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Citations de Philippe Besson (3451)


Cette chambre est un navire. Un navire à bord duquel nous naviguons, sur des mers calmes ou déchaînées, à la recherche de rivages paisibles ou accidentés. Il y a des soleils impressionnants et puis des coups de sirocco. Il y a des étendues d'eau à perte de vue et puis, brusquement, la côte. Il y a ce roulis incessant, qui nous berce ou nous secoue, qui nous accompagne toujours. Nous sommes des marins égarés, à bord d'un bateau ivre.
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En ce temps-là, ce n’est pas bourgeois, l’île. On vient avec sa caravane, sa toile de tente, on n’a pas de résidence secondaire, ça n’existe presque pas les résidences secondaires, encore moins les villas photographiées dans les magazines de déco, ce sont des vacances pas chères, au camping, on a réservé longtemps en avance son emplacement sous un pin, on y installe son petit chez-soi pour trois ou quatre semaines, on sort une bonbonne de gaz pour préparer le frichti sous l’auvent, on mange sur des tables pliantes, dans des assiettes en carton, le soir à la fraîche on boit l’apéro dans des verres en plastique, on ne fait pas de manières, on veille au porte-monnaie, mais quand même, on offre une gaufre ou une glace au petit, on sait se payer des extras, et on se couche dans une grande promiscuité.
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Je songe que c'est un état magnifique, l'innocence. Et qu'on ne s'en rend compte que lorsqu'on l'a perdue.
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C’est un vendredi soir, au début du mois d’avril, quand les jours rallongent et que la douceur paraît devoir enfin s’imposer. Le long du boulevard, aux abords de la Seine, les arbres ont refleuri et les promeneurs sont revenus. Autour d’eux, des flocons virevoltent, tombés des peupliers ; on dirait de la neige au printemps.
C’est une gare, coincée entre un métro aérien et des immeubles futuristes, à la façade imposante, venue des siècles, encadrée de statues, où les vitres monumentales l’emportent sur la pierre et reflètent le bleu pâlissant du ciel. Des fumeurs et des vendeurs à la sauvette s’abritent sous une marquise à la peinture écaillée.
C’est la salle des pas perdus, où des inconnus se croisent, où une Croissanterie propose des sandwichs et des boissons à emporter, ne manquez pas la formule à 8 euros 90, tandis qu’un clochard file un coup de pied dans un distributeur de sodas et de friandises.
C’est un quai, noirci par la pollution et les années, où un échafaudage a été installé parce qu’il faut bien sauver ce qui peut l’être, et où des voyageurs pressent le pas, sans prêter attention à la verrière métallique qui filtre les derniers rayons du soleil.
C’est un jour de départ en vacances, les enfants sont libérés de l’école pour deux semaines, ils s’en vont rejoindre des grands-parents, loin, une jeune femme est encombrée par un sac trop lourd qu’elle a accroché à la saignée du coude, un homme traîne une valise récalcitrante, un autre scrute fébrilement le numéro des voitures, un autre encore fume une dernière cigarette avec une sorte de lassitude, ou de tristesse, allez savoir, un couple de personnes âgées avance lentement, des contrôleurs discutent entre eux, indifférents à l’agitation.
Bientôt, le train s’élancera, pour un voyage de plus de onze heures. Il va traverser la nuit française.
Pour le moment, les passagers montent à bord, joyeux, épuisés, préoccupés ou rien de tout cela.

(PROLOGUE)
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Abandonner le territoire de son effroi ne signifie pas s’en affranchir.
(p.199)
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On ne se remet pas d'être passé à côté du grand amour de sa vie, je vous assure. On fait semblant d'être heureux et peut-être l'est-on quelquefois, par hasard, sans le faire exprès. Mais ça ne dure pas. On revient toujours au malheur, au remords, au chagrin. On traverse les années avec un sourire impeccable et, dans la solitude, on se verse un whisky et puis un autre. On a du mal à trouver le sommeil parce que des images reviennent nous hanter, alors on avale des somnifères et on s'avachit, on sombre dans des comas passagers.
Enfin, un jour, on force un peu trop sur les pilules et on meurt.
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Elle tient à être absolument certaine qu’elle n’a plus à l’attendre, qu’elle n’a plus à attendre. Qu’elle est seule désormais, absolument seule. Qu’elle est bien cette femme, agrippée à son téléphone portable, devant l’océan, à la porte d’un café déserté de tous, et qu’il ne lui reste plus qu’à raccrocher et à aller se jeter du haut d’une falaise, comme cela arrive à d’autres chaque été.
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Avez-vous remarqué comme les paysages les plus beaux perdent leur éclat dès que nos pensées nous empêchent de les regarder comme il faudrait ?
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D'évidence, c'est seulement en souvenir du bonheur qu'on peut finir par accepter son malheur présent, vivre avec lui plutôt que mourir.
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Et ç’a été un déchirement, une lacération de prononcer ces mots-là. Il a eu le sentiment qu’une lame l’éraflait, puis repassait sur les chairs à vif, provoquant une intolérable brûlure. Il s’est senti tailladé, voilà. « Mon fils s’est suicidé. »

Cinq jours plus tard, c’est toujours la même lame qui le brûle. Toujours les même chairs à vif.
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Bref. Un après-midi de juin, il se promène sur le front de mer, où les Blacks jouent au basket, refourguent de la musique, ou les Latinos proposent des tee-shirts et des lunettes de soleil bon marché, ou la marijuana est en vente libre sous prétexte qu'elle posséderait des vertus médicinales, où de vieux hippies aux cheveux décolorés tentent de retenir les années joyeuses dans un rictus béat permanent, où les touristes s'agglutinent lorsque l'été arrive, il marche au milieu de cette faune devenue familière, puis bifurque Pacific Avenue pour échapper à sa moiteur, et là, il voit la fille, derrière la devanture. Elle est serveuse au Café Collage. Elle n'a pas vingt ans. Il songe qu'il ne l'a jamais remarquée avant. Pourtant, il passe là tous les jours, il lui arrive même de s'arrêter prendre une bière. Comment a-t-il pu la manquer ? Elle doit être nouvelle. Ou bien, elle est incroyablement discrète. Elle pourrait être incroyablement discrète. Ce qui lui plaît chez la fille ? Sa tristesse. Oui, ça peut paraître bizarre, mais c'est exactement ça. Sa tristesse. Pas sa lassitude. La lassitude des serveuses quelquefois. Non. Pas sa fatigue, non plus. En fait, la fille donne l'impression d'avoir pleuré. Alors il entre dans le café, s'assoit, et quand elle s'approche pour prendre sa commande, c'est la question qu'il lui pose : "Vous avez pleuré ?" Elle le regarde avec curiosité, interloquée. Puis elle sourit comme on sourit dans les larmes et dit : "Ça se voit donc tant que ça !" Il répond : "Non, regardez les autres, ils ne se sont rendu compte de rien. Il faut être sacrément fort pour le voir." Et elle sourit de plus belle. Et il pense qu'elle va tomber de larmes pour de bon, avec ce sourire paradoxal. Il pense aussi qu'il a réussi son coup. Qu'ils vont se revoir.
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On peut vivre longtemps avec le chagrin. Il suffit de se forcer.
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Il ne fait aucun doute qu'on n'accorde pas assez d'attention aux autres, à leur détresse intime, dissimulée, aux signaux qu'ils nous envoient quelquefois, parce qu'on est d'abord préoccupés de nous-mêmes, de notre propre plaisir, ou de notre propre désarroi, et qu'on préfère l'inadvertance, ça n'exige pas d'efforts, ou qu'on répugne à « se prendre la tête », question d'âge, parce que c'est l'été et que l'été rien n'est grave.
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Surtout il ne faut pas prendre les livres au pied de la lettre, on en rajoute pour émouvoir ; la réalité est toujours en deçà, elle est décevante, c'est pour ça que ce n'est pas elle qu'on raconte.
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Je n'ai pas pris la parole et Léa non plus. Pourtant, on nous l'avait suggéré, ce serait l'occasion de rendre hommage à notre mère, de dire ce que nous avions sur le cœur et de commencer à laisser partir la disparue, mais nous avons jugé que c'était au-dessus de nos forces ; peut-être aussi voulions-nous la garder pour nous. Parler d'elle, c'était la perdre un peu plus.
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Le Café du Commerce, lui-même, avait été repeint de frais. Ma mère m'y emmenait souvent, le soir. Nous dînions d'huîtres et de vin blanc. Ou plutôt elle me laissait tremper mes lèvres dans son verre. Quand nous rentrions, elle disait que la tête lui tournait. Cette expression me faisait penser à une toupie. Parfois, on ne se rend pas du tout compte que les gens se noient devant nos yeux.
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Votre père, bien que sa mise en examen et son incarcération ne fassent aucun doute, conserve tous ses droits de père. Même depuis sa cellule, il pourra continuer à prendre les décisions, notamment s’agissant de toi, Léa, car tu es mineure. Il aura la main sur ton orientation scolaire… ou sur tes opérations chirurgicales, par exemple, si tu es amenée à en subir, tes voyages. Il pourrait même exiger des visites au parloir. Tu devras dire si cette situation te convient ou si, à l’inverse, tu préfères qu’un autre que lui devienne ton responsable légal.
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A Die, Alexis se souvient qu'il se trouve au pied du Vercors. Dans sa tête résonne aussitôt, et machinalement, la chanson de Bashung , qui parlait d'y sauter en élastique. Et c'est idiot, car enfin il y aurait d'autres évocations plus évidentes, mais à chaque fois qu'il a fait le trajet c'est pourtant celle-ci qui lui est venue et c'est encore elle qui surgit. Ça disait " La nuit, je mens".
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Souvent, la vie se décide sur presque rien, une rencontre, une opportunité, une paresse.
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La vie c’est si peu de choses, et ça passe si vite.
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