont il questionne la création, Picasso et De Staël, pour sonder le mystère des origines et l'opacité du désir chez ses personnages, pour faire se tutoyer le sexe et la mort, fusionner la matière et l'esprit. On s'y perd avec impudeur et délectation, pris dans un tourbillon de phrases, de références et citations, de mots et d'images étourdissantes, de raccourcis suggestifs et digressifs dont le rythme ne laisse que peu de répit. Comment pouvait-il en être autrement avec Picasso mythique en son siècle, monstre tauromachique et maître tyrannique des femmes de sa vie qui envahissent les pages (hors Fernande) de leur présence triviale et sublime, chargées des visions qu'elles inspirèrent (Olga, Marie-Thérèse, Dora, Françoise, Jacqueline… et les autres) ? Si seul un être de fuite tel que Milos pouvait dans cette quête des profondeurs échapper à la fascination Picasso et au vertige de l'obsédante chute de De Staël, la fin très symbolique du livre apprendrait cependant au lecteur que la passion romanesque d'une amante délaissée s'avère bien plus redoutable encore. Très belle lecture labyrinthique.



Commenter  J’apprécie          300
Bison

J'étais très attirée par le sujet: la vie du peintre américain George Catlin (1796-1872).

Ce peintre a renoncé à sa carrière d'avocat et de portraitiste de généraux et riches bourgeois pour se consacrer à la peinture des Amérindiens.

Cette vocation lui est venue lorsqu'il a rencontré la délégation amérindienne venue à Washington en 1828 négocier les traités de paix.

Il va quitter son confort et sa famille pour parcourir les plaines du Mississipi et du Missouri à la recherche des tribus amérindiennes.

Catlin est le premier peintre à saisir les Amérindiens dans leur vie quotidienne, loin de toute cérémonie officielle.

Patrick Grainville relate ici le séjour du peintre chez les Sioux.

Catlin a été le premier à avoir prédit la fin prochaine de l'espèce des bisons et à avoir annoncé la fin de cette civilisation ancienne qui dominait sur le continent américain avant l'arrivée des Européens.

Le sujet était magnifique mais j'ai été déçue: je m'attendais à vivre au jour le jour parmi les Indiens. Ici le récit reste "en surface". L'auteur parle de Catlin, de ses motivations, de ses techniques picturales, mais pas assez à mon goût, de la civilisation amérindienne, ni des coutumes, des croyances..

C'est un peu dommage....
Commenter  J’apprécie          300
Falaise des fous



Patrick Grainville ancre son roman à Etretat, Fécamp et alentours.

Le narrateur Charles rassemble ses souvenirs et relate 60 années de sa vie ( 1868 à 1927) : ses amours, ses rencontres. Une constellation d'artistes, une pléiade d'auteurs ( Hugo) traversent les pages, voisinant avec les pêcheurs.

Il doit son goût pour la peinture et la littérature à sa maîtresse Mathilde.

Il fait revivre Monet, Courbet in situ, devant leurs sujets, mais aussi au café, dans leurs ateliers et distille des potins.

Patrick Grainville impressionne par la luxuriante richesse lexicale déployée pour rendre les mouvements, le chatoiement de la mer, la stupéfiante beauté des ciels, des paysages et leurs variations de couleurs, le tout formant un sublime kaléidoscope. Son écriture flamboyante a une puissance évocatrice étonnante pour décrire «  cette machinerie marine », la foule,le départ des terre-neuvas. Le lecteur vogue sur les vagues de l'émerveillement, de l'extase, surfe sur les ondes de l'éblouissement.

L'auteur livre un roman foisonnant, dense, enrichissant avec sa galerie de tableaux, qui sollicite tous nos sens, qui peut paraître indigeste pour certains, mais dans lequel auront plaisir à se plonger tous les amoureux connaisseurs des impressionnistes.

Une traversée étourdissante, à la fois, artistique,historique ( le récit enjambant 2 siècles) et aéronautique avec Lindbergh, d'une grande ampleur.
Commenter  J’apprécie          261
Falaise des fous

J'abandonne à regret la lecture de cet épais roman de 630 pages à la page 136 car malgré tous mes efforts, je m'ennuie et je n'arrive pas à accrocher. Pourtant, ce roman m'avait "fait de l'œil" en librairie pour Noël et j'avais failli me le faire offrir. Sa couverture représentant un tableau de C. Monet m'avait aussi beaucoup plu et attirée.

Ce qui m'a dérangée, c'est l'absence véritable d'intrigue, le livre n'avance pas et on a plus affaire à un pêle-mêle de souvenirs et de réflexions diverses sur la peinture ou de grands artistes de l'époque comme Monet, Manet, Courbet, Hugo… critiqués à chaque fois.

Il y a aussi beaucoup de descriptions, de longueurs qui ne font pas avancer l'histoire, de petits récits assez insignifiants.

Le style de l'auteur ne m'a pas convaincue lui non plus, je l'ai trouvé ampoulé, trop recherché et littéraire ou truffé de références à d'autres auteurs. Ou P. Grainville joue avec l'écriture ou il étale son savoir et je n'adhère pas du tout.

Je ne m'attendais pas du tout à ça en commençant ce livre. Je préfère m'arrêter là car je m'ennuie ici véritablement, à chaque fois que je reprends ce roman je sais que cela va être laborieux, alors je passe à autre chose.
Commenter  J’apprécie          243
Les yeux de Milos

Une lecture qui malheureusement a été laborieuse .



Certes, l'écriture est belle mais l'omniprésence du sexe a fini par me rebuter que ce soit à travers l'évocation de Picasso, décrit comme un collectionneur de femmes , les évocations des peintures et statues préhistoriques ( bien sûr les différentes représentations de Vénus , Dames et autres étaient des symboles de la féminité ) et les aventures plus sensuelles que sentimentales de Milos, le jeune homme aux yeux d'un bleu envoutant .



Dommage car le parallèle entre les deux peintres Pablo Picasso et Nicolas de Staël lors de leur séjour à Antibes était prometteur ainsi que la passion de Milos pour la paléontologie ...



Je remercie Masse Critique et les Editions du Seuil et je suis désolée de ne pas avoir aimé ce livre .
Commenter  J’apprécie          235
Les yeux de Milos

Les yeux de Milos raconte d'un côté l'envoutement que produit le charme des yeux bleus de Milos, dont le père à son jeune âge a cru qu'il était aveugle, lequel charme tourmente comme l'œuvre de Guernica de Pablo Piacasso ou Le concert de Nicolas de staël, lequel charme produit à la fois de l'attraction et de la répulsion, qui rencontre ces yeux sur sa route ne peut que tomber sous ses charmes comme Marine ou Samantha, ou sentir une montée de haine comme Zoé qui n'a eu qu'une seule envie éradiquer le charme de ces yeux en y jetant du sable! D'un autre côté Les yeux de Milos est une quête pour tenter de pénétrer, de saisir l'esprit du génie qui, le plus souvent, dispose son homme à agir, en tout cas, pas comme les autres, mais d'une manière à surprendre l'âme humaine..
Commenter  J’apprécie          210
La diane rousse

Patrick Grainville obtient le Prix Goncourt en 1976 avec « Les flamboyants ». De cet événement date ma découverte de cet auteur, Agrégé de Lettres et professeur de lettres, du côté de Deauville…

Vient ensuite « la Diane rousse », qui, après la découverte de l’auteur via le fameux Prix , m’introduit dans son style si particulier : un savant mélange de fantastique de trouvailles syntactiques, de sensualité (voir d’érotisme), d’envolées lyriques… Bref un mouton noir dans la production littéraire de l ‘époque.



La plage de Deauville, le narrateur, Diane, un setter roux, Hélianthe, une jeune femme rousse…Hélianthe, une solide nageuse qui a coutume de nager longtemps et loin dans la mer. Mais ce jour la, quand sa chevelure rousse ne sera plus visible à l’horizon, Deauville sera envahi par un nuage roux : des coccinelles… plus de belle…

Cette disparition hautement symbolique entraînera le narrateur dans une impossible quête : quête du souvenir et de la célébration du corps féminin ; une déambulation mystérieuse et sensuelle.



Tout a déjà été dit sur le style de Grainville : délirant, foisonnant, original, sensuel, baroque, imprévisible… Pour ma part, je n’aurait qu’un mot : flamboyant…évidemment !

Commenter  J’apprécie          200
Falaise des fous

Falaise des fous de Patrick Grainville ( Seuil - 643 Pages)



A part quelques passages d'un style trop dithyrambique à mes yeux, j'ai aimé lire ce livre.

Si vous aimez Monet et la peinture impressionniste, ce livre est pour vous.

Charles nous raconte sa vie à Etretat. Il nous fait vivre ses amours, ses rencontres avec Monet;

Vous allez découvrir les peintres impressionnistes, les grands écrivains, les drames de cette époque, de 1868 è 1927.

Quand il parlait d'un peintre, d'un tableau j'ouvrais mon ordinateur pour admirer avec lui ce qu'il me narrait.

J'ai revécu l'enterrement de Victor Hugo que j'avais lu dans un autre livre.

Pour Monet c'était une nouvelle rencontre après "Monet " de Pascal Bonafoux.

Il nous fait assister au départ des pêcheurs à la morue. Poignant !

Le déchirement entre Dreyfusard et Anti Dreyfusard qui coupera presque la France en deux. Combien de famille, d'amis se sont fâchés ?

Les journaux parleront du naufrage du Titanic, du drame de Courrières (voir l'Illustration) plus de mille morts tant dans le naufrage, tant dans les mines.

Il m'a replongé dans les horreurs de la guerre de 14/18 et j'ai pensé à mon grand-oncle qui y a perdu ses deux yeux.

Ce roman est riche, parfois je le posais car pour moi c'était parfois l'indigestion. L'écrivain passionné par ces peintres qui modernisaient la peinture vous donnera l'envie d'aller admirer ces tableaux soit à Orsay, l'Orangerie, dans les musées du monde entier ou tout simplement sur votre ordinateur.

Bonne lecture.



Mireine
Commenter  J’apprécie          180
Les yeux de Milos

Il est vraiment désagréable de ne pas apprécier un cadeau que l’on vous a fait, et davantage encore de devoir l’avouer publiquement.

Pourtant j’étais pleine d’espoir de découvertes en abordant ce livre, notamment concernant Nicolas de Staël et l’Abbé Breuil dont j’ignorais à peu près tout de l’un et de l’autre.

Hélas la déception ne s’est pas fait beaucoup attendre. A peine une mise en appétit intrigante et séductrice au travers des yeux bleus de Milos que me voilà embarquée crescendo dans un machin irrespirable.



En fait, je suis particulièrement allergique aux styles abscons, surtout lorsque j’en soupçonne le parti pris comme à la recherche d’un style ostensiblement débridé, où encore, comme ici, le prétentieux côtoie trop souvent le plus vulgaire. Ah ça, pour foisonner, ça foisonne ! mais ne pas oublier que le foisonnement est une augmentation de volume par gonflement … d’air parfois….



Je ne mettrai pas en doute l’érudition de notre auteur, mais est-ce un effet de l’habit vert qu’il faille à tout prix en mettre plein la vue à son public ? En tout cas il ne l’a pas corseté au point d’abandonner sa plume priapique et ici il a fait vraiment très fort, au point qu’il aurait dû appeler ce roman 50 nuances du bleu des yeux de Milos…



Tout cela n’est au fond pas bien grave, si ce n’est que, lasse, je ne me suis pas sentie le courage de dénicher ce que l’auteur y avait sans doute parsemé de son érudition justement. Néanmoins, cette lecture m’aura amenée à faire quelques recherches conjointes concernant Nicolas de Staël et l’Abbé Breuil.



Merci beaucoup à Babelio et à l’éditeur pour cet ouvrage.

Commenter  J’apprécie          181
Les yeux de Milos

Merci à Babelio de m'avoir fait découvrir cet auteur; Patrick Grainville, que je n'avais pas lu encore.



Le sujet me semblait particulièrement intéressant: le parallèle entre la vie de Picasso et celle du peintre Nicolas de Staël, disparu tragiquement à 41 ans juste après avoir peint son oeuvre magistrale: "Le concert".

La vie des deux peintres si dissemblables est évoquée par le personnage principal, Milos qui a la particularité d'avoir un regard bleu perçant.

Milos vit à Antibes, là où vécurent les deux peintres.

il a dans ses amies une certaine Samantha qui va le mener à aller plus loin dans le regard qu'il porte sur la peinture.



Le jeune Milos, qui vit dans le cadre que les deux artistes avaient aimé va se sentir obsédé par ces deux destinées si contrastées, les oeuvres des deux peintres étant rassemblées au musée Picasso d'Antibes.



Et pourtant le parcours initiatique suivi par Milos dans le monde de la peinture n'a rien d'évident: lui-même est étudiant en paléontologie. La question de l'origine de l'Homme va être donc au centre de ses préoccupations, ce qui le rapprocherait sans doute des deux peintres qui sont les personnages centraux de ce livre, eux aussi, à leur manière, concernés par l'origine de l'Homme.



Un autre personnage est important dans le livre et qui va servir de fil conducteur à Milos; c'est celui de l'abbé Breuil, l'un des pionniers de la paléontologie en France, qui est décédé en 1961, et que je ne connaissais pas.



Cet abbé avait travaillé sur des questions sensibles à l'époque, celles de l'évolution de l'Homme, face à une Eglise à l'époque particulièrement frileuse sur ce sujet.

A cet égard l'entrevue de 1935 entre le pape Pie XI et l'abbé Breuil est très intéressante, telle qu'elle est relatée dans le livre.



Sujet passionnant donc, à la fois artistique, historique et scientifique. Les pérégrinations de Milos en Namibie et sa longue réflexion devant les peintures rupestres de la Dame Blanche dans le massif du Brandberg en Namibie valent le détour...mais mais..... j'ai eu du mal à "rentrer" vraiment dans le livre. J'ai eu du mal à trouver un fil conducteur et pourtant j'avais envie d'en savoir plus sur Nicolas de Staël et l'abbé Breuil, la vie de Picasso étant plus connue du commun des mortels.



Trop de digressions, trop de personnages secondaires.. un moment il est question de Brigitte Bardot et de Gina Lollobrigida mais je ne voyais vraiment pas le rapport avec le thème principal... trop d'anecdotes sexuelles aussi sans doute, à la fin cela lasse un peu..



Bref le sujet est très beau mais la manière de le traiter m'a un peu déçue.. J'ai trouvé que le livre avait plus l'allure d'un parcours culturel pour initiés que celle d'un vrai récit romanesque ou biographique. En tout cas il a le mérite de donner envie d'en savoir plus sur Breuil, de Staël....

Commenter  J’apprécie          182
Falaise des fous

Etes-vous déjà entrés dans une église baroque ?

C’est un éblouissement, une sensation d’oppression esthétique, une abondance d’ors et d’ornementations.

Le premier ahurissement passé, votre raison vous souffle que c’est trop, beaucoup trop.


C’est un peu l’impression qu’il me reste après la lecture de « Falaise des fous » de Patrick Grainville.


Rien n’y manque de ce qui furent les événements majeurs des années 1860 aux années dites folles, justement.
 Tout y est, et décrit avec une abondance de détails et malheureusement de poncifs.


Monet passe par Etretat, puis Courbet, puis encore Monet. Tiens Maupassant et dans un bordel ! Sans blague !!


Puis ce sont les prussiens farouches, un peu de Monet, l’incendie du Bazar de la Charité (où bien sûr, on marchait sur les femmes pour sortir). Proust (un peu quand même), l’Amérique et le Titanic avec son orchestre submersible et ses nobles sacrifices, les premières voitures (qui vont fièrement à 20km/h), avions... Dreyfus (surtout ne pas oublier Dreyfus et le traitre Esthérazy et Zola et Picquart) et c’est 14-18 (bien redire la dégueulasserie des tranchées, en remettre une couche sur l’horreur et les gueules cassées)…



Plus de 600 pages serrées pour assommer sous l’ampleur de la fresque et convaincre de son talent laissé en roue libre.


Et rien, rien sur le paradoxe Monet par exemple. Cet être bourru, solide comme une falaise, imperméable au temps, symbole vivant des forces chthoniennes et qui pourtant peint les brumes, les brouillards, les eaux et les lacs, le vent dans les hautes herbes.



Impression… Respiration vers la simplicité, la clarté après avoir repoussé la porte de l’église. Impression… mais d’être passé à côté d’un grand sujet.
Commenter  J’apprécie          180
Les yeux de Milos

L’exercice romanesque était périlleux et je l‘avoue j’ai durant la lecture de cet ouvrage subi parfois quelque altération de la perspective narrative . Oui exercice périlleux car il n’est pas facile d’ériger la stature de tels personnages : Pablo Picasso et Nicolas de Staël.

L’un met à mort, l’autre se tue.

Deux visions diamétralement opposées. Le même ciel, le même soleil, la mer mer. Et pourtant deux destins. Singularité de perception qui sculpte la totalité de leurs œuvres. Très ou trop documenté , le roman se trouve ralenti alors dans sa narration. Car sur la légende de ces deux êtres tutélaires l’auteur choisi d’apposer l’histoire de Milos, l’enfant aux yeux bleus, de ses amours, de ses obsessions, de ses questionnements. J’avoue que ce calque apposé provoque brouille le récit. Mais l’exercice pouvait être tenté. Peut être un peu plus de vision en filigrane aurait éclairci quelque peu la narration. Il aurait peut être fallu que les deux peintres hantent les mots, les images et ne vampirisent pas l’histoire de Milos.

Peut être plus d’impressionnisme… moins d’expressionnisme. Chacun.e élaborera sa propre vision.

Sentiment mitigé donc. Mais il est indéniable que les aficionados de Picasso y trouveront là belles matières, et que les amoureux de Staël décrypterons la partition du drame.



Astrid Shriqui Garain

Masse critique decémbre2020 – Editions du Seuil / Babelio

Commenter  J’apprécie          162
Les yeux de Milos

Autant le dire en préambule : la lecture d'un livre de Patrick Grainville demande adhésion.  Son dernier roman Les yeux de Milos ne déroge pas à la règle. Dans ce roman on retrouve trois des ingrédients habituels de Patrick Grainville.

D'abord le style : baroque parfois grandiloquent mais toujours ciselé,  faisant honneur à la langue française.

Ensuite la peinture et les peintres. Comme dans La falaise des fous, auprès de Monnet, les Yeux de Milos nous entraîne dans les pas de Nicolas de Stael et de Pablo Picasso

Enfin, l'érotisme, la sexualité qui sont des thèmes récurrents des romans de Patrick Grainville.

Si l'adhésion à ses ingrédients n'est pas acquise,  la lecture du roman peut devenir rapidement difficile voire ennuyeuse.

J'ai adhéré différemment  aux trois ingrédients.

Plus la lecture du roman avance, plus la place de l'érotisme,  pour ne pas dire d'une sexualité très crue, prend  une place prépondérante.  Tout est scruté,  vu par le spectre des organes génitaux. A terme cette overdose donne la nausée  et escamote ( Le mot est gentil) une grande partie du roman .

Pourtant le point de départ du roman avec le regard bleu  de Milos qui intrigue hommes et femmes,  accroche le lecteur et donne envie de le suivre dans ses liens autour de Picasso, de Stael ou encore l'abbé Breuil. Le style de Patrick Grainville nous transporte dans l'oeuvre de Picasso, dans les grands à plats de Nicolas de Stael, dans les terres ocres de Namibie  ou dans l'humidité des grottes préhistoriques périgourdines ou niçoises.

C'est foisonnant, c'est instructif, c'est sensuel. ...

Et puis peu à peu la sensualité devient érotisme de bas étage  .

Je ne connais pas assez l'oeuvre de Picasso pour être objectif mais ne présenter la vie et l'oeuvre de Picasso que par ses oeuvres érotiques me paraît réducteur.

Bien évidemment la relation de Picasso avec ses femmes et compagnes est connue pour sa complexité et le caractère du peintre. Cela est rendu par Patrick Grainville  mais pourquoi toujours revenir exclusivement aux organes, phallus, vulves et trous !

Ce parti pris phagocyte le roman et celui ci devient ennuyeux et interminable.

C'est tout de même un comble alors que nous sommes avec Picasso et de Stael.

Page 277 Patrick Grainville nous dit : " Que peut l'artiste ? Créer contre la destruction. Affirmer l'autonomie de son Soi, de son geste solaire. Épancher, chanter la création libre. C'est un soleil dans le ventre aux milles rayons. Voici la haute mission et le combat vivant "

Malheureusement je n'ai jamais ressenti cette allégresse dans Les Yeux de Milos.

Je l'avais pourtant ressenti dans La falaise des fous.





Merci à Babelio et aux Éditions du Seuil pour l'envoi du roman .


Lien : https://auxventsdesmots.word..
Commenter  J’apprécie          161
Falaise des fous

Cette saga qui se situe entre 1868 et 1927 nous emporte sur les traces de Monet et des grands artistes de l'époque autour d'un repère autour duquel ils passent ou se retrouvent : la falaise d'Etretat.

A travers les mots de Charles Guillemet, on entre dans le tourbillon de l'art qui s'entremêle avec celui de l'Histoire.

On traverse ainsi cette charnière entre le XIXème et le début du XXème en voyant défiler les grands événements qui ont jalonné cette période.

La Commune de Paris qui emporta Gustave Courbet, l'affaire Dreyfus qui divisa la France et ses artistes, la sanglante guerre qui en perdit beaucoup d'autres, jusqu'aux années vingt qui renferment déjà le germe du second conflit mondial.

Une belle saga où on approche les plus grands artistes au travail : Monet, Courbet, Degas. On entre dans les galeries, chez les marchands d'art et on traverse ainsi sur des mots d'une grande finesse une période qui fut aussi féconde en rebondissements qu'en création artistique.

Un beau roman.
Commenter  J’apprécie          150
Falaise des fous

Roman ambitieux et foisonnant où la peinture, la création .. et la Normandie sont à l'honneur. Si Patrick Grainville m'a épatėe par ses connaissances, celles-ci et ses grandes et fréquentes envolées lyriques m'ont un peu perdue. Reste que cette ambition littéraire mérite d'être lue.
Commenter  J’apprécie          130
Falaise des fous

Hésitant entre roman, fresque historique et essai sur l’impressionnisme, Falaise des fous est une saga qui se déroule à Étretat au tournant du xxe

siècle. L’auteur, Patrick Grainville, prix Goncourt 1976, y décrit la vie d’un jeune Normand dont la maison domine la mer. Une vie qui a basculé en 1868 lors de sa rencontre avec Mathilde, son grand amour, et du premier séjour de Monet dans cette bourgade aux falaises spectaculaires. Cette ode au génie créateur nous fait croiser Courbet, Boudin, Degas, mais aussi Flaubert, Hugo et Maupassant.

Connaissance des Arts N°722 Juillet-Août 2018
Commenter  J’apprécie          130
Falaise des fous

Clémenceau, les Impressionnistes, La Commune, la 1ère Guerre Mondiale, la révolution industrielle et technologique, la Normandie, etc. : sujets sur lesquels ce roman revient avec une érudition qui nourrit encore ce que nous savions. Cette époque apparaît comme le berceau de notre modernité : la foi dans le Progrès qui n'empêche pas la boucherie des armes, le chant du cygne d'un Art si prolifique en notre contrée, les promesses de justice comme des paroles qui s'envolent....

Au coeur de ce roman, l'homme reste la mesure de toute chose : chaque personnage tente à sa façon de parer aux coups du relativisme aveugle et des illusions de sa nature incertaine.

Le style déploie des volutes sublimes pour nous emporter dans l'atmosphère ancrée d'un temps troublé. La réussite de ce dernier livre de Patrick Grainville est de nous chuchoter que cette époque des Impressionnistes, de l'Avion et de la Mésentente cordiale, continue à être le nôtre, en nous racontant des histoires ni si simples, ni passées.

04.02.2018 Patricia Jarnier
Commenter  J’apprécie          131
Falaise des fous

Une fresque d’une roborative générosité stylistique et historique, qui parcourt l’histoire de France du XIXe siècle jusqu'à l'entre deux guerres par le prisme du regard des artistes peintres Monet et Courbet en těte. Patrick GRAINVILLE déploie un trésor d’érudition afin de nous faire saisir au plus près l’immensité des talents artistiques des peintres impressionnistes. À relire...allongé-e au bord des falaises d'Etretat.

Will.
Commenter  J’apprécie          136
Le corps immense du président Mao

Alors que le roman commençait sur un ton plutôt favorable - gigantisme de la croissance à la chinoise avec tout le lot de personnages ambigus qu'elle engendre, démesure des villes tentaculaires, dénonciation de l'ère maoïste et de ses excès, le tout dans un style foisonnant et dense, je me suis sentie progressivement sombrer dans l'ennui le plus total, le livre se résumant finalement aux galipettes de quelques nymphomanes frustrés. Les personnages n'ont aucun relief, que ce soit le professeur à la poursuite de sa fille enfuie et à la recherche de quelque femme idéale de préférence bien typée asiatique, que ce soit la gaminette en pleine crise d'adolescence et qui ne trouve pas mieux pour s'opposer à un père absent que de se faire couper les cheveux et débrider les yeux. Quant à l'attachée culturelle de l'ambassade, on ne fait pas plus insatisfaite ni plus plate. Le dingue de service n'est pas crédible un seul instant. Le malheureux amant de l'attachée culturelle fait pitié dans son inconsistance et sa satisfaction béate. A la limite le milliardaire de service et la pute de luxe sont à peu près crédibles et ne font pas trop tache dans le décor, mais ils ont à peu près autant de relief et d'intérêt que la plaine flamande un jour de grisaille.

Ajoutons le récit manque cruellement d'action et que les développements sont totalement prévisibles du début à la fin. La description du capitalisme à la chinoise trouve très vite ses limites : au bout d'un chapitre on en a fait le tour. Quant au style très particulier, on s'en fatigue très vite et on a comme la fâcheuse impression que l'auteur lui aussi est fatigué et trouve ses propres limites, car on le sent faiblir et manquer d 'inventivité à chaque page qu'on tourne?

Des pages que je tournais de plus en plus vite à mesure que je me rapprochais de la fin d'ailleurs. A tel point que je ne saurais dire comment le livre se termine à part par de nouvelles galipettes entre personnages improbables, mais pire encore, je ne saurais dire de quoi parle ce livre et où l'auteur veut en venir.
Commenter  J’apprécie          130
Trio des Ardents



D’emblée, je n’aime pas son style haché avec cette inflation de phrases courtes juxtaposées souvent sans verbe. On pourrait croire qu’il dicte le plan de son récit à sa secrétaire et qu’il va étoffer ensuite. Ou qu’il établit des notes pour un futur scénario. Mais non, il trouve ça original et il laisse en l’état !

Ça marche pour les récits de guerre qui ne demande qu’à être suggéré et s’accorde à l'idée d'une désintégration perpétuelle, mais pour le reste ça laisse un goût d’inachevé qui flirte avec l’indigence narrative. Et on ne peut pas non plus faire l’impasse de l’effet cuistre et m’as-tu-vu : Grainville a dans sa sacoche pléthore d’anecdotes en tout genre qui mettent en scène des personnages connus : du beau monde ; Sartre, Beauvoir, Picasso, etc. On a droit, nécessité oblige, à toute une série de scènes orgiaques qui flirtent avec la SM, et au besoin regorgent de références mythologiques qui en mettent plein la vue sur la culture de « l’écrivant ».

Il faut s’intéresser un tant soit peu aux artistes comme Bacon et Giacometti et espérer découvrir que l’on pourrait appeler la genèse de l’œuvre pour poursuivre la lecture… Pour les autres ce sera probablement du verbiage souvent indigeste…

Commenter  J’apprécie          120




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Patrick Grainville (815)Voir plus

Quiz Voir plus

Karine Giebel ou Barbara Abel

Je sais pas ?

Karine Giebel
Barbara Abel

10 questions
66 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}