Citations de Pierre-Jakez Hélias (77)
Quand on est né le plus pauvre parmi les pauvres, il est bon d’avoir quelque hautesse dans le cœur. Extrait de Les autres et les miens
La réserve apparente des peuples celtiques, qu'on prend souvent pour de la froideur, tient à cette timidité intérieure qui leur fait croire qu'un sentiment perd la moitié de sa valeur quand il est exprimé et que le cœur ne doit avoir d'autre spectateur que lui-même. [Ernest Renan]
Cet homme comprenait tout à demi-mot, il disait tout sans avoir l'air d'y toucher. Et pour parler comme il faisait il fallait bien qu'il eût l'habitude, non seulement de tirer enseignement de ce qu'il pouvait voir et entendre, mais encore de démêler tout ce qui ne passait pas en actes et en paroles. Ce bavard occasionnel était un traducteur des silences.
Le théâtre est une domestication.
Certains Cercles de la montagne sont uniquement constitués de paysans et de paysannes qui n'ont aucune rupture dans leurs manifestations festivales. L'authenticité de leurs danses et de leurs chants est éclatante.
L'Homme à la Barque avait sans doute un nom qui lui venait de son père, à moins que son père lui-même ne se fut appelé l'Homme à la Barque. Un nom, c'est peu de chose puisque le moindre roquet a le sien. Un nom, c'est bon pour tromper sur la personne puisque Le Roux, quelquefois, est aussi noir que la suie tandis que Le Long est plus courtaud qu'une betterave en année sèche.
La liberté, c'est de n'être esclave que de soi-même.
On ne peut être connu et célébré qu'en abandonnant une part de ce qui est essentiellement à soi.
[De la danse et de ses enjeux]
Et un gaillard qui ne faiblit pas des jambe, qui se tient le torse raide jusqu'au dernier éclat de la bombarde, celui-là fera un bon valet de labour. Une fille qui danse juste et qui contrôle constamment ses gestes, celle-là travaillera vite et sans perdre de temps, sans casser de vaisselle, sans bavardage vain, on peut y compter presque sûrement.
La destruction par explosifs du monument de l'unionde la Bretagne et de la France nous était apparue, à mes camarades et à moi, comme un attentat symbolique, commis par quelques exaltés mais sans grand rapport avec la situation actuelle de la Bretagne.
Corps humain,
Tu ne vaux pas un liard au prix du monde
Et tu crains
Tout le temps que tu cours ta ronde
Avant la mort immonde
Et le tombeau froid
Où ton rien
Fumera le sol, qui nous dira pourquoi ?
Sur la palud de la mer
Elle a cueilli le chardon
Sur la palud de la mer
Me l’a donné en pardon.
C’est trop tard de bien des ans,
Le temps d’automne est venu.
Je n’ai pas su qu’au printemps
M’aimait Rozenn Kernitu
" Le bouseux avait trempé son cœur au sel ! "
Qu'est-ce qui grandit à mesure qu'on en retire quelque chose. Bon. A force d'observer, je trouve : le trou.
Mais le grand diable des contes avait bien dit adieu, fatigué d'être berné à tous les coups par le premier aventurier venu, avec ou sans bâton de fer. Celui du catéchisme aussi, le même que l'autre, mais qui faisait peur, celui-là. Le bénitier avait fini par avoir raison. Triomphent désormais des légions démoniaques d'un ordre inférieur qui assiègent de partout les pauvres humains que nous sommes. Et au lieu de nous attaquer du dehors, ils nous entreprennent du dedans. Si nous avions quelque sens moral et quelque souci de notre bien, nous passerions plus de temps à pleurer le Grand Diable qu'à regarder la télévision.
Il en venait à conclure qu'il n'avait servi qu'à leur faire reprendre leur entière communauté tout en restant lui-même en dehors de celle-ci. Pareil à ces substances qu'on appelle des catalyseurs et qui rendent possibles des réactions entre d'autres corps sans subir de modification dans leurs propres caractéristiques. (p.337)
Mon grand père a déjà bien commencé mon éducation depuis que je suis sorti du berceau. [...]Un vrai grand-père est quelqu'un qui n'a plus de responsabilités, ce qui le rapproche naturellement des enfants qui n'en ont pas encore. L'âge tendre et l'âge avancé sont complices. Les parents sont d'accord pour les laisser ensemble pendant quelques années, jusqu’à ce que le père juge le temps venu de prendre le fils en main. Et c'est la fin du vert paradis.
Quand on laisse mourir le feu de Noël, il n'y a plus qu'un moyen de le rallumer. C'est d'aller chercher le feu des étoiles
Pierre Jakez Hélias (Les autres et les Miens)
Morte Maï Zall qui récurait si bien les soupières et les plats à chaque fricot où elle était obligatoirement invitée. Les repas de noces sont toujours abondants mais déjà plus raffinés.
Le Perig dont il sera question nourrissait une "cœurée" de tendresse envers la Brigitte dont je parlerai. Et la Brigitte aurait tant aimé avoir le Perig pour époux que l'eau lui montait aux yeux chaque fois qu'elle voyait le garçon à cheval ou à pied. Hélas ! Le pauvre Perig souffrait d'une maladie qui mord souvent les jeunes, c'est-à-dire qu'il avait moins de pièces d'un écu que de doigts sur les deux mains.