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Critiques de Patrick Grainville (178)
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Les yeux de Milos

Le paysage est grandiose, et pour cause c'est le sud de la France. La mer, les artistes, l'été donnent cette aspect rêverie trouble à l'atmosphère. Cette lecture a été laborieuse, ce n'est par l'art ou l'archéologie qui m'ont fait somnoler mais bien les personnages sans énergie sauf quand il s'agit de sexe, et qui divague sur l'art, Picasso, de Staël, l'archéologie. Milos, ce garçon dont les yeux bleus charment les femmes mais qu'il cache sous des lunettes noires, est constamment insatisfait: de sa vie, de ses amours, des choix qu'il doit faire ou de ceux qui sont fait, hésite entre une femme ou une autre.



Les sujets à première vue sont plus qu'intéressant, la période où Picasso fut au centre de la vie artistique antiboise puis cette désinvolture propre au sud de la France dans les années cinquante. Mais mon intérêt a été martelé par le marteau stylistique de l'auteur.

Je n'ai pas su saisir le sens de certains passages, je me suis perdue dans ses descriptions de paysages qui n'en finissaient plus mais qui m'ont donnée envie de m'allonger au soleil (soleil franchement absent de Paris pendant ma lecture).



En mettant en scène deux grand artistes contemporains comme Picasso, cette homme à la présence incontestable, et Nicolas de Staël, un homme probablement trop romantique et qui se suicidera, l'auteur sonde la création à travers deux destins opposés. Beau, le roman aurait pu l'être sauf qu'à vouloir intégrer trop de références, mythologiques et autre, on finit par divaguer sur un trop grand nombre de sujets sans en traiter un dans le fond.



Je ne retenterai pas l'expérience, mes goûts littéraires sont bien trop éloignés du style de l'académicien.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Les yeux de Milos

Les yeux de Milos le perturbent tant qu'il ne supporte pas de les dévoiler. Il cache ce bleu troublant derrière ses lunettes, retranché derrière ses verres noirs. Distance. Passivité. Les femmes sont intriguées par lui, attirées, entreprenantes tandis que lui n'affronte pas plus ces relations qu'il n'affronte le monde sans ses lunettes. Lui qui se terre, débusque, gratte et déterre, exhume notre passé, notre Histoire. Il a fait de l'archéologie son métier, des artistes et de leurs oeuvres une passion.

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J'avais découvert Patrick Grainville en des temps anciens (après Tautavel tout de même) avec son roman "L'orgie, la neige". Je le retrouve aujourd'hui avec cette histoire particulière où les personnages principaux ne sont pas l'essentiel de l'histoire. Ils ne servent qu'à nous conduire aux côtés d'artistes avec un catalogage de certaines de leurs oeuvres si bien que j'avais d'avantage l'impression de lire un essai ou un livre sur des artistes qu'un roman. La narration tourne principalement autour de Pablo Picasso, Nicolas de Staël, René Char et quelques autres. Leurs femmes, conquêtes, productions artistiques sont présentées. L'origine de la conception des toiles, sculptures, relations amoureuses est expliquée. Conceptions et réalisations mises à nue. Comme le corps. Patrick Grainville ne parsème pas son roman de descriptions anatomiques intimes. Il les nomme avec précision toujours, de façon différente parfois, récurrentes tout au long des pages. Autant les corps de Milos et ses conquêtes que les productions artistiques sont vues et dites, sans verres fumés, de façon itérative.

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Oui j'ai aimé ce livre. L'écriture est riche, dense, intelligente et intelligible. La prose est dynamique et entraînante. J'ai eu l'impression d'être prise dans un tourbillon artistique, historique. Découvrir la face cachée du travail de certaines productions artistiques m'a également plu. Picasso étant mon peintre préféré, j'étais à moitié conquise avant même de me plonger dans "Les yeux de Milos".

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Les yeux de Milos

Les yeux de milos

Falaise des fous de Patrick Grainville était une mise en bouche, les yeux de Milos le plat de résistance.

Le premier évoquait la naissance de l impressionnisme à la croisée des deux siècles passés, le deuxième décortique l'art pictural de Picasso et de Nicolas de Stael au mitan du XXe siècle.

Autant dire tout de suite que ce j'ai éprouvé dans le premier n'a fait que s'amplifier dans le deuxième : foisonnement des sources, déluge de vocabulaire, style haché menu par des phrases de un, deux, voire trois mots essentiels qui percutent, mots-images, mots-idées, allégories, métaphores, digressions et références en tous genres, logorrhée étourdissante. Submersion de mots, style quasi outrancier, sens débridés au propre et au figuré, délires d'écritures, tornade littéraire….

Quelle culture ! Quelle aventure !

On ne sort pas indemne de ce type de roman (mais est-ce bien un roman ?)

Je ne reviendrai pas sur la trame de l' histoire. D'autres amis babéliotes l'ont fait mieux que je ne saurais le faire !

Pour l'essentiel : Les yeux de Milos, dont le bleu fascine et heurte tous ceux (ou plutôt toutes celles) sur lesquels ils se posent au point qu' il choisit de les dissimuler, passe au crible l'oeuvre des deux peintres dont les personnalités sont aux antipodes l'une de l'autre. Picasso le vorace, le sanguin, l'homme à l' état brut(e), Nicolas de Staël, l'écorché vif, le poète des couleurs, le prince exalté, l'amoureux transi...

Mais c'est surtout à travers le prisme de ce regard que Patrick Grainville dissèque avec une précision d'entomologiste leurs toiles maîtresses, occasion d'évoquer l'Histoire, les événements, les influences et les amoureuses qui les ont inspirées. Et de façon magistrale !

Si Nicolas de Stael le trop sensible se suicide par désespoir d'amour en se jetant de la terrasse de son atelier à Antibes, Picasso préfére suicider les autres, les Dora Maar, Marie Thérèse, Geneviève, Jacqueline and co, les rendant plus ou moins folles au sens propre du terme.

L'artiste était génial, l'homme détestable. C' est souvent le cas mais on ne peut admirer l'un en excluant L'autre. Seul l'art ressort grandi et enrichi de cette lutte entre l'homme et la bête.

Accumulant les maîtresses qui font la chair de son oeuvre avant que chaque amour n'expire à la vitesse de la lumière , Picasso boulimique apparaît en effet comme un prédateur sexuel, un hidalgo nabot au regard bleu, insatiable, égoïste et totalement dépourvu d'empathie. Une vie aux allures de corrida dont il figure le tout puissant et farouche Minotaure.

Par un jeu de miroirs et d'identification plus ou moins consciente, Milos, jeune paléontologue sensible et indécis, en quête d'affirmation de soi, s'empêtre dans ses relations amoureuses, de Marine à Samantha et de Samantha à Vivie, prétextes à des scènes sexuelles (dont on se serait passer des détails scabreux car bites, vulves, culs, trous et autres couilles à foison n'apportent rien de plus à la ...profondeur du discours littéraire qu'agacement et lassitude)

Fort heureusement les apartés amoureuses, les partages de vues et considérations sur la philosophie de la vie, l'actualité, la nature et la peinture m'ont laissée à la fois pantoise, intriguée , subjuguée et avouons-le souvent émerveillée par le style « flamboyant » de Patrick Grainville même si quelquefois, soyons honnêtes, il en fait un peu trop....

Je n'omettrai pas d'évoquer le fantastique voyage du pays basque espagnol et la grotte d'Altamira à la Provence et au Massif de Sainte Victoire, de Londres et ses musées au temple indonésien de Borobudur, des plages Méditerranéennes et l'arrière pays niçois au Paris des flâneurs,

Le roman s'achève logiquement sur le rêve fellinien de Milos, haut en couleurs et carrément jubilatoire, sorte de baroud d'honneur à tous ceux, acteurs de cette immense fresque pop art, qui symbolisent une époque et un courant artistique inédit.

Avec ce roman, le Cro-Magnon qui sommeille en chacun de nous n'en finit pas de peindre les parois de la connaissance et de combler ses grottes d'ignorance.



Un grand Merci aux éditions du seuil et à Masse critique pour ces belles découvertes.



Un dernier mot aux amis babeliotes passionnés par cette période de notre histoire : l'excellente trilogie de Dan Franck (Bohèmes, Libertad et Minuit) qui se boit comme du petit lait....

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Falaise des fous

Abandonné au bout de 80 pages, je m'ennuie. La période me passionne mais l'intrigue est noyée dans une avalanche de noms célèbres, de descriptions de tableaux et de phrases ampoulées. Étalage de culture.... j'ai trop de livres qui attendent sur mon bureau pour m'ennuyer en me forçant ici.
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Le baiser de la pieuvre

J’ose espérer que tout le monde connait « Le rêve de la femme du pêcheur », la surprenante estampe d’Hokusai, remarquable témoignage de l’imaginaire érotique si fertile des Japonais. C’est à partir de cette image que Patrick Grainville a inventé l’histoire d’Haruo.

Haruo, un jeune et bel adolescent, habite avec ses parents sur une petite île. Pur et vierge, il n’a jamais connu du monde que cet environnement, les paysans et les pêcheurs de son village, une communauté de moines bouddhistes qui vit non loin de là et un étranger prénommé Allan, un scientifique à la recherche d’une panthère endémique de l’île. Haruo est tombé amoureux de Tô, la jeune veuve d’un pêcheur qui le fascine au-delà de tout.

Cette île qu’on peut situer dans l’archipel japonais au début du vingt-et-unième siècle est pourtant largement fabuleuse, à peu près préservée de la modernité. Un petit paradis, entouré d’une barrière de corail, dominé par un volcan en activité avec ses sources d’eau chaude. La vie est rythmée par le labeur tranquille des paysans dans les rizières, et pourtant l’île garde sa part de sauvagerie et de mystère. Je ne sais pas, d’ailleurs, si c’est à cause de l’atticisme de l’auteur ou de la très grande liberté de mœurs qui règne sur cette île, mais elle m’a autant évoqué le Japon que les légendaires îles grecques de l’antiquité, Lesbos, Cythère… une sorte d’Arcadie de l’amour où les tabous sexuels n’ont pas lieu d’être.

La sensualité est très importante dans ce livre. Tout la rappelle, elle est tellurique, végétale, animale, elle suinte de tous les paysages, elle déborde du volcan, de la mer et bien sûr des personnages principaux et d’abord d’Haruo qui bande pour un rien, à la simple vue d’une bufflonne se faisant traire, par exemple. Ah, la belle libido de l’adolescence ! Et même les belles amours adolescentes, car au fond le romantisme n’est pas absent dans ce roman. Il serait assez facile de se moquer de cette omniprésence charnelle dans l’écriture de Patrick Grainville et il est vrai qu’elle donne parfois l’impression de tourner au simple exercice de style, un peu gratuit. Mais on peut trop facilement se moquer de tous les grands stylistes (Patrick Grainville en est assurément un) et, après tout, il a écrit une belle fable sur l’éveil à la sexualité, forcément obsédante, irrésistiblement attrayante et inquiétante comme tout inconnu, où le fantasme pénètre la réalité.

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Le corps immense du président Mao

Toujours cette désagréable impression en lisant Patrick Grainville de lire un Marc Lévy qui se prendrait pour Julien Gracq. Métaphores boursouflées, lyrisme pornographique de pacotille avec son lot de fantasmes de corps pubères en émoi ; clichés en veux-tu en voila, intrigue ennuyeuse au possible ( du sexe, du sexe...). Et puis cette vision convenue et un brin néo-colonialiste de la Chine moderne. Bref 'empire du milieu traité par l'empereur du kitsch.
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Le corps immense du président Mao

Je suis très perplexe vis-à-vis de ce roman. C'est un chassé-croisé entre de nombreux personnages : Thomas, un écrivain raté en proie à un violent conflit avec sa fille, Alice, une dégénérée folle de sexe qui ne se contente jamais de ce qu'elle a, Lan, un milliardaire rempli de secret ravagé par la perte de sa soeur, An, une prostituée de luxe mystérieuse et intrigante. En bref, un roman sans réelle intrigue qui tourne surtout autour du sexe et de ses dérives, avec un style très prétentieux à mon goût. Ce livre est, je pense, plus adapté aux hommes de toute façon. Après, il y a de bonnes idées, on accroche quand même un peu aux personnages. À chacun de se faire son avis.
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Les yeux de Milos

Dans son roman précédent, La Falaise des fous, l’auteur s’attachait à suivre le destin de Monet ainsi que d’autres de ses contemporains croisés au détour des falaises d’Etretat. Avec Les yeux de Milos, Patrick Grainville se situe cette fois sur la côte méditerranéenne avec Picasso et Nicolas de Staël.

Nous sommes à Antibes, Milos est encore tout jeune le jour où sa petite amoureuse Zoé lui lance du semble dans les yeux. Ce jour-là, le jeune garçon se rend compte que le bleu de ses yeux rend son regard envoutant, déstabilisant et que les gens obnubilés, ne voient pas l’homme derrière le regard. Il décide alors de se parer de lunettes noires, c’est comme ça que Milos devient un jeune homme et commence à découvrir les sentiments et la sensualité auprès des femmes, Marine puis Samantha. Cette dernière sera aussi celle qui fera naitre en lui l’intérêt pour le peintre espagnol qui vécut longtemps dans la région, Pablo Picasso. Mais à Antibes, qui dit Picasso dit aussi Nicolas De Staël, car même si les deux artistes n’ont rien en commun, ils ont tous deux influencé la vie culturelle de la ville et sont présents dans son musée. Milos va alors peu à peu s’intéresser aux destins de ces deux artistes.

La suite du roman fluctue entre la vie de Milos, jeune étudiant en archéologie, ses voyages sur des sites archéologiques, ses références à l’abbé Breuil, passionné de préhistoire qui sera d’une grande inspiration pour le jeune homme et la vie des deux grands peintres, entre tourments et relations amoureuses.

Un sentiment très mitigé ressort de cette lecture qui a été facilité en partie par un style fluide et entrainant mais une grande incompréhension subsiste dans cette volonté de l’auteur à rapporter toutes les scènes de la vie de Milos ou de Picasso au sexe. Il y a beaucoup de passages sans intérêt dont l’un où l’auteur arrive même à faire des allusions sexuelles lors de l’ouverture d’une bouteille de champagne. On finit même par croire que les fresques préhistoriques se limitent finalement qu’à un enchainement de vagins, phallus et autres vulves… C’est en grande partie la raison pour laquelle cette lecture a fini par devenir laborieuse et c’est dommage car ce roman était plein de promesses, la vie de deux grands peintres talentueux dans une belle région du sud entre mer et Provence. Heureusement certains passages biographiques intéressants ainsi que de belles descriptions de certaines œuvres m’ont convaincu d’aller jusqu’au bout…

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Falaise des fous

Plonger de la Falaise des fous est un risque. Le risque d'être submergé par les vagues de l'érudition déferlant à chaque page, je devrais même dire à chaque ligne.

Tous les noms de peintres, écrivains, hommes d'état et autres célébrités de la fin du XIXème siècle se sont donné rendez-vous sous la plume de Patrick Grainville qui jubile de nous conter leurs faits et gestes. Mais trop c'est trop. Six cents pages de déferlantes, cela fatigue le lecteur. Maintes fois j'ai failli abandonner, à bout de souffle et au bord de la noyade. Dommage car les ingrédients étaient là pour plaire et enrichir : l'époque, Etretat, les impressionnistes… Aurait-il mieux valu amener le lecteur à découvrir un délicat collier de fines perles de culture que de chercher à l'éblouir par des parures clinquantes, sonnantes et trébuchantes !

Pour paraphraser une citation célèbre, la culture c'est comme la confiture plus on en ajoute plus c'est indigeste.
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Falaise des fous

Magnifique découverte que ce livre. Grande fresque historique allant de 1860 à 1927 et retrace au travers d'un personnage fictif les grands noms de l'art francais : Monet, Courbet, Hugo, Manet et les grands inventeurs que sont Blériot et Lindberg. Quasiment toute l'action se passe en Normandie. Je trouve l'ecriture de ce roman magnifique, un pur bijou
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Falaise des fous

Oui, j'avoue, pour aller au bout du roman, j'ai "sauté" bon nombre de pages, tellement c'est fouillé et délicieusement écrit (diront les puristes), délayé (diront les ignares comme moi !). Et oui, quoi, Patrick Grainville est prix Goncourt tout de même !! Certes, il l'est. Il n'empêche...

Autant le sujet et l'époque me tenaient à coeur (pensez donc, les impressionnistes et la Belle Epoque...), autant le manque de fluidité dans l'écriture m'a gênée. J'ai persisté, parce que la galerie de personnages croisés est impressionnante, la somme de connaissances à engranger est immense, et certains passages sont pleins d'humour (telle la description d'Hugo p115 qui m'a fait sourire), mais il faut s'accrocher aux pages pour ne pas lâcher l'affaire.

C'est le genre de livre qui se lit dans un silence complet, sans bruit ni musique, afin de pouvoir se concentrer... bref pas une lecture-détente pour moi...mais je l'ai dit, ça n'est que mon humble avis...
Lien : https://la-clef-des-mots.e-m..
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Falaise des fous

Je ne suis pas arrivée à entrer dans le roman. C'est très bien écrit, d'une belle plume qui donne vie aux œuvres des artistes évoqués aussi bien qu'au quotidien des gens "plus ordinaires". Cependant l'auteur survole trop les choses pour que j'arrive à entrer dans l'histoire de cet homme qui a côtoyé les grands artistes de son époque sur la côte normande (mais après tout, le roman retrace les mémoires du narrateur sur une soixantaine d'années et on ne peut s'attendre à ce que tout soit détaillé comme je l'aime).



Ce roman n'est pas fait pour moi, tout simplement...
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Bison

On suit dans ce roman un homme qui a réellement existé : le peintre George Catlin. Visionnaire, celui-ci pressent, des décennies avant la (quasi) extinction des indiens, leur fin malheureuse. En multipliant les portraits et les peintures représentant la vie quotidienne de diverses tribus, puis en récoltant des objets divers afin de monter un musée, il est un témoin incroyable d’une époque et d’un environnement révolus. Au delà de cet objectif, on se rend compte à quel point il aime ces peuples, cette culture et cette vie.



Patrick Grainville nous présente une tribu sioux et des personnages hauts en couleur, qui prennent vie devant nous. Ce ne sont pas « juste » des indiens, se sont des individus à part entière, avec une personnalité propre, un sens de l’humour, des défauts et des failles. Tous sont intéressants mais j’ai vraiment adoré les deux personnages les plus excentriques du récit.



Tout d’abord Oiseau-deux-couleurs, l »homme-femme », un travesti qui est aussi le chamane de la tribu. Comme on s’en doute un peu, les travestis « étaient l’objet d’un certain dédain de la part des guerriers. Une société entièrement fondée sur une surenchère de prouesses viriles, sur des vertus de bravoure guerrière, avait peine à comprendre le choix de vie de travestis mais cela n’allait pas jusqu’au bannissement. » (page 24). Mais « chez les sioux, la situation du berdache était plus nuancée, la défiance s’alliait à de la crainte, voire à du respect, quand l' »homme-femme », le Winkte…était wakan, donc sacré ». Ce personnage nous permet de nous rendre compte à quel point les indiens avaient des mœurs libérées et étaient très tolérants face à la sexualité : polygamie, maitresses ou amants, homosexualité, transexualisme… C’était un élément de la culture indienne que je ne soupçonnait pas!



J’ai adoré le personnage de Louve qui est le plus intéressant, le plus complexe du récit. C’est devenu l’un de mes personnages féminins préférés. Voilà un bref passage sur Louve (que j’ai amputé du début pour éviter une révélation trop importante sur le personnage) :



« …Ainsi, murmura Oiseau, d’une voix secrète que Catlin prit très au sérieux, Louve s’était vouée à l’enchantement et à la malédiction. Elle ne garderait pas son mari, manifesterait une indépendance impossible chez les Indiens, un goût pour les voluptés rares, la prédation hardie et les prouesses masculines, un penchant pour la dissonance, la rupture, une attitude rebelle, une attirance pour le vagabondage et le chaos. »



J’ai également apprécié le côté « nature writing » de la description de l’ambiance et des paysages dans lesquels Catlin et les indiens baignent.. Pour finir, je ne peux m’empêcher d’avoir une petite pensée pour la femme et les enfants de Catlin, qui n’ont pas du voir souvent leur mari et père…



En conclusion : L’auteur nous offre avec ce roman un double portrait : celui d’un peuple passionnant aujourd’hui quasiment disparu, et celui d’un peintre peu connu du grand public mais qui compta parmi ses fans George Sand et Charles Baudelaire. Cette lecture s’est révélée un dépaysement sympa pour l’été, tout en étant instructive.
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Le baiser de la pieuvre

Sur la petite île de Nayoa, les habitants du village de Kô vivent en harmonie avec la nature. La vie y est simple et paisible et seules les secousses sismiques provoquées par le majestueux volcan Gû viennent ponctuer, de manière occasionnelle, le quotidien des villageois. C’est à la faveur de la nuit que l’adolescent Haruo découvre la nudité de la veuve Tô. De là naît une véritable obsession du jeune homme pour cette femme à la beauté envoûtante. Jusqu’au jour où il la surprend en plein acte de plaisir avec la pieuvre Oryui, déesse de la mer et maîtresse monstrueuse. Face à cette scandaleuse découverte, l’émerveillement se mêle à l’effroi, à la honte et à la haine de cette rivale surnaturelle. Fort heureusement, l’étranger Allan ou encore Hô, le moine lubrique, seront des alliés de taille pour aider Haruo dans l’éveil de sa sexualité et dans sa conquête du cœur de Tô.

Patrick Grainville, en s’inspirant de la célèbre estampe d’Hokusai : « La femme du pêcheur », nous fait voyager dans un univers fantasmagorique, régit par les croyances surnaturelles. La pieuvre géante, loin d’être assimilée à l’horreur, est au contraire un vecteur de l’érotisme et du plaisir pur, sans fécondité. La nature, à l’inverse, apparaît dans toute sa splendeur et sa luxuriance, tantôt inquiétante et dévorante, tantôt féconde et protectrice, telle une mère. C’est dans cette atmosphère propice à la sensualité qu’Haruo fait l’expérience du désir et des sens. L’écriture est lascive, poétique et chargée d’érotisme. Elle envoûte et séduit son lecteur avec une certaine volupté. Le récit se fait avec une lenteur, parfois frustrante, mais nécessaire à la montée du désir, comme à celle du plaisir. Un texte d’une grande beauté qui éveillera les sens du lecteur…

Un grand merci à Libfly et aux éditions Points pour cette étonnante découverte !

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Falaise des fous

La qualité d'écriture de cet éminent écrivain ne saurait en aucun cas être mise en cause mais... mais vraiment au bout d'une centaine de pages j'ai abdiqué. Quelques regrets m'ont amenée à feuilleter deux trois pages en piquant au hasard dans le livre. J'ai capitulé.

Admirative devant tant de culture, mais là le mélange avec la forme de roman m'a dérangée.
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Les yeux de Milos

En écrivant "Les yeux de Milos", Patrick Grainville n’a pas eu froid aux yeux. D’une plume débridée, il raconte l’histoire de Milos, jeune paléontologue vivant à Antibes aux yeux bleus ensorcelants, passionné de peinture et d’histoire. Sur les traces de l’abbé Breuil, il s’interroge sur l’origine de l’homme et s’enflamme pour la vie de Picasso et Nicolas de Staël. Son regard envoutant suscitera amours et rancunes. Bon, c’est du lourd et malgré quelques fulgurances, ce roman ne m’a pas touché. Bien que toujours intéressé par les romans ou documents artistiques et amateur d’écriture baroque, j’avais déjà coincé dans la lecture de "Falaise des fous", mais je m’étais dit à l’époque que c’était surement dû à mon étroitesse d’esprit ou à la paresse du moment ou à un manque de courage ou à la Lune. Et je coince à nouveau sur ce nouveau roman. Mon regard serait-il voilé, halluciné, incapable d’apprécier la richesse de ce récit, d’y dénicher ce que l’auteur y a sans doute caché ? Je n’ai pas été touché par l’histoire de Milos, mon esprit plus attentif à analyser les ficelles du récit qu’à se noyer dans les yeux bleus de Milos. Un exemple : une belle escapade de Marine et Milos dans l’arrière-pays montagneux et une descente sensuelle dans les gorges de la Siagne pour finir par parler de truites, mais pas n’importe lesquelles, celles que « Picasso et son amie Hélène Parmelin – l’épouse du peintre Pignon – dégustaient à Vallauris. » Tout est construit un peu comme cela de façon plutôt artificielle, de jolies aventures grâce auxquelles Grainville nous montre son érudition sur la vie de grands hommes. Et c’est vrai qu’il a dû passer beaucoup de temps en recherche comme le prouve la bibliographie. J’aurais pu me contenter de cette nourriture intellectuelle, mais le plus triste finalement est que je n’ai ressenti aucune émotion pour les personnages du récit. Milos et ses amantes sonnent creux et ne sont que des faire-valoir. De sa plume priapique, l’auteur réussit par moment à nous les rendre plus vivants, mais ils ne m’ont guère fait vibrer tant Grainville nous en met plein la vue avec son érudition, admirable par ailleurs. Ce trop-plein de savoirs finit par hacher le récit et tuer le plaisir de lire. Reste le style qui, c’est vrai, parfois nous emporte. Patrick Grainville sait très bien écrire, avec de très jolies phrases, de belles formules, un style endiablé où le superbe côtoie le trivial, tant qu’on finit quand même par se demander si c’est sublime ou grotesque. De plus, j’ai trouvé dommage que cette langue riche ne dise rien de son auteur, ne l’engage pas et même qu’elle serve peut-être de paravent derrière lequel se cacher. Bref, ce ne fut pas l’extase littéraire lue dans plusieurs critiques et que vivront d’autres lecteurs sans doute. Dommage pour moi, mais j’imagine que lors d’un séjour dans la région d’Antibes, c’est une lecture qu’on peut éventuellement tenter les yeux fermés.

Masse critique janvier 2021 - Éditions du Seuil et Babelio
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Les yeux de Milos

En lisant la quatrième de couverture, j'avais l'impression que j'allais lire les aventures d'un jeune homme découvrant la vie en parallèle de celle de Picasso et de Staël. J'avais déjà lu des romans dans ce genre et j'en ai toujours eu un bon souvenir. Mais là,  très vite, j'ai été déçue. Aucun doute, Patrick Grainville sait très bien écrire. On trouve de très jolies phrases, magnifiquement tournées. On constate sans équivoque que l'auteur est habitué des belles formules, qu'il sait bien raconter les choses. Pour son roman, il a passé beaucoup de temps de recherche comme le prouve sa bibliographie finale. Le juste équilibre passé présent est complément inégale. On parle d'une obsession d'un jeune homme qui l'emmène dans des tourments singuliers. Art et sexe ne forme qu'un tout et sont présents partout. Sa baise tout le temps, seul essence de vie. Toutefois, trop rapidement la lecture devient très ennuyeuse, pompeuse. On a l'impression que l'on veut nous donner une caresse seulement la main est rêche. Savoir, c'est plutôt bien toutefois montrer inlassablement sa supériorité, gâche tout. La prétention a des limites très vite atteinte dans la lecture. Les pages se tournent avec fatigue. Il m'a fallu 15 jours pour en venir à bout. La seule satisfaction est arrivée quand j'ai refermé l'ouvrage. Vais-je tenter une nouvelle lecture de cet auteur qui a écrit sur les impressionnistes? Il va falloir du temps de digérer une lecture si exténuante et harassante.
Lien : https://wp.me/p1F6Dp-9rY
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Falaise des fous

Quelque peu atterré par les commentaires que j’ai pu lire, je ne me sens pourtant pas moins légitime à défendre un livre qui m’a positivement enchanté. Si quelques digressions, heureusement rares, sont un peu précieuses, l’ensemble est rigoureux autant que foisonnant, l’esprit de l’époque merveilleusement bien restitué, et la Normandie brossée avec un talent indéniable pour qui la connaît et reconnaîtra les lieux. A travers l’épopée de l’impressionnisme, Charles nous parle du temps qui passe, des époques qui se succèdent, des mentalités qui évoluent, et des modes qui se démodent... ou pas. C’est talentueux, documenté, intelligent et enfin bien écrit, ce qui change de bien des choses que l’on peut lire aujourd’hui. Certes c’est classique, mais où est le mal ? Merci monsieur Grainville d’avoir décrit à travers la peinture ces côtes normandes que j’ai retrouvées et qui me sont si chères. Vous devez beaucoup les aimer aussi pour si bien les restituer.
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Falaise des fous

La richesse du style que Patrick Grainville développe dans sa Falaise des fous a souvent été soulignée, à très juste titre. C'est une dimension très saisissante de ce roman, tout autant que le projet lui-même de reconstitution d'une soixantaine d'années, à cheval sur XIX° et XX° siècles, autour de Monet et des peintres qui sillonnent la côte normande et la vallée de la Seine. Et autour d'eux, l'Histoire se déroule, la Commune, la Guerre de 14-18, la catastrophe de Courrières, l'incendie du bazar de la Charité, le premier vol transatlantique... Le roman prend parfois des allures de fresque,mais si l'on accepte l'enchaînement des épisodes et les morceaux de bravoure, l'ensemble tient formidablement et dégage une puissance qui sert parfaitement l'énergie créatrice et l'acharnement au travail de Monet.
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Falaise des fous

Je n'ai pas pu aller bien loin dans cet ouvrage, le narrateur nous décrit plus qu'il nous raconte cette presque fin de siècle mais sans panache.

Il y a tellement de livres à lire que je ne veux plus perdre de temps.
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