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Critiques de Posy Simmonds (253)
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Literary Life : Scènes de la vie littéraire

C’est une suite de rubriques en noir et blanc sur le thème du monde du livre : les auteurs, la librairie, les éditeurs… C’est d’un humour pince sans rire, se moquant des travers des uns et des autres. Il y a la crise de la page blanche, le rapport de l’auteur aux critiques, les salons, la libraire aux convictions secouées par la raison financière, l’auteur en mal d’égo… Tout ce petit monde est décortiqué, gentiment critiqué avec une ironie complaisante. Sympathique, mais peut-être un peu trop spécialement ciblé pour un lectorat du milieu littéraire.
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Literary Life : Scènes de la vie littéraire

Petits dirty little secrets du monde de l'édition présentés par Posy Simmonds , chaud devant !



Cette bande dessinée rassemble des planches faites pour différents périodiques britanniques. Tout le monde en prend pour son grade, des auteurs aux éditeurs, en passant par les universitaires pédants , les critiques littéraires, les libraires et les lecteurs aux goûts pourris (enfin, assez peu dans ce dernier cas quand même).

Le constat est assez navrant. Oui, l'édition est une entreprise comme une autre avec les mêmes objectifs : profits, rentabilité, marketing. Et quand est-il du fond ? Sur les "missions" de la littérature ? On s'en moque ! C'est comme en politique : ses promesses n'engagent que ceux (ci, les lecteurs) qui y croient.



Toutes les planches ne se valaient pas. J'ai plus particulièrement aimé celles qui mettaient en scène le Docteur Derek et l'agent spécial Rick Raker. Ces deux personnages ont notamment le mérite d'offrir une nouveauté (un peu rafraîchissante) dans l’œuvre de Posy Simmonds.

Une lecture qui ravira les amateurs de littérature.. et d'humour !
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Tamara Drewe

Stonefield est le paradis des écrivains en herbe et des scribouilleurs du dimanche. Quelle que soit la période de l’année, ils sont nombreux à venir profiter de la cuisine délicieuse de Beth, l’hôtesse de cette charmante retraite campagnarde, des sapiences de Nicolas, son écrivain à succès (et un brin cavaleur) de mari, et des beuglements des vaches ruminants dans les champs environnants. Et tout ce beau monde se prélasse dans des chaises longues, fait des ballades digestives dans les prés et, en somme, s’ennuie un peu… Jusqu’au jour où Tamara Drewe débarque pour s’installer quelques temps dans la maison de campagne de sa mère récemment décédée.



Tamara Drewe est tout simplement TROP. Trop sexy. Trop londonienne. Trop tout. Avec ses shorts extra-courts et son nez refait, la jolie journaliste ne va pas tarder à faire tourner toutes les têtes masculines des alentours – et, par la même occasion, faire monter sur leurs grands chevaux toutes les matrones du coin, soucieuse de garder leurs époux époustouflés en laisse. C’en est fini du paisible train de vie campagnard ! Les taureaux fulminent dans les champs, les maris bavent de lubricité, les épouses s’énervent et les écrivains en herbe lorgnent tout ça par le trou de la serrure … Et dire qu’il y en a pour affirmer que la vie à la campagne est bonne pour les nerfs !



Charmante découverte que ce roman graphique ! D’abord un peu rebutée par les couleurs pastelles et les décors mièvrement campagnards (en ce qui me concerne, la campagne, c’est plutôt le truc des autres), je suis vite tombée sous le charme de la plume incisive et légère de Posy Simmons. Sous les dehors d’une comédie romantico-sociale, cette talentueuse auteur anglaise dresse un portrait juste et ironique des campagnes britanniques et de la « faune » qui la peuple – petits bourgeois provinciaux, adolescents s’ennuyant ferme en attendant la fin des vacances d’été, londoniens avides d’air frais… Chaque protagoniste est planté avec beaucoup de justesse et les intrigues frappent par leur réalisme sans concession. Le personnage de Tamara pourrait, par exemple, être facilement cantonné à celui de la garce nymphomane, mais s’avère suffisamment nuancée pour attirer la sympathie (bon, ok, on a aussi envie de lui flanquer des gifles de temps en temps, mais on a tous connu des filles comme ça, non ?).



Un petit mot également sur la forme assez remarquable : Posy Simmons a adopté un parti-pris ingénieux consistant à alterner des passages en bande-dessinée et des paragraphes de texte à la première personne permettant de découvrir les points de vue des différents personnages. Un procédé rarement utilisé et très efficace qui place « Tamara Drewe » à la frontière entre la bande-dessinée et le roman. Pour la petite histoire, le roman graphique est librement inspiré d’une oeuvre célèbre de l'écrivain britannique Thomas Hardy : « Loin de la foule déchaînée » – livre qui rejoint aussitôt ma pile déjà imposante de bouquins à dévorer.

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Gemma Bovery

Effectivement, Gemma Bovery est une réécriture de Madame Bovary, mais elle en prend son plus parfait contrepied, à mon sens très anglais. Pourquoi ?



Parce que certes, Gemma est une jeune femme malheureuse dans son mariage avec Charlie, qui s'ennuie dans son cottage normand qu'elle a acheté pour quitter Londres, qui trouvera réconfort dans une liaison avec le jeune châtelain du coin et des achats dispendieux pour redécorer son intérieur, , mais, au contraire d'Emma, Gemma ne subit rien, c'est elle qui entreprend et décide de son existence, repoussant d'ailleurs ironiquement tout romanesque le plus longtemps possible, telle la lecture du roman sur celle qui la représente selon Joubert, le boulanger du village, narrateur de l'histoire de Gemma, et qui insiste pour qu'il découvre sa presque homonyme.



Toute la tragédie de l'histoire d'Emma est ici retournée en une histoire certes encore dramatique, mais bien souvent emplie de dérision et d'absurde, mais qui n'en garde pas moins tout l'aspect satirique de l’œuvre originelle en la description de l'entourage de Gemma et d'elle-même, souvent incisive et mordante.



Une découverte très intéressante, que j'ai préféré à Tamara Drewe, lue l'année dernière.
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Tamara Drewe

Imaginez : un petit cottage dans la campagne anglaise, entouré par des champs et des vaches. Un lieu si paisible que les ados expérimentent toutes sorte de choses pour trahir leur ennui.

C'est l'endroit idéal pour se retirer de l'agitation citadine lorsqu'on est écrivain!



Beth Hardiman quinquagénaire enrobée, dévouée à son mari volage et besogneuse l'a bien compris. Elle est donc propriétaire d'un genre de Bed & Breakfast pour écrivains.

Seulement la tranquillité de ce petit monde est troublé par l'arrivée de Tamara Drewe : la Belle au milieu de la bouse! (merci la chirurgie esthétique!)



Vous l'aurez compris, il y a de l'humour - so British, of course! Mais je n'ai pas été très emballée par cette histoire trop "inspirée de" (Loin de la foulé déchaînée de Thomas Hardy, Bridget Jones et Sex 'n the City).

Trop d'adaptations tuent le résultat final !



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Gemma Bovery

Avant « Tamara Drewe », Posy Simmonds s’était déjà attaquée à la revisitation d’auteurs classiques européens. Pour notre plus grand orgueil franchouillard, c’est au chef-d’œuvre de Gustave Flaubert, « Madame Bovary », qu’elle a rendu hommage cette fois – et avec autant de charme que de talent ! Si l’histoire se déroule majoritairement en France, c’est en Angleterre que débutent les événements. Gemma Bovery est une jeune britannique de bonne famille, en apparence comblée de tous les bienfaits : la beauté, l’intelligence, un sens artistique aigu et un époux plus âgé qui l'adore. Mais Gemma souffre d’un mal aussi vieux que le monde. Elle s’ennuie. Mortellement.



Pour fuir Londre et sa grisaille, elle arrive à convaincre son mari de déménager en Normandie, cette terre promise remplie de gens adorables et de verts pâturages. Pendant les premières semaines de vie campagnarde, Gemma est aux anges, mais très vite l’ennui s’installe à nouveau avec tout son lot de petites exaspérations quotidiennes : les français sont des ploucs, son mari un mollasson, leurs voisins anglais des imbéciles… Le seul qui trouverait grâce aux yeux sévères de Gemma serait, à la rigueur, le jeune nobliau qui vient de s’installer dans le manoir voisinant leur ferme pour réviser son examen de droit. Il est mignon comme tout, ce petit français, et que ne ferait-on pas pour échapper au morne train-train ? Mensonges, adultères, intrigues, la vie de Gemma prend soudain un tour bien plus passionnant ! Mais toute cette belle histoire ne pourra pas durer éternellement et le drame attend au détour d’un sentier…



L’histoire est connue et la fin en est dévoilée dès les premières pages – Gemma Bovary a été retrouvée morte dans la cuisine de sa ferme – toute la question étant de savoir quels événements ont entrainé cette tragique conclusion. Posy Simmonds fait preuve d’un indubitable talent à ce jeu et d’un grand sens de la narration qui font de « Gemma Bovery » un ouvrage passionnant à découvrir (y compris pour les lecteurs de Flaubert qui savent déjà à quoi s’en tenir). La bande dessinée possède toutes les qualités qui m’avaient tant séduite dans « Tamara Drewe » : un style d’écriture sensible et léger, un humour à la fois ironique et cruel et des personnages aussi attachants qu’agaçants. On retrouve également le même format original associant passages en bande dessinée et paragraphes romancés. Encore une fois une excellente bande dessinée ; Posy Simmonds est décidément un auteur à suivre !

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Gemma Bovery

Je garde un souvenir très amusé de Gemma Bovery.



La 1ère raison est que ma mère me l'avait offert quelques temps après que j'ai lu LA Madame Bovary de Flaubert, que j'avais détesté ! Bien sûr j'ai tout de suite compris l'ironie du cadeau, mais, après tout, je me suis dit "pourquoi pas ? "



Aujourd'hui encore je me dit que j'ai bien fait. La narration de Posy Simmonds est bien moins ennuyeuse que celle de Flaubert . La forme qu'elle a choisi, celle du roman graphique, y est sans doute pour beaucoup c'est certain.



Ce que j'ai aimé aussi c'est ce mélange de français et d'anglais (j'ai lu la traduction française, pas la version originale) qui donne un charme à toute cette mise en scène. De cette façon, j'ai compris pourquoi les Anglais aiment Madame Bovary. Le cadre de la campagne normande où Madââme s'ennuie et cherche le frisson fait un écho très net à la campagne anglaise avec ses petits cottages avec autours ... des moutons pour tenir compagnie aux vaches !



Une histoire bien française avec un humour oh so British : un régal !

Gemma Bovery aura donc réussi à me réconcilier un peu avec l'oeuvre originale.
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Cassandra Darke

Cassandra Darke est une célèbre marchande d’art, peut-être aussi connue pour son caractère antipathique et son mépris naturel pour les autres que son talent à découvrir des pépites artistiques. En ce décembre 2016, la renommée qui la protégeait jusque-là s’effondre quand les fraudes qu’elle organisait sur des œuvres d’art, sans réellement trop savoir pourquoi, sont découvertes et qu’elle est condamnée par la justice. L’opprobre s’abat sur elle, et elle s’enferme dans une vie solitaire, troublée quelques temps après par la découverte par hasard dans le sous-sol de sa maison, transformé en un logement occupé un temps par son ex-belle-fille Nicki, un revolver et son chargeur. Que vient-il faire là ? Appartient-il à Nicki ?



C’est le début d’une histoire rocambolesque dans laquelle Cassandra prendra part malgré elle, pas tellement disposée à aider Nicki. Il faut dire aussi qu’au-delà de l’égoïsme de Cassandra déterminée à mener une vie tranquille, les relations avec Nicki, jeune bourgeoise qui ne s’avoue pas ses privilèges, ne sont pas tellement au beau fixe.



« Cassandra Darke » est la première rencontre avec un roman graphique de Posy Simmonds dont j’avais beaucoup entendu parler depuis « Tamara Drewe », et j’avoue qu’elle est assez mitigée. J’ai beaucoup aimé le trait et la précision de celui-ci, la grosse place laissée au texte, qui peut « rassurer » les lecteurs non familiers de ce genre littéraire. Mais j’ai eu du mal parfois à trouver l’ordre dans lequel lire le texte et les bulles, détail assez symbolique du désordre de la chronologie des évènements tels qu’ils sont narrés.



Malgré les dates annoncées en début de « chapitres », j’ai eu du mal à reconstituer une histoire dont le sens m’a échappé. Certains critiques ont pu écrire (Les Inrocks) que Posy Simmonds « se régale à souligner les travers de la société moderne », mais je n’ai pas bien réussi à voir lesquels exactement : le marché de l’art, la misanthropie, à travers le personnage de Cassandra ? Une jeunesse dorée qui crache sur ses privilèges, à travers celui de Nicki ? La fin un peu positive pour Cassandra, qui met de l’eau dans son bourgogne de luxe quant à ses relations avec les autres, m’a parue également un peu moralisatrice.



J’essaierai de lire « Tamara Drewe » pour me faire une idée plus définitive sur l’œuvre de Posy Simmonds.

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Gemma Bovery

Lorsque l'Angleterre et la France croisent ainsi le fer, les étincelles ne peuvent être que lumineuses !

Posy Simmonds s'impose avec grâce comme la reine de la revisite audacieuse des grands auteurs comme Gustave Flaubert ou Thomas Hardy : Gemma Bovery, comme Tamara Drewe (du même auteur, aux éditions DENOËL), sont des étoiles filantes belles, intelligentes, cultivées et leur credo est celui d'incarner ou de symboliser la liberté éclairant le monde (Liberty Enlightening the World).

De quoi provoquer le trouble chez la gent masculine peu encline à céder ses privilèges, alors la résistance s'installe.



Gemma, notre jeune mariée, est anglaise et semble désormais à l'abri des tracasseries ordinaires depuis qu'elle a séduit Charles Bovery son très gentil mari. Douée d'un remarquable potentiel de persuasion, elle le convainc d'en finir avec la grisaille londonienne et la trop préoccupante proximité de son ex-épouse pour s'installer dans un joli cottage de Normandie. Mais Gemma s'y ennuie rapidement et tous les charmes du bocage normand ne suffiront pas à la distraire tout à fait.

Surtout que se niche aussi dans ce tranquille village Raymond Joubert, un littéraire parisien plus ou moins reconverti en boulanger, très cultivé et soi-disant ouvert d'esprit. Mais Raymond n'a pas que des qualités ; envieux et jaloux, il nourrit un véritable culte à Gustave Flaubert et recherche çà et là les traces de son œuvre reniflant, humant, portant un regard inquisiteur comme le ferait un Limier qui, parait-il, a le meilleur nez de tous les chiens de meute tant il excelle à suivre une piste.

Forcément, lorsque s'installe dans le voisinage ce couple d'Anglais aux noms si familiers et au mode de vie tellement inspiré, son sang ne fait qu'un tour... et quand la beauté de Gemma s'invite jusque dans sa boulangerie, alors Raymond n'a plus qu'une idée en tête.



Un drame passionnant dont il existe une intéressante adaptation au cinéma réalisée par Anne Fontaine avec Gemma Arterton en Gemma Bovery, Fabrice Luchini en Martin Joubert rongé par le désir et Jason Flemyng en Charlie Bovery…



Le moins bon côté de cet album est la difficulté de la lecture. Des petits caractères, un certain enchevêtrement des textes et des dessins qui auraient gagnés à être mieux définis, mais le scénario est truculent et vous emportera, soyez-en certains.
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Tamara Drewe

Pour le coup, voici un vrai roman graphique. Un genre de Smoking/No Smoking très librement inspiré du formidable roman de Thomas Hardy.



Quelques personnages pittoresques fréquentent un confortable Bed & Breakfast appelé justement Loin de la Foule Déchaînée et tenu par Beth Hardiman, une femme remarquable, dont le seul défaut est d'avoir un mari soi-disant écrivain (inspiré du riche voisin Boldwood) dont la goujaterie pitoyable n'a d'égale que sa lâcheté.

A des kilomètre de ce havre de paix, Bathsheba Everdene, alias Tamara Drewe, soi dit en passant pur produit de la upper-middle-class londonienne, passait son activité de journaliste à alimenter des tabloïds volants au ras des pâquerettes avant que son ambition ne la pousse à :

a) Se refaire le nez passant ainsi de jolie à ensorcelante

b) Prendre la décision d'aborder la fiction, puis d'écrire deux ou trois romans afin de faire bonne mesure et – why not – un livre pour enfants

c) Voir les pâquerettes de plus près...



Mais à la faveur d'un héritage lui permettant de reprendre possession de la belle demeure familiale, Tamara est de retour au pays ce qui suspend momentanément ses projets de conquête du monde.

Voici donc plantée au beau milieu de ce décor délicieusement bucolique notre grande et sublime grenade dégoupillée du genre à se promener pieds nus – grands dieux ! – et en mini short sexy arpentant de long en large la très verte et si paisible campagne anglaise – du moins en apparence – où les bovins disputent encore aux écrivains en mal d'inspiration des arpents de pré restés humides de la suite du dernier passage nuageux. Mais elle est surtout le genre de fille instinctive n'ayant pas froid aux yeux et qui n'hésitera à faire tous les choix que sa liberté lui permet afin de tenter de vivre son idéal.

Forcément, ça déplaira à quelques mâles réactionnaires qui ne rêveraient pas mieux que de n'en faire qu'une bouchée au passage.

Est-ce qu'Andy Cobb, le beau et taciturne jardinier circulant dans un vieux Land-Rover décrépi, saura lui faire oublier les feux de Londres ?



Un joli portrait à charge féroce et goguenard de l'Angleterre contemporaine.
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Cassandra Darke

Cassandra Darke est une riche marchande d’art qui vit dans un quartier chic de Londres. Cependant, n’allez surtout pas imaginer une belle blonde froide à la manière des égéries d’Hitchcock. Cassandra Darke est une vieille dame, obèse, aigrie, misanthrope et particulièrement désagréable. A l’automne de sa vie, le bilan n’est pas très rose : divorcée, sans enfants, sans amants, sans envies, elle reprend la galerie de son mari qui est mourant ou même déjà mort. C’est dans cette existence morne et bien rangée que débarque sa nièce, Nickki, comme un chien dans un jeu de quille…



Je ne sais plus qui a dit que les meilleures autrices de romans policiers sont anglaises, mais Posy Simmonds ne déroge pas à la règle. Des personnages aussi vrais que profonds, un texte aussi subtil que sombre, un scénario prenant et surprenant, on est dans un polar de haut vol. Lisez de toute urgence ce roman graphique avant que le cinéma s’en empare : l’adaptation ne saurait tarder !

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True love: Une romance graphique

Après Art Spiegelman, Claire Bretécher, Franquin, Riad Sattouf, Catherine Meurisse et Chris Ware, la Bpi du Centre Pompidou continue d'honorer les arts graphiques avec l'exposition consacrée à Posy Simmonds (jusqu'au 1er avril), la reine du roman graphique, genre dont elle est incontestablement la pionnière par un heureux mélange de contraintes de mise en pages et d'amour de la littérature. C'est, en effet, à l'occasion de la parution dans le Gardian de la série Gemma Bovery qu'elle a dû se débrouiller pour caser dans un espace étroit et long dessins et textes. Comment pouvait-elle faire autrement, elle qui, dit-elle, "aime autant dessiner qu'écrire " ?



Le genre était lancé et a plu autant que décontenancé les amateurs de bandes dessinées peu habitués à cette mise en forme originale. Est-ce un roman, est-ce une bande dessinée, se demandaient certains.



C'est avec la lecture de Gemma Bevary, paru ensuite en album, que j'ai découvert Posy Simmonds et suis tombée littéralement in love de cette english lady.



Paris étant loin de moi, je suis venue à elle en me procurant cet ouvrage concocté en écho à cette exposition, décidée à lire tout ce qui concerne cette dessinatrice aux talents multiples. Et quel bonheur car il donne à découvrir son premier roman graphique True Love, pour la première fois traduit en français.



Si True Love est la première de ses oeuvres futures que sont Gemma Bovery, Tamara Drewe et Cassandra Darke, et donc moins abouti, on découvre déjà l'imagination graphique et le sens de la composition de Posy Simmonds. True Love retourne l'amour romantique comme un gant, joue des codes des romances de façon grinçante, ironique et féministe, en mettant en scène une histoire d'amour entre une jeune femme loin des clichés de la belle nana sexy et un vieux beau volage et cynique.



Car de l'ironie, de l'humour satirique et du féminisme, Posy Simmonds en a plein dans ses crayons, forgée en cela par ses années de dessinatrice de presse à une époque où les mâles dominaient le terrain. Son talent, le respect du Guardian envers elle et l'expérience qu'elle y a acquise ont fait qu'elle s'est doucement et sûrement imposée comme une artiste de premier ordre tout en restant étonnamment modeste. C'est ce qu'on découvre dans le très intéressant entretien de Posy Simmonds, appelé Autoportrait, qu'elle a accordé à Anne-Claire Norot et qui conclut ce catalogue.



Avant, on découvre les débuts prometteurs de Posy Simmonds avec un florilège de dessins sortis de ses cartons privés, des one pagers des années 80, un conte inspiré par le patrimoine des contes de fées , des extraits de ses albums pour enfants, etc.



Bref, plus je découvre Posy Simmonds plus j'aime ses dessins qui fourmillent de détails, les trognes qu'elle croque avec extrêmement de talent, la profondeur de ses textes, son amour de la littérature dont elle s'inspire.



Un tout petit bémol qui n'a cependant en rien retiré à mon plaisir, cet ouvrage aurait mérité un papier de qualité supérieure et surtout une couverture pelliculée. Celle choisie est très fragile et s'abîme à grande vitesse. Selon mon libraire, cette tendance à baisser la qualité du papier est de plus en plus fréquente, même chez les grandes maisons d'édition, alors qu'à contrario, le prix des livres augmente... Allez comprendre... Je me console en attendant avec impatience le prochain roman graphique dont elle nous fait la faveur de nous livrer des croquis préparatoires.



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Cassandra Darke

J'ai pris ce roman graphique uniquement par curiosité après l'avoir vu passé ici ou là et l'apparence du personnage sur la couverture m'intriguait.



Alors oui : Cassandra est une teigne grincheuse, une ourse mal léchée doublée d'une escroc en œuvres d'art, en pleine déconfiture après la découverte de ses méfaits. Mais elle se donne toujours le beau rôle et se fait sa propre philosophie. Elle va devoir se lancer dans une enquête par la force des choses, après avoir accueilli une jeune femme, Nicki dans son sous-sol (on ne mélange pas torchon et serviette) où quelques objets abandonnés risquent de lui causer bien des soucis.



Mon premier Posy Simmonds et je dois dire que je ne suis pas conquise. L'histoire est assez poussive et la forme est assez particulière : à la fois narrative à la manière d'un texte mais aussi sous la forme d'un roman graphique et cette présentation m'a un peu gênée.



On retrouve, certes, ce qui fait le charme de la littérature anglaise avec un personnage haut en couleur, atypique, détestable à souhait mais sur le chemin de la rédemption car confrontée à l'insu de son plein gré à la détresse humaine, mais j'ai trouvé que c'était long, parfois confus et finalement j'ai été peu tenu en haleine.



Roman ou roman graphique, pour moi il faut choisir et là pour moi l'intrigue n'était pas suffisante pour retenir mon intérêt et puis que de bla-bla...... Original mais originalité qui ne m'a pas convaincue.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Gemma Bovery

J'ai beaucoup apprécié le film (plus encore que le film de Jean Becker), charmante chronique d'Anne fontaine, qui retrouve là le meilleur de son cinéma, entre comédie très efficace sur le choc des cultures et peinture au vitriol d'un microcosme.



Anne Fontaine a donc adapté un célèbre roman graphique britannique éponyme, lui-même inspiré évidemment comme son titre l'indique, par le chef-d'oeuvre de Flaubert, est qui est construite sur l'air du diction "la nature imite l'art".



Publié en France en 2000, son Gemma Bovery est ressortie à la rentrée, augmenté d’une série de dessins inédits, et d'une préface d'Anne Fontaine expliquant les partis pris de son adaptation et les raisons de son coup de coeur pour cette oeuvre là. On apprend notamment que le roman graphique, genre à la frontière de la littérature et de la BD classique, est plus «libre» dans sa forme qu'une BD classique et utilise des outils de narration plus proches que ceux du 7ème art.



On entre ainsi dans le scénario d'un roman graphique comme dans un film et il n'est donc guère étonnant qu'après Tamaa Dreve adapté par Stephen Frears en 2009 (une adaptation qui m'avait laissé un peu mitigé), Anne Fontaine ait souhaité également mettre en image un roman graphique de P Simmonds.



J'ai lu le roman graphique de Posy Simmonds après avoir vu le film d'Anne Fontaine, et je pense que si j'avais fait le contraire, le film m'aurait très certainement moins enthousiasmé.



Il y a quand même des différences notables entre le livre et le film, ce dernier se concentrant bien sur le personnage de Luchini, impeccable en maître ès fantasmes, dont le seul plaisir est d'essayer de faire coïncider réalité avec fiction (littéraire)...



Dans la BD de Posy Simmons, le boulanger/ narrateur est toujours le témoin clé de son parcours, mais reste beaucoup moins acteur et bien plus en retrait que Lucchini. Et d'ailleurs, dans le film de Fontaine, les séquences les plus jouissives sont sûrement celles qui mettent en scène Lucchini et Gemma Atterton, avec quelques scènes supplémentaires par rapport au livre particulièrement jubilatoires (je pense à celle de la guèpe notamment).



bovery-livre3Pareil pour le sort réservé à Gemma : si les premières pages du roman graphique nous amènent immédiatement à connaître la mort de Gemma, ceci afin que le lecteur ait accès à ses journaux intimes, le film est plus flou sur la destinée de Gemma (désolé pour le spoil) avant la dernière demi heure, et le dénouement, qui là ressemble beaucoup plus à celui du livre.



En fait, le roman graphique axe beaucoup plus sur la vie de Charlie et sa femme avant de venir en Normandie, et les problèmes de Charlie et de son ex femme, qui sont totalement passés sous silence du film français.



On aime particulièrement la construction mêlant beaucoup de texte à quelques vignettes, complétant ou illustrant l'histoire et les dessins noir et blanc d'une beauté assez singulière, une construction qui permet croiser les points de vue de Gemma et de son voisin –et dans le présent et dans le passé-, et d'accéder à une multitude d'interprétations fort intéressantes.



Bref, si "Gemma Bovery" le film m'a sans doute plus emballé que Gemma Bovery le roman graphique, c'est certainement dû au fait que j'ai découvert le récit sur grand écran avant de le lire, car en dépit de ces quelques variantes que je viens d'énumérer, le film reste une adaptation fidèle- et particulièrement judicieuse- d'un roman graphique qui, de par sa construction et son idée de départ, s'avère être aussi original qu'ambitieux.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Tamara Drewe

Beth et Nicholas possèdent une ferme, Stonefield, accueillant des auteurs ayant besoin d'une retraite au calme. Nicholas est également auteur à succès... et coureur de jupons notoire. Alors quand vient s'installer à côté une jeune et jolie journaliste, les ennuis ne sont pas loin. Et pas uniquement à Stonefield.

J'ai trouvé le fait de mêler récit et bande dessinée vraiment intéressant. Cela permet de créer une personnalité beaucoup plus profonde aux personnages ; cependant, il est dommage que le personnage principal, celui qui donne son nom au titre n'est pas d'aparté, ou réduit à la portion congrue. Tout se passe autour d'elle mais pas avec elle. Du coup, certains de ses comportements la font passer pour une adolescente qui n'arrive à se fixer nulle part (elle se console rapidement dans les bras d'un autre homme) ; et comme nous n'avons pas accès à ses pensées, l'image que cela donne d'elle n'est guère flatteuse.

L'intrigue s'étire sur une année, mais étrangement j'ai trouvé que c'était assez précipité quand même. Certains personnages manquent peut-être un peu de nuances.

J'ai passé un bon moment, certes. Mais je ne l'ai pas trouvé aussi fantastique que les échos que j'avais pu entendre par ailleurs. A lire, pour le plaisir.
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Cassandra Darke

Très chouette roman graphique qui mérite parfaitement cette classification car à la fois autant roman que bédé, Cassandra Darke allie textes travaillés et dessins le tout mis en page de façon claire et lisible. Posy Simmonds, véritable auteure star dans son pays, avait etrenné ce concept avec l'excellent Gemma Bovary et c'est un plaisir de la retrouver. Ici, l'héroïne est antipathique à souhait et c'est tant mieux car, au-delà de son mauvais caractère, de sa misanthropie, de son avarice et de son rapport particulier à la loi, son intelligence, ses failles et ses défaites amères en font un personnage profond auquel on s'attache malgré tout.

Roman policier, d'apprentissage au partage et à l'attachement, roman social et de classe, Cassandra Darke se lit avec avidité. Outre un très bon scénario, le trait de crayon de Dame Simmonds est talentueux : trognes, mimiques, silhouettes, paysages sont croqués avec justesse. Ainsi, la silhouette trapue de Cassandra, chapka sur la tête, pognes enfoncées dans les poches, devient vite indispensable et reconnaissable. A lire.
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Cassandra Darke

Ce qui est certain c'est que Posy Simmonds aime prendre son temps.



Le temps de sortir les ouvrages. Et c'est bien dommage, car de ses albums que je qualifie vraiment de roman graphique, on en mangerait bien plus souvent.



Le temps de développer ses histoires. Tout se fait petit à petit. On flâne parmi les cases, parmi les étals, les mots, les réflexions, les paysages, les bonds et rebondissements. Pas à pas. On s’empreigne de ses personnages. On se dit que décidément les beaux jeunes hommes et jolies demoiselles se ressemblent tous un peu. Et puis à regret, on lit les dernières pages.



Si Tamara Drews garde ma préférence, j'ai beaucoup aimé Cassandra Darke. Il m'a accompagné pendant une longue matinée en laboratoire, abandonnée dans une salle sans réseau, j'ai vraiment apprécié de lire cette histoire, ses piques, ses heurts, entre la cinétique des piqûres, les travaux martelant au dehors et les petits pas pressés que j'entendais dans le couloir. Un scénario étiré dans le temps dans une matinée qui s'étire.
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Literary Life : Scènes de la vie littéraire

Amis littéraires de tout bord, lecteurs et surtout écrivains, connaissiez-vous le docteur Dereck et l'infirmière Tozer, toujours prêts à soigner les mots d'auteurs en panne, contaminés par le cliché ou attendant un... nanar?

Aviez-vous les coordonnées de Denis Skewer, le détective prêt à fouiner dans la vie et l'oeuvre de nos adversaires pour en renifler les bassesses?

Pensez-vous que nos chers idoles écrivains sautent de joie à chaque virée dédicace, à chaque invitation à un salon du livre? Quelles pensées passent par la tête de nos auteurs jeunesse, que ressentent les conjoints d'écrivains?



Posy Simmonds n'hésite pas à décortiquer ce monde tellement plus mystérieux que celui de nos chères stars de cinéma et détruit quelques mythes de nos héros.

A lire, si vous avez envie de légèreté mais pas trop, si vous rêvez d'être écrivain ou si vous l'êtes, ou tout simplement si vous fréquentez Babelio et vous intéressez au monde de la plume!
Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
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Tamara Drewe

J’ai connu Tamara Drewe grâce au film sorti en 2007 et que j’avais beaucoup aimé : c’était très « anglais » et très drôle! Mais j’ignorais totalement qu’il était issu d’un roman graphique. Tout comme je ne savais pas que ce dernier était librement inspiré de Loin de la foule déchaînée de Thomas HARDY. Et il est vrai, on retrouve pas mal d’éléments de l’opus original : l’intrigue se déroule dans la campagne anglaise où s’installe une jeune femme qui vient d’hériter. Elle est courtisée par trois hommes son voisin écrivain (qui me fait penser au fermier Boldwood, dans l’œuvre de Thomas HARDY), un jardinier (pour l’intendant et berger Oak) et une ex rockstar en guise du sergent Troy.



Passé cette base commune, le roman graphique de Posy SIMMONS prend son envol et se différencie radicalement de sa grande sœur pour rentrer dans notre ère contemporaine avec tout ce qu’elle contient de trash ! C’est la première fois que je lis un roman graphique et je dois dire que c’est une grande réussite pour moi : le ton est léger, humoristique pour la plupart du temps mais se teinte aussi d’un voile dramatique. Les personnages sont hauts en couleur et il est très facile de s’identifier à eux. J’ai passé vraiment un bon moment et j’aimerais beaucoup lire un autre roman de Posy SIMMONS, apparemment inspiré de Madame BOVARY de Flaubert, Gemma BOVERY.

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Tamara Drewe

Tamara Drewe est une amazone des temps modernes et quand elle débarque à Ewedown, petit village très (trop) tranquille, avec son nez refait, ses jambes interminables, son allure sexy, son métier fascinant de journaliste people et son petit ami batteur dans un groupe de rock, elle va bouleverser cette quiétude et agir comme une bombe sur ses habitants, à commencer par Beth Hardiman qui tient une villégiature pour écrivains en quête de repos et d'inspiration et son mari Nicholas, écrivain, et sur deux adolescentes, notamment la provocante Casey en manque d'affection.

D'autant que Tamara est un personnage que l'on aime et que l'on déteste à la fois, elle représente un certain idéal et également l'inverse de l'image que l'on voudrait projeter.

Glen, un écrivain en villégiature, le résume assez bien : "C'est comme si elle nous cueillait un à un, chacun recevant de plein fouet son rayonnement, son sourire, sa chaleur, son intérêt, le tout en apparence sincère et naturel."



Ce roman graphique est à la fois riche et intéressant et montre l'excellence et l'intelligence de l'auteur qui croque-là les travers de la société britannique avec une plume acérée et un dessin précis.

En se concentrant sur les réflexions de trois personnages, Posy Simmonds arrive à partager avec le lecteur les points de vue de chacun et apporte un souffle continu à l'histoire.

Elle utilise habilement le genre du roman graphique pour donner par moment une accélération à l'histoire avec de longs passages écrits et à d'autres utilise des images silencieuses pour installer une intensité dramatique.

Car si l'auteur cherche surtout à mettre en avant les travers de cette société, elle a réussi également à donner une dimension dramatique forte à son histoire.

Et puis il faut bien reconnaître que l'histoire fait mouche et que le lecteur finit par être piqué par l'histoire de Tamara Drewe et son côté extrêmement réaliste.

L'auteur s'est aussi attachée à décrire avec minutie la dégradation des relations humaines, par exemple dans le couple Beth/Nicholas Hardiman, ce qui tend à rendre encore plus proche le lecteur à ce récit.

Il y a aussi une dimension vivante à cette histoire, il est facile à la lecture de l'imaginer en film (ou alors c'est parce que j'ai vu le film avant de lire le livre), notamment du fait du choix des couleurs et de leur diversité et du souci constant du détail.

Il n'y a que la fin qui est quelque peu ratée, amorçant une autre histoire sans que j'ai pourtant ressenti que c'était le but recherché par l'auteur.



Hormis cette faute de goût finale, j'ai été agréablement surprise par la lecture et la qualité de ce roman graphique et l'utilisation peu conventionnelle qu'en fait Posy Simmonds au niveau de l'écriture.

Il m'a donné envie de découvrir les autres oeuvres de cette auteur et c'est une charmante promenade campagnarde que nous propose Posy Simmonds à travers "Tamara Drewe".
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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