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Critiques de Primo Levi (766)
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Si c'est un homme

Témoignage d’un homme ayant vécu presqu’un an à Auschwitz… et survécu…



Chaque chapitre, chaque phrase, chaque mot m’ebranlent,

Chaque fin de chapitre, chaque dernier paragraphe, chaque dernière phrase, le dernier mot… sont à chaque fois effroyables et puissants, comme un coup de poing auquel il est difficile de se relever



La vie dans ce camp est décortiquée, chaque situation est une épreuve supplémentaire, travailler, trembler de froid, se déplacer, dormir par à coups, se prendre des coups, ouvrir les yeux, c’est vivre… mais dans quelles conditions



L’horreur est décrite ici comme je ne l’avais jamais lu, car c’est clairvoyant et difficile à supporter.

L’impensable a bien existé, ce ne sont que des épaves sur ces champs, des pions utilisés et jetés comme de la chair humaine, simplement maintenus en vie pour continuer à effectuer les travaux forcés…



C’est le bagne en pire,

c’est froid, inhumain, leur chemise ou plutôt ce qu’il en reste, cette loque s’échange a prix d’or contre une bouchée de pain… rassi



Le vol, le troc, le bien, le mal, il n’y a plus de moralité derrière ces barbelés



Ils sont des centaines, des milliers sur ce camp, et pourtant , j’ai le sentiment que chacun est seul, chacun vit seul…

des âmes solitaires arrachées à la vie



Il n’y a plus de race, il n’y a plus de religion, il n’y a plus de critère social…

La déshumanisation dans son plus simple appareil…



J’ai le sentiment que mon corps est meurtri par cette histoire,

l’histoire de cet homme,

qui n’était plus homme sur ce camp,

juste un bout de chair ou plutôt une carcasse…

mais comment peut-on continuer à vivre après ça ?



Cette retranscription de ce qu’a été la vie dans ces camps de concentration est saisissante et déchirante…



À lire absolument… pour que plus jamais ça

Quand on pense avoir tout lu sur ces camps, ici on en découvre un peu plus… cette ignominie de la race humaine

C’est un arrache-cœur !
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Oeuvres

Primo Levi s’inquiétait du fait que la réalité de l’extermination ne pourrait jamais être perçue par les hommes parce que les rescapés, dont il faisait partie, qui ont essayé de la transmettre, étaient des contre-exemples du quotidien des camps. Évidemment, puisqu’au sein des camps d’extermination, la plupart des déportés mourraient. De la même façon, maintenant que nous sommes vivants, nous discourrons sur la mort. Fort heureusement, personne ne nous écoute, ni n’attends rien de nos propos. L’extermination est une inconnaissance incluse dans une inconnaissance plus grande: celle de la mort.
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Si c'est un homme

Une lecture très marquante que j'ai lu avec un grand intérêt. On suit l'histoire du narrateur lors de son "séjour" au camp de Monowitz (un des camps liés à Auschwitz) et c'est débordant d'horreur. L'auteur s'excuse au début de livre pour ses manquements littéraires et la cohérence pourtant j'ai trouvé l'œuvre terriblement bien écrite. Le fait que le narrateur agisse en témoin est assez perturbant, on aimerait qu'il agisse, se rebelle, mais c'est impossible et ça aide vraiment à prendre conscience de la déshumanisation, de l'exploitation et de tant d'autres horreurs des camps. En tant que lecteurs on est forcé de prendre du recul sur ce qu'il se passe et de relativiser, c'est sans doute ce qui rend le récit si atroce, le fait qu'on "relativise". On voit bien l'évolution du narrateur, sa détresse, surtout dans le passage où il apprend l'italien à un de ses camarades, on voit l'empressement, l'attachement à ce qu'il lui reste d'identité, d'humanité. C'est une œuvre bouleversante. Que dire de plus à part qu'il s'agit d'un énième livre de cours que j'ai beaucoup apprécié? Rien à part redire ce que nous a dit notre prof en nous donnant ce livre, "si vous ne devez lire qu'un seul livre sur cette période de l'histoire, lisez celui là".
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Si c'est un homme

C'est un lieu commun que d'écrire que critiquer ce livre est impossible. Est-ce même encore un livre ? Le témoignage emplit tout, il colonise l'esprit et l'on oublie presque que c'est par une lecture qu'il est entré. J'en retiendrai en tous les cas deux éléments : le premier est la force du "détail immense" comme dirait Bachelard. L'horreur repose sur des poussières, de microscopiques éléments qui présents ou absents décident de la vie. L'autre, plus paradoxal, est le détachement des conditions de leur origine. Nous sommes à l'extrême du vital et le chemin qui y a mené, le nazisme,s'il est évidemment à combattre de toutes nos forces, ne m'a apparu que comme ce qu'il est : un chemin, un moyen. L'épouvante m'a semblé être l'extrême destination, la limite du vivant, et son existence même. L'atroce réside déjà dans le seul fait d'exister, quel que soit le chemin qui y mène. Car il est à craindre qu'il ne soit pas le seul. Il me semble que c'est tout le message de Primo Levi, c'est en tout les cas celui que je retiens.
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Si c'est un homme

J'ai lu tellement et vu aussi de nombreux reportages mais rien n'est aussi proche, aussi sensible que ce récit.

On se retrouve dans l'histoire a quasiment voir les endroits, les hommes, la barbarie.

Les réponses qu'offre Primo Lévy aux jeunes qui lui posent leurs questions sont pleines de sensibilité.

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Si c'est un homme

‼️❤️‍🔥A lire ou relire en ces temps souffreteux et soufreux...

#devoirdememoire

Des pages bouleversantes bien sûr mais également très édifiantes car Primo Levi a presque un regard scientifique d'anthropologue sur ce qu'il a vécu.

Page 211 :

"C'est pourquoi nous avons tous le devoir de méditer sur ce qui s'est produit. Tous nous devons savoir, ou nous souvenir, que lorsqu'ils parlaient en public, Hitler et Mussolini étaient crus, applaudis, admirés, adorés comme des dieux. C'étaient des "chefs charismatiques", ils possédaient un mystérieux pouvoir de séduction qui ne devait rien à la crédibilité ou à la justesse des propos qu'ils tenaient mais qui venait de la façon suggestive dont ils les tenaient, à leur éloquence, à leur faconde d'histrions, peut-être innée, peut-être parfaitement étudiée et mise au point. Les idées qu'ils proclamaient n'étaient pas toujours les mêmes et étaient en général aberrantes, stupides et cruelles ; et pourtant ils furent acclamés et suivis jusqu'à leur mort par des milleirs de fidèles. Il faut rappeler que ces fidèles, et parmi eux les exécuteurs zélés d'ordres inhumains, n'étaient pas des bourreaux-nés, ce n'étaient pas - sauf rares exceptions - des monstres, c'étaient des hommes quelconques. (...)

Il faut nous donc nous méfier de ceux qui cherchent nous convaincre par d'autres voies que par la raison, autrement dit des chefs charismatiques : nous devons bien peser notre décision avant de déléguer à quelqu'un d'autre le pouvoir de juger et de vouloir à notre place. Puisqu'il est difficile de distinguer les vrais prophètes des faux, méfions-nous de tous les prophètes (...)"
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Si c'est un homme

"Si c est un homme" de primo Levi est un livre qui doit être lu au moins une fois.

C est un témoignage tellement objectif car sans colère ni haine juste les faits ressentis.

Un livre bouleversant sur la barbarie nazie et la vie concentrationnaire.

Peu de mots peuvent décrire ce que l on ressent en lisant ce livre.

En plus, dans cette édition, on a le droit aux réponses de Primo Levi aux questions le plus fréquemment posées.



Un livre pour NE JAMAIS OUBLIER.
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Si c'est un homme

Lu en 2016. Je redoutais vraiment d'entrer dans cette lecture, mais le témoignage de Primo Levi n'est pas d'une violence directement sidérante, bien qu'il soit réaliste et bouleversant. Une lecture nécessaire !

C'est un récit qui raconte le combat incessant et acharné d'un homme pour sa survie. Tout le temps de sa captivité, Primo Lévi n'a eu de cesse de lutter, de penser et d'agir en HOMME, bien qu'affaibli et humilié, au milieu même de la déshumanisation la plus abjecte (!)



(Déporté à Auschwitz en janvier 1944, il sera libéré en février 1945 par les troupes soviétiques).



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Si c'est un homme

Un témoignage dur et sans pincettes sur le camp d’extermination d’Auschwitz.



Parfaitement construit avec des souvenirs d’une grande précision et des faits, des faits, rien que des faits. Et sans la moindre trace de haine ou même de colère.



Un très, très grand livre absolument indispensable à lire et à faire lire.





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Si c'est un homme

Voici le seul et unique livre à lire pour tenter de comprendre les horreurs de la Shoah. Levi, adopte un style très particulier mais très efficace : l’écriture blanche, une écriture polis, sans ornements, sans envolés lyriques. Une écriture simple mais extrêmement habile. La biographie d’un mort, Levi ne suicidera quelques années après être revenu du camp de la mort.
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Si c'est un homme

Je viens de finir le livre. Que dire ? J’aurais pourtant des centaines de choses à écrire sur ce livre, mais cette lecture est si marquante qu’elle me laisse sans mot. Et peut-être est-ce que je devrais faire : me taire pour laisser raisonner ce témoignage qui doit être universellement entendu. L’horreur vécu par Primo Levi est une expérience indicible, l’expérience de l’inhumanité à son paroxysme. Cette lecture m’a laissé avec une angoisse amère et une honte d’être humain, car oui cela peut paraitre innocent mais à chaque moment de ma lecture, je me questionnais : comment l’humain est capable de telles atrocités ? Non les bêtes ne sont pas les détenus du camp contrairement à ce que les Nazis ont voulu faire croire mais bien les humains qui ont organisé ou laissé se faire cette fabrique de la torture et de la mort.

Revenons-en au livre. Bien sur, comme tout le monde, j’ai appris ce qu’il se passait dans les camps de concentration en cours d’histoire. Mais ce témoignage est une voix humaine qui ne se contente pas de dire ce qu’il s’est passé, mais qui nous invite à partager sa conscience d’homme meurtri. Il s’agit d’une voix que tout le monde devrait écouter sans exception. J’avais commencé une première fois à lire ce livre, mais je n’ai pu réussir à le finir tant la violence sans mot de ce récit m’a bouleversée. Quelques mois plus tard je le repris. Les premiers chapitres furent toujours aussi difficiles. Je ne pouvais m’empêcher de penser jour et nuit à vos mots, Primo Levi. A ce que vous aviez vécu et que personne n’aurait jamais du vivre. Je ne pouvais m’empêcher de me sentir coupable de pouvoir, moi, me nourrir copieusement, de pouvoir dormir, me laver, échanger, lire, courir, vivre alors que je savais que des millions de personnes ont connu l’enfer dans ces « Lager ». Levi fait souvent des références à la Divine Comédie de Dante, mais ce qui s’est passé dans ce camp, est bien pire que l’enfer ; l’enfer est trop humain par rapport à l’expérience de la déportation. Et cela d’ailleurs, Primo Levi le dit mieux que moi à travers de nombreuses réflexions dans son texte : que le Häftling –le détenu- n’a pas même la force de penser et de se souvenir, qu’il est réduit à se demander s’il aurait assez de soupe, quand il aura de nouvelles chemises…que le Häftling se retrouve dans un état de survie, et qu’il est capable à tout pour arriver à ses fins…que l’expérience du camp est une expérience intemporelle où le passé et le présent n’existe pas, où rien d’humain existe en somme…Finalement la question douloureuse que l’on se pose est : Quelles sont les limites de l’humain ? Force m’est de constater que les limites de l’humain sont bien plus éloignés que ce qu’on aimerait bien croire. Même si j’ai qualifié métaphoriquement les nazis de bêtes plus haut, ils restent des humains, et il est trop facile de justifier leur actes en les qualifiant de monstres…Non, ils sont des humains comme vous et moi. C’est pourquoi il est plus que nécessaire de lire le précieux et beau témoignage de Levi pour comprendre jusqu’où peut mener la bêtise humaine.

La fin nous montre malgré tout que l’humain, bien qu’on veuille l’anéantir ou le transformer en bête, peut rester humain…C’est pour rester humain que nous devrions tout un chacun lire le témoignage de Levi, pour écouter son cri poignant. Merci d’avoir parlé, Primo Levi. Merci d’avoir su dire l’indicible, même si ce vous avez vécu ne pourra jamais être assez bien dit. Ma critique est désordonnée et n’apporte rien de nécessairement intéressant…mais je suis malgré tout contente de l’avoir écrit, du moins simplement pour moi-même. Pour remercier ce grand homme qu’est Primo Levi et conserver une trace de cette lecture qui m’a bouleversée, et qui j’en suis sure, n’oublierai jamais. C’est d’ailleurs le but de ce témoignage. Je vous promets de ne jamais oublier, Primo Levi.

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Auschwitz, ville tranquille

Un recueil composé de dix nouvelles et de plusieurs poèmes publiés dans les années quatre-vingt. Du temps s'est écoulé depuis l'année 44 et le début de l'année 45 que Primo Levi a vécus dans l'enfer d'Auschwitz mais, de près ou de loin, il est consubstantiellement marqué par cette période terrible et ses écrits aussi.

Dans ce recueil, Primo Levi est moins factuel que dans son oeuvre majeure « Si c'est un homme » qu'il a construit comme une forme de rapport objectif de ce qu'il a vu et vécu dans ce camp de concentration. Là, il montre comment les hasards de la vie et son métier de chimiste le ramènent au camp, comment il retrouve le docktor Muller, un SS qui avait travaillé dans la même usine que lui, engage une correspondance avec lui pour comprendre « l'autre ».

Il revient sur certains épisodes du camp, sur les caractères et les modes de survie, la « psychologie » de prisonniers des camps et fait valoir que le sens de l'observation était une qualité et un atout majeur dans ce monde extrêmement hostile.

D'autres nouvelles sont des métaphores, certaines futuristes et non dénuées d'humour comme « La belle endormie ».

Les nouvelles sont courtes, elles se lisent bien. le style de Primo Levi est sobre, son propos, d'une grande intelligence, nous aide, dans ce livre aussi, à mieux comprendre les êtres humains, qu'ils soient victimes ou bourreaux ou les deux.

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Si c'est un homme

L'auteur nous livre ce qu'il a vécu en 1944-1945 dans le camp d'Auschwitz. Ce récit a été écrit dès la fin de la guerre afin de témoigner de l'horreur et ne jamais oublier. C'est factuel, sans haine, il témoigne uniquement de ce qu'il a vu et vécu sans interprétation. L'appendice ajouté en fin de volume permet d'apporter du recul et des éléments complémentaires intéressants.
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Si c'est un homme

Ma fille aînée doit lire ce livre au collège, et sachant qu’il est assez « dur », j’ai décidé de le lire avant pour l’accompagner durant sa lecture.



L’auteur décrit l’année qu’il a passé dans un camp à proximité d’Auschwitz. On y découvre l’horreur du travail forcé, de la faim, du froid, des conditions de vie déplorables. L’auteur nous explique comment les prisonniers pouvaient « améliorer » leur quotidien et les liens qu’ils tissaient entre eux quand c’était possible.



D’un point de vue humain, évidemment, c’est l’horreur absolue. Ce qui se passait dans ces camps dépasse l’entendement et nous percute en plein cœur.



De mon point de vue de lectrice, cependant, j’ai trouvé que ce roman était assez facile à lire, malgré quelques passages un peu complexes que j’ai parfois survolés, je l’avoue. Mais la lecture était moins « pire » que ce que j’imaginais. Je craignais des scènes trash (que j’aurais sautées aussi), il n’y en a pas eu. L’auteur reste assez pudique.

Je dois aussi préciser que j’ai lu ce livre petit à petit en parallèle d’autres, beaucoup plus légers, ce qui a sûrement joué.



Un roman qui gagne à être lu, rien que pour la transmission et pour que la jeune génération n’oublie pas ce qui s’est passé durant cette période. C’est important.
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Si c'est un homme

Comment noter un écrit tel que celui-ci ? C'est un témoignage, sans pathos. Les faits, ces terribles faits vécus. Un livre à ressortir régulièrement, peut-être encore plus maintenant. Les témoignages peuvent-ils faire évoluer les sociétés ? J'ai lu la version augmentée, celle où Primo Lévi répond aux nombreuses questions reçues à l'issue de la lecture de ce texte, il commente le livre écrit par Rudolf Höss (voir "la zone d'intérêt" actuellement au cinéma), explique pourquoi les juifs sont toujours persécutés, et répond à l'interview de Philipp Roth. Cette partie est très intéressante et complémentaire au récit. Un livre à lire.
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Si c'est un homme

Je lis toutes ces critiques et je veux ajouter quelque chose.

J'ai lu ce livre il y a quelques années, et je vais le relire de nouveau. Mais, contrairement à beaucoup de commentaires, ce qui m'a vraiment, vraiment marqué et a encore ce jour une empreinte totale sur mon coeur, c'est la résilience, le pardon et l'amour. Malgré l'horreur, ce livre est un grand cri au pardon. Il devrait être dans tous les cursus scolaires. Ce livre fait de nous des gens meilleurs. Merci de faire de nous des gens meilleurs.



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Si c'est un homme

La note maximale, pour inciter chacun à lire aujourd'hui ce témoignage exceptionnel - puisqu'ils ont été très peu à survivre aux camps de la mort et encore moins nombreux à raconter - et aussi parce que le récit est une description sans affect - mais avec une implacable et bouleversante lucidité - de ce que c'était et que les réflexions et analyses de Primo levi sont fouillées et dérangeantes quant aux attitudes existantes dans un camp, les manières de survivre, de résister à l'animalisation des hommes, au processus de déshumanisation mis en place.

Même si depuis il y a eu d'autres livres sur la réalité des camps, Si c'est un Homme est devenu - et le reste, à ma connaissance, qui est limitée - LE livre référence (l'autre archi-connu étant le Journal d'Anne Franck mais qui ne parle pas de la réalité d'un camp puisque quand elle y a été conduite son journal était resté chez elle dans sa cache) lorsqu'il a commencé à être réédité et connu à partir de 1963 (bien que paru en 1947, puis 58).

Commencé sur un coin de paillasse du "labo" de chimie où Levi avait fini par être affecté, le récit, dit Levi, était de toute façon entièrement présent dans sa tête et a été rédigé en 46/47. Il avait pu ne pas céder à la folie et garder sa lucidité.

Il y a des livres, des documentaires (Shoah de Lanzmann..), des films (Nuit et Brouillard d'Alain Resnais le Pianiste de Polanski, La vie est Belle de Benigni, ..), des émissions de tv, de radio etc.. mais il semble que ce ne soit jamais assez - on en apprend toujours - pour éviter que certains ignorent, contestent, nient, minimisent etc la réalité (les nazis ont tenté d'effacer le maximum de traces) de ce qui semblait impensable et qui s'est pourtant faite il y a 3 générations dans un des pays soi-disant les plus "développés" au cœur de l'Europe avec la complicité de l'État français et, au mieux, l'indifférence de la majorité des gens, comme aujourd'hui nous avons une compassion intermittente pour le sort de nombre de gens dans la détresse et que des "camps de travail" existent aujourd'hui en Chine, en Birmanie etc..

Les longues réponses de Primo Levi aux questions récurrentes de lycéens complètent positivement le récit qui laisse au lecteur nombre de ces questions pour faire un lien avec aujourd'hui. Pourquoi les gens ne se sont pas révoltés ? Etes-vous retourné sur les lieux ? Avez-vous pardonné aux Allemands ? etc.. sont en effet des questions que se posent nombre de lecteurs contemporains et les réponses précises de Levi vont à l'encontre de nombre de fausses idées, même si, ensuite, d'autres livres ont amélioré l'analyse de la Shoah (sur la personnalité d'Hitler par exemple..)

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Si c'est un homme

90 à 95%.

C'est le taux de mortalité estimé (on ne peut faire que des estimations) des camps de concentration de la Seconde guerre mondiale.



Peut-on critiquer certains livres ? L'idée même de noter une oeuvre a-t-il un sens ? Ce que l'on ressent à la lecture d'un texte mérite-t-il qu'on le partage ? Noter ce livre sur Babelio revient-il à le mettre sur le même plan que la dernière romance qui cartonne, ou le dernier thriller à la mode ?

Ces questions me sont toutes venues alors que j'affrontais par écrit une lectrice qui avait mis une étoile à un autre ouvrage sur la Shoah. Mon point de vue est que si l'idée de tout partager sur les réseaux sociaux n'est pas fondamentalement mauvaise, il existe certaines lignes rouges qu'il vaut mieux éviter de franchir, ou alors en se préparant à affronter les réactions que l'on provoque.



J'ai beau retourner la question, je ne vois tout simplement pas comment mettre autre chose que 5 étoiles à ce livre. En réalité, l'idée même de vouloir le juger ou, pire encore, le comparer, est selon moi absurde.

Ce n'est pas la qualité littéraire, le rythme, le champ lexical, les descriptions des personnages ou la qualité des dialogues qui importent ici. Ce qui m'a époustouflé, c'est le fait qu'un homme qui a vécu une telle abomination ait été capable de retranscrire cette horreur avec une telle précision, un tel sens du détail et un tel détachement, sans jamais verser dans le pathos.

À aucun moment, Primo Levi ne crie à l'injustice du sort. Il s'étonne simplement d'être victime de ce qu'il décrit comme une entreprise incompréhensible et inexplicable. C'est peut-être ce détachement qui lui a permis de ne pas devenir fou, alors que sa famille disparaissait en fumée à quelques mètres de lui. C'est sans doute ce détachement qui manque à certains lecteurs, qui n'ont été ni émus, ni «divertis» (sic) par ce récit.

Ce livre n'est pas un roman, Ce n'est pas une fiction. C'est le compte-rendu d'un survivant.

Il n'y a rien de glorieux ni de spectaculaire dans les camps de la mort. Ce livre décrit une routine grise, terne, austère, monotone. Aucune couleur n'habille le monde. Il fait toujours froid, il fait toujours faim et chaque heure arrachée à cette terre stérile est un exploit silencieux, que personne ne fêtera jamais.



Le 27 janvier 1945, l'Armée rouge libérait Auschwitz.

79 ans plus tard (c'était hier), ces témoignages s'effacent devant l'audace immonde de paroles qui se libèrent, qu'on aurait préféré ne plus entendre. Au loin, le martèlement des bottes revient. le devoir de mémoire est une nécessité, car on oublie. C'est normal, physiologique. le temps passe, les survivants meurent, le papier jaunit et l'encre s'efface. Au final, il ne reste plus que ces textes, ces images qui pour certains d'entre nous, nous hantent. En ayant conscience que d'autres, de plus en plus nombreux, minimisent ces récits, les tournent en ridicule, ou les nient.



Mais ce livre est bien plus qu'un simple témoignage. Il constitue une étude sociologique et psychologique de premier plan sur ce que l'auteur lui-même nomme une expérience hors norme. Primo Levi décrit ainsi avec brio différents portraits de survivants.

Le livre se conclut sur les ajouts de l'auteur, nécessaires et éclairants, condensé des réponses qu'il se sentait en devoir d'apporter aux questions les plus courantes qu'on lui posait lors de ses conférences.

La mort de Primo Levi reste mystérieuse, et la thèse du suicide est remise en question. Mais j'ai compris quelque chose, en refermant cet ouvrage essentiel : ce livre sur la mort est une leçon de vie.



«Nous avons tous le devoir de méditer sur ce qui s'est produit. Tous nous devons savoir, ou nous souvenir, que lorsqu'ils parlaient en public, Hitler et Mussolini étaient crus, applaudis, admirés, adorés comme des dieux.»

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Maintenant ou jamais

1943. 2 combattants juifs, Mendel et Léonid, des "disparus de l'Armée Rouge", traversent la Russie et rejoignent un groupe de soldats comme eux, juifs et en déshérence. Menant une guérilla à l'intérieur des lignes allemandes, cette petite tribu survit de parachutages de vivres ou de troc avec les paysans locaux, mène des actions de sabotage, réussira à libérer un lager. Bien qu'étant des partisans, il sont toujours en butte avec l'antisémitisme des autres groupes qu'ils rencontrent, russes, polonais, seront parfois arrêtés, désarmés mais réussiront toujours à reprendre la route. Alors que va se décider le sort de la Pologne après la victoire des Russes et des alliés, leur chemin doit les conduire vers la Palestine, pour bâtir un monde nouveau. Il n'y a pas d'autre solution. L'assassinat d'une des leurs, parce que juive, après la signature de la fin des conflits le leur prouvera...Par la voix de Mendel, horloger dans le civil, P. Levi raconte efficacement le parcours de ces gens. Ils les compare aux rouages cassés d'une montre pour exprimer la grande fatigue des marches incessantes, la lassitude face à l'antisémitisme endémique de l'est de l'Europe, le froid, la faim, l'envie de baisser les bras, les moments d'inaction propice au désespoir. Un livre important qui donne un témoignage méconnu de ces années de guerre.
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La trêve

Bien sûr, quand on évoque Primo Levi, on pense aussitôt à "si c'est un homme" et tout ce que ce livre rapporte, ces êtres humains voués à la destruction parce que d'autres ont décidé qu'ils n'avaient pas le droit de vivre, l'horreur concentrationnaire, le sentiment de culpabilité de celui qui en réchappe, la hantise obsessionnelle de ne pas oublier les disparus, de parler en leur nom afin qu'ils ne soient pas victimes d'une seconde mort, celle de l'oubli. Mais est-ce seulement possible?

Alors qu'en ce mois de janvier se profile la commémoration de la libération du complexe de la mort industrialisée d'Auschwitz Birkenau, nos esprits réducteurs ont trop souvent tendance à considérer que le calvaire des survivants prend fin en janvier 1945. Alors qu'en fait, les répercussions de la guerre perdurent bien après . C'est le grand mérite de "La Trêve" que de nous le rappeler. Les libérés d'Auschwitz sont en effet déplacés par l'Armée Rouge dans une odyssée, qui, contrairement à celle d'Ulysse, semble n'avoir aucun but ni aucun sens. Au cours de ces pérégrinations imposées et teintées d'absurde, le rescapé doit tout réapprendre de l'exercice de jouir naturellement des bienfaits les plus élémentaires de la vie: parler, rire -oui, il parvient sans trop de mal à rire, ce qui en dit long sur les capacités de résistance de l'esprit humain, être sensible à la beauté du ciel, à celle d'un visage girond, sans oublier toutefois le délabrement général des conditions de survie où une paire de chaussures est un trésor inestimable , vital.

Ce qui, selon moi, marque le plus dans ces belles pages simplement écrites est ceci. de cet univers cauchemardesque postapocalyptique, Primo Levi tire un récit presque léger, parfois picaresque, toujours source d'espérance, dans lequel mille et un petits détails sont autant de raisons de ne pas désespérer de la nature humaine, mais de croire au contraire qu'un lendemain est possible. Si elles n'étaient pas de la main de Primo Levi, certaines me feraient presque douter de leur pertinence, voire, j'ose le mot, de leur décence. C'est toute la force de ce chimiste que le drame de la déportation a transformé en écrivain, de nous faire saisir que malgré le XX° siècle, une certaine forme d'humanisme raisonné a encore un sens.
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Si c'est un homme

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