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Critiques de Pierre Benoit (232)
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L'Atlantide

1919, le XXème siècle venait de commencer, Jules Ferry avait rendu l’école obligatoire, l’accès à la lecture se généralisait, et Pierre benoit publiait l’Atlantide.





Mais à quel public s’adressait-il ? Certes pas à quelque gamin lauréat du certificat d’étude qui partait travailler parce que les études n’étaient pas automatiques si on n’était pas issu de familles aisées ou si une bourse ne fournissait pas le sésame du savoir, non ! Pour accéder à ce magnifique récit, il fallait être helléniste, linguiste, et avoir parcouru de beaux ouvrages d’auteurs antiques et autres érudits bien connus d’une minorité. Et pourtant... L’Atlantide connut un triomphe dès sa sortie, il fut primé, adapté pour le théâtre dès 1920, pour le cinéma entre 1921 et 1992.





Il faut dire que l’Atlantide, ce mythe enraciné dans notre culture ne cesse de faire rêver par son aspect chimérique, d’attirer le lecteur épris de fantastique et de mystérieux, de plaire par son côté intemporel, d’exciter la curiosité tant des passionnés de mythes que des écrivains qui ne se privent pas, encore aujourd’hui de faire couler de l’encre à son sujet.





Ce que l’on connaît de cette contrée magique, c’est qu’elle fut engloutie par les flots, c’est la réponse que l’on obtient autour de soi si on questionne à ce sujet, et l’on affirmera que nul ne connaît sa situation géographique... Pierre Benoit envisagea la chose différemment, il nous emmène dans une Atlantide prisonnière du Sahara, sertie dans le Hoggar, inaccessible sans un passeur à la solde de la belle Antinéa, beauté fatale...





Un récit dont la lecture ne fut pas toujours aisée : je n’ai suffisamment de connaissance des œuvres antiques et des spécialistes linguistes dont Pierre benoit partage la science. Mais qu’importe ? Il suffit de se laisser bercer par ce bel écrit, et d’absorber la substantifique moëlle de ce récit et de s’y laisser enfermer avec nos héros pour apprécier.





Après une introduction très longue propre à faire trépigner d’impatience (On sait que l’on va découvrir un grand mythe), dans laquelle l’auteur introduit d’abord St Avit, devenu Capitaine à la triste réputation, celle d’avoir tué son supérieur, Morhange. Pierre benoit nous entraine dans le récit mettra fin aux questions du lecteur et dans lequel Saint Avit confie son secret au lieutenant Ferrière et lui raconte son aventure afin de se disculper.





Longue sera la route qui nous mènera dans cette citadelle rocheuse pour découvrir la cité que l’on croyait disparue à jamais, où l’on fera connaissance d’Antinéa et que l'on se fera une idée de ses origines : demi-déesse ou mortelle ?





Un récit à la fois long et passionnant, une œuvre grandiose qui donnera à l’écrivain le statut d’immortel parmi les immortels.
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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L'Atlantide

Ce texte n’est pas un commentaire de l’Atlantide…

Alors, pourquoi et comment attirer votre attention sur un écrivain presque oublié ?



Si j’écris cette petite phrase en préambule, c’est qu’en fait des raisons, j’en ai plein ma besace !

Parce qu’émerveillé, je le suis, et je ne peux plus garder pour moi seul cet engouement, que dis-je, cette fascination.



Tout d’abord, comment j’en suis arrivé à un tel niveau de dépendance au point de me réveiller plus tôt avant d’aller au boulot, de ne souhaiter que la journée ne s’efface que pour laisser place à une soirée pleine de lecture. Notez bien que cette fièvre répétée au fil des jours rétrécie à peau de chagrin les menus plaisirs du vécu quotidien.



A mon insu j’ai crée un mini-monde parallèle ou, les personnages que je viens de quitter en refermant mon livre existent comme si j’avais raccroché le téléphone après une longue conversation avec un ami ou un parent éloigné.



Durant la journée, je pense à eux comme à des êtres vivants qui ont, comme moi leurs occupations propres. Ils ont pris corps ! Les notions de période et de lieu n’ont plus aucune importance. L’espace-temps se transforme, l’héroïne devient toute proche, j’espère pour elle le dénouement tant souhaité comme j’attends la réponse à une étude liée à ma journée de travail.



Avec mes petits moyens, je pense pouvoir l’aider dans sa forte destinée et ses grands enjeux qui ne sont pas les miens. Quelle déception quand le soir coulé dans mon lit et rivé aux sillons du papier je m’aperçois être aux antipodes de ses turpitudes romanesques nées d’une imagination fertile.



Commençons par le début. J’aime la lecture, cette activité est avec l’œnologie deux des plus belles machines à remonter le temps que l’homme ait inventé. J’affectionne plus particulièrement les romans d’aventures. Que de découvertes sous la plume d’un Wilbur Smith, que de panache dans les écrits d’un Alexandre Dumas, que de plaisirs dans la verve d’un Michel Zévaco ou d’un Eugène Sue, que d’érudition dans les histoires de Mika Waltari. Et que dire des reliefs psychologiques des héros de Jules Verne. De même que de vieux amis, il me semble les connaitre dans leurs plus intimes sentiments.



Bref, une soirée de recherche je vais au hasard “surfer” sur quelques sites “marchand de livres”. Malins les petits liens qui font découvrir des auteurs de la même veine. Et de la veine, j’en ai eu, mes investigations ne furent pas vaines ! Plus que ça, la méga-découverte, celle qui m’a fait empoigner le clavier pour vous raconter ma déchéance, je ne suis plus qu’une loque, depuis je suis accro aux héroïnes de cet enchanteur encore méconnu de moi il y a peu. Ces femmes sont toutes plus belles les unes que les autres. Elles dégagent un érotisme, un exotisme et un charme tellement naturel que tous les hommes en sont les victimes avec délices.



Petite devinette : Ecrivain Français, Membre de l’académie Française, Né en 1886 à Albi, mort à Ciboure en 1962. A écrit quarante trois romans. Une de ses particularités : Ses héroïnes, encore elles, ont toutes un prénom qui commencent par un A : Annabel, Agar, Antiope, Anne. Un détail, en 1953 fut imprimé le 1er Livre de Poche, le roman choisi fut “Königsmarck”. Son chef-d’œuvre reste « L’Atlantide ».

Cet écrivain se nomme...Pierre Benoit.



Cet homme fut diplomate et a beaucoup voyagé, c’est pourquoi, au travers de ses merveilleux romans nous traversons l’Irlande, le Cambodge, l’Egypte, la Syrie, Israël et les Etats-Unis et bien d’autres pays. Une anecdote, plutôt un faux pas pour l’époque, son premier roman raconte l’histoire d’un amour-amitié Franco-Allemand, juste à l’aube de la grande guerre! Quelle verve, les intrigues sont palpitantes et toujours empreintes de justice et de loyauté. Les sentiments sont chevaleresques et les héros tous très dignes dans leur comportement, qu’ils soient bons ou méchants, c’est une littérature facile et profonde, facile mais jamais simple. Un régal.



Pour raconter Pierre Benoit il faut un phrasé juste et lumineux qui, par une simple strophe vous fait revivre les sentiments les plus subtils. Souvent au plus fort de l’intrigue il fait claquer les phrases comme des citations. Il faut aussi toute la nuance et la finesse de son vocabulaire afin de faire vibrer la corde de nos sensibilités enfouies que nous aimons tant faire resurgir comme la corde d’un instrument qui vibrerait du bout de nos doigts.



Je ne m’y essayerai pas, mais je serais déjà très heureux qu’au travers de cette chronique je ne vous ai, qu’avec mes maigres mots, ne serait-ce que donner l’envie d’aller chercher vous-mêmes les pépites que recèlent ces romans au charme un peu désuet mais tellement élégants qui m’ont réellement envouté.



Chronique écrite en 2017.







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L'Atlantide

La cité perdue de l'Atlantide fait partie des plus grands mythes de notre civilisation. Idéal de perfectionnement et fantasme d'aboutissement, elle aurait pourtant sombré en une seule nuit sous les flots déchaînés. Et si ces flots avaient été ceux du Sahara, si l'on en croit la théorie d'un océan saharien ? Se pourrait-il qu'Antinéa, la descendante de Neptune, reine de l'Atlantide, règne toujours au coeur de l'hostile désert ?



1906 - André de Saint-Avit, capitaine de l'armée française, rejoint un poste au Sahara, à peine un fortin, où l'attendent trois autres fonctionnaires. Il traîne après lui une terrible réputation, celle d'un assassin doublé d'un traître. Six ans auparavant, lors d'une mission d'exploration aux côtés du capitaine Morhange, les deux officiers sauvent la vie d'un Touareg lors d'un terrifiant orage du oued. Reconnaissant, le nomade va conduire les deux militaires en un endroit secret et oublié où les attend un mystère dépassant l'imagination, et où la passion et le crime se fondent l'un dans l'autre...



La première chose que je veux saluer après la lecture de ce roman, c'est la beauté de l'écriture de Pierre Benoit qui n'avait pas volé son siège d'académicien. Riche et ciselée, elle se fait forte et évocatrice pour décrire un contexte particulièrement saisissant, celui de l'infini Sahara. Grâce à elle, le lecteur fait bien plus que voyager, il s'imprègne totalement d'une atmosphère unique.



J'ai été tenue en haleine par l'action sans interruption qui se construit entre réalité et mythologie sur seulement 240 pages et qui fait la part belle à l'imagination, se faisant souvent insinuation et obligeant ainsi le lecteur à travailler un peu du ciboulot pour suivre l'auteur. J'ai aimé la volonté de Pierre Benoit de m'impliquer ainsi dans son récit et, de fait, on a du mal à lâcher le livre avant la fin.



Une belle découverte très dépaysante et un style qui vieillit bien ; rappelons que ce roman a été publié en 1919 et a été distingué par le Grand prix du roman de l'Académie française la même année. Il a été plusieurs fois adapté pour le cinéma.





Challenge Multi-Défis 2016

Challenge A Tout Prix 2015 - 2016

Challenge Petits Plaisirs 2016
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L'Atlantide

Je savais que L'Atlantide m'attendait quelque part enfoui dans les différentes piles de livres qui gisaient pêle mêle chez moi.

Je l'avais cherché en vain durant toute la soirée. Las, je m'étais endormi sur le canapé du salon, lorsque brusquement un bruit violent m'arracha de mon sommeil. La fenêtre était ouverte, battait dans le vent, des trombes d'eau entraient par effraction, soulevaient le rideau qui venait se mélanger à la nuit.

L'orage était venu soudainement. Je refermai la fenêtre et regagnant le canapé, je découvris du sable comme jeté à la volée, éparpillé sur le sol. C'était un sable fin, ocre, tiède... Cela ne m'étonna guère, j'ai déjà observé des pluies sahariennes qui remontent parfois du sud pour se déverser sur les terres bretonnes. Et dans ce sable épars, je devinais l'incrustation d'un pied nu. J'aurai juré que c'était la forme d'un pied féminin. Puis un autre pied suivait... Les pas inexorablement semblaient se diriger vers une des bibliothèques du salon... Sur la troisième étagère en partant du bas, il y avait encore un peu de sable et comme le souffle d'une voix qui me disait de lever mon regard. C'est alors que je vis parmi l'arête des autres livres, celui-là légèrement extrait de la rangée, comme s'il me guettait, comme si une force secrète avait voulu m'en désigner le chemin. L'Atlantide, de Pierre Benoit, m'attendait...

C'est ainsi que j'entrai dans la magie du livre, le reste de la nuit fut un voyage enchanteur.

Le désir d'un livre tient souvent à son mystère, à l'imaginaire qui l'accompagne. L'Atlantide est un mythe vieux comme le monde, évoquant une cité prospère puis qui fut engloutie par les océans. Platon l'évoquait déjà dans son Critias. Nous autres bretons avons dans notre patrimoine culturel une légende celtique toute proche, celle de la cité d'Ys, elle aussi engloutie par l'océan, ville ancienne qu'on situerait dans la baie de Douarnenez, légende au coeur de laquelle jaillit là encore une figure féminine majeure, Dahut, mélange de déesse et de fée.

Dans l'Atlantide de Pierre Benoit, on entre par la route des caravanes, aux confins du désert du Sahara. Ici l'auteur, au lieu d'une terre dévorée par les eaux, choisit le désert abandonné par les eaux. Plus exactement, la mythique cité engloutie n'aurait pas été immergée par un océan, mais serait une terre émergée au milieu des sables du Hoggar.

L'Atlantide est un récit dans lequel sont enchâssés plusieurs autres récits qui se déplient en flash-back, dont le principal d'entre eux est une confidence. C'est ainsi d'ailleurs que commence le roman. Nous sommes en 1903, en Algérie française, dans un poste militaire avancé au bord du Sahara.

Le narrateur, le lieutenant Olivier Ferrières nous évoque les retrouvailles avec un ancien camarade de promotion, le capitaine André de Saint-Avit, nommé pour prendre le commandement du poste. Ce dernier jouit d'une mauvaise réputation. Six ans plus tôt, il faisait partie de la mission Morhange/Saint-Avit chargée de restaurer une ancienne route commerciale du IXème siècle.

Le capitaine Morhange ne reviendra jamais de cette expédition. Les soupçons les plus affreux pèseront sur le seul survivant. Un soir le capitaine Saint-Avit décide de se confier au lieutenant Ferrières pour restituer sa vérité. Derrière le but officiel de chercher une ancienne route, ou d'effectuer des relevés topographiques, se cachait un rêve fou : rechercher les ruines d'une ancienne cité disparue. Lors d'un orage, ils sauvèrent un targui de la noyade dans un oued, celui-ci pour les remercier leur évoqua l'existence de ce qui pourrait ressembler à la cité perdue. Ils le suivirent, mais tombèrent dans un piège. Ils furent drogués et se réveillèrent le matin dans un lieu qui dépassait leur imagination, une sorte de palais exotique entouré d'une végétation luxuriante. Il leur fut révélé que la souveraine du lieu se nommait Antinéa, lointaine fille de Neptune et qu'ils en seraient ses prisonniers...

Ici le merveilleux côtoie le macabre.

L'Atlantide, c'est la fascination de l'inconnu et de la mort, histoire qui n'est pas sans me rappeler la nouvelle De Rudyard Kipling, L'homme qui voulut être roi.

J'ai adoré ce roman. Certes, les mots sont teintés de l'esprit d'une IIIème République fortement colonialiste. Certes, le thème est si rocambolesque que le propos n'est pas d'y croire. Mais j'ai trouvé chez cet auteur un art fabuleux de me conter une histoire qui m'a emporté, celle d'une souveraine qui attire dans ses labyrinthes des officiers, des explorateurs, qu'elle fascine de ses charmes et qui dès lors n'ont d'autres destins que de vouloir mourir d'amour...

Il faut y voir la résurgence d'un mythe éternel, revisité par d'autres chemins qu'on peut déplier à l'infini. Chaque lecteur aura la liberté d'interpréter à sa guise l'allégorie possible de ce texte intemporel...

Et si la beauté de l'écriture était un ensorcellement ? Et si les livres étaient capables de nous emprisonner dans leur nasse avec leurs mots, comme certains personnages mythiques par leur beauté fatale.

Seconde incursion dans l'oeuvre de Pierre Benoit, j'y ai vu un chemin différent, avec cependant toujours cette magnifique écriture ciselée, mais aussi l'art d'offrir au lecteur ce pouvoir envoûtant de dérouler l'imaginaire à ses pieds, comme Antinéa devant son miroir, se croyant seule, lorsqu'elle laisse glisser lentement sa tunique le long de son corps, en dévoilant sa nudité somptueuse...

Comme le capitaine Saint-Avit qui ne rêve que d'une chose, revenir là-bas et affronter son destin, j'ai alors refermé le livre, l'ai reposé à son emplacement sur l'étagère de la bibliothèque, j'ai ouvert grande la fenêtre et je me suis imprégné du chant de la nuit, tandis que derrière moi je sentais déjà l'appel des sirènes d'autres livres et leurs mots emplis de désir...

Je ne savais pas encore quel chemin prendre...

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Mademoiselle de la Ferté

À la faveur d'une visite l'autre jour à la foire aux livres de Fontenoy-la-Joûte, cette vieille édition de poche à la couverture surannée m'a fait de l'oeil. Mademoiselle de la Ferté est ma première incursion dans l'oeuvre romanesque de Pierre Benoit, écrivain français presque oublié aujourd'hui.

Nous sommes dans Les Landes à la fin du XIXème siècle, dans la campagne proche de Dax.

Dès les premières pages il semble que tout soit dit, tout soit scellé. Anne de la Ferté et son cousin, Jacques de Saint-Selve, fils d'une riche famille de négociants en vins et spiritueux établie à Bordeaux, s'aiment et désirent se marier. Cependant ce mariage n'est pas du goût de Madame de Saint-Selve. En effet, le père d'Anne aura quasiment passé son existence à dilapider la fortune familiale dans des placements et investissements scabreux. À sa mort, il laisse à son épouse des dettes, des hypothèques, une vieille maison de campagne humide et malsaine, entourée de marais saumâtres, et à sa fille unique l'absence de dot. Pour entrer dans les grâces de Madame de Saint-Selve, Anne de la Ferté consent à laisser partir pour un an son fiancé à Haïti où la famille gère une affaire de production de rhum. Ils se marieront à son retour. Un an plus tard, Jacques s'est en effet marié, mais pas avec Anne. Il a épousé une jeune, belle et riche héritière anglaise, Miss Galswinthe Russel, fille du consul général d'Angleterre à Port-au-Prince. Quelques jours avant le retour du couple en France, Jacques décède brutalement d'une insolation. Galswinthe de Saint-Selve ramène à Bordeaux la dépouille de son défunt époux. Anne de la Ferté accueille dans une douleur froide, mutique ces deux coups de théâtre. Quelques temps plus tard, quand Anne de la Ferté apprend par hasard que sa rivale, son ennemie, Galswinthe de Saint-Selve, vient de s'installer dans la maison de campagne toute proche, c'est à peine si un frémissement d'émotion peut se lire sur le visage de la jeune femme... En si peu de pages, tout semble avoir été dit, cependant que l'essentiel de la force du récit va se dérouler désormais sous nos yeux. En effet, contre toute attente, les deux jeunes femmes vont se lier d'amitié. La trame psychologique du roman va se cimenter autour de cette amitié étrange et ambiguë.

Ce récit fait le portrait troublant de deux femmes dont les caractères s'opposent. L'une est insouciante et délurée, l'autre distante et réservée.

Le seul point commun qui les anime est une jalousie féroce l'une pour l'autre...

J'ai beaucoup aimé ce roman.

Une violence sourde, étouffante pèse sur les pages de ce récit aux allures parfois machiavéliques, qui se déploie comme une toile d'araignée. Est-ce que cela tient à ces marais insalubres, à ces landes oppressantes...? À l'ambiance glauque qui entoure le dessein peu scrupuleux de ces familles de la bourgeoisie bordelaise de fin du XIXème siècle ? Ou bien peut-être à ce personnage féminin hors du commun qu'est Mademoiselle de la Ferté ? Il m'a été difficile d'éprouver de l'empathie ou de la compassion pour ce personnage insaisissable, difficile aussi de la détester... Cependant, comment ne pas être impressionné par sa froide détermination, par son orgueil inexorable qui l'aide à se relever des trahisons et des humiliations ? J'aurais voulu sonder les eaux sombres de son coeur... C'est une fascination ambiguë qui m'a sidéré, tenu en haleine...

Il faut reconnaître que l'auteur cultive un art sophistiqué dans les silences et les non-dits, laissant à chaque instant planer le doute sur les intentions de la narration... Jusqu'à la fin du récit, l'auteur s'échappe, s'esquive, laissant le lecteur seul devant le texte faire son interprétation, poser son jugement : cette femme était-elle sincèrement dévouée à sa jeune amie ou bien effroyablement manipulatrice ? Je me pose encore la question à l'heure d'écrire cette chronique...

Il y a une mécanique de la narration tendue vers le dénouement final qui est magistral.

J'ai trouvé chez l'auteur une manière toute en subtilité de fouiller l'âme humaine, de la disséquer au scalpel. L'écriture y est pour beaucoup. La peinture sociale de cette bourgeoisie nauséabonde est sans concession. Mais d'une manière générale, les personnages masculins sont fats, lâches, grotesques, en prennent pour leur grade, en particulier la profession médicale. Et puis, comble de bonheur, rencontrer un auteur qui traite la langue française avec autant de richesse et de délicatesse est ici un véritable régal ! Pierre Benoit est un auteur que je ne suis pas prêt d'oublier...
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L'Atlantide

Le mythe de l'Atlantide revisité par Pierre Benoit. La mise en place est un peu longue mais une fois entré dans le vif du sujet on a bien du mal à reposer ce livre qui possède le charme suranné des récits d'aventures de son époque. Le style est un peu daté, on sent l'érudition de l'académicien mais rien ne vient gâcher le plaisir de la lecture.Il est étonnant...et dommage qu'avec de telles qualités, son sujet fantasmagorique au possible, ce classique qui connut tant de succès lors de sa parution soit si peu lu aujourd'hui.
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La Dame de l'Ouest

"La Dame de l'Ouest", est un roman de Pierre Benoit. J 'ai bien aimé et apprécié la lecture de ce récit. Une lecture fort agréable et tout en lisant j 'avais l 'impression de regarder un film de western genre que je prise d 'ailleurs.On ne peut qu 'avoir du respect pour William Evans qui s' est comporté avec un bon esprit pour le couple de John Irving .

le narrateur, William Evans est le fiancé de Madge, la fille

d 'un riche fermier. Il part en mission pour trouver les chevaux sauvages , les dresser et puis les vendre à l'armée ou aux fermiers.

Cette mission de William Evans n' est pas facile du tout car en cours de route, il y a l' amour, les longues chevauchées, les dangers de toutes sortes...Comment tout cela va-t-il finir et que sera le sort de William Evans ?
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Mademoiselle de la Ferté

Il fait partie des auteurs dont on croise le chemin en de multiples occasions sans jamais les saluer. Pourtant Pierre Benoit est une vieille connaissance.

Dans le grenier de mon grand-père quelques volumes y terminaient leur vie. Des exemplaires couvert de poussière, sans aucun attrait pour un adolescent.

L'auteur était "has been" depuis longtemps.

Son goût pour le maréchal Pétain l'avait mis à la libération sur la touche.

Le livre de poche allait-il lui redonner une seconde jeunesse en publiant (dès le n°1) son roman Koenigsmark ?

Sans doute qu'il a trouvé un lectorat, vieillissant, qui va s'avérer éphémère.

1968 était passé par là, le nouveau roman, Tel Quel et toutes les nouvelles expérimentations qui l'ont plongé encore davantage dans l'oubli.

Pierre Benoit avait acquis l'étiquette d'écrivain pour vieille fille "de bonne famille".

J'avais acheté le n°15 du livre de poche, plus pour la superbe couverture (ah ! le temps bénis où l'on faisait appel à des artistes !) que pour l'intention de le lire. Après un long purgatoire sur mes étagères, c'est une critique sur Babelio qui a remis Pierre Benoit dans mon actualité.

Le jour est arrivé enfin. Je viens de lire "Melle de la Ferté".



Jacques vient de mourir. Deux femmes se retrouvent dans l'évocation du défunt : Anne la fiancée délaissée, image de toutes les vertus, Galswinthe l'épouse insouciante, fille d'un gouverneur anglais.

Une sorte de partage dans ce pays des Landes encore sauvage, de la fin des années 1880.

Mais cet amour entre les deux femmes (que l'auteur nous fait entrevoir charnel) va se briser.

Pierre Benoit n'est pas un écrivain d'avant garde (l'Académie française n'accueille pas ce genre), il ne révolutionne pas la forme.

Il est malhabile dans ses dialogues.

Tout est très conventionnel : le monde bourgeois des armateurs Bordelais, celui outre-Atlantique d'un gouverneur anglais.

La rude campagne Landaise où la religion catholique est omnipotente.

La pécheresse (l'anglaise) et le parjure (Jacques) trouvent la mort.

Malgré tous ces défauts (de l'époque sans doute), l'auteur parvient cependant à captiver le lecteur par sa grande maitrise de la narration où son lyrisme peut s'exprimer. Il l'entraine sans effort dans ce récit dont le scénario est, somme toute, fort simple.

Un très bon moment de détente avec ce livre sans prétention, reflet d'une époque révolue.













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La châtelaine du Liban

Quand le coeur d'amour s'enflamme , comme brûlé par le soleil , souvent la passion qui s'ensuit le détruit .

Dès les premières pages , l'auteur nous annonce une tragédie qu'il va décortiquer au fil de cet imbroglio :

Michelle aime Lucien qui aime Athelstane qui aime la somptuosité .



Le beau méhariste , Lucien Domèvre , est blessé , lors d'affrontements , par un Bédouin hostile à la présence française et armé d'un fusil britannique .

Il est soigné à l'hôpital par Michelle , la fille du colonel Hennequin.

L'attirance réciproque qu'ils éprouvent l'un pour l'autre incite le père à demander le transfert de son futur gendre au " deuxième bureau " , service chargé de l'analyse du renseignement .

Grand bien mal lui a pris car sans le savoir il va vivre l'infamie .



Notre officier , droit et loyal , habitué à la rigueur et à l'austérité du désert, pénètre dans un univers corrompu et dévoyé où il va se perdre , au départ dans le regard de la comtesse Athelstane Orlof , veuve d'un diplomate russe , et puis , dans ses bras qu'il affectionnera régulièrement dans son château de Kalaat-el-Tahara .

" Retenant ma respiration , je m'approchais . Nos deux fronts se touchaient presque . Que contenait-il , le sien , ce mince front pâle ? Je m'approchais d'avantage encore . Elle souriait légèrement , comme dans un songe . Alors , fou de la crainte de l'éveiller , je me levais . "P. 129



Femme " galante " , avide de richesses et de pouvoir , elle va être sa perte et son désespoir .

Cependant , cette femme sans scrupule , sait jouer de ses charmes pour influencer ses amants et éviter ainsi que de nombreuses Anglaises et surtout Françaises " ne passent à la casserole " .

Elle aime sûrement ce nouvel amour mais elle ne veut pas renoncer à l'argent qui commence à manquer .



Et le sort décide , une fois de plus , de la destinée !



L'auteur , fils d'un officier de carrière , fit son service militaire en Algérie . Il est mobilisé lors de la Première Guerre Mondiale ; tombe malade après " la bataille de Charleroi " ; passe plusieurs mois à l'hôpital .

Cette expérience marque ses romans et surtout son enthousiasme pour les pays exotiques , lui qui est un voyageur invétéré , curieux du monde du Levant où les femmes sont énigmatiques .

C'est ainsi qu' à ses héroïnes qui sont dominatrices et orgueilleuses , il leur colle les surnoms de " bacchante " ou " amazone " .

Anglophobe , il nous ramène à la période de conquête du Liban et de la Syrie par la France , lors du démantèlement de l'Empire Ottoman , sous les accords " Sykes- Picot "

Par un style imagé , riche et sophistiqué , il apporte un brin de nostalgie aux amoureux des mots .

Ces mots qu'il a butinés dans les différentes parties de sa vie pour nous concocter ce merveilleux roman où amour et mépris se partagent , tour à tour , la vedette .
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L'homme qui était trop grand

Mais quel personnage de l'Histoire de France peut donc être cet homme qui était trop grand ?

Ce livre est un roman historique écrit à quatre mains.

Deux grands écrivains puissant, en 1936, ont associé leur plume alerte et suggestive, se sont installés à l'écritoire : Claude Farrère et Pierre Benoît.

Octobre 1587, la reine Catherine de Médicis est une vieille dame.

Son fils, Henri III, le seul qu'elle ait vraiment aimé, règne sur un royaume rongé par les querelles, les fanatismes, les délires accumulés et déchaînés.

S'y livre une lutte féroce entre les catholiques et les huguenots, entre les hommes d'état et les hommes d'épée, entre les hommes d'intrigue et les hommes de cour.

Zita de Santarem, pupille du vieil ambassadeur d'Espagne et fille d'honneur de Catherine de Médicis, se lance sur la route d'Espagne escortée par François de Liancourt, un jeune gentilhomme lorrain qui est de fait un peu ligueur.

Leur route va croiser celle de Savinien de Reversac, gentilhomme gascon, appartenant donc au parti du béarnais Henri IV ...

Le livre est dédié à Alexandre Dumas.

Il sera dit qu'après lui, chaque ouvrage du genre comme semblant lui devoir droit d'auteur, devra lui attirer une dédicace.

Pourtant ici, pas d'excès, ni de tromperies.

Même si l'enfant est magnifique, il n'a pas été question de violer l'Histoire pour le concevoir.

Le récit est précis et fourmille de détails.

Mais il n'est posé que sur très peu de contexte.

Les deux auteurs sont en territoire connu.

Ils se lancent sans barguigner dans le coeur du sujet.

La reconstitution historique est flamboyante : la bataille de Coutras, celle qui fit du béarnais l'homme puissant du royaume ; la cour d'Espagne ; Paris en rébellion, Paris hérissée de barricades d'un genre nouveau ...

Les personnages sont peints de la meilleure huile, sont sculptés du meilleur ciseau.

Ils ont, pour l'instant de quelques pages, repris vie.

Claude Farrère et Pierre Benoît se permettent même de lancer un croche-pied : "pas un historien français n'a compris cette assez grande reine qu'était Catherine de Médicis".

Voilà qui est dit !

Voilà qui est expliqué ...

Le livre est dédié aux quarante-cinq,

à Monsieur d'Angleretz, dit Chicot, fou du roi qui, ni difforme, ni bossu, fût pourtant le meilleur et le plus hardi dans le rôle,

à Monsieur Maurice Maindron, spécialiste des costumes et des armes anciennes,

à Monsieur Alexandre Dumas, premier du nom,

et au longanime roi Henri, quatrième ...

Il n'a pas été dédié à Henri le balafré, montré comme un félon, un traître prêt à brader le royaume de France pour quelques milliers de livres ...

Des deux mêmes auteurs, en 1936, deux autres romans historiques, "Frère Jacques" et "Le cavalier sur le pont", étaient en "préparation", et qui ne semblent jamais être parus.

Quel dommage ...
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Koenigsmark

Raoul Vignerte, malgré son travail et son intelligence a peu de chance de trouver une position qui lui permette de vivre. Un ancien condisciple de Henry IV lui propose de devenir le précepteur du fils du grand-duc de Lautenbourg. C’est décidé, Raoul part pour le grand-duché.

Raoul est très vite fasciné par la grande-duchesse Aurore. Le lecteur est tout aussi envouté par cette femme belle, fantasque, mystérieuse aussi.

Le premier mari d’Aurore, Rodolphe, a inexplicablement disparu au Congo. Au Congo, vraiment ? Raoul qui passe ses journées dans les archives vient à en douter.

L’intrigue s’emballe, les péripéties s’accumulent.

Koenigsmark est un ouvrage des plus romanesques qui soient, peut-être un peu désuet aujourd’hui. Il n’en reste pas moins un plaisir de lecture pour s’évader ou rêver.

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L'Atlantide

Ah! L'Atlantide ... ce roman a marqué mon adolescence et le relire de nombreuses années plus tard était à la fois une envie et un défi ! voilà chose faite , j'y ai pris infiniment de plaisir , certes l'âge aidant je n'ai certainement pas relevé les mêmes passages mais la magie et la beauté de ce texte sont toujours présentes. Magie car évoquer L'Atlantide , ce continent disparu que de si nombreux savants cherchent toujours,relève de la pure imagination , même de la fantasy , beauté parce que les paysages du Sahara , du Hoggar ne peuvent pas laisser insensibles ...et puis quelle belle histoire d'amour ...

Pierre Benoit journaliste reporter a parcouru le monde avec un regard à la fois érudit et émerveillé. Il a en rapporté de nombreux sujets romanesques ; reconnu par les siens rapidement il me semble être comme beaucoup de ces écrivains de l'entre deux guerres tombé à mon grand regret dans un oubli respectueux .
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L'Atlantide

« Morhange, suppliai-je, dites-moi que nous continuons à rêver. »

L'Atlantide vue par Pierre Benoît est un rêve héroïque et... sensuel.



J'avais lu ce livre mythique à l'adolescence, sans accrocher plus que cela. J'ai donc profité de sa jolie réédition en poche, avec préface d'Adrien Goetz, pour le relire et comprendre pourquoi. La réponse est simple : au-delà de son érudition et de ses références helléniques, ce roman de 1919 emploie des codes essentiellement destinés à un lectorat masculin.



L'action se passe dans le milieu militaire, et pas n'importe lequel : l'armée française coloniale, en poste dans le désert algérien. Le Hoggar est un lieu chargé de mystère, exotique, dangereux et propice aux légendes les plus folles. C'est pour cela que Pierre Benoît, familier de la région pour y avoir fait son service militaire, décida d'y implanter son Atlantide, en partant du célèbre dialogue de Platon intitulé le Critias. Les rapports entre les protagonistes - surtout le duo Morhange / Saint-Avit - reposent sur l'honneur, la camaraderie et une rivalité virile. Rivalité exacerbée par LA figure féminine du roman : Antinéa, qui retient prisonniers ses amants étrangers, les abandonnant à un sort funeste quand son désir se lasse...



Dans le récit-confession du lieutenant de Saint-Avit, le danger et la mort sont omniprésents, mêlant l'aventure à une double quête d'absolu. Quête d'un paradis perdu, symbolisé ici par l'oasis imaginaire de l'Atlantide, avec ses paysages d'une beauté à couper le souffle et présentée comme le cœur du savoir de l'humanité. Et quête de l'idéal féminin : le fantasme d'être élu et désiré par une femme aussi belle que puissante, incarnée par la barbare Antinéa, descendante de Neptune et de Cléopâtre et « souveraine absolue du Hoggar ».



Fort de presque un siècle de succès, ce conte un brin suranné continuera de fasciner les jeunes générations d'aventuriers prêts à s' « anéantir dans la seule destinée qui en vaille la peine : une nature insondée et vierge, un amour mystérieux. » Pierre Benoît eût-il décrit avec autant de passion la plastique du capitaine Morhange que celle d'Antinéa, j'aurais succombé moi aussi !
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Koenigsmark

Cela fait longtemps que je veux découvrir Pierre Benoit. Entre plusieurs ouvrages qui prenaient la poussière sur mon étagère, mon choix s’est porté sur « Koenigsmark », le premier roman de l’auteur.

A la veille de la première guerre mondiale, un jeune officier français plutôt désargenté, Vignerte, devient le précepteur du fils du Grand Duc de Lautenbourg. Là-bas, il tombe sous le charme de la Grande Duchesse, Aurore, une belle princesse Tumène que le Grand Duc a épousé en secondes noces. Aurore était précédemment mariée au frère du Grand Duc, mort dans des circonstances mystérieuses.



« Koenigsmark » s’inscrit dans le registre de la romance ruritanienne. Ce genre, initié par Anthony Hope avec « le prisonnier de Zenda », a pour principe de situer des histoires d’amour et d’aventure dans des petits royaumes germaniques imaginaires. Le récit de Benoit est assez classique dans le genre et fait la part belle à la romance et au machinations ourdies à la cour. Il n’y a rien de vraiment surprenant ou inattendu dans le roman de Benoit mais cela n’entache en rien le plaisir de lecture. Ce classicisme est rafraichissant et c’est le genre de livres qu’on lit en retrouvant une âme d’enfant. L’écriture de Pierre Benoit est très agréable, fluide et élégante. Mais le véritable point fort du roman est le personnage d’Aurore. Dès sa première apparition en flamboyante amazone lors d’une parade militaire, elle prend en otage le récit. Dès lors, le lecteur, comme Vignerte, n’aura d’yeux que pour elle, attendra chacune de ses apparitions. Un des enjeux du roman est la résolution du mystère de la mort du premier mari d’Aurore, et cette intrigue est plutôt bien menée, mais cet enjeu reste tout de même bien secondaire par rapport à la romance entre Aurore et Vignerte, amour qui ne sera jamais concrétisé. Les éléments de la grande Histoire s’intègrent parfaitement au récit, lui donnent une colonne vertébrale, le nourrissent. C’est vraiment très bien fait.



J’imagine que beaucoup de lecteurs trouveront ce roman daté, vieillot, il est indéniable qu’il a un côté suranné mais je trouve que cet aspect désuet lui apporte un charme supplémentaire. C’est le genre de roman qu’on lit comme on regarde un vieux film de cape et d’épées, avec un regard de gamin, pour s’évader. Et de ce côté-là, le roman de Benoit est une franche réussite. J’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture qui offre un agréable moment de distraction servi par une jolie écriture. Je lirai d’autres romans de Pierre Benoit.

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L'île verte

Avec Pierre Benoît, j'en suis longtemps resté à l'Atlantide, et peut-être m'en serais-je définitivement contenté. Mais une conversation ici-même, il y a quelques mois, m'a poussé à vouloir creuser un peu cet auteur, que j'avais peut-être un peu facilement catalogué parmi les pompes républicaines d'antan. Quand j'ai déniché L'île verte dans son édition originale de 1932, je n'ai pu résister à la jolie couverture surannée ni au parfum de son papier jauni. Sur le moment, je n'ai lu que les deux premières pages : un canot à moteur qui remonte l'estuaire d'un fleuve immense sous un ciel lourd, longeant une île dont la végétation évoque une mangrove impénétrable ; un narrateur qui s'interroge sur les raisons qui l'ont poussé à venir s'installer là pour une ou deux saisons... J'ai refermé le livre, la tête déjà pleine d'exils équatoriaux, d'Orénoque et d'Amazone, d'Oubangui peut-être. Je me suis refusé à en savoir davantage avant de me plonger dans ma lecture, sentant monter une douce impatience au fil des jours, imaginant déjà celle, parmi toutes les histoires possibles, que l'auteur allait me proposer.

Parfois, on pourrait faire la critique non pas des livres que l'on a lus, mais de ceux que l'on a fantasmés. Cela pourrait même être un jeu littéraire fascinant, sans doute très proche de la fiction. Une foule de gens ont déjà eu cette idée, j'en suis bien certain. De toutes façons je me connais : j'ai toujours eu une propension navrante à inventer l'eau chaude, et pire que cela : à m'en émerveiller. Toujours est-il que je me suis peu à peu convaincu que j'allais découvrir une sorte d'Au coeur des ténèbres français...

Et puis le moment de la lecture est venu... C'est peu dire que le rêve s'est dissipé : patatras, l'estuaire exotique n'est plus que celui de la Gironde, très joli, je n'en doute pas, mais bon. L'île verte n'est là dedans qu'un gros banc de sable qui s'est boisé avec le temps et que l'on a mis en culture. Quant à mon narrateur, aventurier désabusé du bout du monde, c'est Benoît lui-même, tout frais débarqué du train de Paris en gare de Bordeaux. Il vient là chercher le sujet de son prochain roman... Consternation de ma part, je n'ai pas honte de le dire.

Je tente néanmoins de poursuivre ma lecture sans parti pris.

L'histoire raconte comment vers le milieu du XIXème siècle, un naturaliste de Bordeaux se prend de passion pour l'île et ses oiseaux migrateurs, au point de venir s'y installer définitivement en abandonnant une affaire prospère. Cette jolie trame de fond écologiste dans un roman de 1932 éveille l'intérêt, mais ce n'est précisément qu'une trame de fond. Pour le reste, il faut bien avouer qu'on patauge dans le mélodrame bourgeois, à grands coups de complots intimes entre la cousine du naturaliste, sa fille et son associé, afin de mettre la main sur le commerce délaissé par le patron. Sous la plume de Benoît, la passion du naturaliste pour ses oiseaux fait de lui un hurluberlu aux frontières du ridicule. A l'inverse, les trois autres personnages, uniquement préoccupés de leurs petits intérêts matériels, sont manifestement considérés comme gens plus raisonnables.

Ca se lit sans effort, et ce n'est pas ennuyeux, il faut le reconnaître. Mais enfin, avec ces personnages si convenus et des dialogues très statiques comme seuls moteurs de l'action, on se situe quand même dans le drame de boulevard assez empesé. Tout au long de ma lecture, des flashes me revenaient de cette vieille émission : Au théâtre ce soir... Et à la fin, je m'attendais presque à ce que les personnages viennent en coeur nous annoncer que les décors étaient de Roger Harth, et les costumes de Donald Cardwell.

Comme je suis un brave garçon, je lui mets quand même trois étoiles, pour son début mais également pour sa fin, très belle et enfin à la hauteur du sujet. Et puis aussi pour tout ce plaisir que le livre m'a procuré par anticipation. De l'importance des préliminaires, en somme...
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Mademoiselle de la Ferté

Mon coup de coeur du jour se nomme Mademoiselle de la Ferté, par Pierre Benoit. Pierre Benoit, cet illustre inconnu ? L'expression convient en effet fort bien à cet auteur inconnu des manuels scolaires et tombé dans l'oubli.



Après avoir goûté la poésie et écrit quelques monographies, Pierre Benoit publie Koenigsmark en 1918, un succès populaire suivi d'une quarantaine de romans. Il est élu à l'Académie française en 1931. A l'époque, il est célèbre pour ses frasques galantes, les canulars et facéties qu'il organise (écrire des billets aux journaux ; organiser des courses de tortues dans les couloirs du Palais Royal ; prétendre avoir été enlevé par le Sein Fein ; être membre de l'association "Le Bassin de Radoub" qui récompense le plus mauvais livre de l'année et couronne le vainqueur d'un aller simple en train dans son village natal accompagné d'une lettre lui demandant de ne plus jamais en revenir). Il est aussi réputé pour être un homme de droite nationaliste et conservateur, marqué par Maurras et Barrès, et qui affiche des convictions antigermanistes (ce qui ne lui évite malheureusement pas la prison à la Libération pour collaboration avec l'ennemi à cause de fausses affirmations).



Pour en revenir à notre auteur, la recette de son succès ? Emmener le lecteur dans un décor exotique, lui faire fréquenter une femme troublante (le tout saupoudré d'une pointe d'érotisme sous-jacent) et mettre le héros devant le choix cornélien entre l'amour et le devoir.



Mademoiselle de la Ferté joue cependant dans un registre différent. Il nous emmène dans la campagne de la région de Dax à la fin du 19ème siècle. Le coup de théâtre apparaît dès le début du roman. Car la réalité que nous dévoile Pierre Benoit est rapidement différente des apparences du début de l'histoire. Anne de la Ferté doit épouser Jacques. Son fiancé est sur le point de la quitter car il doit acquérir dans les îles (Haïti) la maîtrise des techniques du commerce du rhum vendu par l'entreprise de négoce de sa famille. Un an plus tard, il se mariera avec elle. Ce que Pierre Benoit confirme (après 5 pages d'attertoiements) avec une phrase laconique : l'année suivante Jacques convole effectivement en justes noces - mais avec une autre.

Dès lors, que vont contenir les 200 pages suivantes ? La description d'une femme de caractère qui a choisi de vivre dans un coin perdu en évitant toute vie sociale. La situation change sensiblement lorsque la maison voisine est occupée par la jeune veuve de son ex-fiancé.



Pierre Benoit alterne de longues descriptions de la vie rurale (assorties de petites leçons de choses, de descriptions ornithologiques, de maximes vaguement philosophiques) et de changements brutaux de rythme. Nous assistons dès lors aux relations de Anne de la Ferté et de Galswinthe de Saint-Sèlves, en nous demandant sans cesse qui de la veuve ou de l'ex-fiancée est la plus jalouse des deux. Jusqu'à la chute finale inattendue.



Vous l'avez compris, j'ai beaucoup apprécié ce roman, certes pas le plus connu de Pierre Benoit (on se souvient généralement de l'Atlantide ou de Koenigsmark). J'ai aimé que cette femme ne soit pas soumise, mais décide de sa vie quelles qu'en soient les conséquences. Le mot de la fin par Pierre Benoit : "Ainsi vécut, ainsi mourut, cette fille qui, épouse et mère, eût été sans doute le modèle des mères et des épouses".
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Le déjeuner de Sousceyrac

Le déjeuner de Sousceyrac, publié en 1931, roman anthropologique social et culturel, est pour Pierre Benoit l'occasion d'une plongée sans filet dans le Ségala une région de la France profonde coincée entre Figeac et Brives..

Philippe Mestre et son ami Jean remontent sur Paris. Un moteur qui défaille, les force à s'arrêter à Sousceyrac, une petite ville de cette région où Philippe a passé des vacances enfant, sa grand-mère y habitait. Lui vient l'envie de se renseigner sur sa tante Ernestine, la soeur ainée de sa mère. Quand il apprend qu'elle est décédée riche à millions et que lui, le neveu, n'a pas été averti la curiosité le saisit. Y a t'il eu détournement d'héritage et si oui par qui, comment ?..

Un roman aux multiples saveurs plein d'enseignement sur la nature humaine. Un roman que François Mauriac aurait pu signer et fort loin de l'atmosphère onirique de l'Atlandide. Un roman découvert grâce au challenge solidaire. Un roman qui vaut le détour.
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Le soleil de minuit

Auteur prolifique et reconnu de l'entre deux guerres, écrivain globe-trotter, académicien, tombé à présent dans l'oubli, Pierre Benoit reste à mes yeux l'auteur incontournable de l'Atlantide.

Le soleil de minuit, paru en 1930, est un court roman qui nous entraine en Mandchourie. Nous sommes en 1926 et Forestier rejoint l'arsenal de Moukden. Il y est accueilli par le directeur Mr Mauconseil et M Schmidt eux-aussi polytechniciens. Il y a bien un commentaire désobligeant sur lui dans son dossier mais rien ne dit que ce commentaire ne soit pas 'une médisance gratuite.. Les évènements vont très vite s'enchainer et... Forestier se confie

Un homme un brin naïf, tombe éperdument amoureux.

Nous sommes en 1916 à Novo-Petrovsk il fait la connaissance de ... ce sera le début d'une spirale infernale .

Roman d'amour, roman d'aventure, dépaysement , roman historique., il y avait là tous les ingrédients nécessaires à une lecture plaisir. Mais la magie n'a pas opérée. Dommage.
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L'Atlantide

Je remercie Phoenicia pour cette pioche (Mars) même si elle n'a pas eu le succès escompté. Comme souvent avec ce type de bouquin, je me fie plus au titre et à la couverture qu'au résumé car il n'y en a pas. J'avais récupéré ce livre dans le bric-à-brac d'un collègue qui allait bazarder plusieurs cartons de vieux bouquins. Celui-ci a été sorti à cause du mythe de l'Atlantide. Mais à la lecture, on est loin du compte.



Je ne suis pas une grande habituée de la lecture des classiques. du coup, le début de ce roman m'a un peu surprise, on n'entre pas tout de suite dans le vif du sujet. Et après avoir trouvé le résumé sur Babelio, je me rends compte que l'histoire était loin de m'intéresser surtout après avoir lu les 60 premières pages. J'ai déjà été déçue par ma précédente lecture sur l'Amazonie, je continue avec celui-ci malgré un changement de continent. L'histoire me semble plutôt convenue malgré un assassinat à la clé, le style se laisse lire mais il peut être longuet sur certains passages et ce sont ceux-là qui m'ont fait décrocher. Les personnages ne m'intéressaient pas plus que çà et je ne voyais pas l'intérêt de commencer l'histoire de cette façon pour arriver à l'Atlantide. D'ailleurs, ça faisait déjà un moment que je me demandais si je laissais une chance à ce roman ou pas, mais au vu de la hauteur de ma PAL, quand rien ne m'intéresse dans l'histoire, je passe à autre chose et ce sera malheureusement le cas pour celui-ci. Ça me fait toujours un livre de moins dans PAL et plus de temps à lire pour ceux qui me plaisent.



Comme vous l'aurez compris, la déception a été au rendez-vous de ce roman mais je ne suis plus très patiente avec un livre dès que rien n'accroche mon intérêt (histoire, style, personnage...) et que je n'éprouve plus l'envie de l'ouvrir pour le finir à part en lecture forcée où je ne retiens quasiment rien de celui-ci. Si vous êtes amateurs de classiques avec comme toile de fond le Sahara du début du 20ème siècle, je vous conseille de découvrir ce roman et son auteur français, qui semble avoir du succès sur Babelio. Pour ma part, je vais passer mon chemin pour d'autres aventures plus palpitantes. le pire est que je pensais vraiment passer un bon moment de lecture avec ce roman, donc double déception pour moi.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Le désert de Gobi

Il ne m'a pas fallu (et pas les plus célèbres) plus de deux romans de Pierre Benoit pour comprendre la raison de l'immense succès de cet homme qui racontait des histoires à nulle autre pareilles, sauf Robert Louis Stevenson peut-être. Mais aujourd'hui en 2019 je m'interroge : pourquoi le lecteur à abandonné cet écrivain faiseur de légendes ? Trop sceptique ? pas assez gauchiste ? assurément si l'on considère que le gauchisme est né de 1968, date où Pierre Benoit était déjà mort. Pas assez chemise virginale à col Danton peut-être ? pas assez LGBétiste sans doute, pas assez Schiappiste ? (et pourtant chaque roman fait une place centrale à une femme), pas assez Brad Pitt ? trop colonial ? trop académicien ? à moins que ce soit comme Arletty, pas très résistant...

Ce roman publié en 1941 chez Albin Michel est un véritable roman initiatique.

Des hommes partent dans le désert de Gobi avec l'espoir de voir et capturer, pour le vendre à un zoo, un tigre blanc aux mensurations hors normes. C'est la quête aux accents fantastiques, le désert est inquiétant avec ses brumes, d'un animal mythique. Mais c'est aussi une femme pleine de secrets qui va occuper l'esprit des hommes.

Je vous invite à découvrir ce livre et continuer l'aventure avec Pierre Benoit.

Cela vous sera facile car il avait eu la chance de voir ses romans paraître, au moins vingt cinq, en édition de poche. Mieux encore, c'était lui qui avait inauguré la collection avec le premier titre : Koenigsmark.

Alors, à vous l'aventure !
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