Au cœur de l’Ardèche, en 1942, l’ancien palace « La Cour des Miracles » a été transformée en refuge pour les réfugiés polonais. C’est ainsi que Stéphane Eugerwicz, petit homme de 1m68 débarque avec ses acolytes dans la petite ville de S. et y fait la connaissance d’Andrée. Andrée est une jeune veuve ravissante, mère d’un petit Simon, qui se languit de refaire sa vie. Stéphane est un beau parleur, polyglotte et instruit : il éblouie la jeune femme, et même si son passé est confus, ses affaires louches et son entourage trouble, il séduit la jeune femme et l’épouse. C ‘est le début d’une folle passion, d’une folle qui démarre dans l’opulence grâce au trafic du marché noir . Puis viendra le déclin par la trahison du meilleur ami.
C’est leur fils, Mietta, qui sera le narrateur de cette magnifique histoire d’amour.
Voilà un roman comme je les aime ! Je suis ravie d'avoir mis la main sur cette pépite aux hasards de mes déambulations de lectrice compulsive, au détour d'une allée de libraire, -acheté simplement parce qu'il était soldé !-
Un roman curieusement construit : Mietta est spectateur de cette histoire d’amour et de famille avant même sa naissance, parle de lui à la troisième personne tout le long du roman, tout en s’attribuant le mode possessif parlant de « mon père », « mon frère »…
« Si tu t ‘appelles Mietta, a dit un jour ma mère à son fils, c’est à cause d’un autre Mietta. Il était merveilleux, il faut que tu lui fasses honneur. Mietta a demandé à ma mère pourquoi on ne l’avait pas appelé Stéphane comme mon père. Ma mère a dit : « deux Stéphane dans la même famille ? Tu veux me tuer, petit bandit ? »
Le narrateur ne (re)trouve sa véritable identité à la première personne que dans les trois dernières pages du livre. Comme si enfin, la boucle était bouclée, comme si le fils parvenait enfin à être plus grand que le père. Ce procédé aurait pu me gêner, mais il m’a carrément emballée, tant j’ai eu plaisir à me laisser séduire par le personnage bouillonnant et tourmenté de Stéphane, emportée par ce roman qui ne souffre d'aucun temps mort .
Je peux même vous dire que j’ai refermé ce livre, touchée coulée, les larmes aux yeux, le vague à l’âme.
Intriguée, en surfant sur le Net,je découvre cet auteur, Richard Morgiève, lui-même à la vie chaotique (quelle est la part d’autobiographie ?), et à l’œuvre prolifique.
Vous trouverez ICI un dossier complet sur l’auteur et l’écriture de ce roman. Un dossier très intéressant, que vous pourrez survoler pour vous donner envie de cette lecture que je vous recommande vivement.
Un petit homme de dos, de Richard Morgiève- Editions Joëlle Lospeld- février 2006- 248 pages
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