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Critiques de Patti Smith (418)
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Just Kids

A lire les critiques enthousiastes des uns et des autres j’étais impatient de découvrir « Just Kids ».



Comme vous, j’ai été captivé par les écrits intimistes de Patti Smith et comprends maintenant un peu mieux le cheminement qui a conduit cette femme, d’apparence si frêle, au firmament de la scène rock des dernières décennies.



Deux éléments ont été déterminants dans le destin hors du commun de cette artiste aux multiples facettes :

- son amour précoce pour la littérature et notamment son attirance pour les auteurs romantiques français,

- sa rencontre à 20 ans avec un jeune homme de son âge, Robert Mapplethorpe, qui allait devenir quelques années plus tard un photographe de renom international.



« Just Kids » décrit la genèse de cette relation fusionnelle entre deux êtres en recherche d’identité artistique dans le foisonnement culturel des sixties-seventies. Voici les grandes lignes de leur parcours de vie :



La lecture, seul véritable moyen d’évasion, tient une place de choix dans les loisirs de Patricia. Une enfance pauvre mais heureuse non loin de Philadelphie avec déjà un tempérament de leader dans les jeux et une adolescence avec un goût marqué pour la danse.

A 16 ans elle découvre émerveillée les écrits de Rimbaud et l’adopte « comme son compatriote, son frère et même son amant secret ».

A 19 ans elle met au monde un enfant qu’elle confie quelques mois plus tard à une famille aimante et met le cap sur New-York en juillet 67.



Elle a décidé, elle sera artiste !



C’est à Baudelaire qu’elle pense quand la faim la tenaille durant cet été de vagabondage newyorkais, pour lui aussi la nourriture faisait souvent défaut.

C’est à Jean Genet qu’elle pense lorsqu’elle commet de menus larcins « esthétiques », des crayons de couleur dont elle ne peut se passer.



Sa rencontre fortuite avec Robert Mapplethorpe la marquera à jamais. Issu également d’une famille modeste, Robert est artiste dans l’âme et convaincu, comme elle, de voir des choses que les autres ne voient pas. Elle a trouvé l’alter ego dont elle avait maintes fois rêvé. Le serment de se protéger mutuellement les lie à jamais.



Leur soif insatiable de connaissances (poésie, dessin, graphisme, peinture, photographie), leur galères au quotidien (logement, nourriture), leur débrouillardise (petits boulots, récupération d’objets hétéroclites pour la confection de colliers) sont relatés sans fioriture par une Patti Smith visiblement très à l’aise aussi dans l’écriture.



L’homosexualité de Robert, assumée quelques mois après leur rencontre, fait basculer leur relation amoureuse en amitié indéfectible.



Enfants de la beat generation dont ils s’approprient les codes, Patti et Robert auront la chance d’habiter le fameux Chelsea Hotel avec sa faune de clients-artistes à l’année, cet univers baroque devient leur nouvelle université avec ses professeurs Gregory Corso, Allen Ginsberg et William Burroughs.

La fréquentation assidue du célèbre club Max's Kansas City, haut lieu de la culture underground, leur permet de nouer des contacts en tout genre.

Patti et Robert étaient aux bons endroits au bon moment et forcément le talent tôt ou tard se remarque ; ainsi débuteront-ils, chacun de son côté, une carrière de renommée internationale mais sans jamais se perdre de vue.



Robert Mapplethorpe est mort du sida à New-York le 9 mars 1989.

Celle qui fut son amante et finalement son amie pour la vie est venue plusieurs fois de Détroit le soutenir dans son dernier combat.

Les dernières rencontres avec Robert sont empreintes d’une poésie bouleversante…



« Just Kids » nous rappelle avec sobriété, que l’amour de l’Art n’est en définitive qu’une profession de foi en l’humanité, l’amour de l’Art c’est l’amour de l’Autre.

Chapeau l’artiste !





P.S. : Horses, Easter, Wave, Trampin’ m’ont accompagné dans la lecture de Just Kids. Jamais peut-être ne les avais-je appréciés avec autant de bonheur, une écoute toute en profondeur et en émotions.

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Just Kids

N'ayant jamais été fan de Patti Smith ni de Robert Mapplethorpe, un livre que je n'aurais probablement jamais lu si on m'en avait pas fait cadeau. Tant mieux, sinon cela aurait été vraiment dommage.

Je reporterais ici que deux passages sur les Kids, qui m'ont particulièrement touchée.

Au début de leur liaison, n'ayant de l'argent qu'uniquement pour un seul billet d'entrée aux musées, l'un attend, l'autre entre et par la suite, lui raconte.À la sortie d'une visite au Whitney Museum, Robert qui l'attend, lui dit," un jour nous y entrerons ensemble, et les œuvres seront les nôtres ".....un optimisme et une confiance en soi émouvants, qui d'ailleurs se réalisera. Ce n'est même pas de la fiction. Un baume au cœur pour qui peine à croire que les vrais désirs tôt ou tard se réalisent.

Un autre passage prémonitoire, est celui où Patti à vingt ans, peinant à survivre,écoute pour la première fois Jim Morrison en concert....son ressenti,"I felt, watching Jim Morrisson, that I could do that. I can't say why I thought this"(Regardant Jim Morrison, je sentis que je pouvais le faire aussi.Le pourquoi, je n'en sais rien). Alors qu'elle n'a encore aucun lien avec la musique, à part l'écouter.



J'ai aimé,

sa conception de la liberté, son attachement à sa famille, son regard sur Robert, son regard sans jugement sur les méandres sombres, contradictoires et inexpliqués de l'âme humaine, la douceur de sa prose, sa pudeur et sa passion pour la chine chez les bouquinistes à la recherche de la perle rare,.....mais aussi,

cet amour inconditionnel l'un pour l'autre et leur incroyable talent de débrouille.



J'ai adoré,

la surprise de l'épisode de Sam Shepard incognito, un de mes acteurs et dramaturges préférés !



J'ai tout aimé Patty, toi et ton histoire. Bien que ce soit loin de mon monde à moi, au fond je partage avec toi une chose fondamentale -du moins pour moi-, la sensibilité à reconnaître les signes sur la route de la Vie.





"The signs that mock me as I go" ( James Joyce/ Poems Penyeach)

(Les signes sur ma route qui me raillent)



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Dévotion

La chanteuse et écrivaine américaine est un pont entre les lettres (Blake, Ginsberg, Burroughs et Rimbaud) et la musique (Neil Young, Lou Reed et Bob Dylan).



« Have I doubt, when I’m alone… » Patti Smith doute, tergiverse, photographie, écoute, voyage et surtout lit énormément.



“Paris is a city one can read without a map » Camus, Duras, Genet, Rimbaud et Weil, Smith a une admiration pour les écrivains français. « Virginia Woolf had her room. Proust his shuttered windows. Marguerite Duras her muted house » et Patti Smith a sa table, son papier et son espresso au Café de Flore.



Ce court ouvrage nous montre les deux faces de l’écrivain. Patti Smith commence par nous raconter son quotidien, ce qui l’entoure et ce qu’elle fait, puis son envie d’écrire, sa difficulté à écrire enfin, nous apprenons qu’elle a écrit.



« Dream of life » Elle délivre sa nouvelle et, formidable, comme dans un rêve, le lecteur retrouve que ce qu’elle a vu à la télévision, sa lecture de la biographie de Simone Weil, tout cela se digère, se mêle et rejoint d’autres influences mystérieuses dans un alliage alchimique que l’on appelle : la création artistique. Nous avons un peu l’impression d’être passé de l’autre côté du miroir, nous savons désormais d’où vient telle ou telle singularité d’un personnage ou d’une situation de fiction, grâce au carnet précédant la nouvelle.



L’ouvrage se poursuit avec des réflexions sur ce qui pousse à écrire. Un ouvrage empreint de poésie et d’humilité, une mélancolie tranquille, loin des excès des écrivains de la beat generation qu’elle admire tant.



Qu’en pensez-vous ?
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Just Kids

Finir l'année 2014 en commençant la lecture de « Just kids » et commencer 2015 en la terminant que demander de plus ? Rien, la joie est totale.

J'ai revécu bien des souvenirs de ma jeunesse car j'ai, à peu d'années près, le même âge que Patti Smith, et ses disques m'ont accompagnée ainsi que ceux de Dylan, des Doors, de Janis Joplin, des Rolling stones. Avec « Just Kids » elle nous permet de revivre, au gré des rencontres et des amitiés, comme celles faites au Chelsea Hôtel, l'explosion de créativité des années 1970 à New-York dans tous les domaines.

J'aime la simplicité, le courage dans l'adversité et l'honnêteté de cette femme qui a su aimer passionnément et rester fidèle à cet amour pour Robert Mapplethorpe même après s'en être éloignée. Il a été un amant mais aussi un frère jumeau, à la fois ange et démon, ressemblant un peu à Jim Morrison.

Fidèle en fait à elle-même, au chemin qu'elle avait entamé en quittant sa famille pour New-York et l'inconnu, sûre que sa vie se jouait là où elle allait, Patti Smith saura garder une force intérieure qui lui évitera de tomber dans l'autodestruction de nombres de ses proches

J'aime sa façon de sentir et voir des signes dans des incidents qui se produisent sans que ce soit vraiment de la superstition mais plutôt un façon de lire et d'enchanter la vie. Et de Robert, elle dit aussi qu' «il était maître dans l'art de transformer l'insignifiant en divin »

Elle termine en s'adressant au lecteur:

« Je pourrais encore écrire un grand nombre d'histoires sur Robert, sur nous. Mais c'est celle-ci que j'ai racontée. C'était cette histoire qu'il voulait que je raconte, et j'ai tenu ma promesse. Nous étions pareils à, Hansel et Gretel, partis à l'aventure dans la forêt noire du monde. Il y eut des tentations, des sorcières et des démons dont nous n'avions jamais rêvé, il y eut des splendeurs que nous n'avions que devinées. Personne ne pouvait parler pour ces deux jeunes êtres, ni approcher la vérité des jours et des nuits passés ensemble. Seuls Robert et moi pouvions la raconter. Notre histoire, comme il l'appelait. En s‘en allant, il m'a laissé la tâche de vous la conter. »



Je n'ai rien à ajouter sinon merci pour cette belle histoire écrite à deux.

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Just Kids

Je ferme le livre de Patti Smith,le coeur serré par l'émotion. La rencontre fusionnel de deux êtres, qui se reconnaissent dès le premier regard, partagé par une seule et unique ambition, consacrer leur vie à l'art. Cette plongée nous entraine au coeur de la création dans les années soixante, soixante-dix à New York, avec les périodes de vaches maigres, le ventre criant famine, les petits boulots, les plans démerdes, les piaules miteuses pour se poser mais loin de tout découragement l' osmose totale entre Robert Mapplethorpe et la native du New Jersey, convaincus de leur talent.Patti Smith raconte cette période avec un sens narratif magnifique, avec au hasard des rencontres un casting hallucinant : Janis Joplin, Andy Warhol, Allan Ginsberg, Jim Morisson, Jimi Hendrix, Sam Shepard, Bob Dylan ...). Son amour pour la poésie et Rimbaud, avec ce pélérinage improbable à Charleville, l'insouciance d'une époque que beaucoup paieront de leur vie dans les années quatre vingt et l'arrivée du sida. Un témoignage pour tenir une promesse faite à son double artistique. Sincère, bouleversante, pleine de pudeur la promesse est tenue et de quelle manière.

Merci Patti si je peux me permettre.

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Just Kids

Eté 1967, début et fin d’une vie. Pour la fin, celle de John Coltrane. A Love Supreme sera son testament. Une œuvre qui bousculera tant d’âmes, celle de Patricia en premier, la tienne peut-être, la mienne, une évidence. L’été de la mort de Coltrane fut une ode à la brune, belle et pleine d’épices, à la musique, des références rock au punk et à l’amour, pour un homme son évidence. 1967, un tournant dans cette putain de vie.



Patti Smith, dont sa musique a participé depuis quelques années à ma vie, se livre presque intimement et nous livre un grand roman d’amour et de tristesse, deux sentiments qui vont de pair. Spleen, les mots de Baudelaire sont profondément ancrés dans son âme. Coltrane, Baudelaire, les références, des êtres qui me causent également tant ils sont présents en moi. Elle évoque aussi ses doutes à ses débuts, et d’ailleurs il n’y a de début qu’à cause de l’influence d’un autre poète, dont j’ai aimé me recueillir sur sa tombe, main dans sa main, Jim Morrison, le silence des lieux, son silence, mon silence.



« Just Kids », c’est aussi une histoire d’amour de deux gamins différents qui se sont rencontrés, trouvés, deux âmes sœurs qui se comprenaient, même sans parole, et qui conversaient par art interposé, Patti Smith et Robert Mapplethorpe. Et dans cette jeunesse de plans galères en paysages gris et pluvieux, c’est toute une époque qui s’ouvre entre les pages avec son lot de grands noms qui font partie également de mon univers, John Coltrane, Tim Buckley, Janis Joplin, Jim Morrison, Lou Reed et son Velvet Underground. Putain quelle époque ! Même David Bowie a bien dû s’assoir sur ce canapé en bas du Chelsea Hotel… Putain que des monstres morts, je n’ai plus qu’à attendre la mienne pour les retrouver, en attendant je savoure chacun de leurs disques.
Lien : https://memoiresdebison.blog..
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M Train

"M Train"est dédié à Sam Shepard qui ressemble fort au cow-boy que l'on croise plusieurs fois au détour des 18 textes, illustrés de photos prises par Patti Smith. Ils composent ce recueil où reviennent aussi le café (14 tasses par jour ne l'empêche pas de trouver le sommeil) et les cafés, les objets talisman habités par la présence de ceux qui les ont possédés ou les lieux où ils ont été trouvés, les êtres chers disparus, les écrivains passionnément aimés...



Au moyen-âge elle aurait pu être brûlée comme sorcière car pour elle, présent et passé ne font qu'un, les vivants et les morts se rejoignent, elles les invoquent, les fait revenir et les relient par la magie de son écriture.

Les nombreux objets auxquels elle tient, qu'ils soient juste photographiés comme la chaise de l'écrivain chilien Robert Bolaño ou celle de son père sur laquelle elle se refuse à s'asseoir, son vieux manteau noir, offert par un poète pour son 57ème anniversaire, qu'elle perd, vivent de la vie de ceux auxquels ils ont appartenu, qui, s'ils se manifestent par leur intermédiaire, nous restent souvent inaudibles.

p 168 "Choses disparues. Elles griffent à travers les membranes, tentent de capter notre attention par d'indéchiffrables SOS. Les mots dégringolent désespérément dans le désordre. Les morts parlent. Nous ne savons plus écouter. Avez-vous vu mon manteau ? Il est noir, sans véritable signe distinctif, ses manches sont effilochées et l'ourlet est tout abîmé. Avez-vous vu mon manteau ? C'est le manteau parle-mort."



Elle garde au fond d'elle la présence des êtres chers, Fred son mari, son frère, ses parents et les nombreux écrivains et artistes qui ont croisé sa route. Elle va à leur rencontre dans ses vagabondages : en Guyane, Jean Genet, au Mexique, Artaud, Frida Khalo et Diego Rivera, à Heptonstall proche de Leeds, Silvia Plath, au Japon, Dazai, Ozu, Kurozawa, Mishima, Akutagawa et beaucoup d'autres... Certains nous accompagnent déjà depuis longtemps, pour d'autres elle nous les fait découvrir et aimer et elle nous offre de belles nuits blanches en perspective.

Il y a aussi toutes les rencontres inattendues dans les cafés, la rue ou simplement celles qui glissent fugaces derrière une vitre, pas moins importantes que les autres. Toutes nous la rendent proche et ces êtres connus ou pas, dont ses lecteurs font partie, elle les serre tous dans ses bras avec douceur, elle les enveloppe de ses mots, des mots qu'elle alignent dans des carnets mais aussi sur des bouts de papiers, sur les serviettes des cafés où elle a ses habitudes : cafés Dante et Ino à New-York son point d'ancrage où elle commande régulièrement son café accompagné d'un toast de pain complet et d'huile d'olive, le café Pasternak à Berlin avec sa variante plus luxueuse, café, caviar et petit verre de vodka et bien d'autres...

Au Japon elle a beaucoup de mal à se procurer un café. Elle finit par le trouver dans un coffee-shop express et, et.....

p 196 "Assis à la table face à la mienne se trouvait un homme, la trentaine passée, en costume, chemise blanche, cravate, qui travaillait sur son ordinateur portable. J'ai remarqué une rayure subtile dans son costume, à peine visible et qui cependant marquait sa différence comme une sorte de défi. Il avait un comportement qui le distinguait de l'homme d'affaires habituel.(...) J'ai été émue par la concentration sereine et pourtant complexe qui se manifestait dans les rides irisées de lumière sur son doux front. Il était bel homme, un peu à la Mishima jeune, laissant présager une certaine bienséance, des infidélités discrètes et une dévotion morale. J'ai regardé les passants. le temps aussi passait. J'avais envisagé de prendre un train pour Kyoto et d'y rester la journée, mais j'ai préféré boire du café face à cet inconnu silencieux."



Sachant que je ne pourrais pas rendre toute la richesse et la beauté poétique de ce livre, à mes yeux au-dessus de Just kids, j'arrête sur cette belle rencontre japonaise qui, je l'espère vous donnera envie de découvrir toutes les multiples facettes de ce livre qui me rend encore plus proche cette vieille amie magicienne.

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Glaneurs de rêves

Pas évident de se concentrer cette semaine sur quelque lecture que ce soit ! L’actualité aussi prégnante que poignante étouffe dans l’œuf toute tentative d’évasion romanesque.

L’écoute d'une playlist à forte dominante rock, habituellement le meilleur rempart à un début de vague à l’âme, s’impose.



D’abord Amy Winehouse puis les deux Eric, Burdon et Clapton, avant que n’arrive Patti Smith avec les titres d’anthologie : “Free Money”, “Space Monkey”, “Because the night”, “Cartwheels”...

Cet intermède musical pour le moins énergisant appelle à la découverte de “Glaneurs de rêves”, cadeau d’un Père Noël particulièrement bien inspiré.



Après la savoureuse autobiographie “Just Kids” parue en 2010, Patti Smith régale une fois de plus ses admirateurs en rééditant des écrits de 1991 qu’elle agrémente de belles photos en noir et blanc.

A l’époque quarantenaire, Patti était d’humeur mélancolique. La disparition de Robert Mapplethorpe deux ans auparavant avait réactivé tant de souvenirs...



Comme il est doux et réconfortant de se remémorer sa prime jeunesse, l’insouciance des années 50 au cœur du New Jersey !

A dix ans Patricia est une petite fille attachante qui n’aime rien tant que gambader à perdre haleine aux alentours de la maison familiale. Alors d’épuisement elle se laisse tomber sur un lit de verdure et contemple à loisir le ciel dont les nuages changeants invitent à la poésie.

La nuit, avant que le sommeil ne vienne, elle rabat le tissu de la fenêtre et scrute le monde des ténèbres. Invariablement son esprit vagabonde et virevolte au-dessus des champs endormis où s’apprêtent à sortir les petits lutins : les “Glaneurs de rêves”.



Patti Smith n’a pas connu ses deux grands-mères décédées assez jeunes, l’une jouait de la harpe et l’autre de la mandoline. Dans les veines de ses aïeules coulaient déjà la poésie et la musique.



Ce petit livre gorgé de fraîcheur et d'onirisme est par les temps qui courent une véritable aubaine. A des années-lumière de la folie destructrice des hommes, il permet de constater avec soulagement qu'existent encore en ce bas monde des îlots de beauté.

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Dévotion

Patti Smith entretient, semble-t-il, une sorte de dévotion pour Simone Weil, Arthur Rimbaud, Patrick Modiano ou encore Albert Camus. Pour l'artiste américaine, en pleine introspection sur le processus d'écriture, des auteurs inspirants sur les traces desquelles elle nous entraîne à Paris, Sète et Lourmarin. Un voyage à l'origine d'un texte étrange intitulé Dévotion, où il est question d'une patineuse que son obsession pour son art conduit à l'irrémissible. Faut-il y voir l'engagement et la passion, non sans risque, que l'auteure a mis en toutes choses ? Peut-être. En tous les cas il s'agit ici d'une oeuvre personnelle non dénuée de poésie et d'authenticité, même si elle est parfois anecdotique et déstructurée.
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Just Kids

" jesus died for somebody's sins but not mine "

( jesus est mort pour les péchés de quelqu'un, mais pas pour les miens).

Je pense que cette célèbre intro de " Gloria" sur l'album " horses " vous rappelle des bons moments et quelques frissons.

Mais avant de connaître le succès Patti Smith a eu ses années galères.

" Just kids " c'est son histoire, ses rencontres, ses joies, ses peines.

En 1967 elle débarque à New-York des projets plein la tête, l'année où John Coltrane disparaît.

Patti aime écrire, la poésie c'est son truc, Baudelaire,Rimbaud, Jean Genet, elle les vénère, elle dessine aussi, c'est une touche à tout.

Sa rencontre avec Robert Mapplethorpe va être le point de départ d'une magnifique histoire.

Une étoile bleue va illuminer leurs vies.

Robert se cherche, ce qu'il veut, juste être connu, reconnu comme l'est Andy Warhol.

" just kids " c'est aussi des rencontres improbables, Janis Joplin, Jimmi Hendrix, Allen Ginsberg, William Burroughs qui vont la faire avancer dans ce New-York underground .

Des endroits mythiques comme le Chelsea hôtel, the village, le " CBGB" haut lieu du rock.

" just kids " est un petit bijou de souvenirs, une boîte pleine de photos.

" Little emerald bird wants to fly away

If I cup my hand, could I make him stay?

Little emerald soul, Little emerald eye

Little emerald bird, must we say goodbye ?

Petit oiseau émeraude, il veut s'envoler

Dans ma main en coupe, voudra t'il rester ?

Petite âme émeraude, petit œil émeraude

Petit oiseau émeraude, faut il nous dire adieu ?

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Glaneurs de rêves

L’esprit virevoltant au-dessus des champs de son enfance, en compagnie des glaneurs de rêves, ou allongée dans la verdure en pleine contemplation du ciel, là où « il était possible d’entendre une graine se former, d’entendre l’âme se replier comme une nappe blanche »…Patti Smith invite le lecteur à une délicieuse et très personnelle rêverie poétique.

Ce livre achevé précisément le jour de ses quarante-cinq ans, en 1991, alors qu’elle souffre « d’une mélancolie terrible et inexprimable », comme elle prévient le lecteur en début d’ouvrage, lui a permis de sortir de son étrange torpeur.

En se reconnectant à son enfance, en rendant la lumière à sa vie imaginaire, elle a sans nul doute retrouvé des sensations bienfaisantes, une joie évidente et claire.



Mêlant la grâce et le merveilleux d’un conte au réalisme d’un récit autobiographique, ce petit bouquin, agrémenté de photos et d’illustrations personnelles, se savoure avec lenteur et jubilation.

Nul doute que l’artiste est inspirée et sait « arracher une pensée fugace, telle une touffe de laine, au peigne du vent. »

Jeune et déjà profondément artiste, elle était « attirée par la vie des rêveurs », et s’imaginait « surveillant un troupeau, récoltant la laine dans une sacoche de cuir, et contemplant les nuages. »



Alors oui, ce petit livre m’a vraiment « empli d’une joie vague et singulière » selon le voeu de l’écrivain. Chapeau l'artiste !

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Just Kids

Patti Smith a bien des talents: poète, rockeuse, parolière,   performeuse, muse, égérie de modes nouvelles, modèle,  reine de l'underground , prêtresse de la branchitude, artiste d'avant-garde ...



Mais aussi tête bien faite, dotée d'une culture solide et personnelle, du sens de la mesure, d'une fidélité à toute épreuve, d'une originalité spontanée , du sens des responsabilités, d'une parfaite droiture.



N'en jetez plus.



 Pour qu'on ne se méprenne pas sur ce panégyrique -absolument exempt  de toute visée ironique-,   j'ajoute aussi: pourvue d'une modestie aussi grande que la conscience qu'elle a de ses talents, et d'un sens de la solidarité qui équilibre la tension de sa volonté et la force de son ambition.



Une sacrée bonne femme!



Alors quand cette sacrée bonne femme rencontre un garçon aux boucles de pâtre grec, timide et secourable, doué comme elle mais plus fragile émotionnellement, c'est une sorte de coup de foudre esthétique, artistique et passionnel.



Robert Mapplethorpe, garçon presque trop beau, et Patti Smith, jeune fille au charme androgyne, tous deux jeunes, artistes, fauchés, affamés, en quête de reconnaissance et de hamburgers , ce sont  Romeo et Juliette au pays d'Andy Warhol, de Bob Dylan et d'Allan Ginsberg!



Bien des années après la mort de Robert, fêté, aimé, célèbre mais malade du sida,  Patti, aidée de ses notes, mais sûrement aussi d'une mémoire quasi photographique qui lui fait retrouver objets, tenues, menus avec un sens du détail étonnant, fidele à la promesse qu'elle lui a faite à  vingt ans,  entreprend de raconter leur  histoire.



Une histoire d'amour hors du commun entre un garçon de bonne famille qui aimait les hommes, les drogues  et le sexe sans tabou, et une petite provinciale pauvre, éprise de Rimbaud , de livres et de musique, la tête bien solide sur les épaules.



Une histoire d'amour-amitié-à- la -vie -à -la -mort.

Une histoire de vie et de mort. Une histoire d'à mort.

Une histoire d'art et de vit,   qui dévore et qui mord.



La bande-son n'est pas triste: Morrisson, Hendrix, Joplin, Dylan, Lou Reed. du beau linge.



On croise Sam Shepard en amant nourrissier qui gave la pauvre Patti affamée... de homard!

On y recoupe les pas du pape Andy, qui fait et défait bars, galeries, " places to be"...

On y joue tristement aux dix petits nègres: entre les overdoses et le cytomegalovirus ravageur , qui tiendra jusqu'au bout, qui restera vivant?



Riders on the storm, riders on the storm,

Into this house we're born, into world we're thrown

Like a dog without a bone, an actor out on loan.



Riders on the storm.





There's a killer on the road, his brain is squirming like a toad.

Take a long holiday, let your children play.

If you give this man a ride, sweet family will die



Killer on the the road



Émaillé de photos de Robert pour cristalliser le souvenir, Just Kids m'a emportée : un trip dans la fin des sixties et le début des seventies,  années pétulantes, emballantes, insouciantes où  moi aussi j'étais just a kid..avant que les années sida - un peu plus tard  qu'à  New York-  ne  commencent elles aussi à nous enlever un à un "the boys in the band",  et que nos fêtes perdent , avec le plus cher de tous, leur grain de folie, leur panache et leur étourdissante gaieté.



This is the end

Beautiful friend

This is the end

My only friend, the end.





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Glaneurs de rêves

Patti Smith a beaucoup compté pour moi durant mon adolescence, elle peuplait mon univers musical, elle devint pour moi une sorte d'égérie, simple, attachante, fidèle et vagabonde à partir du moment où j'ai posé sur une platine ce vinyle flamboyant que fut pour moi l'album "Horses". J'aimais son rock chaleureux et endiablé, sans en comprendre encore toutes les subtilités.

C'est donc en territoire conquis que je suis venu vers ce texte, ce n'était d'ailleurs pas la première fois que je découvrais Patti Smith autrement que par sa musique.

Par la grâce échevelée des mots, Patti Smith nous invite ici dans le New Jersey de son enfance. J'ai eu l'impression d'entrouvrir la vieille porte d'une maison abandonnée en pleine campagne, du lierre et des belles-de-jour grimpaient aux murs fissurés, tandis que les herbes trop hautes du jardin, agitées par un vent d'automne, me rappelaient les chemins de ma propre enfance.

Une mélancolie sourde m'a tout de suite envahi, comme celle qui a sans doute envahi l'autrice, écrivant vers l'âge de quarante-cinq ans ce récit de quelques tranches de sa vie.

Glaneurs de rêves pourrait ressembler à un conte de fées tant l'enchantement est présent, mais tout ce que contient ce récit est cependant vrai, ce qui n'empêche pas la féérie de s'inviter dans ces pages.

Elle nous raconte l'histoire d'une petite fille pleine d'imagination qui trouvait de la magie en toutes choses.

Dans ses yeux étonnés, l'infime devenait splendide ou monstrueux. Parfois elle disparaissait brusquement de l'autre côté du paysage, tout en demeurant là bien présente pour les autres, les siens.

L'écriture de Patti Smith m'a tout de suite empli d'une joie singulière, indicible.

M'entraînant dans un royaume sans roi, elle convoque des personnages bien réels, sa famille, des voisins et puis cet homme étrange et familier, qui vend des appâts pour la pêche en rivière, il est seul ou presque depuis que sa femme est décédée, ce presque est juste là pour rappeler qu'elle est enterrée dans son jardin et qu'il veille sur elle comme peut-être elle veille sur lui...

Les lieux de son enfance sont présents, bruissent et scintillent dans ces pages. On pourrait entendre le bruit du vent, la respiration des étoiles.

Des fleurs sauvages, une vieille grange noire peuplée de chauves-souris... Patti Smith a cette façon presque irréelle de faire glisser la lumière sur les mots.

Cette lecture oblige à la lenteur et cela m'allait bien aujourd'hui.

Sous le reflet d'une lune bienveillante, la lumière de ce livre m'est devenue fraternelle comme le fut la musique de son autrice, jadis.

Patti Smith porte une relation sensuelle avec les souvenirs de son passé, qu'elle porte en elle comme des talismans. J'ai senti à sa façon de prier, même de manière profane, que le sacré la reliait à ce passé si cher et si intime même lorsqu'elle le fait revenir aussi dans ses chansons, dans ses dessins, une manière incertaine de rechercher quelque chose de plus grand qu'elle en ouvrant une vieille porte couverte de lierre et de belles-de-jour...

Ce livre est un hymne à la vie.

Des photos parfois venues de son album de famille illustrent les textes.

Patti Smith maîtrise cette qualité d'écriture qui rend ces pages si lumineuses.

Mais qui sont ces Glaneurs de rêves ?

Allongée dans les herbes, contemplant le ciel où se tisse le mouvement des nuages, tandis que les blés sauvages d'un champ égrènent sans relâche les gestes de mains invisibles, Patti Smith convoque ce peuple féérique qui réinvente l'imaginaire de l'enfance.

D'où vient cette magie du paysage ? À qui appartiennent ces mains invisibles qui façonnent les versants opposés qui se parlent ? L'endroit et l'envers.

Alors le vieux monsieur qui vend des appâts pour la pêche en rivière lui souffle un jour l'idée : ce sont les glaneurs de rêves.

J'ai été touché par son émotion palpable, cette joie simple et inouïe, mais parfois le chagrin n'est jamais loin lorsqu'un chien traverse une route, tandis que ses yeux savent déjà qu'il va mourir... Au loin un camion roule vite, trop vite et la petite fille sait déjà que c'est trop tard... Elle n'a pas pleuré, moi si...

Se reconnectant aux souvenirs de son enfance, Patti Smith fait de ce texte autre chose qu'une simple autobiographie : c'est une constellation d'étoiles qui nous donne peut-être simplement envie de cultiver la bonté du coeur.

Soudain, au détour d'une page je découvre une photo qui m'est familière et je me dis tiens je connais cette tête-là, ces yeux à la fois innocents et effrontés, c'est celle très célèbre d'Arthur Rimbaud. Lui aussi fait presque partie de la famille tant il est intime avec l'autrice.

La poésie de Rimbaud, elle l'a découverte quand elle avait quinze ou seize ans, fascinée par sa langue, l'espace qu'il avait créé, volant d'ailleurs un jour dans une librairie le recueil de poèmes Illuminations tout comme Jean Genêt vint à Proust en volant lui aussi un de ses livres. Rimbaud était son arme secrète, lui donnant confiance en elle, c'est peut-être là que tout a commencé.

Il y a quelque chose de sacré dans la poésie, dans le vent, dans l'échancrure des nuages, dans les blés qui flottent comme des vagues dans le vent, dans les fous rires d'un enfant, dans les yeux d'un chien qui sait qu'il va mourir, quelque chose qui nous élève plus haut que nous, nous mettant en accord pour certains avec la nature et pour d'autres avec le divin, chacun trouvant son compte.

Rimbaud est toujours à ses côtés, dans sa musique, dans ses vers, dans ses dessins, dans ses photographies, dans ses pas...

Il y a quelques temps, Patti Smith a racheté la maison d'enfance d'Arthur Rimbaud pour en faire prochainement une résidence d'artiste...

« J'ai fouillé les nuages en quête d'augures, de réponses. Ils se mouvaient à toute vitesse, trame délicate, en forme de dôme. le visage de l'art, de profil. le visage du déni, béni. »

Lire ce livre m'a fait un bien fou.
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Just Kids

Un artiste n'aurait pu rêver plus bel hommage de sa muse!

A travers une biographie intimiste où chaque mot est pesé, Patti Smith relate sa relation avec l'homme qui joua tous les rôles pour elle: amant, compagnon, chevalier servant, pygmalion... la liste est infinie.

J'ai rarement été autant émue à la lecture d'une biographie et il m'est difficile d'exprimer en quelques mots pourquoi! Cela tient sûrement à l'époque, la fin des années 60 et le début des années 70, toile de fond de ce récit, où liberté rimait avec créativité, sexualité, spiritualité. Rien ne semblait impossible à qui voulait vivre de l'art et en faire la quête d'une vie. Patti Smith relate avec authenticité l'optimisme fou qui les portait sans cacher les affres de la faim qui les taraudait parfois ni les démons auxquels Robert Mappelthorpe s'est brûlé les ailes.

Patti et Robert ont créé de concert: dessins, poésies puis chansons pour elle, collages et photographies pour Robert. Leur stimulation réciproque nous laisse les plus beaux albums de Patti et les merveilleuses photos noir et blanc de Robert!

Because the night belongs to lovers! Merci Patti pour cette belle preuve d'amour.

Vous avez jusqu'au 21 septembre pour vous rendre au musée Rodin, admirer les photos de Robert au cas où vous auriez manqué l'exposition qui a eu lieu au Grand Palais jusqu'en juillet dernier. Indéniablement un des plus grands photographes de ce XXème siècle.
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Just Kids

Just Kids, ou l'autobiographie de Patti Smith, de son premier cri à la reconnaissance internationale , même si le livre va un peu plus loin.

Pas de surprise pour les fans , que des découvertes pour les incultes dans mon style.

Certes Patti Smith évoquait dans mon subconscient les colliers de fleurs, les vans aux couleurs flashy , le shit et les substances revigorantes (à court terme) et aux autres caractéristiques d'un mode de vie associé aux hippies. Certes, mon subconscient cochait quelques bonnes cases mais il ne connaissait absolument rien de la future chanteuse.



Le livre tourne autour de sa relation avec Robert Mapplethorpe , inconnu pour moi, autre artiste en quête de reconnaissante et rencontré dès son arrivée à New York. Leur relation est très touchante et porte littéralement le livre.

Le livre est très détaillé , les noms d'artistes en devenir , has ben ou never known foisonnent, rendant parfois l'ensemble un peu poussif malgré la fluidité du style.

On se ballade avec plaisir dans le New York 'underground', Tompkins Park, Chelsea Hotel , le CBGB, Bowery...Le CBGB , ce fief de la musique underground où l'on devait traverser les coulisses pour aller aux toilettes .Un autre monde , une autre époque. Et où Patti Smith , comme les Ramones par exemple, ont lancé leur carrière.

On soulignera l'optimisme du livre , la foi de Patti en la vie , sa résilience , l'acceptation d'un style de vie qui peut sembler marginal mais dont l'évocation tendre et amoureuse de l'auteur ne suscite aucune réprobation. son attachement à Rimbaud et sans doute un peu à la France et ses poêtes, ses liens familiaux , brossant le portrait d'une femme fondamentale humaine ,posée, déterminée , tolérante, très attachée aux objets et à leur symbolique.

Je pense que les fans passeront un moment hors tu temps et je les envie. Moi, en tant que lecteur "neutre" , j'ai passé un bon moment.
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Just Kids

"Jésus est mort pour les péchés de quelqu'un, mais pas les miens" sont les premiers mots du "Gloria" de Patti Smith -de quoi forcer l'admiration.

Et de l'admiration, on ne peut qu'en avoir davantage, après la lecture de ce récit, où Patti Smith raconte son histoire d'amour avec Robert Mapplethorpe dans le New York interlope des années 60-70. Nous prenant par la main, elle nous emmène dans le dédale du Chelsea Hotel, et l'on croise tous les artistes de cette période (Janis Joplin, Allen Ginsberg, Andy Warhol et sa cour...). Mais surtout, on observe le processus créatif de deux jeunes artistes qui se cherchent encore, entre peinture, dessin, collage, poésie, photographie, musique. C'est la vie de bohème où on ne mange pas tous les jours à sa faim, où on achète ses fringues à l'Armée du Salut, où on quitte les hôtels miteux à la cloche de bois, et où on songe à tapiner pour payer le loyer...

Mais ce qui m'a le plus fascinée dans ce livre, c'est la foi qui animait Smith et Mapplethorpe, tous deux convaincus de leur talent, qui se sont toujours mutuellement encouragés et n'ont jamais renoncé à leurs rêves d'artistes. Toutefois, j'ai parfois été agacée par le dévouement de Patti Smith, qui se chargeait toujours de trouver des boulots alimentaires pour permettre à son amoureux de se consacrer pleinement à la création artistique, et j'ai parfois regretté qu'elle s'efface derrière lui dans ce récit.

Il n'en demeure pas moins que ce livre est un témoignage beau et émouvant sur ces années de bonheur et de galère. Il s'en dégage un doux parfum de nostalgie, porté par une écriture d'une exquise délicatesse, pudique et lumineuse.

Merci, Jean-Jack, de m'avoir persuadée de le lire.
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M Train

Un livre solitaire à l'image de la vie de Patti Smith aujourd'hui. Sans trame narrative, sans destination particulière, entre vagabondages et déambulations parfois mélancoliques.



Quelque chose de délicieux dans ce livre qui donne envie de s'imprégner de cet art de vivre un peu à rebours. Et de réécouter... People have the power !!!
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M Train

Patti Smith, c'est un fragment de ma jeunesse insouciante.

J'ai dansé, que dire... j'ai déployé mes ailes, tour à tour dépliées repliées, sur Because the night, celles et ceux qui sont de ma génération se reconnaitront dans l'imagination de quelques délires nocturnes.

Dans ce journal presque intime, un véritable blues littéraire, Patti Smith nous invite dans ses déambulations et nous partage ses voyages, ses rencontres, ses souvenirs aussi. C'est une envoûtante alchimie des mots et des sensations qui m'a emporté...

Elle parle aux objets, aux livres, aux maisons dont elle franchit les portes. Parfois avant de prendre la route, elle sort de son sac à main un jeu de tarot, tire une carte et cela lui indique le ton de la lumière qu'il y aura sur ce chemin. On devrait faire cela plus souvent, on aurait moins de mauvaises surprises...

Patti Smith aime les livres, la photographie, le café, les chats et les séries B à la télévision... Elle avoue qu'elle peut boire jusqu'à quatorze cafés par jour sans que cela ne vienne troubler son sommeil...

Elle fréquente assidument un lieu de New-York, le Café ‘Ino, et nous y invite avec allégresse, elle y a sa table attitrée où elle lit et écrit, parfois la table est déjà prise, et c'est une violence douloureuse, sourde, qui grogne en elle... Patti Smith rockeuse des seventies, mais le terme lui déplairait je le sais à présent, aime les rituels silencieux, presque chamaniques... Ramasser une pierre dans une montagne et vouloir la garder dans sa poche, l'étreindre avec les doigts comme un chapelet... Je l'ai découvert avec étonnement et éblouissement dans ses silences.

Au Café ‘Ino, elle n'est pas seule, elle vient avec sa bande d'amis : Mikhaïl Boulgakov, William Burroughs, Albert Camus, Jean Genet, Antonin Artaud, Vladimir Nabokov, Haruki Murakami, William Blake, Frida Kahlo, Hermann Hesse, Virginia Woolf... J'en oublie sans doute et c'est déjà beaucoup pour une bande d'amis...

M Train est un voyage autant intérieur qu'extérieur. Nous voici plongés dans les chemins de Patti Smith qui court avec son polaroïd et c'est un délice. Parfois le prétexte est de venir goûter le meilleur café de la planète, celui des hauts plateaux au-dessus de Vera Cruz. La prison de Cayenne en Guyane française, désormais vide, quoique... La chambre de Frida Kahlo...

Un roman lui tient à coeur, celui de Haruki Murakami, Chroniques de l'oiseau à ressort, et je m'en suis réjoui car ce fut aussi pour moi bien plus qu'un coup de coeur, une déflagration.

D'ailleurs, l'univers de Patti Smith ressemble étrangement à ce roman. La promesse d'un jardin presque inaccessible au départ, un puits presque sans fond où elle chute, et puis, à force de tâtonner, tout au bout d'un tunnel une porte s'ouvre sur l'horizon plus vaste qu'on ne l'imaginait.

Elle refuse d'être l'Alice au pays des merveilles, cependant qu'elle en prend, selon moi, parfois follement le chemin innocent et inconfortable.

M Train est un carnet de voyages magnifiquement écrit, - et donc magnifiquement traduit, épris de pudeur et de nostalgie, l'enfance n'est jamais loin et plus tard on y découvre la douleur de l'auteure d'avoir perdu son compagnon de route et de vie, Fred « Sonic » Smith, père de ses deux enfants, décédé brutalement d'une crise cardiaque en 1994, à quarante-cinq ans, évocation d'un souvenir qui vient comme des bulles qui remontent à la surface de l'eau d'un lac...

Il y a toujours comme une part de crépuscule qui s'éventre, le sommeil qu'on repousse à la lisière de la nuit et des mots.

M Train c'est aussi une bande-son. On entend au loin Riders on the Storm, des Doors... Mais musicalement c'est l'univers de Neil Young et du Crazy Horse, dont elle est le plus proche...

Pendant longtemps, c'est-à-dire 260 pages, j'avais oublié que Patti Smith était née en 1946. Je découvre qu'elle pourrait presque être ma mère... Pendant plus d'une décennie je l'ai prise pour une soeur et dans ce récit ici aussi... Longtemps j'ai pensé que Patti Smith avait vingt ans...

J'ai découvert ici qu'elle travailla dans une librairie avant son goût pour la chanson et la scène...

Les mots de Patti Smith semblent portés par le vent. Ce sont les mots d'une femme solitaire, peut-être seule qui vieillit avec rêverie, qui se souvient...

« Nous désirons des choses que nous ne pouvons pas avoir. Nous cherchons à retrouver tel moment, tel son, telle sensation. Je veux entendre la voix de ma mère. Je veux revoir mes enfants quand ils étaient petits. Petites mains, petits pas rapides. Tout change. le garçon a grandi, le père est mort, la fille est plus grande que moi, elle pleure après un mauvais rêve. de grâce, restez pour l'éternité, dis-je à ceux que je connais. Ne vous en allez pas. Ne grandissez pas. »

Ce récit de Patti Smith ramène aux heures des années soixante et soixante-dix, mais peut-être tout simplement à nos jours tout aussi effilochés que son récit et que nos existences, qui sont en attente de rencontres comme celle-ci.

Pour moi Patti Smith aura toujours vingt ans. Et quand je l'écoute ou je la lis, moi aussi...



Take me now, baby, here as I am

Pull me close, try and understand

Desire is hunger is the fire I breathe

Love is a banquet on which we feed



Come on now, try and understand

The way I feel when I'm in your hands

Take my hand, come undercover

They can't hurt you now

Can't hurt you now, can't hurt you now



Because the night belongs to lovers

Because the night belongs to lust

Because the night belongs to lovers

Because the night belongs to us

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Glaneurs de rêves

Patti Smith a su garder vivante au fond d’elle-même toute la magie de son enfance où des êtres bruissaient autour d’elle, qu’elle devinait l’accompagnant, jusqu’à aller questionner un vieux vendeur d’appât qui veille en bordure d’un champ où elle imagine qu’ils se réfugient. Il lui répondra « C’est les glaneurs de rêves… »

« Et, nous dit-elle, l’image des glaneurs de ce champ endormi me plongeait à mon tour dans le sommeil. Et je me promenais parmi eux, dans les chardons et les épines ; ma tâche n’avait rien d’exceptionnel : arracher une pensée fugace, telle une touffe de laine, au peigne du vent. »

Elle pioche dans sa mémoire, comme dans l’espèce de baluchon qui lui sert de sac où elle transporte des objets recueillis le long de sa route, pour retrouver et nous offrir une part de ce trésor qui représente le flux de sa vie et cela donne un petit livre magique, d’une grande poésie dédié à son père. Un livre réussi dont la lecture, comme elle le souhaite dans son adresse au lecteur, emplit « d’une joie vague et singulière »

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Dévotion

Toujours un plaisir de retrouver les écrits de Patti Smith que j'associe à ceux de Andrée Chedid. Un séjour en Europe sur les traces de Camus, Simone Weil et autres. Une balade dans Paris qui peut servir de guide sur des écrivains. Comment l’inspiration vient à un auteur ? C'est au milieu que l'on trouve la nouvelle 'Dévotion'. La passion d'une jeune fille pour le patinage. Un bonheur de lecture.
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