Citations de Romain Gary (5287)
Je n'ai pas réussi à redresser le monde, à vaincre la bêtise et la méchanceté, à rendre la dignité et la justice aux hommes, mais j'ai tout de même gagné le tournoi de ping-pong à Nice, en 1932, et je fais encore, chaque matin, mes douze tractions, couché, alors il n'y a pas lieu de se décourager.
Le ventre était vivant et chaud sous sa joue et la question de l'âme n'avait pas à se poser.
p.99
Pour le reste, elle était tellement endommagée que même ses cheveux s'étaient arrêtés de tomber parce que la mécanique qui les faisait tomber s'était détériorée elle aussi.
J'arrive donc à Nice, je trouve que ma mère est morte depuis trois ans, qu'elle n'a jamais su que j'étais vivant, qu'elle n'a jamais su que j'étais devenu officier de la légion d'honneur, compagnon de la libération, auteur connu et représentant futur de la France à l'étranger, ce qu'elle avait envisagé dans un rêve qui me paraissait insensé alors que nous nous terrions dans un petit coin de la Lituanie, ou dans un petit appartement de Varsovie, et qu'elle m'entretenait de ses futures légendes qui, même enfant, me paraissaient comme relevant du conte de fées.
Personne ne me fera jamais voir dans le comportement sexuel des êtres le critère du bien et du mal.
Ils avaient appris et ils enseignaient"la sagesse", cette camomille empoisonnée que l'habitude de vivre verse peu à peu dans notre gosier, avec son goût doucereux d'humilité, de renoncement et d'acceptation.
Un des livres de mon adolescence qui m'a fait découvrir le plaisir de la lecture .
Très belle histoire d amitié ,
« Je me suis résigné à admettre une fois pour toutes le fait que je ne parviens pas à civiliser entièrement l’animal intérieur que je traîne partout en moi. » (p. 17
Il y avait déjà une semaine qu'on m'avait administré l'extrême onction et je reconnais que je n'aurais pas dû faire tant de difficultés. Mais j'étais mauvais joueur. Je refusais de me reconnaître vaincu. Je ne m'appartenais pas. Il me fallait tenir ma promesse, revenir à la maison couvert de gloire après cent combats victorieux, écrire Guerre et Paix, devenir ambassadeur de France, bref, permettre au talent de ma mère de se manifester.
Les Hommes se racontent de jolies histoire, et puis ils se font tuer pour elles - ils s'imaginent qu'ainsi le mythe se fera réalité. Liberté, dignité, fraternité... honneur d'être un homme. Nous aussi, dans cette forêt, on se fait tuer pour un conte de nourrice.
Mais il ne faut pas les laisser m'emmener à l'hôpital, Momo. A aucun prix, il ne faut pas.
- Vous pouvez être tranquille, Madame Roza.
- Ils vont me faire vivre de force à l'hôpital, Momo. Ils ont des lois pour ça. C'est des vraies lois de Nuremberg. Tu ne connais pas ça, tu es trop jeune.
L'humour est l'arme blanche des hommes désarmés. Il est une forme de révolution pacifique et passive que l'on fait en désamorçant les réalités pénibles qui vous arrivent dessus
_J'aime tous les peuples, dit Dobranski, mais je n'aime aucune nation. Je suis patriote, je ne suis pas nationaliste.
_ Quelle est la différence ?
_ Le patriotisme , c'est l'amour des siens. Le nationalisme, c'est la haine des autres.
(p 246)
Brusquement, comme irrité par ce vacarme d'insectes, par ce choeur des petits, un rugissement qu'aucune distance n'empêchait jamais de paraître tout proche, s'éleva dans ce qui parut devenir soudain silence, et il sembla que les nuages eux-mêmes autour de la lune se mettaient à fuir tout à coup plus vite vers le lointain. Le coeur de Minna se mit à sauter, elle avala sa salive spasmodiquement et écouta un moment, tremblante et heureuse à la fois, la seule voix qui pût s'élever sans ridicule vers l'immensité étoilée.
La vie est pavée d'occasions perdues.
On dit tant de bêtises sur la naissance! Il ne suffit pas de venir au monde pour être né. "Vivre", ce n'est ni respirer, ni souffrir, ni même être heureux, vivre est un secret que l'on ne peut découvrir qu'à deux. Le bonheur est un travail d'équipe.
Pendant longtemps ,je n'ai pas su que j'étais un arabe parce que personne ne m'insultait .On me l'a seulement appris à l'école .Mais je me battais jamais ,ça fait toujours mal quand on frappe quelqu'un.
Annette s'était d'ailleurs découvert à cette époque un penchant pour les rois et elle regrettait qu'il n'y en eut pas davantage. Elle comprenait parfaitement qu'il fallait en tuer un, de temps en temps, pour leur apprendre à bien se conduire et à ne pas exagérer, mais elle aimait bien le panache qui entourait leur entrée, la pompe et la musique, le décor de pourpre et d'or, les sabres au clair et les plumes, les tiares et les révérences, on en avait vraiment pour son argent.[...]
Il n'y a jamais assez de couleur, d'éclat et de jolis costumes dans le monde et les rois sont là pour le plaisir des yeux. Pour le reste, il n'y avait qu'à les empêcher de gouverner. Peu lui importait d'ailleurs qu'ils finissent tous sous la guillotine, pourvu qu'on les y menât en grand tralala.
Je devais avoir trois ans quand j'ai vu Madame Rosa pour la première fois. Avant, on n'a pas de mémoire et on vit dans l'ignorance. J'ai cessé d'ignorer à l'âge de trois ou quatre ans et parfois ça me manque.
Rien de plus aberrant que de vouloir juger les siècles passés avec les yeux d'aujourd'hui.