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Claudio Rugafiori (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070300839
256 pages
Gallimard (23/10/1970)
4.14/5   50 notes
Résumé :
Pas de quatrième de couverture
Que lire après Le contre-cielVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Daumal poète ardennais, dont certains pensaient que sa gloire viendrait au-delà de sa mort comme son homologue Arthur, je doute fort que Daumal parvienne à dépasser le maître.
Je n'ai pas adhéré à sa poésie, que c'est sombre, lugubre, il parle de poésie noire et poésie blanche, et bien je pense qu'il a fait que de la noire.
Je ne retiens rien de ce recueil, hormis les dernières paroles du poète que j'avais déjà croisé dans des temps anciens.
Autant des poètes classiques j'aime à les relire, lui, c'est certain il retournera à la bibliothèque et je ne lui accorderai pas une deuxième chance.
Malgré tout j'ai apprécié la forme non conventionnelle de ses textes.
Passons à autre chose...
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René Daumal (1908-1944) fut un grand poète français, mais il est bien moins célèbre que nombre de poètes qui furent ses contemporains. Précoce, faisant très vite de rares expériences dans sa vie personnelle et dans ses entreprises littéraires, Daumal avait une vocation basée notamment sur « l'acte de négation » (comme l'a indiqué le préfacier de ce livre). Le poète a laissé une importante oeuvre, dont le recueil "Contre-ciel" paru en 1936. Sa santé étant devenue fragile, il est décédé trop tôt.

Je suis étonné par la qualité d'un grand nombre de ces textes. Je les trouve à la fois hardis et agréables à lire, quoique sombres. On y trouve des beaux feux d'artifice verbaux. Par exemple dans "Jour ô scandale". Je n'ai rien de particulièrement intelligent à en écrire, mais je vais me faire un plaisir de mettre des fragments en citation sur Babelio.
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"L'être humain est une superposition de cercles vicieux"

Je crois que Contre-Ciel est en lui-même un titre parfait. C'est cela qui m'a décidé à le lire (la lecture tient à peu de choses...)
Entrer dans cette poésie est assez vertigineux, puis l'on a quelques repères. de la fureur du néant on passe à la théologie indienne. La pensée de la mort, amoureusement déployée, se révèle expérience de vie s'éprouvant dans "l'acte négateur". Cela a le mérite d'une obsession, qui en vient par exemple à ce poème "la seule" qui ressemble tant à un poème d'amour, mais dans lequel en effet il faut se rappeler que le poète s'adresse à sa propre mort. Intéressant :

"...
J'ai dormi depuis les déluges, j'ai dormi
Au fond de toi, sur ton épaule, j'ai dormi sans nom
- ta poitrine n'a pas changé
l'air de la vie n'a plus le nerf de m'éveiller -
ne me nomme jamais, ne me réveille pas,
tes poumons immobiles ont désappris aux miens
à respirer le souffle faible de ce monde.
..."

Il n'y a pas à dire il y a de vraies belles fulgurances fuligineuses dans ce recueil (j'entends le recueil remanié, car la version originale de 1936 comprend beaucoup de pièces plus faibles ). C'est un peu lassant, bien sûr, ce nihilisme, et la grande résolution dans l'hindouisme ne m'a pas vraiment convaincu. Mais cette voix fluette a en elle de vrais trésors.
Quant à tout ce qui est plus tardif, sur les traductions poétiques du sanskrit, je n'ai pas vraiment compris ni adhéré, mais... pourquoi pas.

Lien : http://www.senscritique.com/..
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Daumal n'est pas aussi bon quand il tente avec tout le sérieux du monde une manière de métaphysique — malgré des intuitions souvent frappantes mais obscurément retranscrites — que dans ces poèmes surréalistes où les allusions et les associations sont toujours précises et puissantes, invoquant dans certaines séquences la présence discrète de Lautréamont, avec son bestiaire et ses nuances de sombre et d'humide.
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Recueil de poèmes en vers et en prose, "Le Contre-Ciel" de René Daumal, présenté par Claudio Rugafiori. Suivi de "Les Dernières paroles du poète" comprenant tous les textes poétiques en prose écrits à partir de 1935, certaines traductions de textes poétiques sanskrits en vers et "Poésie noire et poésie blanche".
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
NÉNIE

Ne parlez plus des plaines avec cette tendresse
ne parlez plus des neiges, ne parlez plus du cœur
laissez s'échauffer les vins vénéneux
entre les paumes de la vie,
ne parlez plus des mers en remuant le cœur,
ne parlez plus des fleuves, laissez sécher vos lèvres
et laissez se glacer le sang des vieux désirs
entre vos mâchoires de mort,
ne parlez plus du ciel en palpitant des lèvres,
ne parlez plus du vent, laissez la nuit grossir,
laissez la nuit s'engraisser de vos souffles
auprès des trous de vos narines,
ne parlez plus du feu de votre voix d'esclave,
ne parlez plus de votre roi, l'ancien soleil,
laissez-le se coucher et s'éteindre en boue noire,
dans la vie courbe de vos crânes.

Ne parlez plus du cœur!
Votre langue est pourrie et votre souffle froid,
vos regards vides regardent la nuit,
des mondes morts accouplés emplissent vos yeux,
ne parlez plus dans l'air des hommes.
Essayez seulement de sourire,
vous entendrez gémir tous vos os calcinés,
le rire ondulera dans un ciel rapiécé,
et la toile du monde aura des sanglots sourds.
La musique des morts hoquette dans vos dents
— essayez de sourire aux fleurs ! —
vos pieds froids sont soudés à la terre sans yeux,
vous regardez partout de vos mille prunelles
mais nul ne voit vos yeux et vos yeux ne voient rien.

Le rire éclatera dans vos têtes sonores
— essayez de sourire aux oiseaux ! —
vos mains s'écailleront dans une odeur de plâtre,
riez à la poubelle et riez au balai.
L'espace même meurt avec les étincelles
que vous jetiez au vent de vie, et le temps meurt
en arrêtant vos vains sourires,
en figeant vos sanglots,
et vous gelez tout doucement dans les tourbières.

Un soleil inconnu brille dans la poussière
qui vole tout autour de vos cheveux séchés,
les vents de la folie portent à vos oreilles
une musique amère à vous briser les dents.
Des fleuves remontant à leurs sources jaillissent
de vos mains disloquées, de vos tempes trouées,
et le sol qui vous porte a des lueurs de soufre,
se creuse sous vos pieds et vous mord aux chevilles.
Votre rire a créé des étoiles nouvelles
que nous ne verrons pas,
et vous pouvez sourire à de nouveaux oiseaux
à des fleurs impossibles,
mais vous vivez derrière un mur de houille
et nos yeux saignent, nos prunelles se fendent
quand nous voulons vous voir
quand nous voulons vous voir avec des regards vides,
quand nous ne voulons plus sourire
ni sangloter dans le ventre céleste,
nos bras tournent grinçants dans les chambres de plomb.

La nuit de vérité nous coupe la parole.

p.65-66-67
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JOUR, Ô SCANDALE !

Un siècle s'est-il écoulé
depuis ce dernier sourire
qui flotta devant mes yeux,
depuis ce soupir
qui me noya dans un vertige creux ?

Ô brume et boule et nuit femelle,
le temps que j'ouvre la bouche,
disparue...Ô soleil vide,
lumière imbécile, non, tu n'éclaires rien;
où se cache-t-elle,
où rôde l'ombre de ses mains ?

Ciel menteur, avec tes pierres aériennes,
tu me dis :" C'est impossible",
tu ne sais dire que cela,
ô ciel, robe des suicidés.

Mais où flottent les mains d'ombre ?
N'est-ce pas, n'est-ce pas que le jour est menteur ?
Ah ! vous ne croyez pas , vous non plus, au soleil ?

Hélas ! bleu et blanc et vert sur les collines,
l'espace crie et rit de ma solitude.
La véritable nuit est dans le cœur des fleurs,
des grandes fleurs noires qui ne s'ouvrent pas.

Assassin d'or et de verre bleu,
tu me l'as dérobée le temps que je m'éveille,
il n"y a rien de plus que des couleurs,
des formes et des sons, un monde sans détours.

Mais mon œil en s'ouvrant est devenu aveugle,
d'un coup de paupière, ô mon océan,
toi qui noyais les rires du soleil,
adieu; oh ! pourquoi ce ciel inutile ?

Je ne crois plus à la lumière,
il ne reste rien, des îles éparpillées
s'en vont mourir dans les gouffres,
mais je ne sais plus me perdre,
et je pleure dans le faux jour.

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LA GUERRE SAINTE


Je vais faire un poème sur la guerre. Ce ne sera peut-
être pas un vrai poème, mais ce sera sur une vraie
guerre.

Ce ne sera pas un vrai poème, parce que le vrai poète,
s'il était ici, et si le bruit se répandait parmi la foule
qu'il allât parler —
alors un grand silence se ferait, un lourd silence
d'abord se gonflerait, un silence gros de mille tonnerres.

Visible, nous le verrions, le poète ; voyant, il nous
verrait ; et nous pâlirions dans nos pauvres ombres,
nous lui en voudrions d'être si réel, nous les malingres,
nous les gênés, nous les tout-chose.

Il serait ici, plein à craquer des mille tonnerres de la
multitude des ennemis qu'il contient — car il les contient,
et les contente quand il veut —
incandescent de douleur et de sacrée colère, et pourtant
tranquille comme un artificier,
dans le grand silence il ouvrirait un petit robinet,
le tout petit robinet du moulin à paroles,
et par là nous lâcherait un poème, un tel poème qu'on
en deviendrait vert.

Ce que je vais faire ne sera pas un vrai poème poétique
de poète, car si le mot « guerre » était dit dans un vrai
poème —
alors la guerre, la vraie guerre dont parlerait le vrai
poète, la guerre sans merci, la guerre sans compromis
s'allumerait définitivement dans le dedans de nos
cœurs.

Car dans un vrai poème les mots portent leurs choses….

p.204-205
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LES DERNIERES PAROLES DU POÊTE

D'un fruit qu'on laisse pourrir à terre, il peut encore sortir un nouvel arbre.
De cet arbre, des fruits nouveaux par centaines.
Mais si le poème est un fruit, le poète n'est pas un arbre.
Il vous demande de prendre ses paroles et de les manger sur-le-champs.
Car il ne peut, à lui tout seul, produire son fruit.
Il faut être deux pour faire un poème.
Celui qui parle est le père, celui qui écoute est la mère, le poème est leur enfant.
Le poème qui n'est pas écouté est une semence perdue.
Ou encore: celui qui parle est la mère, le poème est l’œuf et celui qui écoute est fécondateur de l’œuf.
Le poème qui n'est pas écouté devient un œuf pourri.
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Le grand jour des morts


Extrait 6

Voici, j'ai arraché le manteau de chair saignante
et de colère et je marche nu
— non pas encore ! mais je me vois lointain
et j'ai pour me guider et remplacer mon cœur,
très loin, ces mains, ces mains d'aveugle,
l'aveugle morte plus voyante que vos yeux de bêtes,
vous opaques vivants lourds, très loin l'aveugle
et ses prunelles, cercles de tout savoir,
enclosant l'eau limpide et noire des lacs souterrains —
je dirais comme elles sont belles, ces mains,
comme elle est belle, non, comme elle parle la beauté,
la morte aveugle, mais qui voit toute ma nuit,
je parlerais, j'inventerais des mots-sanglots
— à ses pieds il faudrait pleurer —
je sangloterais sa beauté,
si je pouvais pleurer,
si je n'étais pas mort de n'avoir su pleurer.
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Vidéo de René Daumal
[RARE] René DAUMAL – Une Vie, une Œuvre : La traversée des apparences (France Culture, 1992) Émission "Une Vie, une Œuvre" par Jacqueline de Roux, sous-titrée "la traversée des apparences", diffusée le 10 décembre 1992 sur France Culture. Invités : Pascal Sigoda, André Coyne, Nadine Nimier, Jean-Marie Turpin, Geneviève Lieff et Jean Bies. Lecteurs : Catherine Laborde, Serge Renko, Sandrine Romel et Patrick Liegebel.
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