Pierre Roccanges a quatorze ans, lorsque son père quitte la ferme où ils demeurent seuls, un soir de Noël. Comme sa mère l'avait fait avant lui, et son grand-père bien avant. Il ne lui laisse qu'un carnet de recettes et ses terres pour tout héritage. Mais Pierre est intelligent et dur à la tâche, comme cette montagne de Margeride qu'il connaît si bien.
Libéré des obligations scolaires, avec l'aide de monsieur Brusson, l'instituteur à la retraite qui est devenu son tuteur, il va reprendre le travail de son père : la fabrication de fromages de chèvres, de vin et de liqueurs qu'il vend sur le marché. Il a aussi hérité de ses dons de rebouteux.
La fortune lui sourit et peu à peu il rachète le domaine qui était autrefois celui de sa famille. Il invite également Charlaine à les rejoindre : une petite sauvageonne, flanquée de son chien loup Baal, comme un rappel de la bête du Gévaudan, qui hantait la campagne autrefois. Plus tard il l'épousera et elle lui donnera un fils.
Après les terres, c'est l'ancien château qu'il fait reconstruire, là où ne subsistait que quelques ruines qu'il explorait enfant. Mais à force de devenir tout-puissant, les villageois commencent à détester cet enfant dont ils avaient pitié.
Plus tard nous retrouverons Pierre sur un bateau en Méditerranée. Comme son père, il a abandonné sa famille pour partir à l'aventure. Sur les traces d'Ulysse dans les îles grecques, son Odyssée à lui...
Il m'est difficile de qualifier ce récit : roman d'apprentissage, roman d'aventure, roman familial... Pierre Roccanges est un enfant attachant, solitaire, rude, rêveur mais pratique. Il pourrait, grâce à ses capacités physiques, sa force de travail et son obstination devenir un personnage reconnu dans le village. Ce qu'il finit par être au moment où il épouse Charlaine et donne une fête grandiose.
Mais l'appel de l'aventure ne lui permet pas de se contenter de ce confort et il lui faut suivre sa destinée quel qu'en soit le prix.
J'ai beaucoup aimé ce roman. La première partie "l'Iliade", qui raconte la jeunesse, m'a fait penser à Giono et ses descriptions de la Provence aride, ses personnages âpres et taiseux. La seconde partie, beaucoup plus courte est dans la lignée des récits d'aventures et se réclame d'Homère.
Robert Alexis possède un style impeccable, riche et dense. Quel plaisir de lire une langue française aussi belle et évocatrice...
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