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Citations de Pierre-Jakez Hélias (77)


Je n'ai jamais trouvé de conteur parmi les riches. Je ne veux pas prétendre qu'il n'y en ait pas eu. Mais je crois avoir compris que, pour conter, il fallait un certain détachement des biens de ce monde. C'est difficile quand on est possédant. Le souci de ce qui est à vous empêche votre esprit de s'attacher à ce qui est à tout le monde et qui ne coûte rien. Le conteur prend son bien où il se trouve sans léser personne. Plus il est libre et mieux il conte.
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Sa mère lui avait souvent raconté comment, dans sa jeunesse, les plus pauvres s'en allaient chercher, dans ces sabots usés, des braises pour allumer leur feu. Les allumettes coûtaient trop cher pour leur bourse de misérables. Ils se rendaient chez le boulanger, le forgeron, dans toutes les maisons dont ils voyaient fumer la cheminée. Et les assez riches se devaient d'aller, de temps en temps, quémander de la braise aux pauvres par égards pour eux, les pauvres étant fort satisfaits de faire, à titre de revanche, la charité du feu. Ainsi s'établissent et durent les communautés.
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On ne peut pas toujours résister à la pression d'une société qui, malgré ses inégalités et ses aspirations diverses, a pour première ambition de persister comme elle est.
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Dense et légère, au giron de la nuit,
Tombe une pluie de brume
Au déboire amer de rancœur.
L’univers s’évade en fumée,
En haleine fond tout objet
Et, nul chemin devant, nulle trace derrière,
Je fais route en aveugle au pays du silence.
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Un notaire en saura toujours plus qu'un percepteur et un médecin moins qu'un vétérinaire. Quant au gendarme, il ne saura rien du tout à moins qu'il ne soit du pays en question, auquel cas il sera très peu gendarme.
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La mémoire se joue du temps et le temps conserve plus jalousement la diffamation que la vérité.
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Or,les femmes les plus à plaindre sont celles qui sont allées aux fraises comme on dit ,les filles mères.Un moment de faiblesse dans l'été rouge de la moisson à cause d'un sang trop vif, une oreille complaisante prêtée aux compliments dans les chemins creux à cause d'un coeur trop tendre ,une foi trop naïve en de vaines promesses ou simplement la soumission fataliste à un maitre tyran comme il s'en trouve encore et la voilà rejetée d'une société qui crie haro sur celle par qui le scandale arrive.
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La nuit était blanche et noire. Elle avait du mal à digérer le dernier jour de l'année. Le chemin était sec sous mes pieds nus. Qu'avais-je donc fait de mes sabots depuis le temps de Noël ? Mes talons reconnaissaient les cailloux qui m'avaient servi, ceux de ma fronde, ceux de la marelle, ceux des ricochets sur l'eau et ces douces pierres de farine qui faisaient de si beaux dessins sur les portes des étables. J'étais mort de fatigue et je ne me serai arrêté pour rien au monde avant d'avant retrouvé tous ces cailloux, y compris ceux des batailles contre les garnements du bas-bourg. A l'horizon, la mer immobile m'attendait comme un lit.

Le bonhomme de l'an
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Il n'est pas interdit de paraître plus qu'on est dès l'instant qu'on a décidé de faire ce qu'il faut pour devenir effectivement ce qu'on paraît être.
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Pierre Goazcoz les a vu vivre, les pêcheurs de Logan... Mais il n'est pas un seul d'entre eux, débarqué à la côte, qui ne se trouve aussi gêné qu'un cormoran à qui on a raccourci les ailes. Il ne sait pas bien comment on vit parmi les meubles d'une maison, comment on marche sur un chemin solide et immobile. Il jette la jambe un peu trop à gauche ou à droite, assurant le corps sur les genoux pour s'équilibrer d'avance si la terre venait à rouler sous lui. Et que pourrait-il faire de ses mains, sinon les plonger au fond de ses poches, comme on conserve un outil dans son étui quand il a fini de servir pour une fois. A terre, il n'y a pas de cordages sur quoi tirer, ni filets à relever, ni de grands poissons à empaumer pour vider leurs entrailles. Il est parfaitement chômeur, c'est-à-dire en période d'inactivité forcée. Et il lui est difficile de s'éloigner du quai. Il n'aime pas s'enfoncer dans les terres parce qu'il y a des arbres qui cachent l'horizon et même le ciel. Il reste à quai avec les autres, devant les barques désarmées, à tenir des propos de mer et de poissons.
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Il n'y a rien de plus beau qu'un arbre, se plait à dire Alain le Goff. Le pauvre homme ne possède aucun arbre à lui, mais tous ceux qu'il peut voir de ses yeux sont ses complices dans le grand jeu de la Création. Il y en a certains qu'il aime mieux que les autres. Ce ne sont pas les plus triomphants, mais ceux qui peinent à survivre dans le vent sauvage. Il va les voir en hiver, quand ils sont nus. " Regardez- les qui travaillent, dit-il. - Et qu'est-ce qu'ils font, grand-père ? - Ils rattachent la terre au ciel. C'est très difficile, mon fils. le ciel est si léger qu'il est toujours sur le point de prendre la fuite. S'il n'y avait pas d'arbres il nous dirait adieu. Alors, il ne nous resterait plus qu'à mourir. Dieu nous en garde. - Mais il y a des pays où il ne pousse pas un arbre. Je l'ai appris à l'école. On les appelle déserts . - Justement mon fils. Il n'y a pas d'hommes par là-bas. Le ciel s'est décroché.
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Notre démon en chef se trouvait donc dans une situation qu'il aurait qualifiée de désespérée s'il avait été dans sa nature de connaître le désespoir. Son domaine se rétrécissait de siècle en siècle jusqu'à n'être bientôt plus que lui-même et son ombre. Ses Enfers mal tenus se vidaient de leurs damnés les plus résignés, soit qu'ils eussent la nostalgie de la terre et ils trouvaient le moyen d'y retourner, soit que vinssent les délivrer certains vivants qui n'avaient plus peur de rien. Et le recrutement de ses sujets se faisait rare. Il se rappelait l'heureux temps où il avait à son service plus de mauvais esprits incarnés que l'océan n'a de gouttes d'eau. Et ses envoyés s'activaient partout où il y avait des âmes à perdre, le travail ne manquait jamais malgré la concurrence des anges gardiens. Hélas, il se reprochait maintenant de n'avoir pas tenu la bride assez courte à ses séides ni surveillé d'assez près les dérèglements de ses innombrables filleuls. Tout ce vilain monde s'était taillé des principautés indépendantes dans son empire. Et même on ne le reconnaissait plus pour empereur. Il avait raté si souvent ses entreprises que le plus médiocre diablotin de la dernière classe ne venait même plus aux ordres. Encore un peu de temps et toute la diablerie se proclamerait en république. L'abdication n'était pas loin.
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Il y a trois sortes d'hommes : les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer.

Platon
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Il y a dans l'année une date qui fait se retourner bien des ménagers sur leur couette de balle d'avoine à longueur de nuit. C'est la Saint Michel à la fin de septembre. Ce jour là ou le jour suivant il faut trouver assez d'écus pour payer ce qu'on doit, locations et fermages. S'il n'y a pas " de quoi" dans l'armoire il faut quitter. On charge le ménage sur une charrette à ridelles, les lits, les tables, les bancs, les ustensiles, les humbles trousseaux ramassés dans une grosse serpillière. On juche les enfants sur le tas, on attache la vache derrière quand elle n'a pas été vendue et l'on part en silence vers un autre logis plus misérable que le premier. On part de bon matin, entre nuit et jour, pour rencontrer le moins de gens possible. Encore heureux quand on ne croise pas une autre charrettée, celle des gens qui vont prendre votre place et qui rameutent tout le monde sur leur passage, les fumiers, pour faire savoir qu'ils grimpent l'échelle tandis que vous la descendez
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Je connais des gens irrités par la lenteur des paysans qui circulent dans leur ville. Peut-etre feraient-ils mieux de s'irriter de leur propre hâte .Nous arriverons à Noel ensemble.
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Yann, pa vo mezo
Frapit warnan dre e vleo,
Stagit anezan ouz pao ar bank
Da deurel warnan gand enn drojenn lann
Stagit anezan ouz pao au daol
Da zrailla warnan enn drojenn gaol
Bannit anezan en e wele
Ha troit e reor ouz ar pennwele


Yann, quand il est plein de vinasse,
Attrapez-le par la tignasse,
Attachez-le au pied du banc
Pour le battre à l'ajonc piquant
Attachez-le au pied de la table
Pour lui casser un trognon sur le râble
Balancez-le dans son pucier
Tournez-lui le cul contre l'oreiller.
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S'il avait été complètement irréprochable, ses parents eussent été bien en peine. On raconte que la sagesse trop vite attrapée nous empêche de devenir vieux. Mais le petit Vincent pouvait espérer devenir grand-père parce qu'il était absolument sans force devant un fruit, un seul, mais sans pareil et plus respectable que tous les fruits des vergers : la mère des pommes.

La mère des pommes
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Aucune vie n'est ratée lorsqu'elle offre assez d'intérêts renouvelés pour donner du goût, et même du piquant, à la succession des jours.
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Alain Le Goff, qui sait tant de choses, déclare ne rien savoir sur l'Ankou*. Mais mon grand-père le sabotier me confirme que le personnage a bien deux domestiques. L'un est maigre, l'autre gras. Le premier est mort de misère, le second de trop d'abondance. c'est pourquoi, mon fils, il faut se tenir entre les deux pour se garder vivant.

*la Mort, dans les légendes bretonnes
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Le lit-clos n'était pas seulement une armoire à sommeil, c'était un appartement tout entier. Haut et massif, il se dressait dans un coin de la pièce, entre la cloison et la fenêtre, de telle manière que le banc pour y monter servait aussi de banc pour la table.
Il y en avait souvent un autre aussi contre le mur du fond.
Dans les grandes salles de ferme, dans les maisons sans cloisons où la pièce commune occupait tout l'intérieur des murs, il n'était pas rare de voir cette pièce divisée en compartiments par des lits-clos accotés aux murs de part et d'autres des fenêtres, quelquefois adossés deux par deux.
Le problème était d'abord d'éviter la promiscuité dans une salle unique où devaient dormir ensembles des hommes, des femmes et des enfants, des maîtres et des serviteurs.....
(extrait de "l'armoire à sommeil", chapitre du volume paru aux éditions "Plon" en 1977)
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