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Citations de René Daumal (312)


Nous mangeâmes en silence. Mon hôte ne se croyait pas obligé de bavarder en mangeant, et je l’en estimais beaucoup. Il n’avait pas peur de se taire quand il n’y avait rien à dire, ni de réfléchir avant de parler. En rapportant maintenant notre conversation, je crains d’avoir donné l’impression qu’il discourait sans arrêt ; en réalité, ses récits et ses confidences étaient entrecoupés de longs silences, et souvent aussi j’avais pris la parole ; je lui avais raconté, à grand traits, ma vie jusqu’à ce jour, mais cela ne vaut pas la peine d’être reproduit ici ; et quant aux silences, comment raconter des silences au moyen de mots ? Seule la poésie pourrait le faire. (p. 35-36)
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C’est difficile de mettre ensemble ses souvenirs nocturnes. On confond les événements extérieurs avec les radotages intérieurs.
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Le yoga embrasse la connaissance psycho-physiologique de l’homme non seulement dans son état ordinaire (l’homme tel que nous sommes, vous et moi), mais dans ses états ultérieurs possibles ; et il donne en même temps la méthode et les moyens pratiques de changer l’homme en quelque chose de plus réel.
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Faut-il parler de ce que l’on a vécu, ou faut-il parler pour se dispenser de vivre ? Voilà qui met en question la nature et la destinée de la pensée spéculative d’Occident.
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Les serments de l’enfant (« Je n’aime pas la soupe », « Moi, je suis menteur », etc.) ne s’impriment pas profondément dans son souple organisme ; mais ils m’ont frappé par leur violence, et m’ont aidé à découvrir comment, chez les adultes, ce qu’on appelle humeur et caractère était en grande partie bâti, et consolidé à chaque instant, de serments. Il arrive même que l’homme jure de sa structure : « Moi, j’ai de grandes mains », dit-il, et il les étale comme pour les agrandir encore […].
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L’âme en effet éprouve la Joie lorsqu’elle agit, c’est-à-dire lorsqu’elle connaît, et la Tristesse lorsqu’elle pâtit.
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Nos petits coeurs sont trop légers,
Ils voudraient bien s'envoler, mais
Grâce à la glu nous restons attachés
Gloire éternelle à ce Dieu de bonté!
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Et si à nous autres pataphysiciens le rire souvent secoue les membres, c’est le rire terrible devant cette évidence que chaque chose est précisément (et selon quel arbitraire !) telle qu’elle est et non autrement, que je suis sans être tout, que c’est grotesque et que toute existence définie est un scandale.
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Ce qu'ils appellent pensée, c'est l'image d'un front plissé et d'un sourcil crispé.
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L’essence du renoncement est d’accepter tout en niant tout.
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À LA NÉANTE

Quel beau carnage sans colère en ton honneur, regarde :

dans cette nuit polaire aussi blanche que noire,
dans ce cœur dévasté aussi bien feu que glace,
dans cette tête, grain de plomb ou pur espace,
vois quel vide parfait se creuse pour ta gloire.

Ni blanc ni noir ni feu ni glace,
ni grain de plomb ni pur espace,
ce monde-là est bien perdu !

Pour toi, suceuse de ma moelle,
toi qui me fais froid dans le dos,
pour toi cette dévastation — mais quel silence !

... silence et me voici, moi qui voulais crier
toute la lourde douleur condensée minuscule
dans le seul petit globe dur d'un univers,
moi qui voulais montrer mon sang, comme il coulait
quand mes ongles raclaient le dedans de mes côtes,
moi qui cherchais des mots triomphaux pour chanter
comme sifflait la hache dans les os de ma main

quand je m'amputais de moi-même,
me voici la parole coupée, me voici minuscule,
perdu dans le vertige absolu de ton sein,
me voici la voix blanche, me voici ridicule :
tout cela n'était rien.

Pour ta gloire, non pour la mienne, ce carnage,
et sans colère. Ce n'était rien de renier le monde,
de tuer le soleil, de tout trahir pour toi,
ce n'était rien de me crever les yeux :
j'étais sûr de toi comme de ma mort,
j'étais sûr de la toute-évidence de ma nuit
qui est ton corps de silence vivant.

p.79-80
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L'AUTRE ABANDON

Il marchait, la main sur mon épaule,
il parlait, et mes lèvres remuaient avec les siennes,
des soleils voltigeaient dans sa bouche,
et le vent nous portait.
Mais sitôt que j'eus dit : « Où allons-nous ? »
il s'est éparpillé en fantômes,
je patauge et le reconnais mal,
je me vois marcher,
je m'entends parler,
et le vent me secoue par les épaules,
je saigne du nez sur les places publiques.
Mais où sont ses lèvres blondes
et l'odeur d'argile mouillée de ses mains,
et ses yeux bourdonnants d'univers ?
J'ai désappris à le voir,
je vais donner du front dans des faces absurdes,
dans des lilas de peau vivante,
et des instruments ridicules,
je suis affreux.

p.126
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LA NAUSEE D'ETRE
...
Je ne suis pas venu au monde,
au commencement il n'y a qu'un grand rire,
au coin d'une rue une poupée de plâtre
ouvre, en suant une eau verte de rage,
des boîtes qui ne contiennent que des boîtes,
et sans fin des boîtes.
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René Daumal
Brève révélation sur la mort et le chaos

Toi qui t'es oublié dans ce tombeau mouvant,
c'est à moi que je parle et mon double me tue,
dans l'air statue de sel et dans l'eau bulle,
lorsque le ciel sera mêlé à l'océan,
le sel dans l'eau partout sans membres distingués
et sans cœur et sans nom, étendu — est-ce moi ?
est-ce toi, la bulle à l'air rendue
sans sa peau d'argent?
Une voix dernière, la nôtre,
pour vider toutes les larmes d'un seul coup,
et ni moi ni toi, attention:
LA BOUCHE AURA MANGÉ L'OREILLE. LA VOIX VERRA.
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Nous nous levâmes tous, car il y avait pour chacun de nous plusieurs choses urgentes à faire. Il y avait beaucoup de choses à faire pour vivre.
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- Quand il est seul, le microbe (j'allais dire l'homme) réclame une âme soeur, comme il pleurniche, pour lui tenir compagnie. Si l'âme soeur arrive, ils ne peuvent plus supporter d'être deux, et chacun commence à se frénétiser pour devenir un avec l'objet de ses tiraillements intestins. N'a pas de bon sens : un veut être deux ; deux veut être un.
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« Monsieur, j'ai lu votre article sur le Mont Analogue. Je m'étais cru le seul, jusqu'ici, à être convaincu de son existence. Aujourd'hui, nous sommes deux, demain nous serons dix, plus peut-être, et on pourra tenter l'expédition. Il faut que nous prenions contact le plus vite possible. Téléphonez-moi dès que vous pourrez à un des numéros ci-dessous. Je vous attends.

Pierre SOGOL, 37, passage des Patriarches, Paris.  » (p. 14)
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Quand on a soif, on guette les occasions de boire et pour le reste, on fait seulement semblant d’y faire attention.
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C’est notre grande maladie de parler pour ne rien voir.
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Je ne parlerais pas de la montagne, mais par la montagne. Avec cette montagne comme langage, je parlerais d’une autre montagne, qui est la voie unissant la terre au ciel, et j’en parlerais non pas pour me résigner, mais pour m’exhorter.
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