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Citations de René Benjamin (38)


Un écrivain fait partie du sang de sa patrie tandis qu'un homme de lettres n'y est qu'un divertissement ...
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- La mort qui habite en Bretagne, prononça-t-il en confidence ... On ne sait pas exactement où, mais on la sent de tous les côtés.
La Bretagne sait que la vie n'est qu'un songe, et les bretons sont tous des rêveurs éveillés ...
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C'est une des figures les plus libres, les plus fortes de ce temps.
Il a des joies explosives et des mépris muets.
Il est en train d'écrire, avec une âme de chevalier, dans une langue reforgée par lui, une oeuvre puissante, loin de la canaille ...
(Jean de La Varende)
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L'homme de théâtre. Oui, Goncourt adorait le théâtre.
Il rêvait d'en faire.
Il savait que le théâtre est aux lettres ce que l'architecture est à la peinture et à la sculpture, l'art majeure, l'art de synthèse, celui qui compte si peu de réussites dans chaque siècle.
Quoi de plus rare qu'un grand auteur dramatique ? ...
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Je sais - je sais tout comme un autre - que si l'on songe au nombre infini des astres, aux avalanches de l'Histoire et à la toute-puissance de Dieu, ce n'est pas grand'chose dans le monde que l'Académie Goncourt ! ...
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La tranchée, lorsqu'on croit vivre sa dernière minute, est dure à escalader pour les reins. Puis, il y a la surprise de n'être plus enfoui ; on se trouve plus grand ; et, serrant son fusil , les doigts crispés, on marche gravement, avec des yeux qui cherchent les balles. Elles arrivent tout à coup, balayant toute la largeur de l'air, et quelques hommes s'effondrent, sans un cri , mais leur chute en avant est suspendue par l'arme, qui glisse et se fiche en terre, en sorte que le soldat tombe dessus, arrêté, empalé, dans une étrange et effrayante attitude, mort et presque debout, atroce à voir comme tous les cadavres qui n'ont pas l'air au repos.
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Un mois avant, à l'hôpital, il avait vu sa femme, sa Bibiche. Il en parlait dans des termes assez peu amoureux ; il disait :
- Oh ! j'l'aime bien, mais ell' m'poisse !...J'espère qu'elle r'viendra pas d'si tôt. Elle peut pus m'voir sans pleurer. Et "mon pauv'e loup" par-ci, et "mon poulet" par-là, et "si c'est pas affreux comme ils t'ont arrangé!..."
Ah ! j'l'ai envoyée paître !...Elle cherche tout l'temps la jambe qu'y est plus. J'ai dit : "Regarde au moins l'aut'e, pisqu'il en reste une !" J't'en fiche ! Mon tit loup, mon pauv'e tit loup, hi hi !...Qu'est-ce qu'on va d'venir, hi hi !...Ton métier, hi hi !...l'est fichu, hi hi !..."
Qu'est-ça peut m'foute à moi ; y en a-t-il pas six cent mille des métiers ? J'peux pus bouger, ben j's'rai ministre : on les balade dans des landaus !
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- Un vermouth-cassis, un !...Et présenté par mam'selle Annette !
Mlle Annette, il ne se cachait point pour dire tout haut qu'il la trouvait de son goût. C'était la petite bonne du café : vingt ans à peine, blonde, niaise, mais des lèvres fraîches et le trottinement drôle. Gaspard la regardait servir et soupirait :
- Nom d'une pipe ! J'en jouerais bien un air !
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L'autre était tellement accablé de fatigue qu'il dit : "Laisse donc... c't'un infirmier, il t'voulait qu'du bien. Gaspard reprit :
- J'aime les infirmes. Pas les infirmiers !...Où qu'est ma blessure ? ça le regarde ? Est-ce que j'y demande si sa mère a fait un singe !
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René Benjamin
A Madame Pauline de S…, à Aix en Provence

Ce que j’indique là est merveilleusement illustré par le fameux Mein Kampf.

Chère amie, si vous en avez le courage, ouvrez ce livre. Vous serez frappée surtout de son insolence et de son immodestie. C’est l’image même de l’esprit sans âme, du vaniteux qui ne voit que la stupidité de ses concitoyens, du faux orateur qui méprise ses auditoires, du primaire qui hait les artistes et les appelle « esthètes », de l’homme brutal, péremptoire, pressé, terriblement pressé, parce que les vues de son esprit simpliste le font délirer. Ah ! Lisez Mein Kampf. Puis pensez à Saint Louis. Tout s’éclairera pour vous. L’hitlérisme est une affreuse griserie « intellectuelle » où l’âme n’apparaît jamais ; ce qui est humain lui est étranger. Mais je crois que le vertige date de loin. La fameuse organisation scientifique allemande, devant laquelle avant l’autre guerre tous les nigauds d’Europe baillaient d’admiration, cette méthode de dissection boche qui avait envahi nos Universités, et faisait de nos études littéraires le symbole même de l’abrutissement dans la recherche, n’était en somme rien d’autre déjà que la négation de l’âme. Là où elle rayonne, dans les chefs-d’œuvre, l’Allemand passait à côté sans la soupçonner. Comment a-t-on trouvé tentant de l’imiter là-dessus !

Un gobe-mouches, comme M. Lanson, germanisé des pieds à la tête, autopsiait les textes après les avoir tués et croyait comprendre Bossuet en faisant le compte de ses subjonctifs. Aussi, depuis mon passage en Sorbonne, je frémis lorsque j’entends dire : « L’Allemagne, ce grand peuple… » Depuis longtemps, il n’y en a pas de plus acharné à tuer la vie spirituelle. Je demande le sens secret de l’adjectif grand.
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Collines molles et vallonnements larges, dans lesquels le régiment s'enfonçait sans effort, pour regrimper avec un refrain de chanson que Gaspard, nez en l'air, lançait aux nuages :

Paraît qu'la cantinière,
A de tous les côtés,
Par devant, par derrière
Des tas de grains d'beauté.

Elle en a des pieds jusqu'aux seins ;
On raconte un tas de machins ;
Vous n'y qui qui
Vous n'y com com
Vous n'y comprenez rien.
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Quelquefois le gars Pinceloup, qui avait une balle rougeaude de campagnard cuit au soleil, disait, les mains aux poches, en balançant son gros corps maladroit :
- On les verra p't'être seulement point, les Alboches.
- Non, et ta sœur ? disait Gaspard.
- Mon gars, y a pas d'ma sœur ; nous aut' on est réserve !
- Continue : tu m'intéresses !
- Si l'active, ell' faisait ben son boulot...
- Pauvre pochetée ! D'où qu'tu sors ? T'es échappé d'un vase de Chine ?
- J'suis pas pus bête equ'toi, mon gars !
- C'est pas qu't'es bête, c'est qu't'es marteau !
- Quand même, on est là d'puis cinq jours ; et eux ils sont foutus le camp ; pourquoi qu'ils l'sont foutus...
- D'quel patelin qu't'es ? dit Gaspard.
- D'pin-la-Garenne, mon gars.
- Combien qu'ça coûte, par là, la graine d'innocent ?
Le sergent Fosse entra dans la grange, en courant :
- On part ! il faut être prêt dans un quart d'heure.
- Où qu'on va ? demanda Moreau
- On y va, cette fois, ça y est. Numérotez vos abatis !
- Sans blague ! cria Gaspard. T'en es sûr ?
- Le colonel l'a dit devant moi à pluche.
- Ah, les poteaux ! ça c'est la vie !
Il s'était jeté sur Pinceloup, et il le fessait de toutes ses forces :
- Eh ben, mon gars, t'avais du flair ?
Pinceloup était devenu pâle. L'épicier Clopurte aussi. Romarin rayonnait. Gaspard fit valser Burette :
- Et toi, t'entends donc pas ?
- Si, si, j'entends !
- Et t'es pas content ?
- Je suis content !
- Alors faut rigoler, mon copain ! on va voir si l'Alboche c'est tout lard ou cochon !
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C'était la grande semaine d'août 1914, où chaque ville de chaque province offrit un régiment à la France.
A..., chef-lieu de terre normande, eut le sien, comme les autres, à assembler et à équiper.
Ses maisons et leurs habitants n'ont pourtant rien de guerrier.
Race avant tout pratique. Vous lisez clairement dans tous les yeux que deux et deux font quatre, dans certains le regret que deux et deux ne fassent cinq.
Mais dans aucun vous ne voyez briller le désir vibrant de sonner la charge.
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" Il existe tout un genre d'humains, gros et affectueux, que leurs amis, avec un sourire, appellent "bon vivant" et qui ne sont , par leur nature, préparés à aucun accident de la vie. La mort les surprend et les navre. Et la guerre éclate, ils sont désarmés, ayant dit et redit : " n'en parlons pas !...il sera temps, si un jour..." .Le jour est là : il faut le vivre. Alors ils s'affolent , et ils n'ont nul besoin d'être au danger pour se plaindre, car leur coeur est navré par la misère des autres ".
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Lorsque des historiens Français essaieront de raconter 1940, ils en feront, semble-t-il, commencer l'horreur au mois de mai. Pour moi elle commence en avril. Comment oublier le bouleversement de corps et d'âme que me donna l'entrée des Allemands dans le Dannemark et dans la Norvège.
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Or, du seul fait que j'étais Prix Goncourt, on se mit à me publier avec la plus extrême amabilité tous les textes qu'on m'avait refusés avec la plus extrême rigueur.
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AU LECTEUR
Il serait bien inutile, à propos de ce portrait, de me demander encore :
- Est-ce de l'Histoire ? Est-ce du roman ?
Je répondrais :
- Je crois...que c'est du Théâtre, comme il convient à mon sujet.
- Mais si c'est du Théâtre, pourquoi est-ce un récit ?
Aux Buffons littéraires de décider du genre, de ce qui est vrai, de ce qui ne l'est pas, de ce qui l'est peut-être, de ce qui l'est presque.
Pourvu que moi, j'aie mes libertés !
(avertissement de l'auteur inséré en début du volume paru aux éditions de la librairie "Plon" en 1933)
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Acte premier
Chez Emmanuel. Un atelier qui est composé de plusieurs pièces, car les ameublements de plusieurs pièces y voisinent.
Acte II
Une salle d'examens à la Faculté de Paris
Acte III
Chez le docteur Denis
Acte IV
Une salle de correctionnelle. On jurerait le décor du II. C'est le même aspect d'une froideur officielle et un peu crasseuse. Il y a un comptoir à juges pareil au comptoirs à examinateurs.
(levers de rideau des quatre actes de "Les plaisirs du hasard" pièce parue dans "La petite illustration" en juin 1922)
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