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Critiques de Rick Bass (246)
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Colter

Colter m'a un peu moins séduit que les autres livres que j'ai lus de Rick Bass même si j'y ai retrouvé son humour, son respect de la nature, son admiration devant les couchers de soleil sur les Rocheuses et découvert sa relation avec l'un de ses chiens qui donne son nom comme titre du livre, Colter.



Rick Bass n'est pas un grand chasseur, mais il aime voir débusquer les oiseaux, par le travail du chien, le tir en suite semble peu importer. Il doit pourtant rendre hommage à son chien en abattant quelques pièces pour justifier tout le travail de Colter.



Le livre est assez court, les sentiments exprimés par Rick Bass sont toujours nobles, altruistes, soucieux de la qualité qu'il apporte aux rencontres qu'il fait. Le dressage du chien par un professionnel -- et en quelque sorte également du maître -- est un peu fastidieux , de même que les tirs sur les pigeons d'argile.



En revanche la relation du maître avec le chien est splendide avec un niveau de compréhension réciproque qui fait que l'on peut parler d'amour entre eux.



J'aurais souhaité davantage de descriptions de la nature, de l'automne dans le Montana, Rick Bass donne quelques moments fulgurants mais trop rares à mon goût.



C'est le livre du chien et de ce point de vue l'objectif de Rick est rempli.
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Colter

Pour varier les plaisirs et les sujets, passons du polar noir à l'animal. Que lire, que lire ?! Parmi les jolis tas de livres qui ponctuent mon appartement et ma chambre au domicile parental (bibliothèque sans place disponible...), on trouve du grizzli, du loup et du chien. Et pourquoi pas du chien ? Dans la catégorie chien, un classique de London à relire, un possible bijou de Rick Bass et un OVNI, offert avec humour (un peu douteux) par une amie américaine qui fait de la relecture pour quelques maisons d'éditions britanniques. L'OVNI, c'est Triggs, la biographie du footballeur irlandais Roy Keane, à travers les yeux de son Labrador... Je passe les perles du genre "je me souviens du jour où mon maître devait rencontrer le président d'un club. Il était ben habillé et moi, j'avais été vilain, j'avais trop mangé et vomi partout". Claaaass.



Bref, ce sera Colter de Rick Bass. Parce que j'adore Rick Bass (comme si je ne l'avais pas déjà dit cent fois), en particulier lorsqu'il raconte sa vie dans la vallée de Yaak. Et parce que le sujet me paraissait étrange. Ce n'est pas comme s'il ne parlait pas déjà très sympathiquement de ses chiens dans Oil Notes ou Le Livre de Yaak. Mais tout un livre dédié à un de ses chiens ?



Certains lecteurs trouvent ce livre moins bon que les autres. La plupart des lecteurs qui n'ont pas aimé ce livre (et à peine passé les cinquante premières pages) vous bassineront avec les horreurs de la chasse. Mais non les amis, ce n'est pas un livre sur la chasse (sérieusement, même la chasse à la galinette cendrée des Inconnus est plus une œuvre sur la chasse...).

Oui, Colter est un chien de chasse et Bass, tout environnementaliste soit-il, est un chasseur. Un mauvais chasseur, certes, mais bel et bien un chasseur. Avec un discours et des habitudes que l'on ne nous conte que rarement, tant il plus simple de caricaturer le chasseur en faux "survivalist" américain en treillis, armé jusqu'aux dents, une arbalète sur une épaule et un gros fusil sur l'autre, lunettes infrarouges sur le front pour expédition de nuit, Bass ne gaspille pas, ramène tout à la maison pour être consommé, n'atteint que rarement la limite assignée de gibier, et ce, souvent pas hasard. On le voit même s'attarder sur le contenu de l'estomac d'un oiseau et de s'émerveiller de la variété de plantes et de graines qui s'y trouve, et qui dénote non seulement de la variété végétale des écosystèmes de la région et de la distance parcourue par les oiseaux pour consommer une telle variété de nourriture.

Dans le genre chasseur, on a plus l'impression que ce que Bass aime avant tout, c'est voir courir son chien, comme répondant à un message millénaire irrésistible vibrant dans son sang, à travers les grands espaces du nord ouest américain.



Ce livre pourrait paraître inférieur aux bijoux habituels de Bass, par son sujet, c'est-à-dire, ne nous voilons pas la face, son amour inconditionnel et absolument merveilleux pour son chien, Colter, et par un petit côté sentimental prévisible, dans les moments à larmes surtout.



Mais voilà, personnellement, après deux chapitres introductifs, un peu sentimentaux, assez enthousiastes et presque naïfs dans la relation de Rick Bass à son chien, j'étais vendue.

C'est qu'il écrit tellement bien, tellement clairement, surtout dans sa confusion et sa réflexion sur son amour et sa relation à Colter, sur la relation entre l'homme et le chien, pas toujours flatteur envers lui-même (voire pas du tout, et parfois même ridicule et hilarant)... Et puis il y a toujours cette poésie, son émerveillement constant face aux paysages du Montana, auxquels il ajoute une étoile filante incandescente, indisciplinée et indomptable.



Moi qui ne suis pas guimauve, je me suis laissée prendre par le jeu de tension et j'ai versé quelques larmes, prétendant qu'elles étaient dues à la beauté de la plume de Rick Bass dans les moments les plus personnels, et d'autant plus difficiles à écrire, du récit.



Un livre dévoré en deux courts après-midis et déjà prêté avec de chaudes recommandations, le menton encore frémissant d'émotion...
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Colter

Colter est le nom d’un chien de chasse, l’auteur est un grand « mauvais » chasseur. La chasse est pour lui l’occasion d’une communion avec la nature à travers la joie et le savoir de ses chiens. Colter est pour Rick Bass, le plus talentueux des chiens de chasse qu’il ait connus. Partir dans de longues marches à travers les Rocheuses dans les paysages grandioses du Montana à la recherche de gibier à plumes, est la plus savoureuse des expériences de l’année.

En lisant ce récit, on se prend à ressentir le froid ambiant, les odeurs de l’humus, la quiétude du chasseur, le rythme de sa déambulation, la magnificence de la Nature. En gros, je l’ai envié alors que j’ai longtemps eu une opinion du chasseur lambda, pas vraiment flatteuse, il me semble commencer à comprendre leur hâte de retrouver cette saison de la chasse et toutes les sensations qui l’accompagnent. Rick Bass s’y entend pour décrire la luxuriance de la nature qui le fait vibrer. Une bien belle lecture.

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Colter

C’est un livre écrit avec le cœur, avec une sincérité un peu rugueuse qui ne cesse de laisser entendre cette joie profonde d’avoir partagé des moments extraordinaires.
Lien : https://actualitte.com/artic..
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Dans les monts Loyauté

Très belles nouvelles. Évoquant bien sûr la vie et les paysages du Nord-Ouest. Mais offrant surtout des portraits, des scènes de vie quotidiennes et un regard tendre sur les habitants de ces lieux si particuliers. Parfois déjantés. Une écriture directe, resserrée et sans "sur-ecriture" comme l'école du Montana sait nous en offrir.
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Dans les monts Loyauté

Rick Bass a dédié ses premières nouvelles à Jim Harrison et c'est bien dans la lignée du gros ours moustachu chéri des Français que s'inscrit ce recueil Dans les Monts Loyauté.Souvenirs de jeunesse avec un oncle bringueur,boxeurs ratés dans des tripots,aventures au Montana sont quelques-uns des thèmes évoqués par Rick Bass.Il est bien dans la mouvance de cette merveilleuse littérature américaine libre où l'on croise Tom McGuane,Richard Hugo,Thomas Savage,Elwood Reid et bien d'autres.Des hommes tout autant que des auteurs qui hantent plus les rivières à truites que les cocktails newyorkais.



Ce courant se caractérise par une respiration qui,bien que très actuelle,fait référence aux grands mythes fondateurs de l'Amérique à travers sa nature parfois idyllique,parfois meurtrière.Le cinéma jusqu'à présent s'est montré incapable de transcender ces oeuvres,avec entre autres deux adaptations navrantes de conformisme extraites du recueil Légendes d'automne de Jim Harrison.Je ne vois guère qu'un Terrence Malick qui aurait peut-être la fibre...



Ce phénomène littéraire très puissant est à rapprocher de la littérature "indienne" dont nous reparlerons(James Welch,Louis Owens,David Treuer,Sherman Alexie).De Rick Bass on peut aussi lire Le guet,Oil notes,Platte River

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Dans les monts Loyauté

Dix nouvelles dans lesquelles l'auteur nous emmène en balade dans la nature sauvage. Forêts, bayous, plages, marécages, prairies, rivières... Là grouille une vie simple, faite de peur, d'appétit vorace mais aussi de plaisir. Là, à l'écart des artifices de la modernité, demeure l'essentiel. Romancier du retour aux sources mais sans mysticisme facile ni naïveté, Rick Bass a le don de communiquer par les mots jusqu'à la sensation d'un rayon de soleil. Un véritable bonheur de lecture.
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Fiber

Comme toujours, je me suis prise dans la toile à la fois magique et hyper-réaliste tissée par Rick Bass dans ses écrits.

Cette courte nouvelle, fiction sans aucun doute basée sur la réalité de Bass et de sa famille, mêle aussi les vies successives de l'auteur : géologie, art et activisme. Chacune des trois premières parties représentent ces vies suivant la fibre du bois qu'il coupe, liant cette fibre à celle qui fait l'homme, rappelant que l'homme est inséparable de l'environnement naturel, même si notre monde fait que nous nous percevons à part.

Une étrange nouvelle mêlant poésie et mélancolie, qui se termine sur une courte partie chargée de colère et de frustration, retour à la réalité de Rick Bass, artiste et activiste, impuissant devant l'inaction gouvernementale, le refus de protéger les derniers espaces sauvages du pays, tout particulièrement la vallée de Yaak, si chère à Bass.

En lisant cette dernière partie, on comprend mieux l'accueil mitigé de cette nouvelle-essai teintée de mélancolie, de contradiction, à la limite du désespoir. Bien que présente dans les trois premières parties, accompagnées des encres d'Elizabeth Hughes Bass, la magie des autres œuvres de l'auteur est brusquement étouffée par la colère.

Une nouvelle-essai que je relirai tout de même.
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L'ermite

J'ai enfin lu l'Ermite, de Rick Bass, qu'on m'avait déjà conseillé il y a des années. C'est effectivement un livre extraordinaire, dans lequel la nature est décrite d'une manière que je n'ai vue nulle part ailleurs. Les nouvelles sont différentes les unes des autres et toutes très originales.
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L'ermite

L’ERMITE de RICK BASS

Une dizaine de nouvelles qui racontent le Montana mais pas seulement.

Rick et sa femme passent Thanksgiving avec Ann et Roger, ils sont venus en raquettes, la neige reflète des couleurs bleutées. Les bouteilles défilent et Ann se souvient de la dernière fois qu’elle a dressé un groupe de chiens pour un homme du Canada. Elle les avait ramenés elle même là bas pour faire la démonstration de leurs talents dans la chasse à la caille ou à la grouse. Pendant cette chasse ils vont se perdre dans une tempête de neige et en cassant la glace d’un lac gelé pour faire boire les chiens, l’homme va couler à pic. Ann le croit mort, mais il peut se produire d’étranges configurations avec la glace…

Amy et Billy vivent dans la vallée près d’un étang où vivent cinq cygnes. Elle était boulangère et quand elle fait encore du pain l’odeur envahit l’espace. Lui est bûcheron, vit torse nu par moins 25, une force de la nature, il coupe 2/3 mélèzes régulièrement qu’il vend pour acheter un piano à Amy qui a appris lorsqu’elle était jeune. Les années passent, Billy peu à peu oublie ce qu’il doit faire, se perd en forêt, tous s’inquiètent..,

Dave, Wilson et Artie sont dans un pickup en route pour une partie de pêche, ils vont rejoindre un guide réputé. En chemin ils se retrouvent à côté d’un bus plein de détenus enchaînés, sans se concerter, ils leur tirent la langue. Le bus les suit, ils sont terrorisés, incapables de comprendre pourquoi ils ont fait ça…

Kirby vit avec Mary Ann, ils ont deux enfants. Il travaille dans une société d’informatique, mais sa passion est ailleurs, il est pompier volontaire, il adore. Leur couple ne va pas bien mais curieusement, à chaque appel pour un incendie, au retour il raconte et les relations semblent redevenir plus harmonieuses…

Russel et Sissy partent en congés pour la Virginie, il veut revoir les endroits où il travaillait comme mineur. En chemin ils découvrent une grotte à l’entrée étroite. Russell se déshabille pour mieux passer, en bas il trouve des os, puis des rails avec un wagonnet, Sissy le rejoint. Ils se lancent, s’amusent, ils ne savent plus où ils sont, cherchent la sortie..

Jerry et Karen sont ensemble depuis presque 20 ans, l’amour a déserté progressivement, restent les sarcasmes et les réflexions acrimonieuses. Jim un copain d’armée demande à Jerry s’il pourrait lui servir de chauffeur pour une visite de contrôle suite à une opération sur la rétine. Il part donc mais le contrôle s’avère négatif et il faut réopérer…

Elle vit à 75 kilomètres de la ville, Jick tient le seul magasin, il vend tout à des prix exorbitants mais il n’y a pas vraiment le choix, il vend même des boucles de cheveux roux à elle qu’il a acheté à Walter son ex. Elle veut un enfant, elle a 37 ans, elle a entendu parler d’un biologiste qui s’est installé dans le secteur…
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L'ermite

Je me suis lancée dans Rick Bass après avoir lu et apprécié Jim Fergus, qui cite cet écrivain comme compagnon de chasse.

Ces nouvelles, bien qu'agrabales à lire car très bien écrites d'une part, et pleines de vérité sur les paysages et la vie en leur sein d'autre part, m'ont néanmoins déçue car je m'attendais, je crois, à du "nature writing" pur et dur. Ici, c'est davantage des morceaux de vie, souvent des instantanés de vie de couples en proie au désamour, ou bien de beaux passages relatant la vie à l'écart des grandes villes, mais finalement je reste sur ma faim.

Je pense toutefois que je lirai d'autres livres de Rick Bass, car il écrit vraiment très bien, de façon presque cinématographique, j'ai aimé me croire dans un film se passant au fin fond des States !
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L'ermite

Le quatrième de couverture synthétise bien les nouvelles dans ce petit livre. Avec Thomas MacGuane ou Jim Harrison, Rick Bass fait partie d'une sorte de courant de romanciers américains qui décrivent un pays et un esprit qu'on ne connaît pas, qu'on n'imagine pas au travers des médias de masse (télévision, Internet...) On peut toutefois rencontrer cet imaginaire hétéroclite dans les peintures d'Edward Hopper ou encore dans les films de Wim Wenders (voir Paris Texas).

On dirait qu'il souffle un vent frais de cette écriture. Les personnages sont étonnants, attachants, proches de nous tout en étant hors normes. Les histoires peuvent sembler parfois dramatiques et pourtant on sent un espoir courir dans chacune, sans chercher à tendre vers le happy end traditionnel (lire par exemple "Les cygnes"). Enfin l'écriture claire et raffinée nous fait pénétrer dans son univers riche et porte en nous des émotions profondes qu'on ne trouve pas dans notre littérature française.

Ajoutons à cela une proximité à l'environnement presque inimaginable chez les Américains. Mais pas seulement l'environnement naturel (magnifié ici) parce qu'on est au Montana, au Canada ou encore dans le Mississippi, quoi que nous ne visitons pas du tout les milieux urbains. Non nous sommes dans l'environnement proche de l'homme : rivières/pêche, montagne/solitude, forêts/bucherons, grotte/labyrinthe, incendie d'immeuble/pompiers. Personnellement c'est la nouvelle "Les cygnes" qui m'a le plus marqué : un cadre naturel splendide, l'amour, un fin tragique mais belle et pleine de sens. Attention aux âmes sensibles !

J'ai commencé à lire Rick Bass il y a une bonne dizaine d'année, et je dois dire que je n'ai jamais été déçu. A lire aussi "Platte river", "Dans les Monts Loyauté".
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La décimation

Aye, soldados desgraciados.

On (nous les premiers) on critique souvent les étatsuniens pour leur géocentrisme et leur méconnaissance du reste du monde et même de notre Europe. Mais de notre côté, peut-on se vanter de connaître autrement que très superficiellement l'histoire (pourtant très courte !) de cette fédération nord-américaine ?

Ce bouquin de Rick Bass, La décimation, est une petite leçon sur l'histoire du Texas : le deuxième plus grand état de la fédération (après l'Alaska) et le deuxième plus peuplé (après la Californie). Un état dont la superficie dépasse celle de la France. Autant dire un des piliers de ces Etats-Unis. Autant dire que son histoire particulière éclaire celle plus générale de l'ensemble.

Après être resté longtemps une colonie espagnole, il fut intégré au Mexique nouvellement indépendant. Pendant quelques années (vers 1840), Samuel Houston proclama le Texas comme nation indépendante avant d'accepter le rattachement aux Etats-Unis dont la protection permettait de garder les mexicains au-delà du Rio Grande. Cette région connut donc près d'un demi-siècle de guerres, contre les Comanches, les Mexicains puis même contre les Etats abolitionnistes du nord.



[...] Nous nous trouvions de notre côté de la frontière, entre Texans, car l’on ne pouvait pas encore vraiment parler d’Américains : nous étions toujours une nation séparée.



Rick Bass prend prétexte d'un épisode réel de 1842 : une milice texane, à demi encouragée par le gouvernement de Sam Houston (quand tout va bien), à demi désavouée (quand ça tourne mal), une milice de volontaires et de patriotes, une bande d'irréguliers franchit la frontière contestée et commet une série d'exactions et de pillages avant d'être vaincue par l'armée mexicaine.



[...] Le président du Texas, Sam Houston, [...] disait qu’il n’y avait malheureusement pas de budget pour armer les milices ou les groupes de patriotes comme le nôtre. « Le gouvernement ne promettra rien d’autre que la légitimité de l’expédition et il fournira les munitions nécessaires à la campagne. Les volontaires devront donc se tourner vers la vallée du Rio Grande pour une quelconque rémunération », ainsi s’était-il exprimé devant les journalistes, et il est probable qu’il pensait à l’autre rive – le côté mexicain.

[...] Il annonça à la presse : « Notre gouvernement promet de ne rien réclamer sur les prises de guerre, elles seront partagées entre les vainqueurs. » Il conclut par une notification : « Le drapeau du Texas accompagnera toutes les expéditions de ce genre. »



Des quelques centaines de prisonniers, très peu survivront.

Ce roman nous conte cette épopée sanglante et malheureuse par les yeux d'un tout jeune volontaire, James Alexander.

Il partit vaillant, aventureux et téméraire, avide de rattraper le temps perdu (il avait manqué les batailles glorieuses de Fort Alamo et San Jacinto).

Il eut la chance de revenir vieilli, affamé, blessé, pouilleux, épuisé, malade. Pour témoigner, sous la plume de Rick Bass, de cette longue descente aux enfers.

L'équipée du jeune Alexander et de ses compagnons est là pour nous rappeler la bêtise insondable de la guerre et la noirceur de la vanité humaine. Il s'agit bien d'un rappel et d'une leçon : Rick Bass écrivait son bouquin en 2003 pendant que l'armée américaine (qui devait compter encore pas mal de texans dans ces rangs) envahissait l'Irak.

Le personnage de James Alexander est trop vélléitaire pour que l'on prenne fait et cause pour lui et l'on s'intéresse plus à ses compagnons qu'à lui-même (mais c'est certainement voulu ainsi). Quant à l'écriture un peu à l'ancienne (façon roman d'aventures américains du siècle dernier), elle manque un peu de précision et de personnalité pour que l'on puisse parler d'un excellent roman.

Mais, on l'a dit, le contexte historique est passionnant.
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La décimation

La fin des haricots





Les années 1840, au Mexique, peu après Alamo. Quelques centaines de prisonniers texans tirent au sort des haricots. Un haricot noir pour neuf blancs et un malheureux sur dix sera exécuté. Avec "La décimation", Rick Bass dont j'ai déjà présenté les nouvelles (Les Américains de Bass) nous offre un roman remarquable en tous points. Sur fond historique authentique, la création d'une milice de la République du Texas, oui le Texas a été indépendant, Bass nous narre une aventure militaire, paramilitaire plutôt, particulièrement absurde. Ces hommes traversent le Rio Grande pour en découdre avec les Mexicains. Cruautés bilatérales, c'est ça qui est bien avec la guerre... On a parlé pour ce livre de Cormac McCarthy, enfant chéri de la critique française depuis No country... On a parlé aussi de Stephen Crane immortel auteur de "The red badge of courage" dont bien des blogueurs ont déjà évoqué l'intérêt.



Cette seconde référence me semble plus évidente tant la fragilité des personnages, leur inadéquation pour la plupart avec le milieu brutal, minéral et inhumain auquel ils sont vite confrontés, nous ramène aux tourments du tout jeune soldat de la Guerre de Sécession décrit dans "La charge victorieuse", titre français du film de Huston d'après Crane. Mais "La décimation" n'est pas un livre sur la guerre, fut-elle méconnue. C'est une longue ballade presque au sens médiéval sur la naïveté et parfois même l'angélisme de ces croisés d'un nouveau genre. On croit tous connaître l'histoire de l'Amérique sous prétexte qu'elle est courte. C'est oublier les soubresauts qui accompagnèrent la naissance et l'enfance de la jeune république.



Lire "La décimation" c'est aussi plonger dans ce désert mexicain brûlant et froid, boire à l'eau des cactus, et se colleter à la gloire naissante de ces apprentis héros qui ne connaîtront en fait que les geôles d'un château de roche et l'inextinguible soif de survivre, au prix de toutes les humiliations. Mais ceci est une autre histoire, universelle et de tout temps. Vous n'oublierez pas ces hommes, dessinés au long de l'aventure par l'un d'entre eux, Charles McLaughlin, sorte de correspondant de guerre, dont les croquis témoignent de la bêtise et de la haine sous le fallacieux prétexte d'être né sur l'une ou l'autre rive du mythique Rio Grande. Rio grande dont on parle toujours à propos de frontière...

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La décimation

Le Texas n'a pas été une République autonome pendant très longtemps, coincé entre les intérêts des tous récents Etats-Unis, du Mexique et de l'Angleterre qui tirait quelques ficelles, le jeune Etat était tiraillé de toutes parts. D'abord parce que son origine était guérrière (remember Fort Alamo) et ensuite parce que toute son histoire n'est que conquête et violence, le Texas était sempiternellement en guerre à ses frontières.

C'est d'un raid illégal en territoire méxicain que nous conte ce livre, Rick Bas prenant le parti d'accompagner la descente aux enfers d'un groupe de jeunes miliciens, plus brigands que soldats, bien décidés à piller le plus de richesses possible par-delà le Rio Grande. Malheur à ceux-là, la violence n'engendrera qu'une cruauté encore plus terrible envers eux.

Rick Bass fait bien le boulot, l'écriture est fine et documentée, les caractères des pillards rappellent un peu ceux qu'aurait pu esquisser la plume d'un Stevenson ou d'un London. C'est de l'aventure, mais c'est surtout une histoire de prisonnier, de séquestration et bien sur comme apogée le fameux Diezmo (traduit ici en Décimation) qui consiste à condamner un prisonnier sur dix au moyen du hasard (un haricot noir pour dix haricots blancs fichus dans un sac, chacun s'avance et tire à son tour : sauvé ou condamné).

Bref, un très bon court roman.
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La décimation

J'avais déjà lu un livre de Rick BASS (les derniers grizzlys), qui était tout à fat du genre de ceux qu'éditent les éditions Gallmeister : le Montana, les ours, la nature, etc.

Mais celui-ci ne ressemble à rien de tout ça. Il s'agit d'une des aventures militaires les plus absurdes et les plus meurtrières de l'histoire américaine. Vers 1840, durant les premiers temps de la nouvelle république du Texas, le narrateur et son ami se portent volontaires pour une expédition visant à surveiller la frontière avec le Mexique. Mais rapidement, les 500 hommes vont pénétrer au Mexique, perpétrer des exactions dans les villages traversés, ils vont être pris, s'évader, être repris, avec de nombreux morts à chaque fois, pour finir (le peu qui restent) dans une terrible prison mexicaine. Les personnages sont cruels mais parfois sympathiques, les chefs sont intelligents, mais parfois fous, les situations sont ubuesques (le tirage au sort de 10% de condamnés à mort à l'aide de haricots blancs ou noirs), les rapports sont ambigus avec les soldats ou les gardes, l'amitié est souvent présente, mais parfois cruellement absente, tout est assez curieux dans ce roman.

Mais le style assez détaché donne une teinte de quasi reportage et quand on sait que le livre s'inspire d'une histoire vraie, tout devient plus fort.

Intéressant.
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La décimation

En 1842, un jeune Texan et son ami d'enfance s'engagent avec d'autres volontaires pour conquérir des territoires au profit de leur nouvel Etat indépendant et au détriment du Mexique. Le narrateur découvre que cette armée, officieusement soutenue par le Président du Texas, se consacre surtout à piller des villages puis à massacrer des populations, ce qu'il déplore, contrairement à son ami.

J'ai été très intéressé par le sujet, ignorant jusqu'alors presque tout de l'Histoire du Texas. Le style est agréable, mais de Rick Bass, j'avais nettement préféré Winter (du "nature-writing"), sans doute parce que ce dernier me poussait plus à la rêverie.

Un roman historique à découvrir si vous vous intéressez aux Etats-Unis.


Lien : http://canelkili.canalblog.c..
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La décimation

Bon je vais faire une mauvaise critique à mon grand regret. Rick Bass utilise un personnage de fiction James Alexander pour dénoncer la bêtise humaine de deux pays qui se disputent le Texas à coups de cruautés, de perversités et d'atrocités innommables.

Ce roman pour moi aurait du être une belle découverte et en plus c'était la première fois que je lisais un roman historique western et j'ai vite déchantée. J'ai lu ce roman dans le cadre du challenge Multi-défi 2016 et heureusement que ce genre de challenge existe pour nous ouvrir à autre chose.

A plusieurs moment l'auteur m'a perdu en route avec trop de description sans rentré dans le véritable cœur du sujet : la politique sournoise, la soif de pouvoir de l'homme pour agrandir son territoire, la naïveté des jeunes agriculteurs qui se sont fait embrigadés pour une mauvaise idéologie.

La gentillesse, l'innocence et ensuite l'observation de James montrent les erreurs de cette guerre dans chaque camps. Mais Rick Bass pour moi n'a pas pris trop de risques pour vraiment montrer La décimation comme son titre. Je m'attendais à de la violence pas gratuite mais pour montrer la réalité des choses en 1812 pour obtenir l'état du Texas. Que ce soit coté mexicain ou américain, chacun à ses torts.

Je remercie quand l'auteur d'avoir proposé d'autres romans historiques à lire que ce penche sur ce côté là de l'histoire. Et franchement je me ferais une joie d'approfondir mes connaissances qui à ce jour étaient vides.

Donc pour moi premier roman Rick Bass n'est pas une réussite, pas le bon lectorat me concernant. Je vais aller voir ses propositions. Je n'ai pas vraiment accroché à sa plume trop descriptive qui me perdait en route. Je devais faire régulièrement des retours en arrière pensant que j'avais déjà lu cette page. Beaucoup de répétition et de longueur alors que le sujet principal était la guerre et la condition des prisonniers dans les deux camps.

Je dois dire que c'est vraiment qu'à le seconde partie du roman que j'ai commencé à apprécié. Heureusement c'aurait été une lecture laborieuse du début jusqu'à la fin. Rick Bass a attendu trop longtemps pour rentrer dans le vif du sujet. Dommage. Affaire à suivre pour l'histoire de la conquête de l'Etat du Texas.
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La décimation

« Nous étions les captifs de tous ceux qui nous regardaient, prisonniers dans nos propres cœurs, aussi, car nous n’avions pas seulement « perdu » notre liberté, nous y avions délibérément renoncé, lorsque nous avions fait les premiers pas pour traverser la frontière, en obéissant aux pressions stridentes de Fisher. »

En 1842, la jeune république du Texas monte une expédition pour combattre les soldats mexicains qui font des raids sur ses terres. Mais une partie de cette armée faite de bric et de broc – engagés plus ou moins volontaires, comancheros… – décide de passer la frontière pour porter la guerre au Mexique. Après quelques massacres des deux côtés de la frontière, cette troupe menée par le capitaine William Fisher est faite prisonnière par les Mexicains. Une évasion collective qui s’avère finalement un échec, les évadés se trouvant perdus sans eau dans le désert, aboutit à une sévère mesure de rétorsion. Le diezmo, la décimation du titre, consiste en un tirage au sort de haricots : un dixième des hommes environ tirant un des dix-sept haricots noirs placés parmi les cent-cinquante neuf blancs sera exécuté.

Rick Bass propulse dans ce fait historique un adolescent de quinze ans, James Alexander, et son meilleur ami, James Shepherd, jeunes garçons bercés par l’histoire d’Alamo, élevés dans l’idée de la défense de leur jeune patrie et, tout simplement, attirés par l’aventure. Vite confrontés à la dure réalité de cette expédition hasardeuse, ils se trouvent entraînés dans des événements qui les dépassent. D’un caractère indécis, James Alexander se laisse porter par les événements et ne saura jamais vraiment profiter des premières opportunités qui s’offrent à lui de quitter l’aventure. Il en paiera le prix.

Ainsi, après une première partie âpre et violente qui voit les Texans se livrer à leurs exactions et affronter l’armée mexicaine lors du massacre de Ciudad Mier, et James Shepherd perdre un bras et devenir une sorte de personnification spectrale de la conscience d’Alexander, Rick Bass passe au récit de la détention de la troupe de Fisher. Là encore la narration se fait rude : les cas de conscience, les mauvais traitements, ce diezmo inique et la manière dont les prisonniers deviennent les pièces d’un jeu d’échecs entre diplomates mexicains, texans, américains et britanniques sont contés avec cinquante ans de recul par un James Alexander qui n’a pas encore fait le deuil de la culpabilité qui l’habite depuis son engagement.

Parabole politique assumée par l’auteur qui l’a écrite au moment de l’invasion de l’Irak par les Américains en 2003, roman d’apprentissage, réflexion sur la manière dont l’Histoire dépasse bien souvent ceux qui a font, La décimation est incontestablement un western original. Et si l’on prend un véritable plaisir à cette lecture stimulante, on pourra sans doute regretter, quand bien même il s’agisse du premier roman de Bass que l’on a l’occasion de lire, que la belle écriture qui nous apparaît assez souvent ait parfois un goût d’inachevé qui laisse à penser que ce qui est un beau livre aurait pu être un grand roman.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Là où se trouvait la mer

Ensevelis dans la neige du Montana, dans un monde de silence blanc.

Un monde sauvage dans lequel Rick Bass fait planer comme une menace en y introduisant un personnage décapant, le vieux Dudley, manipulateur, dominateur, destructeur - fascinant. Un vieux fou, d’une richesse inestimable, ayant découvert des centaines de nappes de pétrole aux quatre coins du pays; ayant usé, consumé, désintégré une bonne douzaine de géologues.

«son entreprise était une sorte de bête aux dents pointues qui dévorait le monde, dont la mâchoire inférieure s’élevait et avalait tout ce qu’elle rencontrait, pendant que la mâchoire supérieure se refermait sur la proie»

Dudley a du mal à supporter la beauté et la grâce, et c’est justement ce qu’incarne sa fille, Mel, viscéralement attachée à cette vallée de la Swan si préservée que son ogre de père voudrait dévorer.

L’écriture est dense et profonde, il y a une épaisseur dans cet univers, et ça produit des sensations de lecture singulières et fortes, comme un enfouissement dans un monde à part - un peu comme les personnages lorsqu’ils jouent à s’enfouir dans la neige.
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